Conseil de sécurité: le Secrétaire général appelle les dirigeants politiques burundais à faire montre de courage pour lancer un processus politique crédible et inclusif
Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a déclaré, cet après-midi devant le Conseil de sécurité, que les dirigeants politiques burundais doivent faire montre de courage et de la confiance nécessaires afin de lancer un processus politique crédible et construire un avenir où la population du pays pourra de nouveau vivre dans la paix et jouir de ses droits fondamentaux.
Rendant compte de sa récente visite dans le pays les 22 et 23 février derniers, il a dit avoir promis au Président burundais que la communauté internationale se tenait prête à soutenir le pays dans la voie d’un processus de dialogue inclusif et crédible.
Il est à noter qu’hormis le Secrétaire général, une mission du Conseil de sécurité s’est rendue dans le pays du 21 au 23 janvier, tandis qu’une haute délégation de l’Union africaine, constituée de cinq chefs d’États a également fait le déplacement les 25 et 26 février derniers.
Des représentants de l’opposition et de la société civile, a-t-il indiqué, lui ont fait part de « troublantes allégations de violence continue et de violations de droits de l’homme, y compris à l’encontre de femmes et d’enfants ». Cette situation inacceptable exige, a-t-il prévenu, la plus grande attention afin de s’assurer que tous ceux qui en sont responsables soient redevables de leurs actes.
Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, M. Zeid Ra’ad Al Hussein, a noté « quelques signes positifs » dont a fait preuve le Gouvernement du Burundi au cours de ces dernières semaines, saluant par exemple la coopération du Gouvernement du Burundi avec l’équipe d’experts indépendants mandatés par le Conseil des droits de l’homme. Tout en se félicitant de la libération provisoire, cette semaine, de 47 personnalités, il a appelé à ce que les autres détenus constituant la liste des 125, notamment les prisonniers politiques, soient également libérés.
« Le pays est au bord d’une escalade soudaine de la violence aux proportions encore plus massives », a-t-il mis en garde, en faisant référence aux allégations concernant la découverte de charniers. Il a dénoncé également les arrestations et détentions arbitraires, tout comme des cas d’intimidation et de harcèlement judiciaire dont sont victimes opposants politiques et membres de la société civile, par la police avec, notamment, le concours de milices proches du pouvoir. Dénonçant également des attaques à la grenade presque quotidiennes de part et d’autre, il s’est dit profondément préoccupé par l’absence de progrès dans les enquêtes menées sur les violations graves des droits de l’homme au cours de l’année écoulée.
« Mon pays n’est pas au bord du gouffre », a réagi le Ministre burundais des relations extérieures et de la coopération internationale, M. Alain Aimé Nyamitwe. La situation qui prévaut dans le pays, a-t-il assuré, ne correspond pas à celle qui est décrite dans des rapports qu’il a jugé « de partiaux ». La situation sécuritaire du pays est globalement bonne, même si « des membres de l’opposition lancent de temps à autre des grenades sur la population qui vaque paisiblement à ses occupations ». Il a demandé au Conseil de sécurité de condamner ce virage à l’extrémisme de l’opposition politique burundaise.
M. Nyamitwe a aussi déploré les actes du Rwanda qui « causent une menace existentielle au Burundi » en armant et entraînant des ressortissants burundais. Il a relevé que de nombreux rapports sur la question sont formels, et a appelé à une action de la communauté internationale pour que ces actes cessent. Le Burundi, a-t-il toutefois averti, n’acceptera pas l’envoi de militaires armés sur son territoire.
Des enquêtes sont en cours pour identifier les coupables de violations des droits de l’homme et les présenter à la justice, a assuré le Ministre, qui a par ailleurs indiqué que la réconciliation nationale avait désormais pris une phase décisive avec l’installation des 11 membres de la Commission nationale de dialogue et de réconciliation cette semaine.
Le représentant de la République-Unie de Tanzanie s’est, pour sa part félicité, que l’ancien Président de son pays, M. Benjamin Mkapa, ait été désigné comme facilitateur de la Communauté d’Afrique de l’Est pour la médiation au Burundi. Il faut agir rapidement afin d’éviter que la crise actuelle ne s’aggrave, a-t-il insisté. Le Président de la Configuration Burundi de la Commission de consolidation de la paix (CCP), M. Jürg Lauber, de la Suisse, a indiqué que la résolution de la crise actuelle au Burundi exigeait un maximum de cohérence entre les organisations internationales et régionales pertinentes. Une « présence internationale accrue » au Burundi, a-t-il ajouté, peut considérablement aider à améliorer la situation sécuritaire et celle des droits de l’homme, ainsi qu’à réduire la violence.
