Les enfants dans les conflits armés sont exposés à une multitude de risques, dont celui d’être vendus aux fins de travail forcé
Dans les situations de conflit armé, s’ils survivent, les enfants sont particulièrement exposés au risque d’être vendus aux fins de travail forcé, a souligné ce matin, devant la Troisième Commission, la Rapporteuse spéciale du Conseil des droits de l’homme sur la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants, Mme Maud de Boer-Buquicchio.
La Commission chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles poursuivait l’examen du point relatif à la promotion et la protection des droits de l’enfant.
« La communauté internationale doit mettre fin à la guerre contre les enfants », a déclaré la Rapporteuse spéciale, qui a concentré, cette année, son rapport sur la vente d’enfants aux fins de travail forcé et ses multiples manifestations.
Les exemples d’exploitation abondent, a rappelé Mme de Boer-Buquicchio. Au Nigéria, des enfants ont été enlevés par Boko Haram aux fins d’esclavage sexuel et de travail forcé. Des filles yazidies ont été vendues par l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL) sur des marchés aux esclaves.
À l’instar d’autres intervenants dans le débat général, la Rapporteuse spéciale a invité la communauté internationale à soutenir l’Alliance 8.7, en référence à l’objectif 8, cible 7, du Programme de développement durable à l’horizon 2030 qui vise à « supprimer le travail forcé, mettre fin à l’esclavage moderne et à la traite d’êtres humains, interdire et éliminer les pires formes de travail des enfants, y compris le recrutement et l’utilisation d’enfants soldats ». Le mariage servile est également l’une des formes de la vente d’enfants aux fins de travail forcé, a expliqué Mme de Boer-Buquicchio.
Dans cet esprit, le Chef de la section égalité et non-discrimination du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme à New York, M. Charles Radcliffe, a présenté le rapport du Secrétaire général sur les mariages d’enfants, mariages précoces et mariages forcés. Il a déclaré qu’un nombre croissant de preuves sur la prévalence de ces pratiques avait conduit à une meilleure compréhension de ses causes, ainsi que leurs impacts sociaux et sanitaires.
À ce sujet le représentant du Zimbabwe, au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), a salué l’adoption en juin dernier par le Forum parlementaire de la SADC du texte sur l’élimination du mariage d’enfants et la protection des enfants déjà mariés, une première dans la région, qui exige des États Membres une harmonisation de leurs législations concernant la prévention des mariages d’enfants, en appui à la campagne de l’Union africaine pour mettre fin au mariage d’enfants d’ici à une génération.
Un autre expert, le Président du Comité des droits de l’enfant, M. Benyam Dawit Mezmur, a déclaré qu’il n’apportait pas de bonnes nouvelles concernant les enfants et leurs droits à travers le monde mais que, pour rester positif, il convenait de noter qu’à ce jour, 196 États avaient ratifié ou adhéré à la Convention relative aux droits de l’enfant.
Les membres du Comité des droits de l’enfant, a-t-il affirmé, sont animés du désir d’aboutir à une situation de « zéro faim, zéro décès dus à des maladies évitables, tolérance zéro pour la violence à l’encontre des enfants, zéro enfant non scolarisé ou ayant abandonné l’école, zéro malnutrition, zéro mère qui décède en donnant le jour, et zéro nouvelles infections par le VIH/sida ».
Face au phénomène mondial des déplacements massifs de réfugiés et de migrants, notamment pour fuir des conflits armés, de nombreuses délégations ont reconnu la nécessité de protéger les enfants qui sont particulièrement vulnérables pendant le voyage de leurs pays d’origine au pays de destination.
Sur le million de réfugiés arrivés en Europe en 2015, 31% étaient des enfants, dont 90 000non accompagnés, a indiqué la représentante de l’Union européenne. Ces enfants, pour lesquels l’Union européenne s’est engagée à mettre en place une politique d’asile, sont vulnérables à toutes les formes de violence, aux abus, à l’exploitation, y compris les mariages forcés, les mutilations génitales féminines. L’Union européenne s’est également dite préoccupée par la manière dont des groupes terroristes, tels que Daech, se livraient à l’endoctrinement et à l’exploitation des enfants, en les forçant à devenir des kamikazes.
La Communauté des Caraïbes (CARICOM) a mis en place un groupe de travail informel pour discuter de l’impact de la migration sur les enfants dans la région, a expliqué en son nom le représentant de la Barbade.
Son homologue de la République dominicaine, au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a indiqué que comme ses membres sont des pays à revenus moyens, ils se heurtaient à des défis majeurs dans la protection des droits des enfants et s’évertuaient à réduire les vulnérabilités associées à la pauvreté et aux disparités, ainsi qu’à des facteurs socioculturels.
Sur une autre question d’actualité, le représentant du Niger, qui s’exprimait pour le Groupe des États d’Afrique, a appuyé la campagne de la Représentante spéciale du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé et de l’UNICEF « Des enfants, pas des soldats ». Il a salué les États Membres qui se sont engagés à prévenir et à mettre un terme au recrutement et à l’enrôlement des enfants dans les forces de sécurité.
Prenant la parole au nom de l’Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN), le représentant du Myanmar a souligné que le Plan d’action régional de l’ASEAN sur l’élimination de la violence contre les enfants, incluant des mesures préventives contre les violences en ligne, avait été approuvé en 2015.
En Syrie, a déploré pour sa part la représentante des États-Unis, la moitié des victimes que les travailleurs humanitaires retirent des décombres à Alep sont des enfants. « La Syrie est le lieu le moins sûr au monde pour un enfant », a-t-elle conclu.
La Troisième Commission poursuivra demain matin, dès 10 heures, son débat général consacré aux enfants.
PROMOTION ET PROTECTION DES DROITS DE L’ENFANT (A/71/41)
Promotion et protection des droits de l’enfant (A/71/205, A/71/206, A/71/213, A/71/253, A/71/261, A/71/277 et A/71/413)
Suite donnée aux textes issus de la session extraordinaire consacrée aux enfants (A/71/175)
Déclarations liminaires
M. CHARLES RADCLIFFE, Chef de la section égalité et non-discrimination du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme à New York, a présenté le rapport du Secrétaire général sur les mariages d’enfants, mariages précoces et mariages forcés. Il a déclaré qu’un nombre croissant de preuves sur la prévalence de ces pratiques avait conduit à une meilleure compréhension de ses causes, ainsi que de leurs impacts sociaux et sanitaires.
Ce rapport, a-t-il dit, fait la lumière sur les différences persistantes concernant l’âge légal du mariage des filles et des garçons, ainsi que les écarts sur les dispositions prévues dans plusieurs systèmes juridiques qui autorisent souvent les mariages précoces, en particulier les mariages religieux et coutumiers. M. Radcliffe a expliqué que l’absence d’enregistrement systématique obligatoire et gratuit des mariages religieux et coutumiers constituait des défis pour la mise en œuvre des législations existantes.
M. Radcliffe a estimé que peu d’initiatives avaient été prises en vue d’éliminer les dispositions discriminatoires dans certains domaines tels que l’accès à la terre, l’héritage, la nationalité, le mariage, le divorce, ainsi que la garde des enfants.
Par ailleurs, les actions visant à renforcer les capacités des femmes et des filles, en vue de leur permettre de revendiquer et d’exercer leurs droits dans le domaine du mariage, sont très limitées, a-t-il renchéri.
L’on note également une insuffisance des investissements pour faire face aux standards sociaux et aux stéréotypes liés à la sexualité des femmes. Il a également noté les carences en matière de collecte systématique de données ventilées qui demeurent un énorme défi dans plusieurs pays.
Toutefois, M. Radcliffe s’est félicité des actions entreprises par les États Membres en vue d’évaluer les causes et l’impact des mariages des enfants, notamment dans le contexte humanitaire et des conflits.
