Conseil de sécurité: M. Hervé Ladsous affirme que l’Union africaine est le partenaire le plus important de l’ONU en matière de maintien de la paix
Au cours d’une réunion du Conseil de sécurité portant sur la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine en faveur de la paix et de la sécurité, le Secrétaire général adjoint chargé des opérations de maintien de la paix, M. Hervé Ladsous, a affirmé que l’Union africaine demeurait le partenaire le plus important de l’ONU en matière de maintien de la paix.
Il a indiqué que sur un total de 16 opérations de maintien de la paix, 9 missions opèrent sur le continent africain, et avec 80% du personnel en uniforme, l’Afrique apparaît comme un partenaire clef de l’ONU. Il a aussi souhaité qu’un soutien financier plus prévisible et durable soit apporté aux opérations de paix de l’Union africaine autorisées par le Conseil de sécurité, un des sujets des consultations lancées hier entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, 10 ans après les premières du genre tenues en 2007.
Dans ce contexte, et à la veille de la célébration de la Journée de l’Afrique, le Conseil de sécurité a, dans une déclaration présidentielle, adoptée aujourd’hui, félicité l’Union africaine pour sa contribution renforcée au maintien de la paix et de la sécurité, pour les efforts importants qu’elle ne cesse de déployer avec ses organisations sous-régionales et pour son rôle plus actif dans la prévention et le règlement par la médiation des conflits sur le continent africain, conformément aux résolutions et décisions qu’il a adoptées.
Le Conseil de sécurité a également constaté que la contribution de fond du Programme décennal de renforcement des capacités de l’Union africaine, qui s’achève en 2016, a effectivement augmenté les capacités institutionnelles et techniques de l’Union africaine, y compris dans le domaine de la paix et de la sécurité. Le cadre du nouveau Partenariat ONU-Union africaine en matière de paix et de sécurité, censé succéder au Programme décennal, devrait être signé par le Secrétaire général de l’ONU cette année, a annoncé en outre M. Ladsous.
Cette coopération entre les deux organisations, ont rappelé les nombreux orateurs ayant participé à la réunion du Conseil de sécurité, doit se faire dans le cadre de l’Architecture africaine de paix et de sécurité, entrée en vigueur en décembre 2003, et du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies qui renvoie aux accords régionaux relatifs au maintien de la paix et de la sécurité internationales.
Sur l’avenir de cette collaboration, l’Observateur permanent de l’Union africaine auprès des Nations Unies a indiqué que les éléments fondateurs de ce véritable partenariat stratégique s’articulaient autour des points comme: le respect mutuel, la prise en considération des avantages comparatifs des deux conseils, la nécessité d’adopter des méthodes de travail clairement établies, l’établissement d’un partenariat tourné vers l’action et le résultat, ainsi que la responsabilité partagée, la coopération et une coordination étroite.
Il faut soutenir et renforcer l’Architecture africaine de paix et de sécurité, en particulier la Force africaine en attente et les capacités de l’Union africaine en matière de diplomatie préventive et de médiation, a pour sa part préconisé M. Haile Menkerios, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine. Le représentant du Kenya, M. Macharia Kamau, en sa qualité de Président de la Commission de consolidation de la paix (CCP), a quant à lui jugé nécessaire de se concentrer sur la résolution des conflits plutôt que leur « gestion », estimant que cela passait par une redéfinition des priorités de maintien de la paix pour mieux s’adapter aux nouvelles réalités sur le terrain. Il a également appelé à l’intégration de la notion de « paix durable » dans les activités de sécurité, de développement et de droits de l’homme.
« Si nous voulons forger une relation plus forte entre l’ONU et l’Union africaine, il faut faire des progrès sur des cas précis qui ont un impact sur des centaines de milliers de civils », a estimé la représentante des États-Unis, affirmant qu’il serait « trop simpliste d’estimer que la vision africaine de tous les problèmes est un modèle en soi ». Elle a recommandé une intensification des échanges d’idées, jugeant qu’il était aussi important de se mettre d’accord sur des principes conjoints de transparence et des mécanismes de responsabilisation, de respect des droits de l’homme et de « tolérance zéro en cas d’exactions sexuelles ».
Par ailleurs, le représentant de l’Union européenne a indiqué que son organisation avait consacré près de deux milliards d’euros aux opérations de paix conduites par l’Union africaine par le biais de la Facilité de soutien à la paix pour l’Afrique. Il a ajouté que la lutte contre le terrorisme nécessitait des soutiens additionnels urgents de la part des acteurs africains, non africains et tout particulièrement de l’ONU.
Pour sa part, le délégué de la France a souhaité que désormais les organisations africaines puissent progressivement prendre en charge une part croissante du fardeau financier de leur action. Le financement prévisible et durable des opérations de paix menées par les organisations régionales sous l’égide de l’ONU a été aussi souligné par de nombreuses délégations, notamment celle de la Suède au nom des pays nordiques.
L’Union africaine entend financer, à hauteur de 25%, ses opérations de soutien à la paix, une décision qui devrait être mise en œuvre graduellement pour atteindre son niveau opérationnel optimal en 2020, a affirmé de son côté son observateur permanent. Le Brésil a proposé que les quelque 50 milliards de dollars de flux financiers illicites qui quittent l’Afrique chaque année soient rapatriés et injectés dans le maintien et la consolidation de la paix.
Le Rwanda a en outre lancé un appel de soutien au Fonds de paix de l’Union africaine créé récemment et dirigé par le Rwandais Donald Kaberuka qui en est le Haut-Représentant.
Le délégué du Pakistan a quant à lui plaidé pour une meilleure représentativité de l’Afrique au Conseil de sécurité, alors que son homologue des Pays-Bas a estimé qu’« une présence africaine permanente au Conseil de sécurité ne serait pas sans mérite ».
COOPÉRATION ENTRE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES ET LES ORGANISATIONS RÉGIONALES ET SOUS-RÉGIONALES AUX FINS DU MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES
La coopération entre l’Organisation des Nations Unies et l’Union Africaine en faveur de la paix et de la sécurité: application du Chapitre VIII de la Charte et avenir de l’Architecture africaine de paix et de sécurité
Lettre datée du 9 mai 2016, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent de l’Égypte auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2016/428)
Déclaration présidentielle
Le Conseil de sécurité rappelle ses précédentes résolutions pertinentes et les déclarations de son président, qui soulignent combien il importe d’établir des partenariats efficaces entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales, en particulier l’Union africaine, conformément à la Charte des Nations Unies et aux statuts des organisations régionales.
Le Conseil de sécurité réaffirme qu’en vertu de la Charte il a la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales, et rappelle que la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales sur les questions du maintien de la paix et de la sécurité internationale conformément aux dispositions du Chapitre VIII de la Charte, peut améliorer la sécurité collective.
Le Conseil de sécurité félicite l’Union africaine pour sa contribution renforcée au maintien de la paix et de la sécurité, pour les efforts importants qu’elle ne cesse de déployer avec ses organisations sous-régionales et pour son rôle plus actif dans la prévention et le règlement par la médiation des conflits sur le continent africain conformément aux résolutions et décisions qu’il a adoptées, et salue à cet égard le courage et le sacrifice des hommes et des femmes qui servent dans les opérations de maintien de la paix africaines.
Le Conseil de sécurité constate les progrès de la coopération permanente entre l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine, et souligne qu’il importe de l’approfondir en établissant un partenariat efficace étayé par des consultations entre le Conseil de sécurité de l’ONU et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine dans le cadre du processus de prise de décisions respectif des deux organisations et des stratégies communes appropriées d’action intégrée face aux conflits, selon qu’il convient, fondés sur les avantages comparatifs respectifs, la transparence et le principe de responsabilité pour répondre aux préoccupations de sécurité communes en Afrique, conformément à la Charte des Nations Unies, et notamment aux dispositions du Chapitre VIII et aux buts et principes énoncés dans la Charte.
Le Conseil de sécurité félicite l’Union africaine de continuer à renforcer ses capacités grâce au lancement opérationnel de l’Architecture africaine de paix et de sécurité, et accueille avec satisfaction la poursuite de la coopération ONU-Union africaine autour des différentes composantes de l’Architecture, notamment l’alerte rapide, la diplomatie préventive, la médiation, l’assistance électorale, le maintien de la paix, la prévention et le règlement des conflits, la promotion des droits de l’homme et de l’état de droit, la protection des femmes et des enfants, le relèvement et la reconstruction après conflit.
Le Conseil de sécurité se félicite de la mise au point de la nouvelle feuille de route de l’Architecture (2016-2020) qui trace la voie à suivre pour consolider les acquis et s’attaquer aux problèmes les plus pressants de manière à rendre l’Architecture pleinement opérationnelle. Il note que la Feuille de route contribue à améliorer la coordination et les synergies entre l’Union africaine et les organisations régionales du continent ainsi qu’entre les piliers de l’Architecture, et qu’elle est centrée sur des mesures efficientes concernant la prévention, la gestion et le règlement des conflits ainsi que la reconstruction et le développement après conflit.
Le Conseil de sécurité note que les examens du dispositif de consolidation de la paix des Nations Unies, des opérations de maintien de la paix des Nations Unies et de l’application de la résolution 1325 (2000) du Conseil sur les femmes et la paix et la sécurité offrent l’occasion d’établir entre les deux organisations un partenariat plus fort tourné vers l’avenir, conformément aux dispositions du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, de mieux harmoniser les efforts pour assurer une continuité d’action cohérente et coordonnée pendant toute la durée et au lendemain des conflits dans le but de préserver la paix, qui devrait être entendue globalement comme un objectif et un processus d’édification de la vision commune d’une société, en s’assurant que les besoins de toutes les couches de la population sont pris en compte, et de lancer des activités pour prévenir le déclenchement, l’escalade, la poursuite et la reprise des conflits.
