Débat public sur le terrorisme au Conseil de sécurité: les États appuient le Plan d’action du Secrétaire général pour prévenir l’extrémisme violent
Le Conseil de sécurité a tenu, aujourd’hui, un débat public sur le thème « Menaces contre la paix et la sécurité internationales résultant d’actes de terrorisme ». Plus d’une soixantaine de délégations, reconnaissant qu’aucun pays n’était à l’abri de ce fléau, ont échangé leurs vues sur la lutte contre le terrorisme et les moyens de renforcer la coordination et la coopération dans ce domaine.
La plupart des intervenants ont appuyé le Plan d’action du Secrétaire général pour prévenir l’extrémisme violent. De retour de la Conférence de Genève sur la prévention de l’extrémisme violent, qu’il a coprésidée, le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a rappelé au Conseil qu’il avait demandé à chaque pays d’élaborer un plan national qui tienne compte des besoins et des attentes des communautés clefs et mette l’accent sur la prévention des conflits.
La Chine, qui assure la présidence du Conseil pour le mois d’avril, a souhaité que ce débat ouvre la voie à l’examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies prévu en juin prochain, a indiqué son représentant. Les attaques terroristes perpétrées récemment dans de nombreux endroits du monde montrent que les groupes terroristes et extrémistes représentent une menace croissante, que leur influence s’étend et que leurs capacités de destruction augmentent, a-t-il résumé dans une note distribuée aux États Membres. L’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL) et d’autres organisations terroristes occupent de vastes portions des territoires syrien et iraquien, où ils commettent des atrocités sans nom. On estime à près de 30 000 le nombre de combattants terroristes étrangers, originaires de plus de 100 pays.
Tout en soulignant l’importance des mesures visant à lutter contre le terrorisme, le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-Moon, a recommandé de s’engager plus tôt et de traiter les causes profondes de l’extrémisme violent. « Nous savons que l’extrémisme violent fleurit lorsque les groupes sont marginalisés, l’espace politique se rétrécit, les droits humains sont bafoués et les gens sont privés de perspectives et de débouchés dans leur vie », a-t-il souligné.
« Nous devons avoir le courage d’aborder certaines situations difficiles, telles que le soutien que les extrémistes violents et terroristes peuvent recevoir –directement, indirectement et peut-être même involontairement– par les gouvernements », a ajouté M. Ban. Trop souvent, les stratégies du gouvernement sont si lourdes et discriminatoires qu’elles finissent par être contreproductives.
Grâce à son Plan d’action pour prévenir l’extrémisme violent et au Plan de la mise en œuvre du renforcement des capacités, le système des Nations Unies s’est uni en faveur d’une approche commune pour fournir un appui aux États Membres dans leur lutte, a-t-il estimé. Alors que l’Assemblée générale fêtera le dixième anniversaire de la Stratégie antiterroriste mondiale cette année, a souhaité M. Ban, les États Membres doivent parvenir à trouver un consensus sur une résolution vigoureuse qui renforce l’unité internationale « face aux divisions que les groupes terroristes et les extrémistes violents cherchent à créer ».
En France, le phénomène des combattants terroristes étrangers a atteint des proportions « extrêmement préoccupantes », avec 600 individus présents sur zone, dont 217 femmes et 18 mineurs, a précisé le représentant de ce pays. C’est pourquoi le Gouvernement français a adopté, en avril 2014, un plan de lutte contre les filières terroristes et la radicalisation violente, tandis qu’un comité interministériel est chargé de coordonner la stratégie de prévention et de traitement de la radicalisation. La Belgique n’a pas attendu les événements tragiques du 22 mars dernier pour prendre ses responsabilités, a assuré à son tour le représentant de ce pays, en signalant les nombreuses mesures prises depuis plusieurs années pour renforcer ses capacités de lutte contre le terrorisme.
Pour la représentante des États-Unis, la réponse à la menace du terrorisme doit être aussi globale que l’ambition des terroristes, qu’il s’agisse de tarir leurs sources de financement ou d’enrayer la propagande. Il faut « utiliser Internet aussi efficacement que nos adversaires pour lever le voile sur leurs idéologies et ne pas renoncer à notre attachement à la liberté d’expression ». La Constitution américaine protège l’accès aux médias sociaux, a-t-elle rappelé. Tout en reconnaissant le danger que représentent les terroristes pour la sécurité des pays, il faut mesurer « le danger qu’une réaction excessive représenterait pour la société », a-t-elle ajouté.
En revanche, les représentants de la Chine et de l’Égypte ont insisté sur la nécessité de combattre l’utilisation d’Internet et des médias sociaux à des fins terroristes.
L’Observateur permanent de l’Union africaine a indiqué que le Sommet du Conseil de paix et sécurité de l’Union africaine de janvier dernier avait décidé d’intensifier les efforts pour créer des mécanismes de coopération régionale en vue de s’attaquer aux menaces transnationales dans différentes régions du continent. Il a salué les progrès accomplis par les pays contributeurs de troupes à la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) dans la lutte contre le groupe terroriste Al-Chabab, avant de se féliciter de la récente mise en fonctions du l’Organisation africaine de coopération policière (AFRIPOL).
La lutte antiterroriste laisse à désirer, en raison de « projets géopolitiques » menés au Moyen-Orient par des forces extérieures, a estimé le représentant de la Fédération de Russie, en signalant que l’essentiel des exportations de pétrole brut transite « encore et toujours » par la Turquie. La fermeture de la frontière syro-turque est une option à envisager, a-t-il dit, en proposant l’établissement d’un « mécanisme de surveillance indépendant » à la frontière. Quant au représentant de la République arabe syrienne, il a reproché à certains gouvernements, comme ceux de l’Arabie saoudite ou de la Turquie, de financer le terrorisme. Il a également dénoncé la politique de deux poids, deux mesures, que certains membres du Conseil de sécurité appliquent dans le traitement des questions de terrorisme.
« L’entité terroriste de Daech » exploite les régions sous son contrôle pour générer les ressources nécessaires au recrutement de combattants terroristes étrangers, en s’appuyant sur un réseau de passeurs de long de la frontière en Syrie et en Turquie, a accusé à son tour le délégué iraquien. Ce sont les Arabes et les Musulmans qui souffrent le plus du terrorisme, a tenu à rappeler le représentant de la Jordanie.
MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES RÉSULTANT D’ACTES DE TERRORISME
Lutte contre le terrorisme
Lettre datée du 1er avril 2016, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent de la Chine auprès de l’Organisation des Nations Unies(S/2016/306)
Déclarations
De retour de la Conférence de Genève sur la prévention de l’extrémisme violent, qu’il a coprésidé, M. BAN Ki-Moon, Secrétaire général de l’ONU, a déclaré qu’il est clair que le terrorisme et l’extrémisme violent figurent au sommet de l’ordre du jour international. « Les récentes attaques à travers le monde ont détruit des vies, ont exacerbé les peurs et mis au défi toutes les normes du droit international et de notre humanité commune. Le terrorisme et l’extrémisme violent sont des menaces mondiales, qui transcendent frontières géographiques et cultures. Ils ne devraient pas être associés à une quelconque religion, nationalité ou groupe ethnique. »
Tout en reconnaissant l’importance des mesures visant à lutter contre le terrorisme, nous devons aussi engager plus tôt et traiter les causes profondes de l’extrémisme violent, a recommandé M. Ban. « Nous savons que l’extrémisme violent fleurit lorsque les groupes sont marginalisés, l’espace politique se rétrécit, les droits humains sont bafoués et les gens privés de perspectives et de débouchés dans leur vie », a-t-il souligné. Son plan d’action pour prévenir l’extrémisme violent demande à chaque pays d’élaborer un plan national qui tienne compte des besoins et des attentes des communautés clefs et mette l’accent sur la prévention des conflits. Il appelle également au règlement des conflits de longue date, ce qui donnerait de l’espoir à ceux qui souffrent d’une oppression prolongée et éradiquerait les foyers de reproduction de l’extrémisme violent et du terrorisme.
« Daech est en mesure de recueillir des fonds grâce à des activités néfastes et a montré une capacité à radicaliser et recruter des jeunes frustrés, y compris des femmes et des filles, grâce à des stratégies impliquant l’Internet et les médias sociaux », a poursuivi le Chef de l’Organisation. Plus de 30 000 personnes dans le monde ont rejoint les rangs de ce groupe en Iraq et en Syrie. Ces combattants terroristes étrangers représentent également une menace importante pour leurs pays d’origine ou les pays tiers lors de leur retour. C’est pourquoi, il est nécessaire de se concentrer sur la mise en œuvre des dispositions pertinentes des résolutions du Conseil de sécurité 1373, 2178, 2199 et 2253, ainsi que celles d’autres résolutions et des mesures qui sanctionnent des groupes terroristes et des individus.
Nous avons également besoin de mettre en œuvre les quatre piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale d’une manière globale et équilibrée, en reconnaissant que la sécurité et le respect des droits de l’homme se renforcent mutuellement. Les États Membres doivent, pour leur part, prendre des mesures plus concrètes pour mettre fin au financement par le biais du trafic de pétrole et de gaz, du commerce illicite des biens culturels, des enlèvements contre rançon et des dons venus de l’étranger, a dit le Secrétaire général. Nous devons aussi réduire les usages néfastes d’Internet et des réseaux sociaux à des fins de radicalisation et de recrutement des jeunes, en identifiant des solutions globales et régionales qui impliquent les gouvernements, les entreprises privées et la société civile. Les stratégies pour contrecarrer la radicalisation en ligne exigeront également des mesures législatives et une application des lois au niveau national, a souligné M. Ban.
Pour endiguer le flot des combattants terroristes étrangers, nous devons intervenir à toutes les étapes de la radicalisation initiale à leur voyage, en passant par leur retour. La résolution 2178 (2015) du Conseil de sécurité a demandé à tous les États Membres de coopérer à cet effort et, à la demande du Conseil, l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme a élaboré le Plan de renforcement des capacités des Nations Unies de l’ONU contre les combattants terroristes étrangers, qui comprend 37 propositions à être articulées entre elles par 12 entités de l’Équipe. Le Conseil de sécurité a également appelé les États Membres à fournir l’aide financière nécessaire. « Nous devons aussi nous assurer que nos approches pour prévenir l’extrémisme violent et la lutte contre le terrorisme respectent nos valeurs communes consacrées dans la Charte des Nations Unies, la Déclaration universelle des droits de l’homme et le droit international humanitaire », a mis en garde le Secrétaire général.
« Nous devons avoir le courage d’aborder certaines situations difficiles, telles que le soutien que les extrémistes violents et terroristes peuvent recevoir –directement, indirectement et peut-être même involontairement– par les gouvernements, a ajouté M. Ban. Il faut reconnaître que trop souvent, les stratégies du gouvernement sont si lourdes et discriminatoires qu’elles finissent par être contreproductives, aliénant les communautés ciblées et produisant même plus de terroristes qu’il n’y en avait auparavant. Grâce au Plan d’action pour prévenir l’extrémisme violent et au Plan de mise en œuvre du renforcement des capacités, le système des Nations Unies s’est uni en faveur d’une approche commune pour fournir un appui aux États Membres dans leur lutte, a estimé le Secrétaire général. Alors que l’Assemblée générale fêtera le dixième anniversaire de la Stratégie antiterroriste mondiale cette année, il a indiqué qu’il souhaitait que les États Membres trouvent un consensus sur une résolution vigoureuse qui renforce l’unité internationale « face aux divisions que les groupes terroristes et les extrémistes violents cherchent à créer ». Dans ce contexte, a-t-il dit, le Conseil de sécurité a un rôle essentiel à jouer.
M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte), rappelant que son pays avait une grande expérience en matière de lutte contre le terrorisme depuis les années 1920, a réitéré l’importance d’adopter une démarche globale en la matière. Il faut lutter contre les organisations ou les groupes terroristes où qu’ils se trouvent et sans discrimination aucune. « Nous sommes témoins du développement des outils qu’ils utilisent pour propager leurs idéologies et se financer », a-t-il souligné. Il est important que les résolutions et recommandations adoptées par les Nations Unies soient traduites en mesures concrètes et que des projets soient mis en œuvre pour renforcer les capacités des États, sur la base du principe de l’appropriation nationale.