Il a souligné que la lutte contre le phénomène des mariages d’enfants, mariages précoces et mariages forcés exigeait des initiatives à plus grande échelle et des stratégies holistiques bien définies basées sur le droit, ainsi qu’un engagement politique et une responsabilité à tous les niveaux.
Ces stratégies, a-t-il plaidé, devraient garantir l’implication effective et active des femmes, des filles et des adolescents, ainsi que les organisations de la société civile dans leur élaboration et leur mise en œuvre.
La mise en place de mécanismes indépendants pour le suivi des progrès dans le cadre de cette lutte et des dispositions en termes de réparations est également indispensable, a affirmé M. Radcliffe.
En outre, il est important d’identifier les pays où la prévalence du phénomène est élevée de sorte que les gouvernements puissent adapter et cibler leurs réponses en vue de toucher les filles les plus marginalisées et celles qui courent un risque plus élevé d’être victimes de mariages d’enfants, mariages précoces et mariages forcés, a-t-il conclu.
M. BENYAM DAWIT MEZMUR, Président du Comité des droits de l’enfant, a déclaré qu’il n’apportait pas de bonnes nouvelles concernant les enfants et leurs droits de par le monde mais que, pour rester positif, il convenait de noter qu’au 12 octobre 2016, 196 États avaient ratifié ou adhéré à la Convention relative aux droits de l’enfant.
D’autre part, 165 États ont ratifié ou adhéré au Protocole facultatif concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés et 173 au Protocole facultatif concernant la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie impliquant des enfants.
En revanche, il a regretté que le Protocole facultatif établissant une procédure de communication n’eût été ratifié que par 29 États, avec 50 signataires. M. Dawit Mezmur a en outre exprimé la profonde préoccupation du Comité au sujet du retard dans la soumission de 70 rapports initiaux au titre du Protocole sur la vente d’enfants et de plus de 50 pour celui sur l’implication des enfants dans les conflits armés.
Il a affirmé que les membres de cet organe conventionnel animés du désir d’aboutir à une situation de « faim zéro, zéro décès dus à des maladies évitables, tolérance zéro pour la violence à l’encontre des enfants, zéro enfant non scolarisé ou ayant abandonné l’école, zéro malnutrition, aucune mère qui décède en donnant le jour, et zéro nouvelles infections par le VIH/sida ».
Au sujet des travaux du Comité, celui-ci a révisé et adopté ses commentaires finaux sur 36 reports d’États parties, ce qui porte les arriérés à 42 rapports. Le Comité a également adressé trois lettres à des États parties pour attirer leur attention sur de graves violations des droits de l’enfant. Il a publié neuf communiqués de presse, individuellement ou avec d’autres titulaires de mandats de pays ou thématiques.
Le Comité a également été saisi des premières plaintes suite à l’entrée en vigueur, en avril 2014, du Protocole facultatif établissant une procédure de plaintes. Depuis l’année dernière, le Comité a en outre adopté deux observations générales, l’une sur la procédure de budgétisation publique et la réalisation des droits de l’enfant, et l’autre sur les droits de l’enfant durant l’adolescence.
Il a aussi adressé à tous les États, la semaine dernière, une demande de commentaires sur son projet d’observation générale relative aux enfants dans des situations de rue. Le Comité a aussi adopté les Directives de San José sur l’intimidation ou les représailles à l’encontre de personnes qui coopèrent avec les organes des Nations Unies relatifs aux droits de l’homme.
S’agissant de ses méthodes de travail, le Président du Comité des droits de l’enfant a mis en exergue les nombreuses activités entreprises pour resserrer les liens avec les États parties, invités à commenter les projets d’observations générales ou à travers de l’adoption d’une procédure de réponse simplifiée au sujet des questions posées par les membres du Comité. Il a déploré par ailleurs le maintien des réserves par certains États, ce qui porte atteinte à la Convention même.
Traitant des questions thématiques, M. Dawit Mezmur a mis l’accent sur le défi posé par la pauvreté chez les enfants, la violence massive, y compris sexuelle et d’autres formes d’exploitation, la persistance des pratiques préjudiciables qui reposent sur une discrimination mais qui sont souvent justifiées par des valeurs et coutumes socioculturelles ou religieuses.
Dialogue avec le Président du Comité des droits de l’enfant, M. Benyam Dawit Mezmur
L’Union européenne a salué la ratification quasi universelle de la Convention et des progrès enregistrés dans la ratification des Protocoles facultatifs s’y rapportant. Elle a voulu obtenir de plus amples informations sur l’observation générale sur les dépenses publiques consacrées à la réalisation des droits des enfants.
L’Union européenne s’est enfin enquise de pratiques optimales pour une approche orientée vers les enfants dans le processus migratoire.
Le Mexique a salué la bonne collaboration entre le Comité et les États parties. Le Mexique défend une résolution sur les enfants face au harcèlement, notamment en ligne.
Le Mexique a voulu entendre l’avis du Président du Comité sur les mesures mises en œuvre dans d’autres États Membres ayant été remarquées par le Comité pour avoir permis une diminution de la violence. Il s’est aussi interrogé sur les mesures à inclure dans les politiques nationales pour limiter la violence à travers les médias sociaux et électroniques.
L’Irlande, dont les rapports ont été examinés cette année par le Comité, a souligné qu’elle avait joué un rôle important de facilitateur pour aboutir à la Déclaration de New York sur les réfugiés et migrants.
Après avoir mentionné la rédaction en cours de l’observation générale sur les enfants migrants, l’intervenant s’est demandé quelle approche pourrait être adoptée pour éventuellement aboutir sur une Convention sur les enfants réfugiés.
Le Président du Comité des droits de l’enfant a déclaré que le travail autour de l’observation générale sur les droits des enfants migrants, qu’il préparait conjointement avec le Comité pour la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille, n’avait pas attendu la crise actuelle des réfugiés. Cependant, le moment est venu d’agir compte tenu de la situation qui affecte des millions d’enfants à l’heure actuelle.
Il a annoncé que des consultations régionales étaient prévues qui seront utiles tant pour le fond que pour insuffler un nouvel élan. Il a signalé que les membres du Comité avaient observé que la participation des enfants aux consultations était déterminante dans le processus de réflexion et de rédaction des observations générales.
Répondant à l’Union européenne, il a réitéré la déception du Comité du fait que le Protocole établissant une procédure de plaintes n’eût pas été massivement ratifié, en se posant la question sur les raisons derrière ce manque d’enthousiasme des États.
Il a invité les États qui ne l’ont pas encore ratifié ou n’y ont pas adhéré à engager un dialogue avec les États parties pour s’informer sur les retombées de cet instrument et son efficacité dans les pays. Il est aussi essentiel que les États communiquent au Comité leurs avis, voire leurs craintes relatives à la ratification de ce troisième Protocole.
Il a enfin proposé aux États parties de constituer un groupe d’amis pour la ratification du Protocole établissant une procédure de plaintes individuelles.
S’agissant des dépenses publiques consacrées à la réalisation des droits de l’enfant, M. Dawit Mezmur a souligné que la budgétisation était cruciale pour la mise en œuvre de la Convention relative aux droits de l’enfant.
Il a remarqué, par exemple, que certains États étaient confrontés à des difficultés budgétaires résultant de la baisse des prix des produits de base, ce qui ne manque pas d’avoir un impact sur la budgétisation. Dans le souci de voir les États appuyer cette observation générale, le Comité a envoyé sa version préliminaire pour commentaires, a-t-il expliqué.
