En cours au Siège de l'ONU

7615e séance – matin  
CS/12227

Le Représentant de la France fait le compte-rendu de la récente mission du Conseil de sécurité au Burundi, où la situation demeure préoccupante

Le Conseil de sécurité a entendu, ce matin, le Représentant permanent de la France, M. François Delattre, qui a fait un compte-rendu de la mission du Conseil qu’il a conduite au Burundi du 21 au 23 janvier, la deuxième en moins d’un an.  Comme le souligne M. Delattre, c’est un signe de « l’inquiétude et de la mobilisation » du Conseil sur ce dossier.  Le représentant de l’Égypte, qui participait également à cette mission, a livré, pour sa part, la teneur de l’entretien que les membres du Conseil ont eu, le 23 janvier, avec des responsables de l’Union africaine, à Addis-Abeba, en Éthiopie, où siège cette organisation.

La visite du Conseil, a précisé M. Delattre, s’inscrivait dans le cadre du suivi de la situation burundaise, qui demeure un sujet de préoccupation.  « En substance, les membres du Conseil ont souligné auprès de leurs interlocuteurs l’impérieuse nécessité de renoncer à toute forme de violence, de consolider le dialogue politique lancé à Kampala le 28 décembre 2015, de protéger les populations en vue de mieux prendre en compte le respect des droits de l’homme et, enfin, l’importance de renforcer les relations avec la communauté internationale, qu’il s’agisse de la Communauté d’Afrique de l’Est, de l’Union africaine ou des Nations Unies », a affirmé le Chef de la mission du Conseil.

M. Delattre a indiqué que les membres du Conseil avaient pu s’entretenir avec le représentant du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme au Burundi, qui leur a dressé un exposé exhaustif de la situation des droits de l’homme qui prévaut actuellement dans le pays, tout en rappelant les violations commises au cours de ces derniers mois.  Les différents représentants de la société civile, quant à eux, ont fait part de leur grande méfiance à l’égard des autorités burundaises, en particulier les forces de sécurité, ainsi que de la nécessité urgente pour la communauté internationale de faire respecter ces droits, a-t-il affirmé.

La délégation du Conseil a également rencontré des représentants de l’opposition dite « radicale », non représentée dans les institutions, qui ont dressé un tableau particulièrement sombre de la situation politique et sécuritaire, prévenant qu’un génocide était sur le point de se produire ou risquait d’avoir lieu au Burundi.  Lors de son entretien avec les membres du Conseil, le Président du Burundi, M. Pierre Nkurunziza leur a livré une analyse positive de la situation actuelle et qualifié les descriptions faites dans les médias d’« erronées », a indiqué le Chef de la mission du Conseil.  M. Nkurunziza, qui s’est félicité de la reprise du dialogue à Kampala, a estimé que seul le Président ougandais était en mesure d’accompagner le processus et refusé toute ingérence de l’Union africaine.

S’exprimant en sa qualité de représentant de la France, M. Delattre a affirmé que son gouvernement suivait avec une « extrême préoccupation » la situation au Burundi.  La France a suspendu ses opérations de coopération avec le Burundi et appuie un dialogue inclusif sous l’égide de l’Union africaine, a-t-il dit, en ajoutant que son pays avait mis en garde les autorités et l’opposition radicale.  Enfin, le représentant s’est dit préoccupé par l’arrestation du journaliste français Jean-Philippe Rémy et du photojournaliste britannique Philip Moore et a demandé leur libération.

Le dialogue informel que les membres du Conseil ont eu avec le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, a indiqué l’Ambassadeur Amr Abdellatif Aboulatta, de l’Égypte, avait pour objectif d’établir un échange sur un certain nombre de questions d’intérêt commun, notamment les situations au Burundi et en Somalie.  Concernant le Burundi, les membres des deux Conseils ont insisté sur la nécessité de restaurer la sécurité et de lancer un dialogue national inclusif en vue d’aboutir à une solution consensuelle, a précisé M. Aboulatta.  Tout en appuyant la médiation régionale menée par l’Ouganda, les États membres du Conseil de sécurité se sont dits toutefois préoccupés par la lenteur des progrès accomplis à ce jour.

Le délégué a également affirmé que le déploiement de 100 observateurs militaires et des droits de l’homme envisagé par l’Union africaine permettrait de mieux suivre l’évolution de la situation.  Certains membres du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, a-t-il indiqué, ont souhaité l’adoption par le Conseil de sécurité d’une résolution, en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, autorisant le déploiement d’une mission africaine de prévention et de protection au Burundi.  Il a ajouté que certains membres avaient, à cet égard, émis de fortes réserves en l’absence d’un accord du Gouvernement burundais.

Enfin, au sujet de la Somalie, M. Aboulatta a déclaré que les deux Conseils avaient convenu d’encourager les parties somaliennes afin qu’elles parviennent à un modèle électoral permettant de tenir des élections cette année.  Il a fait remarquer que l’Union africaine avait également exprimé sa préoccupation concernant les défis financiers auxquels sa Mission en Somalie (AMISOM) est confrontée. 

 

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