Pour le Ministre burundais des relations extérieures et de la coopération internationale, la solution à la crise politique passe par le dialogue. Il a toutefois prévenu que tous « ceux qui ont été impliqués dans la tentative de coup d’État du 13 mai dernier ne doivent pas croire qu’ils pourraient obtenir par le dialogue ce qu’ils n’ont pas eu par les armes ». Il a regretté que l’Union européenne ait décidé de suspendre sa coopération directe avec le Burundi, en violation flagrante des Accords de Cotonou entre cette organisation et les pays dits ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique).
LA SITUATION AU BURUNDI
Déclarations
M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a fait un compte-rendu de son déplacement au Burundi le mois dernier. Il a indiqué qu’il avait rencontré, au cours de cette visite, les parties burundaises à qui il a demandé de tirer des leçons du passé et de faire preuve d’un engagement sincère à un dialogue politique inclusif, le seul moyen de résoudre la crise. Il a cité un certain nombre d’initiatives prises par le Gouvernement burundais en vue de renforcer la confiance avec les autres acteurs politiques du pays, notamment l’annulation des mandats d’arrêts lancés contre 15 membres de l’opposition, la réouverture de deux chaînes de radio et l’annonce de la libération de 2 000 détenus. Ces mesures doivent être pleinement mises en œuvre, a-t-il insisté en appelant à la libération de tous les prisonniers politiques et de la levée des restrictions qui frappent la société civile et les médias.
M. Ban a aussi indiqué que sur son invitation, des acteurs politiques majeurs du parti au pouvoir et de l’opposition s’étaient réunis avec lui pour parler de l’avenir du pays. Rien ne les empêche de continuer dans cette voie, a-t-il fait remarquer. Il a ainsi appelé les dirigeants politiques burundais à faire montre du courage et de la confiance nécessaires afin de lancer un processus politique crédible et construire un avenir où la population du pays pourra de nouveau vivre dans la paix et jouir de ses droits fondamentaux. M. Ban a rappelé qu’il avait promis au Président burundais que la communauté internationale se tenait prête à soutenir le pays dans la voie d’un processus de dialogue inclusif et crédible. Il a par ailleurs indiqué que la Communauté d’Afrique de l’Est, l’Union africaine et les Nations Unies devaient travailler ensemble pour proposer une médiation professionnelle et dévouée dont le Burundi a besoin en ce moment difficile. Il a, à ce propos, salué la nomination de l’ancien Président tanzanien, M. Benjamin Mkapa, comme facilitateur de la Communauté d’Afrique de l’Est.
Le Secrétaire général a aussi rappelé qu’au cours de sa visite au Burundi, il avait demandé au Gouvernement de prendre des mesures pour faire face à la violence et à l’impunité qui la sous-tend. Il a souligné que le Gouvernement l’avait assuré que la situation se stabilisait graduellement. « Au cours de mes réunions avec la société civile et les partis d’opposition, on m’a dépeint un autre tableau. J’ai entendu de troublantes allégations de violence continues et de violations de droits de l’homme, y compris contre des femmes et des enfants », a déclaré M. Ban. Il s’agit clairement d’une situation inacceptable qui exige, a-t-il prévenu, la plus grande attention afin de s’assurer que tous ceux qui en sont responsables soient redevables de leurs actes. Il a aussi parlé de la situation humanitaire catastrophique dans le pays, notant que 700 000 personnes sont exposées à une grave crise alimentaire.
M. Ban a ensuite rappelé que depuis le début de la crise, plus de 250 000 personnes avaient fui le pays pour se réfugier dans les pays voisins. Malgré les assurances du Gouvernement selon lesquelles ceux qui veulent retourner chez eux sont libres de le faire, le faible nombre de retours constaté à ce jour indique clairement l’angoisse ressentie par les Burundais face à la violence et l’intimidation qui prévalent dans le pays. Il a de nouveau insisté sur le fait qu’il n’y a pas d’alternative à un règlement politique de la crise burundaise. Il a aussi affirmé que la communauté internationale doit changer d’approche, allant de la réponse aux crises à une culture d’action précoce et de prévention.
