Conseil de sécurité: Haïti doit sortir de l’impasse politique et conclure le cycle électoral en cours, affirme la Représentante spéciale, Mme Sandra Honoré
« Il n’y a pas d’alternative au retour, dès que possible, sur la voie de la stabilité institutionnelle et politique en Haïti », a mis en garde, cet après-midi, la Représentante spéciale du Secrétaire général pour ce pays, Mme Sandra Honoré, en estimant qu’il se trouvait à un « moment crucial » de son processus de démocratisation.
Alors que le cycle électoral ayant débuté en août 2015 a de nouveau été interrompu, les prochaines semaines seront déterminantes et tous les acteurs devront faire « un effort sincère dans l’intérêt du peuple haïtien », a souligné Mme Honoré, qui est venue présenter au Conseil de sécurité le dernier rapport en date du Secrétaire général de l’ONU sur la situation en Haïti.
La période à l’examen, qui couvre les faits survenus au cours des six derniers mois, a pourtant été marquée par une avancée significative: l’organisation, le 25 octobre dernier, du deuxième des trois tours électoraux prévus en 2015, démontrant « les progrès accomplis vers le rétablissement de l’équilibre institutionnel prévu par la Constitution », a relevé Mme Honoré, qui est aussi la Chef de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH).
Quatorze des 20 sénateurs et 92 des 119 membres de la Chambre basse du Parlement ont ainsi prêté serment, permettant à celui-ci de reprendre ses travaux le 11 janvier, après « une année de dysfonctionnements et de gouvernement par décrets ».
« Cette dynamique positive a pris fin avec le report du troisième tour électoral, dans un contexte de tensions suscitées par des allégations de fraude et de préoccupations croissantes sur le plan sécuritaire », a déploré la Représentante spéciale.
Certes, le risque d’une « vacance gouvernementale » a été évité grâce à un accord, le 5 février, entre l’ancien Président haïtien, M. Michel Martelly, et les Présidents des deux chambres du Parlement, a-t-elle indiqué. Le 14 février avait été marqué par la prestation de serment de M. Jocelerme Privert, au poste de Président provisoire d’Haïti pour une période de 120 jours. En outre, a ajouté Mme Honoré, l’Accord politique a l’ambition d’achever le cycle électoral de 2015 grâce à la tenue d’un scrutin le 24 avril prochain.
Mais, pendant plus de trois semaines, sur fond de vives tensions, la nomination d’un Premier Ministre et de son Cabinet est restée dans l’impasse. Si le nouveau Chef de Gouvernement haïtien a finalement été désigné, la séance d’hier à la Chambre basse a été ajournée en raison de l’absence d’accord sur la formation d’un nouveau gouvernement, a relaté la haute fonctionnaire.
Le représentant d’Haïti s’est voulu rassurant, en expliquant que son Chef d’État est pleinement conscient de sa « responsabilité historique » d’organiser des « élections libres et transparentes » en avril. La semaine dernière, a-t-il rappelé, les noms des neufs nouveaux membres du Conseil électoral provisoire, chargé de planifier le scrutin, ont été rendus publics, dans l’attente de leur confirmation par le Parlement puis par le Conseil des Ministres.
Après l’exposé de la Représentante spéciale, plusieurs délégations se sont dites alarmées des conséquences possibles du climat politique sur la santé économique d’Haïti, déjà fragilisée par une sécheresse persistante, la recrudescence de l’épidémie de choléra et l’apparition du virus Zika.
Si le représentant de Saint-Vincent-et-les Grenadines a réaffirmé l’engagement de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) auprès d’Haïti, le délégué de l’Union européenne a rappelé que le soutien financier de l’Union restait « subordonné » au respect des principes démocratiques, en particulier le droit du peuple de choisir son gouvernement par les urnes et non par « la mobilisation de la rue ». La délégation des États-Unis a abondé en ce sens.
Préoccupé par la diminution sensible de l’aide publique au développement et la réduction « draconienne » de l’enveloppe humanitaire, passée de 155 millions en 2014 à 55 millions de dollars en 2015, le représentant d’Haïti a invité ses partenaires à formuler des réponses adéquates aux « urgences de l’heure ».
Dans un contexte d’incertitude politique et de défis sécuritaires, économiques et sanitaires, l’avenir de la MINUSTAH, établie en 2004, a été longuement évoqué, au moment où elle se désengage progressivement des fonctions pouvant être désormais assumées par le Gouvernement haïtien. Dans son rapport, le Secrétaire général propose de dépêcher en Haïti une mission d’« évaluation stratégique » de « la présence et du rôle futurs des Nations Unies », lorsque le processus électoral sera achevé, soit après le 24 avril.
Le représentant de l’Uruguay –pays qui préside le Groupe des amis d’Haïti– s’est toutefois demandé si la décision de « conditionner » cette évaluation à la conclusion du processus électoral ne fait pas courir le risque « de voir ni l’une ni l’autre se produire ». Certains membres du Conseil de sécurité, parmi lesquels le Royaume-Uni, ont insisté sur la nécessité de ne pas retarder indéfiniment le moment de procéder à cette évaluation.
