Face au nombre record de réfugiés dans le monde, les pays d’accueil soulignent la nécessité de renforcer le partage des responsabilités
Les délégations ont continué d’insister sur la responsabilité partagée qui incombe aux États de gérer les déplacements massifs de réfugiés, lors du débat général que la Troisième Commission a consacré, ce matin, aux travaux du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).
Cet après-midi, la Commission, chargée des affaires sociales, humanitaires et culturelles, a adopté sans vote les trois premiers projets de résolution de sa session.
Une trentaine de pays, dont plusieurs pays d’accueil, ont pris part à la discussion entamée hier après l’intervention du Haut-Commissaire pour les réfugiés, M. Filippo Grandi.
Au cours de l’année écoulée, avait rappelé M. Grandi, le nombre de personnes déplacées par les conflits et les persécutions a grimpé en flèche, atteignant 65,3 millions.
À lui seul, le conflit en Syrie a entraîné le déplacement de 6,5 millions de personnes. En Afrique, des situations d’urgence récentes se sont envenimées et les conflits prolongés ont eu pour effet de maintenir en exil des millions de personnes.
Même si les pays d’accueil ont généralement maintenu leurs frontières ouvertes, ils ont aussi subi de ce fait des conséquences politiques et socioéconomiques importantes, note M. Grandi dans son rapport.
Avec 1,2 million de réfugiés syriens et 400 000 réfugiés palestiniens, le Liban est le pays qui a le pourcentage le plus élevé au monde de réfugiés par habitant et par kilomètre carré. Il est temps, a ainsi fait valoir le représentant de ce pays, de dépasser l’approche centrée uniquement sur l’assistance humanitaire pour répondre aux besoins des réfugiés et des personnes déplacées et des communautés d’accueil en matière de développement.
Il est temps, a renchéri son homologue de la Jordanie, que la communauté internationale assume ses responsabilités dans cette région du monde et appuie la Jordanie qui aide 1,3 million de réfugiés, soit 20% de sa population.
Avec le même sentiment d’urgence, le représentant de la Turquie s’est déclaré déterminé à poursuivre les efforts dans l’accueil des réfugiés tout en estimant qu’il était grand temps que la communauté internationale agisse d’une manière coordonnée et selon le principe de la responsabilité partagée.
Malgré les difficultés économiques, l’Iraq a également continué d’accueillir les Syriens qui ont fui leur pays en raison des crimes perpétrés par Daech.
« Non seulement la République islamique d’Iran n’a pas fermé ses frontières, mais elle a respecté ses obligations internationales malgré ses ressources limitées et en l’absence d’aide internationale », a insisté à son tour la représentante iranienne.
Suite aux agressions et exactions commises par l’organisation terroriste Boko Haram dans la région du Lac Tchad, en particulier au Cameroun, au Nigéria, au Tchad et au Niger, neuf millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire, a rappelé ensuite la déléguée du Cameroun.
Au Mali, la crise politique et sécuritaire a occasionné 500 000 déplacés internes et 150 000 réfugiés, composés essentiellement de femmes et d’enfants.
En Afrique australe, où le degré de développement diffère selon les pays, il existe des facteurs poussant à la migration domestique ou internationale, l’Afrique du Sud étant la principale destination. La migration transfrontière à la recherche d’emplois est une longue tradition, notamment à destination de la région de l’industrie minière, qui tend à se réduire, a expliqué la déléguée de Madagascar au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).
Résumant la situation, le représentant de l’Éthiopie a jugé préoccupant que 86% des réfugiés dans le monde bénéficient de l’hospitalité des pays les moins développés et en développement. Face à cet état de fait, il a affirmé que l’on attendait des États Membres qu’ils mettent en œuvre les engagements contenus dans la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants, adoptée par l’Assemblée générale le 19 septembre dernier.
Ensuite, la Commission a adopté trois résolutions sur les thèmes suivants: « Suite à donner au treizième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale et préparatifs du quatorzième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale »; « Promotion de l’application des Principes directeurs des Nations Unies sur le développement alternatif »; et « L’alphabétisation, enjeu vital: définir les futurs programmes d’action ».
La Troisième Commission reprendra demain ses travaux à 10 heures avec un exposé du Président du Conseil des droits de l’homme.
RAPPORT DU HAUT-COMMISSAIRE DES NATIONS UNIES POUR LES RÉFUGIÉS, QUESTIONS RELATIVES AUX RÉFUGIÉS, AUX RAPATRIÉS ET AUX DÉPLACÉS ET QUESTIONS HUMANITAIRES (A/71/12, A/71/12/ADD.1 ET A/71/354)
Suite et fin du débat général
« Les chiffres sont accablants, les images insoutenables », a déclaré M. BENJAMIN VALLI (Monaco), notant que les besoins en matière d’aide humanitaire avaient triplé en 10 ans. Il a jugé inacceptable que la moitié des 65 millions de personnes forcées de quitter leur foyer recensées par le HCR soient des enfants, parfois même non accompagnés.
Le Gouvernement, conformément à l’Accord-cadre de coopération qui le lie au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), veille à perpétuer sa tradition d’accueil. Les familles reçues à Monaco bénéficient d’opportunités visant leur pleine intégration et leur autonomisation.
La Principauté contribue également à l’effort des pays qui assistent de nombreux réfugiés sous la forme de dons, notamment en faveur des enfants, et de personnes en urgence médicale, a poursuivi M. Valli. Il a mis un accent particulier sur les besoins éducatifs des enfants réfugiés. L’éducation n’est pas seulement un droit fondamental, c’est aussi l’un des atouts les plus précieux qu’un réfugié puisse avoir, que ce soit pour s’intégrer dans son pays d’accueil ou reconstruire le foyer qu’il a dû fuir.
Mme AL KHATER (Qatar) s’est félicitée du fait que le rapport mentionne plus spécifiquement la situation de la jeunesse sans avenir à cause du conflit en Syrie. La future génération de ce pays sera marquée pour de longues années par la violence, le traumatisme et l’absence d’opportunités en matière d’éducation.
