En cours au Siège de l'ONU

7658e séance – matin & après-midi 
CS/12304

Le Conseil de sécurité examine le rôle des femmes dans la prévention et le règlement des conflits en Afrique

Conscient qu’il importe que l’ONU, ses États Membres et les acteurs régionaux revoient la manière dont ils s’efforcent de promouvoir la paix, la sécurité et le règlement des différends, en particulier en Afrique, l’Angola, qui assure la présidence du Conseil de sécurité au mois de mars, a tenu aujourd’hui un débat public sur le thème « Le rôle des femmes dans la prévention et le règlement des conflits en Afrique ».

Près d’une cinquantaine de délégations ont reconnu, lors de cette réunion, qu’une véritable implication des femmes était déterminante pour l’efficacité de toutes les interventions menées aux fins de la paix et de la sécurité sur ce continent.

Les outils et méthodes de travail du Conseil de sécurité, en particulier le nouveau Groupe informel d’experts chargé de la question des femmes et de la paix et de la sécurité, créé par sa résolution 2242 (2015), de même que l’application de sa résolution 1325 (2000) sur les femmes, la paix et la sécurité, ont fait partie des questions abordées.

Le rôle des femmes dans la prévention des conflits est souvent reconnu mais « rarement visible », a déclaré la Secrétaire générale adjointe et Directrice exécutive de l’Entité des Nations Unies pour l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes (ONU-Femmes), Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka. Sur une note positive, elle a cité en exemple les centres de situation des femmes créés au Libéria, en Sierra Leone, au Sénégal, au Mali, en Guinée-Bissau, en Ouganda, au Kenya, et dans un nombre croissant de pays en Afrique, pour surveiller et prévenir la violence en période électorale.  Pour Mme Mlambo-Ngcuka, « l’autonomisation des femmes est notre première ligne de défense contre le militarisme et l’extrémisme violent ».  La Directrice exécutive d’ONU-Femmes a notamment proposé au Conseil de sécurité d’élargir la participation de la société civile aux consultations sur des situations particulières de pays, aux travaux de ses organes subsidiaires, tel le Comité contre le terrorisme et à ses missions. 

Le Sous-Secrétaire général aux affaires politiques de l’ONU, M. Taye-Brook Zerihoun, a assuré que le Secrétaire général, dès son entrée en fonctions en janvier 2007, avait fait de la promotion de la femme une priorité de son mandat.  Depuis 2012, a-t-il relevé, toutes les équipes de médiation des Nations Unies incluent des femmes, permettant la formulation de dispositions vigoureuses consacrant une perspective sexospécifique dans les accords de paix et de cessez-le-feu. En outre, le Département continue à mettre en œuvre sa Stratégie conjointe avec ONU-Femmes sur la parité et la médiation.

« Les femmes restent une ressource insuffisamment utilisée », a renchéri le Président de la Commission de consolidation de la paix, M. Macharia Kamau (Kenya), en blâmant « les pratiques culturelles cyniques qui font perdurer des attitudes et des normes patriarcales ».  Il a expliqué que la Commission avait élaboré, en coopération avec le Bureau d’appui de la consolidation de la paix et ONU-Femmes, sa première Stratégie pour l’égalité des sexes, qui devrait être adoptée d’ici à juillet 2016.  À son tour, l’Observateur permanent de l’Union africaine auprès des Nations Unies, M. Téte Antonio, a invité la communauté internationale à « arrêter de regarder les femmes comme des victimes », mais plutôt à reconnaître et encourager leurs capacités à faire partie des efforts en matière de paix et de développement.  Il a évoqué le rôle décisif joué par les Libériennes dans la signature de l’Accord de paix d’Accra en 2003.  Il a rappelé aussi que l’Union africaine avait proclamé 2010-2020 comme décennie de la femme africaine, placée sous le thème de l’égalité des genres et de l’autonomisation des femmes.

Invitée à participer à la discussion, la Directrice exécutive du Réseau sud-soudanais d’autonomisation des femmes, Mme Paleki Ayang, a déclaré avoir vu de ses propres yeux la force avec laquelle les femmes contribuaient à la prévention et au règlement du conflit dans son pays.  Le conflit ayant éclaté au Soudan du Sud en décembre 2013, elle avait dû s’enfuir avec sa famille, mais elle y est revenue depuis, avec d’autres femmes, afin de rejeter la violence et créer une plateforme proposant des solutions pacifiques pour mettre un terme au conflit.  Ces femmes se sont mobilisées à travers le pays, mais également à Nairobi, à Kampala et à Addis-Abeba pour réaliser cet objectif.  La Ministre de la famille et de la promotion féminine de l’Angola, Mme Maria Filomena Delgado, a affirmé que la prévention restait la voie la plus efficace pour éviter les coûts humains, sociaux et financiers des conflits.  Elle a rappelé que les Angolaises avaient joué un rôle décisif dans les efforts ayant conduit à la paix dans le pays.  Au cours de la période postconflit, a-t-elle expliqué, les femmes ont pris part activement aux efforts de consolidation de la paix et de reconstruction nationale.

Lorsque le Conseil de sécurité s’est rendu en Afrique de l’Ouest au début du mois de mars, « aucune femme ne faisait partie de la délégation », a constaté ensuite le représentant du Royaume-Uni.  « Quel message adresse le Conseil de sécurité lorsqu’il veut donner l’exemple alors qu’une seule femme siège comme représentante permanente au sein de cet organe », s’est-il ensuite demandé. Dans le même esprit, la représentante des États-Unis a rappelé qu’en février 2013, 11 pays dans la région des Grands Lacs avaient signé un Accord-cadre de coopération pour la paix et la sécurité « sans aucune participation des femmes aux négociations ».   Il a fallu que l’Envoyé spécial des Nations Unies pour la région organise ensuite des consultations avec des groupes de femmes pour associer leurs efforts aux comités nationaux de mise en œuvre.

Fait notable, la première unité de police des Nations Unies constituée uniquement de femmes a été fournie par l’Inde et déployée au Libéria, a indiqué le représentant de l’Inde, qui est le principal pays contributeur de troupes.  Quant à l’Éthiopie, c’est déjà le plus grand pays contributeur de troupes féminines avec 558 femmes déployées dans diverses opérations de maintien de la paix de l’ONU, s’est félicité son homologue de l’Éthiopie.

Par ailleurs, le représentant de la France a parlé des femmes victimes de violence de la part de groupes terroristes en Afrique, et parfois « victimes de la traite des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle », alors que leur commerce continue de financer les activités des groupes terroristes.  Compte tenu de cette situation, il a appelé à « donner aux femmes les moyens d’inverser cette logique de contrôle pour pouvoir décider de leur corps, de leur vie et de la société dans laquelle elles vivent ».  Le délégué de l’Union européenne s’est dit convaincu qu’une participation active des femmes à la vie politique, à la justice et à la sécurité, à la prévention des conflits et aux activités de consolidation de la paix, ferait reculer la culture d’impunité qui prévaut dans certaines situations.

LES FEMMES, LA PAIX ET LA SÉCURITÉ

Le rôle des femmes dans la prévention et le règlement des conflits en Afrique

Note verbale datée du 7 mars 2016, adressée au Secrétaire général par la Mission permanente de l’Angola auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2016/219)

Déclarations liminaires

La Secrétaire générale adjointe et Directrice exécutive chargée d’ONU-Femmes, Mme PHUMZILE MLAMBO-NGCUKA, a fait remarquer que le rôle des femmes dans la prévention des conflits était souvent reconnu mais « rarement visible ».  Elles ne sont pas présentes dans les discussions portant sur la paix au plus haut niveau. 

Mme Mlambo-Ngcuka a toutefois cité en exemple les centres de situation des femmes créés au Libéria, en Sierra Leone, au Sénégal, au Mali, en Guinée-Bissau, en Ouganda, au Kenya, et dans un nombre croissant de pays en Afrique, pour surveiller et prévenir la violence en période électorale.

Selon des études récentes menées par ONU-Femmes, les femmes jouent un rôle plus important pour la réintégration des ex-combattants maliens dans leurs familles et communautés.  Au Sahel, des programmes axés sur la disparité hommes-femmes dans l’accès à la terre permettent d’accroître le revenu, le statut et la résilience des femmes agricultrices et, en contrepartie, de faire face à la radicalisation et aux chocs économiques, politiques, climatiques et autres.

Au Kenya, a poursuivi la Directrice exécutive, les femmes font usage de leur influence pour résister à la radicalisation dans les zones marquées par la marginalisation, la pauvreté et l’inégalité.  De même, au Burundi, des centaines de femmes médiatrices œuvrent sans relâche pour prévenir les conflits locaux et l’escalade des tensions.

Il apparaît que les pays où l’égalité entre les sexes connaît un niveau encore faible ont souvent recours à la force, a constaté Mme Mlambo-Ngcuka.  Or, « les femmes sont les premières à constater des attaques contre leurs droits et leurs libertés, ainsi que la militarisation et la radicalisation d’individus dans leurs familles et leurs communautés », a-t-elle souligné.  Elles sont particulièrement sensibles à certaines questions dans la prise de décisions.

Selon Mlambo-Ngcuka, « l’autonomisation des femmes est notre première ligne de défense contre le militarisme et l’extrémisme violent ».  Elle a proposé au Conseil de sécurité d’élargir la participation de la société civile aux consultations sur des situations particulières de pays, aux travaux de ses organes subsidiaires et à ses missions.  Ainsi, le comité de lutte contre le terrorisme devrait-il consulter régulièrement les organisations de femmes. 

