En cours au Siège de l'ONU

7706e séance – après-midi
CS/12390

Conseil de sécurité: le Chef de la Mission de l’ONU en Libye présente une stratégie en six points pour sortir le pays de sa crise politique et sécuritaire

Le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) a proposé, cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, une stratégie en six points pour sortir la Libye de sa grave crise politique et sécuritaire.  M. Martin Kobler a cité, entre autres, l’approbation par la Chambre libyenne des représentants du Gouvernement d’entente nationale et la création d’une architecture sécuritaire intérimaire inclusive face à Daech, « l’ennemi de tous les Libyens ».

Le Représentant de la Libye, M. Ibrahim Dabbashi, a reproché au Représentant spécial d’avoir inclus dans son rapport* des « termes irréalistes » qui peuvent compliquer la situation politique.  Le Président du Comité créé en application de la résolution 1970 (2011) du Conseil de sécurité, M. Ramlan Bin Ibrahim, a présenté le dernier rapport de son Comité.

L’Accord politique libyen a été signé il y a près de six mois, a rappelé le Représentant spécial du Secrétaire général, M. Martin Kobler.  Signé en effet le 17 décembre à Skhirat au Maroc, l’Accord a été approuvé le 25 janvier par la Chambre des représentants.  « À ce moment critique de la transition, les faits doivent être reconnus pour ce qu’ils sont: aujourd’hui, la Libye n’a toujours pas de gouvernement approuvé officiellement », a tranché le Représentant spécial.

M. Martin Kobler a expliqué que la mise en œuvre de l’Accord était retardée parce que certaines parties n’ont pas honoré leurs engagements.  La Chambre des représentants doit encore approuver le Gouvernement d’entente nationale.  Or, la détérioration rapide de la situation humanitaire et l’escalade des tensions militaires liées à la lutte contre Daech exigent « audace, détermination et mesures décisives », a dit M. Kobler.  Le nombre de personnes déplacées en Libye est de 435 000 personnes, tandis que 6 000 familles ont dû fuir la ville de Syrte en raison des opérations contre Daech.  Quelque 1 100 migrants ont trouvé la mort en Méditerranée pour le seul mois de mai.

M. Kobler a donc proposé une stratégie en six points.  Premièrement, l’Accord politique libyen doit demeurer le seul cadre légitime de la transition jusqu’à l’adoption d’une nouvelle constitution.  En second lieu, la Chambre des représentants doit rester l’institution qui approuve et investit le Gouvernement d’entente nationale.  Après deux tentatives infructueuses en février et en avril, il est grand temps que le Président de la Chambre assume ses responsabilités et convoque une session parlementaire, dans un climat débarrassé des menaces et des intimidations, pour voter sur le Gouvernement d’entente nationale proposé, a commenté le Représentant spécial.

Troisièmement, il est « vital » que le Conseil de la présidence travaille avec son effectif complet de neuf membres.  « J’encourage les membres qui n’assistent pas aux réunions à le faire », a dit M. Kobler.  Au titre de son quatrième point, il a exhorté le Conseil de la présidence à agir rapidement pour répondre aux besoins des Libyens, ajoutant que les Nations Unies sont prêtes à lui apporter leur concours.

Cinquièmement, le Conseil de la présidence, en sa qualité de Commandant suprême de l’Armée libyenne unie, doit être le seul récipiendaire légitime de l’aide internationale dans le domaine de la sécurité.  Enfin, il faut une « architecture sécuritaire intérimaire inclusive » pour éviter les hostilités entre les différents acteurs libyens impliqués dans la lutte contre Daech.

Le Chef de la MANUL, qui a insisté sur les progrès considérables de la lutte contre Daech ces dernières semaines, a en effet mis en garde contre les risques d’affrontements directs entre les différentes forces en raison d’un manque de coordination.  La possibilité d’une nouvelle escalade militaire doit inquiéter tout le monde, a-t-il prévenu.

M. Kobler a jugé « cruciale » la décision du Conseil de la présidence d’établir un centre d’opérations conjoint contre Daech.  Il a aussi jugé « essentiel » que la MANUL rétablisse sa présence en Libye afin de répondre aux besoins les plus pressants des Libyens.  Un point de vue partagé par le représentant de la Libye, M. Ibrahim Dabbashi, qui a espéré que la Mission reviendra le plus tôt possible à Tripoli pour faire progresser la mise en œuvre de l’Accord et l’installation des institutions de l’État.

Il a jugé aussi très positive l’unanimité internationale en faveur du soutien au nouveau Gouvernement d’entente nationale.  Toutefois, a-t-il ajouté, c’est encore insuffisant car le succès passe par la pleine mise en œuvre de l’Accord, avec notamment la mise en place d’une force capable d’assurer l’ordre et la sécurité dans la capitale.

Le représentant a critiqué les rapports du Secrétariat, estimant qu’ils « manquent de professionnalisme ».  Il a ainsi demandé que l’on s’abstienne de « termes irréalistes », affirmant que cela ne peut que compliquer la situation politique en Libye.  Ainsi, il a jugé prématuré de parler à ce stade de monopole intégral de l’État sur l’usage de la force, comme le fait le rapport du Secrétaire général.  Pour le représentant, la MANUL est la première concernée par l’application « honnête » de l’Accord politique.

Enfin, il a fait observer qu’il n’y avait à ce stade aucun plan concernant les mesures à prendre après la libération de Syrte, annoncée pour la prochaine quinzaine.  Nous ne voulons pas voir la ville tomber dans les mains d’Al-Qaida après l’avoir libérée de celles de Daech, a-t-il déclaré.

Le Président du Comité créé en application de la résolution 1970 (2011) du Conseil de sécurité -Comité de l’application de l’embargo sur les armes, de l’interdiction de voyager et du gel des avoirs- a présenté le rapport couvrant la période allant du 3 mars au 6 juin.  M. Ramlan Bin Ibrahim a décrit la première application de la résolution 2146 (2014) sur les exportations illicites de pétrole brut, en expliquant qu’à la demande de la Libye, le Comité avait, le 27 avril, ajouté sur sa liste un navire qui tentait une exportation illicite.  Avant de l’inscrire, le Comité a écrit à l’État de destination, Malte, et à l’État du pavillon, l’Inde, qui ont pleinement coopéré, a-t-il affirmé.

 

*     S/2016/452

 

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