Face à la diminution des effectifs de la Police nationale haïtienne, relevée par plusieurs orateurs, le représentant du Venezuela a, pour sa part, défendu l’idée selon laquelle toute décision relative à la MINUSTAH doit être prise en fonction de la situation sécuritaire dans le pays et en consultation avec le prochain gouvernement élu d'Haïti.
LA QUESTION REGARDANT HAÏTI
Rapport du Secrétaire général sur la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (S/2016/225)
Déclarations
Mme SANDRA HONORÉ, Représentante spéciale du Secrétaire général pour Haïti, a déclaré qu’après l’interruption du processus électoral qui avait débuté en 2015, Haïti se trouve à un « moment crucial » de son processus de démocratisation. Les prochaines semaines seront déterminantes pour les perspectives, à court et moyen termes, de consolidation démocratique du pays, exigeant de tous les acteurs un effort sincère guidé par l’intérêt du peuple. Le 25 octobre dernier, a-t-elle rappelé, Haïti a organisé le deuxième des trois tours électoraux prévus en 2015, ce qui démontre les progrès accomplis vers le renouvellement des institutions démocratiques et le rétablissement de l’équilibre institutionnel prévu par la Constitution. À la suite de ces élections, 14 des 20 sénateurs et 92 des 119 membres de la Chambre basse ont prêté serment, permettant à la cinquantième législature du pays d’être établie et au Parlement de reprendre ses travaux à la date constitutionnelle du 11 janvier, ce qui a mis fin à une année de dysfonctionnements et de gouvernement par décrets.
Cette dynamique positive a pris fin avec le report du troisième tour électoral, dans un contexte de tensions suscitées par des allégations de fraude et de préoccupations croissantes sur le plan sécuritaire. Le risque d’un autre vide de gouvernance a été évité grâce à l’Accord, le 5 février, entre l’ancien Président Martelly et les Présidents des deux chambres du Parlement, a expliqué la Représentante spéciale, qui est aussi Chef de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH). S’inspirant de l’esprit de la Constitution haïtienne, l’Accord a fourni une feuille de route pour la continuité institutionnelle après l’expiration du mandat présidentiel le 7 février. Il appelait à l’élection indirecte, par l’Assemblée nationale, d’un Président provisoire pour une période maximale de 120 jours, ainsi qu’à la nomination d’un Premier Ministre de consensus et d’un Cabinet et, enfin, au rétablissement du Conseil électoral provisoire. L’objectif est d’achever le cycle électoral de 2015 en organisant des élections le 24 avril prochain, a précisé Mme Honoré.
Malgré des efforts redoublés dans l’application de l’Accord, les tensions continuent d’être vives, la classe politique haïtienne tardant à s’unir derrière une vision commune du processus politique. Certes, le 14 février a marqué la prestation de serment de l’ancien Président du Sénat et de l’Assemblée nationale, M. Jocelerme Privert, au poste de Président provisoire d’Haïti. Mais, pendant plus de trois semaines, une impasse a persisté quant à la nomination d’un Premier Ministre de consensus et de son Cabinet, et du vote de confiance du Parlement dans le programme de l’ancien gouvernement. Ainsi, la séance d’hier de la Chambre basse a été ajournée en raison de l’absence d’accord sur le Cabinet proposé, a déploré la haute responsable.
Parallèlement, des mesures ont été prises pour identifier les membres du nouveau Conseil électoral provisoire. Cependant, a noté Mme Honoré, leur nomination est au point mort, en attendant la confirmation du Premier Ministre et de son cabinet. Des demandes répétées ont été faites pour établir une commission de vérification électorale indépendante dont le mandat et la composition ne sont pas encore clairement définis. Non seulement ces retards ont un impact sur la mise en œuvre de l’Accord et la conclusion du cycle électoral dans le délai fixé de 120 jours, mais ils pourraient bien empêcher un retour rapide à l’ordre constitutionnel complet, et par conséquent prolonger la période d’instabilité politique qui sévit dans le pays depuis bien trop longtemps, a prévenu la Représentante spéciale. « Une crise politique prolongée peut détourner l’attention des Haïtiens et des partenaires internationaux dans un contexte où Haïti ne peut pas se permettre de nouvelles baisses de sa croissance économique. » Par ailleurs, trois années consécutives de sécheresse ont entraîné de mauvaises récoltes, plongeant 1,5 million d’Haïtiens dans l’insécurité alimentaire grave, et mettant à rude épreuve leur résistance.
Au cours de la période à l’examen, la situation sécuritaire est restée calme dans l’ensemble, quoique fragile en raison de l’influence du processus électoral et des tensions politiques, a indiqué la Représentante spéciale. Toutefois, a estimé Mme Honoré, l’engagement continu du système des Nations Unies à l’appui des opérations logistiques et sécuritaires menées par la Police nationale et l’aide financière permanente des partenaires internationaux d’Haïti restent essentiels pour conclure le cycle électoral et stabiliser l’île.