Les membres du Conseil de sécurité devraient systématiquement demander l’inclusion d’une analyse sexospécifique dans les rapports qu’ils reçoivent et dans le cadre de tous les efforts visant à prévenir des atrocités.  Enfin, a-t-elle conclu, l’engagement de consacrer à la parité des sexes et à l’autonomisation des femmes 15% au minimum des fonds alloués à la consolidation de la paix doit être concrétisé.

M. TAYÉ-BROOK ZERIHOUN, Sous-Secrétaire général aux affaires politiques, a assuré que le Secrétaire général avait fait de la promotion de la femme une priorité de son ordre du jour au moment de prendre ses fonctions en janvier 2007.  Au niveau du Département des affaires politiques, cela s’est traduit par la promotion active des femmes aux activités de médiation dans les conflits, mais aussi par la prise en considération des besoins spécifiques des femmes dans les efforts de maintien de la paix.  Il s’agit là d’une série de 15 engagements relatifs aux femmes, à la paix et à la sécurité, a-t-il précisé.  Depuis 2012, a-t-il relevé, toutes les équipes de médiation des Nations Unies incluent des femmes, permettant ainsi la formulation de dispositions vigoureuses en faveur de la parité entre les sexes dans les accords de paix et de cessez-le-feu.  En outre, le Département continue aussi à mettre en œuvre sa Stratégie conjointe avec ONU-Femmes sur la parité et la médiation, s’est félicité M. Zerihoun.

Toutefois, en dépit des efforts concertés déployés par les organisations régionales, ainsi que par les États Membres, un accès inégal des femmes aux processus de prise de décisions persiste partout dans le monde.  Dans ce contexte, donner la priorité à la prévention et à des solutions politiques inclusives est devenue plus que jamais urgent, a souligné le Sous-Secrétaire général.  C’est la raison pour laquelle l’ONU soutient les organisations régionales et sous-régionales en promouvant et renforçant les capacités régionales pour une médiation inclusive en vue de permettre une participation plus efficace à tous les niveaux du maintien de la paix.  Aujourd’hui, près de 85% des activités de médiation se font en étroite coopération avec ces organisations, a noté M. Zerihoun.  Par exemple, le Département des affaires politiques a travaillé de près avec la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) à la suite de la signature d’un cadre de coopération entre les deux organisations en septembre 2010, qui a mis l’accent sur le besoin de renforcer le partenariat en matière de prévention, de maintien de la paix et de médiation, a-t-il expliqué.  De plus, le Bureau des Nations Unies en Afrique de l’Ouest cherche activement à renforcer le rôle des femmes dans la prévention des conflits et la participation à la vie politique, comme en témoigne la formation qu’il a dispensée en 2011, qui a abouti à l’établissement d’un réseau de 32 femmes médiatrices. 

M. MACHARIA KAMAU (Kenya), intervenant en tant que Président de la Commission de consolidation de la paix (CCP), a rappelé que, depuis sa création, la Commission avait appuyé l’idée que les femmes devaient contribuer aux processus de consolidation de la paix et à la prise de décisions dans la reconstruction de leurs pays.  « Garantir la pleine participation des femmes à ces processus est essentiel pour le succès de la reprise économique, de la légitimité politique et de la cohésion sociale », a-t-il ajouté en citant le report du Groupe consultatif d’experts sur l’architecture de la consolidation de la paix. 

Dans sa résolution historique 1325 (2000), le Conseil de sécurité a établi un cadre normatif large appuyé par les États Membres, a souligné M. Kamau.  Pourtant, il reste encore beaucoup à faire pour traduire concrètement ces engagements sur le terrain.  La Commission a toujours montré un véritable intérêt pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, a-t-il insisté.  En 2013, elle a élaboré sa propre déclaration sur l’autonomisation économique des femmes dans le contexte de la consolidation de la paix.

Malgré leur exclusion persistante, les femmes ont contribué à façonner des approches inclusives en matière de sécurité, de consolidation de la paix et de prévention des conflits.  « Les femmes restent une ressource insuffisamment utilisée », a cependant regretté le Président de la Commission en blâmant « des pratiques culturelles cyniques qui font perdurer des attitudes et des normes patriarcales ».

De plus, les approches militarisées des règlements des conflits tendent, selon lui, à supplanter d’autres initiatives « organiques » propres à renforcer la résilience, notamment pour contrer l’extrémisme violent.  Il a évoqué l’absence d’un redressement économique qui prenne en compte la dimension hommes-femmes après les conflits et des processus bureaucratiques qui négligent les aspects locaux d’appropriation des programmes.

Ces goulets d’étranglement manifestes ont amené la Commission à élaborer sa première stratégie pour l’égalité des sexes, avec l’appui du Bureau d’appui de la consolidation de la paix et d’ONU-Femmes, a expliqué M. Kamau.  Cette stratégie, qui devrait être adoptée avant juillet 2016, contient des recommandations spécifiques pour intégrer la problématique hommes-femmes dans tous les engagements de la Commission dans des pays.

Au Burundi, par exemple, ONU-Femmes appuie un réseau de 534 médiatrices qui travaillent dans toutes les municipalités.  En 2015, s’est félicité l’intervenant, elles se sont occupées de plus de 5 000 différends au niveau local.  « La paix ne peut être durable qu’avec la participation de toutes les parties prenantes, y compris la société civile », a conclu M. Kamau.  À cet égard, il a salué l’adoption de la résolution 2250 (2015) sur les jeunes, la paix et la sécurité.

M. TÉTÉ ANTONIO, Observateur de l’Union africaine, a invité la communauté internationale à arrêter de regarder les femmes comme des victimes, mais plutôt à reconnaître et encourager leurs capacités à faire partie des efforts en matière de paix et de développement.  Il a rappelé le rôle décisif joué par les Libériennes dans la signature de l’Accord de paix d’Accra en 2003, notamment à travers l’association « Women of Liberia Mass Action for Peace ».  Il a rappelé aussi que l’Union africaine avait proclamé 2010-2020 comme décennie de la femme africaine, placée sous le thème de l’égalité des genres et de l’autonomisation des femmes.  L’année 2015 fut celle de l’autonomisation de la femme et du développement vers la réalisation de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, tandis que la présente année est celle des droits de l’homme avec un accent sur les droits de la femme, a-t-il souligné.

En plaçant les femmes au centre des délibérations, l’Union africaine est résolue à briser toutes les barrières qui bloquent l’émancipation des femmes et filles d’Afrique, a assuré son représentant.  Il a expliqué qu’en améliorant la protection des femmes, l’Union africaine entendait promouvoir les engagements régionaux et internationaux en faveur de la paix et de la sécurité, tout en renforçant la participation des femmes dans les efforts en matière de paix et de sécurité.  Il s’est en outre félicité de ce que la Commission de l’Union africaine ait atteint la parité entre les sexes dans ses instances dirigeantes.  La Commission, a-t-il ajouté, a lancé un programme quinquennal, sur la période 2015-2020, sur le genre, la paix et la sécurité.  Ce programme entend servir de cadre pour le développement de stratégies effectives et de mécanismes pour améliorer la participation des femmes dans la promotion de la paix et la sécurité en Afrique, a-t-il expliqué.  Il vise également à protéger les femmes en temps de conflit et en période postconflit.  L’Observateur permanent a ensuite rappelé que l’Union africaine avait organisé des formations en faveur des femmes sur les thématiques telles que la médiation, l’observation électorale et sur le counseling en politique.  Il s’est félicité de ce que des femmes soldats de la paix aient été déployées sur le continent, citant ainsi le cas de la Mission d’observation militaire de l’Union africaine en Somalie (AMISOM).

Beaucoup reste à faire pour une participation égale des femmes aux efforts de prévention, de gestion et de résolution des conflits, ainsi que dans la consolidation de la paix postconflit, a cependant reconnu M. Téte.  L’Union africaine prépare actuellement un cadre sur les résultats obtenus par les pays du continent africain afin d’évaluer la mise en œuvre de l’agenda de l’Union africaine en faveur des femmes, la paix et la sécurité par les États africains.  Il a également proposé l’augmentation du nombre de femmes dans les composantes de police des missions de paix de l’Union africaine et des Nations Unies.  Les termes de référence des processus de médiation et de consolidation de la paix doivent également contenir des propositions claires sur la participation des femmes.  M. Téte a aussi prôné que des formations sur « les femmes, la paix et la sécurité soient obligatoires », avant d’appeler à investir davantage dans la prévention des conflits, notamment en faveur d’initiatives des femmes en la matière.

Mme PALEKI AYANG, du Réseau sud-soudanais d’autonomisation des femmes, a déclaré avoir vu de ses propres yeux la force avec laquelle les femmes contribuaient à la prévention et au règlement du conflit dans son pays.  À la suite du conflit qui avait éclaté au Soudan du Sud le 15 décembre 2013, elle avait dû s’enfuir avec sa famille, mais elle y est revenue, avec d’autres femmes, afin de rejeter la violence et créer une plateforme proposant des solutions pacifiques pour mettre un terme au conflit.  Ces femmes se sont mobilisées à travers le pays, mais également à Nairobi, à Kampala et à Addis-Abeba pour réaliser cet objectif. 

Cette mobilisation internationale a permis à des femmes de braver les clivages ethniques pour faire baisser la tension entre les parties en conflit, a expliqué Mme Ayang.  Elle a cité l’exemple d’une femme de l’ethnie Dinka, se trouvant dans un camp de réfugiés, s’est jointe à des femmes Nuer pour créer un groupe de discussion sur les moyens de faire cesser la violence.  « Alors que les hommes veulent se battre à cause de leurs différences ethniques, les femmes établissent des ponts qui réduisent les tensions au sein des communautés », a-t-elle déclaré.