Dans la lutte contre Daech et l’EIIL, la communauté internationale doit faire preuve de volonté politique pour obliger ceux qui financent le terrorisme à mettre un terme à leur appui. Le représentant a insisté sur le phénomène des combattants terroristes étrangers et rappelé que le Conseil de sécurité avait défini des lignes directrices à ce sujet. Internet et les médias sociaux étant utilisés à des fins de terrorisme, « la communauté internationale ne peut rester indifférente et silencieuse en se fondant sur la différence qui existe entre les lois internes et les principes de la liberté d’opinion et d’expression », a-t-il fait valoir. Il a proposé d’améliorer la coopération entre les entités des Nations Unies concernées par la lutte contre le terrorisme, entre celles-ci et les organisations régionales, et au niveau des efforts consentis en dehors du système des Nations Unies. Le représentant a souligné, avant de conclure, qu’il était essentiel de mobiliser les ressources adéquates pour aider les États à lutter contre le terrorisme et l’extrémisme violent qui conduit au terrorisme.
« Ces deux dernières années ont été les plus meurtrières que nous ayons jamais connues », s’est alarmé M. GERARD VAN BOHEMEN (Nouvelle-Zélande). La propagation des réseaux terroristes mondiaux et l’utilisation des nouvelles technologies de la communication font qu’aucun pays n’est vraiment à l’abri de cette menace. Plus que jamais aujourd’hui, la coopération internationale en matière de sécurité est importante et l’ONU, le Conseil de sécurité, les États Membres et les autres acteurs doivent jouer un rôle crucial dans cet effort.
La Nouvelle-Zélande fait ce qu’elle peut pour appuyer le Gouvernement iraquien pour combattre l’EIIL sur son territoire, a précisé le représentant. Il a plaidé pour une approche globale qui traite des causes sous-jacentes de l’extrémisme violent. « L’heure est venue de renforcer la structure de lutte contre le terrorisme au sein des Nations Unies », a-t-il dit. De plus, le Conseil de sécurité doit identifier les lacunes qui existent et, notamment, réagir de manière efficace aux défis que posent les flux de combattants terroristes étrangers. Des stratégies doivent être ainsi conçues pour prendre en charge et réhabiliter ceux qui rentrent chez eux, dans le respect de l’état de droit et des droits de l’homme. Il a salué les recommandations faites par le Secrétaire général dans son dernier rapport sur l’extrémisme violent. Enfin, il a prévenu qu’un travail de longue haleine serait engagé pendant des décennies dans ce domaine.
M. ISMAEL ABRÃAO GASPAR MARTINS (Angola) s’est inquiété de l’avancée du terrorisme en Afrique, en particulier dans la région du Sahel, au Mali, en République centrafricaine et en République démocratique du Congo (RDC). Il a aussi dénoncé un nouveau type de terrorisme international et le phénomène des « combattants terroristes étrangers ». Le rapport du Secrétaire général sur la menace posée par l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL) à la paix et la sécurité internationales fait des recommandations pertinentes, a-t-il estimé, en ce qui concerne les mesures que les États et l’ONU devraient prendre pour contrer cette menace sans précédent. Si les États ont la responsabilité première de combattre le terrorisme, la dimension de la menace terroriste globale exige des réponses globales.
Il a donc plaidé en faveur d’approches complètes, concertées et coordonnées, afin de renforcer les capacités des États à faire face au terrorisme, pour leur permettre notamment de couper les sources de financement, de mettre en œuvre les sanctions imposées par le Conseil de sécurité, de renforcer la coopération régionale en appliquant les instruments relatifs à la criminalité organisée, d’empêcher le recrutement des terroristes par le biais d’Internet, de pénaliser les voyages des combattants terroristes étrangers, d’appréhender ces terroristes lorsqu’ils rentrent chez eux et de protéger l’héritage culturel.
Le représentant a ensuite expliqué ce que fait son pays pour lutter contre le terrorisme international, notamment par la création d’un observatoire national antiterroriste, en appliquant de lourdes peines de prison à ceux qui collaborent avec les terroristes et en collaborant sur le plan international avec notamment la Communauté des pays de langue portugaise. Une loi a aussi été adoptée pour prévenir et lutter contre le terrorisme et l’Angola a ratifié la Convention de l’Union africaine sur cette question.
M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a déclaré que, depuis 1972, les Nations Unies avaient investi beaucoup d’énergie dans la lutte contre le terrorisme. Les efforts déployés dans ce cadre sont reflétés dans les législations des États Membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), qui s’est dotée de sa propre Convention antiterroriste, a-t-il indiqué.
Mais la menace posée par le terrorisme est devenue de plus en plus sophistiquée, exigeant une réponse à la hauteur des nouveaux défis qu’elle pose. En outre, a souligné le représentant, les actions que la communauté internationale doit entreprendre doivent faire fond sur le plein respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire.
Il est regrettable, a-t-il dit, que l’immense majorité des musulmans voit une minorité d’extrémistes tenter de discréditer leur communauté. Sa délégation a rappelé en conclusion que son pays était plus que jamais engagé dans la lutte contre le terrorisme, qui a débuté dès les premières années de la création de la Malaisie.
« Le terrorisme a pris une place inquiétante sur la scène internationale », a reconnu M. JUAN MANUEL GONZALEZ DE LINARES PALOU (Espagne). La nature changeante de la menace et la capacité d’adaptation des terroristes exigent une réponse souple, rapide et adaptée, a-t-il dit. Le problème des combattants terroristes étrangers, à travers les Principes directeurs de Madrid, et celui des sources de financement, ont fait l’objet de plusieurs résolutions. « Petit à petit, grâce à ces instruments, l’on resserre l’étau sur le terrorisme, pour l’asphyxier, même s’il n’est pas possible de lui porter un coup fatal », s’est-il félicité. Au cours de sa présidence du Conseil de sécurité, a-t-il annoncé, l’Espagne examinera les possibilités de renforcer la coordination judiciaire internationale, notamment pour ce qui est d’interdire l’utilisation d’armes de destruction massive par les terroristes.
Concernant la prévention, « nous disposons du Plan d’action du Secrétaire général contre l’extrémisme violent mentionné par la résolution de l’Assemblée générale de février dernier », a rappelé le représentant. La lutte contre le cycle complet de la radicalisation implique une approche globale avec la participation de tous les acteurs de la société, y compris les communautés vulnérables. Pour sa part, a-t-il précisé, l’Espagne a lancé une initiative intitulée « Stop à la radicalisation » afin de faciliter la participation citoyenne. Il a souligné le rôle important des femmes et celui des victimes du terrorisme « qui ont renoncé à la vengeance ». Enfin, le représentant a proposé la création d’un poste de représentant du Secrétaire général contre l’extrémisme violent. Il a conclu en disant qu’il ne faudrait pas renoncer au respect des droits de l’homme, afin d’éviter que cela ne profite aux terroristes.
M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a rappelé que le terrorisme et son « idéologie meurtrière » étaient devenus le fléau de l’époque contemporaine, estimant que le ONU et le Conseil de sécurité étaient aux avant-postes du combat à mener contre ce phénomène. La première priorité pour sa délégation est de tarir les sources de financement de Daech, ce que s’est efforcé de faire le Gouvernement britannique en appliquant la plus grande fermeté dans la prévention des exportations de pétrole pouvant servir au financement de Daech.
Mais pour « couper les vivres à Daech », a dit la délégation, ce qui est nécessaire, c’est une mobilisation de l’ensemble de la communauté internationale. Cet engagement doit également mettre l’accent sur la lutte contre la propagande de Daech, l’autre front sur lequel doit être mené le combat contre cette organisation. Pour y parvenir, il faut jeter des passerelles avec la société civile, a recommandé le représentant.
Pour que nos efforts restent pertinents, l’examen de la Stratégie antiterroriste des Nations Unies, qui fêtera ses 10 ans au mois de juin, devra aussi insister sur la nécessité d’un financement approprié de sa mise en œuvre, a prévenu M. Rycroft.
Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) a commencé par évoquer le récent attentat dans un parc d’attraction de Lahore, quelques jours après celui d’Istanbul. « La menace du terrorisme, ne se limite pas à un pays, à une région, ni aux membres d’une confession » a-t-elle insisté. « Ce n’est pas un champs de bataille unique ». La réponse à cette menace doit être aussi globale que l’ambition des terroristes, a-t-elle martelé en revenant sur les mesures prises ces dernières années, notamment pour tarir leurs sources de financement. « Cette bataille est une bataille de longue haleine et il faut faire beaucoup plus », a-t-elle prévenu.
Pour Mme Power, l’extrémisme violent est « une alternative proposée aux régimes autoritaires ». La communauté internationale doit tout faire pour réduire les capacités des groupes terroristes et les détruire au final. La coalition leur a porté des coups puissants, a-t-elle reconnu, tout en estimant que la coopération doit encore être renforcée. Il faut empêcher leur accès à des armes nucléaires ou chimiques, a-t-elle insisté. « Nous ne devons en aucun cas renoncer aux convictions inscrites dans la Déclaration universelle des droits de l’homme », a-t-elle cependant réaffirmé.
Pour mieux cibler le blanchiment d’argent et la fourniture d’un appui matériel aux terroristes, il faut travailler avec le secteur privé, a reconnu la représentante. Toutefois, a-t-elle précisé, il ne faut pas confondre ces efforts avec des appels visant à censurer Internet. Pour Mme Power, il faut trouver d’autres idées pour enrayer cette propagande. Il s’agit d’« utiliser Internet aussi efficacement que nos adversaires pour lever le voile sur ces idéologies et de ne pas renoncer à notre attachement à la liberté d’expression », ce qui ne ferait que renforcer les divisions. La Constitution américaine protège l’accès aux médias sociaux, a-t-elle rappelé. S’il faut reconnaître le danger que représentent les terroristes pour la sécurité des pays, il faut aussi mesurer « le danger qu’une surréaction représenterait pour la société ».
M. PHILIPPE BERTOUX (France) a remarqué que les individus qui partent en Syrie et en Iraq rejoindre les rangs des groupes djihadistes sont des jeunes, aux profils variés, issus de plus d’une centaine de pays. En France, a-t-il indiqué, ce phénomène a atteint des proportions extrêmement préoccupantes, avec 600 individus présents sur zone, dont 217 femmes et 18 mineurs. C’est pourquoi le Gouvernement français a adopté en avril 2014 un plan de lutte contre les filières terroristes et la radicalisation violente, tandis qu’un comité interministériel est chargé de coordonner la stratégie de prévention et de traitement de la radicalisation.
Il a également mis en place un dispositif territorial pour suivre les personnes signalées et accompagner les familles. Enfin, la loi du 13 novembre 2014 a introduit en droit français plusieurs innovations majeures dont l’interdiction de sortie du territoire, et l’interdiction d’entrée et de séjour pour les étrangers ne résidant pas en France et qui représentent un danger pour la sécurité nationale.
Au plan international, a poursuivi M. Bertoux, les Nations Unies doivent rester mobilisées pour endiguer le flux de combattants terroristes étrangers et prévenir l’extrémisme violent, notamment par la pleine mise en œuvre de la résolution 2178 (2014) et le suivi du Plan d’action du Secrétaire général. Le représentant a annoncé que la France coorganisera à Paris avec l’UNESCO en septembre prochain un colloque sur la prévention de l’extrémisme violent par l’éducation.
La deuxième priorité est, selon lui, la lutte contre le financement du terrorisme et la pleine mise en œuvre des résolutions 2199 (2015) et 2253 (2015). Il a appelé tous ses partenaires à mettre en œuvre les résolutions des Nations Unies et à adopter des mesures robustes. La France, a-t-il signalé, dispose d’un plan de lutte contre le financement du terrorisme. Elle est également pleinement mobilisée dans la lutte contre le trafic d’œuvre d’art et d’antiquités, en sensibilisant les antiquaires et les douaniers.