Jusqu’à présent, l’investissement du Qatar dans la formation des enseignants et les classes a permis à plus de 600 000 enfants syriens dans les camps de réfugiés d’être en mesure de poursuivre leur instruction. Le Qatar a également appuyé l’éducation supérieure et exhorté la communauté internationale, à plus d’une occasion, à agir pour éviter qu’il y ait une « génération perdue » de diplômés universitaires dans les situations de conflit.
La délégation a appelé à investir dans la préparation d’une nouvelle génération de dirigeants, de futurs responsables de la stabilisation et de la reconstruction postconflit dans leurs pays respectifs.
M. ADNAN (Iraq) a expliqué que son pays avait été confronté à des vagues de déplacements du fait des attaques terroristes. Aujourd’hui 3,2 millions de personnes sont déplacées en Iraq. Le Gouvernement leur fournit une aide logistique, financière, administrative, et en matière d’éducation.
Malgré les difficultés économiques, le pays continue d’accueillir les Syriens qui ont fui leur pays en raison des crimes perpétrés par Daech et de les traiter de la même façon que les Iraquiens. Ce sont 339 000 réfugiés syriens qui ont ainsi été accueillis. Des couloirs humanitaires ont été mis en place après la libération des villes, mais le défi reste immense, notamment pour la reconstruction.
Le Gouvernement reste déterminé à chasser Daech du territoire iraquien avec l’aide de la coalition internationale, a conclu le représentant.
M. MURAT UĞURLUOĞLU (Turquie) s’est déclaré déterminé à poursuivre les efforts dans l’accueil des réfugiés tout en estimant qu’il est grand temps que la communauté internationale agisse d’une manière coordonnée et selon le principe de la responsabilité partagée. « Nous ne répondrons pas aux accusations du régime syrien car la Turquie a mené une politique de la porte ouverte » depuis le début de la guerre pour accueillir des millions de Syriens, en respectant le principe de non-refoulement, a-t-il dit.
Les Syriens sont logés dans des centres temporaires, bénéficient d’allocations et ont des possibilités d’accès au marché du travail sous condition. Il est toutefois difficile de scolariser tous les enfants, a souligné le délégué, appelant à la générosité des donateurs pour éviter qu’il y ait une génération perdue en termes d’éducation.
Mme SADIYA UMAR FAROUQ (Nigéria) a également mis en avant sa stratégie nationale sur la migration visant à garantir une protection efficace et cohérente des droits de l’homme des migrants et de toutes les personnes déplacées, toutes catégories confondues. Le Nigéria cherche en outre à trouver des solutions régionales et à partager les pratiques optimales.
S’agissant des communautés d’accueil, le Gouvernement a adopté une approche fondée sur la réinsertion et la formation des personnes déplacées. Un fonds d’appui aux victimes a également été établi. Le Nigéria a enfin encouragé à l’intégration des objectifs de développement durable dans les stratégies relatives aux réfugiés et aux déplacés.
Mme MXAKATO-DISEKO (Afrique du Sud) a fait part de sa préoccupation face aux crises des réfugiés en Afrique subsaharienne. Les crises prolongées et complexes occasionnées par les conflits armés en République démocratique du Congo (RDC), au Mali, en Somalie et au Soudan ont forcé des millions de personnes à fuir leurs pays d’origine et à vivre en exil. Elle a jugé urgent de s’attaquer aux causes profondes des déplacements forcés afin de créer un environnement favorable à la croissance économique et au développement durable.
L’Afrique du Sud appuie le document final du Sommet mondial sur l’action humanitaire d’Istanbul, tenu en mai dernier, a ajouté la représentante. D’après elle, toutes les crises humanitaires méritent la même attention et un financement de la part de la communauté internationale. « Il ne devrait jamais y avoir de crises oubliées. »
Notant que 3,7 millions de personnes avaient été enregistrées comme étant apatrides en 2015, elle a jugé essentiel que le continent africain mette en place les mécanismes nécessaires pour l’enregistrement civil de tous les habitants et pour collecter des statistiques vitales.
Avec 1,2 million de réfugiés syriens et 400 000 réfugiés palestiniens, a souligné M. NAWAF SALAM (Liban), le Liban est le pays qui a le pourcentage le plus élevé au monde de réfugiés par habitant et par kilomètre carré. L’afflux massif de réfugiés syriens a multiplié les défis auxquels fait face le Liban et grève ses ressources déjà limitées et ses infrastructures, affectant son activité économique et les investissements, et menaçant sa sécurité.
Il est temps, a-t-il fait valoir, de dépasser l’approche centrée uniquement sur l’assistance humanitaire pour répondre aux besoins des réfugiés et des personnes déplacées et des communautés d’accueil en matière de développement.
M. Salam a rappelé que le partage des responsabilités demeurait un principe fondamental de la gestion des conséquences des déplacements forcés et qu’il fallait s’attaquer à leurs causes profondes.
Il a estimé que le contexte spécifique de chaque situation devait être adéquatement pris en considération. Ainsi, le Liban, selon sa Constitution, ne peut pas devenir un pays de réinstallation ni de naturalisation. Il a jugé essentiel de faire du retour des personnes déplacées et des réfugiés une priorité dans la recherche de solutions durables.
M. NEBIL SAID IDRIS (Érythrée) a appuyé l’analyse du Haut-Commissaire pour les réfugiés, appelant à établir une distinction entre les réfugiés et les migrants. Le représentant a également souligné la nécessité de la protection de ces deux catégories, dans le cadre du principe de responsabilité partagée.
Il a également recommandé que le Haut-Commissariat s’en tienne à son mandat de base: la protection et l’assistance aux réfugiés, rapatriés et déplacés, insistant sur l’obligation du Haut-Commissariat d’agir en consultation avec les pays concernés.