Pour faire face à ces défis, qui ont un impact sur la vie quotidienne de millions de citoyens, et mettre en œuvre des réformes à long terme, Haïti a besoin d’institutions stables et d’un système de gouvernance capable. « Il n’y a pas d’alternative au retour, dès que possible, sur la voie de la stabilité institutionnelle et politique », a mis en garde la Représentante spéciale. Compte tenu de l’incertitude politique actuelle en Haïti, a-t-elle souligné, le Secrétaire général a proposé dans le rapport dont le Conseil de sécurité est saisi aujourd’hui que l’évaluation stratégique nécessaire à la reconfiguration de la MINUSTAH soit effectuée après l’achèvement du processus électoral interrompu.
M. DAVID PRESSMAN (États-Unis) a mis l’accent sur la nécessité de conduire à son terme le processus électoral qui a été interrompu. Celui-ci sera décisif pour le renforcement des institutions démocratiques et la bonne conduite des affaires de l’État, dont dépend la sécurité nationale, a-t-il estimé. Pour respecter le calendrier arrêté le 5 février dernier, a souligné le représentant, toutes les parties prenantes doivent faire preuve de bonne foi et s’engager sans réserve dans le processus en cours, l’étape la plus importante étant la constitution du Conseil électoral provisoire. Contrairement aux allégations portées pendant la période à l’examen, a fait remarquer M. Pressman, les observateurs internationaux déployés en Haïti n’ont pas conclu à une fraude massive lors du second tour du cycle électoral, en octobre 2015.
Par ailleurs, a-t-il rappelé, c’est le Gouvernement nouvellement formé qui devra résoudre les problèmes auxquels se heurte le pays sur plusieurs fronts, avec le soutien des partenaires internationaux. La MINUSTAH est engagée pour le transfert de responsabilités aux autorités haïtiennes, notamment sur le plan sécuritaire avec la Police nationale haïtienne, a indiqué M. Pressman, qui a salué le plan d’évaluation stratégique en cours. Il a toutefois souhaité que la reconfiguration de la Mission ne contribue pas à un changement précipité dans le pays. Pour leur part, les États-Unis, l’un des partenaires les plus actifs d’Haïti, maintiendront leur engagement, a assuré le représentant, en insistant toutefois sur l’importance de tenir les élections.
Mme CAROLYN SCHWALGER (Nouvelle-Zélande) s’est dite préoccupée face aux retards accusés dans le processus électoral en Haïti. « Nous avions espéré que cette année marquerait celle de la transition d’une dépendance de partenaires étrangers vers plus d’autonomie pour Haïti… mais, malheureusement, les manœuvres politiques des trois derniers mois ont sérieusement mis en cause tout progrès en ce sens », a-t-elle relevé.
Soulignant l’impact de cette incertitude politique à la fois sur les plans économique et humanitaire, la représentante a également recommandé de reporter au lendemain des élections toute évaluation stratégique de la présence de l’ONU en Haïti. Elle s’est dite rassurée de voir que la MINUSTAH et l’équipe de pays de l’ONU sont en train de travailler en étroite coopération sur un plan de transition. Elle a demandé que ce plan précise les objectifs et responsabilités de chacun mais également les tâches que la MINUSTAH peut achever ou arrêter avant la fin de son mandat.
Pour la Nouvelle-Zélande, il est essentiel d’établir une coopération étroite avec les partenaires nationaux et internationaux dans ce contexte, y compris pour définir les fonctions résiduelles devant être transférées. Pour que la transition réussisse dans la durée, ce plan de transition doit prévoir l’appropriation nationale, ce qui suppose notamment que des institutions clefs, comme la police, soient en mesure de fonctionner sans le soutien international, a-t-elle encore précisé. Sa délégation encourage ainsi la MINUSTAH à engager le nouveau Gouvernement haïtien à définir le plan de transition le plus vite possible après les élections.
En conclusion, elle a lancé un appel à tous les acteurs politiques en Haïti pour qu’ils mettent de côté leurs intérêts personnels et leurs rivalités et qu’ils placent l’intérêt du pays au premier plan.
M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a rappelé l’engagement continu de son pays vis-à-vis d’Haïti, tant sur le terrain, où il contribue des contingents à la MINUSTAH depuis 2004, qu’au Siège de l’ONU, où il préside le Groupe des amis d’Haïti depuis 2009. Il faudrait un véritable leadership pour relever les défis auxquels le pays doit faire face, qu’il s’agisse de la pauvreté, de l’insécurité, des catastrophes naturelles, du choléra ou des personnes déplacées. Malheureusement, l’incertitude politique a marqué la période à l’étude.
Toutefois, M. Rosselli a salué l’accord du 5 février qui est le produit d’un processus d’appropriation nationale, « conduit par les Haïtiens, négocié par les Haïtiens et conclu par les Haïtiens ». Il a espéré qu’il sera maintenant « respecté par les Haïtiens ». Par ailleurs, il s’est demandé si avec la décision de « conditionner » l’évaluation stratégique de la présence et des fonctions futures de l’ONU en Haïti à la conclusion du processus électoral, l’on ne courrait pas le risque « de voir ni l’une ni l’autre ne se produire ».
L’Uruguay considère que « le Conseil de sécurité ne doit pas permettre aux acteurs politiques de prendre en otage la MINUSTAH » car, « indépendamment de la conclusion ou non du processus électoral », il faudrait pouvoir avancer dans la transition et transférer progressivement les fonctions de la Mission au Gouvernement haïtien.