Enfin, il a plaidé en faveur de la lutte contre la propagande terroriste qui exige une mobilisation de la communauté internationale. Toute initiative dans de domaine doit respecter la liberté d’expression, a-t-il insisté en faisant valoir l’importance du respect des droits de l’homme. En matière de coopération internationale, il a noté des progrès concrets comme l’adoption aujourd’hui même du registre de données des passagers aériens (PNR) par le Parlement européen.
M. FODÉ SECK (Sénégal) a déclaré que le terrorisme avait atteint des seuils sans précédent partout dans le monde, y compris en Afrique de l’Ouest et subsaharienne, comme en témoigne une série d’attaques commises par des groupes divers, notamment celle de Grand-Bassam. Pour sa délégation, toute action de lutte contre l’extrémisme violent doit s’attaquer aux causes profondes que sont l’ignorance, la marginalisation et l’instrumentalisation de la religion. Il est en outre essentiel de veiller à la mise en œuvre des programmes de développement, a poursuivi le représentant, pour qui le terrorisme ne saurait être associé à une religion ou une culture en particulier. Les dispositions pertinentes des résolutions 2178 (2015) et 2255 (2015) du Conseil de sécurité doivent être mises en œuvre de façon méthodique, a poursuivi le Sénégal.
Pour financer leurs activités, a estimé le représentant, les groupes terroristes exploitent les lacunes des systèmes internationaux pour financer leurs activités par le biais de divers trafics. Pour les contrer, il est nécessaire de « réadapter » le système financier international à cette nouvelle menace et pour les États Membres d’appliquer les recommandations du Groupe d’action financière (GAFI), a-t-il préconisé. Dans ce contexte toutefois, il faut éviter que ces mesures ne portent préjudice aux migrants et aux réfugiés, dont les envois de fonds représentent annuellement plus de trois fois le montant total de l’aide publique au développement. Le représentant du Sénégal a annoncé, en conclusion, qu’un atelier sur le thème des contrôles aux frontières en Afrique de l’Ouest, du Centre et dans le Sahel aura lieu à Dakar le mois prochain.
M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a appelé la communauté internationale à se montrer plus que jamais unie pour combattre le terrorisme de manière coordonnée. Faisant remarquer les différentes facettes que revêt le terrorisme, il a expliqué qu’il était d’autant plus difficile de le combattre. Il s’est inquiété, en particulier, de Daech, de l’utilisation d’Internet et autres modes sophistiqués de communication, ainsi que des « loups solitaires » qui commettent des actes terroristes n’importe où dans le monde. En outre, il a dénoncé la manipulation mentale des populations les plus vulnérables, l’endoctrinement des enfants à un âge très jeune et les violations des droits humains des femmes et des filles avec notamment une violence sexuelle et sexiste utilisée comme tactique de terrorisme. Le représentant s’est aussi dit préoccupé par le risque d’une utilisation d’armes nucléaires, radiologiques, chimiques, biologiques ou bactériologiques par des groupes terroristes.
Seule l’union de tous les États Membres permettra de lutter contre le terrorisme, a-t-il insisté en recommandant d’aborder le problème de manière intégrale. Il a prôné une plus grande coopération à tous les niveaux -international, régional et national-, et aussi au niveau des organisations de la société civile, des dirigeants communautaires et religieux et des femmes. Le représentant a mis l’accent sur la prévention, responsabilité de chaque État avec l’appui des Nations Unies. Il a salué, à cet égard, le Plan d’action du Secrétaire général pour prévenir l’extrémisme violent. Il a aussi appelé à s’attaquer au financement du terrorisme et à lutter sur les plans des idées et du droit, en invitant les dirigeants religieux à s’assurer que la foi ne soit pas utilisée comme argument fallacieux. Il a ensuite expliqué que son pays élaborait une stratégie nationale contre le terrorisme et renforçait ses capacités institutionnelles à cet effet, tout en participant aux instances multilatérales et régionales en matière de sécurité.
M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a assuré que son pays était complètement engagé dans les efforts de la coalition internationale visant à combattre la menace globale que représente le terrorisme. Il a jugé que l’escalade des conflits actuels était directement influencée par le flux des combattants terroristes étrangers. À cet égard, le délégué a souligné la responsabilité première des pays d’origine qui doivent arrêter ces flux le plus tôt possible. En 2015, les Services de sécurité ukrainiens avaient fermé huit points de passage de l’EIIL, et depuis un an, l’Ukraine a refusé l’entrée à 600 étrangers soupçonnés de liens avec l’EIIL, a-t-il assuré. L’Ukraine, a-t-il ajouté, appuie pleinement le Plan d’action du Secrétaire général pour prévenir l’extrémisme violent. Il a également insisté sur la prévention du financement des activités terroristes et la répression des individus et des organisations qui y participent.
Le représentant a ensuite condamné la « politique de terreur » menée, depuis 2014, par la Fédération de Russie dans la région du Donbass. « La composante terroriste de cette guerre non déclarée contre l’Ukraine est clairement visible et elle est devenue un fait de la vie quotidienne dans les zones occupées du Donbass et de Luhansk en Ukraine », a-t-il déploré. Le délégué ukrainien a dénoncé les 40 000 « combattants terroristes étrangers, essentiellement russes », qui se battent contre le Gouvernement ukrainien au Donbass. De plus, il a reproché à la Russie de violer ses engagements dans le cadre des instruments internationaux contre le terrorisme et de lancer une campagne médiatique visant à radicaliser la population des régions occupées et à « glorifier » les combattants russes. Dans le même esprit, il a prévenu que les actions « génocidaires » lancées contre les Tatars de Crimée, comme la décision de suspendre hier leur organe législatif (Mejlis), radicaliseraient cette population, en particulier les jeunes.
M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a déclaré que la lutte antiterroriste laissait à désirer, en raison de « projets géopolitiques » menés au Moyen-Orient par des forces extérieures. L’essentiel des exportations de pétrole brut transite « encore et toujours » par la Turquie, a-t-il ensuite assuré. La fermeture de la frontière syro-turque est une option à envisager, a poursuivi le représentant, proposant toutefois l’établissement d’un « mécanisme de surveillance indépendant » à la frontière.
Par ailleurs, pour la délégation russe, les groupes terroristes opérant en Syrie ont utilisé à plusieurs reprises des substances chimiques pour renforcer leur arsenal. Elle a estimé que le Conseil de sécurité n’aurait pas fait « tout ce qui est en son pouvoir » pour lutter contre ce problème, indiquant que la Fédération de Russie avait présenté, hier, un nouveau projet de résolution auprès des membres de cet organe. « Je ne peux pas réagir à ce que vient de dire l’Ukraine », a en conclusion déclaré le représentant, affirmant que ce pays utilisait une fois de plus la tribune du Conseil pour diffuser sa « propagande » antirusse « scandaleuse ». Il a rappelé que la situation en Ukraine n’était pas inscrite à l’ordre du jour du Conseil aujourd’hui.
M. MOTOHIDE YOSHIKAWA (Japon) a rappelé que rien qu’au mois de mars dernier, des attentats terroristes avaient eu lieu au Pakistan, en Belgique, en Turquie, au Nigéria, en Côte d’Ivoire et en Tunisie. Lundi dernier, à Hiroshima, les ministres des affaires étrangères du G7 ont exprimé leur détermination à rester unis dans la lutte contre le terrorisme dans toutes ses formes et où qu’il soit commis. Pour lutter contre les combattants terroristes étrangers, il a recommandé de mettre en œuvre toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, en particulier la résolution 2178 (2014) qui appelle les États Membres à renforcer leur sécurité à leur frontière notamment le système d’information préalable sur les passagers. Dans une déclaration présidentielle, le Conseil de sécurité a aussi encouragé les États à mettre en place un registre de noms de passagers.
Il a prévenu que les combattants terroristes étrangers passaient par plusieurs pays avant d’arriver à destination, ce qui explique la nécessité de disposer de leurs itinéraires de voyage, des noms de leurs compagnons de voyage et de leurs méthodes de paiement. Cependant, seulement un quart des 193 États Membres ont créé un système d’information préalable sur les passagers, a-t-il noté en soulignant que cela a une conséquence sur l’efficacité des peu de systèmes mis en place. Il a donc exhorté tous les États Membres à mettre en place un tel système.
Son pays, a-t-il dit, est en alerte élevée du fait des événements importants qu’il accueillera prochainement, comme le Sommet du G7 à Ise-Shima en mai, la Coupe du monde de rugby en 2019 et les Jeux paralympiques de 2020. Enfin, le représentant a rappelé la nécessité de s’attaquer aux causes profondes du terrorisme, appelant à cet effet à créer des sociétés qui ne soient pas des terrains favorables au terrorisme. C’est dans ce contexte que le Japon attache une grande importance à la promotion des femmes et des filles, comme le prouve son engagement à financer des projets d’ONU-Femmes par exemple ou encore son projet visant à renforcer le leadership des femmes pour le dialogue politique au Sahel.
M. RAFAEL DARIO RAMIREZ CARRENO (Venezuela) a reconnu que le phénomène du terrorisme était une constante de différents conflits politiques au cours de l’histoire récente, mais qu’il commençait à revêtir « de nouvelles dimensions qu’il faudra analyser en profondeur pour mieux le combattre ». Les actes perpétrés par des groupes terroristes menacent l’intégrité terroriste et l’unité politique des États, ce qui a des conséquences catastrophiques sur le développement économique et social des peuples, a-t-il ajouté. D’après lui, « les interventions des grandes puissances en Iraq, en 2003, et en Libye, en 2011, ont créé des conditions propices » à l’expansion de Daech dans les régions du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. « Ceux qui étaient alors des enfants ont massivement rejoint les groupes terroristes, après avoir connu une culture de la mort, du mépris de la vie et d’intransigeance ».
Le représentant a rappelé que 34 organisations terroristes de différentes régions du monde avaient rejoint l’État islamique, « sans parler de la menace que présentent les loups solitaires ». Il a dénoncé les pratiques à l’encontre des groupes les plus vulnérables qui s’apparentent à des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et au génocide. Ensuite, il a souligné que le terrorisme s’alimentait de la frustration et de l’absence de perspectives d’avenir. « Les terroristes utilisent des pratiques semblables à celles du fascisme pour propager leurs idéologies », a-t-il insisté.
D’après le représentant, la solution passe par le règlement politique des conflits dans des pays tels que la Syrie, l’Iraq ou la Palestine. Il a attiré l’attention du Conseil de sécurité sur la fourniture d’armes lourdes aux terroristes et d’armes légères à des groupes violents non étatiques ; « qui les entretient ? » a-t-il demandé. Déplorant notamment le trafic du pétrole, il a estimé que le Conseil doit en toute honnêteté agir conformément aux résolutions adoptées afin de tarir les sources de financement du terrorisme. Enfin il s’est inquiété du recours aux réseaux sociaux sous le contrôle des grandes sociétés informatiques.
M. LIU JIEYI (Chine) a déclaré que la communauté internationale devait s’unir dans la mesure où aucun pays ne pouvait combattre ce fléau seul. Elle doit donc adhérer à une seule et même vision de la lutte contre le terrorisme, « où qu’il se manifeste et quelles qu’en soient les formes ».
Pour y parvenir, il faut des bases de données régulièrement mises à jour pour démanteler les réseaux, a affirmé le représentant, pour qui, en outre les médias sociaux, ne peuvent plus être utilisés à des fins de recrutement ou de radicalisation. Par ailleurs, a recommandé le représentant, les organes compétents des Nations Unies devraient quant à eux harmoniser les mesures qui peuvent être prises dans le cadre d’une étroite coordination des États Membres.
Sachant que les terroristes dépendent de leurs sources de financement, la Chine a recommandé d’intensifier les mesures de prévention des exportations et les contrôles en amont.
Pour M. JUAN JOSÉ GÓMEZ CAMACHO (Mexique), le terrorisme ne doit pas être associé à une religion, une nationalité, une civilisation ou un groupe ethnique quelconque. Les dirigeants et responsables doivent faire en sorte que leur message contre le terrorisme promeuve la paix, tout en évitant de propager la discrimination. Il a rappelé le droit à la vie privée et l’importance de la participation de la société civile, et en particulier des femmes, à la lutte contre le terrorisme.