Les camps de réfugiés ne doivent pas servir au recrutement d’extrémistes, a ajouté le représentant. Il a noté que, dans certains cas, il y a une catégorisation erronée et le Gouvernement érythréen souhaite demander un réexamen des directives d’accueil.
M. HAILESELASSIE SUBBA GEBRU (Éthiopie) a déclaré qu’il était préoccupant que 8 % des réfugiés dans le monde aient bénéficié de l’hospitalité des pays les moins développés et de ceux en développement. Au regard de cette situation, il a affirmé que l’on attendait des États Membres qu’ils mettent en œuvre les engagements contenus dans la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants, en vue d’alléger leur fardeau.
Le représentant a également fait état de la nécessité d’ouvrir les frontières aux personnes en quête de protection et d’assistance, en leur fournissant une aide humanitaire d’urgence. En outre, il a prôné la consolidation de l’appui aux pays sortant de conflit, en facilitant les conditions de rapatriement volontaire et de réintégration des réfugiés dans leur pays d’origine.
Il a ainsi expliqué que l’Éthiopie accueillait plus de 773 000 réfugiés dans 25 camps et 5 sites de transit, faisant de ce pays le numéro un en matière d’accueil des réfugiés en Afrique.
M. Gebru a souligné que son pays s’était approprié tous les instruments internationaux relatifs à la protection et l’assistance des réfugiés, et avait pris des mesures concrètes traduites dans des cadres juridiques et des politiques.
L’Éthiopie a rédigé un document qui a souligné la nécessité d’étendre la politique de sortie des camps en faveur de 75 000 réfugiés, ainsi que l’accès à la terre devant bénéficier à 20 000 foyers soit à 100 000 personnes.
Grâce à cette politique, l’accès des réfugiés à l’éducation, au marché de l’emploi, à l’ouverture de comptes bancaires et aux extraits de naissance pour les enfants de réfugiés nés en Éthiopie a été favorisé, a-t-il affirmé.
M. TARO TSUTSUMI (Japon) a espéré que le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, M. Filippo Grandi, s’acquitterait de sa nouvelle tâche d’une façon aussi remarquable qu’il l’avait fait pour l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). Il a souscrit aux quatre axes prioritaires stratégiques dégagés par celui-ci pour les futures activités du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), présentées en septembre au Comité exécutif à Genève et appuyées par plusieurs États Membres.
Face aux défis de la situation humanitaire, la communauté internationale a organisé le premier Sommet mondial sur l’action humanitaire en Turquie, le Japon, pour sa part, a accueilli le Sommet du G7 à Ise-Shima. Il a aussi évoqué la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur la gestion des déplacements massifs de réfugiés et de migrants et a invité à un suivi sérieux des tous ces événements.
Le Japon a assuré de son plein attachement à ses engagements annoncés à chacune de ces réunions internationales. Il a ensuite demandé davantage d’efficacité aux agences humanitaires dans l’exécution des programmes d’assistance.
À cet égard, il a jugé que l’adoption du « Grand Bargain » (« Grand compromis »), un paquet de réformes sur le financement humanitaire, au Sommet d’Istanbul représentait un grand pas en avant. Il a espéré que le HCR l’exécuterait avec fermeté et rendrait ses activités encore plus efficaces.
M. WU HAITAO (Chine) a souligné que les guerres, les conflits, la pauvreté et le sous-développement étaient les causes profondes du problème des réfugiés. Dans la recherche de solutions, les pays doivent se conformer aux buts et aux principes de la Charte des Nations Unies, a-t-il insisté, et résoudre les différends à travers le dialogue afin de réduire le nombre de réfugiés et de personnes déplacées dans le monde.
Selon lui, la communauté internationale doit accélérer la mise en œuvre de la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants, tandis que les pays d’origine, de transit et de destination doivent assumer leurs responsabilités respectives.
En tant que membre permanent du Conseil de sécurité et pays en développement le plus vaste du monde, la Chine s’est toujours engagée à maintenir la paix et à promouvoir le développement, a assuré M. Wu. La Chine a plaidé en faveur du règlement politique des crises et fourni une assistance humanitaire importante à la Syrie et à d’autres pays du Moyen-Orient.
Lors de la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur la gestion des déplacements massifs de réfugiés et de migrants, en septembre dernier, la Chine a annoncé qu’elle consacrerait une partie des ressources du Fonds d’affectation spécial pour la paix et le développement aux efforts de développement des pays aux prises avec le problème des réfugiés.
Mme RWAYDA IZZELDIN HAMID ELHASSAN (Soudan) a dit que le Soudan accueillait deux millions de réfugiés, de la Syrie et du Yémen essentiellement. Les flux migratoires sont maintenant complétés par la migration mixte et l’exode rural, et sont chaque fois plus infiltrés par les réseaux de la traite humaine et de la criminalité organisée.
Le Soudan a donc modifié ses règles concernant l’octroi du visa pour faire face à ces nouvelles réalités. La déléguée a prié les pays donateurs d’apporter leur contribution pour, notamment, faciliter le contrôle des frontières, en coopération avec les pays voisins.
Elle a signalé que 248 000 réfugiés soudanais vivaient dans des camps dans l’est du Tchad. En vue de leur retour digne, elle a demandé au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) une assistance pour un retour durable et la facilitation de la réinsertion.
D’autre part, le Soudan abrite des milliers de réfugiés du Soudan du Sud qu’il s’efforce d’aider.
Mme SAMAR SUKKAR (Jordanie) a indiqué que son pays avait accueilli 1,3 million de réfugiés, soit 20% de sa population. La Jordanie a fourni des services aux Syriens au-delà même de ses capacités, a-t-elle insisté. C’est un fardeau qui a épuisé ses ressources et qui met à mal son développement économique. Or, a-t-elle souligné, il s’agit d’une crise internationale. La Jordanie ne peut assumer que 35% des coûts.