Mme Ayang a ensuite indiqué que le niveau de violence sexuelle dans ce conflit était choquant, en précisant que l’association qu’elle dirige avait créé des réseaux communautaires pour lutter contre la violence sexiste.  Ces réseaux sont dirigés par des hommes, a-t-elle indiqué, en souhaitant que ces derniers soient davantage impliqués dans les efforts visant à réduire la violence et la stigmatisation dont sont victimes les femmes.  Ce fléau a atteint des proportions énormes au Soudan du Sud, à tel point qu’il a détruit le socle social communautaire, et il menace même de saper la fragile paix qui règne en ce moment, a-t-elle averti.  Mme Ayang a demandé au Conseil de sécurité de veiller à ce que les coupables d’atrocités en tant de conflit puissent rendre compte de leurs actes, y compris les soldats de la paix.  Elle a également plaidé pour que les femmes soient impliquées dans les travaux de la Commission mixte de suivi et d’évaluation au Soudan du Sud et dans tout mécanisme régional de consolidation de la paix.

Mme Ayang a particulièrement plaidé afin que les femmes soient impliquées dans le processus de mise en œuvre de l’Accord de paix d’août 2015 au Soudan du Sud, notamment en tant que médiatrices, agentes pour la liaison entre les communautés et pour le suivi du processus de paix.  Elle a appelé le Conseil de sécurité à investir en faveur des programmes visant à améliorer la participation des femmes dans la prévention et la résolution des conflits.  Elle a souhaité que ces programmes soient établis en collaboration avec les populations locales.  Elle a également appelé le Conseil à promouvoir l’inclusion des femmes à des postes électifs, afin que leurs préoccupations soient mieux prises en compte dans la formulation de politiques en matière de paix et de sécurité.  À ce propos, elle a suggéré des réformes constitutionnelles qui imposeraient des quotas de femmes dans les parlements, afin d’avoir plus de femmes dans des positions décisionnelles.  

Déclarations

Mme MARIA FILOMENA DELGADO, Ministre de la famille et de la promotion féminine de l’Angola, a affirmé que la prévention restait la voie la plus efficace pour éviter les coûts humains, sociaux et financiers des conflits.  Elle a aussi déclaré que l’une des manières d’éviter les conflits était de bâtir des sociétés basées sur les principes d’inclusion, d’égalité de tous devant la loi et avec la prévalence de l’état de droit.  Elle a ensuite rappelé que l’examen du dispositif de consolidation de la paix avait permis de conclure que les femmes ont un rôle important à jouer en matière de prévention des conflits, notamment au niveau communautaire.  Elle a ainsi estimé que la prévention des conflits pourrait être plus efficace si elle bénéficiait des connaissances qu’ont les femmes de leur milieu de vie.  La Ministre a ensuite indiqué qu’outre l’inclusion de l’approche genre dans les accords de paix, il faudrait également que les femmes, en participant plus activement dans les processus de négociations, offrent une approche qui offre de meilleures perspectives aux processus de paix.  Il est très important que les mécanismes institutionnels établis en Afrique puissent créer un environnement propice à la participation des femmes dans les activités de paix et de sécurité.

Mme Delgado a rappelé que les Angolaises avaient joué un rôle décisif dans les efforts ayant conduit à la paix dans le pays.  Au cours de la période postconflit, a-t-elle expliqué, les femmes ont pris part activement aux efforts de consolidation de la paix et de reconstruction nationale.  Elle a notamment souligné le rôle important des femmes en tant que soutien psychologique envers les victimes du conflit.  Le Gouvernement angolais collabore avec la société civile en vue de renforcer la participation des femmes dans la vie politique et économique du pays, a assuré la Ministre.  Elle a ainsi cité le cas de l’ONG « Peace Roots » qui entend réunir les femmes de tous les bords politiques représentés au Parlement national, afin que celles-ci participent aux efforts nationaux en matière de consolidation de la paix et de la démocratie en Angola.

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a déclaré que la question qui préoccupait le Conseil de sécurité aujourd’hui n’était pas simplement de mettre un terme à l’inégalité entre hommes et femmes, mais aussi de mettre ce changement au service de la paix.  Il faut, selon lui, accroître la participation des femmes aux processus de médiation et à la vie politique.

En Somalie, c’est ce que le Royaume-Uni s’efforce de faire en prêtant une assistance juridique à des milliers d’entre elles, que son gouvernement a pour intention d’encourager à s’impliquer dans les processus de prise de décisions.  Mais lorsque le Conseil de sécurité s’est rendu en Afrique de l’Ouest au début du mois de mars, « aucune femme ne faisait partie de la délégation », a-t-il constaté.  « Quel message adresse le Conseil de sécurité lorsqu’il veut donner l’exemple alors qu’une seule femme siège comme représentante permanente au sein de cet organe », s’est demandé M. Rycroft.  Aussi, s’est-il félicité de dire que des candidates s’étaient présentées au poste de Secrétaire général, souhaitant que le prochain chef de l’Organisation soit une femme.

Mme MICHELE SISON (États-Unis) a souhaité que ce débat aide un plus grand nombre de femmes à trouver des postes de dirigeantes et à siéger à la table des négociations dans le règlement des conflits en Afrique.  S’il est indéniable que certains progrès y ont été réalisés depuis l’adoption de la résolution 1325 (2000), « il reste encore fort à faire », a-t-elle souligné avant de suggérer trois axes de réflexion.  

Tout d’abord, la représentante a estimé qu’il faudrait redoubler d’efforts pour surmonter les obstacles systémiques à la participation politique des femmes.  En février 2013, a-t-elle rappelé, 11 pays dans la région des Grands Lacs avaient signé un cadre de coopération pour la paix et la sécurité « sans aucune participation des femmes aux négociations ».  Il a fallu que l’Envoyé spécial des Nations Unies pour la région organise ensuite des consultations avec des groupes de femmes pour associer leurs efforts aux comités nationaux de mise en œuvre, avant de lancer en 2014 une plateforme de femmes à cette fin.

Ensuite, le succès à long terme des efforts de consolidation de la paix dépendra du plus fort respect des droits des femmes, a estimé la représentante.  « Les violences sexistes constituent un défi majeur » à cet égard.  « La parité entre les sexes est un impératif stratégique pour les activités du Conseil de sécurité », a-t-elle ajouté.  Évoquant les actes « inqualifiables » perpétrés par l’État islamique et Boko Haram, elle a fait remarquer que l’enlèvement de plus de 250 écolières au Nigéria par des militants de Boko Haram en 2013 montrait de façon tragique comment les groupes manipulent les femmes à des fins politiques.  Afin d’appuyer les victimes des violences sexistes et de combattre l’impunité, les États-Unis ont promu des tribunaux mobiles en RDC et formé 5 555 prestataires de services pour assister les victimes ayant survécu à ces atrocités.

Enfin, a conclu la représentante, la participation active du Conseil de sécurité reste essentielle à une bonne concrétisation des résultats pour les femmes, pour qu’elles participent aux processus de paix, comme au Darfour, en Somalie ou au Kenya.  « Nos résolutions et nos débats ont un impact sur le terrain », a-t-elle assuré.  En Sierra Leone, un programme appuyé par les États-Unis est devenu un instrument fort d’autonomisation des femmes lors de la crise de l’Ebola en 2014.    

M. LUIS BERMÚDEZ (Uruguay) s’est félicité de constater que le débat du Conseil d’aujourd’hui consacré à la primauté des femmes dans les processus de prévention, de médiation et de règlement des conflits soit présidé par une femme.  C’est pourquoi, il est nécessaire de les inclure dans les négociations de paix, comme le stipule la résolution « historique » 1325 (2000).  Il demeure toutefois divers obstacles à la réalisation de cet objectif, a relevé le représentant.  Alors qu’il incombe en premier lieu aux États de faire participer plus activement les femmes dans les processus décisionnels, il a regretté que les femmes continuent d’être exclues de la vie politique.  Il convient par ailleurs que l’ONU nomme davantage de femmes aux postes d’Envoyé spécial, de Représentant spécial et autres.  En dépit d’une dynamique en ce sens, leur accès à ce type de responsabilités est encore insuffisant, a fait remarquer M. Bermudez.  L’Uruguay, a indiqué son représentant, considère en outre que la présence des femmes dans les opérations de maintien de la paix est d’une importance capitale, ce que le Gouvernement uruguayen s’est efforcé de promouvoir dans les missions où ses contingents sont engagés, comme par exemple la MONUSCO en République démocratique du Congo (RDC).

M. LIU JIEYI (Chine) a estimé qu’il faudrait adopter des mesures efficaces pour maximiser la protection des femmes et des groupes vulnérables dans les situations de conflit.  Pour sa délégation, les opérations de maintien de la paix de l’ONU doivent assister les pays hôtes à cette fin, promouvoir une politique de « tolérance zéro » en matière d’exploitation sexuelle, et recruter davantage de femmes dans leurs rangs.  De même, la communauté internationale doit aider à trouver un règlement politique aux conflits et encourager les femmes à devenir des acteurs plus actifs.

Le représentant a estimé qu’il faudrait également encourager les femmes à jouer un rôle accru dans la vie sociale et l’éducation des jeunes pour qu’ils échappent à l’extrémisme violent, et à fournir un appui psycho-social aux communautés.  Il a ensuite mis l’accent sur la lutte contre la pauvreté et la promotion du développement économique en Afrique, afin d’éliminer les causes profondes des conflits.