Le Conseil de sécurité rappelle sa résolution 2282 (2016), et réaffirme que la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales est un élément critique pour prévenir le déclenchement, l’escalade, la poursuite et la reprise des conflits, souligne qu’il faut une approche intégrée pour pérenniser la paix, notamment en empêchant les conflits et en s’attaquant à leurs racines, et insiste sur l’importance du partenariat et de la coopération entre l’ONU et l’Union africaine pour améliorer la coopération et la coordination dans le cadre de la consolidation de la paix, amplifier les synergies et veiller à la cohérence et à la complémentarité de ces efforts.
Le Conseil de sécurité note que l’échange des informations et des analyses entre l’ONU, l’Union africaine et ses organisations sous-régionales est un élément primordial pour élaborer des stratégies communes, coordonner l’action en matière de prévention et de règlement des conflits et consolider la paix, et encourage une coopération renforcée dans ce domaine.
Le Conseil de sécurité reconnaît le rôle que peut jouer l’Union africaine dans la consolidation de la paix après un conflit et dans le processus de relèvement, de reconstruction et de développement, et note à cet égard l’utilité du Cadre d’action de l’Union africaine pour la reconstruction et le développement postconflit (2006) et de l’Initiative africaine de solidarité lancée en 2012 pour mobiliser sur le continent même des appuis aux pays sortant d’un conflit, et note aussi l’initiative de création d’un centre de l’Union africaine pour la reconstruction et le développement postconflit.
Le Conseil de sécurité constate que les organisations régionales et sous-régionales sont bien placées pour comprendre les causes sous-jacentes et les éléments déclenchants des conflits dans leur région respective et encourage les initiatives visant à promouvoir l’usage de la diplomatie préventive au sein de l’Union africaine et de ses organisations sous-régionales et à renforcer la coordination et la complémentarité des efforts des uns et des autres, notamment en créant un groupe d’appui à la médiation à la Commission de l’Union africaine.
Le Conseil de sécurité se félicite du partenariat noué entre l’ONU et l’Union africaine dans le domaine du maintien de la paix et soutient l’action engagée par l’Union pour élaborer des politiques, des orientations et des formations, en particulier dans les domaines de la réforme du secteur de la sécurité, la reconstruction après conflit, les femmes et la paix et la sécurité, la protection des civils, y compris les enfants, et la prévention et la répression des violences sexuelles et sexistes dans les conflits armés et les situations d’après conflit, et souligne la nécessité de développer la planification conjointe avant déploiement et les processus d’évaluation conjointe des missions, selon les besoins, afin de promouvoir la communauté de vues et d’améliorer la planification des opérations de maintien de la paix conduites par l’Union africaine ainsi que, le cas échéant, la gestion du passage des opérations de paix de l’Union africaine aux missions de maintien de la paix des Nations Unies.
Le Conseil de sécurité sait que le succès des opérations de maintien de la paix est de plus en plus tributaire d’une collaboration solide entre l’ONU et l’Union africaine et, à cet égard, engage le Secrétariat à se concerter avec l’Union africaine, en particulier au moment du passage d’une opération de paix africaine à une opération de maintien de la paix des Nations Unies. Il sait également que l’expérience et les compétences des pays fournisseurs de contingents et d’effectifs de police sur les théâtres d’opérations peuvent considérablement faciliter la planification des opérations et insiste sur l’importance critique des consultations entre le Conseil de sécurité, les pays fournisseurs de militaires et de policiers et le Secrétariat. Le Conseil réaffirme qu’il lui importe d’avoir des relations plus efficaces avec le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, au moyen notamment de réunions consultatives annuelles plus efficaces, des consultations en temps et heure et des missions communes sur le terrain selon les besoins, de manière que les deux organisations puissent formuler des positions et des stratégies cohérentes au cas par cas dans le traitement des situations de conflit en Afrique.
Le Conseil de sécurité réaffirme le rôle vital joué par les femmes dans la prévention et le règlement des conflits, les négociations de paix, la consolidation de la paix, le maintien de la paix, l’action humanitaire et la reconstruction après conflit, et souligne que l’ONU et l’Union africaine doivent faire en sorte que la participation des femmes et la problématique hommes-femmes soient pleinement intégrées dans toutes les initiatives pour la paix et la sécurité engagées par les deux organisations, notamment en créant les capacités nécessaires. Le Conseil se félicite des efforts déployés par l’Union africaine pour appliquer la résolution 1325 (2000), avec notamment la nomination de l’Envoyée spéciale de la Présidente de la Commission de l’Union africaine pour les femmes et la paix et sécurité, et le Programme quinquennal Genre, paix et sécurité (2015-2020), et engage l’Union africaine à en poursuivre la mise en œuvre.
Le Conseil de sécurité souligne qu’il importe de resserrer la coopération avec l’Union africaine afin d’aider à renforcer sa capacité en matière de prévention des conflits, de gestion et de règlement des crises et de consolidation de la paix après conflit, et invite tous les États Membres et les partenaires internationaux à continuer d’apporter leur contribution à cet égard, plus activement s’il y a lieu.
Le Conseil de sécurité constate que la contribution de fond du Programme décennal de renforcement des capacités de l’Union africaine, qui s’achève en 2016, a effectivement augmenté les capacités institutionnelles et techniques, y compris dans le domaine de la paix et de la sécurité, et note l’adoption du cadre du nouveau Partenariat ONU-Union africaine sur le programme d’intégration et de développement de l’Afrique 2017-2027 au Sommet de l’Union africaine tenu à Johannesburg, en juin 2015, pour succéder au Programme décennal de renforcement des capacités de l’Union africaine, qui vise à promouvoir un partenariat plus étroit et plus efficace entre l’ONU, l’Union africaine et ses organisations sous-régionales et à soutenir la mise en œuvre du Programme 2063 de l’Union africaine.
Le Conseil de sécurité réaffirme qu’il incombe aux organisations régionales de mobiliser les ressources humaines, financières, logistiques et autres dont elles ont besoin, notamment grâce aux contributions de leurs membres et à l’appui de leurs partenaires, et il se félicite du précieux soutien financier fourni par les partenaires à cet égard.
Le Conseil de sécurité reconnaît que l’un des principaux obstacles auquel se heurte l’Union africaine pour accomplir ses mandats de maintien de la paix et de la sécurité régionales tient à la difficulté de mobiliser des ressources prévisibles, durables et souples, et il encourage la poursuite du dialogue sur les options qui permettraient de remédier à ce problème.
Le Conseil de sécurité salue la nomination par l’Union africaine d’un Haut-Représentant pour le Fonds de la paix de l’Union africaine et constate l’utilité des missions conjointes de planification et des visites d’évaluation communes pour ce qui est de déterminer les besoins des opérations régionales d’appui à la paix.
Le Conseil de sécurité note que le Secrétariat de l’ONU et la Commission de l’Union africaine préparent ensemble pour 2016 un cadre commun ONU-Union africaine pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité, qui offrira une matrice de collaboration avancée et continue entre les deux organisations avant, durant et après un conflit dans le but de trouver des solutions politiques aux crises sur le continent.
Le Conseil de sécurité attend avec intérêt de recevoir le rapport annuel du Secrétaire général qu’il a initialement demandé en décembre 2014, sur les moyens de renforcer le partenariat entre l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine sur les questions de paix et de sécurité en Afrique, et notamment sur les travaux du Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine.
Déclarations
M. HERVÉ LADSOUS, Secrétaire général adjoint chargé des opérations de maintien de la paix, a salué le fait que l’un des piliers essentiels de l’Architecture africaine de paix et de sécurité, à savoir la Force africaine en attente, est « sur le point d’être déclarée opérationnelle », dans le cadre du prochain sommet de l’Union africaine qui se tiendra en juillet.
D’après M. Ladsous, les progrès dans l’édification de la confiance entre l’ONU et l’Union africaine ne peuvent se réaliser que par des cas concrets de collaboration. Il a reconnu que « plusieurs étapes importantes ont concrétisé ce changement de nature dans le partenariat » entre les deux organisations sur les questions de paix et de sécurité.
Ainsi, avec sa nouvelle feuille de route de l’Architecture africaine de paix et de sécurité pour la période allant de 2016 à 2020, l’Union africaine a recentré son projet vers une approche beaucoup plus stratégique. Ensuite, a poursuivi le Secrétaire général adjoint, l’Union africaine et les mécanismes régionaux ont considérablement renforcé leurs capacités au cours de la décennie écoulée. Le Secrétaire général de l’ONU a assuré vouloir signer cette année encore un cadre conjoint pour le renforcement du partenariat avec l’Union africaine en matière de paix et de sécurité.
M. Ladsous a salué l’établissement récent à Addis-Abeba d’un Groupe de travail conjoint sur le financement durable et l’efficacité de la Mission d’observation militaire de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), et le soutien aux Forces de sécurité nationales somaliennes, dans le cadre des élections prochaines. Quant à l’Équipe spéciale conjointe, Organisation des Nations Unies-Union africaine chargée des questions de paix et de sécurité, elle a « encouragé toutes sortes de propositions pour faire en sorte que l’ONU et l’Union africaine coordonnent leur message ».
En République démocratique du Congo, la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) a apporté tout son appui aux efforts de facilitation menés par l’Union africaine, a rappelé le Secrétaire général adjoint. Les deux organisations ont également maintenu un engagement stratégique entre le Bureau de l’Envoyé spécial pour le Soudan et le Soudan du Sud et le Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine pour faire avancer la mise en œuvre des accords de paix.