Compte tenu de la situation politique très volatile en Haïti, M. ROMÁN OYARZUN MARCHESI (Espagne) a considéré que la communauté internationale devrait transmettre « de manière ferme et unanime » le message selon lequel l’accord politique du 5 février doit être respecté. Il a relevé que le Premier Ministre et le Gouvernement de transition désignés par le Président Privert ne sont pas « consensuels » et n’ont pas été confirmés par l’Assemblée nationale. Pour sa délégation, il faudrait « exiger des acteurs politiques haïtiens une attitude responsable dans la continuation du processus électoral ».
L’Espagne, a rappelé son représentant, a fourni des ressources financières et humaines aux missions électorales de l’Organisation des États américains et de l’Union européenne. Il a salué le travail de la MINUSTAH, dont la présence est un facteur de stabilité et de dissuasion.
M. OSAMA ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) a salué la volonté du peuple haïtien qui a contribué à rétablir le processus électoral en cours. Il a souhaité que la nouvelle échéance des élections et les principaux points de ce nouvel accord politique soient respectés. L’Égypte avait déployé un contingent de police au sein de la MINUSTAH, a-t-il rappelé, avant d’inviter les pays fournisseurs de contingents à continuer à soutenir les efforts de construction d’une police haïtienne forte et efficace. Il a aussi appelé la communauté internationale à renforcer son assistance à Haïti qui fait face à une situation humanitaire critique.
M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a déclaré que les problèmes politiques actuels que vit Haïti ont pour cause une histoire nationale marquée par l’interventionnisme de pays étrangers. Il a aussi ajouté que le tremblement de terre de janvier 2010, et l’épidémie de choléra qui s’en est suivie avaient contribué à fragiliser davantage le pays. Il a invité la communauté internationale à investir pour juguler cette épidémie de choléra. M. Ramirez a également déploré la crise humanitaire dans le pays, en prévenant que la situation risquait de s’empirer en raison de la sécheresse qui sévit actuellement dans la région des Caraïbes, et qui aura un impact dévastateur sur l’agriculture. Le représentant a ensuite salué le professionnalisme de la Police nationale haïtienne qui a fait montre de retenue au cours des cycles électoraux de la fin d’année dernière.
M. Ramirez a par ailleurs déclaré que toute décision sur l’avenir de la MINUSTAH devrait être prise en tenant compte de la situation sécuritaire dans le pays et en consultation avec les prochaines autorités haïtiennes qui sortiront des urnes à la fin du processus électoral. Avant de conclure, il a demandé à la communauté internationale de continuer à assister Haïti.
M. THOMAS MEEK (Royaume-Uni) a regretté que le processus électoral haïtien ait été interrompu, tout en se félicitant de l’accord conclu le 5 février dernier par l’ancien Président et les Présidents des deux chambres du Parlement. S’il s’est déclaré satisfait de constater les progrès accomplis au cours de la période à l’examen par la Police nationale haïtienne, le représentant a déploré les violations des droits de l’homme qui auraient été commises par les unités spéciales d’intervention et de maintien de l’ordre de la Police nationale. La délégation britannique s’est également déclarée préoccupée par la situation humanitaire en Haïti, qui continue d’être préoccupante, en raison de la sècheresse persistante et de l’épidémie de choléra. Quant à l’évaluation stratégique, a ajouté le représentant, elle ne pourra pas être indéfiniment retardée et, si les élections doivent se tenir dans les délais impartis, il revient aux Haïtiens de prendre leur propre avenir en mains.
M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) s’est félicité de l’élection, le 14 février, par l’Assemblée nationale, du Président du Sénat et de l’Assemblée nationale, M. Jocelerme Privert, Président provisoire de la République pour une période de 120 jours. Il a espéré que ce compromis permettrait d’éviter le vide politique et de mener à son terme le processus électoral interrompu. Pour le représentant, le pays a montré sa capacité à résoudre ses divergences politiques internes. Par ailleurs, le délégué russe a demandé à ce que les raisons de la diminution des effectifs de la police nationale soient identifiées et qu’il y soit remédié, en souhaitant que l’objectif de 15 000 policiers annoncé pour la fin de l’année puisse être rempli. Enfin, en ce qui concerne l’évaluation stratégique préalable à la reconfiguration de la MINUSTAH, le représentant de la Fédération de Russie a tenu à rappeler qu’il incombe aux autorités du pays d’assumer les responsabilités qui sont les siennes.
M. GORGUI CISS (Sénégal) a salué l’Accord du 5 février dernier, en invitant les acteurs politiques haïtiens à s’assurer que la transition politique se déroule de manière harmonieuse. Il a salué les efforts louables de la Police nationale haïtienne pour le maintien de la paix dans le pays, en se félicitant également du soutien que la MINUSTAH lui apporte. Il a aussi invité la communauté internationale à soutenir l’assistance humanitaire dans le pays, dans un contexte, a-t-il expliqué, où le pays vit une conjoncture économique difficile.
