Pour la première fois de l’année 2016, le Conseil de sécurité fait le bilan de ses activités mensuelles
Le Conseil de sécurité a fait, ce matin, et pour la première fois de l’année 2016, le bilan de ses activités mensuelles, qui auront notamment été marquées par un test nucléaire mené par la République populaire démocratique de Corée, la crise en Syrie et au Moyen-Orient, une mission de ses membres au Burundi et, sur une note plus positive, l’adoption d’une résolution qualifiée d’historique pour appuyer le processus de paix en Colombie.
En ce mois de janvier, au cours duquel l’Uruguay assumait la présidence tournante du Conseil de sécurité, 17 séances publiques, 12 consultations et une réunion privée ont eu lieu. Les 15 membres ont adopté 4 résolutions, 12 déclarations à la presse, et se sont également rendus en mission au Burundi, puis au siège de l’Union africaine à Addis-Abeba, en Éthiopie, s’est félicité l’Ambassadeur Elbio Rosselli, de l’Uruguay.
Le représentant uruguayen a fait part de l’immense satisfaction ressentie par son pays après l’adoption à l’unanimité, le 25 janvier, et à la demande des parties en conflit, de la résolution 2261 (2016), qui créé une mission politique spéciale chargée de surveiller le dépôt des armes et de vérifier la fin des hostilités entre le Gouvernement colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie, l’Armée populaire désignée sous le sigle FARC-EP.
Saluant ensuite la mission que le Conseil de sécurité a conduite en Afrique, du 21 au 23 janvier, le représentant s’est ensuite dit préoccupé par la suspension du processus électoral en Haïti. Il a suggéré que le Conseil de sécurité organise une visite dans ce pays.
Le Japon s’est ensuite dit profondément préoccupé par la grave menace que pose la République populaire démocratique de Corée (RPDC) au régime de non-prolifération, après l’annonce qu’elle a faite le 6 janvier concernant le succès de son essai nucléaire. Le représentant japonais a salué la réaction rapide des membres du Conseil sur cette question, tout en préconisant l’adoption d’une résolution robuste en la matière. Il a aussi recommandé de limiter le temps de parole des membres du Conseil à cinq minutes.
La Nouvelle-Zélande s’est dite soulagée que le Conseil ait pu se déplacer au Burundi, en rappelant que ce déplacement avait abouti après six mois de négociations. Son représentant a cependant considéré que cette visite avait été décevante à bien des égards, compte tenu des divergences de vues très importantes entre le Gouvernement du Burundi et les autres acteurs rencontrés dans le pays. Le représentant de la Nouvelle-Zélande s’est interrogé sur la manière dont le Conseil pourrait répondre aux images insoutenables de ce qui se passe au Burundi.
« Il y a 20 ans, j’étais dans la même salle et nous savions ce qui se produisait au Rwanda mais ce n’est que lorsque les images montrant les atrocités commises que diffusait la télévision à Goma que nous avons réagi », a regretté le représentant néo-zélandais.
Peu de progrès ont été réalisés pour mettre fin à la guerre en Syrie et, notamment, sur le volet humanitaire, a regretté le représentant de l’Espagne. Il a salué d’adoption de la résolution historique qui a autorisé le déploiement d’une mission politique spéciale en Colombie afin d’appuyer le processus de paix en cours. Le représentant s’est également rallié à la recommandation du Japon visant à réduire le temps de parole et à continuer à tenir des séances récapitulatives comme celle d’aujourd’hui.
Pour sa part, l’Égypte a estimé que la mission du Conseil de sécurité au Burundi avait été l’une des grandes réalisations de ce mois car elle a permis de mieux comprendre la crise et d’explorer plus à fond les solutions disponibles », a souligné son représentant.
Le Sénégal a souligné plusieurs points positifs enregistrés en Afrique de l’Ouest, et, en particulier, la transition réussie en Côte Ivoire, tout en insistant sur la nécessité d’engager une diplomatie préventive et de mieux coordonner les actions avec les organisations régionales, notamment la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Il a aussi rappelé que l’Afrique avait été victime d’un grand nombre d’attentats en janvier et qu’il était nécessaire de mettre en œuvre de manière effective la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel.