M. Ladsous a par ailleurs souligné la tendance croissante à la coopération entre les deux organisations sur le terrain et salué la capacité institutionnelle plus forte de l’Union africaine. Il a évoqué des réalisations spécifiques comme le soutien à un concept stratégique d’opérations de l’AMISOM et des efforts conjoints pour la planification de la gestion des missions d’appui au Mali ou en République centrafricaine.
L’Union africaine demeure le partenaire le plus important de l’ONU en matière de maintien de la paix, a souligné M. Ladsous. Sur un total de 16 opérations de maintien de la paix, neuf missions opèrent sur le territoire africain, avec 80% du personnel en uniforme. Il faut, a-t-il ajouté, que les Casques bleus soient équipés et entraînés de la meilleure façon possible, tout en adhérant aux niveaux les plus élevés de conduite et de discipline.
Enfin, il a souhaité qu’un soutien financier plus prévisible et durable soit apporté aux opérations de paix de l’Union africaine autorisées par le Conseil de sécurité, dont la revue conjointe du financement est lancée cette semaine.
M. TÉTE ANTÓNIO, Observateur permanent de l’Union africaine auprès des Nations Unies, a relevé que l’élaboration de l’Architecture africaine de paix et de sécurité a permis à l’Union africaine et à ses mécanismes régionaux de devenir des acteurs majeurs des opérations internationales de soutien à la paix. D’abord comme premiers intervenants face aux crises de sécurité et aux conflits armés, ensuite comme initiateurs de processus politiques permettant de doter ces opérations d’un mandat, et aussi comme plus grands contributeurs de troupes. Il a noté que la relation stratégique entre l’Union africaine et les Nations Unies n’a cessé de croître en vue de bâtir un partenariat plus cohérent et efficace dans le cadre du Chapitre VIII de la Charte et de l’article 17 du Protocole relatif à la création du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine. Il a rappelé que la tenue hier de la dixième réunion annuelle de consultation entre le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (CPS) et le Conseil de sécurité de l’ONU avait souligné la nécessité d’une refonte profonde de ce mécanisme de manière à le réadapter et le renforcer pour assurer sa viabilité et son efficacité. Sur l’avenir de cette collaboration, il a indiqué que les éléments fondateurs de ce véritable partenariat stratégique s’articulaient autour des points comme: le respect mutuel, la prise en considération des avantages comparatifs des deux conseils, la nécessité d’adopter des méthodes de travail clairement établies, l’établissement d’un partenariat tourné vers l’action et le résultat ainsi que la responsabilité partagée, l’esprit de coopération et une coordination étroite.
M. António a par ailleurs affirmé que si les opérations de soutien à la paix de l’Union africaine sont déployées de façon efficace, elles seront mieux à même de préparer le terrain pour le déploiement des opérations des Nations Unies, lesquelles pourraient assurer à leur tour le soutien aux activités de stabilisation à long terme dans les pays concernés. Il a regretté que les opérations de l’Union africaine souffrent encore de l’absence de financements prévisibles, souples et durables, tributaires, dans une large mesure, du soutien volontaire des partenaires internationaux. Il a souligné que le manque de prévisibilité, de flexibilité et de pérennité a eu des conséquences négatives sur l’efficacité des opérations conduites par l’Union africaine, citant à ce sujet les difficultés financières, opérationnelles et logistiques de la Mission d’observation militaire de l’Union africaine en Somalie (AMISOM). Il a également estimé que le recours aux contributions mises à recouvrement au budget des Nations Unies devrait être considéré comme une option viable dans l’esprit du partage des charges entre les deux organisations. Il a aussi fait observer que les Chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine avaient pris l’engagement de financer, à hauteur de 25%, les opérations de soutien à la paix conduites par l’Union africaine, décision qui devrait être mise en œuvre graduellement pour atteindre son niveau opérationnel optimal en 2020. Par conséquent, 75% des budgets des missions conduites avec l’autorisation du Conseil de sécurité devraient être financés par les Nations Unies à partir des contributions à recouvrement, a-t-il conclu.
M. HAILE MENKERIOS, Représentant spécial du Secrétaire général, Chef du Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine (BNUUA) et Envoyé spécial pour le Soudan et le Soudan du Sud, a affirmé que l’ONU avait fait de réels progrès en matière de coopération avec l’Union africaine et ses communautés économiques régionales et mécanismes régionaux aux fins de la prévention et de la gestion des conflits. Il a expliqué que la feuille de route 2016-2020 de l’Architecture africaine de paix et de sécurité mettait l’accent sur le renforcement de la coopération entre les piliers de l’Architecture et entre l’Union africaine et ses mécanismes régionaux et communautés économiques régionales. Il a estimé que cette feuille de route fournissait une approche cohérente pour des efforts conjoints avec l’ONU en matière de maintien de la paix et de la sécurité. Illustrant ces efforts de coopération, M. Menkerios a indiqué que le Conseil de sécurité de l’ONU et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine ont tenu hier leur dixième consultation annuelle dans le but de renforcer les synergies. Il a réaffirmé la nécessité d’une approche plus formelle de cette coopération, en saluant la finalisation en cours d’un « cadre conjoint ONU-Union aricaine pour un partenariat renforcé en matière de paix et sécurité ».
Par ailleurs, le Chef du Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine (BNUUA) a indiqué que le rapport du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix et le rapport subséquent du Secrétaire général appellent l’ONU et l’Union africaine à mettre en place un réseau plus efficace d’acteurs de la prévention et du maintien de la paix. Il a souligné l’importance de soutenir et renforcer l’Architecture africaine de paix et de sécurité, en particulier la Force africaine en attente et les capacités de l’Union africaine en matière de diplomatie préventive et de médiation.
En sa qualité de Président de la Commission de consolidation de la paix (CCP), M. MACHARIA KAMAU (Kenya) a rappelé que le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale ont adopté le 27 avril 2016 des résolutions introduisant la notion de « paix durable ». Il a jugé nécessaire de se concentrer sur la résolution des conflits plutôt que sur leur « gestion », en estimant que cela passait par la nécessité de « re-hiérarchiser » les priorités de maintien de la paix pour mieux s’adapter aux nouvelles réalités mondiales. Il a appelé à intégrer la notion de « paix durable » dans les activités de sécurité, de développement et de droits de l’homme. La CCP doit devenir une plateforme plus efficace pour le dialogue politique, ouverte à tous les pays désireux de réaliser la « paix durable ». La CCP a d’ailleurs travaillé en étroite collaboration avec l’Union africaine et les communautés économiques régionales pour accroître les synergies dans la promotion d’une « paix durable » en Guinée, en Guinée-Bissau, en République centrafricaine et au Burundi. Le Président a dit l’importance de la feuille de route de l’Architecture africaine de paix et de sécurité pour fournir un cadre à des mesures pratiques qui permettront de réorienter la reconstruction et le développement postconflit.
Il a indiqué qu’il envisageait de conduire une délégation en Afrique de l’Ouest à la mi-juin pour mesurer les besoins en matière de consolidation de la paix au Libéria, en Sierra Leone, en Guinée et au Sénégal dans le contexte du relèvement postÉbola. La visite au Sénégal, que préside actuellement la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), sera l’occasion de discuter des défis et priorités de la consolidation de la paix au niveau régional. Les efforts en la matière doivent être liés à ceux de la réalisation des objectifs de développement durable à l’horizon 2030 ainsi qu’à la Vision 2063 de l’Union africaine, a estimé le Président.
M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a estimé que l’ONU et l’Union africaine pouvaient bénéficier d’un partenariat plus efficace. Il a fait observer que la gestion des conflits demandait que l’on mette l’accent sur les démarches axées autour de la prévention.
Le représentant a par ailleurs préconisé un engagement plus actif au sein du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et davantage de ressources pour financer l’Architecture africaine de paix et de sécurité. À son avis, il était également essentiel d’appuyer les activités de consolidation de la paix en Afrique, au Burundi par exemple.
M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a affirmé que les organisations africaines assumaient de plus en plus de responsabilités dans le cadre du Chapitre VIII de la Charte. Leur rôle politique de médiateur et de soutien s’est accru et leur rôle militaire est apprécié dans le cadre d’une complémentarité avec les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, a-t-il dit.
Le représentant a précisé que, pour le Conseil de sécurité, le dialogue avec les organisations régionales devrait devenir un réflexe, permettant de forger un consensus.
La France, a poursuivi son représentant, veut encourager un rôle et une reconnaissance accrus de l’Union africaine et des autres organisations régionales dans la prévention des conflits, le maintien et la consolidation de la paix. À titre bilatéral, elle est un des premiers partenaires de l’Union africaine dans le renforcement des capacités africaines de paix. En 2015, elle a contribué à la formation de plus de 29 000 soldats africains. La France entreprend également, en appui aux forces africaines, des opérations au Sahel, en République centrafricaine, financées sur le seul budget national.
M. Delattre a par ailleurs rappelé que depuis 2007, l’Union européenne a financé l’AMISOM à hauteur de 1,1 milliard d’euros et soutient financièrement l’Architecture africaine de paix et de sécurité. Il est essentiel pour les Nations Unies de s’investir pleinement en amont, dans la définition d’un cadre global et concerté de gestion de crise, tant du point de vue politique que sécuritaire, a-t-il dit, indiquant que les questions de transition entre missions successives et de coordinnation entre missions simultanées sont un des champs qui nécessite une attention particulière. Dans cette réflexion, la mise aux normes onusiennes, la formation des contingents régionaux et une meilleure sensibilisation quant aux questions des droits de l’homme semblent avoir une importance capitale, dans le cadre du maintien de la paix des Nations Unies, a poursuivi le représentant.