M. LIU JIEYI (Chine) a souhaité que le dernier tour du processus électoral se tienne effectivement en avril, comme le prescrit l’Accord politique du 5 février. Il a rappelé qu’il reste encore beaucoup à faire pour la reconstruction du pays. Les parties haïtiennes doivent rester unies afin de préserver la stabilité dans le pays au cours de la fin du processus électoral, a-t-il recommandé. Le représentant a également appelé la communauté internationale à soutenir le développement du pays, notamment en bâtissant des infrastructures, ou encore en renforçant les capacités de prévention et de gestion des catastrophes des autorités nationales. Concernant l’avenir de la MINUSTAH, il a souhaité que l’ONU prendra des décisions adéquates, après une évaluation de la situation sur le terrain et en collaboration avec les autorités haïtiennes.
M. ALEXIS LAMEK (France) a pris note de l’accord « intrahaïtien » qui jette les bases de l’achèvement du processus électoral. Il a appelé tous les acteurs et, notamment, le Président provisoire du pays à faciliter, dans les meilleurs délais, le retour à l’ordre institutionnel, dans le respect de l’Accord politique du 5 février. Il importe, a souligné le représentant, que des mesures soient prises pour respecter le calendrier électoral arrêté. Après avoir rappelé que le Conseil électoral provisoire doit être activé, la délégation a relevé que, selon la mission d’observateurs électoraux de l’Union européenne, il n’y a pas eu d’altération du processus électoral en octobre dernier. Rien ne s’oppose donc, selon elle, à ce que cet organe supervise le scrutin d’avril. M. Lamek s’est félicité de ce que la situation sécuritaire est globalement stable en Haïti, où le taux d’homicide est devenu l’un des plus faibles de la région.
Dans ce contexte, il a salué la montée en puissance de la police nationale haïtienne pour répondre aux incidents sécuritaires. Revenant sur l’évaluation stratégique proposée à l’issue des élections, le représentant de la France a estimé que la reconfiguration de la MINUSTAH ne saurait être éternellement retardée par les blocages politiques actuels. La France, a-t-il assuré, est l’un des tout premiers partenaires d’Haïti, comme en témoigne sa contribution bilatérale d’un montant de 50 millions d’euros qui sera consentie dans le domaine éducatif au cours des cinq prochaines années. La France reste également engagée contre la résurgence du choléra, en contribuant à plusieurs projets dans ce domaine au cours des dernières années, a ajouté la délégation.
M. TAKESHI AKAHORI (Japon) a salué les efforts consentis par le Gouvernement d’Haïti, la MINUSTAH et la communauté internationale pour le succès des récentes élections. Il a rappelé que le Japon avait fait une contribution de 5,5 millions de dollars pour financer le processus électoral de l’an dernier. Il a dit souhaiter que le dernier tour des élections ait effectivement lieu le 24 avril prochain comme cela est prévu, avant d’inviter les acteurs politiques haïtiens à coopérer pleinement à la formation d’un gouvernement provisoire, afin que le Conseil électoral provisoire puisse être officiellement relancé.
M. Akahori a ensuite salué les avancées que le pays a connues depuis la mise en place de la MINUSTAH, il y a 12 ans. Il a néanmoins noté qu’il restait beaucoup à faire, en soulignant qu’Haïti avait besoin d’assistance afin de renforcer l’état de droit, les droits de l’homme, et avancer dans le renforcement des institutions et du développement. Lorsque des progrès significatifs sont réalisés par une mission des Nations Unies, il faut envisager la réduction progressive de ses effectifs et son retrait total, a-t-il fait remarquer. À cet égard, il s’est félicité de ce que la MINUSTAH œuvre, de concert avec l’équipe de pays des Nations Unies, à l’établissement d’un plan de transition afin de transférer les fonctions de la Mission au Gouvernement haïtien et à ses partenaires. Il a dit attendre l’organisation future d’une discussion sur la présence de l’ONU en Haïti, à la lumière des recommandations du Secrétaire général. Il a aussi rappelé que le Japon avait alloué près de 200 millions de dollars à la reconstruction d’Haïti après le tremblement de terre de janvier 2010.
M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a regretté le report des élections et les allégations de fraude ayant entaché le scrutin précédent, ainsi que la faible participation des électeurs et les incidents sécuritaires signalés au cours de la période à l’examen. Il s’est, en revanche, félicité des activités menées par la Police nationale et la composante militaire de la MINUSTAH en matière de sécurité lors d’une période tendue. Le délégué s’est dit convaincu que la prochaine échéance électorale serait respectée, sous la houlette du Président provisoire. La Malaisie regrette toutefois qu’aucune candidate femme n’ait été élue dans l’une ou l’autre des chambres du Parlement haïtien, a déclaré le représentant. Avant de conclure, il s’est dit encouragé par les efforts en cours pour endiguer l’épidémie de choléra.
M. YURIY VITRENKO (Ukraine) a salué l’Accord politique du 5 février dernier, qui a permis, a-t-il dit, de relancer le processus électoral en Haïti. Il a déploré les cas d’intimidation et de violence au cours du processus électoral dans le pays, en soulignant que ces faits ne sont pas propres aux valeurs de la démocratie. Il a aussi salué le rôle majeur qu’a joué la Police nationale haïtienne et les forces de la MINUSTAH pour préserver la paix au cours du processus électoral en fin d’année dernière.