La manifestation de haut niveau pour les femmes organisée en septembre dernier sous l’égide de l’ONU et de la Chine, avec plus de 145 pays et 45 chefs d’État et de gouvernement, a eu « un impact profond », s’est félicité le représentant.  Pour sa part, la Chine s’est financièrement engagée avec ONU-Femmes à aider les femmes africaines à accéder aux soins de santé et à l’éducation.  Il a évoqué « les efforts récents de la Chine dans presque tous les pays du continent » et l’aide en nature que son pays a apportée en Afrique de l’Ouest pour lutter contre l’épidémie causée par le virus Ebola.

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a reconnu l’importance de la participation pleine et entière des femmes à toutes les activités de prévention et de résolution des conflits, de maintien et de consolidation de la paix.  À l’instar d’autres orateurs, le représentant a reconnu que nulle part ailleurs qu’en Afrique, les défis qui se posent à la réalisation d’une telle perspective ne sont plus évidents.  Alors qu’elles sont unanimement reconnues comme étant les « gardiennes » de la culture et les « piliers » des familles, les femmes représentent pourtant moins de 10% des négociatrices dans le monde et seulement 3% des signataires d’accords de paix, selon ONU-Femmes.  Le représentant a salué le fait que les pays africains et l’Union africaine avaient décidé de mettre en œuvre la résolution 1325 (2000) aux niveaux national et régional.  À cet égard, il s’est félicité de l’augmentation du nombre de femmes dans les opérations de maintien de la paix gérées par l’Union africaine et du déploiement d’unités spéciales chargées de fournir une protection aux victimes de violences sexuelles et sexistes.  Le représentant s’est, par ailleurs, félicité de l’initiative conjointe de l’Espagne et du Royaume-Uni visant à établir un groupe de travail informel sur les femmes, la paix et la sécurité.

Mme CAROLYN SCHWALGER (Nouvelle-Zélande) a déclaré que malgré les progrès réalisés depuis l’adoption de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité, les femmes ne sont toujours pas pleinement impliquées dans les processus de paix et de sécurité.  Elle a souligné que le fait de ne pas impliquer les femmes dans ces processus contribue à perpétuer les inégalités.  Elle a expliqué comment la formation d’observatrices électorales au Sénégal, au Kenya, au Nigéria et, plus récemment en République centrafricaine, avait permis de prévenir et réduire la violence et les intimidations en période électorale. 

Elle a ensuite cité l’exemple du rôle clef des femmes dans le règlement du conflit libérien, ou encore le travail important que joue un réseau de femmes burundaises établi par l’ONU, en collaboration avec le Gouvernement, en vue de prévenir la violence dans le pays.  Elle s’est en outre félicitée de la participation, en novembre dernier, d’un groupe composé exclusivement de femmes militaires de la Nouvelle-Zélande, dans la formation sur la mise en œuvre de l’approche sexospécifique au Centre de formation du maintien de la paix d’Accra au Ghana.  Elle a aussi souligné que la présence d’un personnel féminin dans les contingents militaire et de police des opérations de maintien de la paix des Nations Unies donnait plus de confiance aux femmes locales, en leur montrant qu’elles peuvent passer de la condition de victime au rôle de participante active au processus de paix de leur pays.

M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a fait valoir que la contribution des femmes à la paix et à la sécurité ne pouvait plus être laissée de côté.  En particulier, a-t-il noté, la situation en Afrique nécessite un plus grand « esprit d’ouverture ».  Il a donc souligné l’importance d’une participation accrue des femmes pour mettre un terme aux conflits et en prévenir de nouveaux.  Il a appuyé les efforts entrepris en vue d’accélérer la participation des femmes aux processus politiques à toutes les étapes, y compris en les plaçant à des postes de prise de décisions.  Pour cela, il faudrait que toutes les parties aux négociations fassent preuve de volonté politique.  Il faudrait également appuyer la société civile. 

Pour ce qui est de détecter les signes d’alerte précoce, le représentant a proposé de s’inspirer de « la perspective des femmes au niveau communautaire et du terrain », et cité en exemple les centres de situations des femmes créés pour atténuer les violences liées aux élections.  Il a également estimé qu’il faudrait tenir compte des causes profondes des conflits et protéger les droits des femmes.  Il a salué l’initiative de la Commission de consolidation de la paix (CCP) pour élaborer une stratégie d’autonomisation économique des femmes africaines.  Enfin, il est essentiel, a-t-il souligné, de bâtir des communautés résilientes pour lutter contre l’extrémisme violent, en tenant compte de la protection des groupes vulnérables forcés ou manipulés.  Avant de conclure, il s’est dit favorable à un examen approfondi de la coopération des femmes dans les activités du Conseil de sécurité.  

M. FODÉ SECK (Sénégal) a indiqué qu’en tant que continent le plus touché par les conflits, l’Afrique avait un rôle prépondérant à jouer dans la dynamique d’implication des femmes dans la prévention et le règlement des conflits.  Il a déclaré que parmi les mécanismes mis en place par le continent à cet effet, le Protocole de Maputo, additionnel à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, et relatif aux droits des femmes, engageait les États africains à promouvoir la pleine participation, ainsi que la représentation de femmes dans les processus de paix.  Il a affirmé que la nomination d’un envoyé spécial pour les femmes, la paix et la sécurité, par la Présidente de la Commission de l’Union africaine, donnait aussi un écho particulier aux voix des filles et femmes d’Afrique touchées par les conflits.

Le représentant a ajouté qu’en Afrique de l’Ouest, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avait adopté la Déclaration de Dakar sur la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité, renforçant ainsi le rôle des femmes dans la médiation des conflits et la promotion de la culture de la paix.  Il a invité à investir davantage dans des mécanismes d’alerte précoce afin de prévenir certaines actions terroristes en Afrique de l’Ouest. 

Il a aussi plaidé pour la promotion de la culture de la paix et la sensibilisation du public au contenu de la résolution 1325 (2000), notamment en traduisant ce texte dans les langues locales de la sous-région.  Il a appelé à des financements internationaux en vue de promouvoir la mise en œuvre des prescriptions de cette résolution dans les pays africains.

M. RAFAEL RAMIREZ (Venezuela) a déclaré que les femmes et les filles souffraient de façon disproportionnée des conséquences délétères des conflits armés.  C’est pourquoi, elles devraient être au centre des efforts de paix et de réconciliation, a soutenu le représentant, tout en notant les progrès importants accomplis dans la mise en œuvre de la résolution pionnière 1325 (2000).  Le représentant a également pris note des obstacles qui continuent de se poser à la pleine application de ce texte, notamment en Afrique.  L’optimisation des efforts visant à une bonne mise en œuvre nécessitera une réelle coordination entre les États concernés, a poursuivi le délégué du Vénézuela, pour qui les différentes organisations régionales et sous-régionales doivent également réfléchir aux meilleurs moyens d’intégrer les femmes dans toutes les activités auxquelles elles peuvent apporter une contribution significative, « dans le respect de la souveraineté nationale ».  Un aspect important de ce processus est la mise à disposition de ressources suffisantes, a estimé M. Ramirez, avant d’exhorter les missions politiques et de maintien de la paix des Nations Unies à promouvoir le rôle des femmes dans les processus de paix.

M. YOSHIFUMI OKAMURA (Japon) a dit avoir constaté « de visu », notamment en Côte d’Ivoire, que la mobilisation des femmes était un élément clef pour faire face aux difficultés rencontrées en Afrique.  « Les femmes sont des gestionnaires », a-t-il affirmé en évoquant les efforts déployés par le Japon pour exploiter le potentiel des femmes.  Les projets les mieux présentés et exécutés sont toujours ceux qui sont gérés par des femmes, a-t-il estimé en se fondant sur les constatations qu’il a faites sur place.  Ensuite, a-t-il ajouté, « les femmes sont des entrepreneurs » et, avec l’argent gagné, elles contribuent à l’éducation des enfants.  De plus, « les femmes sont courageuses, elles défendent la paix ».   

Pour ce qui est du rôle des femmes en Afrique, il ne s’agit pas seulement de les autonomiser ou de les protéger, a insisté le représentant.  Il faudrait également « mobiliser leur pouvoir » et réfléchir à la manière d’utiliser ce pouvoir.  À cet égard, le Japon salue les efforts déployés sur le continent pour établir des plans nationaux en matière de paix et de sécurité.  En tant que membre du Conseil de sécurité, le Japon souhaite contribuer au Groupe informel d’experts sur la question, et, en tant que membre actif de la Commission de consolidation de la paix, il appuie les efforts visant à tenir compte de la parité hommes-femmes, a assuré son représentant.  

En outre, a-t-il annoncé, le Japon versera en 2016 une contribution de 14 millions de dollars à ONU-Femmes et au bureau du Représentant spécial du Secrétaire général sur la violence sexuelle dans les conflits.  Enfin, le Japon accorde une grande importance à ses relations avec l’Afrique à travers le processus de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD) qui mettra l’accent cette année, entre autres, sur la question du rôle des femmes dans la prévention et le règlement des conflits.

M. FRANCOIS DELATTRE (France) a fait observer que le principe de la participation des femmes n’était plus débattu, et que, de nos jours, on se demandait plutôt « quels outils faut-il pour renforcer et garantir une participation active des femmes dans la prévention et la résolution des conflits ».  Il a répondu à cette question en notant que le pouvoir décisionnel des femmes dans les processus de paix pouvait être renforcé en facilitant la participation de la société civile.  « Sans société civile, manque l’inclusivité, et sans cela pas de paix durable », a—t-il expliqué. 

Il a invité les gouvernements à « ouvrir les portes aux organisations qui représentent les femmes » s’ils souhaitent construire les bases d’un développement durable.  Il a encouragé l’Union africaine à poursuivre ses efforts pour accorder plus de place aux femmes à travers son programme « Genre, Paix et sécurité ».