Il ne peut y avoir qu’une solution politique à la crise syrienne, a poursuivi la représentante. Il est temps que la communauté internationale assume ses responsabilités dans cette région du monde et appuie la Jordanie qui aide ces réfugiés « au nom de la communauté internationale ». Il faut également régler le problème des réfugiés palestiniens, a-t-elle ajouté. « L’échec en la matière ne fait qu’accroître le sentiment d’injustice et de déception, notamment chez les jeunes qui peuvent ensuite être recrutés par des groupe extrémistes. »
M. ISSA KONFOUROU (Mali) a déclaré que la mise en œuvre des conclusions des différents sommets sur l’action humanitaire, le Programme de développement durable à l’horizon 2030, le Cadre de Sendaï pour la réduction des risques de catastrophes et l’Accord de Paris sur les changements climatiques permettra de résoudre véritablement et durablement l’épineuse question des réfugiés et des déplacés internes.
Au Mali, la crise politique et sécuritaire, aggravée par les traitements inhumains et dégradants infligés aux populations locales sans défense par une horde de groupes armés, a contraint des centaines de milliers de Maliens à fuir leurs lieux de résidence habituels pour trouver refuge, soit à l’intérieur du pays, soit dans les États voisins.
La crise malienne a ainsi occasionné 500 000 déplacés internes et 150 000 réfugiés, composés essentiellement de femmes et d’enfants. Le Gouvernement malien a élaboré un document de politique nationale d’action humanitaire, assorti d’un plan d’action pour la période 2016-2020, dont la mise en œuvre est en cours.
S’y ajoute l’adoption d’une stratégie nationale de gestion des personnes déplacées internes et des rapatriées, qui précise les orientations et les mesures à prendre pour faciliter le retour. Parallèlement, quatre plans régionaux d’intervention d’urgence ont été élaborés pour les régions du nord comme Tombouctou, Gao, Kidal et Mopti grâce à la synergie nationale et à l’accompagnement des partenaires tels que l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA).
Le représentant a aussi mentionné, dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord de paix et de réconciliation, la coopération étroite avec le HCR et trois pays voisins, à travers une plateforme tripartite visant à optimiser les conditions de retour de 52 028 déplacés et réfugiés maliens parmi lesquels 20 024 précédemment installés au Burkina Faso. Il a dit la gratitude infinie de son pays à la Mauritanie, au Niger, au Burkina Faso, qui accueillent des réfugiés maliens.
M. SANGWOOK KANG (République de Corée) s’est engagé à œuvrer aux côtés du Haut-Commissaire dans ses nouvelles activités. Pour s’attaquer aux problèmes de financement du HCR, a-t-il recommandé, il faut respecter les engagements pris à New York et à Istanbul et utiliser les fonds de la manière la plus efficiente possible. Il faut également travailler avec les divers partenaires dès le début des crises.
Le représentant a insisté sur le principe de non-refoulement et dit qu’il fallait continuer de placer les droits des personnes concernées au cœur des activités du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Pour sa part, la République de Corée a adopté, il y a trois ans, une loi pionnière en Asie sur les réfugiés et renforcé ses capacités d’accueil. Elle a aussi augmenté de façon significative son aide humanitaire, portée à 230 millions de dollars.
Mme ANA ILIĆ (Serbie) a déclaré que son pays avait apporté une contribution significative pour atténuer la condition de plus de 700 000 réfugiés et migrants y transitant ou y cherchant refuge, l’année dernière. Elle a précisé que 5 000 d’entre eux vivaient dans des centres d’accueil et d’asile dans son pays; un nombre qui ne devrait pas diminuer tant que les groupes de trafiquants continueraient d’être actifs, et que leurs activités se poursuivraient, le long des sentiers moins balisés, et loin des frontières régulières.
La déléguée a donné des assurances quant à la volonté de son pays de ne pas ériger des murs le long de ses frontières, mais a prévenu qu’il ne serait plus en mesure d’offrir a jamais un abri aux personnes vulnérables, appelant à trouver des solutions globales, en vue de partager son fardeau.
La représentante a souligné que la situation de plus de 200 000 déplacés au Kosovo et à Metohija ne s’était pas améliorée depuis 1999, et que seulement 5% d’entre eux étaient retournés dans la région.
Mme Ilić a indiqué que son pays collaborait avec les pays de la région, grâce notamment au Programme de logement régional, lequel fait partie du processus visant à trouver des solutions durables au problème des réfugiés.
Cette opération, a-t-elle dit, visait à fournir un logement et apporter des solutions durables à la question des réfugiés. Elle a ainsi permis d’octroyer 27 000 maisons à 75 000 personnes issues de quatre pays.
Elle a souligné que la Serbie était pleinement engagée pour la réussite de ce programme, et restait convaincue qu’il ne devrait pas exister d’échéances formelles pour sa mise en œuvre.
M. IHOR YAREMENKO (Ukraine) a indiqué qu’en cette période très difficile résultant de l’agression russe, l’appui du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) était précieux. Cette agression de la Fédération de Russie est un des facteurs principaux directement liés au déplacement forcé des citoyens ukrainiens. Plus cette occupation perdurera, plus il y aura de déplacés, a prévenu le représentant, qui a dénoncé l’acheminement par la Russie d’armements sophistiqués, de munitions et de mercenaires dans les régions occupées dans le Donbass.
Les Russes appuient et entraînent des groupes terroristes armés illégaux, ce qui constitue le principal facteur de déstabilisation de la situation sur place, a-t-il dit.
Pour sa part, le Gouvernement ukrainien continue de fournir toute l’assistance nécessaire à 1,7 million de personnes déplacées du Donbass et de la Crimée, principalement des personnes âgées et des enfants. Il s’est félicité de la décision du Haut-Commissaire de se rendre en Ukraine du 22 au 24 novembre pour évaluer la situation sur le terrain.