M. ISMAEL ABRAÃO GASPAR MARTINS (Angola) a déclaré que la désignation d’un Président intérimaire en Haïti était un évènement important dans l’histoire du pays. Cela va contribuer à assurer la continuité institutionnelle dans le pays, a-t-il estimé. Le représentant a également salué la stabilité de la situation sécuritaire dans le pays, en se félicitant également que diverses institutions, fonds et programmes des Nations Unies aient œuvré à créer un climat social propice aux élections, à travers de programmes et projets destinés à la population et à la société civile.
Le représentant de l’Angola a salué le rôle de la MINUSTAH qui a contribué à renforcer la gouvernance au niveau des municipalités. Il a ensuite émis le vœu que le processus électoral sera conclu rapidement car, a-t-il rappelé, l’instauration d’une paix durable dans le pays est nécessaire pour attirer des investisseurs étrangers.
M. DENIS RÉGIS (Haïti) a dit avoir pris bonne note des recommandations formulées dans le rapport « précis, objectif et équilibré » du Secrétaire général « qui donne la mesure de la crise politique ». Le Chef d’État haïtien, a assuré le représentant, est pleinement conscient de sa responsabilité historique d’organiser des élections libres et transparentes. Les conditions indispensables à la mise en branle du processus électoral sont en voie d’être réunies, a affirmé le représentant, en citant la nomination d’un nouveau Premier Ministre et la constitution d’un Gouvernement de consensus, y compris la parution des noms de l’ensemble des membres du nouveau Cabinet ministériel. Après avoir transmis sa déclaration de politique générale à la Chambre des députés ce lundi 14 mars, le Premier Ministre est actuellement à la phase de sa ratification au Parlement. Le 9 mars, les noms des neufs membres, proposés par les différents secteurs de la vie nationale, du Conseil électoral provisoire ont été rendus publics. L’arrêté devant investir officiellement les membres du Conseil dans leurs fonctions doit être pris solennellement en Conseil des Ministres. Pour cela, il faut que le Parlement valide la déclaration de politique générale du Premier Ministre et que le nouveau Gouvernement prenne en charge la gestion de l’État.
L’Accord du 5 février 2016 pour la continuité institutionnelle a permis d’éviter un vide de gouvernance, a dit le représentant, en n’oubliant pas pour autant l’ampleur de la tâche consistant à gérer dans un délai relativement court un processus électoral d’une si grande complexité. La solidarité et la coopération de tous les partenaires, a-t-il souligné, seront des adjuvants et un atout précieux. De même, le soutien de la MINUSTAH à la Police nationale sera un élément crucial.
Le représentant a tenu à parler des autres défis actuels dont l’insécurité alimentaire qui a doublé sur une période de six mois en raison de la sécheresse persistante et la nette « détérioration » de la situation sanitaire due à la recrudescence de l’épidémie de choléra et de l’apparition du virus Zika. Le représentant s’est donc dit préoccupé par la diminution sensible de l’aide publique au développement et par la réduction « draconienne » de l’enveloppe humanitaire qui a chuté à 55 millions en 2015 contre 155 millions en 2014. Le Gouvernement haïtien, a-t-il plaidé, invite ses partenaires internationaux à mesurer l’ampleur des défis et à l’accompagner en apportant des réponses rapides et concrètes en adéquation avec les urgences de l’heure.
Le représentant a souscrit à la proposition du Secrétaire général d’entreprendre une « évaluation stratégique » à l’issue des élections quant au rôle futur de la MINUSTAH. Le bon déroulement des prochaines élections, a précisé le représentant, devrait constituer un indicateur clef pour ce qui est de l’appréciation des besoins à moyen et à long termes et du soutien futur des partenaires d’Haïti. L’essentiel pour les autorités haïtiennes est de s’assurer de la durabilité des acquis de ces 12 dernières années, notamment en matière de sécurité, et de permettre aux institutions haïtiennes de prendre graduellement et efficacement le relais des fonctions assumées jusqu’ici par la Mission. Le Gouvernement, a conclu le représentant, est favorable au maintien et au renforcement des composantes d’appui à la Police nationale, au système judiciaire, à l’administration pénitentiaire et au Ministère de la justice et de la sécurité publique pour réduire substantiellement le nombre de personnes en détention préventive prolongée et améliorer les conditions carcérales.
M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique) a estimé que les élections prévues le 24 avril prochain pourraient constituer « un tournant » pour la consolidation du processus politique et le rétablissement de l’ordre constitutionnel en Haïti. Il a appelé tous les acteurs politiques à agir de manière responsable pour préserver la sécurité et la stabilité pendant cette délicate période de transition.
Par ailleurs, le représentant s’est dit préoccupé par les défis à court et moyen termes que représentent les problèmes de la malnutrition et du choléra, qui a tué plus de 9 000 personnes et infecté près d’un million d’Haïtiens. Refusant d’accepter « que des défis humanitaires solubles menacent le présent et le futur du pays », il a plaidé pour davantage de vigilance, d’alertes rapides et de réponses coordonnées, et pour des investissements dans les infrastructures hydriques, la santé et l’assainissement. Enfin, rappelant « le rôle vital » que la MINUSTAH continue de jouer dans la vie quotidienne de ce pays, le représentant du Mexique a jugé impératif de maintenir sa présence « tant que les circonstances le requièrent », et de transférer « progressivement » les fonctions de la Mission aux Haïtiens.