Le représentant a appelé à davantage de cohérence entre les différents bureaux de Nations Unies qui composent la stratégie de lutte contre le terrorisme. Il a préconisé « un programme large qui allie les piliers développement, sécurité et droits de l’homme ». D’après lui, il faut donner la priorité à la prévention de l’extrémisme violent et au renforcement des capacités des États. Enfin, a-t-il estimé, il faut lancer une réflexion sur les conséquences de cette lutte, pour « éviter de sanctionner des comportements qui ne sont pas du tout terroristes ».
M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) a condamné les actes de terrorisme sous toutes leurs formes et qu’elles qu’en soient les motivations. Il a ensuite déclaré que le terrorisme n’avait pas à être associé à une culture ou une religion donnée, en rejetant ainsi la stigmatisation des musulmans. Le représentant a réaffirmé que son gouvernement était engagé en faveur de la lutte contre le terrorisme aux niveaux national et international, notamment pour tarir les sources de financement et prévenir la radicalisation et les départs de combattants étrangers vers les théâtres d’opération. Après avoir rappelé que son pays avait accueilli plusieurs conférences internationales sur le thème de l’antiterrorisme, l’Arabie saoudite a affirmé avoir contribué à hauteur de 500 000 euros pour participer à la modernisation des installations de l’AIEA. Le monde musulman, a rappelé le représentant, est le premier à souffrir de l’impact du terrorisme, que ce soit sous la forme de la « confiscation » de terres par Israël ou du terrorisme commis au nom de la religion. De plus, a-t-il fustigé, la politique de deux poids, deux mesures, adoptée par certains pays et la sauvegarde des intérêts « des plus puissants » mènent à l’exacerbation des tensions. Le représentant saoudien s’est par ailleurs lancé dans une diatribe contre l’Iran, en affirmant que ce pays apportait un soutien à des « milices militaires et confessionnelles », parmi lesquelles le Hezbollah.
Mme KATALIN ANNAMÁRIA BOGYAY (Hongrie) s’est dite convaincue que les Nations Unies devaient jouer un rôle directeur dans la coordination de la coopération internationale antiterroriste. Ce sont elles qui sont le plus à même de suivre les priorités internationales, de fixer les stratégies et politiques internationales et de renforcer les capacités. Elle a soutenu l’approche « toutes les Nations Unies » adoptée par le Secrétaire général dans son Plan d’action, plaçant aussi sa confiance dans la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.
Elle a cité le Code pénal hongrois qui pénalise le financement du terrorisme et le blanchiment d’argent. Elle a appelé les sections de renseignements de tous les États Membres à échanger des informations et à mener des enquêtes conjointes. Il faut aussi mieux contrôler les frontières, a-t-elle conseillé avant de demander de partager les informations en temps réel pour surveiller les déplacements de combattants terroristes étrangers.
Enfin, elle a rappelé la nécessité de mettre en place une bonne gouvernance, de respecter l’état de droit et les droits de l’homme, d’offrir une éducation de qualité et de faire participer les jeunes, tous ces éléments contribuant à la prévention de la radicalisation.
M. TÉTE ANTÓNIO, Observateur permanent de l’Union africaine, a exprimé la solidarité de l’Union africaine avec les pays affectés par le terrorisme. Ce fléau, a-t-il rappelé, ne devrait pas être associé à aucune religion, nationalité ou civilisation, ni être considéré comme étant une lutte légitime des peuples sous occupation étrangère pour parvenir à l’autodétermination. Il a souligné la menace grave que représentent le terrorisme et l’extrémisme violent en Afrique, des phénomènes qui gagnent du terrain. Il a expliqué ce que faisait l’Union africaine pour lutter contre le terrorisme, notamment par le biais d’un cadre de mise en œuvre des instruments pertinents, comme la Convention d’Alger de 1999 et son Protocole additionnel de 2004, ainsi que le Plan d’action de 2002, et avec la création du Centre africain d’études et de recherches contre le terrorisme. L’Union africaine a également mené des initiatives de renforcement des capacités de ses États membres à lutter contre le terrorisme.
Évoquant le Sommet du Conseil de paix et sécurité de l’Union africaine de janvier dernier, M. António a précisé que ce Sommet avait décidé d’intensifier les efforts pour créer des mécanismes de coopération régionale en vue de s’attaquer aux menaces transnationales dans différentes régions du continent. Il a salué les progrès accomplis par les pays contributeurs de troupes à la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) dans la lutte contre le groupe terroriste Al-Chabab, avant de se féliciter de la récente mise en fonctions du l’Organisation africaine de coopération policière (AFRIPOL). Le représentant a ensuite rappelé la nécessité de s’attaquer davantage aux sources de financement des groupes terroristes. L’Union africaine, a-t-il assuré, interdit le paiement de rançons en échange d’otages.
M. CARLOS ARTURO MORALES LÓPEZ (Colombie) a déclaré que le terrorisme ne pouvait être associé à aucune religion ou culture particulière. Pour sa délégation, c’est dans le respect des droits de l’homme qu’il sera possible de remporter le combat contre le terrorisme. L’un des principaux axes de cette lutte, c’est de s’attaquer à l’économie du terrorisme, a-t-il dit. La gravité et l’importance de ce fléau exigent du Conseil de sécurité qu’il privilégie la coopération avec les autres organes principaux des Nations Unies, à savoir l’Assemblée générale et le Conseil économique et social. Il est en outre temps pour les États Membres de se mettre d’accord sur une convention générale sur le terrorisme international, a estimé en conclusion le représentant.
M. SYED AKBARUDDIN (Inde), regrettant que les efforts de la communauté internationale pour contrer le terrorisme soient encore « embryonnaires », a réaffirmé le rôle central de l’ONU à cet égard. Il a estimé que les seules actions du Conseil de sécurité ne fournissaient pas une réponse suffisante à ce fléau mondial. Pour lui, il faut construire un cadre normatif en adoptant la convention générale sur le terrorisme international. Afin de retirer toute légitimité au terrorisme, il faut commencer par reconnaître que tout acte terroriste est un crime, quels qu’en soient le moment, le lieu ou l’auteur. Ensuite, a poursuivi le représentant, il est indispensable de tarir les sources de financement des terroristes et combattre le blanchiment d’argent. Il faut également comprendre l’environnement dans lequel prospère le terrorisme et définir une législation pour condamner les combattants étrangers.
Les États Membres doivent s’engager à appuyer les demandes des comités des sanctions du Conseil de sécurité. M. Akbaruddin a souhaité en particulier que les procédures d’unanimité et d’anonymat des comités relatifs à Al-Qaida, les Taliban et l’EILL soient repensées, car il y a actuellement un manque de responsabilité. L’ensemble des États Membres de l’ONU, a-t-il déploré, « ne sont jamais informés » des raisons pour lesquelles des demandes d’inscription de terroristes sur des listes ne sont pas satisfaites. Pour lui, les comités des sanctions, qui agissent au nom de la communauté internationale, doivent renforcer la confiance et « ne pas favoriser l’impunité en utilisant cette forme de veto caché ».
M. OLOF SKOOG (Suède), parlant également au nom du Danemark, de la Finlande et de la Norvège, s’est inquiété de voir de plus en plus, ces derniers temps, une rhétorique politique qui appelle à interdire l’entrée des musulmans dans nos territoires ou qui compare les réfugiés syriens à des terroristes. Prendre pour cible une religion, une nationalité ou un groupe ethnique, a-t-il prévenu, ne fait que contribuer à l’idéologie terroriste et a des effets destructeurs. « Nous avons besoin, a-t-il dit, de mettre en œuvre de manière complète et équilibrée la Stratégie antiterroriste mondiale. » M. Skoog a invité à continuer à renforcer les mesures de sécurité, notamment en mettant pleinement en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité sur le financement du terrorisme et sur les combattants terroristes étrangers.
Il faudrait également, a-t-il ajouté, mettre l’accent sur deux piliers de cette lutte qui sont souvent négligés: éviter les conditions propices au terrorisme et protéger les droits de l’homme et l’état de droit. Il a salué, à cet égard, le Plan d’action du Secrétaire général ainsi que le programme régional du PNUD en Afrique sur la prévention et la réponse à l’extrémisme violent sur ce continent. Au niveau local, le représentant de la Suède a invité à travailler avec la société civile, comme les groupes de femmes, les réseaux de jeunes et les organisations confessionnelles qui jouent un rôle fondamental dans la promotion de la tolérance, du dialogue et de l’inclusion. Il a mentionné, à ce propos, le réseau pour des villes nordiques sûres, en ligne avec le Réseau mondial de villes fortes, qui vise à échanger les expériences, notamment dans le domaine de la prévention.
M. JÜRG LAUBER (Suisse) a déclaré que dans notre lutte contre le terrorisme, il faudrait recourir aussi bien à des mesures préventives qu’à des mesures répressives. La prévention du terrorisme et de l’extrémisme violent consiste à renforcer la promotion de l’état de droit, des droits de l’homme et, dans les situations de conflit armé, du droit international humanitaire.
Lutter contre le terrorisme par la prévention de l’extrémisme violent est une priorité de la politique étrangère suisse, a assuré M. Lauber. Elle se concrétise, a-t-il expliqué, dans le cadre de l’engagement de la Suisse en faveur de la paix et de la sécurité, du développement et des droits de l’homme. La Suisse a développé un plan d’action de politique étrangère pour la prévention de l’extrémisme violent.
Les 7 et 8 avril 2016, la Suisse a organisé, conjointement avec les Nations Unies, une conférence sur la prévention de l’extrémisme violent. Elle a permis de mettre en exergue la nécessité d’une approche globale et équilibrée qui englobe des mesures de prévention systématiques de l’extrémisme violent. Les participants à cette conférence ont rappelé que les solutions sécuritaires ne peuvent constituer à elles seules une solution au terrorisme et que l’extrémisme violent ne peut et ne devrait être associé à aucune religion, nationalité, civilisation ou groupe ethnique. La conférence a en outre permis de souligner l’importance des premier et quatrième piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale en vue de l’examen de celle-ci qui aura lieu au Siège de l’ONU à New York, en juin prochain.
Mme LOURDES ORTIZ YPARRAGUIRRE (Philippines) a déclaré que son pays était engagé en faveur de la lutte antiterroriste, comme en témoignent ses lois contre le blanchiment d’argent et contre le financement d’activités terroristes. En outre, la loi sur la sécurité humaine de 2007, « notre législation de référence contre le terrorisme et l’extrémisme violent », est en cours d’examen final, a indiqué la représentante.
Elle a indiqué que son gouvernement collaborait également avec des pays partenaires, au travers de pourparlers bilatéraux, d’accords et de projets conjoints, ainsi qu’avec les organisations internationales, pour veiller à ce que les agences philippines spécialisées adoptent une approche intégrée et synchronisée qui soit harmonisée en fonction des développements de l’actualité internationale.
Mme CAITLIN WILSON (Australie) a souligné le rôle unique de l’ONU au plan international pour prévenir et lutter contre le terrorisme, notamment par le biais de ses régimes de sanctions. L’Australie, a-t-elle indiqué, a créé des partenariats de lutte antiterrorisme au sein de forums tels que l’ONU, l’APEC, le Forum mondial antiterroriste et le Fonds mondial pour l’engagement de la communauté et la résilience. L’Australie soutient aussi les groupes communautaires et les organisations de la société civile qui combattent l’extrémisme violent et les messages extrémistes sur les médias sociaux. Les gouvernements, a-t-elle recommandé, doivent travailler ensemble pour contester l’espace des médias sociaux. Elle a également appelé à travailler avec le secteur privé dans ce domaine, tout en créant un environnement propice à la tolérance religieuse et à la cohésion. La représentante a aussi parlé des 25 000 combattants terroristes étrangers qui proviennent de plus de 100 pays et se rendent en Syrie et en Iraq, avant de plaider en faveur de la pleine application de la résolution 2178. L’Australie appuie le Plan d’action du Secrétaire général pour prévenir l’extrémisme violent, a-t-elle assuré avant de conclure.