Il a appelé à l’élaboration rapide d’un nouveau modèle humanitaire pour trouver des solutions viables à la crise humanitaire mondiale qui prévaut actuellement, et mettre en place, d’urgence, un mécanisme international chargé de faire comparaître devant la justice tout État qui viole le droit international et les libertés fondamentales en forçant des civils à fuir leurs foyers, à élaborer un instrument international contraignant de protection des droits de déplacés à l’intérieur et à rétablir le poste de représentant spécial du Secrétaire général pour les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays.
Mme CHRISTINE KALAMWINA (Zambie) a rappelé que son pays avait, suite à son indépendance, accueilli des milliers de réfugiés depuis 1966, essentiellement en provenance de pays voisins en raison, par exemple, des conflits en Afrique du Sud ayant provoqué d’énormes déplacements de population. Elle a précisé qu’environ 300 000 réfugiés vivaient en Zambie depuis l’ouverture, il y a 50 ans, du premier camp, Mayukwayukwa, créé pour prendre en charge les personnes ayant fui l’Angola et le Congo.
En 2011, a-t-elle relevé, la Zambie s’est engagée à intégrer localement 10 000 personnes dont le statut de réfugié avait pris fin. Elle a annoncé que cette « solution durable » avait été étendue à 4 000 anciens réfugiés rwandais.
Deux ans et demi après la mise en œuvre du programme en collaboration avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et les partenaires, environ 8 000 réfugiés ont bénéficié d’un permis de résidence qui leur confère les mêmes droits que les citoyens zambiens, s’est-elle réjouie.
Des défis demeurent malgré les progrès réalisés, a-t-elle toutefois prévenu, dans des domaines comme les ressources en eau, la nutrition, la santé et les abris. La représentante a rappelé que la Zambie était en passe de présenter un projet de loi sur les réfugiés qui remplacerait la Loi sur le contrôle des réfugiés de 1970 et permettrait de combler des lacunes dans le domaine de la protection des réfugiés.
Selon Mme KARIMDOOST (République islamique d’Iran), l’occupation illégale, l’intervention étrangère, le terrorisme et les politiques de changement de régime continuent de provoquer de grands flux de réfugiés et de personnes déplacées. « Certains pays en paient le prix », a-t-elle déploré, en notant que nul ne pouvait assumer seul les répercussions de ces flux.
Pour sa part, l’Iran, qui a accueilli plus de trois millions de réfugiés, est en faveur du partage des responsabilités. Elle a estimé qu’il fallait définir un mécanisme clair pour appuyer les pays qui accueillent une grande partie des réfugiés, notamment en aidant au rapatriement volontaire.
« Non seulement la République islamique d’Iran n’a pas fermé ses frontières, mais elle a respecté ses obligations internationales malgré ses ressources limitées et en l’absence d’aide internationale », a souligné la représentante.
Le pays fournit des services de base et des opportunités aux réfugiés. Ainsi, a-t-elle précisé, 460 000 enfants réfugiés vont gratuitement à l’école, ce qui grève le système éducatif iranien. Notant que 30 000 réfugiés avaient été rapatriés dans leur pays d’origine ces dernières années, elle a souhaité que les pays augmentent leurs quotas pour la réinstallation des réfugiés.
Mme CÉCILE MBALLA EYENGA (Cameroun) a estimé que les situations d’urgence et de crise liées aux réfugiés appelaient à des solutions robustes et coordonnées. Les dirigeants du monde entier doivent prendre des engagements, poser des actes concrets qui, combinés à l’appui substantiel venant des différents partenaires, des organisations internationales et du secteur privé, s’avèrent cruciaux pour améliorer la gestion de ces déplacements massifs et assurer la résilience des réfugiés.
La réalisation des droits de l’homme et des libertés fondamentales et le maintien de leur indépendance et de leur dignité, sont un défi à cet égard, a considéré la déléguée, qui a insisté que la solidarité et le partage des responsabilités sont des principes « sacro-saints » qu’il faut appliquer.
Suite aux agressions et exactions commises par l’organisation terroriste Boko Haram dans la région du Lac Tchad, en particulier au Cameroun, au Nigéria, au Tchad et au Niger, neuf millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire.
Parmi elles, près du tiers a perdu foyers et biens, et des milliers ont trouvé refuge dans des camps ou dans des communautés, elles-mêmes vivant dans une pauvreté extrême. Pour la troisième année consécutive, des centaines de milliers d’agriculteurs ont été éloignés de leurs champs, ce qui a plongé plus de cinq millions de personnes dans une grave insécurité alimentaire, dont près de deux millions d’enfants, beaucoup souffrant de malnutrition.
M. MAYANK JOSHI (Inde) a souligné que plus de 90% des réfugiés étaient accueillis dans des pays en développement, et que cette contribution cruciale des pays en développement, qui prennent souvent des risques pour leurs fragiles économies, devait être reconnue. Il a invité la communauté internationale à renforcer la coopération dans l’optique du partage du fardeau que supportent les pays d’accueil. Il a estimé qu’il serait impératif de distinguer les réfugiés des migrants économiques afin de mieux protéger les premiers.
Le représentant a affirmé que la prévention des conflits armés, la lutte contre le terrorisme, l’édification d’une paix durable à travers le développement durable et la bonne gouvernance étaient importants afin de lutter contre les déplacements forcés de populations. Il a aussi appelé à des actions coordonnées et durables en vue de combattre le trafic des êtres humains, la criminalité transfrontalière organisée et ceux qui exploitent les réfugiés.
Il a par ailleurs rappelé la longue histoire de communautés cherchant refuge en Inde depuis des siècles, indiquant que ces gens n’avaient jamais été abandonnés. Il a également parlé de l’engagement de l’Inde dans les activités du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), ou encore aux côtés de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).
M. OMAR RABI (Maroc) a souligné que la Déclaration de New York avait été l’occasion pour les chefs d’État et de gouvernement de réaffirmer le respect de leurs obligations en vertu du droit humanitaire international. Il a cité des passages de la Déclaration relatifs à l’enregistrement des réfugiés et à la délivrance de documents. « Il existe une population qui attend son enregistrement et son recensement depuis plus de 40 ans, c’est la population de Tindouf », a-t-il déploré.