Tout en regrettant le report du second tour des élections présidentielles, M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a reconnu l’importance de l’accord politique inter-haïtien réalisé le 5 février dernier, qui a évité une vacance du pouvoir. Il a espéré que le dialogue promu par le Président par intérim, M. Jocelerme Privert, permettra de normaliser la vie démocratique du pays jusqu’au prochain tour des élections présidentielles.
Sur le plan sécuritaire, M. de Aguiar Patriota a noté avec préoccupation l’augmentation des homicides et de la violence en février. Il a appuyé la visibilité et la mobilité continues du personnel en uniforme de la MINUSTAH et encouragé la Police nationale haïtienne à prendre le relais de la Mission. Il a ensuite évoqué la situation économique difficile en Haïti, la sécheresse et les inondations, et l’augmentation des cas de choléra. Pour sa part, le Brésil est engagé à maintenir sa politique d’immigration spéciale et d’accueil vis-à-vis des Haïtiens, a assuré son représentant. « Nous espérons qu’une attitude de plus en plus positive des acteurs politiques haïtiens pourra conduire à la finalisation du processus en cours et contribuer à la réalisation d’élections justes et transparentes », a conclu le représentant.
M. GUSTAVO MEZA-CUADRA VELASQUEZ (Pérou), s’exprimant au nom du Groupe des amis d’Haïti (Argentine, Brésil, Canada, Chili, Colombie, États-Unis, France, Guatemala, Pérou, Uruguay et Venezuela), a déclaré qu’il était préoccupé par la suspension continue des cycles électoraux et l’incertitude politique qui en résulte. Il a insisté sur la mise en œuvre de l’Accord politique du 5 février dernier, lequel a permis d’éviter un vide institutionnel tout en établissant une feuille de route pour la suite du processus électoral. Le représentant, qui a ensuite déploré les violences politiques de janvier et février derniers, a appelé tous les acteurs politiques haïtiens à promouvoir un environnement pacifique, dans le plein respect de l’état de droit.
Dans ce contexte, le Groupe des amis d’Haïti réitère qu’il est important pour le Gouvernement d’Haïti de s’engager pour le renforcement de l’état de droit, et de faire également des progrès dans les secteurs de la justice et de la sécurité. Il a aussi souligné que le renforcement des capacités de la Police haïtienne devrait être l’une des tâches principales à laquelle doit s’atteler la MINUSTAH, notant à cet égard des progrès partiels effectués dans la mise en œuvre du plan quinquennal de développement de la Police haïtienne pour la période 2012-2016.
M. Velasquez a ensuite rappelé que le Groupe des amis d’Haïti était engagé en faveur du respect de la politique de tolérance zéro en cas d’abus ou d’exploitations sexuels. Il a invité le personnel des Nations Unies à adhérer à des normes de conduite très élevées et souhaité que ceux qui sont impliqués dans de tels actes en soient tenus responsables. Il a en outre plaidé pour la réduction de crimes violents dans le pays, particulièrement ceux ciblant les femmes et les enfants, y compris les viols et d’autres cas de violence sexuelle.
Le représentant s’est également dit préoccupé par le fait que l’instabilité politique dans le pays détourne l’attention qui, a-t-il dit, devrait au contraire porter sur des défis humanitaires permanents. Il a notamment appelé à soutenir les efforts des autorités nationales visant à mettre fin à l’épidémie de choléra dans le pays. Il a aussi relevé qu’un certain nombre de facteurs affectent la croissance économique du pays, citant ainsi la crise politique, la sécheresse ayant conduit à la baisse de la production agricole et la baisse de l’aide internationale. Le représentant a aussi souligné qu’il ne peut y avoir de stabilité véritable dans le pays, ni de développement durable, sans un renforcement des institutions démocratiques et sans des processus démocratiques crédibles.
M. IOANNIS VRAILAS, de l’Union européenne, a fait part de sa préoccupation face à l’interruption du processus électoral. L’achèvement du processus est une condition nécessaire à la stabilité politique et institutionnelle du pays, a-t-il souligné avant d’en relever le caractère urgent afin qu’Haïti puisse faire face aux nombreux défis économiques, sociaux et environnementaux auxquels il est confronté. « Haïti ne peut pas se permettre une nouvelle crise politico-sécuritaire », a insisté le représentant.
L’Union européenne avait fermement soutenu la tenue des scrutins d’août et d’octobre 2015, d’abord par une contribution financière de 5 millions d’euros au Fonds géré par les Nations Unies puis par l’envoi d’une mission d’observation électorale qui avait conclu que, malgré certaines irrégularités, il n’y avait pas eu d’altération significative du résultat du premier tour des élections présidentielles. Par conséquent, l’Union européenne suggère que les résultats proclamés par le Conseil provisoire électoral constituent la base de référence du deuxième tour. L’Union européenne prend note de l’Accord du 5 février et appelle à la mise en œuvre de l’ensemble de ses dispositions.