Le représentant a ensuite dit que le rôle des femmes dans la prévention et la résolution des conflits devait être accru dans le cadre des stratégies de lutte contre l’extrémisme violent et contre le terrorisme.  Il a parlé des femmes victimes de violence de la part de groupes terroristes en Afrique, et parfois « victimes de la traite des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle », alors que leur commerce continue de financer les activités des groupes terroristes. 

Au vu de cette situation, il a appelé à « donner aux femmes les moyens d’inverser cette logique de contrôle pour pouvoir décider de leur corps, de leur vie et de la société dans laquelle elles vivent ».

M. Delattre a par ailleurs appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour séparer et réinsérer dans la société les femmes associées aux groupes armés.  Il a relevé que le retour de ces femmes est parfois violent.  Elles sont rejetées par leur mari, leur famille et par le marché du travail.  C’est pourquoi, a-t-il estimé, les femmes libérées des groupes armés doivent bénéficier, au même titre que les hommes soldats ou rebelles, des programmes de démobilisation, désarmement et réinsertion (DDR). 

Il a ajouté que les réformes du secteur de sécurité post-crise devaient prendre en compte les femmes et les questions de genre.  Il a indiqué que pour cette raison, le Plan d’action « Femmes, paix et sécurité » de la France, pour la période 2015-2018, contribuait à plusieurs programmes en Afrique, lesquels sont consacrés, entre autres, à la cohésion sociale, l’éducation, et l’accès à la justice des femmes dans les situations postconflit. 

M. EVGENY T. ZAGAYNOV (Fédération de Russie) a salué les efforts déployés par les États membres africains et l’Union africaine pour intégrer une perspective sexospécifique dans toutes les activités de paix et de médiation sur le continent, citant tout particulièrement le Programme genre, paix et sécurité mis en place par l’Union africaine.  Pour sa délégation, l’inclusion des questions de parité dans les processus de prévention des conflits, de médiation et de paix ne doit pas simplement revêtir un « caractère déclaratoire ».  Notant que la responsabilité de la protection des femmes revient au premier chef aux États concernés, le représentant russe a indiqué que l’ONU et les organisations régionales devraient, pour leur part, y prêter leur concours.  S’agissant de la proposition de créer un groupe de travail « femmes, paix et sécurité » faite par certains membres du Conseil, il a exprimé des réserves, se disant toutefois prêt à travailler avec eux pour formuler des recommandations pertinentes destinées à promouvoir le rôle des femmes, « sur la base de la résolution 1325 (2000) ».

M. ROMÁN OYARZUN MARCHESI (Espagne) a reconnu que la tâche du Conseil de sécurité était essentiellement axée sur des aspects militaires, ce qui ne veut pas dire qu’il ne faille pas progresser sur la question du rôle des femmes dans la prévention et le règlement des conflits.  « Lorsque les femmes ne participent pas comme il convient au processus d’édification de la paix, il se produit une paix fragile et injuste, où une partie de la population impose à l’autre partie de la population son point de vue », a-t-il déploré.

Le représentant a salué le rôle de la plateforme régionale des femmes au Sahel coordonnée par ONU-Femmes, le travail d’appui de la MINUSS au Soudan du Sud et le Mécanisme de prévention de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD).  Il a ensuite constaté « un changement au niveau de la sensibilisation des délégations ».  Ainsi, a-t-il précisé, « il y a une phase antérieure et une phase postérieure à la résolution » portant création du Groupe informel d’experts qui va veiller à ce que le Conseil de sécurité appuie rigoureusement les sept résolutions existantes sur les femmes, la paix et la sécurité. 

« Il y a un débat en cours concernant la désignation du prochain Secrétaire général ou de la prochaine Secrétaire générale de l’ONU », a-t-il relevé ensuite.  Il y a à ce sujet « deux écoles de pensée »: ceux qui disent qu’idéalement ce devrait être une femme, et ceux qui considèrent que l’essentiel est qu’il s’agisse d’un individu véritablement engagé en faveur de la cause des femmes, a-t-il fait remarquer.  Quoiqu’il en soit, a conclu le représentant, il faudrait rester sur la voie de l’intégration des femmes aux niveaux local, national, régional et international, en renforçant l’interaction des pays avec le système des Nations Unies.

M. OSAMA ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) s’est félicité de l’élan impulsé par des décisions telles que la nomination de l’Envoyée spéciale de l’Union africaine pour les femmes, la paix et la sécurité.  Il a également salué les conclusions, adoptées vendredi dernier, par la Commission de la condition de la femme, qui a réaffirmé l’importance de la participation des femmes à la prévention et au règlement des conflits.  Le représentant a cependant regretté l’écart qui persiste entre les résolutions adoptées et leur pleine mise en œuvre, en soulignant par exemple qu’il est nécessaire d’opérationnaliser le groupe informel d’experts chargé de la question des femmes et de la paix et de la sécurité, prévu par la résolution 2242 (2015).  Le délégué a cependant dénoncé la « politisation » des droits de l’homme et du droit international humanitaire, rejetant ainsi les attaques contre la souveraineté nationale des États fondées, selon lui, sur des éléments d’information non vérifiés.  L’Égypte a été l’un des tous premiers pays à mettre en œuvre la résolution 2242, notamment en se dotant d’un plan d’action national reflétant ses dispositions, a-t-il rappelé avant de conclure. 

M. YERZHAN ASHYKBAYEV, Vice-Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, a rappelé que la communauté internationale devait fournir un appui aux États africains pour promouvoir le rôle des femmes en faveur d’une culture de paix.  Mais il a constaté qu’en dépit de progrès accomplis par de nombreux pays au niveau local, la proportion de femmes impliquées dans des négociations de paix régionales et internationales, ainsi que dans les processus de prise de décisions, demeurait insuffisante. 

« Ces fossés dans la mise en œuvre doivent être surmontés de manière concertée par les pays hôtes, les missions politiques spéciales et les opérations de maintien de la paix, les organisations internationales et les agences de développement », a souligné le Vice-Ministre.  À cet égard, en 2015, le Kazakhstan et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) ont lancé conjointement un projet lié à « la mise à jour des compétences professionnelles pour améliorer la productivité, l’emploi et le développement ».  Cette initiative, a expliqué M. Ashykbayev, a pour objectif de prêter assistance aux pays africains au travers d’une formation aux renforcements des capacités, auquel de nombreuses expertes ont pris part en 2015.

M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) s’est félicité des recommandations de l’Étude mondiale sur la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000), et de l’accent qui y est mis sur la protection des femmes en période de conflit.  Il a rappelé les succès remportés par les femmes africaines, notamment dans le contexte du processus de paix au Libéria ou encore le pourcentage important de femmes dans le contingent militaire de l’Afrique du Sud.  Les instruments politiques mis en place par l’Union africaine pour promouvoir l’autonomisation des femmes, ainsi que le Programme « femmes, paix et sécurité » de l’Architecture africaine de paix et de sécurité sont des outils efficaces pour promouvoir le rôle des femmes en tant qu’agents de la paix, a estimé le représentant qui salue en outre l’Agenda 2063 de l’Union africaine.  Il n’a pas manqué de relever que trois missions de maintien de la paix en Afrique sont désormais sous l’autorité d’une femme (la Mission des Nations Unies en République du Soudan du Sud-MINUSS; l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire-ONUCI; et la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental-MINURSO).

Toutefois, les femmes ne représentent aujourd’hui que 4% des 88 000 troupes et personnels de police déployés par l’ONU en Afrique, dont beaucoup sont confinées à des postes administratifs et de soutien, a regretté le représentant qui a invoqué la résolution 2242 (2015) du Conseil de sécurité appelant à augmenter les effectifs de femmes dans les composantes militaire et de police des contingents onusiens au cours des cinq prochaines années.  Pour lui, les femmes Casques bleus sont particulièrement bien placées pour reconstruire la confiance mutuelle entre communautés locales et aborder les questions liées aux abus sexuels et à la violence sexuelle.  Il a ainsi insisté sur le problème grave de la violence sexuelle en situation de conflit qui continue à être présent dans certaines régions d’Afrique, notamment les viols et l’esclavage sexuel.  Le Brésil, qui condamne ces crimes, exige en outre qu’ils soient punis.  En tant que Président de la Commission de la condition de la femme cette année, M. Patriota a réaffirmé son attachement à l’égalité entre les sexes et à la promotion de la femme tant dans la sphère politique que dans le contexte sécuritaire.

M. SYED AKBARUDDIN (Inde) a constaté que les femmes et les filles continuaient d’être les principales victimes des conflits en Afrique, bien qu’elles ne participent pas aux combats.  Selon divers rapports de l’ONU, a-t-il relevé, les femmes représentent moins de 4% des signataires des accords de paix dans le monde, et moins de 10% des négociateurs à la table des négociations.  En outre, les femmes ne constituent que 3% des soldats et 10% des policiers déployés dans le cadre des missions de paix de l’ONU.

À court terme, a reconnu le représentant, il faudrait renforcer et institutionnaliser le rôle des femmes dans la prévention et le règlement des conflits.  Pour cela, la question doit être examinée « dans le contexte sociétal général » qui implique la problématique hommes-femmes et les aspects liés au développement.  Il a salué les travaux de la Commission de la condition de la femme et du Comité sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’encontre des femmes.  L’Inde a également joué un rôle actif dans les délibérations relatives au rôle des femmes au sein du système des Nations Unies. 