Au sujet de la résolution 68/268, il a indiqué que le Comité veillait à ce que celle-ci atteigne l’objectif du renforcement des organes conventionnels. M. Mezmur a mis l’accent sur les droits de l’enfant dans le contexte des migrations, thème d’un projet d’observation générale.
Les droits de l’enfant en matière du regroupement familial reste d’actualité, a-t-il affirmé, insistant sur le droit à la consultation, à l’écoute et à l’éducation des enfants dans le contexte de la migration, entre autres.
Il est essentiel de tenir compte des observations finales du Comité sur les rapports périodiques des États parties, a-t-il conclu, encourageant à un dialogue continu. « Si l’application de la Convention était un sport et que nous étions aux Jeux Olympiques, le Comité reste dubitatif sur le fait que les États pourraient remporter une médaille », a-t-il déclaré.
Cette année, Mme MAUD DE BOER-BUQUICCHIO, Rapporteuse spéciale sur la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants, a concentré son rapport sur la vente d’enfants aux fins de travail forcé.
Le monde a de nouveau plongé dans des horreurs sans bornes, s’est indignée la Rapporteuse spéciale, en évoquant les conflits en Syrie, au Yémen, en Iraq, en Afghanistan, en Libye, au Nigéria, en République centrafricaine ou au Soudan du Sud, où les enfants continuent d’être victimes d’attaques indiscriminées, d’enlèvements, de vente et de traite aux fins d’exploitation sexuelle et de travail forcé.
Comme l’a dit le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme en se référant au désastre d’Alep, en Syrie, « ces conflits demandent une action courageuse », a-t-elle plaidé.
La communauté internationale doit mettre fin à la guerre contre les enfants.
Dans les situations de conflit armé, s’ils survivent, les enfants sont particulièrement exposés au risque d’être vendus aux fins de travail forcé. Les exemples abondent, a relevé Mme de Boer-Buquicchio.
Au Nigéria, des enfants ont été enlevés par Boko Haram aux fins d’esclavage sexuel et de travail forcé. Des filles yazidies ont été vendues par l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL) sur des marchés aux esclaves. En avril dernier, 159 enfants ont été enlevés dans la région de Gambella, dans l’ouest de l’Éthiopie, et 68 d’entre eux sont toujours portés disparus.
Des enfants sont vendus et astreints à du travail forcé dans une grande variété de secteurs et de métiers, a expliqué la Rapporteuse spéciale: travail domestique, agriculture, secteur manufacturier, mendicité forcée, activités criminelles forcées, mariage servile. Aucun pays n’échappe à ce phénomène, a-t-elle ajouté. La dernière estimation mondiale permet de conclure que 5,5 millions d’enfants sont victimes de travail forcé, majoritairement des filles.
Mme de Boer-Buquicchio a souligné que la vente d’enfants aux fins de travail forcé violait de multiples droits de l’enfant, du droit à la protection contre la violence, l’abus et l’exploitation, du droit au développement, en passant par le droit à un environnement familial et celui d’être entendu.
La lutte contre ce crime requiert « des interventions multidimensionnelles à tous les niveaux afin de combattre les aspects systémiques qui caractérisent le phénomène et ses multiples manifestations », a estimé l’intervenante. Elle a recommandé un cadre juridique clair, la protection des droits des victimes, y compris les voies de recours, une réglementation applicable aux intermédiaires, l’inspection du travail, des partenariats public-privé et la coopération internationale.
Elle a ainsi jugé important que les États réglementent le rôle des intermédiaires, y compris dans les chaînes d’approvisionnement, en tenant compte du caractère informel de la plupart d’entre eux. En outre, une inspection du travail efficace et dotée de ressources suffisantes est une composante essentielle à la prévention et à la protection des enfants. Comme l’indique le Manuel de l’Organisation internationale du Travail (OIT) à l’usage des inspecteurs du travail, le travail forcé fait partie des situations de grave exploitation qu’ils sont censés dépister.
De plus, l’accès à un recours efficace est un moyen particulièrement important de prévenir ce phénomène, a poursuivi Mme de Boer-Buquicchio. « Les enfants qui ont été vendus et livrés au travail forcé sont souvent isolés », a-t-elle fait remarquer. « Ils se méfient de la police, craignent des représailles, et manquent de papiers pour rester légalement dans le pays ». Il faut, par conséquent, des lois et des politiques adéquates pour assurer un accès adapté aux besoins de l’enfant aux mécanismes de justice et de réparation.
« La vente d’enfants aux fins de travail forcé les prive de leur enfance et compromet leur avenir », a-t-elle insisté.
En conclusion, la Rapporteuse spéciale a invité la communauté internationale à soutenir l’Alliance 8.7, en référence à l’objectif 8, cible 7, du Programme de développement durable à l’horizon 2030 qui vise à supprimer le travail forcé, à mettre fin à l’esclavage moderne et à la traite d’êtres humains, à interdire et éliminer les pires formes de travail des enfants.
Dialogue avec la Rapporteuse spéciale sur la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants, Mme de Boer-Buquicchio
D’après la représentante de l’Union européenne, l’une des limites rencontrées est la sémantique, l’absence de données et de définition, et elle a apprécié la manière franche dont Mme de Boer-Buquicchio a abordé ces problèmes. Quelles sont ses attentes face au pacte mondial envisagé pour des migrations régulières et ordonnées?
La représentante des États-Unis lui a demandé d’élaborer sur les systèmes de justice adaptés à l’enfance.
La représentante de l’Afrique du Sud a abordé « le rôle des multinationales qui sont aux commandes de la mondialisation face à la question du travail forcé des enfants » et comment garantir leur redevabilité lorsque leurs droits n’ont pas été respectés.
La représentante de la Slovénie lui a demandé quelles activités de sensibilisation elle envisagerait afin d’éviter la vente d’enfants et quel était son point de vue sur la terminologie relative à la pédopornographie.
La représentante du Mexique a demandé à l’intervenante son avis sur une définition commune de vente d’enfants et d’adolescents à des fins de travail forcé.
Le représentant du Nigéria a évoqué les destructions commises par Boko Haram et les efforts entrepris pour lutter contre ce fléau. Certaines des jeunes filles enlevées par Boko Haram sont aujourd’hui libres, a-t-il assuré, en parlant de leurs nécessaires réhabilitation et réinsertion dans la société.
Après la visite de la Rapporteuse spéciale en juin 2016, a indiqué la représentante de la Géorgie, le pays a adopté des amendements pour créer le cadre juridique nécessaire à la protection des enfants et pour prévenir toute violence à leur encontre.
La représentante de la Fédération de Russie a regretté que la problématique de la prévention de la traite des enfants aux fins de travail forcé ait longtemps été laissée de côté. Selon elle, il n’y pas un seul pays au monde où n’existe pas ce problème.
Le Royaume-Uni a fait du mariage forcé un crime en 2014, a rappelé le représentant. Il a questionné Mme de Boer-Buquicchio sur le travail qu’elle entreprend pour atteindre les enfants les plus marginalisés, notamment dans le cadre de conflits ou de discriminations.
La représentante du Maroc a indiqué que le pays avait ratifié les instruments internationaux pertinents à ce sujet et que la société civile participait. La réduction de la demande économique ne nécessite-t-elle pas aussi de s’attaquer à l’industrie pornographique?
« L’impunité des auteurs d’infractions est impossible quand ils sont obligés de rendre des comptes », a affirmé la Rapporteuse spéciale sur la vente d’enfants, la prostitution d’enfants et la pornographie mettant en scène des enfants, en répondant aux questions. Une législation claire doit ériger en infraction pénale la vente d’enfants aux fins de travail forcé, y compris l’asservissement pour cause de dette.
En tant qu’experte indépendante, a précisé Mme de Boer-Buquicchio, elle ne dispose pas de mécanisme pour coopérer avec les autres organisations des Nations Unies, mais elle s’attache notamment aux recommandations de l’OIT.
