En cours au Siège de l'ONU

7614e séance – matin
CS/12225

Les responsables de la MANUSOM et de l’AMISOM soulignent, devant le Conseil de sécurité, les nombreux défis politiques et sécuritaires qui attendent la Somalie en 2016

La situation sécuritaire en Somalie reste volatile et l’année 2016 sera marquée par deux importants défis, à savoir la lutte contre le terrorisme et les progrès politiques vers un État fédéral, ont expliqué, ce matin, devant le Conseil de sécurité, le Représentant spécial pour la Somalie -et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM)- et le Chef de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM).

Lors d’un exposé par vidéoconférence, au cours duquel il a présenté le rapport trimestriel du Secrétaire général sur la Somalie*, le Représentant spécial pour la Somalie et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM), M. Michael Keating, a souligné combien l’année 2016 serait marquée par différentes avancées politiques dans le pays, tout en restant profondément troublée par les menaces liées aux milices Al-Chabab.

Il a fait part aux membres du Conseil d’une nouvelle décision importante, prise ce matin même, concernant le nouveau système électoral qui serait adopté en 2016.  Ce modèle, a-t-il expliqué, prévoit que la Chambre basse du Parlement serait composée de 275 membres, tout en conservant la formule de partage actuel à 4.5 du pouvoir entre les clans.  La Chambre haute, quant à elle, serait composée de 54 membres sur la base d’une répartition égale aux États fédérés existants, émergents ou à venir, ainsi que des sièges additionnels alloués aux entités du Puntland et du Somaliland.

Le Représentant spécial a précisé que cet accord est le fruit de six mois de négociations et que le modèle électoral devant être mis en œuvre avait été mené et dirigé par les Somaliens eux-mêmes, ce qui montre, a-t-il dit, la maturité croissante du pays sur la voie du fédéralisme.

Il n’a cependant pas nié que d’importants défis attendent encore les Somaliens, tant sur le plan politique qu’en matière de sécurité.  Il s’agit, à présent, de finaliser les détails de cette décision mais aussi de parvenir à un accord sur le plan d’action à suivre pour la période allant de 2016 à 2020.  Par ailleurs, des progrès doivent encore être réalisés dans la formation en cours d’États fédérés comme les régions d’Hiran et du Moyen-Chébéli.  « Lorsque ces étapes sont franchies, et que le statut de Mogadiscio/Banadir sera clarifié, la carte de la nouvelle Somalie fédérale sera complète », a-t-il dit.

Le Chef de la MANUSOM a également rappelé que depuis sa prise de fonctions, au début de cette année, le pays avait déjà subi à deux reprises des attaques menées par les milices Al-Chabab, à El-Ade, ainsi que sur la plage du Lido, en front de mer de Mogadiscio, ayant chacune fait de nombreux morts et blessés.  Il a dit espérer davantage de progrès de la part du Gouvernement somalien pour le renforcement du secteur de la sécurité.

M. Keating a ensuite expliqué que la situation humanitaire dans le pays demeurait aussi très inquiétante, étant donné que 4,9 millions de Somaliens (soit 40% de la population) ont besoin de l’aide humanitaire.  La Somalie compte également 1,1 million de personnes déplacées, tandis que 300 000 enfants âgés de moins de 5 ans souffrent de malnutrition.

Assis à ses côtés, le Chef de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), M. Francisco Caetano José Madeira, a, à son tour, également insisté sur la menace que continue de représenter Al-Chabab en Somalie, en précisant que le groupe avait recours à des tactiques nouvelles à travers des attaques asymétriques et directes contre les bases de l’AMISOM.  « On assiste de plus en plus à des tactiques de guérillas et à l’utilisation d’engins explosifs improvisés », a-t-il expliqué, en soulignant l’étendue de la pression qui pèse à la fois sur la Mission de l’Union africaine et sur les Forces armées somaliennes appelées à déloger ces groupes des villes et villages qu’ils contrôlent.

Sur le front politique, il s’est dit encouragé par les progrès réalisés par le Gouvernement et le peuple somaliens en vue de la constitution de leur État fédéral.  Il a exhorté les partenaires à appuyer la Somalie dans la mise en œuvre de son processus électoral.

Face aux attaques, il a également réaffirmé qu’il était nécessaire d’établir une coordination efficace entre la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM) et la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM).  Il a émis l’espoir que des progrès seront réalisés pour renforcer un cadre décisionnel conjoint.

L’armée nationale somalienne, a-t-il rappelé, joue un rôle central dans la conduite des opérations conjointes avec l’AMISOM.  Il a aussi expliqué que de graves préoccupations avaient été exprimées à la suite de la décision de l’Union européenne de réduire l’allocation versée aux soldats, à concurrence de 20%, à partir de janvier 2016.  À cet égard, il a invité le Conseil de sécurité à considérer un renforcement de l’appui financier des États Membres de l’ONU, d’organisations du système des Nations Unies ou d’autres partenaires.

 

* S/2016/27

 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.