Lorsque les membres du Conseil de sécurité font preuve de souplesse et de bonne volonté, a noté le représentant de la Malaisie, il lui est possible de mettre en œuvre son mandat. Il a cité, à titre d’exemple, la réaction rapide face à l’essai nucléaire de la RPDC. Il a également considéré que ce type de séance récapitulative devrait être constamment inscrit à l’ordre du jour du Conseil.
Les États-Unis ont rappelé combien le monde avait été choqué par les conditions de famine que subit la population civile dans la ville de Madaya, en Syrie, et que cela ne représentait qu’un aspect des souffrances endurées par les communautés de ce pays. Leur représentante a ensuite expliqué qu’au Burundi, les membres du Conseil avaient entendu des femmes parler de viols et de violences sexuelles. Elle a également plaidé pour davantage de souplesse dans les méthodes de travail du Conseil.
À son tour, le Venezuela, qui assumera la présidence tournante du Conseil de sécurité en février, a appuyé la tenue de séances de synthèse mensuelles pour des raisons de transparence. « Un des principaux succès est d’avoir vu la paix et la justice sociale triompher chez un pays voisin », a déclaré son représentant au sujet de l’adoption de la résolution 2261 (2016). Il a ensuite réaffirmé que la situation des Palestiniens allait à l’encontre du droit international et qu’il faudrait agir pour œuvrer davantage en faveur de la solution à deux États. Il a également invité le Conseil à régler les problèmes au Yémen, qui semblent être ignorés.
Les trois dernières présidences mensuelles, a rappelé le représentant du Royaume-Uni, avaient organisé des séances récapitulatives officieuses parce qu’elles permettaient aussi d’avoir une meilleure interaction avec les membres de l’Assemblée générale. Il a ensuite estimé qu’il faudrait revoir le consensus qui est nécessaire pour décider des visites du Conseil de sécurité, dans la mesure où elles permettent de braquer les projecteurs sur une crise à un moment donné. Il a encore invité les membres du Conseil à faire preuve de souplesse, en faisant observer que les crises du monde ne fonctionnent pas selon un calendrier préétabli. Le représentant britannique a précisé que les membres du Conseil avaient encore beaucoup de travail à accomplir pour déterminer ce qu’ils attendent du prochain Secrétaire général de l’Organisation.
La France a salué la visite au Burundi, tout en incitant le Conseil à revoir sa méthodologie pour préparer ce type de mission. Son représentant a, en outre, rappelé que les membres du Conseil avaient convenu de répondre à la violation « flagrante » commise par la République de Corée. S’agissant de la Syrie, il a rappelé que son pays avait fait appel à une réunion publique pour alerter la communauté internationale au sujet de la situation qui prévaut actuellement dans les villes assiégées.
Son homologue de l’Angola a estimé qu’outre des séances récapitulatives, le Conseil de sécurité dispose également d’un outil utile à travers le dialogue interactif. Il s’est dit particulièrement inquiet de la situation au Burundi, en estimant que le Conseil de sécurité devrait faciliter le retour à des négociations inclusives.
Concernant la situation en Syrie, le représentant de l’Ukraine s’est inquiété de l’utilisation de la famine comme méthode de guerre. Il a appelé les membres du Conseil à faire preuve de volonté politique « sincère » pour rompre le cycle de la violence. Il a également souligné qu’il était nécessaire pour le Conseil de sécurité de répondre fermement à une violation flagrante de sa résolution sur la non-prolifération nucléaire.
La Chine a regretté l’impasse du processus de paix israélo-palestinien, en rappelant qu’il incombait à la communauté internationale de protéger les droits inaliénables des Palestiniens. Il a aussi estimé que des mesures devraient être prises pour ramener les parties à la table des négociations.
Enfin, le représentant de la Fédération de Russie a fait remarquer que le Conseil de sécurité avait examiné à trois reprises, au cours de ce mois, les aspects humanitaires du conflit en Syrie. Il a regretté que la détresse des populations assiégées ait été traitée de manière « unilatérale et partiale » à des fins de politisation.