M. ZEID RA’AD AL HUSSEIN, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a pris acte des « quelques signes positifs » dont a fait preuve le Gouvernement du Burundi au cours de ces dernières semaines, à la suite de la visite d’une délégation du Conseil de sécurité, du Secrétaire général, et de cinq Chefs d’État africains et de gouvernement, ainsi que des deux visites du Sous-Secrétaire général aux affaires humanitaires, et d’une mission d’experts indépendants dépêchée par le Conseil des droits de l’homme. Mais ces progrès « doivent encore être suivis d’une action forte et conséquente pour engager une véritable réconciliation ».
À l’issue d’une audience, 47 détenus arrêtés il y a près d’un an ont été provisoirement libérés cette semaine, s’est félicité le Haut-Commissaire. Ils figuraient sur la liste de 125 détenus pour lesquels le Haut-Commissariat avait demandé une libération immédiate. « Ceci indique que certains efforts sont faits pour rétablir l’État de droit. Je demande instamment la libération de tous les autres, des prisonniers politiques en particulier. Le Gouvernement du Burundi s’est en outre engagé à libérer quelque 2 000 prisonniers. »
Les autorités ont également pris des mesures pour assurer qu’une station de radio totalement indépendante puisse continuer d’émettre ses programmes. Une deuxième radio, qui a également repris ses émissions, n’est pas indépendante du Gouvernement. « Ce geste est encourageant, mais bien en deçà de la pleine liberté d’expression et d’information », a déclaré M. Zeid. Le Gouvernement du Burundi, a-t-il dit, a coopéré avec l’équipe d’experts indépendants mandatés par le Conseil des droits de l’homme lors de sa première visite au Burundi au début du mois. « Les experts ont rencontré des responsables militaires, de la police et du renseignement, en plus des victimes et des représentants de la société civile. Le Secrétariat de l’équipe d’experts indépendants doit arriver en avril pour un déploiement de quatre mois, mais l’approbation du Gouvernement se fait toujours attendre », a-t-il regretté.
En dépit de ces progrès limités, les graves violations des droits de l’homme se poursuivent. « Le Haut-Commissariat, qui a une présence à Bujumbura, à Gitega, à Makamba et à Ngozi, n’a détecté aucun signe de fléchissement dans les signalement d’arrestations et de détentions arbitraires, avec 140 cas enregistrés ce mois-ci jusqu’à présent, dont la plupart arbitraires ». En outre, en dépit de chiffres imprécis, les allégations d’actes de torture et de mauvais traitements se multiplient depuis début janvier. Les opposants politiques continuent d’être victimes d’intimidation et d’arrestations. Il y a six jours, 16 principaux membres du parti d’opposition FNL ont été arrêtés dans la province de Kirundo par la police, avec le concours de la milice « Imbonerakure », associée au parti au pouvoir. Et le 9 mars, Hugo Haramategeko, l’une des rares personnalités de l’opposition nationale à se trouver encore dans le pays, a également été arrêté.
Dans ce contexte, la société civile continue à fonctionner dans un espace extrêmement restreint, où les militants sont victimes de harcèlement judiciaire, d’arrestations et d’actes de torture, ainsi que de violences et d’actes d’intimidation par des agents de l’État ou des milices associées au Gouvernement. Depuis l’attaque, en décembre dernier, contre trois camps militaires autour de Bujumbura, et des allégations de répression brutale par les forces de sécurité dans certains quartiers – deux groupes armés distincts opposés au Gouvernement ont vu le jour. Alors que deux membres du parti au pouvoir CNDD-FDD ont été tués par des hommes armés lundi, les attaques à la grenade de part et d’autre sont désormais presque quotidiennes.
Le Haut-Commissaire s’est en outre déclaré profondément préoccupé par l’absence de progrès dans les enquêtes menées sur les violations graves des droits humains au cours de l’année écoulée. S’il a pris note du rapport publié récemment par la Commission d’enquête du ministère de la Justice sur les allégations d’exécutions extrajudiciaires perpétrées le 11 décembre, M. Zeid a demandé que davantage soit fait, en faisant référence aux allégations concernant la découverte de charniers dans le pays. « Le pays est au bord d’une escalade soudaine de la violence aux proportions encore plus massives », a-t-il mis en garde.