Elle a salué ensuite l’importance du prochain pacte mondial sur les migrations. Elle a espéré qu’il pourra reposer sur les droits de l’homme et tenir compte des difficultés particulières auxquelles se heurtent les jeunes migrants. Elle a également été d’avis que les États devaient établir des voies migratoires ordonnées et régulières. Selon elle, il faut permette aux travailleurs de changer d’emploi lorsqu’il y a des abus, « y compris dans le monde du sport ».
Il faut adapter les procédures judiciaires aux jeunes et lever les obstacles qui les empêchent d’avoir accès à des recours, a poursuivi la Rapporteuse spéciale.
Par ailleurs, les inspections sur les lieux de travail devraient être consolidées, en identifiant les conditions incompatibles avec le droit international.
« La notion de pédopornographie n’est pas le terme le plus approprié », a reconnu ensuite Mme de Boer-Buquicchio. Elle a espéré qu’à l’occasion du prochain renouvellement de ce mandat, il sera possible de réfléchir à cette question. « La pornographie est une expression généralement utilisée pour décrire une activité entre adultes et l’employer dans le contexte des enfants présuppose le caractère plus ou moins légal de cette pratique, ce qui est complètement inapproprié », a-t-elle ajouté. Il y a d’autres expressions qui pourraient être utilisées. Il en va de même de la prostitution, a-t-elle dit: « les enfants ne se prostituent pas, ils sont victimes de la prostitution ».
En ce qui concerne le secteur privé, a-t-elle conclu, il faut des mécanismes d’évaluation et des stratégies pour prévenir la vente d’enfants.
Débat général
Mme MILDRED GUZMAN (République dominicaine), au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a indiqué que comme ses membres sont des pays à revenus moyens, ils se heurtaient à des défis majeurs dans la protection des droits des enfants et s’évertuaient à réduire les vulnérabilités associées à la pauvreté et aux disparités, ainsi qu’à des facteurs socioculturels, comme la discrimination et l’inégalité entre les sexes.
L’oratrice a aussi mentionné les nouveaux risques constitués par la crise financière mondiale, les catastrophes naturelles et autres défis multidimensionnels qui conduisent à la violence, à la criminalité organisée et au trafic de stupéfiants auxquels les groupes et peuples en situation de vulnérabilité sont particulièrement exposés.
La déléguée a expliqué qu’un enfant sur cinq dans le monde vivait avec un handicap et qu’il convenait d’accorder une attention accrue à ce groupe souvent exposé à la violence, à l’abandon et aux abus. Cela est également vrai pour les enfants autochtones dont il importe de répondre à leurs besoins de base en priorité en intégrant cette thématique dans les politiques nationales de développement conformément au Document final de la réunion plénière de haut niveau sur les droits des peuples autochtones.
Elle a aussi exhorté les États à aborder la question de la migration irrégulière à partir d’une perspective humanitaire aux fins de garantir le principe de l’intérêt supérieur des filles, des garçons et des adolescents.
À cet égard, elle a encouragé à l’utilisation des conclusions et des recommandations figurant dans l’étude du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme sur les défis et bonnes pratiques dans la mise en œuvre du cadre international de protection des droits de l’enfant dans le contexte de la migration.
M. ABDALLAH WAFY (Niger), qui s’exprimait au nom du Groupe des États d’Afrique, a souligné que le bien-être, la protection et les droits des enfants étaient d’une importance primordiale dans le programme mondial de développement social et humain.
Le Groupe des États d’Afrique estime que l’objectif 4 de développement durable sur l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et la promotion des possibilités d’apprentissage tout au long de la vie était réalisable à travers l’amélioration et la construction d’équipements adaptés qui tiennent compte du handicap et qui soient respectueux du genre, garantissant à l’ensemble des enfants un environnement inclusif et non violent.
Même si l’Afrique a fait des progrès en termes d’accès à l’école et a réduit les disparités entre genres, de nombreux défis subsistent, selon lui, pour la réalisation d’un enseignement élémentaire pour tous.
Il a, à cet égard, souligné le soutien du Groupe des États d’Afrique à la campagne de la Représentante spéciale du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé et de l’UNICEF « Des enfants, pas des soldats » et a salué les États Membres qui se sont engagés à prévenir et à mettre un terme au recrutement et à l’enrôlement des enfants dans les forces de sécurité.
En conclusion, le Groupe des États d’Afrique salue le lancement, lors du Sommet mondial sur l’action humanitaire, à Istanbul, en mai 2016, du Fonds « L’éducation ne peut pas attendre » et appelle la communauté internationale à le soutenir et à y contribuer.
M. KEITH MARSHALL (Barbade) s’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a déclaré que, dans le contexte de la mise en œuvre du cadre d’action régional pour les enfants 2002-2015, les États membres de la CARICOM s’étaient engagés à adopter, à développer des politiques sur l’enfance précoce et à harmoniser les législations nationales concernant la Convention relative aux droits de l’enfant et ses Protocoles facultatifs.
Il a indiqué que les États de la région s’étaient aussi engagés à développer leur coopération en vue d’améliorer la santé des peuples caribéens, y compris les enfants, mais de sensibiliser sur l’impact des changements climatiques sur les enfants.
Soulignant l’appui de la CARICOM au Programme de développement durable à l’horizon 2030, M. Marshall a déclaré que ce programme les aiderait à consolider les gains antérieurs, notamment en ce qui concerne l’assistance aux enfants dans les domaines de la nutrition, de l’éducation et de la protection de leurs droits lorsqu’ils sont sujets à des violations.
À cet égard, la CARICOM a attiré l’attention sur les nombreuses menaces qui planent sur les enfants, notamment celles associées aux mouvements de masse observés à travers le monde du fait des crises et des conflits. En conséquence, il a affirmé que la CARICOM se félicitait de l’inclusion du sujet de l’enfant migrant dans le projet de résolution sur les droits des enfants qui sera examiné cette année.
Il a également expliqué que la Communauté des Caraïbes avait mis en place un groupe de travail régional informel pour discuter de l’impact de la migration de manière globale, avec des échanges de pratiques en vue de développer des recommandations pour apporter une réponse aux enfants affectés par la migration dans la région.
M. Marshall a rappelé aux États Membres leurs promesses à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de la Convention relative aux droits de l’enfant pour donner à ces derniers une juste chance dans leur vie, précisant que la CARICOM respecterait les siens.
M. HAU DO SUAN (Myanmar), prenant la parole au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a déclaré que ses membres avaient hâte de voir la ratification de la Convention relative aux droits de l’enfant car elle reste le fondement de la promotion et de la protection des droits des enfants.
Il a assuré que les États de l’ASEAN mettaient en œuvre cette Convention orientée par les accords régionaux à travers ses différents mécanismes, plans d’action et programmes. Au titre des actions entreprises par l’ASEAN, il faut noter la création, en 2004, de la Commission sur la promotion et la protection des droits de l’homme et des enfants.
Par ailleurs, une déclaration sur l’élimination de la violence contre les femmes et les enfants et une initiative sur les écoles sûres de l’ASEAN ont été adoptées pour équiper les professeurs et les élèves afin de développer leurs aptitudes en vue de réduire les risques de catastrophe.
Dans le contexte de l’ère du numérique, M. Suan a indiqué qu’un réseau d’agences avait permis de créer un site Internet qui sert de plateforme à des agences de service sociaux dans le domaine du partage des informations et de l’expertise sur les questions liées aux violences contre les femmes et les enfants.
À cet égard, le délégué a déclaré que le Plan d’action de l’ASEAN pour l’élimination de la violence à l’égard des enfants, lequel prend en compte les mesures préventives contre les violences en ligne, avait été approuvé en 2015.