Comme le Brésil se prépare à accueillir les Jeux olympiques et paralympiques de 2016 à Rio de Janeiro, M. CARLOS SERGIO SOBRAL DUARTE (Brésil) a déclaré que son gouvernement avait redoublé d’efforts de lutte contre le terrorisme, y compris par la création de plateformes d’échanges d’informations et de bonnes pratiques ainsi que le partage de renseignements.
L’absence de définition universellement acceptée du terrorisme est préjudiciable à l’élimination de ce phénomène. Combler cette lacune pourrait contribuer à renforcer la cohésion de nos efforts de lutte contre le terrorisme. Il pourrait aussi établir une relation entre les concepts comme « terrorisme » et « extrémisme violent », et créer des conditions améliorées pour l’harmonisation des initiatives régionales et nationales en matière législative et qui seraient conformes aux droits de l’homme.
La lutte contre le terrorisme est un but qui peut avoir un effet positif, a ajouté le représentant. Cela a été démontré par le fait que le Conseil a souvent trouvé un consensus sur des décisions relatives à la lutte contre le terrorisme même s’il est divisé sur d’autres questions importantes.
L’expérience récente devrait, selon la délégation brésilienne, encourager le Conseil de sécurité à renforcer les efforts diplomatiques comme moyens privilégiés de promotion de la paix fondés sur la justice. « Nous ne devons pas non plus perdre de vue le fait que les conflits prolongés alimentent directement ou indirectement le terrorisme », a-t-il dit. « Notre échec collectif face aux crises au Moyen-Orient, y compris le conflit israélo-palestinien, est un cas évident sur ce sujet. »
Le représentant a déclaré, avant de terminer, que les stratégies privilégiant le recours à la force et aux interprétations unilatérales des mandats du Conseil avaient provoqué plus de mal que de bien.
Mme MARGARETA KASSANGANA-JAKUBOWSKA (Pologne) a plaidé en faveur d’un effort uni et concerté de la part de la communauté internationale pour faire face au terrorisme. « Nous ne pouvons pas nous attaquer au terrorisme sans traiter de ses causes profondes », a-t-elle ajouté en se félicitant du Plan d’action du Secrétaire général à ce sujet.
Elle a appelé à lutter contre la radicalisation des jeunes, en faisant référence à ce que dit la Stratégie antiterroriste mondiale sur les conditions socioéconomiques qui constituent un terrain propice à la montée du radicalisme. Elle a rappelé à cet égard qu’environ 30 000 combattants terroristes étrangers avaient voyagé dans des zones de conflit.
En même temps, elle a rappelé que le terrorisme ne devait pas être assimilé à une religion ou une nationalité, plaidant en faveur de la sensibilisation des jeunes par des programmes sur Internet et les médias sociaux. Enfin, elle a salué les mesures prises par le Conseil de sécurité pour couper les sources de financement des groupes terroristes.
M. DANNY DANON (Israël) a rappelé que la « terreur » est une réalité que le peuple de son pays avait connue depuis des décennies, indiquant que rien qu’au cours des six derniers mois, il avait enduré 300 attaques, qui ont fait 34 morts. « Depuis le début de cette vague de terreur, le Conseil de sécurité n’a pas condamné une seule attaque contre Israël, pas une seule », a dénoncé le représentant.
Pour lui cependant, cet organe doit parler d’une seule voix contre tous les groupes terroristes, sans exception. Pourtant, le Hezbollah, une émanation terroriste de l’Iran, menace ouvertement des civils israéliens d’attaques catastrophiques, a déclaré le représentant, qui s’est demandé pourquoi le Conseil continue d’appeler ce groupe une organisation terroriste. « Le Conseil doit agir maintenant, la résolution 1701 être mise en œuvre et le Hezbollah être désarmé », a indiqué M. Danon.
Pour sa délégation, l’Iran est la principale source de l’extrémisme violent au Moyen-Orient et l’État qui promeut le plus au monde le terrorisme. En témoigne aussi d’après elle, l’appui que prêterait Téhéran au Hamas, groupe « qui n’a jamais cessé d’œuvrer à la destruction d’Israël ». En raison de tous ces dangers, a ajouté le représentant, notre gouvernement a développé des techniques, des technologies et des outils « incomparables » qu’il est disposé à partager dans le cadre de relations bilatérales et d’un engagement constructif au sein de l’ONU.
M. JOÃO VALE DE ALMEIDA, Chef de la délégation de l’Union européenne, a dit que les organisations terroristes et les « individus terroristes » avaient besoin d’argent pour maintenir leurs réseaux, recruter et approvisionner, et engager des terroristes pour commettre des attentats. Couper leurs sources de financement est impératif même si c’est un défi croissant, à cause des nouvelles tendances qui ont émergé comme Daech, les combattants terroristes qui rentrent chez eux, le commerce illicite des ressources et des biens culturels. Ces défis devraient être abordés par une législation modernisée, une coopération multilatérale et bilatérale améliorée et des échanges d’informations sensibles.
Endiguer le flux des combattants terroristes étrangers et leur retour est un autre défi complexe qui nécessite une coopération internationale. L’Union européenne appuie la résolution 2178 (2014) du Conseil de sécurité et les recommandations pour sa mise en œuvre dans les principes directeurs adoptés à Madrid en juillet 2015 ainsi que les efforts pour renforcer l’action internationale pour prévenir l’extrémisme violent.
Comme les principaux chefs terroristes sont éliminés ou traduits en justice, il est de plus en plus important d’accroître nos actions préventives pour assurer qu’ils ne soient pas remplacés par de nouvelles recrues plus jeunes et techniquement plus sophistiquées, a-t-il souligné.
Du point de vue extérieur, l’Union européenne est notamment un membre actif d’initiatives comme le Forum mondial de lutte contre le terrorisme, dont elle appuie activement les trois instituts qu’il a inspirés, à savoir le Centre Hedayah, le « Global Community Engagement and Resilience Fund, et l’« International Institute on Justice and the Rule of Law ».
Concernant l’utilisation d’Internet et des médias sociaux par les terroristes, l’Union a lancé le Forum Internet, qui sert de plateforme pour des parties prenantes importantes comme les ministères, les forces de l’ordre, les compagnies privées d’Internet et la société civile pour travailler ensemble afin d’identifier des outils communs, des meilleures pratiques et des solutions innovantes et nouvelles pour s’attaquer à toutes les questions relatives au terrorisme. Les deux priorités principales du Forum sont la réduction de l’accessibilité d’Internet pour le « contenu terroriste » et l’autonomisation des partenaires de la société civile pour accroître le volume de récits efficaces qui sont plus attrayants que le « contenu terroriste ».
En outre, l’Union européenne a créé une équipe spéciale sur les communications stratégiques qui travaille avec les pays du Moyen-Orient et en Afrique du Nord pour identifier des valeurs communes et développer des actions de communications concrètes.
M. KAIRAT ABDRAKHMANOV (Kazakhstan) a dit que la lutte contre le terrorisme international demandait une approche complète à long terme et une coopération à tous les niveaux avec une participation active des États Membres. Le représentant a proposé que les mécanismes actuels des Nations Unies, y compris la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, soient rendus légalement contraignants par des résolutions du Conseil de sécurité. En outre, il a appelé les États Membres à travailler ensemble dans le cadre du Plan d’action du Secrétaire général pour la prévention du terrorisme.
Après avoir énuméré les différentes actions de son gouvernement dans la lutte contre le terrorisme aux niveaux mondial et régional, M. Abdrakhmanov a ajouté que les dirigeants spirituels et religieux jouaient un rôle important dans la promotion de l’harmonie interethnique et interreligieuse. Le Kazakhstan accueillera le Congrès des dirigeants religieux mondiaux organisé tous les trois ans pour promouvoir la paix qui verra aussi la participation de responsables politiques.
Le 6 mai, le Président de l’Assemblée générale organisera également une conversation de haut niveau à l’initiative du Kazakhstan pour montrer le pouvoir de l’unité religieuse contre la nature destructrice du terrorisme et de l’extrémisme violent.
Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a rappelé les investissements énormes faits par les États Membres au cours des 15 dernières années dans la lutte antiterroriste, qui se sont soldés par des succès importants mais qui ont vu en même temps apparaitre de nouveaux défis. Il y a 10 ans, quand les États Membres délibéraient sur le projet de Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, le Pakistan était un des chefs de file pour inciter à se concentrer sur les causes profondes du terrorisme. Plus on a eu recours à des moyens cinétiques uniquement, plus le terrorisme a proliféré, a-t-elle remarqué.
Elle a donc recommandé de s’attaquer à tout ce qui conduit au terrorisme, en se penchant sur ses dimensions locales et internationales. La représentante a ensuite fait part des mesures prises par son pays dans cette lutte, comme l’adoption d’un plan d’action national. Elle a aussi mentionné l’opération Zarb-e-Azb, lancée en juin 2014, la plus grande campagne antiterroriste jamais menée dans le monde, qui a produit des résultats importants.
M. THOMAS SCHIEB (Allemagne) a indiqué que la menace de l’extrémisme violent transcendait religions, culture et frontières, exigeant une réponse unifiée aux causes profondes de ce phénomène. Considérant aussi qu’une telle réponse doit se faire dans le respect de l’état de droit, la délégation s’est rangée du côté des États Membres qui pensent qu’il faut renforcer le Bureau du Médiateur s’agissant du régime de sanctions contre Daech et Al-Qaida établi par la résolution 2253 (2015) du Conseil de sécurité.
L’Allemagne a indiqué qu’elle soutenait le Plan d’action en vue de prévenir l’extrémisme violent présenté par le Secrétaire général plus tôt cette année. Dans le domaine de la lutte contre la radicalisation, Berlin travaille avec des fournisseurs d’accès pour renforcer la sensibilisation à l’usage des réseaux sociaux par des organisations terroristes en vue de faire de nouvelles recrues.
Si les sociétés doivent se mobiliser pour mettre fin au « récit » des organisations comme Daech et Al-Qaida, il est essentiel dans ce contexte que les dirigeants religieux modérés opposent des arguments solides aux « déclarations fanatiques ». Il est également nécessaire que l’opposition supposée entre Occident et Islam soit dénoncée et que les musulmans soient considérés comme faisant partie intégrante des sociétés occidentales, a ajouté M. Schieb.
M. SEBASTIANO CARDI (Italie) a salué le Plan d’action du Secrétaire général, car celui-ci met l’accent davantage sur la prévention que sur la lutte contre l’extrémisme violent. Il a souligné que mettre fin à l’endoctrinement des jeunes et aux causes profondes du phénomène exigeait que l’on se focalisât sur les racines du mal et que l’on appliquât des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Il a estimé que l’examen prochain de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies offrirait l’occasion d’évaluer notamment l’efficacité des instruments à notre disposition.
Le représentant a en outre expliqué que l’appropriation nationale dans la lutte antiterroriste signifiait un engagement de tous les membres de la société, du gouvernement, des dirigeants communautaires et religieux, des associations de femmes et de jeunes, du secteur privé et des médias. Il a précisé qu’étant donné la nature transfrontalière du fléau, la coopération internationale restait essentielle pour avoir des résultats probants.
M. Cardi a dit qu’il était impératif de couper les sources de financement du terrorisme, notamment en mettant en œuvre les résolutions 2199 (2015) et 2253 (2015) du Conseil de sécurité. Il s’est félicité du fait que l’Italie, en partenariat avec les États-Unis et l’Arabie saoudite, présidait le Groupe de lutte contre les financements de Daech, avec des résultats probants.
Il a également expliqué que les terroristes visaient à nous diviser par races, groupes ethniques, nationalités et valeurs, estimant qu’investir dans l’éducation et la protection de notre héritage culturel devait être la clef de nos efforts communs. À cet effet, il a rappelé que l’Italie a signé, le 16 février dernier, un accord avec l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) en vue de protéger les anciens sites culturels en temps de crise, créant ainsi des « casques bleus de la culture ».