Enfin, a souligné M. Akbaruddin, l’Inde est le principal pays contributeur de contingents avec une participation dans 48 des 69 opérations de maintien de la paix de l’ONU, dont 22 en Afrique.  En particulier, la première unité de police des Nations Unies constituée uniquement de femmes a été fournie par l’Inde et déployée au Libéria.  De plus, le Centre des Nations Unies pour le maintien de la paix basé à New Delhi est en train de former, en partenariat avec ONU-Femmes 40 officiers féminins de 26 pays.

M. PER THÖRESSON (Suède) a souligné que les priorités concernant les femmes et la paix et la sécurité permettaient « de faire les choses différemment » et de renforcer les chances d’une paix durable.  Les recommandations de l’étude mondiale ainsi que la résolution 2242 (2015) du Conseil de sécurité donnent, selon lui, un nouvel élan pour passer d’une approche ad hoc à une approche qui inclut les femmes, sur un pied d’égalité avec les hommes, à tous les stades de la prévention et du règlement des conflits ainsi que de la consolidation de la paix.  Il faut que cela devienne une priorité absolue pour nos gouvernements, a insisté le représentant qui a mis l’accent sur le rôle essentiel de la prévention des conflits.  Il a également appelé à une représentation égale et un engagement actif des femmes dans toutes les enceintes gouvernementales et non gouvernementales ainsi que communautaires.

« Nous devons nous concentrer sur la représentation dans un premier temps », a estimé M. Thöresson qui a plaidé en faveur d’une participation significative des femmes à tous les stades des processus de paix.  L’Étude mondiale, a-t-il rappelé, a démontré le lien qui existait entre la participation des femmes à ces processus et les chances de voir des accords de paix signés et mis en application dans la durée.

En second lieu, il faut mettre l’accent sur les femmes en tant que médiateurs », a estimé le représentant, en citant les succès d’une initiative des pays scandinaves sur les femmes médiatrices pour la paix aux plans national, régional et international.  Enfin, il a demandé une approche proactive du leadership des femmes.  Pour sa délégation, toute analyse de conflits doit tenir compte des questions liées au genre et des besoins spécifiques des femmes, hommes, filles et garçons.  On ne peut plus ignorer le rôle différent que jouent les femmes, ni leurs contributions positives dans le contexte des processus de paix, a conclu le représentant en précisant que le développement durable ne pourra être réalisé sans la participation active de la moitié de la population.

M. CHARLES WHITELEY, Union européenne, a salué les efforts déployés en Afrique pour galvaniser le rôle des femmes dans la prévention et la résolution des conflits.  Il a salué les progrès accomplis dans le cadre du Programme de parité, de paix et de sécurité en Afrique, qui bénéficie du soutien de l’Union européenne.  M. Whiteley s’est félicité également de la politique de tolérance zéro de l’Union africaine concernant les allégations d’exploitation et d’abus sexuels dans les situations de conflit, y compris lorsqu’elles sont commises par des forces déployées pour protéger les populations civiles. 

Renforcer la participation des femmes à la vie politique, à la justice et à la sécurité, à la prévention des conflits et aux activités de consolidation de la paix, ne fera que faire reculer la culture d’impunité qui prévaut dans certaines situations, a préconisé le délégué de l’Union européenne.  Il a noté les dispositions du Plan d’action du Secrétaire général pour prévenir l’extrémisme violent, qui vont dans le sens d’une implication plus active des femmes dans les efforts de lutte contre la radicalisation.  L’Union européenne, a-t-il annoncé, versera 100 millions d’euros d’ici à 2020 à des programmes en faveur de l’égalité entre hommes et femmes et de l’autonomisation des femmes et des filles, notamment en Afrique. 

Mme GILLIAN BIRD (Australie) a souligné que son pays avait été actif pour mettre en œuvre les nouveaux engagements pris dans le cadre de l’examen de haut niveau prévu par la résolution 2242 (2015).  Ainsi, l’Australie est « le premier et le plus important » bailleur de fonds de l’Instrument mondial d’accélération de l’action en faveur des femmes, de la paix et de la sécurité, et de l’aide humanitaire, un outil important pour renforcer, d’une part, la capacité des organisations de femmes pour prendre part aux processus de paix et, d’autre part, leur réponse aux situations de crises et d’urgence.  La représentante a expliqué que cet Instrument avait déjà été mis en œuvre au Burundi, « une nation où les femmes ont joué historiquement des rôles importants dans les processus de médiation et de réconciliation ».  Avec le soutien de l’Australie, le réseau de femmes médiatrices intensifie ses activités pour promouvoir la participation des femmes aux négociations de paix formelles et informelles, a précisé Mme Bird.

M. SEBASTIANO CARDI (Italie) a défendu le principe de l’inclusion des femmes en matière de prévention pour mieux combattre la radicalisation des jeunes et des filles.  Elles doivent être considérées comme l’« épine dorsale » de la société, alors qu’elles sont souvent de facto les « leaders silencieux de la gouvernance familiale ». 

Pour la délégation, elles doivent être parties prenantes d’une stratégie globale visant à garantir une alternative viable au nihilisme et à l’extrémisme.  En outre, a poursuivi le représentant, l’intégration et la diffusion de problématiques sexospécifiques doivent primer à tous les stades des négociations, y compris lorsqu’elles portent sur les stratégies relatives à la non-prolifération et au désarmement. 

Pour l’Italie enfin, l’inclusion des femmes dans les processus de paix doit être vue au travers du prisme des objectifs de développement durable, sachant que leur autonomisation économique ne peut qu’avoir un impact sur le développement viable d’une société, qui est lui-même par voie de conséquence facteur de sécurité. 

M. MAHLATSE MMINELE (Afrique du Sud) a regretté que les femmes restent exclues des initiatives de médiation et de règlement des conflits au plus haut niveau.  Au titre des obstacles qui obstruent la participation des femmes, il a dénoncé « l’exclusion culturelle active et systématique qui existe encore dans de nombreuses parties du monde, y compris en Afrique ».  Il ne faut pas cantonner le rôle des femmes à certains domaines, comme l’exploitation sexuelle, mais l’élargir à tous les aspects de la gouvernance et du développement, de la paix et de la sécurité.

C’est dans cet esprit, a précisé le représentant, que l’Afrique du Sud a lancé le Forum de dialogue sur le règlement des conflits et le maintien de la paix, dont le but est de former des médiatrices de divers pays africains, qu’elles soient déjà ambassadrices, hautes fonctionnaires de ministères ou d’organisations régionales comme la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) ou l’Union africaine, ou encore représentantes de la société civile.  M. Mminele a mis ensuite l’accent sur le fait que les femmes doivent pouvoir jouir d’un accès sans entraves à la justice.  À cette fin, il faut procéder à des réformes du secteur de la sécurité et judiciaire, notamment parce que le statut juridique et les droits des femmes doivent être garantis dans les situations postconflit, a-t-il recommandé.  

Mgr BERNARDITO AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a déclaré avoir été particulièrement attentif au travail « d’inspiration » des femmes africaines pour donner une voix à ceux qui n’en ont pas, prévenir les flambées de violences communautaires, et venir au secours des victimes de conflits.  Selon lui, l’autonomisation des Africaines a été déterminante dans l’arrivée de celles-ci à des postes à responsabilité à tous les niveaux.  Mgr Auza a insisté sur l’importance pour les femmes d’accéder à l’éducation pour réaliser leur potentiel.  C’est la raison pour laquelle il s’est déclaré heureux de pouvoir annoncer que l’Église catholique est le principal pourvoyeur de services éducatifs « pour tous » en Afrique.  Avant de conclure, il s’est élevé contre toutes les formes d’injustice, de violences et de discriminations qui frappent aujourd’hui les femmes.

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a reconnu que les femmes et les filles africaines représentaient les secteurs les plus vulnérables de la société et qu’elles portaient le poids de la violence et des conflits sur le continent.  À ce sujet, le Programme genre, paix et sécurité de l’Union africaine représente un pas dans la bonne direction, de même que l’adoption de plans d’action régionaux pour mettre en œuvre la résolution 1325 (2000).  Au niveau national, l’Éthiopie, qui s’efforce de promouvoir la participation des femmes dans toutes les sphères de la vie et à tous les niveaux du Gouvernement, a réalisé beaucoup de progrès depuis 20 ans.  En outre, s’est félicité M. Alemu, l’Éthiopie est déjà le plus grand pays contributeur de troupes féminines avec 558 femmes déployées dans diverses opérations de maintien de la paix de l’ONU.  Il a souscrit à la politique de tolérance zéro du Secrétaire général en ce qui concerne les abus sexuels commis par des soldats de la paix de l’ONU et souhaité que toutes les parties prenantes soient engagées dans la recherche d’une solution à ce problème.  

M. DAVID ROET (Israël) a déploré qu’à travers le monde, de nombreuses femmes étaient privées de participation aux prises de décisions.  Elles sont tenues hors des discussions sur la paix et exclues des négociations et des prises de décisions, a-t-il dit.  Il a affirmé qu’avec la montée de nouvelles formes de conflit et de terrorisme à travers le monde, la participation des femmes était essentielle pour s’assurer que l’avenir soit plus sûr.

Il a ensuite parlé de la terreur dans laquelle vivent les femmes de certains lieux d’Afrique, courant le risque de se voir enlevées et vendues comme esclaves sexuelles.  Il a estimé qu’alors que les femmes africaines prenaient leur destin en main, il était du devoir de la communauté internationale de les soutenir afin qu’elles puissent jouer un rôle de premier plan dans les négociations et la résolution des conflits. 

