En cours au Siège de l'ONU

Conseil de sécurité,
7671e séance - matin
CS/12324

République centrafricaine: la fin de la transition ouvre une fenêtre d’opportunité qui « ne doit pas être gâchée », affirme M. Hervé Ladsous

L’investiture du nouveau Président de la République centrafricaine, Faustin Archange Touadéra, constitue le développement majeur de la situation récente dans ce pays en proie à un conflit depuis 2013, a déclaré, ce matin devant le Conseil de sécurité, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Hervé Ladsous, pour qui « une fenêtre d’opportunité » s’est ouverte avec la fin de la transition et « ne doit pas être gâchée ».

« Le 30 mars dernier, le nouveau Président a prêté serment, mettant ainsi fin officiellement à la transition du pays.  La promulgation de la nouvelle Constitution par le Chef de l’État sortant le jour même de l’investiture symbolise un retour à l’ordre constitutionnel après trois années de crise », s’est félicité M. Ladsous, venu présenter le dernier Rapport* en date du Secrétaire général de l’ONU sur la situation en République centrafricaine.

Dès le lendemain, le second tour des élections législatives a été organisé et ses résultats définitifs annoncés le 5 avril.  Des personnalités politiques de premier plan, parmi lesquelles d’anciens candidats présidentiels, ont remporté des sièges parlementaires.  Le Conseil national de transition et la Cour constitutionnelle de transition resteront en place jusqu’au terme du processus législatif, des scrutins devant être organisés de nouveau dans une dizaine de circonscriptions après l’invalidation des résultats.

Dès le 11 avril, dans la foulée de la nomination du Premier Ministre, M. Mathieu Simplice Sarandji, le Président de la République centrafricaine a annoncé la formation du cabinet ministériel, constitué de 23 portefeuilles, dont 4 sont détenus par des femmes et 4 par des membres de la communauté musulmane.  Aucun représentant des groupes armés ne figure parmi les nouveaux membres du cabinet, a précisé le Secrétaire général adjoint.

« Signe encourageant, le Président Touadéra s’est publiquement engagé à respecter la Constitution nouvellement promulguée –y compris la limite de deux mandats présidentiels– et à œuvrer à l’unité nationale », a relevé M  Ladsous, présent à la cérémonie d’investiture.  Le Secrétaire général adjoint a constaté en personne les « progrès importants » accomplis en matière de réconciliation lors d’une visite aux communautés musulmanes et chrétiennes du quartier de Boeing, situé à Bangui.  Encore récemment piégées dans des cycles récurrents de violence, celles-ci prennent maintenant part à des processus de réconciliation « exemplaires », avec l’appui de la MINUSCA, s’est-il réjoui.

« Le nouveau Gouvernement centrafricain devra accomplir des progrès tangibles pour tous ses citoyens », a affirmé M. Ladsous, en prévenant que les 100 premiers jours seront « décisifs ».  S’appuyant sur les principes et les accords du Forum de Bangui, et avec le soutien de la MINUSCA, il devra faire des avancées rapides dans le désarmement, la démobilisation, la réintégration et le rapatriement des ex-combattants, a souligné le Secrétaire général adjoint.

Des réformes clefs seront également nécessaires dans le secteur de la sécurité, la relance de l’économie et l’extension de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire.  En outre, a ajouté le Secrétaire général adjoint, l’accès aux services de base et la sécurité devront être améliorés, de même que l’appareil judiciaire et la protection des droits de l’homme.

La Commission de consolidation de la paix (CCP) devra s’adapter à cette « nouvelle phase historique », a indiqué, de son côté, le Président de la « configuration République centrafricaine » de la CCP, M. Omar Hilale, du Maroc.  Celui-ci a fait valoir trois axes à privilégier, dont la nécessité, à court terme, de mettre l’accent sur les actions de nature à permettre « une perception rapide des dividendes de la paix » par la population, notamment en matière de services publics.

À moyen terme, la « configuration » devra poursuivre et renforcer la coordination avec le Gouvernement centrafricain et les principales parties prenantes pour mettre en œuvre le plan national de développement, a poursuivi M. Hilale.  Enfin, à long terme, il faudra assurer un environnement politique stable et inclusif propice à une paix durable, à travers une « réconciliation nationale effective englobant toutes les composantes de la population africaine ».

Malheureusement, a déploré le Secrétaire général adjoint, les développements positifs en République centrafricaine ont à nouveau été éclipsés par les allégations d’abus et d’exploitation sexuels par des troupes de la MINUSCA et des forces internationales.  « Je suis profondément perturbé par les allégations persistantes, dont certaines sont extrêmement choquantes.  Pour faire face à ce fléau, la MINUSCA s’est dotée d’une approche transparente axée sur la victime.  Parallèlement, la Coordonnatrice spéciale du Secrétaire général, Mme Jane Holl Lute, s’est récemment rendue en République centrafricaine pour fournir un soutien à la Mission. »

Par ailleurs, en collaboration avec le Sous-Secrétaire général à l’appui aux missions, M. Atul Khare, le Département des opérations de maintien de la paix s’est, à Bangui et à New York, entretenu avec le personnel en uniforme de la MINUSCA et exigé des enquêtes rapides et des « sanctions sévères » pour les auteurs d’abus et d’exploitation sexuels.  Après avoir assuré le Conseil de sécurité du soutien de l’ONU auprès des victimes, M. Ladsous a souhaité que les pays contributeurs de troupes redoublent également d’efforts contre ce « comportement inacceptable ».

Alors que le Conseil de sécurité doit se prononcer sur le maintien du déploiement de la MINUSCA au-delà du 30 avril, le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, recommande dans un premier temps une prorogation technique.  L’objectif est de permettre au Secrétariat de consulter pleinement les nouvelles autorités centrafricaines en vue de faire des recommandations au Conseil pour un nouveau mandat qui tienne compte de la nouvelle donne sur le terrain, a expliqué M. Ladsous.

Ce dernier a également déclaré que l’ONU comptait œuvrer avec Bangui et ses partenaires à la mise en place d’un « large cadre de responsabilité mutuelle » pour faciliter leur collaboration dans un futur proche.

*S/2016/305

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