En cours au Siège de l'ONU

7660e séance – matin
CS/12308

Conseil de sécurité: voyant une « lueur d’espoir » en Syrie, le Secrétaire général adjoint demande un accès humanitaire inconditionnel à 13,5 millions de Syriens

« Après cinq ans de conflit brutal et insensé, nous attendions tous une lueur d’espoir qui laisserait entrevoir la fin des souffrances du peuple syrien.  Ces dernières semaines ont vu une telle lueur, avec une nette diminution du nombre de victimes civiles depuis l’entrée en vigueur de la cessation des hostilités il y a un mois », a annoncé, ce matin au Conseil de sécurité, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence.

M. Stephen O’Brien a néanmoins ajouté: « ce dont nous avons besoin, c’est d’un arrêt permanent des combats, de la fin des sièges et d’un accès sûr, durable, inconditionnel et sans entraves à ceux qui ont besoin d’aide et aussi souvent que nécessaire et par tous les itinéraires possibles ».

Au cours du mois écoulé, a expliqué le Coordonnateur des secours d’urgence, l’accès humanitaire s’est assoupli dans certaines zones assiégées et difficiles à atteindre.  Depuis le début de l’année, une assistance a pu ainsi être prêtée à 150 000 personnes vivant dans 11 de ces 18 zones, grâce à des convois interagences.  En outre, des parachutages de colis sont effectués dans la ville assiégée de Deir ez-Zor, qui compte 200 000 habitants.  Par ailleurs, a encore relevé le haut fonctionnaire, 199 000 personnes des gouvernorats de Homs et du Damas rural ont bénéficié d’une aide, de même que 50 000 autres dans des localités considérées comme prioritaires.

M. O’Brien a salué, « solennellement », l’engagement pris récemment par le Gouvernement syrien à simplifier les procédures administratives pour les convois traversant les lignes de front, à répondre aux demandes du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) dans un délai de sept jours, et à veiller à ce que les « lettres de facilitation » nécessaires lui soient délivrées en trois jours.

« Je suis heureux d’annoncer que le Gouvernement a répondu favorablement à notre plan de convoi interinstitutions pour avril dans les délais prévus », a-t-il ajouté, notant que l’an dernier, plus de 75% des demandes étaient restées sans réponse.  Le haut fonctionnaire a déclaré que l’ONU œuvre actuellement à la fourniture d’une aide humanitaire qui bénéficierait, d’ici à la fin du mois d’avril, à plus de 800 000 personnes vivant dans des secteurs difficiles à atteindre ou assiégés.

Mais, a constaté le Secrétaire général adjoint, nous sommes encore loin d’un accès durable, sans conditions ni entraves, comme en témoigne le sort de 13,5 millions de personnes à travers tout le pays et les obstacles quotidiens auxquels se heurte la communauté humanitaire.

« Jusqu’à présent en 2016, nous avons pu aider environ 30% des populations des zones assiégées et moins de 10% de celles résidant dans les zones difficiles à atteindre », a-t-il relevé, regrettant que l’autorisation des autorités syriennes ne soit que partielle.

Ainsi, le plan approuvé pour avril ne couvre que 6 localités sur 11 et, pour certaines d’entre elles, des quantités précises ne répondant qu’à une fraction des besoins réels ont été fixées par le Gouvernement syrien.  « Nous attendons toujours l’autorisation de nous rendre dans trois zones assiégées qui ne situent pourtant qu’à quelques minutes des entrepôts de l’ONU à Damas », a-t-il déploré, en faisant état d’une « misère quotidienne » sur place, où les gens seraient réduits à se nourrir d’herbes.

Qualifiant de « scandaleuse » l’interdiction, principalement par les autorités syriennes, de livrer 80 000 fournitures médicales et traitements, le Secrétaire général adjoint a déclaré qu’il ne pouvait y avoir « aucune justification possible » à une telle décision, de même qu’au refus de faire évacuer les blessés des zones assiégées.

M. O’Brien a aussi attiré l’attention sur la situation de près de deux millions de personnes vivant sous l’oppression quotidienne et la terreur dans les zones sous contrôle de Daech, d’où proviennent des allégations insistantes de violations généralisées des droits humains.

« Comme vous le savez, en tant qu’humanitaires, notre objectif n’est ni politique ni militaire.  Il est de fournir une aide d’urgence et une protection aux personnes désespérées, où qu’elles se trouvent en Syrie », a observé le Secrétaire général adjoint.  « Pour que cela devienne réalité », la récente autorisation de se rendre dans certaines localités doit être suivie d’un véritable changement.

« Ce dont nous avons besoin, c’est d’un arrêt permanent des combats, de la fin des sièges et d’un accès « sûr, durable, inconditionnel et sans entraves, « pour venir véritablement en aide à tous ceux qui en ont besoin « aussi souvent que nécessaire et par tous les itinéraires possibles ».  Les civils doivent en outre être en mesure de se déplacer librement pour avoir accès aux services de base et à une assistance.

« Et de tout cela, nous avons besoin maintenant, avant qu’il ne soit trop tard », a insisté le Secrétaire général adjoint.

« Le 15 mars dernier, cinq ans après le début du conflit en Syrie, 102 agences humanitaires ont appelé à un accès immédiat et durable aux populations.  Je réitère aujourd’hui cet appel », a déclaré le Secrétaire général adjoint, en s’adressant tout particulièrement aux parties au conflit et aux États qui ont une influence sur elles pour obtenir un accès sans entraves des travailleurs et de l’aide humanitaires et le soutien nécessaire au lancement d’une campagne de vaccination urgente pour les enfants dans l’ensemble du pays.

« Les leçons de l’histoire devraient nous enseigner que la paix ne peut attendre davantage en Syrie.  Les conséquences de l’incapacité à mettre fin au conflit –dans le pays, dans la région et au-delà– sont maintenant lamentablement claires.  Les dernières semaines ont montré, cependant, qu’avec un peu de bonne volonté politique, les parties et la communauté internationale peuvent trouver ensemble des moyens d’atténuer les souffrances des civils et de participer à des pourparlers de paix.  Tous les acteurs humanitaires espèrent sincèrement que ces pourparlers ouvriront la voie à la paix en Syrie », a dit M. O’Brien en conclusion.

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