Il a appelé à briser les barrières afin que les Africaines développent les capacités à diriger leurs sociétés.  Il a affirmé qu’Israël était prêt à les soutenir, et que depuis 40 ans, l’Agence internationale de coopération pour le développement (MASHAV) menait des programmes d’autonomisation des femmes et de réduction des disparités entre les genres en Afrique. 

M. ADAM KRZYWOSADZKI (Pologne) a reconnu les progrès faits en termes de représentation des femmes africaines dans les sphères politiques et sécuritaires, tout en soulignant qu’il restait encore beaucoup à faire, notamment en termes du nombre de femmes qui participent dans les activités menées par l’ONU, en particulier de maintien et de consolidation de la paix.  Il a demandé qu’il y ait un mécanisme de financement prévisible et durable pour les priorités concernant les femmes, la paix et la sécurité. 

C’est la raison pour laquelle, la Pologne a décidé qu’un minimum de 15% des contributions futures au Fonds des Nations Unies pour la consolidation de la paix seraient dédiés aux besoins spécifiques des femmes et en particulier à la promotion de l’égalité entre les sexes dans les situations postconflit.

Le représentant a également abordé la question des femmes victimes de conflits et a annoncé l’intention de la Pologne de signer les Principes de Kigali pour la protection des civils.  Il a également exigé le strict respect de la politique de tolérance zéro de l’exploitation et des abus sexuels commis par le personnel de maintien de la paix des Nations Unies.  À cet égard, il a appelé à plus de cohérence et de complémentarité entre les différents examens en cours des opérations de maintien de la paix, de l’architecture du maintien de la paix et de la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité.

M. MICHAEL GRANT (Canada) a félicité l’Union africaine des efforts qu’elle a déployés pour promouvoir le Programme genre, paix et sécurité en créant des politiques et mécanismes comme le Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits de la femme en Afrique (le Protocole de Maputo). 

Il a ensuite cité en exemple la « remarquable » Déclaration des femmes de Jos: « Dans le contexte du processus de dialogue intercommunal de grande envergure de Jos, au Nigéria, des femmes se sont réunies pour aborder les causes du conflit, s’engager dans une intervention continue pour le régler et proposer au Gouvernement et aux conseils d’anciens locaux des recommandations fermes au sujet de la voie à suivre pour l’avenir », a expliqué le représentant.

Son gouvernement, a-t-il ajouté, soutient des projets en Afrique visant à répondre aux besoins propres aux femmes et aux filles dans des situations de conflit et d’urgence.  Ainsi, le Canada est-il à l’origine d’une intervention contre les violences sexuelles perpétrées durant les conflits en République démocratique du Congo (RDC) et dans la région des Grands Lacs d’Afrique. 

M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran), qui s’exprimait au nom du Mouvement des non-alignés, a souligné que les chances de parvenir à la signature d’un accord de paix et à sa mise en œuvre sont 20% plus grandes lorsque les femmes ont participé aux négociations.  La participation des femmes à la prévention des conflits en Afrique a facilité les solutions et contribué à mieux comprendre les causes du conflit.  En Afrique, il existe plusieurs mécanismes et structures pour permettre aux femmes de jouer un rôle plus actif dans la paix et la sécurité, a noté le représentant qui a notamment cité le Protocole de Maputo ou encore la Déclaration solennelle sur l’égalité entre les sexes de l’Union africaine.  Les femmes en Afrique jouent également un rôle unique dans l’alerte rapide et la prévention de la violence, y compris dans le contexte électoral.  Cependant, il existe encore de nombreux obstacles à la pleine intégration des femmes dans des approches plus formelles, a estimé le représentant qui a estimé que la dimension hommes-femmes n’était pas suffisamment intégrée dans les initiatives de prévention de conflits et qu’il n’existait pas assez d’indicateurs sur ce point.  Saluant la résolution 66/255 de l’Assemblée générale sur les capacités civiles au lendemain de conflits et la nécessité d’élargir le pool d’experts, il a demandé qu’il y ait une mobilisation des capacités provenant des pays en développement et en associant les femmes en tant qu’agents du changement. 

M. BÉNÉDICTE FRANKINET (Belgique) a indiqué que son gouvernement finançait, à hauteur de deux millions d’euros, la mise en œuvre du projet d’ONU-Femmes en République démocratique du Congo (RDC) intitulé « Appui aux droits et participation des femmes congolaises dans le cadre de la résolution 1325 (2000) ».  Par ailleurs, au Mali, la Belgique assure avec la même organisation la coprésidence du groupe de donateurs axé sur la question du genre.  La délégation s’est à cet égard félicitée de l’augmentation du nombre de femmes au sein du Gouvernement malien, suite au dernier remaniement ministériel, même si elle a regretté leur sous-représentation au niveau décisionnel depuis le début du processus de médiation et dans la phase de mise en œuvre. 

Elle a souhaité que le plan d’action national « Femmes, paix et sécurité 2015-2017 » puisse remédier à ces lacunes.  Le représentant a, en conclusion, appelé tous les pays africains à ratifier le Protocole de Maputo ou le Protocole de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits des femmes en Afrique. 

M. ABDERRAZZAK LAASSEL (Maroc) a indiqué que dans plusieurs conflits qui ont frappé et qui continuent de frapper le continent africain, la femme africaine a su s’engager, efficacement, notamment à travers des « méthodes non confrontationnelles » pour résoudre les conflits et se concentrer plus sur le bien-être collectif.  La femme africaine s’est distinguée en tant que bonne négociatrice dans plusieurs situations, notamment en raison de sa non-implication dans les combats, a-t-il poursuivi.  La femme africaine, a-t-il dit, a su trouver des bons moyens préventifs des conflits et a pu s’associer aux efforts visant à reconstruire une paix durable.  La femme africaine a aussi joué un rôle important au niveau de l’intégration interethnique et de la diffusion de la culture de la paix, ce qui a contribué à créer, dans plusieurs situations, une cohésion sociale, dissiper les dissensions d’ordre socioculturel et permis aux différents groupes ethniques de cohabiter harmonieusement.  Notre monde, a conclu le représentant, nous appelle à renforcer l’implication des femmes dans les processus de prévention des conflits et leur résolution.  Les femmes doivent participer à tous les stades des négociations sur la prévention des conflits, la paix, la justice transitionnelle et la reconstruction.  Le représentant a enfin jugé impératif d’appuyer le travail de la société civile, notamment les organisations de femmes qui défendent les droits humains et promeuvent les mécanismes internationaux de justice.  « Les femmes sont les yeux et les oreilles de la communauté internationale dans la promotion des droits de la femme. »

M. FRANTIŠEK RUŽIČKA (Slovaquie) a appelé à l’accélération des promesses faites par les gouvernements aux femmes il y a 20 ans à Beijing, notamment l’ambition de réaliser l’égalité des sexes.  Il a aussi appelé à la pleine mise en œuvre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité qui prônent l’implication des femmes dans tous les processus de paix et de sécurité. 

Il a estimé que la réforme des secteurs de la sécurité et de la justice, intervenant essentiellement après les conflits, devait permettre d’avoir des institutions représentatives et sensibles aux besoins des deux sexes.  Il a en outre souhaité que cette réforme du secteur de la sécurité permette de lutter contre la violence sexiste.

M. PAUL MENKVELD (Pays-Bas) a constaté que la crainte de l’autonomisation des femmes menaçait le tissu social, soulignant que dans plusieurs parties de l’Afrique, les femmes n’étaient toujours pas associées aux processus de paix et à la prévention et continuaient d’être victimes de violence à large échelle ainsi que d’abus sexuels.  Il en résulte souvent une marginalisation et stigmatisation de la part de leurs familles.  « Il faut mettre un terme à ces pratiques » et cela peut notamment se faire en impliquant les femmes dans les processus de paix et en insistant sur leur rôle en tant qu’agent du changement. 

En tenant compte de cette approche sexospécifique dans la prévention et le règlement de conflits, il sera possible de construire des sociétés plus justes et pacifiques a affirmé le représentant qui plaide en faveur de sociétés où elles participent activement à la politique et jouissent des mêmes chances économiques.  Il en veut pour preuve les résultats obtenus par certaines femmes africaines en position de leadership, notamment Mme Leymah Gbowee au Libéria.

Le sujet « femmes, paix et sécurité » constitue l’une des priorités de la politique étrangère et de développement des Pays-Bas, a expliqué le représentant pour lequel il faut passer à l’action et faciliter le rôle des femmes à la prévention et au règlement de conflits en Afrique par le biais de trois mesures. 

D’une part le partage des meilleures pratiques, en travaillant avec la société civile en vue de parvenir à une plus grande participation des femmes à la prévention et au règlement de conflits, comme c’était le cas notamment en République démocratique du Congo (RDC) et au Soudan du Sud, et en renforçant la protection accrue des femmes.  Il s’agit d’une question sur laquelle il faut se pencher car sans sécurité elles ne peuvent participer efficacement aux processus de paix et au développement.

Les Pays-Bas continuent à jouer leur rôle de partenaire de la paix et à fermement appuyer la mise en œuvre des résolutions 1325 (2000), 2171 (2014) et 2242 (2015) et toutes les autres résolutions sur les femmes, la paix et la sécurité.

M. EMMANUEL NIBISHAKA (Rwanda) a dit que l’expérience du Rwanda faisait voir que l’implication des femmes dans la consolidation de la paix postconflit contribuait à renforcer les activités de celles-ci.  Il a rappelé que le mois prochain, le vingt-deuxième anniversaire du génocide rwandais serait commémoré, un événement, a-t-il rappelé, qui a diminué la proportion d’hommes dans la société rwandaise.  Il a expliqué qu’après cet épisode, les femmes avaient pris en main leur destin en reconstruisant le pays et en adoptant des postures socioéconomiques non traditionnelles, notamment en prenant la tête des familles et des communautés. 