Selon lui, aucun argument ne peut justifier l’opposition du pays hôte à cet égard, car c’est le seul et unique moyen de garantir la protection des droits de cette population.
Le représentant a également affirmé que les réfugiés du camp de Tindouf étaient victimes du détournement massif de l’aide humanitaire qui leur est destinée. De plus, a-t-il insisté en dénonçant les groupes armés à Tindouf, c’est au pays d’accueil qu’il revient au premier chef de préserver le caractère civil des camps. « L’Algérie a l’obligation morale de respecter ses engagements », a-t-il conclu.
M. SULEIMAN EVEREST MZIRAY (République-Unie de Tanzanie) a souligné que le rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HRC) a confirmé que l’Afrique subsaharienne continuait d’abriter la majorité des réfugiés du monde et d’être le théâtre de crises simultanées de grande envergure. Les défis à cet égard et ceux liés à la migration mixtes sont trop onéreux et complexes pour les pays individuels concernés.
Alors que l’attention est principalement focalisée sur les événements en Europe, la majeure partie des réfugiés vivent en fait dans le monde en développement, a expliqué le représentant, soulignant que la gestion d’autant de réfugiés était rendue encore plus difficile lorsque leur nombre dépassait celui des communautés d’accueil car il y a un conflit de priorités pour la survie des réfugiés.
Il a mis l’accent sur le fait que l’allocation de maigres ressources pour répondre à la fois aux besoins des réfugiés, à court et à long termes, constituait aussi une violation des droits de l’homme.
Le défi posé par les maladies et la détérioration de l’environnement est également « indescriptible », a-t-il ajouté, mettant aussi en exergue l’afflux d’armes légères et de petit calibre dans les zones d’accueil des réfugiés, ce qui exige beaucoup de ressources pour le déploiement des forces de sécurité.
En dépit du manque d’appui, le délégué a assuré que la Tanzanie s’efforcerait de s’acquitter de sa responsabilité de servir d’autres êtres humains, au nombre de 270 000 réfugiés et demandeurs d’asile. Il a rappelé qu’à une certaine période, son pays avait abrité 1,2 million de réfugiés, soit la plus grande population de réfugiés en Afrique.
M. HABIB MIKAYILLI (Azerbaïdjan) a déclaré que la prolifération des conflits armés posait de sérieuses menaces à la paix, la sécurité et le développement, et générait des déplacements forcés de large échelle, saluant la générosité manifestée à des millions de réfugiés par certains pays qui les accueillaient.
Le représentant a souligné que son pays appuyait tous les efforts visant à accroître la visibilité sur les souffrances des déplacés, notant que la question figurait en bonne place dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030, avec l’objectif de réduire d’au moins de 50% leur nombre.
Il s’est dit particulièrement satisfait de constater que 40 États étaient déjà signataires de la Convention de Kampala, nourrissant l’espoir que d’autres régions produiraient des documents contraignants sur les déplacements internes.
Il a souligné que son pays était sensible à cette question puisque l’occupation de certains de ses territoires avait provoqué le déplacement de 618 000 personnes en 25 ans, déplorant le déni du droit au retour de milliers de personnes.
« Personne ne choisit d’être un réfugié », a souligné M. TOM TARCISIUS ONYAI MANANO (Ouganda). Chaque personne doit être traitée avec dignité, a-t-il insisté. C’est dans cet esprit que l’Ouganda a conduit le processus régional qui a abouti à l’adoption de la Convention de Kampala sur les personnes déplacées par les chefs d’État et de gouvernement africains, en 2009.
Au niveau mondial, M. Manano a appuyé le Cadre d’action global pour les réfugiés. Il a appelé la communauté internationale à s’attaquer au fossé qui sépare l’aide humanitaire de l’aide au développement et à examiner les causes profondes des déplacements pour que les réfugiés puissent retourner le plus rapidement possible dans leur pays d’origine.
De plus, a-t-il recommandé, il faut reconnaître que le phénomène des réfugiés est temporaire et non permanent. Il a également demandé aux États d’investir davantage dans la prévention des catastrophes naturelles.
M. MOHAMMED BESSEDIK (Algérie) a souligné que l’absence d’infrastructures et de ressources suffisantes des pays africains accueillant un grand nombre de réfugiés était préoccupante. Fidèle au principe de règlement pacifique des conflits, l’Algérie est favorable à la recherche de solutions durables, conformément aux dispositions du droit international notamment la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés.
Il a signalé que l’Algérie accueillait 165 000 réfugiés dans les camps de Tindouf, en majorité des femmes et des enfants, auxquels elle accorde la même importance qu’aux citoyens algériens. Le représentant a appuyé, par la suite, le principe de retour volontaire des réfugiés.
Répondant aux allégations faites par le Maroc s’agissant de l’aspect humanitaire de l’assistance aux réfugiés du Sahara occidental, il a précisé que celle-ci se fondait sur la coopération avec 18 agences des Nations Unies. Il a appelé à inscrire l’enregistrement de la population de ces camps dans une perspective globale et non morcelée.
M. SAAD AHMAD WARRAICH (Pakistan) a fait remarquer que cinq pays, dont le sien accueillaient plus de 50% des réfugiés. Plus de six millions de personnes se trouvent dans une situation de déplacements prolongée; « malheureusement, nous ne nous consacrons pas assez à cette question », a-t-il regretté. La responsabilité des États est à la base du régime des réfugiés, a fait valoir le représentant, et la proximité n’est pas une raison suffisante pour accueillir les réfugiés.