M. Hau Do Suan a affirmé que l’ASEAN collaborait avec les agences de l’ONU et les autres partenaires au développement pour promouvoir davantage le programme des enfants. Il a assuré que l’ASEAN était engagée dans les efforts visant à faire progresser la cause des enfants dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
M. FREDERICK M. SHAVA (Zimbabwe), au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), a salué l’adoption, en juin dernier, par le Forum parlementaire de la loi sur l’élimination du mariage d’enfants et la protection des enfants déjà mariés, une première dans la région qui exige des États membres une harmonisation de leurs législations concernant la prévention des mariages d’enfants, en appui à la campagne de l’Union africaine pour mettre fin au mariage d’enfants d’ici à une génération.
Il a décrit les violations des droits de l’enfant dans les situations de conflit armé, notamment des enfants soldats ou victimes de l’esclavage sexuel et de mariages forcés. Les membres de la SADC se sont engagés à focaliser leurs efforts sur des normes communes afin d’améliorer les prestations de services de base aux orphelins et à d’autres groupes d’enfants et d’adolescents vulnérables.
Il a aussi encouragé à centrer les efforts sur la réalisation de l’objectif 5 de développement durable relatif à une bonne santé, grâce à la mise en œuvre des objectifs de l’Année internationale de la famille et de ses processus de suivi.
Le VIH/sida, a-t-il également expliqué, est l’une des premières raisons de la perte d’un ou des deux parents dans les pays de la région, ce qui fait porter un lourd fardeau aux enfants qui se retrouvent propulsés à la tête du ménage, les forçant ainsi à des comportements à haut risque comme la participation à des activités criminelles ou la toxicomanie.
Mme JOANNE ADAMSON, de l’Union européenne, a déclaré que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 était un instrument de promotion des droits de l’enfant, lequel permettait également de réduire les inégalités, et de lever les barrières discriminatoires et financières qui empêchent les enfants de survivre et de bénéficier d’une éducation.
Selon Mme Adamson, la promesse de « ne laisser personne de côté » devrait être au centre de la mise en œuvre des efforts et de la promotion des enfants et de la jeunesse en tant qu’agents essentiels de changement.
En sa qualité de partie intégrante de la Convention relative aux droits de l’enfant, l’Union européenne appelle les États parties à retirer toutes les réserves contraires à l’objet et au but de cette Convention et ses Protocoles facultatifs, a souligné la déléguée.
En vue de réaliser ses engagements en faveur des enfants, l’Union européenne promeut avec force les mesures d’application générales de la Convention relative aux droits de l’enfant, lesquelles prônent une approche basée sur le renforcement des systèmes notamment par le biais de la législation, les allocations de budget et la mise en place d’organes de suivi et de coordination, a-t-elle déclaré.
Elle a fait part des préoccupations de l’Union européenne au sujet de la situation des enfants migrants et réfugiés, rappelant que sur le million de réfugiés arrivés en Europe en 2015, 31% étaient des enfants dont 90 000 non accompagnés. Ces enfants, a-t-elle précisé, sont vulnérables à toutes les formes de violences, aux abus, à l’exploitation, y compris les mariages forcés et les mutilations génitales féminines.
À cet égard, elle a assuré que l’Union européenne s’engageait à mettre en place une politique d’asile en faveur des plus vulnérables dont les enfants non-accompagnés. L’Union européenne s’est également dite préoccupée par la manière dont des groupes terroristes, tels que Daech, se livraient à l’endoctrinement et à l’exploitation des enfants, en les forçant à devenir des kamikazes.
Elle a indiqué que, cette année, l’Union européenne avait accru ses investissements dans l’éducation d’urgence avec 4% de son budget consacré à l’aide humanitaire. Cette aide va se poursuivre avec un appui à près de 2,3 millions d’enfants affectés par des conflits dans 42 pays, a-t-elle affirmé.
Soulignant que plus de 140 millions d’enfants seront nés en 2016, Mme KELLY L. RAZZOUK (États-Unis) a vu « 140 millions de raisons d’en faire plus » pour que les enfants grandissent à l’abri de la violence. En Syrie, a-t-elle déploré, la moitié des victimes que les travailleurs humanitaires retirent des décombres à Alep sont des enfants.
Au moins 21 000 enfants ont été tués en Syrie depuis le début du conflit, et la majorité des décès sont attribués au régime syrien. « La Syrie est le lieu le moins sûr au monde pour un enfant », a insisté la représentante. Aucun enfant ne devrait jamais avoir à endurer ce qu’a enduré Omar, ce petit garçon de 5 ans, assis dans une ambulance à Alep, « choqué, silencieux, ensanglanté », une image qui a fait le tour du monde, a-t-elle ajouté.
Lors de la réunion des dirigeants sur la situation des migrants et des réfugiés, qui s’est tenue en marge du débat général en septembre dernier, les États-Unis ont annoncé une aide de 37 millions de dollar au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et de 15 millions de dollars au Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) pour que l’objectif de scolariser un million d’enfants réfugiés soient réalisés.
Au niveau national, a poursuivi la représentante, le Gouvernement a investi plus de 1 milliard de dollars dans la prime enfance et l’éducation ces dernières années. En mars dernier, le Secrétaire d’État américain, M John Kerry a lancé la stratégie mondiale des États-Unis afin d’autonomiser les adolescentes. Il existe également l’initiative « Laissons apprendre les filles » pour que les adolescentes reçoivent une éducation de qualité.
Mme FATMAALZAHRAA HASSAN ABDELAZIZ ABDELKAWY (Égypte) a estimé qu’il était du devoir des sociétés de défendre les droits de l’enfant, en particulier à travers la famille, seule à même de fournir un équilibre psychologique et affectif à l’enfant. La communauté internationale doit réexaminer les différentes recommandations formulées, en 1996, par Mme Graça Machel dans son rapport sur l’impact des conflits armés sur les enfants, qui sont plus que jamais d’actualité.
Elle a salué la coopération actuelle entre l’Égypte et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), et plaidé pour les droits des enfants migrants.
M. MARCELO SCAPPINI (Paraguay) a évoqué la politique nationale de l’enfance et de l’adolescence qui guide la promotion et la protection des droits de l’enfant dans son pays pour la période 2014-2024. Dans ce cadre, le Gouvernement a pour objectif l’élimination du travail des enfants sous toutes ses formes. Un autre programme consacré à la petite enfance met l’accent sur l’alimentation et la scolarisation.
Le Paraguay a récemment publié une loi qui protège les enfants contre le châtiment corporel ou tout type de violence comme méthode de correction ou de discipline, a ajouté M. Scappini. En outre, il fait partie des pays pionniers dans le cadre de l’Alliance mondiale pour mettre fin à l’abus, l’exploitation, la traite et toutes les formes de violences et de torture à l’égard des enfants. Conscient du fait que beaucoup d’enfants et d’adolescents paraguayens restent affectés par la pauvreté, le Gouvernement met en place des politiques destinées à renforcer leur protection.
Mme JOUBLI (Suisse) a félicité la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question de la violence à l’encontre des enfants, Mme Marta Santos Pais, pour l’accent qu’elle met sur l’importance de créer des synergies avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030. Elle a également souligné l’importance de réaliser l’étude globale sur les enfants privés de liberté, demandée par la résolution 69/157 de l’Assemblée générale. Afin de faciliter son lancement, la Suisse va financer un poste auprès du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme à Genève, a-t-elle annoncé, en appelant tous les États à répondre positivement à la demande de financement pour cette étude.