M. MOHAMED ALI ALHAKIM (Iraq) a condamné les actes terroristes et barbares commis par Daech et les organisations liées à Al-Qaida, qui ne représentent pas seulement une menace pour la paix de son propre pays mais aussi pour le monde entier. Il a souhaité que le Conseil de sécurité ne se limite pas seulement à condamner les transactions directes ou indirectes auxquelles se livrent certains États en cheville avec les terroristes, mais les dissuadent de se livrer au trafic de pétrole brut ou d’antiquités. « L’entité terroriste de Daech » exploite les régions sous son contrôle pour générer les ressources nécessaires au recrutement de combattants terroristes étrangers, en s’appuyant sur un réseau de passeurs le long de la frontière en Syrie et en Turquie, a accusé le délégué iraquien. Pour lui, l’Équipe d’appui analytique et de surveillance des sanctions en application des résolutions pertinentes du Conseil doit identifier les voies et les moyens empruntés par Daech et le front El-Nosra pour tarir leurs sources de financement. L’Iraq a en conclusion suggéré qu’un « mécanisme juridique international » soit mis en place pour traduire en justice les combattants étrangers.
M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a déclaré que le Conseil de sécurité devait rendre plus fortes et cohérentes les mesures du système des Nations Unies contre le terrorisme. Le Conseil doit par exemple être uni et travaillé plus dans la gestion et le règlement des conflits. Le Conseil doit aussi travailler avec les États Membres pour accroître leurs capacités à travers le Comité contre le terrorisme. Des programmes de renforcement de capacité doivent être développés en fonction des objectifs et des nécessités de chaque État. Le Conseil de sécurité et le système des Nations Unies doivent travailler également avec les organisations régionales dans l’élaboration et la mise en œuvre de la stratégie de lutte contre le terrorisme.
La prévention doit rester le cœur de la stratégie. L’Indonésie trouve utile la création de réseaux d’organisations de la société civile venant de toutes les zones du monde qui partagent des informations sur les dynamiques locales et leurs ramifications. Le représentant a ajouté que les « mesures douces » de prévention devaient être soulignées comme l’éducation, la participation de la société civile et des médias, y compris les médias sociaux, et le renforcement des rôles des familles, des femmes et des jeunes.
Après avoir rappelé que son pays avait payé un lourd tribut au terrorisme, M. SABRI BOUKADOUM (Algérie) a appelé à lutter contre le terrorisme et, en même temps, à combattre la xénophobie et l’islamophobie. Le terrorisme, a-t-il souligné, exige une réponse mondiale et ne peut pas se limiter à la dimension répressive. Il a donc prôné une approche en aval pour s’attaquer aux causes du terrorisme. Il a dit compter sur l’examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, qui doit être assuré cette année, pour veiller à ce que cette Stratégie soit mise à jour.
Le représentant a ensuite souligné la nécessité de se mettre d’accord sur la définition du terrorisme international, en faisant la distinction avec le droit des peuples sous occupation de lutter pour leur autodétermination. Il a rappelé la politique de son pays qui est de ne pas payer de rançons aux preneurs d’otages. L’Algérie va accueillir, en avril et en mai prochains, deux ateliers sur le rôle de l’Internet et des médias sociaux dans la propagation du terrorisme, a-t-il indiqué.
M. Boukadoum s’est félicité des mesures prises dans le cadre de l’Union africaine comme la nomination d’un représentant pour la coopération au terrorisme. Un des principaux aspects de la coordination des pays de la région dans la lutte contre le terrorisme est le contrôle aux frontières et le partage d’informations, a-t-il indiqué, en assurant que cela se fait dans le respect des principes de souveraineté nationale et de non-ingérence dans les affaires intérieures d’un État.
M. MOUNZER MOUNZER (République arabe syrienne) a déclaré que malgré la clarté des instruments internationaux de la lutte antiterroriste, certains gouvernements, comme ceux de l’Arabie saoudite ou de la Turquie, finançaient le terrorisme. Il a également dénoncé la politique de deux poids, deux mesures, que certains membres du Conseil de sécurité appliquent dans le traitement des questions de terrorisme. Il a rappelé que la Syrie était meurtrie depuis cinq ans déjà par les actes terroristes, saluant à ce propos les récents succès de l’armée syrienne et de ses alliés, notamment la reprise de la ville de Palmyre qui était aux mains de Daech.
Certains États tentent de justifier leur ingérence militaire en Syrie par la lutte contre Daech, a-t-il poursuivi, affirmant que ces actes qui sont menés sans coordination avec le Gouvernement syrien apparaissent comme de la manipulation. Il a appelé à la reddition de comptes des pays qui appuient le terrorisme, ajoutant que l’échec du Conseil de sécurité à ce niveau envoyait un message d’impunité à la communauté internationale. Il a appelé à lutter contre l’intolérance, la stigmatisation et la victimisation sur des bases telles que la religion, l’ethnie ou la race.
Le représentant a en outre plaidé pour le renforcement de la lutte contre le phénomène des combattants terroristes étrangers, notamment par des contrôles systématiques aux frontières. Il a appelé à tarir les sources de financement du terrorisme, déplorant dans le même temps le trafic du pétrole syrien.
Il a aussi dénoncé certains actes commis par la Coalition internationale contre Daech, soulignant que la destruction par elle des champs pétrolifères syriens et des infrastructures nationales apparaissait comme une tentative de priver le peuple syrien des moyens de reconstruction d’un pays en ruine. Il a mis en garde contre la menace de voir des armes de destruction massive tomber aux mains des terroristes. Il a, enfin, condamné l’appui qu’Israël apporte, selon lui, aux groupes terroristes affiliés à Al-Qaida.
M. KAREL VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a souligné l’importance vitale de la coopération, notamment pour le partage des informations, comme le montrent les attaques récentes. Il a cité la coopération internationale qui se fait par le biais d’INTERPOL, ou régionale au sein de l’Union européenne et de l’union africaine, ou encore au niveau bilatéral.
En ce qui concerne la radicalisation, il a précisé que le terrorisme était une question complexe dont l’approche devait être holistique. La stratégie de lutte contre le terrorisme devrait traiter tout le cycle de vie de la radicalisation, a-t-il préconisé. Après avoir rappelé que les jeunes sont particulièrement ciblés, par la voie de l’Internet, il a averti qu’il fallait veiller au respect des droits de l’homme fondamentaux d’expression et d’information.
S’agissant de la mobilisation des ressources dans cette lutte, le représentant a fait part des efforts de son pays qui, avec le Maroc, copréside le Forum mondial de lutte contre le terrorisme.
Mgr BERNADITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a expliqué que l’on ne pouvait s’opposer à l’internationalisation de la terreur que par une réponse internationale collective. Cette réponse doit aussi traiter des causes profondes dont se nourrit le terrorisme international, a-t-il dit en soulignant la composante socioculturelle du terrorisme. Il a appelé les gouvernements à s’engager avec la société civile pour régler les problèmes des communautés les plus exposées au risque de radicalisation et de recrutement. Il leur faut aussi contrôler les cybertechnologies que les groupes violents utilisent pour recruter de nouveaux adhérents et commettre leurs attaques terroristes.
Le nonce a aussi recommandé de couper l’accès aux fonds pour les terroristes, ainsi que leur accès aux armes et aux munitions. Sur le plan du droit, il a invité à sanctionner toute collaboration avec des groupes terroristes. Au Conseil de sécurité, il a demandé d’exiger des comptes aux États Membres qui encouragent l’extrémisme violent ou abritent des groupes terroristes. Il a ensuite souligné l’importance du respect de la dignité et des droits humains des personnes, quelles que soient leur race, leur religion ou leurs convictions politiques.
Au Moyen-Orient, a-t-il ajouté, on ne doit pas laisser les terroristes détruire des siècles de coexistence pacifique entre Musulmans et Chrétiens. Il a qualifié d’hypocrites et de blasphématoires les groupes terroristes qui tuent et oppressent au nom de la religion, appelant les dirigeants religieux à assumer leur responsabilité en condamnant ceux qui instrumentalisent la religion pour justifier la violence.
M. ABDERRAZZAK LAASSEL (Maroc) a estimé que l’implantation de Daech en Libye et sa rivalité avec Al-Qaida au Maghreb pour élargir son influence sur l’espace sahélo-maghrébin constituaient une menace à la stabilité et à l’intégrité territoriale des États de la région. Il a cité à cet égard les attaques terroristes en Tunisie. D’où l’appel du Maroc à la vigilance et au renforcement de la coopération régionale et internationale pour contenir la propagation des réseaux terroristes et des réseaux de crime organisé.
Il a souligné l’engagement de son pays à aider les frères libyens à surmonter leurs différences, en abritant sous les auspices de l’ONU les pourparlers interlibyens, qui se sont conclus par la signature le 17 décembre dernier de l’accord politique libyen de Skhirat.
Le représentant a aussi dénoncé le trafic de pétrole, de biens culturels et d’êtres humains qui finance les activités terroristes, ainsi que les stratégies de communication sophistiquée des groupes terroristes. Cela a permis de recruter des combattants terroristes étrangers de tous les coins du monde, a-t-il remarqué. Il a aussi alerté sur le retour de ces combattants dans leurs pays d’origine, soulignant la menace qui pèse sur ces pays et des pays tiers, sachant en plus que certains groupes terroristes sont directement associés aux milieux du crime organisé.
M. Laassel a assuré que son pays accordait une attention particulière à la coopération internationale, au renforcement de la sécurité des frontières, ainsi qu’à l’échange et au partage d’informations. Il a aussi rappelé que le Maroc coprésidait avec les Pays-Bas le Forum mondial de lutte contre le terrorisme.
Au plan national, le Maroc a développé une approche globale et cohérente de prévention et d’action, en harmonie avec la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies. Il a enfin énuméré les mesures prises par son pays sur les plans de la sécurité, du développement humain et de la réforme du champ religieux.
M. AMJAD MOHAMMAD SALEH AL-MOUMANI (Jordanie) a assuré que son pays resterait au front de tous les efforts visant à lutter contre les groupes terroristes, dans le cadre d’une approche globale. Afin de promouvoir et d’améliorer l’aptitude des parties locales à lutter contre Daech, la Jordanie a appuyé les efforts de l’Arabie saoudite pour créer l’alliance islamique contre les groupes terroristes. « La solution se trouve dans la compréhension de ces phénomènes », a-t-il insisté.
Le représentant a souligné l’importance de résoudre le conflit israélo-palestinien et de trouver une solution politique à la crise en Syrie. En outre, on ne luttera pas contre le financement du terrorisme sans efforts concertés à tous les niveaux, a-t-il averti. « La crainte de l’Islam et des Musulmans dans le monde nourrit les extrémistes et leur objectif qui est de diviser », a-t-il ajouté, en soulignant que « ce sont les Arabes et les Musulmans qui souffrent le plus du terrorisme ».
Enfin, il faut empêcher que Daech attire de nouveaux membres via Internet et les médias sociaux. « La guerre contre le terrorisme est une troisième guerre mondiale », a-t-il conclu.
M. EPHRAIM LESHALA MMINELE (Afrique du Sud) a souhaité que les efforts de la communauté internationale dans la lutte antiterroriste soient menés de manière complète, sur toutes les facettes et en suivant une approche intégrée. Les efforts, a-t-il ajouté, devraient être concentrés sur la lutte contre la radicalisation et le recrutement d’individus, sur les obstacles à mettre sur la route des terroristes et dans le flux de fonds, ainsi que sur les arguments contre le discours terroriste, notamment sur Internet.
Le terrorisme ne peut pas être combattu militairement ni avec des mesures coercitives, a-t-il estimé en appelant plutôt à s’attaquer aux causes profondes du terrorisme. Il a plaidé en faveur de la coopération internationale dans cet objectif, en prenant en même temps des initiatives de lutte antiterroriste.
La Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies reste un outil utile pour guider la réponse de la communauté internationale contre le terrorisme, a-t-il estimé. Au plan régional, il a expliqué que, conscient de la nécessité de renforcer la coopération et de développer une approche coordonnée, la Communauté de développement de l’Afrique australe avait adopté une stratégie régionale lors de son trente-cinquième sommet en août 2015. L’Afrique du Sud a, quant à elle, adopté sa stratégie nationale dans ce domaine et travaille à la promotion de la cohésion sociale, culturelle et au dialogue religieux et linguistique.