« Des centaines de personnes ont été tuées, des milliers détenues, et plus d’un quart de million de Burundais ont fui vers les pays voisins. La crise a dévasté l’économie du Burundi et l’UNICEF affirme que le nombre d’enfants soignés pour malnutrition aiguë sévère à Bujumbura a doublé entre octobre et décembre 2015 », a prévenu le Haut-Commissaire, en soulignant que cette crise avait également créé une situation d’urgence humanitaire majeure, facteur de déstabilisation dans la région des Grands Lacs.
M. Zeid a demandé au Conseil de sécurité d’inciter le Gouvernement du Burundi à prendre des mesures décisives vers une réconciliation véritable et un dialogue national inclusif. « Les demi-mesures ne guériront pas les blessures infligées au peuple du Burundi. Les disparitions, les arrestations arbitraires, les exécutions extrajudiciaires et les actes de torture doivent prendre fin », a-t-il insisté, en demandant que les responsables soient traduits en justice, y compris les agents de l’État et les membres de groupes armés liés au parti au pouvoir.
M. JÜRG LAUBER (Suisse), Président de la Configuration Burundi de la Commission de consolidation de la paix (CCP), a présenté les conclusions de sa récente visite au Burundi, au Rwanda et en Éthiopie et de ses dernières discussions au sein de la « formation » Burundi de la CCP. Tout d’abord, la résolution de la crise actuelle au Burundi exige un maximum de cohérence entre les organisations internationales et régionales pertinentes, à savoir l’ONU, l’Union africaine et la Communauté des pays d’Afrique de l’Est. Des efforts coordonnés seront en effet essentiels pour établir un dialogue politique viable, inclusif et intensifié. Un tel processus ne bénéficiera de l’expérience cumulée de ces trois organisations que si elles joignent leurs efforts. À cet égard, l’orientation générale et le soutien du Conseil de sécurité seront cruciaux, a expliqué M. Lauber.
En outre, a-t-il estimé, une « présence internationale accrue » au Burundi peut considérablement aider à améliorer la situation sécuritaire et celle des droits de l’homme, ainsi qu’à réduire la violence. Pour lui, il est essentiel que le Conseil de sécurité poursuive sa discussion en consultation avec le Gouvernement du Burundi sur les options d’engagement des Nations Unies. À cet égard, il s’est félicité de ce que l’Union africaine et le Gouvernement du Burundi ont convenu d’accroître le nombre d’observateurs militaires et des droits de l’homme dans le pays. Il s’est également félicité de la récente visite au Burundi de trois experts indépendants mandatés par le Conseil des droits de l’homme, qui sera suivie de visites supplémentaires d’ici au mois de juillet. Ce type de suivi et d’engagement impartial peut également aider à clarifier les allégations et atténuer les tensions au sein de la société burundaise, a jugé le représentant.
Après avoir souligné qu’il était important d’attirer l’attention sur d’éventuelles implications régionales de la crise burundaise, le Président de la CCP a mis en garde contre le risque de négliger la dimension économique et sociale de la crise actuelle. Conformément à l’approche holistique de la consolidation de la paix, la « formation » Burundi peut continuer de servir de plateforme pour tenir compte pleinement de la dimension économique et sociale dans les discussions internationales en cours sur le Burundi. « Je vais, pour ma part, poursuivre l’engagement de la ‘formation’ avec les principaux partenaires de développement du Burundi. Un dialogue systématique entre le Gouvernement et les donateurs internationaux pourrait aider à clarifier les attentes mutuelles. À cet égard, le prochain cycle du Document de stratégie de réduction de la pauvreté sera une occasion cruciale de redéfinir la vision du Gouvernement et de rétablir la coopération avec les partenaires internationaux », a précisé M. Lauber avant de conclure.
M. TUVAKO N. MANONGI (République Unie de Tanzanie) a appelé à plus de soutien en faveur d’un dialogue crédible et inclusif au Burundi. Il a assuré que la Communauté d’Afrique de l’Est continuerait à mettre tout en œuvre pour soutenir la paix et la sécurité au Burundi. Il a déclaré que les pays de la région étaient conscients des risques que poserait cette crise politique si la situation actuelle au Burundi n’était pas contenue. Il s’est félicité de la désignation de l’ancien Président tanzanien, M. Benjamin Mkapa, comme facilitateur de la Communauté d’Afrique de l’Est pour la médiation au Burundi. Il a appelé les acteurs politiques au Burundi, ainsi que ceux de la région et de la communauté internationale à soutenir son action. La Communauté d’Afrique de l’Est n’hésitera pas à appeler à des sanctions contre ceux qui voudraient saboter ce processus de médiation.