La représentante a évoqué les conflits de longue durée, qui ont des conséquences néfastes sur le sort de la population civile et engendrent des violations et abus des droits de l’enfant. Selon l’Envoyé spécial pour la Syrie, a-t-elle dit, le conflit syrien a causé la mort de plus de 400 000 personnes, dont des milliers d’enfants. Elle a rappelé que les attaques perpétrées contre des hôpitaux et des écoles constituaient « une violation grave du droit humanitaire ».
M. PAWEL RADOMSKI (Pologne) s’est félicité de ce que 26 ans après l’adoption de la Convention relative aux droits de l’enfant, ce document était unique en ce sens que pour la première fois il plaçait les enfants au centre de l’attention notamment des hommes de lois, des professeurs, et même des gouvernements. Pour la première fois, a-t-il dit, « l’enfant a le droit d’être entendu ».
La Pologne dispose d’un cadre juridique solide avec des médiateurs des enfants chargés de protéger les droits des enfants conformément à la Convention relative aux droits de l’enfants, a-t-il déclaré. Il a fait état des défis auxquels les États restent confrontés, notamment les problèmes liés au respect des droits des enfants dans le contexte des technologies de l’information.
Par ailleurs, le délégué a assuré que les enfants migrants étaient bien traités en Pologne conformément à la Convention relative aux droits de l’enfant. Les enfants migrants non accompagnés ont le droit d’être pris en compte au niveau juridique et de bénéficier d’une prise en charge sociale.
M. MAHLATSE MMINELE (Afrique du Sud) a déploré les nombreuses violations des droits de l’enfant dans différentes situations, y compris sur l’Internet, les brimades, l’extrémisme violent, l’esclavage, le trafic et la vente ainsi que les enlèvements et le recrutement forcé.
Il a particulièrement dénoncé l’endoctrinement des enfants par les groupes non étatiques armés et fustigé l’impunité. Il a également noté que les conflits armés détruisaient les infrastructures publiques fournissant des services sociaux ce qui empêche l’accès des enfants à l’éducation, à la santé et à des prestations vitales comme l’eau, l’assainissement et la nourriture, ce qui les paupérisent davantage.
Mme JESSICA CUPELLINI (Italie) a déclaré que les jeunes étaient touchés par les contradictions qui prévalaient aujourd’hui mais pouvaient être à la base des solutions de développement durable. L’Italie, a-t-elle déclaré, a ratifié le troisième Protocole de la Convention relative aux droits de l’enfant, permettant notamment aux enfants de déposer des plaintes à l’ONU lorsque des solutions à leurs problèmes n’étaient pas trouvées au niveau national.
La déléguée a lancé un appel à redoubler d’efforts dans le contexte préoccupant des enfants migrants qui gagnent l’Europe. Sur la situation des enfants non accompagnés, elle dit que leur nombre était passé de 5 000 en 2011 à 20 000 en 2012.
Toujours concernant les efforts de son pays dans le domaine des migrations, la représentante a affirmé que les autorités étaient parvenues à sauver de la mer 144 000 femmes et enfants cette année. Pour l’Italie, il est impératif de traiter les enfants migrants comme des enfants normaux et de faire en sorte que leurs droits constituent une priorité.
M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a indiqué que le concept de protection des enfants était consacré par la loi de protection intégrale des filles, des garçons et des adolescents qui s’applique à tous les enfants qui se trouvent sur le territoire argentin.
D’une part, dans le domaine de la santé, le programme national de santé sexuelle et reproductive, adopté en 2002, garantit l’accès universel aux services liés à ces aspects et encourage une prise de décisions sans discrimination, pression ni violence.
D’autre part, la loi de 2006 pour une éducation sexuelle complète fait obligation aux pouvoirs publics de mettre en œuvre des mesures systématiques dans tous les établissements scolaires, notamment privés, à tous les niveaux de l’enseignement. Il a rappelé la position argentine selon laquelle les termes « prostitution » et « pornographie » appliqués aux enfants, bien qu’internationalement reconnus, sont obsolètes et qu’il faudrait les remplacer par l’expression « exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales ».
L’Argentine a aussi réaffirmé la nécessité de proscrire l’utilisation des enfants dans les conflits armés conformément au Protocole facultatif relatif à cette question, qu’elle a ratifié en 2002.
Mme CASTILLO (Mexique) a déclaré que son pays avait promulgué une loi sur les droits des enfants qui reconnaissait les mineurs comme des personnes disposant de droits et qui doivent participer à la prise de décisions les concernant. Elle a insisté sur le fait que son pays était un défenseur des droits des enfants, annonçant que le Mexique se préparait à présenter un projet de résolution sur les enfants migrants.
À cet égard, elle a estimé que des millions d’enfants hors de leurs pays étaient victimes de xénophobie et n’avaient pas droit à l’éducation. La représentante a dit que son pays était engagé dans le renforcement des efforts au cours de cette session en matière de protection des enfants contre les harcèlements.
La déléguée a souhaité que le dialogue soit étendu pour que tous les États Membres œuvrent au respect et à la protection des droits des enfants, notamment dans le cyberespace, tout en leur donnant l’occasion de dénoncer les violations dont ils sont victimes.
Le moment historique que traverse la Colombie permet de privilégier la protection des enfants face à la violence et à d’autres fléaux qui entravent leurs droits, a déclaré M. MIGUEL CAMILO RUIZ BLANCO (Colombie). Des progrès importants ont été réalisés avec l’adoption du Code de l’enfance et de l’adolescence et la stratégie interinstitutionnelle destinée à améliorer leurs conditions de vie, y compris l’initiative « De zéro à toujours » sur le développement intégral depuis la petite enfance.
La migration des enfants accompagnés et non accompagnés représente des défis pour les pays d’origine, de transit et de destination, a dit par ailleurs M. Ruiz. Il a appuyé des mesures alternatives à la détention des mineurs, conformément à la stratégie du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) « Bien au-delà de la détention (2014-2019) ».
Il a également salué le rapport du Secrétaire général sur la lutte contre le harcèlement que ce soit en milieu scolaire, ou pour des raisons d’orientation sexuelle.
Si l’ordre économique international actuel se maintient, a averti M. CEPERO AGUILAR (Cuba), 167 millions d’enfants vivront dans une pauvreté extrême en 2030. À Cuba, s’est-il enorgueilli, il n’y a pas d’enfants des rues, exploités économiquement, forcés de travailler pour survivre. L’action gouvernementale les empêche de devenir victimes de la traite, du trafic illicite de migrants, de la vente d’organes ou de la servitude. Les programmes en faveur de l’enfance et de l’adolescence ont commencé avec la révolution cubaine en 1959, a-t-il rappelé.
Les systèmes de santé et d’enseignement cubains sont gratuits pour tous. D’après la Banque mondiale, a ajouté le représentant, Cuba dispose du meilleur système éducatif du monde, en étant le pays qui investit le plus dans ce domaine avec 13% de son produit intérieur brut (PIB).
Mme KRISTINA SUKACHEVA (Fédération de Russie) a signalé qu’alors que l’instabilité politique perdurait, l’une des priorités des États consistait à protéger la famille en tant que noyau fondamental de la société ainsi que les valeurs morales et spirituelles de la vie familiale. Dans la stratégie nationale d’action pour les enfants et celle concernant la sécurité nationale, le rôle de l’État en tant que garant de la protection de l’individu est mis en avant.
Le représentant des droits des enfants à la présidence de la Russie joue également un rôle pivot, et un bureau du médiateur des enfants a été établi. L’intervenante a précisé que les organes autonomes des droits de l’enfant avaient permis d’éduquer les enfants dans les valeurs russes traditionnelles, notamment du patriotisme.
Elle s’est préoccupée de la tendance actuelle, selon elle, au sein de l’ONU, visant à séparer les parents des enfants. Cette pratique est incompatible avec l’idée traditionnelle de la famille, du principe de la présomption d’intégrité des parents dans leurs droits fondamentaux et du choix des parents.
