De retour d’Afrique de l’Ouest, des membres du Conseil de sécurité font un compte-rendu de leur mission dans la région
Le Conseil de sécurité a entendu, ce matin, les représentants de la France, de l’Angola et du Sénégal faire un compte-rendu de la mission qu’ils ont conduite en Afrique de l’Ouest, du 3 au 9 mars 2016, et au cours de laquelle ils ont réaffirmé l’importance que l’organe chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales attache à la situation dans la région, en particulier au Mali et en Guinée-Bissau, pays où la réconciliation doit primer sur les divisions.
Présentant aux autres membres du Conseil les lignes de force de l’étape malienne de la mission, le Représentant permanent de la France auprès des Nations Unies, M. François Delattre, a clairement dit que, deux ans après le début de la crise au Mali, « la paix ne serait pas possible sans une réconciliation de tous les Maliens ».
À cette fin, la délégation du Conseil s’est entretenue avec tous les acteurs pertinents, du Président du Mali, M. Ibrahim Boubacar Keïta, et son gouvernement, aux groupes signataires de l’Accord de paix, en passant par des élus, imams et associations de femmes à Tombouctou, dans le nord du pays. Les membres du Conseil ont également rencontré des responsables de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) et de l’opération militaire Barkhane, conduite par l’armée française.
« Toutes les composantes de la société malienne doivent pouvoir coexister en paix dans le pays », a poursuivi M. Delattre, en précisant qu’il s’agissait du « message » que le Conseil souhaitait adresser. C’est la raison pour laquelle celui-ci appelle à accélérer la mise en œuvre de l’Accord de paix, soutenu par l’ensemble des parties au conflit. La multiplication des attaques terroristes depuis 2015 dans le centre du Mali a également amené la délégation à faire étape à Mopti, a ajouté l’Ambassadeur Delattre.
En se rendant ensuite en Guinée-Bissau, le Conseil a souhaité évaluer la situation dans un pays éprouvé par des divergences continues au sein de la classe politique, a expliqué le représentant du Sénégal, M. Gorgui Ciss.
La dernière crise en date remonte à décembre 2015, lors du vote du programme du Gouvernement, au cours duquel « 15 députés du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et de Cabo Verde (PAIGC), formation au pouvoir, se sont abstenus, en opposition aux instructions de leur parti », avait expliqué, en février dernier, le Représentant spécial du Secrétaire général, M. Miguel Trovoada, devant le Conseil de sécurité. Ces députés ont été expulsés et l’Assemblée nationale populaire a mis fin à leur mandat, ouvrant ainsi la voie à un véritable « imbroglio politico-judiciaire » qui a plongé le pays dans une impasse constitutionnelle.
À Bissau, la délégation du Conseil s’est entretenue avec le Premier Ministre, M. Carlos Correia, qui est revenu sur les raisons de la crise. Elle s’est également entretenue avec le Ministre des affaires étrangères, le Président du Parlement et les chefs de partis politiques, de même qu’avec les organisations de la société civile et l’équipe de direction du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau (BINUGBIS).
« Le Conseil souhaitait réaffirmer aux Bissau-Guinéens son soutien et insister sur la primauté d’un dialogue inclusif pour atténuer les tensions », a résumé le représentant du Sénégal.
Le 8 mars, le Conseil de sécurité a achevé sa mission en se rendant à Dakar, au Sénégal, où le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest, M. Mohamed Ibn Chambas, leur a donné un aperçu de la situation et des activités de l’ONU dans cette région.
Les membres du Conseil de sécurité ont conclu leur journée sur place en rencontrant le Président sénégalais, M. Macky Sall, en sa qualité de Président de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), a précisé le Président du Conseil, l’Ambassadeur Ismael Abraão Gaspar Martins, de l’Angola.
S’agissant de la situation au Mali, M. Sall a souligné qu’il était nécessaire de respecter l’intégrité territoriale du Mali. Il s’est dit préoccupé par les moyens dont dispose la MINUSMA pour s’acquitter de son mandat, en particulier face à la recrudescence des violences dans le pays. Il a également identifié la nature transnationale de la menace terroriste et l’importance pour les pays de l’Afrique de l’Ouest de renforcer leurs capacités nationales dans ce contexte.