M. ALAIN AIME NYAMITWE, Ministre des relations extérieures et de la coopération internationale du Burundi, a déclaré qu’il n’était pas d’accord avec l’ensemble de la description de la situation au Burundi que vient de faire le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.
Il a assuré que le Président burundais était déterminé à engager un dialogue politique, tout en faisant remarquer que les préoccupations des Burundais ne pouvaient être résolues qu’à travers un dialogue franc et sincère entre les Burundais de l’intérieur et ceux qui se trouvent à l’extérieur du pays. « Même si certains acteurs Burundais pensent que la solution à la crise politique doit être militaire, nous leur disons qu’ils se trompent », a-t-il argué. Le dialogue que le Gouvernement prône doit être inclusif, a-t-il dit, en précisant cependant que tous « ceux qui ont été impliqués dans la tentative de coup d’État du 13 mai dernier ne peuvent se prévaloir d’obtenir par le dialogue ce qu’ils n’ont pas eu par les armes ».
Le Ministre a également assuré que la réconciliation nationale avait désormais pris une phase décisive avec le lancement de sa phase opérationnelle avec l’installation des 11 membres de la Commission nationale de dialogue et de réconciliation cette semaine. Les membres de cette Commission, a-t-il dit, reflètent la diversité ethnique du pays, en accord avec les prescriptions de l’Accord de paix d’Arusha. Il s’est ensuite félicité de la désignation de l’ancien Président tanzanien comme facilitateur, en indiquant que ce dernier venait d’être reçu par le Président burundais.
En matière de sécurité, a soutenu le Ministre, la situation globale dans le pays est bonne, même s’il a reconnu que des membres de l’opposition lancent de temps à autre des grenades sur des populations qui vaquent paisiblement à leurs occupations. Ces actes de criminalité et de terrorisme sont en train d’être jugulés par les autorités, a-t-il dit, en affirmant que des jeunes, armés par des acteurs politiques de l’opposition, s’étaient rendus aux autorités avec les armes en leur possession et assistaient les autorités à localiser des fosses communes. Le Ministre a invité le Conseil de sécurité à condamner ce virage à l’extrémisme de l’opposition politique burundaise et appelé aussi à un déploiement d’observateurs internationaux. M. Nyamitwe a en outre déploré les actes du Rwanda qui « causent une menace existentielle au Burundi » en armant et entraînant des ressortissants burundais. Il a relevé que de nombreux rapports sur la question étaient formels, et que le Burundi détenait également des preuves irréfutables de ces allégations de tentative de déstabilisation ourdie par son voisin. Il a appelé à une action de la communauté internationale pour ce que ces actes cessent.
En matière de droits de l’homme, nous reconnaissons qu’il y a des cas de violations de droits de l’homme comme dans tous les pays, a poursuivi le Ministre. Il a indiqué que des enquêtes étaient engagées pour identifier les coupables et les présenter à la justice. Son pays coopère avec le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme et avec l’Union africaine. Il a toutefois regretté que certains rapports ne reflètent pas la réalité du terrain. Il a aussi annoncé la réouverture de deux radios privées qui avaient été détruites pendant la tentative de coup d’État de l’an dernier. La Commission de consolidation de la paix et le Conseil de sécurité ont effectué des visites au Burundi et ont pu constater que le pays n’est pas au bord du gouffre, a-t-il rappelé.
La communauté internationale semble oublier les préoccupations économiques, alors que ce volet a aussi un impact clair sur la situation sécuritaire, a déploré le Ministre. Il a regretté que l’Union européenne ait décidé de suspendre sa coopération directe avec le Burundi, en violation flagrante des Accords de Cotonou entre cette organisation et les pays ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique). Le Burundi est disposé à coopérer avec l’ONU pour déterminer la taille d’une Mission politique spéciale dans le pays, a indiqué le Ministre, qui a cependant prévenu que le Burundi n’acceptera pas l’envoi de militaires armés sur son territoire. Il a conclu en affirmant que le peuple burundais avait souffert dans le passé et ne souhaitait pas se retrouver dans de telles situations de nouveau.