La Fédération de Russie est attachée à un respect rigoureux des droits de l’enfant et la preuve en est qu’en octobre dernier, elle a transmis au Comité des droits de l’enfant son rapport initial en vertu du Protocole facultatif sur la vente des enfants, la prostitution d’enfants et la pornographie mettant en scène des enfants.
Mme MARIA CLARISA GOLDRICK (Nicaragua) a déclaré que les enfants étaient l’avenir de la société et devaient bénéficier dès l’enfance du goût des valeurs leur permettant de contribuer au développement de la société. Elle s’est félicitée du fait que la Convention relative aux droits de l’enfant transformait des programmes nationaux qui profitaient, entre autres, aux enfants autochtones dans les domaines de l’éducation et de la justice pénale.
Elle a annoncé que le Gouvernement de Nicaragua avait instauré un nouveau Code de la famille qui garantit une protection complète des enfants. La déléguée a également fait état de la création d’un centre d’appel gratuit des enfants fonctionnant sept jours sur sept, lequel a pour but d’aider les enfants exposés à des dangers. Ce centre est tenu par des psychologues, des avocats et des travailleurs sociaux, a-t-elle précisé.
Par ailleurs, les autorités ont mené une campagne visant à prévenir les brimades, les violences et toute situation de nature à faire perdre aux enfants leur estime de soi. Elle a également appelé les pays impliqués dans le phénomène des migrations à garantir la protection des enfants, insistant auprès de la communauté internationale pour qu’elle apporte une réponse à cette situation d’une manière humanitaire. Elle a rappelé que la restitution des droits des enfants était une responsabilité partagée.
M. JASEM K. S. HARARI (Libye) a salué la ratification quasi universelle de la Convention relative aux droits de l’enfant et a encouragé les États à en faire autant pour les Protocoles facultatifs s’y rapportant. Le monde est encore le théâtre de pratiques d’une violence indicible à l’encontre des enfants, en particulier dans les conflits armés mais aussi le harcèlement en ligne, devenu extrêmement préoccupant.
Le moment est venu de prendre à bras le corps une culture de tolérance zéro à l’égard de la violence à l’encontre des enfants et de s’ingénier à l’éliminer totalement d’ici à 2030. Il a mis en exergue les recommandations figurant dans les différents rapports soumis à la Troisième Commission, en particulier celui concernant la vente d’enfants, qui causent des troubles profonds et à long terme. Il a aussi insisté sur la problématique des enfants aux prises avec l’extrémisme violent.
Mme SALAZAR (Pérou) a invité à repenser la protection de l’enfance à la lumière des objectifs de développement durable. Elle a encouragé à un renforcement des alliances avec des programmes et fonds comme l’UNICEF, qui appuient les États dans la conception de leurs stratégies relatives à la promotion des droits de l’enfant.
Le Pérou a ainsi mis en place des programmes de prévention de l’anémie, de lutte contre la pauvreté, et de protection des enfants qui travaillent. Le pays s’est engagé à faire le suivi de ses politiques nationales sur les droits des enfants et des adolescents à tous les niveaux de l’administration, dans l’optique de la réalisation des objectifs de développement durable à l’horizon 2030. Le Pérou a aussi pris un engagement quinquennal en matière d’éducation de qualité.
M. NGUYEN DUY THANH (Viet Nam) a indiqué qu’en avril dernier, l’Assemblée nationale avait adopté la loi sur les enfants qui entrera en vigueur en 2017 et remplacera la loi actuelle sur la protection, le soin et l’éducation des enfants. Cette nouvelle loi jette les bases du cadre juridique pour assurer que tous les enfants sont traités de manière égale et leurs droits protégés. En juin 2016, le Premier Ministre a approuvé le Programme national d’action sur la prévention et l’élimination du travail des enfants pour les cinq prochaines années.
« Nous avons aussi créé le Fonds national pour les enfants afin de mobiliser les ressources nationales et internationales pour la mise en œuvre des objectifs pour les enfants », a-t-il dit. « Nos efforts ont payé. L’enseignement primaire est rendu universel et nous nous acheminons vers le même objectif au niveau de l’enseignement secondaire. » L’inégalité des sexes dans l’accès à l’éducation a été totalement éliminée, a ajouté le délégué. Les taux de mortalité infantile et juvénile ont été divisés par deux depuis 1990.
Mme KARIMA BARDAOUI (Tunisie) a déclaré que ce n’était sûrement pas un hasard si la cible 16.2 de développement durable ambitionnait de mettre un terme à la maltraitance, à l’exploitation, à la traite et à toutes les formes de violence et de torture dont sont victimes les enfants. Elle a estimé que l’insertion d’un tel objectif constituait en soi un progrès appréciable qui devrait mobiliser davantage la communauté internationale et relançait l’action pour l’édification d’un monde sans peur ni violence et où aucun enfant ne sera laissé de côté.
Elle a attiré l’attention sur les rencontres, en Tunisie, des enfants parlementaires et membres du Gouvernement, en marge de la célébration de la Journée nationale de l’enfant, le 16 juin, pour discuter de leurs besoins spécifiques.
La campagne de sensibilisation « Wlédéna fi inina » (Nos enfants sont la prunelles de nos yeux), avec la participation de plusieurs artistes tunisiens, partis à la rencontre des enfants et des adolescents pour les sensibiliser aux risques et dangers de toutes les dérives vers l’obscurantisme et le désespoir, vise à redonner espoir aux enfants de plus de 22 localités rurales à travers l’organisation de pièces de théâtre, de spectacles pour enfants.
Enfin, le lancement de 11 « web-radios » pour répondre aux besoins et aux attentes des enfants dans les régions rurales cherche à les familiariser avec leurs droits et recours.
M. AL MEHAIRI (Émirats arabes unis) a déclaré que le nombre d’enfants réfugiés vivant dans des conditions précaires était préoccupant. Il a réaffirmé l’engagement de son pays à préserver les droits des enfants illustré par l’adoption récente d’une loi englobant 75 articles et visant à les protéger. Il a mis l’accent sur la nécessité de défendre ardemment le droit à une éducation de qualité et d’apporter une aide en faveur des filles à des pays à faibles revenus.
Il a également précisé que son pays avait rempli ses engagements en matière de santé, avec notamment le lancement de programmes de vaccinations contre le paludisme et la polio. Pour le délégué, la politique de son pays en faveur de la mère et l’enfant est une priorité de tous les instants. À cet égard, il a annoncé qu’Abu Dhabi allait accueillir cette année un forum se consacrant à toutes les questions liées à la problématique de la mère et de l’enfant; une première dans le domaine, a-t-il affirmé.
En outre, a expliqué le délégué, son pays a, en coopération avec la Norvège, organisé une série de colloques sur les cas de mortalité évitables chez les femmes et les enfants.
M. ALEX GIACOMELLI DA SILVA (Brésil) a affirmé que la faim et la pauvreté faisaient partie des questions contre lesquelles son pays avait engagé en priorité des combats. Le délégué a affirmé qu’au niveau national, un programme de transfert de liquidité avait bénéficié à environ 14 millions de familles. Par ailleurs, un investissement public a permis à huit millions d’enfants de quitter l’état de pauvreté. Un programme national baptisé « Enfants heureux » a contribué à une meilleure alimentation des enfants de 0 à 6 ans.
Dans le cadre des efforts nationaux, le délégué a fait savoir qu’un programme de lutte contre la violence sexuelle à l’égard des enfants et les adolescents avait été initié. Le représentant a fait valoir que le Brésil appuyait l’étude des Nations Unies sur les enfants privés de liberté car, a-t-il dit, l’intérêt supérieur des enfants doit primer. Toutefois, il a fait part des préoccupations du Brésil au sujet des enfants migrants, rappelant que le MERCOSUR avait demandé un avis consultatif sur la question à la Cour des droits de l’homme en 2014.
