En l’absence de « volonté politique », Palestiniens et Israéliens continueront de faire face à un « avenir incertain », prévient le Coordonnateur spécial pour le Moyen-Orient
En l’absence de volonté politique de leur part pour reprendre les négociations de paix, Palestiniens et Israéliens continueront de faire face à un avenir incertain et dangereux, sur fond de changements violents et imprévisibles dans la région, a mis en garde, ce matin, le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, M. Nickolay Mladenov.
« Il ne peut y avoir de paix sans espoir. Encourager l’espoir exige un leadership qui puisse s’inscrire dans un horizon politique. Il exige également d’aller au-delà des actions unilatérales et de mettre fin à la politique éternelle de maintenir le statu quo et de s’engager à améliorer la dynamique sur le terrain dans le but de parvenir à une solution négociée à deux États. Les obstacles sont certes nombreux, et non pas insurmontables », a-t-il déclaré au Conseil de sécurité.
M. Mladenov était venu présenter les développements au Moyen-Orient au cours du mois écoulé, marqué par « certains incidents très sanglants de la vague de violences qui secoue actuellement Israël et la Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem-Est ». Le 8 mars, a-t-il rappelé, un étudiant américain de 28 ans a été mortellement poignardé à Jaffa par un Palestinien qui a également blessé une dizaine d’Israéliens et de touristes.
« Moins d’une heure auparavant, deux policiers israéliens ont été grièvement blessés par des tirs près de la vieille ville de Jérusalem, tandis que, presque simultanément, un Israélien était poignardé aux abords de Tel-Aviv. Il a cependant survécu à ses blessures. Les Forces de sécurité israéliennes ont tué les Palestiniens responsables des deux premiers incidents; l’assaillant du troisième incident aurait été tué par son propre couteau dans une lutte avec sa victime. »
Six mois après ce dernier cycle de violences au cours duquel 30 Israéliens et 198 Palestiniens ont trouvé la mort –la plupart de ces derniers tués lors d’attaques au couteau, à l’arme à feu ou à la voiture-bélier–, il est temps pour la communauté internationale d’aller au-delà de la simple condamnation de tels actes de terreur et de violences et d’adresser un message clair aux deux parties, a estimé le Coordonnateur spécial.
« Au peuple palestinien, nous devons dire clairement que poignarder quelqu’un dans la rue ne contribuera pas à la création d’un État palestinien, ni à la glorification de la violence dans les médias. Ces radicaux déterminés à empoisonner les esprits de jeunes palestiniens doivent reconnaître leur rôle central dans l’éviscération lente du rêve d’un État palestinien », a déclaré M. Mladenov.
De même, a-t-il poursuivi, Israël doit comprendre que la construction de murs, les détentions administratives, les démolitions punitives et les restrictions à la liberté de mouvement alimentent la colère de populations qui se sentent collectivement humiliées, punies et victimes de discriminations.
Six mois après le début de ces violences, il est manifestement clair que les mesures de sécurité seront insuffisantes, a plaidé le Coordonnateur spécial. Israéliens et Palestiniens doivent prendre des mesures démontrant leur engagement à revenir à des négociations pour parvenir à un État palestinien viable et à assurer la sécurité à long terme d’Israël.
Pour la communauté internationale, a-t-il prévenu, « le temps est venu de s’alarmer du fait que la solution à deux États lui glisse entre les doigts et de montrer la voie vers un retour à de véritables négociations ».
C’est la raison pour laquelle le Secrétaire général de l’ONU, l’Union européenne, la Fédération de Russie et les États-Unis –qui forment le Quatuor pour le Moyen-Orient–, ont intensifié leurs efforts pour sortir de l’impasse politique, a expliqué M. Mladenov. Les Envoyés du Quatuor pour le Moyen-Orient œuvrent en ce moment même à une évaluation de la situation sur le terrain, qui sera assortie de recommandations sur la voie à suivre, a-t-il indiqué.
Le Coordonnateur spécial s’est dit toutefois préoccupé par des tendances qui signalent un manque d’engagement des parties à s’attaquer aux principaux problèmes faisant obstacle à des progrès en faveur de la paix.
Ainsi, l’expansion des colonies israéliennes de peuplement se poursuit, comme en témoigne l’appropriation récente de 580 ares au sud de Jéricho comme « territoire d’État ». Cette décision renforce l’entreprise de « consolidation systématique » du contrôle de la Cisjordanie occupée, en violation flagrante du droit international, a relevé M. Mladenov.
En outre, la démolition et la confiscation de structures palestiniennes en Cisjordanie sont devenues plus fréquentes avec 468 maisons et autres structures détruites depuis le début de l’année, a-t-il souligné. « Le nombre total de structures démolies ou confisquées dans ces 12 premières semaines de 2016 a maintenant atteint 85% du nombre total en 2015 ».
Du côté palestinien, le Coordonnateur spécial a regretté que la formation d’un gouvernement palestinien d’unité nationale et la tenue d’élections longtemps différées ne se soient toujours pas concrétisées. Évoquant la situation à Gaza, il a affirmé que les conditions de sécurité y demeurent fragiles, citant cinq tirs de roquettes vers Israël au cours du mois écoulé. En représailles, Israël a, le 12 mars, mené quatre raids aériens, au cours desquels deux enfants palestiniens ont trouvé la mort.
« Cet incident souligne la précarité de la trêve actuelle. J’appelle toutes les factions palestiniennes à faire respecter le cessez-le-feu, qui est vital pour le relèvement de Gaza. Si le mécanisme de reconstruction de Gaza continue de permettre l’achat de matériaux essentiels, la reconstruction elle-même reste « douloureusement lente », principalement en raison des retards dans le versement des contributions annoncées par les bailleurs de fonds.
S’agissant du Liban, a rappelé M. Mladenov, le Secrétaire général de l’ONU s’est félicité de la déclaration à la presse récemment adoptée par le Conseil, qui réaffirme son soutien à la stabilité et aux institutions étatiques de ce pays, a rappelé le Coordonnateur. Le Coordonnateur spécial a ajouté que M. Ban Ki-moon, accompagné du Président de la Banque mondiale, était actuellement en visite au Liban pour deux jours. « Cette visite illustre le ferme engagement de l’ONU et de la communauté internationale à aider le Liban à faire face aux multiples défis que pose la crise syrienne. »