Quant à lui, le Pakistan a accueilli des milliers de réfugiés afghans, qui se trouvent aujourd’hui dans la situation de déplacement la plus longue au monde. Le pays a fait montre de solidarité, il a poursuivi une politique généreuse pour garantir l’accès de ces personnes à l’éducation et aux services de santé. Un retour volontaire et dans la dignité de ces personnes est important, mais le manque de ressources du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) reste un problème, a conclu le représentant.
Mme HANTASOA FIDA CYRILLE KLEIN (Madagascar), au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), a repris à son compte les chiffres avancés dans le rapport du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés confirmant une hausse historique du nombre de réfugiés et de déplacés, en particulier en Afrique subsaharienne, qui accueille 4,4 millions d’entre eux, et environ 11 millions de déplacés internes.
Saluant l’adoption de la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants, la SADC a appelé à l’application des recommandations qui y figurent.
En Afrique australe, où le degré de développement diffère selon les pays, il existe des facteurs poussant à la migration domestique ou internationale, l’Afrique du Sud étant la principale destination. La migration transfrontière à la recherche d’emplois est une longue tradition, notamment à destination de la région de l’industrie minière, qui tend à se réduire.
Aujourd’hui, la migration régionale comprend des flux de migrants mixtes, économiques et autres. À ce propos, les dirigeants de la SADC ont tenu, en août 2016, une réunion sur les défis des flux mixtes et irréguliers de la migration, en partenariat avec le Gouvernement du Botswana, du secrétariat de la SADC, du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés et de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et l’organisation Save the Children. La réunion a permis d’explorer les questions liées à la gestion des frontières, à l’emploi des migrants et à la protection des migrants vulnérables ainsi qu’à la gouvernance de la migration dans la région.
Mme DURAN s’exprimant au nom du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a déclaré que l’année 2016 avait enregistré un autre chiffre record de personnes déplacées, estimant que les États n’avaient pas suffisamment été proactifs pour prévenir et apporter une solution aux conflits, de même que pour garantir le respect du droit humanitaire international.
Le CICR a salué l’adoption de la Déclaration sur les migrations et les réfugiés comme l’expression politique de la communauté internationale sur le besoin d’améliorer sa réponse aux groupes les plus vulnérables.
Le CICR a donc appelé les États à accorder une attention à la question des déplacés internes, comme l’une des plus graves crises humanitaires.
La déléguée a souligné la nécessité d’adopter une approche holistique en vue de protéger et d’aider les civils lors des conflits armés, en accordant un plus grand respect au droit international humanitaire. En conséquence, elle a réitéré que cette responsabilité incombait principalement aux parties en conflit.
En outre, elle a insisté sur la nécessité de s’intéresser de plus près aux enfants déplacés, lesquels sont plus vulnérables à la séparation de leur famille et à l’enrôlement par des groupes armés, une situation qui, a-t-elle dit, a souvent des conséquences psychologiques liés au traumatisme du déplacement.
Certains d’entre eux ne sont pas scolarisés, parfois pendant des années, a-t-elle constaté. Ainsi, elle a souhaité que le dialogue à venir du Haut-Commissaire pour les réfugiés sur les défis de protection explorerait davantage la manière dont les autorités et les organisations pourraient accorder la priorité à l’inclusion des enfants déplacés dans des programmes d’éducation.
Mme FLORENCIA GIORDANO (Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge) a partagé le témoignage d’une femme qui n’avait d’autre choix que celui de fuir et de risquer sa vie pour trouver un havre de paix. Au cours d’un long périple à travers le Sahel et le Sahara, elle ne disposait ni d’assistance ni de vivres. Elle était constamment la proie de trafiquants et de soldats qui lui demandaient de plus en plus d’argent.
Les femmes qui n’avaient pas les moyens de payer étaient systématiquement battues, violées ou mariées de force à des hommes locaux. Cette même femme a été aussi emprisonnée à cinq reprises et a été le témoin de grandes souffrances et formes d’exploitation.
Son voyage en Méditerranée était tout aussi risqué, dans une embarcation en bois occupée par 400 autres personnes durant deux jours. Le bateau a commencé à sombrer mais a été localisé par un bateau de secours et transporté en Sicile. Arrivé là, les passagers ont enfin pu avoir une nourriture adéquate, des vêtements et un refuge fournis par la Croix-Rouge.
Mme Giordano a déclaré partager ce témoignage pour bien faire comprendre la réalité des faits sur le terrain où ses bénévoles travaillent, pour qu’il y ait plus de compassion et de compréhension de ce que les personnes forcées à se déplacer endurent, mais aussi pour mettre l’accent sur le fait qu’indépendamment de leur statut, les migrants et réfugiés font face à des défis communs et ont les mêmes vulnérabilités.
La déléguée a exhorté à traduire les mesures de protection énoncées dans les documents récemment adoptés lors de grandes réunions humanitaires en actions concrètes et tangibles. Des engagements forts des États sont essentiels pour combattre les abus, l’exploitation et le trafic d’êtres humains, a-t-elle dit.
Droits de réponse
Le représentant de la Fédération de Russie a déploré le fait que des États comme l’Ukraine utilisent le débat pour soulever des questions qui ne sont pas liées au mandat de la Troisième Commission, à savoir le statut des territoires. Il a demandé que la Géorgie reconnaisse l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud. Par ailleurs, a-t-il affirmé, « la République de Crimée est un sujet de la Fédération de Russie ».
La cause première du déploiement de centaines de milliers d’Ukrainiens est le crime commis par les autorités de Kiev et les groupes ultranationalistes qui mènent des opérations armées dans l’est du pays; il faut un cessez-le-feu et une solution politique, a insisté le représentant.
Le représentant de l’Ukraine a reproché au représentant de la Fédération de Russie de mener toujours la même propagande. « La seule aide humanitaire que vous pourriez nous apporter est simplement d’arrêter d’envoyer des armes et des soldats dans notre pays », a-t-il lancé. « C’est une agression extérieure de votre pays contre le mien. »
La représentante de la Géorgie a critiqué la Russie qui empêche la population géorgienne déplacée par la force d’exercer son droit au retour. La Géorgie défendra sa souveraineté territoriale tant que la Russie continuera de violer les principes du droit international de manière agressive, a-t-elle assuré.