Il a affirmé qu’au-delà des 30% de participation des femmes dans les organes décisionnels du Gouvernement que la Constitution prescrit, et de la majorité de femmes au Parlement rwandais, les organes de sécurité du pays, en collaboration avec des agences gouvernementales, les communautés locales et la société civile, avaient lancé des initiatives de gestion des cas de violence sexiste.

Le représentant s’est ensuite félicité du fait que le Rwanda était le premier pays africain contributeur de troupes féminines pour les forces de police dans les missions de paix onusiennes, notamment avec 220 Rwandaises qui servent dans diverses missions de paix.  Il a enfin invité la communauté internationale à redoubler d’efforts pour la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité.

Mme CRISTINA PUCAINHO (Portugal) a regretté que, malgré le cadre normatif fort en faveur de la participation des femmes et des fillettes au maintien de la paix et de la sécurité mondiales, il restait toujours des défis importants à relever.  À ce titre, elle a notamment rappelé que les femmes et les enfants pâtissaient particulièrement des conflits, notamment en Afrique où elles sont victimes de violences sexuelles et sexistes, alors même qu’elles y représentent plus de 50% de la main d’œuvre du continent. 

Par conséquent il est impensable, selon elle, que la paix puisse perdurer sans leur participation et leur engagement.  Outre leur poids en termes de chiffre, la voix des femmes et des fillettes d’Afrique doit être entendue et leur potentiel développé, a poursuivi la représentante.  Le Programme « genre, paix et sécurité en Afrique » est particulièrement important à cet égard, notamment au lendemain de conflits, mais il faut remédier aux obstacles qui existent encore à sa mise en application, en particulier pour ce qui est de son financement. 

L’adoption, par les États, de plans d’action nationaux pour la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité constitue un outil très important pour promouvoir le rôle des femmes et des fillettes dans la prévention des conflits et la promotion d’une culture de paix.  Pour sa part, le Portugal a adopté son plan d’action en 2009, et une deuxième version en 2014, a-t-elle précisé avant de rappeler que la communauté des pays lusophones, dont six pays africains, avait également adopté un plan stratégique pour promouvoir l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes.

En intégrant l’égalité des sexes dans les activités diplomatiques, militaires, sécuritaires, de justice et de développement, la mise en application de ces plans d’action nationaux contribue activement à la prise en compte des femmes en tant qu’acteurs et agents essentiels dans ce cadre, a estimé la représentante.  Elle a également salué les efforts de l’Union africaine et de l’OTAN qui ont nommé des envoyés spéciaux pour promouvoir les priorités du Programme genre, paix et sécurité.

M. LEVENT ELER (Turquie) a déclaré que les actes horribles perpétrés contre les femmes par des organisations terroristes telles que Boko Haram et Daech démontraient la nécessité de mettre en place une stratégie globale pour contrer l’extrémisme violent et le terrorisme sous toutes ses formes.  Il a déploré le fait que les femmes africaines souffrent de cette explosion de violence sexuelle et sexiste, ajoutant que la stabilisation et le développement en Afrique ne sauraient avoir lieu si les femmes sont dénuées d’accès à la sécurité, à la vie politique, socioéconomique et judiciaire de leur société. 

Il a affirmé que la Turquie était engagée, de manière bilatérale et multilatérale, au renforcement des capacités socioéconomiques des femmes africaines.  Il a aussi fait état de l’engagement de son pays en faveur du Programme de l’Union africaine genre, paix et sécurité.

Pour M. SABRI BOUKADOUM (Algérie), la prévention de conflits suppose que l’on travaille avec les gouvernements mais aussi avec les communautés locales et les femmes, en particulier pour régler les différends par un dialogue et une participation inclusifs.  Toute paix durable exige que les acteurs clefs, « ou les femmes », aient les compétentes et l’accès aux institutions, a poursuivi le représentant qui a appuyé son propos par les statistiques selon lesquelles la participation des femmes augmente de 20% les chances de signer un accord de paix respecté pendant au moins deux ans.  L’expérience a montré que la participation des femmes à la prévention des conflits en Afrique a facilité une appréciation plus inclusive des causes des conflits et l’adoption de solutions alternatives.  Au niveau du continent, un certain nombre de mécanismes, de politiques et de structures ont été conçus pour que les femmes puissent jouer un rôle crucial dans la paix et la sécurité. 

Le représentant a appelé à une meilleure synergie entre les structures d’alerte rapide régionales, continentales et internationales, qui ont souvent profité de l’engagement actif des femmes.  Il a mentionné le système d’alerte rapide de l’Union africaine qui pourrait tirer parti des stratégies développées par l’ONU s’agissant en particulier du renforcement des capacités des acteurs locaux.  Il a aussi parlé du Centre africain pour le règlement constructif des différends (ACCORD), avant d’insister sur le fait que l’Algérie a appelé à la mise en œuvre du programme de l’égalité hommes-femmes pour une autre période de deux ans, de 2015 à 2017, en association avec ONU-Femmes.  L’Algérie, a conclu son représentant, poursuivra ses efforts, en partenariat avec l’ONU et les organisations régionales, pour promouvoir le rôle des femmes aux niveaux local, national et régional.

M. WILFRIED I. EMVULA (Namibie) a rappelé que ce fut sous la présidence namibienne que le Conseil de sécurité avait adopté la résolution 1325 (2000) le 31 octobre 2000.  Il a aussi relevé qu’au sein de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), la Namibie fut le premier pays à ratifier le Protocole sur le genre et le développement en octobre 2009. 

Ce Protocole, a-t-il expliqué, invite les pays de la région à mettre sur pied des mesures pour assurer que les femmes ont une égale participation aux prises de décisions et aux processus de paix que les hommes.  Il s’est félicité de voir que la Namibie était l’un des pays ayant le plus large contingent de femmes soldats de la paix au sein de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD). 

Il a en outre appelé les États à modifier les législations nationales afin de les adapter aux provisions de la résolution 1325 (2000) et de faire face aux inégalités et discriminations structurelles et systémiques présentes dans les lois nationales.

M. VIRACHAI PLASAI (Thaïlande) a recommandé aux États Membres de faire porter leurs efforts sur les moyens d’assurer l’égalité d’accès des femmes à l’éducation, à l’emploi, au financement, à la sécurité sociale, aux services de santé et à la justice.  En outre, a-t-il ajouté, si les droits des femmes et des filles doivent être promus et protégés, celles-ci, « trop souvent considérées comme victimes », sont en réalité d’efficaces moteurs de changement. 

Rappelant que les femmes apportent des points de vue inestimables sur ce que signifient la paix et la sécurité, le représentant a expliqué que l’an dernier, son gouvernement avait chargé l’Institut international pour la paix d’une recherche sur leur impact sur les processus de paix.  Cette étude a confirmé que les processus de paix auxquelles les femmes sont associées ont un pourcentage plus élevé de réussite et de viabilité.  

M. Plasai a enfin soutenu la coopération renforcée entre les Nations Unies et l’Union africaine dans la prévention et le règlement des conflits, soulignant que des effectifs féminins de maintien de la paix peuvent collaborer efficacement avec les populations civiles.

Pour M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) il est essentiel d’assurer la protection des femmes en Afrique.  Il est également important de les autonomiser et de leur permettre de pleinement jouer leur rôle de « rempart » contre les conflits.  Il a assuré que dans son pays, les investissements dans l’autonomisation des femmes et l’égalité entre les sexes avaient conduit à un environnement propice à la prévention, à l’escalade et à la résurgence des conflits. 

Le représentant a également relevé que les groupes extrémistes et terroristes avaient tendance à lutter contre le développement et l’autonomisation des femmes et a saisi cette occasion pour lancer un appel aux organisations de femmes afin qu’elles dénoncent et se mobilisent et s’engagent aux côtés des femmes qui en sont victimes.

Parmi les mesures concrètes à prendre, le Bangladesh appelle tous les États à développer des plans d’action nationaux pour l’application de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité, à investir dans le leadership des femmes et à les associer aux processus de prise de décisions et de négociation dans le but d’intégrer les besoins spécifiques des femmes dans le contexte plus large des accords de paix. 

Sa délégation appelle aussi les Nations Unies à augmenter la part des femmes dans ses effectifs de maintien de la paix, notamment à des postes de responsabilité.  Reconnaissant également le rôle positif des femmes dans la consolidation de la paix, il a regretté qu’il n’atteigne pas son plein potentiel faute de moyens et d’expertise.  Ainsi, le Bangladesh prône la redynamisation de l’approche systémique des Nations Unies en termes d’égalité entre les sexes dans ce domaine.

M. MUHAMMAD ANSHOR (Indonésie) a appelé au renforcement des capacités des femmes africaines en matière de leadership, afin, a-t-il expliqué, d’améliorer leur engagement dans les processus de paix et de sécurité.  Il a estimé qu’au niveau onusien, il serait judicieux de promouvoir l’approche genre dans tous programmes en rapport à la paix et la sécurité dans tout le système. 

Il a aussi souhaité que la question du genre soit intégrée, de manière transversale, dans tous les débats en rapport avec la paix et la sécurité, non seulement au sein du Conseil de sécurité, mais également du Conseil économique et social (ECOSOC) et du Conseil des droits de l’homme. 

Le représentant a ensuite estimé que les soldats de la paix de sexe féminin n’étaient plus à même de protéger les femmes et les filles avant, pendant et après les conflits.  De ce fait, l’Indonésie entend augmenter la participation de ses troupes féminines engagées dans les missions de paix de l’ONU, a-t-il annoncé.

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