Mme KAREN TAN (Singapour) a rappelé que, outre les attaques de janvier 2016 à Jakarta, plus de 1 000 personnes d’Asie du Sud-Est avaient rejoint l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL) en Iraq et en Syrie, dont quelques Singapouriens. Singapour, en tant que plaque tournante internationale et société multireligieuse, prend très au sérieux la menace que posent l’EIIL et d’autres idéologies extrémistes, a-t-elle dit.
Mme Tan a jugé crucial de renforcer la résilience nationale pour lutter contre le terrorisme, ce qui comprend le développement économique inclusif, la bonne gouvernance et la stabilité politique et sociale. À cet effet, son pays a mis en place des initiatives telles que les cercles de confidence interraciale et religieuse. « Nous avertissons aussi nos citoyens des dangers des menaces en ligne », a-t-elle dit.
La représentante a également recommandé de couper les sources de financement du terrorisme, ce que fait son pays dans le cadre de l’Équipe d’action financière et en tant que membre fondateur du Groupe Asie/Pacifique sur le blanchiment de l’argent. Elle a aussi prôné une coopération internationale et un partage des meilleures pratiques de lutte antiterroriste. Singapour, a-t-elle indiqué, participe activement aux incitatives prises dans ce domaine, dans le cadre de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) notamment.
Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a estimé que le terrorisme naissait et grandissait parce que l’environnement social y était propice. Elle a plaidé pour davantage de justice sociale pour le combattre, appelant aussi au renforcement de la coopération internationale dans cette optique. Elle a dit l’engagement du Qatar à respecter tous les accords internationaux relatifs à la lutte contre le terrorisme.
La représentante a noté que le Qatar avait mis en place des institutions pour prévenir le terrorisme et l’extrémisme violent, annonçant qu’une réunion internationale sur ce thème aurait lieu le 3 juin prochain dans son pays. Il faut éviter de faire des amalgames entre le terrorisme et des religions particulières, a-t-elle en outre mis en garde, expliquant que cette confusion fournissait des prétextes aux terroristes pour justifier leurs actes.
M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamiqu d’Iran), au nom du Mouvement des pays non alignés, a déclaré que les actes terroristes constituaient l’une des violations les plus flagrantes du droit international, y compris du droit international humanitaire et des droits de l’homme, dont le droit à la vie. Ils mettent en danger l’intégrité territoriale et la stabilité des États, de même que leur développement économique et social. Il a appelé tous les États à combattre le terrorisme, notamment en traduisant en justice et, si nécessaire, en extradant les auteurs de tels actes, et en s’abstenant de participer à leur financement et de leur fournir des armes. Le terrorisme ne doit pas être associé à une nationalité, à une religion, à une civilisation ou à un groupe ethnique en particulier, a-t-il insisté. De telles considérations ne devraient pas être utilisées pour justifier le terrorisme ou des mesures antiterroristes, en particulier le profilage des suspects et les intrusions dans la vie privée.
Toutefois, a fait remarquer le représentant, « le terrorisme ne saurait être associé à la lutte légitime pour l’autodétermination et la libération nationale des peuples sous domination coloniale ou étrangère et sous occupation étrangère ». S’agissant du financement du terrorisme, il a invité les États à prendre les mesures nécessaires pour empêcher les terroristes de tirer profit des prises d’otages, du versement de rançons ou de concessions politiques.
M. RY TUY (Cambodge) a affirmé que face à la nature imprévisible et la fréquence actuelle des attaques terroristes, il faudrait renforcer la solidarité et la coopération internationales, en plaçant l’ONU au centre de ses initiatives internationales. Il a indiqué que les principes énoncés dans la Charte des Nations Unies, notamment le respect de la souveraineté nationale et de la non-ingérence dans les affaires intérieures d’un État doivent être au cœur de la lutte mondiale contre le terrorisme. Il a estimé que la communauté internationale devrait agir contre la propagande terroriste et empêcher les terroristes d’utiliser les médias sociaux à cette fin. Il a aussi souligné que la prévention des conflits est essentielle pour assurer une paix durable.
Il s’est ensuite dit très préoccupé par la destruction délibérée de sites culturels et du pillage d’antiquités et autres objets précieux par les groupes terroristes. Il a appelé la communauté internationale à préserver les sites historiques, en insistant sur la nécessité de mener la lutte antiterroriste dans le respect du droit international.
Après avoir condamné tous les actes de terrorisme, M. AHMED SAREER (Maldives) a appelé à se garder d’associer ce phénomène à quel que religion, nationalité ou groupe ethnique que ce soit. Il a souligné l’importance des actions préventives au niveau national, qui rend nécessaire pour les gouvernements de se pencher sur les causes profondes du terrorisme. C’est ainsi que les Maldives ont promulgué une loi sur la prévention du blanchiment d’argent et le financement du terrorisme en 2014, conformément aux demandes du Conseil de sécurité dans sa résolution 2178, a indiqué le représentant. Le Conseil, a-t-il dit, a un rôle de premier plan à jouer dans la lutte contre le terrorisme.
M. MACHARIA KAMAU (Kenya) a salué le Plan d’action du Secrétaire général contre l’extrémisme violent sur lequel s’aligne son pays pour élaborer des stratégies nationales de prévention. Il a toutefois estimé que la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies devrait s’appuyer sur un instrument juridiquement contraignant contre le terrorisme. Il s’est dit surpris par l’absence, à ce jour, de définition convenue du terrorisme à l’ONU. Pour lui, « le terrorisme est défini par ce qu’il n’est pas ». Par exemple, nous savons tous que ce n’est pas un mouvement religieux, a-t-il souligné.
Au niveau national, a expliqué M. Kamau, le Kenya a créé un centre national antiterroriste qui, grâce à des efforts concertés et la participation des citoyens, a permis de réduire le nombre et l’intensité des attentats. Les efforts du Kenya pour combattre l’extrémisme violent couvrent trois aspects: des mesures de prévention centrées sur les individus et les communautés à risque, dont l’éducation et l’accès aux services publics; des mesures de réhabilitation pour aider ceux qui ont déjà été radicalisés après qu’ils aient fait amende honorable dans le cadre d’un système judiciaire amélioré; le renforcement de la résilience des communautés, à travers notamment la création d’emplois et l’inclusion.
Mme MARÍA RUBIALES DE CHAMORRO (Nicaragua) a condamné « le double langage de certains pays » qui se disent en faveur de l’élimination du terrorisme, tout en hébergeant sur leur territoire des terroristes, en les envoyant dans d’autres États ou en finançant des actes terroristes avec pour objectif de changer des régimes. « Il est évident que ce sont ceux qui disent promouvoir les droits de l’homme et l’état de droit qui violent le plus les droits de l’homme et le droit international pour justifier la lutte contre le terrorisme, et que ce sont les mêmes qui créent, financent et organisent les groupes terroristes au Moyen-Orient », a-t-elle insisté.
Pour la représentante, la lutte contre ce fléau doit être une lutte ouverte, encadrée par la Charte des Nations Unies, et à laquelle participent tous les États Membres, dans le respect de leur souveraineté et de leur intégrité territoriale. Elle a appuyé l’élaboration d’une convention sur le terrorisme et demandé à tous les États Membres de faire preuve de flexibilité.
M. RODOLFO REYES RODRÍGUEZ (Cuba) a déclaré que son pays condamnait le terrorisme sous toutes ses formes, y compris le terrorisme d’État. Opposé à la politique de deux poids, deux mesures, il a rappelé que son pays avait essuyé des actes terroristes tout au long de son histoire. Pour y remédier, Cuba s’est dotée en 2001 de la « loi 93 » qui constitue une norme juridique pénale et a ratifié 18 conventions internationales en matière de lutte antiterroriste. Le représentant a ensuite réaffirmé qu’il était du devoir des États d’extrader tous les terroristes, comme c’est le cas de Luis Posada Carriles, responsable du « premier attentat contre l’aviation civile de l’hémisphère occidentale », qui avait coûté la vie à 73 personnes.
M. MINNA-LIINA LIND (Estonie) a déclaré qu’une coopération étroite entre États membres de l’Union européenne devrait prévaloir dans la lutte contre le terrorisme. Son pays a signé le Protocole facultatif à la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention du terrorisme qu’il entend ratifier prochainement, a indiqué le représentant. Il s’est félicité d’annoncer que les toutes premières affaires de financement d’activités terroristes allaient faire l’objet de poursuites judiciaires. Pour sa part, l’Estonie prend en compte la dimension du respect des droits de l’homme dans ses activités de lutte antiterroriste aux niveaux national et international, a ajouté la délégation.
M. GIORGI KVELASHVILI (Géorgie) a attiré l’attention sur les risques que présenterait l’acquisition par des organisations terroristes d’armes de destruction massive. Il a ensuite annoncé qu’en coopération avec l’Institut interrégional de recherche des Nations Unies sur la criminalité et la justice, le Gouvernement de la Géorgie avait organisé des manifestations de haut niveau en octobre2014 et 2015 sur le sujet de la réduction des risques de menaces terroristes posées par les armes chimiques, biologiques, radiologiques ou nucléaires.
De plus, en décembre 2015, la Géorgie, le Maroc et les Philippines ont établi le Groupe des amis de l’ONU pour la gouvernance de la sécurité et l’atténuation de ce type de risques, a relevé le représentant.
M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a invité la communauté internationale à se focaliser sur les raisons que les terroristes évoquent pour susciter l’adhésion des jeunes. Un terroriste est un terroriste, a-t-il proclamé, expliquant qu’un terroriste n’a ni religion, ni foi et encore moins de principe. Fort de ce constat, il a indiqué que le Bangladesh n’accordait aucune tolérance face aux actes terroristes ou face à l’extrémisme violent sous toutes ses formes et manifestations.
Il a déploré le fait que les terroristes utilisent l’Internet pour répandre leur message, appelant la communauté internationale à combler ces lacunes dans le système numérique qui bénéficient à la propagande terroriste. Il a également appelé le Conseil de sécurité à s’attaquer aux causes profondes du terrorisme, y compris en mettant tout en œuvre pour la reprise du processus de paix au Moyen-Orient. Il a aussi souhaité que le Conseil de sécurité mène des examens objectifs de la situation du terrorisme dans le monde, appuyé en cela par des faits vérifiables sur le terrain.
M. MOHAMED KHALED KHIARI (Tunisie) a indiqué que la Tunisie s’employait à répondre de façon efficiente au terrorisme auquel elle est confrontée, « en s’armant d’une approche globale qui s’inscrit dans la durée ». Il a dit que son pays était résolu à combattre ce phénomène par la force du droit, et c’est dans ce cadre, a-t-il expliqué, qu’une nouvelle loi organique de lutte contre le terrorisme et le blanchiment d’argent a été promulguée en août 2015. Il a expliqué que cette loi criminalisait les actes d’appui, d’incitation, d’entraînement, de recrutement, d’apologie, de tentative et de complicité, mais aussi les voyages vers des zones de conflit, en conformité avec les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, notamment la résolution 2178 (2014).
Il a ajouté qu’une Commission nationale pour la lutte contre le terrorisme avait été également créée en vertu de la même loi, avec pour objectif d’assurer notamment le suivi des engagements internationaux de la Tunisie en matière de lutte contre le terrorisme. Il a indiqué que la stratégie nationale holistique et multisectorielle de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent reposait sur quatre axes qui sont la prévention, la protection, le suivi et la riposte.
M. HAHN CHOONGHEE (République de Corée) a salué le rôle capital de l’ONU et du Conseil de sécurité dans la lutte contre le terrorisme, de même que les nouvelles mesures adoptées pour saper le financement des terroristes, endiguer les flux de combattants étrangers et gérer l’extrémisme violent. Pour sa part, la République de Corée a renforcé sa propre législation pour préserver la sécurité publique et mis en place un centre antiterroriste. Elle participe activement aux efforts internationaux et a renforcé la surveillance de la diffusion des messages en ligne.