Enfin, la durabilité et la soutenabilité financière des opérations militaires demeurent une préoccupation majeure. Aujourd’hui, l’Union africaine est fortement tributaire des contributions extérieures pour le financement de ses opérations. Il convient désormais que les organisations africaines puissent progressivement prendre en charge une part croissante de la charge financière de leur action, a conclu le représentant de la France.
M. YURI VITRENKO (Ukraine) a noté que le lancement de l’Architecture africaine de paix et de sécurité et le déploiement des opérations de soutien à la paix de l’Union africaine, après autorisation du Conseil de sécurité, étaient des éléments qui témoignent de l’importance grandissante de la coopération entre l’Union africaine et l’ONU. Il a regretté que dans certains cas les deux organisations n’aient pu s’entendre sur des actions à mener dans le cadre de certains conflits, ce qui a ralenti la réponse internationale à des menaces à la paix et à la sécurité. Il a appelé au renforcement de la coopération entre les deux organisations, notamment dans le contexte de la montée du terrorisme dans le monde, et plaidé pour la finalisation, en 2016, du cadre conjoint Union africaine-ONU afin d’améliorer la coopération en matière de paix et de sécurité entre les deux organisations.
M. YOSHIFUMI OKAMURA (Japon) a dit que le Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine (BNUUA) jouait un rôle déterminant dans le partenariat entre l’ONU et l’Union africaine, notamment en fournissant des conseils techniques cruciaux à la Commission de l’Union africaine. Il a prévenu que le partenariat avec le BNUUA ne pouvait se substituer à l’appropriation par les pays africains des efforts de maintien de la paix. Les communautés économiques régionales et les mécanismes régionaux de prévention des conflits sont des piliers de l’Architecture africaine de paix et de sécurité. Illustrant son propos, il a rappelé combien la mission en Guinée-Bissau de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avait été déterminante pour maintenir la paix et la sécurité. Il a rappelé que le Japon présidera le Conseil de sécurité en juillet 2016 et qu’il organisera, à cette occasion, un débat public sur la consolidation de la paix en Afrique. Il a également précisé que le Japon coorganisera en août 2016 la prochaine Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD VI) en collaboration avec l’ONU, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), la Banque mondiale et la Commission de l’Union africaine. Il s’est réjoui de ce que la TICAD se tienne pour la première fois sur le continent africain, et plus précisément au Kenya.
M. PETER WILSON (Royaume-Uni) a insisté sur l’engagement de son pays dans la relation entre l’ONU et l’Union africaine, citant en exemple la coopération entre les deux organisations en Somalie. Évoquant la visite du Conseil de sécurité sur le terrain la semaine dernière, il a salué la contribution vitale de la Mission d’observation militaire de l’Union africaine en Somalie (AMISOM).
S’il faut aider les forces de sécurité nationales somaliennes à reprendre les fonctions de l’AMISOM dans le cadre de la transition politique, « un retrait trop prématuré mettrait en péril les investissements réalisés dans ce pays », a-t-il averti. Il a encouragé tous les efforts du Gouvernement fédéral vers la transparence et a salué sa décision récente d’approuver un modèle électoral. « L’année 2016 sera une année charnière pour la Somalie », a insisté le représentant. De façon générale, il a souhaité une coopération accrue entre l’ONU et l’Union africaine, notamment dans le cadre de l’analyse des conflits, de l’alerte précoce et de la médiation.
M. ELBIO ROSSELI (Uruguay) a fait remarquer que les opérations de maintien de la paix avaient atteint un nombre sans précédent, avec 80% de Casques bleus déployés en Afrique, « souvent dans des contextes où il n’y a pas de paix à maintenir », et où les acteurs non étatiques et la criminalité transnationale organisée posent des menaces asymétriques. Au vu des grands défis actuels, a-t-il résumé, les partenariats avec les acteurs régionaux, en particulier l’Union africaine, revêtent une importance accrue.
« L’heure est venue de jeter des bases plus claires pour définir cette coopération et revitaliser ce qui figure au Chapitre VIII de la Charte », a fait valoir le représentant. Il s’est dit favorable à ce que le processus de formulation des mandats des opérations de maintien de la paix implique une coopération plus étroite avec les organisations régionales pertinentes. Il faut, selon lui, évaluer la possibilité d’harmoniser peu à peu les politiques et les normes qui orientent les opérations, notamment pour ce qui est de la protection des civils. Il faut développer une entente commune des conflits.
Préoccupé par les difficultés financières, M. Rosseli a plaidé pour une affectation de ressources prévisibles et viables. Enfin, il a estimé que la nouvelle feuille de route de l’Architecture africaine de paix et de sécurité représentait un excellent outil qui précise le rôle de chaque acteur dans cinq domaines prioritaires, comme la prévention des conflits, la gestion des crises et la consolidation de la paix.
M. ISMAEL ABRAÃO GASPAR MARTINS (Angola) a déploré que l’espoir de paix en Afrique demeure un vœu pieux, compte tenu du grand nombre de conflits qui déchire le continent. Il a rappelé que l’l’Architecture africaine de paix et de sécurité venait d’établir une nouvelle feuille de route pour la période 2016-2020 et lancé un appel à l’ONU pour soutenir ce programme. Il a aussi souligné la nécessité de mieux coordonner les efforts entre l’ONU et l’Union africaine en matière de diplomatie préventive et regretté les retards pris dans la mise en activité de la Force africaine en attente qui aurait dû être opérationnelle dès 2008. Le représentant a plaidé pour une meilleure collaboration entre l’ONU et l’Union africaine en matière de maintien de la paix.
M. PHILLIP TAULA (Nouvelle-Zélande) a salué les bons exemples de la réactivité des organisations africaines en matière de prévention des conflits, citant les efforts déployés par l’Union africaine au Burundi et ceux de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) au Burkina Faso, actions qui ont permis d’éviter une escalade de la situation. Il a préconisé des analyses conjointes en amont entre l’ONU et l’Union africaine dans le cadre des conflits émergeants, en tenant compte des avantages comparatifs des deux organisations. Il a aussi appelé à des déploiements conjoints Union africaine-ONU sur le terrain des conflits, exprimant le souhait, dans ce contexte, d’une prochaine visite au Soudan du Sud d’une mission conjointe des deux organisations afin d’apporter son soutien à l’Accord de paix. Il a également appelé à l’établissement de modèles de financements plus durables des opérations de soutien à la paix que mène l’Union africaine sous l’égide du Conseil de sécurité.
M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a prôné le renforcement du partenariat entre le Conseil de sécurité de l’ONU et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine. Rappelant la responsabilité première du Conseil de sécurité pour ce qui est du maintien de la paix et de la sécurité internationales, il a tout de même reconnu que les mécanismes régionaux et sous-régionaux de l’Union africaine étaient les mieux à même de prévenir les conflits sur le continent, et qu’il fallait « des solutions africaines aux problèmes africains ».
Malgré les efforts déployés, le continent reste vulnérable à une série de crises diverses, a regretté le représentant. S’il a noté « la convergence des deux organisations pour stabiliser la situation » dans plusieurs pays, il a souhaité davantage de coopération dans d’autres domaines connexes, tels que la lutte contre le terrorisme, la criminalité transnationale organisée, la piraterie et le trafic d’armes et de stupéfiants.
La représentant a recommandé d’accorder une attention prioritaire au renforcement de la Force africaine en attente. D’après lui, le Chapitre VIII constitue une base juridique solide pour la mise en œuvre des opérations de paix africaines déployées avec un mandat du Conseil de sécurité. Il a toutefois jugé « indispensable que la relation aille dans les deux sens », et que le Conseil de sécurité reçoive des rapports réguliers de ses partenaires africains.
Enfin, il a souhaité que l’Assemblée générale mène « une analyse minutieuse de l’assistance apportée aux missions de l’Union africaine ». La Fédération de Russie, a-t-il indiqué, participe activement à l’assistance à travers le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le Programme alimentaire mondial (PAM). Elle favorise un allègement de la dette pour les États de la région, de façon à éliminer les facteurs économiques des conflits en Afrique.
« Étant donné que plus de 80% des troupes onusiennes sont déployées en Afrique, nous avons tous beaucoup à gagner d’une coopération accrue entre l’ONU et l’Union africaine », a déclaré Mme SAMANTHA POWER (États-Unis). Elle a toutefois averti qu’il serait « trop simpliste d’estimer que la vision africaine de tous les problèmes est un modèle en soi ». Dans le cadre du respect mutuel, elle a recommandé un échange d’idées renforcé.
Abordant le thème du financement, Mme Power a reconnu que les Nations Unies n’étaient pas toujours dans la meilleure position pour répondre à une crise et que l’Union africaine pouvait être un partenaire efficace « quand il n’y a pas de paix à maintenir ». Il faut donc, a-t-elle dit, améliorer les arrangements financiers des opérations menées par l’Union africaine avec un mandat de l’ONU. Mais il faut aussi que l’Union africaine honore son engagement à contribuer à hauteur de 25% à ces missions. Elle a aussi jugé important de se mettre d’accord sur des principes conjoints de transparence et sur des mécanismes de reddition des comptes, de respect des droits de l’homme et de « tolérance zéro en cas d’exactions sexuelles ».
Contribuant au renforcement des capacités institutionnelles de l’Architecture africaine de paix et de sécurité, les États-Unis ont formé plus de 200 000 soldats de la paix depuis 2005, a souligné la représentante. Si tout le monde reconnait le rôle clef de la prévention, il existe cependant des divergences sur le terrain à cet égard, et il faut « faire davantage pour répondre aux causes politiques des conflits ».