Il est essentiel d’aboutir à l’entrée en fonctions rapide d’un Gouvernement provisoire inclusif et confirmé par le Parlement, ainsi que du Conseil électoral provisoire afin de pouvoir prendre les mesures qui s’imposent pour permettre au processus électoral initié en 2015 d’aboutir dans la transparence et le respect du nouveau calendrier agréé, a insisté le représentant, au nom d’une Union européenne prête à continuer d’appuyer ce processus, y compris par le biais de sa mission d’observation électorale. Le représentant a toutefois averti que le soutien financier reste subordonné au respect des principes démocratiques, y compris le droit du peuple de choisir son gouvernement démocratiquement élu par les urnes et non par la mobilisation de la rue. Pour l’Union européenne, la présence de la MINUSTAH, et plus particulièrement son appui à la sécurisation des élections, reste utile pour garantir la poursuite du processus ainsi que la paix et la stabilité pendant les prochains mois.
M. JOSÉ ALBERTO ANTONIO SANDOVAL COJULÚN (Guatemala), s’alignant sur la déclaration prononcée par le Pérou au nom des pays amis d’Haïti, a souhaité que les pouvoirs publics continuent de promouvoir la stabilité politique et sociale « que méritent les Haïtiens ». D’après lui, le report des élections présidentielles ne contribue pas au retour du pays sur le chemin de la démocratie. C’est la raison pour laquelle il a insisté sur l’importance de mettre en œuvre l’Accord du 5 février dernier, qui a pour objectif de protéger « la continuité institutionnelle ». Il a salué la désignation, le 14 février, d’un Président provisoire tandis que se poursuit le processus électoral. Par ailleurs, le représentant s’est dit préoccupé par la situation humanitaire dans le pays, où les cas de choléra ont augmenté de 24% entre 2014 et 2015.
M. MARTIN GARCIA MORITAN (Argentine) a appelé de ses vœux la mise en place d’un gouvernement légitime en Haïti. Notant avec préoccupation l’augmentation de la violence ces derniers mois et la réduction du personnel de la MINUSTAH, il a rappelé qu’il jugeait nécessaire le maintien d’une présence militaire importante jusqu’à la conclusion satisfaisante du processus électoral. Il a également constaté que les effectifs de la Police nationale haïtienne n’étaient pas encore au complet. Pour lui, la communauté internationale doit s’engager à promouvoir la réforme du secteur de la sécurité. Enfin, il a réitéré qu’il était nécessaire que le Gouvernement haïtien participe pleinement aux décisions relatives à la présence des Nations Unies dans son pays.
M. CRISTIAN BARROS MELET (Chili) s’est dit préoccupé par la situation politique en Haïti, où il devient indispensable d’appliquer l’Accord politique du 5 février et de conclure le cycle électoral entamé en 2015. Il a espéré que la Police nationale haïtienne serait en mesure de réaliser les objectifs de son plan de développement pour la période 2012-2016. Quant à la recommandation du Secrétaire général de lier la reconfiguration de la MINUSTAH à l’échéance électorale d’avril, le représentant a réaffirmé qu’il faudrait tenir compte aussi de l’opinion des pays contributeurs de troupes concernés. M. Barros Melet a, avant de conclure, réitéré l’attachement de son pays en faveur d’Haïti, que ce soit dans le cadre de sa relation bilatérale ou au sein d’instances multilatérales.
M. MIGUEL CAMILLO RUIZ (Colombie) s’est dit préoccupé par les cas de décès causés par le choléra en Haïti. Il a aussi regretté les actes de violence sexuelle dont sont victimes les femmes en Haïti. Il a également déploré la faible représentation de ces dernières à des postes électifs.
Le délégué de la Colombie a par ailleurs plaidé pour la mise en place d’institutions carcérales adéquates dans le pays, en soulignant que les conditions de vie des détenus du pays exigeaient une amélioration urgente. Il s’est dit ensuite préoccupé par les nombreux reports d’élections dans le pays, tout en invitant le prochain Président élu à mettre l’accent sur la sécurité. Il a salué le travail de la MINUSTAH et insisté sur la nécessité de préserver ces acquis. Avant de conclure, il a indiqué que la Police colombienne contribuait au renforcement des capacités de la Police nationale haïtienne.
Mme RHONDA KING (Saint-Vincent-et les Grenadines), qui s’exprimait au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a regretté que l’instabilité politique actuelle en Haïti fasse obstacle au processus électoral en cours dont l’échéance était fixée par l’Accord du 5 février. La CARICOM appelle à la fois les Haïtiens et la communauté internationale à faire leur possible pour que ce processus puisse aboutir dans la transparence et qu’il soit libre et juste. Haïti ne peut pas se permettre de maintenir l’instabilité politique actuelle, compte tenu des nombreux défis auquel il est confronté comme la sècheresse, l’insuffisance en eau ainsi que l’absence d’infrastructures de santé et sanitaires efficaces et la lutte contre le choléra, a poursuivi Mme King. Elle a rappelé que lors de la trente-quatrième session de la conférence régionale de la FAO, les ministres de l’agriculture d’Amérique latine et des Caraïbes s’étaient engagés à travailler ensemble pour remédier à la faim chronique, la malnutrition et la pauvreté qui frappent Haïti.