Ayant récemment détecté des contenus malveillants, le Gouvernement a pris des mesures pour atténuer les risques qu’ils peuvent représenter. De façon générale, le représentant a préconisé une approche plus complète pour s’attaquer aux problèmes sous-jacents du terrorisme. Il a appuyé le Plan d’action du Secrétaire général contre l’extrémisme violent et souligné l’importance du rôle que jouent les jeunes et de l’éducation dans la prévention du terrorisme.
M. VIRACHAI PLASAI (Thaïlande) a indiqué que le terrorisme n’était affilié à aucune religion, à aucune nationalité ni à aucune civilisation, ajoutant que l’expérience avait montré qu’il ne choisissait pas ses victimes. Il a estimé que la lutte contre le terrorisme à l’échelle nationale exigeait l’adoption de législations robustes et la mise en œuvre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.
Faisant observer que les médias sociaux apparaissaient aujourd’hui comme un puissant outil de recrutement des jeunes par les groupes terroristes, le représentant a souligné la nécessité de protéger la liberté d’expression et d’établir des régulations nationales pour contrer la propagande terroriste.
Il a plaidé pour le renforcement de la coopération régionale, tout en appelant la communauté internationale à s’unir derrière la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies. Il a enfin estimé que le monde avait besoin d’un instrument international contraignant de lutte contre le terrorisme, appelant à la mise en place d’une convention internationale à cet effet.
M. AHMED FATHALLA, Observateur permanent de la Ligue des États arabes, a rappelé qu’il était temps de se pencher sur les causes profondes du terrorisme, qui touche le monde arabe, avant de dénoncer les agissements de groupes terroristes qui massacrent des innocents. Il est plus que jamais nécessaire pour la communauté internationale de s’accorder sur une définition unique du terrorisme, a préconisé l’observateur, soulignant que l’examen biennal de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, en juin prochain, serait l’occasion de mettre fin à la politique du deux poids, deux mesures, qui prévaut en ce domaine.
La Ligue a demandé à la communauté internationale de développer un « réseau de médias technologiques » pour empêcher les groupes terroristes de recruter des combattants étrangers sur les réseaux sociaux. La délégation a par ailleurs regretté les lacunes dans l’application des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité sur la situation au Moyen-Orient.
M. ION JINGA (Roumanie) a fait remarquer que l’impact des combattants terroristes étrangers était renforcé par des campagnes agressives de recrutement sur les médias sociaux. Il a fait remarquer que le fait de combattre l’utilisation d’Internet à des fins terroristes représentait un défi pour beaucoup d’États. Les mesures sécuritaires et militaires ne suffisent pas dans la lutte contre le terrorisme. Le représentant a salué l’approche du Secrétaire général qui vise à axer davantage les efforts sur les causes sous-jacentes du terrorisme. C’est pourquoi, les plans d’action doivent prévoir des mesures concrètes pour contrer la propagande de l’EIIL, le trafic d’armes illégales et le financement du terrorisme et de l’extrémisme violent en ligne. Il a souhaité l’adoption d’une approche globale, complète et proactive, basée sur le principe de l’appropriation nationale.
M. Jinga a souligné qu’il était important de s’attaquer aux groupes affiliés à l’État islamique qui se trouvent dans des zones plus étendues que celles contrôlées par Daech. Si la communauté internationale veut vraiment vaincre l’EIIL, elle doit œuvrer contre le groupe dans son ensemble, et non pas seulement contre sa partie la plus visible. De plus, a-t-il ajouté, « il ne faut pas permettre aux terroristes d’exploiter la situation des réfugiés et de manipuler l’opinion publique pour la polariser contre des migrants qui fuient eux-mêmes des territoires occupés par des terroristes pour sauver leur vie ».
M. PASCAL BUFFIN (Belgique) a remercié les nombreux États, organisations régionales ou internationales qui ont offert leur soutien moral ou pratique après l’attentat du 22 mars qui a touché la Belgique de plein fouet. La Belgique n’a pas attendu ces événements tragiques sur son territoire pour prendre ses responsabilités, a-t-il dit, en signalant les nombreuses mesures prises depuis plusieurs années pour renforcer ses capacités de lutte contre le terrorisme. Le Code pénal belge, par exemple, criminalise les voyages à des fins d’entraînement dans les zones de conflit ainsi que la participation à des conflits à l’étranger. Le pays a aussi un plan d’action contre le radicalisme depuis 2005.
Le représentant a appelé à traiter les causes profondes du phénomène, en se basant sur une approche holistique et en faisant jouer un rôle essentiel aux jeunes, aux femmes, à l’éducation et à l’emploi. La solution passe aussi par la prévention et la résolution politique des conflits internationaux, a-t-il ajouté, en invitant la communauté internationale à s’unir pour résoudre politiquement et pacifiquement les conflits, en commençant par celui de la Syrie.
Enfin, M. Buffin a reconnu que, même dans une approche intégrée, la réponse sécuritaire était inévitable. C’est pourquoi la Belgique s’implique dans la Coalition internationale contre Daech et renforce ses propres outils pour répondre à la menace. Cette coopération internationale est d’autant plus nécessaire que la menace, en particulier celle des combattants terroristes étrangers, évolue et pose sans cesse de nouveaux défis. Il a prévenu de l’utilisation de substances chimiques pour la fabrication de bombes, ainsi que de nouveaux espaces virtuels de non-droit comme le Dark Net, ou encore de l’approvisionnement en armes illégales.
M. Y. HALIT CEVIK (Turquie) a rappelé que son pays était une victime du terrorisme international, qui a fait de nombreuses victimes à Istanbul et Ankara. Pour s’en défendre, son gouvernement a pris de nombreuses mesures, établissant par exemple une « unité d’analyse de risques ». Rappelant que son pays luttait contre Daech sur tous les plans, y compris financier, le représentant a indiqué que sa délégation s’était portée coauteur de la résolution 2199 (2016), qui a porté création de sanctions visant à combattre le trafic illicite d’antiquités et de biens culturels en provenance d’Iraq et de Syrie. En outre, la Turquie est en train d’opérationnaliser un « système de sécurité physique » le long de la frontière. Troublé par les allégations avancées ce matin par la Fédération de Russie, qu’il a jugées « sans fondement », le représentant de la Turquie a déclaré que ce pays tentait manifestement de détourner l’attention du public des conséquences de ses frappes aériennes en Syrie. Il a également regretté que le représentant syrien ait choisi d’utiliser l’enceinte du Conseil pour tenir certains propos.
M. MARC-ANDRE BLANCHARD (Canada) a assuré que son pays œuvrait pour édifier une société où chacun a sa place, où tous les droits sont respectés et où chaque personne est traitée avec dignité. Il a aussi souligné l’importance de la promotion de la pensée critique par l’éducation, de l’autonomisation des femmes et de la participation active des jeunes à la société. Mettant l’accent sur la stratégie canadienne de lutte contre le terrorisme, il a rappelé que l’ONU avait un rôle essentiel à jouer dans ce domaine. Le Canada cautionne sans réserve les travaux du Conseil de sécurité visant à adopter une approche unifiée pour combattre le terrorisme, a-t-il assuré, en rappelant que son pays avait été coauteurs des résolutions 2178 et 2253.
Le Gouvernement du Canada a établi dans le droit national des outils qui permettent aux organismes chargés de l’application de la loi et de sécurité nationale de prendre les mesures qui s’imposent, notamment sur la question des « voyageurs extrémistes ». Il a aussi appuyé sans réserve les efforts visant à tarir les ressources des terroristes et prôné, à cet égard, la mise en œuvre des normes internationales du Groupe d’action financière (GAFI). Le Canada, a-t-il assuré, est à l’avant-garde de la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement des activités terroristes. Il lutte aussi contre l’utilisation d’Internet par les terroristes et contre la propagande de l’EIIL sur Internet, notamment avec la collaboration d’autres pays.
M. AHAMED LEBBE SABARULLAH KHAN (Sri Lanka) a déclaré que pour faire obstacle aux terroristes qui prennent pour cibles les communautés vulnérables et marginalisées, il est important d’inclure et engager ces communautés dans le système des Nations Unies qui s’occupe des enfants, des minorités, des femmes et les filles. L’éradication de la pauvreté de concert avec des opportunités sociales et économiques accrues, est essentielle pour combattre la frustration humaine et la menace de radicalisation.
La communauté internationale devrait adopter une approche complète qui englobe non seulement des mesures de sécurité fondées sur la lutte contre le terrorisme mais aussi des mesures préventives systématiques qui s’attaquent directement aux causes profondes de l’extrémisme violent et du terrorisme aux niveaux local, régional et mondial. L’Assemblée générale a unanimement adopté la Stratégie antiterroriste mondiale pour renforcer les efforts nationaux, régionaux et internationaux de lutte contre le terrorisme.
Malgré certains progrès, les États Membres n’ont pas réussi à mobiliser la volonté politique nécessaire pour sortir de l’impasse actuelle concernant le projet de convention générale sur le terrorisme international, a regretté le représentant, avant d’exhorter les États Membres à coopérer pleinement pour trouver des solutions aux questions en suspens.
M. MARTÍN GARCIA MORITÁN (Argentine) a souligné que le terrorisme devait être combattu dans le respect de l’état de droit, des droits de l’homme fondamentaux et des principes de la Charte des Nations Unies. Il a indiqué que la réponse au terrorisme devait être globale et s’inscrire en droite ligne de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.
Il a appelé à renforcer les mesures de prévention du terrorisme, soulignant à ce propos l’importance de l’éducation dans la lutte contre la xénophobie, le racisme et d’autres formes d’intolérance. Il a aussi plaidé pour la promotion de la culture de la tolérance, du dialogue et de la diversité, ajoutant que le rôle des médias était essentiel dans cette optique.
Le représentant a déclaré que la montée du phénomène des combattants terroristes étrangers faisait grandir le risque d’attaques terroristes, invitant la communauté internationale à adopter une approche globale contre le fléau. Il a jugé opportun de travailler en étroite collaboration avec les fournisseurs d’accès à l’Internet et les entreprises du domaine des médias sociaux afin de combattre les recrutements des jeunes et leur endoctrinement, ce qui semble se faire généralement à travers la toile mondial
M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a regretté « l’hypocrisie » et le manque de coopération qui caractérisent l’approche de la communauté internationale en matière de lutte contre le terrorisme. Il faut à tout prix éviter la politique des « deux poids, deux mesures » si l’on veut réaliser de véritables progrès sur le terrain, a-t-il insisté, en espérant que l’examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies en juin prochain permettra de progresser.
L’Éthiopie, a noté le représentant, est située dans l’une des régions les plus volatiles de l’Afrique, qui fait face à des menaces terroristes croissantes. La situation s’est récemment aggravée avec l’impact du conflit yéménite et le ralliement de certains éléments d’Al-Chabab à l’État islamique. Par conséquent, il a souligné l’importance de renforcer les capacités des mécanismes régionaux, tels ceux établis par l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) en matière de sécurité.
Le représentant d’Israël a repris la parole pour dénoncer les propos tenus par plusieurs pays. Il leur a recommandé de s’occuper de leurs propres problèmes, en particulier l’Iran qui soutient, selon lui, le terrorisme. Les accusations portées par l’Arabie saoudite selon lesquelles certaines actions d’Israël alimenteraient le terrorisme ne sont pas fondées, a-t-il affirmé.
Le représentant de la République islamique d’Iran a déclaré que le Conseil de sécurité avait entendu les propos du délégué d’un « pays qui est le principal auteur de terrorisme ». Le régime au nom duquel s’est exprimée cette délégation s’est rendu coupable de « la forme la plus grave de terrorisme » en poursuivant l’occupation de terres arabes et en expulsant des populations palestiniennes. Le représentant iranien a par ailleurs rejeté les accusations portées par l’Arabie saoudite contre son propre pays. Il a tenu à préciser que « les forces les plus destructrices du terrorisme international » étaient issues de l’Arabie saoudite qui aurait, selon lui, entrepris d’imposer sa volonté à d’autres nations, comme le Yémen. Il l’a encouragée à renoncer à sa politique « sectaire », en soulignant que jamais l’Iran n’avait envahi d’autres États.