« Très souvent nous avons été à la traîne pour répondre à la crise au Burundi », a ainsi regretté Mme Power en évoquant « la menace de voir la violence devenir incontrôlable ». Par ailleurs, elle a déploré la répression de l’opposition en République démocratique du Congo (RDC), où des élections doivent avoir lieu, et elle a appelé le Président Joseph Kabila « à respecter la Constitution ».
Il est important d’avoir une position unie pour faire pression sur les parties, a insisté Mme Power. Au Soudan, a-t-elle constaté, les membres du Conseil de sécurité et du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine ont malheureusement été divisés, et des containers d’aide humanitaire restent bloqués au Darfour. « Plutôt que d’accueillir des chefs d’État mis en accusation, il faudrait exercer plus de pression pour que Khartoum respecte ses engagements », a-t-elle ajouté. « Si nous voulons forger une relation plus forte entre l’ONU et l’Union africaine, il faut faire des progrès sur des cas précis qui ont un impact sur des centaines de milliers de civils », a-t-elle conclu.
M. ROMÁN OYARZUN MARCHESI (Espagne) a salué l’organisation des réunions annuelles officieuses entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, comme celle ayant eu lieu hier. Il a aussi plaidé pour des missions conjointes entre les deux conseils sur le terrain et appelé à l’établissement de voies de communication entre la présidence du Conseil de sécurité et celle de l’Union africaine. Le représentant a par ailleurs salué l’implication de l’Union africaine dans la mise en œuvre des dispositions de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité portant sur les femmes, la paix et la sécurité, rappelant que le tiers des États ayant établi des plans d’action nationaux pour la mise en œuvre de cette résolution est issu du continent africain. Il a également salué l’établissement par l’Union africaine d’un répertoire de femmes qui peuvent faire office de médiatrices dans le cadre de la résolution des conflits.
M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a souligné que les interventions de rétablissement de la paix en Afrique doivent tenir compte du contexte historique ayant prévalu sur le continent, notamment le colonialisme qui y a laissé un traumatisme profond. Il a déploré le fait que le Conseil de sécurité soit plus apte à mettre en œuvre des préceptes relatifs au Chapitre VII de la Charte pour résoudre les situations de conflit en Afrique, affirmant à ce sujet que les Chapitres VI et VIII, prescrivant le règlement pacifique des conflits gagneraient à être promus.
Le représentant a en outre déploré l’ingérence dans les affaires intérieures des pays africains dont sont parfois coupables des membres mêmes du Conseil, rappelant au passage que 70% des régimes de sanctions du Conseil s’appliquent curieusement à des pays africains. Il a aussi rappelé que le chaos en Libye aurait pu être évité si le Conseil avait attendu les résultats des pourparlers et des efforts de médiations qu’avait engagés l’Union africaine. Il a enfin appelé au renforcement de la coopération entre l’Union africaine et l’ONU, affirmant que le Conseil de sécurité ne peut veiller seul au maintien de la paix et de la sécurité en Afrique.
M. LIU JIEYI (Chine) a reconnu que la coopération entre les deux organisations avait donné des résultats probants, comme au Darfour, en Somalie, en République centrafricaine ou au Mali, et à la suite des conflits au Libéria, en Côte d’ivoire et en Sierra Leone. D’après lui, « il faut s’en tenir strictement aux buts et principes de la Charte des Nations Unies ». C’est donc le Chapitre VIII qui doit guider la coopération entre l’ONU et l’Union africaine.
Le représentant a aussi estimé qu’« il faut toujours respecter le concept de sécurité durable commune, collective et globale », en tenant compte du contexte sur le terrain et des réalités historiques. Après avoir salué la nouvelle feuille de route de l’Architecture africaine de paix et de sécurité, il a recommandé d’accroître la confiance mutuelle et la cohérence et de respecter l’appropriation africaine.
Pour le représentant, il faut également donner la priorité à l’aide aux mécanismes de sécurité collective de l’Union africaine, comme la Force africaine en attente, pour lutter contre la menace terroriste et la piraterie dans le golfe de Guinée. La Chine a participé à 16 opérations de maintien de la paix en Afrique, avec plus de 2 600 soldats actuellement déployés dans 7 missions onusiennes. Elle a aussi envoyé des forces de police dans le Golfe d’Aden et au large de la côte somalienne, a conclu le représentant.
M. FODÉ SECK (Sénégal) a estimé qu’il importait de développer un modèle de partenariat entre l’Union africaine et l’ONU pour permettre à l’Union africaine de répondre aux défis en matière de paix et de sécurité sur le continent. S’il incombe au Conseil de sécurité d’y apporter des réponses, les organisations régionales peuvent également aider à définir des politiques d’intervention mieux adaptées, a-t-il dit.
L’Union africaine dispose des capacités et du cadre juridique requis pour apporter les premières réponses aux crises et a démontré ses capacités à mener des opérations de soutien à la paix, notamment au Mali et en Somalie, a indiqué le représentant. L’Union africaine s’est aussi dotée d’une Architecture de paix et de sécurité et a également élaboré une feuille de route 2016-2020 qui vise, entre autres, à prévenir et à lever les obstacles à la pleine opérationnalité de l’Architecture.
Face au défi du financement de ce mécanisme, de paix et de sécurité, le représentant a estimé souhaitable de développer un partenariat innovant et ouvert sur l’avenir afin de répondre plus efficacement aux crises en Afrique. Il a appelé les Nations Unies à accompagner davantage l’Union africaine dans ses efforts pour venir à bout de cet épineux problème du financement, en particulier des opérations de paix et de l’Architecture de paix et de sécurité.
« L’Union africaine est la preuve flagrante des avantages comparatifs des organisations régionales », a récapitulé M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte). « Le continent est prêt à payer le prix fort pour trouver des solutions africaines aux problèmes africains » et rétablir la paix. Après avoir vanté l’Architecture africaine de paix et de sécurité, il a souhaité davantage de coopération avec l’ONU dès les premiers signes d’éventuels conflits et pendant les phases de la gestion des crises et de la reconstruction.
D’après le représentant, l’examen des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, du dispositif de consolidation de la paix et de l’application de la résolution 1325 (2000) sur les femmes et la paix et la sécurité ont ouvert « un nouveau chapitre sur la conceptualisation d’une paix pérenne et viable ».
Pour faire face aux nouveaux défis multidimensionnels, a poursuivi le Président du Conseil, l’Égypte est convaincue qu’il existe de nouvelles possibilités de partenariats plus inclusifs, s’écartant de la tendance actuelle à gérer les conflits après qu’ils ont éclaté. Il faut développer des mécanismes de prévention et accorder la priorité à des solutions politiques, dans le respect du principe d’appropriation nationale. Enfin, a-t-il estimé, l’ONU doit appuyer le renforcement des capacités institutionnelles de l’Union africaine, parallèlement à son partenariat dans le développement de l’Afrique.
Mme ANNIKA SÖDER (Suède), au nom des pays nordiques, a affirmé que l’ONU ne saurait relever à elle seule les défis de paix et sécurité dans le monde, et doit pouvoir compter sur la connaissance et la compréhension du terrain qu’apportent les organisations régionales et sous-régionales, notamment en Afrique. Trois domaines sont essentiels, selon elle, pour renforcer le partenariat stratégique ONU-Union africaine: le renforcement mutuel, fondé sur le partage des tâches et la complémentarité, l’élargissement à la prévention des conflits et à la consolidation de la paix, et un financement prévisible et durable des opérations de paix menées par les organisations régionales sous le mandat de l’ONU.
Mme Söder a rappelé que son pays avait organisé, il y a quelques semaines, un Forum de haut niveau à New York, en collaboration avec la Commission de l’Union africaine et le Bureau du Conseiller spécial pour l’Afrique, sous le thème « l’Afrique que nous voulons en 2030, 2063 et au-delà ». Ce Forum a confirmé que la promotion de la paix et de la sécurité était essentielle pour créer un environnement de développement favorable à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a précisé la Secrétaire d’État suédoise aux affaires étrangères, saluant par ailleurs la feuille de route pour une nouvelle architecture de la paix de l’Afrique et son interaction avec l’architecture pour la bonne gouvernance en Afrique, ainsi qu’avec la mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité. Les pays nordiques continueront à soutenir ces efforts et ont d’ores et déjà, dans le cadre de coopération nordique en matière de défense, apporté leur soutien à la Force d’alerte rapide de l’Afrique de l’Est par un volet formation, a-t-elle conclu.
M. TANMAYA LAL (Inde) a dit que son pays était toujours engagé activement sur les questions de paix et de sécurité, y compris au Conseil de sécurité. L’Inde est membre de la Commission de consolidation de la paix depuis sa création, il y a 10 ans. Les Casques bleus indiens ont servi dans 22 missions en Afrique depuis 1960 et travaillent actuellement, dans huit missions des Nations Unies. L’Inde a aussi fait une contribution financière à la Mission d’observation militaire de l’Union africaine en Somalie et sa marine a participé aux efforts internationaux pour combattre la piraterie maritime au large de la côte somalienne et formé des forces de maintien de la paix africaine. L’Inde et les États-Unis organiseront une formation en maintien de la paix avec les partenaires africains en juillet et en août 2016, a indiqué le représentant.
Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a dit que comme la prévention de conflit, le maintien et la consolidation de la paix exigeaient des réponses rapides et appropriées et des stratégies efficaces avec des appuis financiers, humains et logistiques adéquats, les pays africains contributeurs de troupes et de police devraient être aidés dans le renforcement de leurs capacités. Le Pakistan est disposé à explorer des perspectives de coopération avec l’Union africaine ainsi qu’avec chaque pays africain à ce sujet. La représentante a rappelé que son pays déploie actuellement 7 298 hommes sur le terrain dont la majorité en Afrique. Soulignant le fait que les pays africains membres non permanents du Conseil de sécurité organisent traditionnellement un débat public sur le rôle des organisations régionales pendant leur présidence du Conseil, la représentante a plaidé pour que l’Afrique ait un nombre plus élevé de sièges au Conseil de sécurité sur la base d’une élection périodique.
M. KAIRAT ABDRAKHMANOV (Kazakhstan) a indiqué que les concepts de paix et stabilité, appliqués à l’Afrique, doivent être élargis et ne plus être seulement centrés sur l’État, mais également sur les individus. Il a également appelé à passer d’une sécurité militaire à une autre non militaire qui tienne compte de la sécurité humaine globale, incluant la nourriture, l’eau et l’énergie pour tous. Il a évoqué la coopération que le Kazakhstan entend mener avec 45 pays d’Afrique en matière de développement durable, et par l’entremise du PNUD. Il a indiqué que dans l’optique des aspirations contenues dans l’Agenda 2063 de l’Union africiane, il faudrait mettre sur pied une plus grande coopération militaire et diplomatique avec l’Afrique, et renforcer la coopération Nord-Sud, la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire, en les orientant vers les domaines de la paix et de la sécurité. M. Abdrakhmanov a en outre déclaré qu’il ne peut y avoir de paix sans l’implication des femmes, conformément à la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité.
M. GHOLAMHOSSEIN DEHGHANI (République islamique d’Iran), s’exprimant au nom du Mouvement des non-alignés, a dit encourager les processus politiques comme moyens de maintien de la paix en Afrique, soulignant aussi la nécessité de se concentrer sur l’assistance au développement dans des régions affectées par la guerre, étant donné que la paix et le développement se renforcent mutuellement. Il a appelé au renforcement de la coopération entre l’ONU et l’Union africaine. Il a en outre fait observer que lorsque l’on crée une opération de maintien de la paix, ou que l’on élargit le mandat de celles qui existent, il faut le faire conformément aux principes de la Charte, parmi lesquels figurent le consentement des parties, le non-recours à la force à l’exception des cas de légitime défense, et l’impartialité.
M. VIRACHAI PLASAI (Thaïlande) a mis l’accent sur les avantages d’un partenariat renforcé entre l’ONU et l’Union africaine en vue de mieux exploiter les avantages comparatifs des acteurs régionaux. Reconnaissant les mérites de l’Architecture africaine de paix et sécurité, et de sa nouvelle feuille de route pour la période 2016-2020, il a souhaité y voir figurer au premier plan les expériences communes ONU-Union africaine dans les domaines suivants: les opérations de paix, en se basant sur l’expérience en Somalie et au Darfour; la consolidation de la paix la participation accrue des femmes aux processus de paix en Afrique et une meilleure protection des femmes en zone de conflit et postconflit; et le contre-terrorisme rappelant que l’Afrique est aussi frappée par le terrorisme, notamment de Boko Haram, ce qui exige des efforts concertés des pays de la région.
La Thaïlande encourage l’Union africaine à mener un processus d’examen de son architecture de paix, à l’instar de celui mené par l’ONU l’an dernier, de manière à aligner ces deux approches. Le partenariat ONU-Union africaine devrait être axé sur la prévention des conflits et les causes profondes des conflits dans la région, y compris les disparités socioéconomiques, les injustices sociales, la marginalisation et le renforcement des institutions de l’État. Mais pour cela, il faut des ressources et il faudra soutenir l’Union africaine par des financements adéquats et prévisibles, surtout quand elle agit sous l’autorité du Conseil de sécurité, a poursuivi le représentant. Il a en outre estimé que le Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine ainsi que celui du Conseiller spécial pour l’Afrique ont un rôle important à jouer pour assurer la cohérence et la complémentarité entre les différents organismes onusiens et les mécanismes de partenariat avec l’Afrique. Il a aussi préconisé un cadre conjoint ONU-Union africaine pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité. « Les problèmes africains exigent des solutions africaines », a conclu le représentant, en réservant néanmoins un rôle à l’ONU.
M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a souligné l’importance des ressources prévisibles, durables et flexibles pour les opérations de maintien de la paix, de la promotion d’une bonne coordination et interaction entre les envoyés de l’Union africaine et des Nations Unies, de la participation de plus de femmes et de jeunes aux processus de prévention des conflits et de consolidation de la paix, de l’assistance électorale, en particulier en cette année où l’Afrique verra plus de 20 élections, de la prévention des causes socioéconomiques du terrorisme et de l’extrémisme violent en Afrique, ainsi que du renforcement des capacités et des institutions pour une paix durable.
En ce qui concerne le financement durable des opérations de paix de l’Union africaine, le représentant a salué la nomination de M. Donald Kaberuka, ancien Président de la Banque africaine de développement, qui représente à son avis un symbole important de la volonté de l’Union africaine de relever le défi du financement. Le représentant a réitéré que son approche était axée sur la recherche de solutions politiques impliquant les partenaires africains au lieu des interventions militaires. Il a indiqué que tel avait été le cas la semaine dernière à Vienne, en Autriche, au cours d’une réunion sur la Libye, qui a vu la participation des pays africains qui se trouvent aux frontières sud de ce pays.
M. PAUL MENKVELD (Pays-Bas) a estimé qu’il fallait améliorer la prévention des conflits et, en particulier, renforcer les systèmes de médiation de l’ONU et de l’Union africaine. Il a jugé important de comprendre pourquoi certains efforts en la matière n’avaient pas produit les effets escomptés. Il s’est toutefois félicité que l’Union africaine déployait des envoyés spéciaux et des négociateurs, notamment au Soudan du Sud.
Les Pays-Bas, a indiqué le représentant, ont augmenté de 25% leur contribution au Département des affaires politiques, qui représente 1,25 million de dollars par an. Son pays finance également la Clingendael Mediation Facility qui forme des médiatrices au sein de l’Union africaine, a-t-il précisé, affirmant que la phase de relèvement après conflit nécessitait une approche intégrée entre les acteurs internationaux, y compris « une approche cohérente et coopérative de la part de l’ONU et de l’Union européenne vis-à-vis des initiatives de l’Union africaine ». Dans le secteur de la réforme, ces trois organisations ont pu développer ensemble des stratégies pour la République centrafricaine, la Guinée-Bissau et Madagascar. Les Pays-Bas, a-t-il assuré, sont disposés à entreprendre des efforts similaires au Mali et en Somalie, a-t-il conclu.
Mme CAITLIN WILSON (Australie) a fait remarquer que plus de la moitié des conflits armés dans le monde avaient lieu en Afrique et qu’ils dominaient l’ordre du jour du Conseil de sécurité. S’il est normal que l’ONU soit au cœur des efforts visant à maintenir la paix et la sécurité dans le monde, l’Organisation ne peut et ne doit pas agir seule, a-t-elle dit. C’est la raison pour laquelle les acteurs locaux et régionaux, y compris l’Union africaine et ses communautés économiques sous-régionales, peuvent jouer un rôle important, notamment pour signaler des menaces à la paix.
L’Australie, a souligné la représentante, appelle l’ONU et l’Union africaine à accroître le partage d’informations, à entreprendre des missions conjointes d’évaluation, à renforcer les liens entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, et à faciliter la transition entre les opérations d’appui régionales et de l’ONU.
M. CARLOS SERGIO SOBRAL DUARTE (Brésil) a souhaité que la prévention des conflits, menée par l’ONU, se fasse en collaboration avec les organisations régionales. Il a estimé que si une approche de prévention des conflits avait été adoptée entre l’ONU et l’Union africiane, le génocide rwandais de 1994 et l’intervention militaire en Libye auraient eu des dénouements différents, rappelant à ce sujet que des signes précurseurs avaient précédé le génocide de 1994, et que les avertissements du Commandant de la Mission des Nations Unies pour l’assistance au Rwanda (MINUAR) avaient été ignorés. S’agissant de la Libye, il a relevé que si le Groupe des cinq chefs d’État qui assurait la médiation avait reçu le soutien politique nécessaire, peut-être que la région du Sahel aurait été plus stable aujourd’hui.
Il a par ailleurs indiqué que les efforts de soutien au maintien de la paix doivent recevoir des financements adéquats et, dans le même temps, les troupes engagées par les acteurs régionaux doivent s’assurer que leurs troupes correspondent aux critères onusiens. Pour financer le maintien et la consolidation de la paix en Afrique de manière prévisible, il a proposé que les quelque 50 milliards de dollars de flux financiers illicites qui quittent l’Afrique chaque année soient rapatriés. Il a rappelé que le dernier budget du maintien de la paix adopté par l’ONU était de 8,27 milliards de dollars, soit à peine 16,5% des sommes que l’Afrique perd chaque année du fait des flux financiers illicites.
M. Sobral Duarte a en outre souhaité que la Commission de consolidation de la paix puisse jouer un plus grand rôle en matière de consolidation de la paix, notamment par un renforcement de sa coopération avec l’Union africaine et le Conseil de sécurité, rappelant que les six pays qui constituent le programme de travail de la Commission sont en Afrique. Il a par ailleurs déploré la situation qui prévaut en République démocratique du Congo (RDC) où se déroule un conflit vieux de deux décennies, l’un « des plus grands cataclysmes de notre temps », a-t-il affirmé.