Le représentant de l’Algérie a rappelé que la question centrale débattue à l’ONU n’était pas la situation en Algérie, mais bien la question du Sahara occidental qui est inscrite à l’ordre du jour depuis 1963. « Les tergiversations du Maroc retardent la solution de ce problème. » C’est au peuple sahraoui de décider de son destin. En outre, a-t-il demandé, comment peut-on parler de détournement de l’aide humanitaire en présence du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et des agences de l’ONU?
« L’Algérie ne cesse de se vanter de ce qu’elle fait pour les réfugiés des camps de Tindouf, mais n’a-t-elle pas honte de remplir les caisses de l’État sur le dos de pauvres réfugiés? », a demandé à son tour son homologue le représentant du Maroc, en évoquant la TVA prélevée par l’Algérie sur les achats locaux dans le cadre de l’aide humanitaire. Il a ensuite expliqué qu’une partie importante de l’aide humanitaire avait été détournée de façon organisée.
Le représentant de la Fédération de Russie a constaté que les interventions des délégués de l’Ukraine et de la Géorgie n’avaient rien à voir avec le point à l’examen aujourd’hui. Il a conseillé à son homologue de l’Ukraine de relire le rapport détaillé du HCR.
Le représentant de l’Ukraine a rétorqué qu’il avait mis en exergue la cause profonde de la situation de 1,7 million de personnes déplacées, soit l’invasion de son pays par la Russie.
La représentante de la Géorgie a fait remarquer que l’épuration ethnique était une question humanitaire pertinente.
Le représentant de l’Algérie a appelé le représentant du Maroc « à la retenue et à la dignité ». Selon lui, le problème central est celui de la décolonisation et de la mise en œuvre du droit à l’autodétermination; il a évoqué l’attaque virulente récente contre le Secrétaire général de l’ONU. « En se focalisant sur des allégations sans fondements, le Maroc montre qu’il est à court d’arguments. »
Le représentant du Maroc a reproché à son collègue d’éviter de répondre sur la substance et d’avoir « menti » en disant qu’un rapport relatif au détournement de l’aide humanitaire n’avait pas été reconnu par la communauté internationale. Par ailleurs, « qu’en est-il du droit à l’autodétermination du peuple kabyle? » La question du Sahara occidental n’est pas une question de décolonisation mais « une question de parachèvement de l’intégrité territoriale », a-t-il conclu.
Décisions sur des projets de résolution
Par le projet de résolution « L’alphabétisation, enjeu vital: définir les futurs programmes d’action » (A/C.3/71/L.9/Rev.1), adopté sans vote, l’Assemblée générale prendrait note avec intérêt du rapport de la Directrice générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture intitulé « L’alphabétisation, enjeu vital: définir les futurs programmes d’action et l’enseignement de la démocratie ».
Elle prendrait également note avec satisfaction du rapport de la Commission internationale pour le financement de possibilités d’éducation dans le monde et demanderait aux États Membres et aux autres parties prenantes d’envisager de mettre en œuvre les recommandations qui y sont formulées.
L’Assemblée demanderait aux États de mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030, notamment en ce qui concerne tous les objectifs et cibles liés à l’alphabétisation, et inviterait les autres parties prenantes concernées à faire de même.
En présentant le projet de résolution, la Mongolie a souligné qu’au moment où plus de 758 millions d’adultes dans le monde n’avaient pas d’aptitudes de base en matière d’alphabétisation, le Programme 2030, avait fixé l’objectif ambitieux de garantir une éducation de qualité inclusive et équitable, et promouvoir des opportunités d’apprentissage à vie pour tous.
Le représentant a souligné que près de 124 millions d’enfants et d’adolescents étaient dans les zones rurales et reculées, et demeuraient hors des écoles.
Il a donc encouragé les efforts visant à garantir une éducation de qualité aux garçons, aux filles et à la jeunesse, en particulier dans les situations d’urgence humanitaire pour contribuer à une transition en douceur, du secours au développement.
Par un projet de résolution sur la « suite à donner au treizième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale et préparatifs du quatorzième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale » (A/C.3/71/L.2), adopté sans vote, l’Assemblée générale inviterait les États Membres à présenter des suggestions concernant le thème général, les points de l’ordre du jour et les sujets des ateliers du quatorzième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale.
Elle prie le Secrétaire général de les inclure dans le rapport sur la suite à donner aux treizième Congrès et les préparatifs du quatorzième; et la Commission de la prévention du crime et la justice pénale d’approuver, à sa vingt-sixième session le thème, les points à l’ordre du jour et les sujets des ateliers du quatorzième Congrès.
Par un projet de résolution sur la « promotion de l’application des Principes directeurs des Nations Unies sur le développement alternatif » (A/C.3/71/L.3), adopté sans vote, l’Assemblée générale prierait instamment les États Membres qui sont touchés par la culture illicite de plantes servant à fabriquer des drogues ou qui risquent de l’être d’intégrer le développement alternatif dans leurs politiques et stratégies nationales de développement, selon qu’il conviendra, en vue de s’attaquer à cette culture et aux facteurs socioéconomiques qui y sont liés, de fournir des moyens de subsistance alternatifs durables, et de contribuer à l’instauration de sociétés justes et ouvertes à tous en vue de réduire les inégalités dans les pays et d’un pays à l’autre.
L’Assemblée engagerait les États Membres à appliquer les Principes directeurs des Nations Unies sur le développement alternatif lors de la conception, de la mise en œuvre et de l’évaluation de leurs programmes et projets de développement alternatif.
Elle engagerait les États Membres et les autres donateurs à envisager d’apporter un soutien à long terme aux programmes et projets de développement alternatif, afin de contribuer à la pérennité du développement social et économique et à l’élimination de la pauvreté.