M. MAHLATSE MMINELE (Afrique du Sud) a relevé que pour donner du sens au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, il faudrait une plus grande cohérence entre l’ONU et l’Union africaine dans la résolution, la prévention et la gestion de conflits, en particulier la relation entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine. La résolution 2033 (2012) stipule que les organisations régionales sont les mieux placées pour comprendre les nuances et les complexités des conflits et influencer leur prévention et résolution.
Le représentant a estimé qu’une une meilleure cohérence entre l’Union africaine et les Nations Unies passait par une relation plus efficace entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, qui allait au-delà des réunions consultatives annuelles. Cette relation devait aussi se fonder, à son avis, sur une application flexible et innovante du principe de subsidiarité comme le processus consultatif de décision sur les questions qui touchent le continent.
En outre, les interactions devaient être cohérentes et éviter l’approche sélective utilisée par les Nations Unies agissant par convenance politique. Le représentant a pris pour exemple le Sahara occidental, en soulignant la réticence du Conseil de sécurité à faire participer formellement l’Union africaine en ignorant la demande de la Présidente de l’Union africaine dans ce domaine.
Le représentant a par ailleurs précisé que la question du renforcement de capacité et de l’allocation de ressources durables constituait un défi permanent. Il a estimé qu’il incombait aux Nations Unies d’assurer un financement prévisible, durable et souple en matière d’opérations de paix de l’Union africaine, en particulier les opérations sous les auspices du Conseil de sécurité. Il a estimé que la relation entre les Nations Unies et l’Union africaine devait concerner certains domaines, comme le maintien de la paix et la reconstruction après conflit et le développement.
M. ION JINGA (Roumanie) a affirmé que son pays était engagé activement dans les efforts de stabiliser les pays africains touchés par des conflits. Le représentant a rappelé que la Roumanie a déployé depuis 25 ans 10 000 hommes dans le cadre des opérations de maintien de la paix de l’ONU. À ce jour, la Roumanie est présente dans 10 missions de maintien de la paix et s’apprête à déployer 17 officiers dans trois missions de maintien de la paix en Afrique; par ailleurs, une unité de 140 gendarmes vient d’être rendue opérationnelle et mise à la disposition de l’ONU, a indiqué le représentant.
Consciente de l’importance primordiale que la dimension humaine occupe dans les efforts de l’ONU, la Roumanie s’est ralliée, il y a deux semaines, aux Principes de Kigali sur la protection des civils dans les opérations de maintien de la paix, a ajouté M. Jinga, qui s’est par ailleurs félicité que la feuille de route 2016-2020 de l’Architecture africaine de paix et de sécurité ait comme priorité la prévention des conflits. Il a également salué la création du Fonds pour la paix destiné à financer, d’une manière prévisible et durable, tous les aspects relatifs aux conflits, y compris la prévention.
M. MICHAEL BONSER (Canada) a affirmé qu’au cours des 10 dernières années, depuis la signature de la Déclaration sur l’amélioration de la coopération entre l’ONU et l’Union africaine, les deux organisations avaient fait des progrès considérables vers une coopération accrue en matière de paix et de sécurité. Toutefois, les menaces actuelles à la paix et à la sécurité internationales alourdissent les responsabilités de l’Union africaines et les communautés économiques régionales, a-t-il précisé.
Le Canada appuie fortement l’objectif consistant à approfondir la collaboration entre l’ONU et l’Union africaine à tous les niveaux des conflits, de leur prévention, à leur gestion et règlement, jusqu’à la reconstruction suivant le conflit. Le Canada accueille favorablement par ailleurs le développement de la feuille de route de l’Architecture africaine de paix et de sécurité et souhaite encourager son renforcement, a précisé le représentant, qui a également souligné « les liens inextricables entre la paix et la sécurité et la bonne gouvernance » et encouragé l’Union africaine et l’ONU à renforcer davantage leur coopération dans la mise en œuvre de l’Architecture de gouvernance africaine.
Au cours des 10 dernières années, s’est félicitée Mme ALMAZ TESFAHUNEGN HAILU (Éthiopie), l’Union africaine et ses partenaires sont devenus plus proactifs dans leur réponse aux crises sur le continent. Pour sa part, l’ONU fournit à l’Union africaine un appui multidimensionnel pour promouvoir la paix et la sécurité, dans le cadre d’un partenariat « dynamique et efficace », a-t-elle estimé.
Il reste toutefois un certain nombre de questions stratégiques et opérationnelles à résoudre, a poursuivi Mme Hailu. Elle a notamment recommandé d’institutionnaliser le partenariat entre les deux organisations, en prenant en compte le principe de la responsabilité partagée. À ce sujet, elle a noté que l’ONU et l’Union africaine élaboraient un cadre commun pour un partenariat renforcé en faveur de la paix et de la sécurité en Afrique. S’agissant de l’interaction entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité, elle a souhaité davantage d’efficacité et un franc dialogue et la prise en compte des vues et des préoccupations de l’Union africaine.
M. BARUN DEV MITRA (Bangladesh) a noté que la dynamique de la coopération régionale a beaucoup évolué en 70 ans pour devenir aujourd’hui un instrument plus mûr et efficace. L’Union africaine a mis en place un mécanisme robuste par son Architecture de paix et de sécurité, a –t-il rappelé, en soulignant que l’expérience engrangée depuis 10 ans a permis à un certain nombre de mécanismes d’émerger qui sont profitables à la fois à l’ONU et à l’Union africaine. Conscient qu’il reste encore des défis en matière de coopération entre l’ONU et l’Union africaine, il a mis l’accent sur la question du financement. Pour sa délégation, il est essentiel d’arriver à une approche prévisible et souple sans choisir une modalité rigide de financement qui pourrait être vouée à l’échec dans certains cas.
En tant que pays contributeur de troupes au maintien de la paix de l’ONU, le Bangladesh se dit prêt à contribuer au renforcement du partenariat ONU-Union africaine, notamment par le biais d’une aide technique à la force en attente africaine et des modules de formation. Le Bangladesh a également mis en place un centre de consolidation de la paix qui peut être un interface avec des initiatives pertinentes de l’Union africaine. Il a souhaité que sa coopération commerciale avec les nations africaines soit renforcée.
M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a exhorté les États Membres et le système des Nations Unies à se concentrer sur la prévention de conflit, l’intégration et le partenariat. Il est important de faire en sorte que des solutions politiques crédibles soient le moteur des opérations de maintien et de consolidation de la paix, et que les efforts d’appropriation nationale dans la paix, la sécurité, le développement et les droits de l’homme soient soutenus politiquement et financièrement. Le représentant a indiqué que les pays africains eux-mêmes ont la vision d’un partenariat régional fort. L’Union africaine et ses mécanismes, en 14 ans, ont montré une profondeur et une solidité impressionnantes. Le représentant a souligné que l’importance du rôle des organisations régionales tient à leur faculté unique de comprendre la culture et la région. L’Indonésie appuie les cinq thèmes prioritaires de la feuille de route 2016-2020 de l’Architecture de paix et de sécurité de l’Afrique, lesquels thèmes nécessitent le plein appui des Nations Unies et de la communauté internationale.
M. MABONEZA SANA (Rwanda) a rappelé que l’Afrique occupe plus de deux tiers du programme de travail du Conseil de sécurité, et que, par conséquent, l’Union africaine a besoin d’une ONU plus forte et inversement. Il a souligné les cas de coopération efficace entre l’ONU et l’Union africaine, comme au Soudan, au Mali ou en RDC et République centrafricaine. Le succès de ce partenariat repose à son avis sur un partage clair des tâches entre les deux organisations et une communication franche et ouverte. Les efforts déployés pour améliorer la coopération stratégique devraient porter sur les moyens d’interagir de manière plus régulière et substantive, a-t-il poursuivi, soulignant qu’une réunion annuelle conjointe n’était pas suffisante.
Rappelant qu’en juillet 2014, sous la présidence du Rwanda, le Conseil de sécurité avait adopté la résolution 2167 qui demandait un renforcement des partenariats régionaux, le représentant a indiqué que le défi actuel était de passer de partenariats ad hoc à un partenariat plus structuré et stratégique. Il est important pour cela de renforcer la coordination et d’organiser des consultations en temps opportun, voire entreprendre des missions conjointes sur le terrain et remédier au problème de financement des organisations régionales en matière de paix et sécurité. Le Rwanda lance un appel pour soutenir le Fonds de paix de l’Union africaine qui a été créé récemment sous la houlette de M. Kaberuka, a conclu le représentant.
M. MOHAMED SIAD DOUALEH (Djibouti) a déclaré que le nouveau document du Cadre décennal de partenariat stratégique en matière de paix et de sécurité entre les Nations Unies et l’Union africaine et l’Agenda 2063, combinés aux consultations conjointes annuelles entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine constitueront un cadre institutionnel de premier plan s’agissant de la coopération entre ces deux entités. Grâce à ces mécanismes, le niveau de coopération interorganisationnel devrait être une ressource supplémentaire à exploiter. En effet, ces outils devraient conduire à l’élaboration de stratégies communes grâce à des évaluations conjointes, des mécanismes de prise de décisions solides et fondées sur la consultation et le partage des renseignements, et des dispositifs de suivi permettant de coopérer en matière de planification et d’opérations tout au long du cycle de conflit. Seul un partenariat productif permettra d’améliorer la sécurité collective.
S’agissant de la Mission d’observation militaire de l’Union africaine en Somalie, le représentant a prévenu que l’absence de multiplicateurs de force tels que les hélicoptères ne facilite guère la tâche. À cela, a-t-il rappelé, il faut rajouter la réduction prochaine de 20% de financement apporté par l’Union européenne, qui affectera durement la mission, et ce au risque de porter un sérieux revers à tout ce qui a été accompli et reste à accomplir. Le représentant a conclu en appelant à une interprétation plus souple du Chapitre VIII de la Charte pour réduire les écarts et à une réflexion collective et régulière entre l’ONU et l’Union africaine sur la marche d’un continent qui concentre à lui seul 70% des crises recensées dans le monde.
Mme CRISTINA MARIA CERQUEIRA PUCARINHO (Portugal) a salué la feuille de route de l’Architecture africaine de paix et de sécurité pour la période 2016-2020 et a estimé que pour qu’elle réussisse il faudra miser sur le renforcement du dialogue et une coopération bien conçue entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine. L’examen de l’architecture de la paix des Nations Unies ont montré pourquoi les partenariats entre l’ONU et les organisations régionales sont absolument fondamentaux, a noté la représentante qui a également mis l’accent sur le concept d’appropriation nationale. Les organisations régionales doivent être aux premières loges en ce qui concerne l’action sur le terrain, mais aussi la prévention des conflits et la pérennisation de la paix. En outre, la mise en place de mécanismes pour garantir la participation active des femmes dans les processus de paix en Afrique est primordiale. La promotion de l’intégration régionale peut également contribuer à pérenniser la paix, selon la représentante pour qui il va falloir accorder une attention constante à la réforme du secteur de la sécurité en Afrique et promouvoir l’état de droit. Consciente qu’il s’agit de processus qui nécessitent une forte volonté politique et un appui solide de la communauté internationale, elle a déclaré qu’il fallait y mettre les moyens nécessaires et remédier au problème de financement. Elle a rappelé l’impact positif qu’a eu la stratégie conjointe ONU-Union africaine lancée à Lisbonne, notamment sur l’opérationnalisation de l’Architecture africaine de paix et de sécurité.
M. GÜVEN BEGEÇ (Turquie) a plaidé pour l’élargissement du partenariat entre les Nations Unies et l’Union africaine pour englober des domaines tels que le renforcement de capacité, la réforme du secteur de la sécurité, la protection des civils, les droits de l’homme, l’intégration du genre et la lutte contre le crime organisé. Après avoir mis en exergue les contributions à la paix et à la sécurité de la Turquie en Afrique, le représentant a rappelé que son gouvernement avait alloué un million de dollars aux activités de la Force en attente de l’Afrique de l’Est entre 2015 et 2016. La Turquie a aussi contribué à hauteur de 2 millions de dollars à l’amélioration de l’environnement sécuritaire en Somalie et à la lutte contre les Al-Chabab, a indiqué le représentant.
M. ANTHONY BOSAH (Nigéria) a affirmé que les organisations régionales et sous-régionales pouvaient efficacement contribuer au maintien de la paix et de la sécurité grâce à leur compréhension des situations et de leurs causes profondes. Même si la responsabilité première en matière de paix et sécurité revient au Conseil de sécurité, les organisations régionales peuvent alléger son fardeau et apporter une légitimité supplémentaire au multilatéralisme. Il faut dire, selon lui, l’importance de la coopération qui existe entre l’ONU et l’Union africaine depuis 2006 avec l’accord décennal sur le renforcement des capacités de l’Union africaine qui représente le principal cadre de coopération entre ces deux organisations. En vertu de ce programme, les Nations Unies ont appuyé l’Union africaine, en lui offrant une assistance technique et électorale ou encore une collaboration dans les opérations de maintien de la paix menées sur le continent africain. Le Nigéria reconnait le mérite des consultations annuelles entre le Conseil de sécurité de l’ONU et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine mais estime que ces consultations pourraient profiter d’une meilleure coordination. Une telle coordination doit se fonder sur une répartition claire des tâches entre les deux organisations, et un dialogue plus régulier entre le Conseil de sécurité de l’ONU et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, a poursuivi le représentant.
Il a noté que face à l’écart croissant entre les demandes d’intervention adressées à l’ONU et sa capacité d’y répondre, les organisations régionales deviennent des partenaires de paix « inéluctables ». C’est pourquoi le Nigéria estime qu’il faut favoriser les approches régionales de la paix, qui sont un pont stratégique entre les dimensions nationales et internationales. « C’est un pont que nous devons continuer à construire », a conclu le représentant.
M. JOÃO VALE DE ALMEIDA, Chef de la délégation de l’Union européenne, a indiqué que l’Union européenne s’est beaucoup investie dans la promotion d’une coopération triangulaire « Union européenne–Union africaine et ONU en matière de maintien de la paix et de la sécurité. Il a souligné l’importance de l’Architecture africaine de paix et de sécurité et assuré la volonté de l’Union européenne d’appuyer les capacités africaines en matière de prévention et de maintien de la paix. Il a réaffirmé l’engagement de l’Union européenne de rendre opérationnelle la Force africaine en attente, précisant que la capacité africaine de réponse immédiate aux crises était un outil complémentaire de cette Force pour renforcer le système d’alerte rapide à l’échelle du continent. Il a cité la tenue de consultations entre l’Union européenne et l’Union africaine à la fin de 2015 pour identifier des priorités communes en matière de renforcement des capacités pour l’exercice 2016-2018 et indiqué que l’Union européenne avait financé un système coordonné de gestion d’information qui sera opérationnel en 2017 pour aider à gérer les opérations de paix menées par l’Union africaine.
Par ailleurs, le représentant a indiqué que l’Union européenne a consacré près de 2 milliards d’euros aux opérations de paix conduites par l’Union africaine par le biais de la Facilité de soutien à la paix pour l’Afrique. Il a souligné le soutien apporté à l’AMISOM en matière de lutte contre Al-Chabab, au mécanisme de vérification de l’IGAD au Soudan du Sud, à la Force multinationale engagée contre Boko Haram ou encore la Mission de la CEDEAO en Guinée-Bissau. En juillet 2015, a-t-il précisé, les États membres de l’Union européenne ont décidé de porter de 750 à 900 millions d’euros le montant consacré à la Facilité de soutien à la paix pour l’Afrique. Un nouvel accord est intervenu récemment pour consacrer 710 millions d’euros supplémentaires à la Facilité pour l’exercice 2016-2018, a-t-il poursuivi. Toutefois, a-t-il expliqué, ces montants ne suffiront pas pour faire face à de nouveaux défis, la lutte contre les groupes terroristes nécessitant des moyens additionnels et des mesures d’urgence de la part des acteurs africains, non africains et tout particulièrement de l’ONU.
M. PASCAL BUFFIN (Belgique) a estimé que l’Union africaine pourrait profiter d’un transfert de connaissance du Département des opérations de maintien de la paix sur le plan organisationnel et logistique en vue du développement de son architecture de paix et de sécurité. En outre, le représentant s’est dit favorable à la poursuite de la coopération tripartite entre l’Union européenne, l’ONU et l’Union africaine, soulignant que l’Union européenne demeurait le principal contributeur financier des opérations de maintien de la paix de l’Union africaine.
Le mécanisme de « Facilité de soutien à la paix en Afrique » de l’Union européenne doit être maintenu, a-t-il déclaré. Pour autant, la recherche d’une solution durable à la question du financement des opérations de maintien de la paix conduites par l’Union africaine devait à son avis se poursuivre. Sur le plan pratique et en matière d’échanges d’informations, le délégué a proposé que les représentants et envoyés spéciaux des Nations Unies soient régulièrement invités à s’exprimer devant le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et qu’inversement, les envoyés et facilitateurs de l’Union africaine puissent venir exposer leur point de vue au Conseil de sécurité. Il a aussi souligné l’importance du soutien aux processus électoraux qui constituent un domaine d’activité où l’Union africaine et l’ONU doivent travailler ensemble dans un effort concerté de médiation et de prévention des conflits.
M. HASSAN HAMID HASSAN (Soudan) a déclaré que la question de financement des opérations de maintien de la paix est importante pour définir les liens entre l’Union africaine, les Nations Unies et les autres organisations comme l’Union européenne. Il a ajouté que s’agissant de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), une mission africaine appuyée sur les plans logistique et financier par les Nations Unies, le temps est venu d’envisager son retrait. Les réfugiés et déplacés rentrent chez eux, pour la première fois en 13 ans, les écoliers ont passé leurs examens de fin d’année et des élections locales ont eu lieu en avril dernier, avec un taux de participation élevé. Le représentant a apporté son appui à la feuille de route élaborée par l’ancien Président sud-africain sur le conflit et demandé aux membres du Conseil de sécurité de faire pression sur les parties qui refusent de la signer.
M. IGNACE GATA MAVITA (République démocratique du Congo) a voulu répondre à ceux qui soupçonnent le Chef de l’État congolais de vouloir se maintenir au pouvoir. Dans plusieurs de nos interventions, a-t-il dit, nous vous avons fait comprendre que le Chef de l’État respecte la Constitution de son pays et qu’il ne la modifiera pas « comme cela a été fait ailleurs ». Pour ce qui est du processus électoral, mon pays l’a également dit devant vous en insistant à maintes reprises sur le fait qu’il tient à l’organisation des élections mais dans de bonnes conditions, de manière à préserver la paix et la sécurité. « Ceux qui aiment le Congo, doivent comprendre cela et nous aider dans ce sens ». Le représentant s’est « étonné » de la prise de position de certains membres du Conseil qui frise « le deux poids deux mesures ». « Le monde qui vous écoute et qui vous observe, quand vous délibérez ici, s’étonne de ces prises de position à l’endroit de certains États pendant que vous ménagez d’autres, ce qui risque de décrédibiliser les bonnes décisions que vous avez l’habitude de prendre ici ».