Mme SUSAN W. MWANGI (Kenya) a dit qu’en dépit des gains en matière d’éducation et de santé infantiles, la mortalité des enfants de moins de 5 ans restait à un taux inacceptable. Les avancées dans la lutte contre le VIH/sida et le paludisme pendant la dernière décennie risquent d’être effacées si les ressources pour prévenir la transmission de la mère à l’enfant et d’autres interventions ne sont pas soutenues.
Le Kenya a aussi fait des efforts pour éliminer les pratiques culturelles néfastes comme la mutilation génitale féminine, le mariage d’enfant et le mariage forcé qui sapent le droit des enfants au développement et à la participation. Des lois sur le mariage et la mutilation génitale féminine ainsi qu’un plan national d’action pour accélérer l’élimination de ces pratiques ont été adoptés afin de pénaliser ces pratiques.
Mme MAY-ELIN STENER (Norvège) a fait remarquer que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 ne réservait pas un objectif séparé aux enfants mais que leurs droits étaient transversaux. Le droit à l’éducation, celui des filles en particulier, est une priorité absolue pour le Gouvernement norvégien qui a doublé l’aide fournie à l’éducation pour la période 2013-2017, convaincu que l’éducation est une condition préalable au développement durable et à l’élimination de la pauvreté.
Elle a aussi estimé que la déclaration des écoles sûres était un outil important et pratique pour réduire le problème croissant de l’utilisation militaire et des attaques contre les établissements scolaires. Elle a ensuite exhorté tous les États à entériner cette déclaration.
M. AMJAD QASSEM AGHA (République arabe syrienne) a rappelé que depuis cinq ans, son pays était confronté à une campagne terroriste jamais vue auparavant, une campagne sans merci qui vise le tissu moral et social de la société syrienne. La population qui fuit est une proie facile pour les réseaux mafieux en mer Méditerranée et ailleurs, a-t-il dénoncé, ajoutant que les groupes extrémistes terroristes, appuyés par des pays étrangers, continuaient de semer la terreur, forçant des enfants à assister ou à pratiquer des décapitations.
Le représentant syrien a aussi évoqué une vidéo insoutenable adressée au Conseil de sécurité présentant les violences faites aux enfants par l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL), en particulier la décapitation d’un enfant dans un village près d’Alep. Les enfants font aussi l’objet de trafic d’organes, notamment dans des camps de réfugiés, selon un média turc.
Il a également dénoncé la traite des enfants et les mariages forcés d’enfants dans ces camps. Il a fustigé ceux qui, aujourd’hui, pleurent les souffrances et pertes d’enfants, se reconnaîtront car ce sont les mêmes qui ont sévi au Viet Nam et dans d’autres conflits créés de toutes pièces.
Mme KATHRIN NESCHER (Liechtenstein) a souligné l’importance de mettre en œuvre les mécanismes de suivi de l’ONU visant à documenter les violations contre les enfants dans les situations de conflit. À cet égard, elle a attiré l’attention sur le conflit en Syrie rappelant que les forces syriennes et russes avaient lancé des attaques contre des hôpitaux et des écoles à Alep.
Elle a insisté sur le fait que près de 2,1 millions d’enfants n’avaient pas accès à l’école dans ce pays. En conséquence, la représentante a souhaité que des efforts soient déployés en vue d’atténuer la souffrance des enfants avec notamment la fourniture de l’aide humanitaire.
Pour Mme Nescher, « nier à ces enfants le droit à l’éducation, c’est leur nier le droit à leur épanouissement ». Parallèlement, elle a évoqué la vulnérabilité des mineurs non accompagnés aux actes d’exploitations. Ainsi, elle a lancé un appel aux États Membres à ratifier la Convention relative aux droits de l’enfant et à promouvoir de la coopération entre États.
La Constitution des Maldives garantit les droits des enfants, a déclaré Mme IBRAHIM (Maldives). De plus, un certain nombre de lois ont été adoptées au fil des ans pour renforcer leur protection, y compris quand il s’agit d’enfants handicapés. Les Maldives, s’est-elle félicitée, sont fières de leur succès dans les secteurs de la santé et de l’éducation. La mortalité infantile a baissé, la santé maternelle s’est améliorée, et le combat contre le VIH/sida, le paludisme et d’autres maladies transmissibles est bien engagé. Tout le monde bénéficie d’une assurance maladie et l’éducation est gratuite pour tous les enfants.
Pour lutter contre les violences à l’égard des enfants, a poursuivi la représentante, les Maldives ont promulgué une loi sur les infractions sexuelles et contre la traite des personnes. Depuis un an, le Gouvernement est engagé dans une campagne intitulée « Ahan » (Écoute) qui vise à changer les attitudes et les perceptions de la communauté vis-à-vis des abus à l’égard des enfants. Un service d’assistance téléphonique a également été mis en place.
M. MADHUKA WICKRAMARACHCHIGE (Sri Lanka) a indiqué que diverses lois avaient été promulguées au cours des dernières années pour renforcer la promotion et la protection des droits de l’enfant. À Sri Lanka, « le mariage précoce n’est pas considéré comme une pratique traditionnelle ou coutumière », a-t-il précisé. Le mariage est légal à partir de 18 ans et l’âge moyen des unions s’est stabilisé autour de 27 ans pour les hommes et de 24 ans pour les femmes.
Malheureusement, l’UNICEF et le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) ont fait état des cas de cohabitation avec des mineurs et de contrats de mariage où l’âge est falsifié. Le Gouvernement entend remédier à cette situation et la célébration récente de la Journée internationale de la fille a sensibilisé le public aux mariages précoces et aux atteintes sexuelles sur mineures.
Sri Lanka s’est également engagée à lutter contre le harcèlement des enfants, notamment en milieu scolaire et dans le cyberespace. Le représentant a souligné que le Gouvernement avait aussi pris des mesures pour sauvegarder les intérêts des enfants migrants, y compris sur le plan éducatif.
M. NUNO (Espagne) a indiqué que son pays avait soumis, en mai dernier, ses cinquième et sixième rapports périodiques en vertu de la Convention relative aux droits de l’enfant et qu’il avait répondu à la plupart des recommandations formulées par le Comité des droits de l’enfant.
Les rapports présentent en particulier les réformes législatives importantes opérées dans le système éducatif et les mécanismes de protection de l’enfant et de l’adolescent, notamment en élevant l’âge minimum du mariage et le consentement sexuel, en incluant dans le système éducatif le principe de l’intérêt supérieur de l’enfant, et en durcissant la législation pénale sur l’exploitation et les abus faits aux enfants et adolescents.
Parmi d’autres innovations, l’Espagne a créé « Enfance en chiffres », un projet du Ministère de la santé, des affaires sociales et de l’égalité, en collaboration avec le Comité espagnol pour l’UNICEF ouvrant à la consultation les principales données sur la situation de l’enfance dans le pays.
Ce projet répond précisément à une des recommandations du Comité des droits de l’enfant. Il a également fait état de la création, en mars dernier, de la Commission permanente parlementaire non législative sur les droits de l’enfant et de l’adolescent.
Il a ensuite appuyé le rapport récent de l’UNICEF sur enfance et migrations intitulé « Déracinés », faisant observer qu’en 15 ans, le nombre des migrants âgés de moins de 4 ans avait augmenté de 41%, selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Il a aussi noté qu’il y avait de plus en plus d’enfants qui traversaient les frontières seuls.
M. ZULU (Zambie) a dit que même si le Gouvernement avait mis en place des politiques et un cadre législatif pour la promotion et la protection des enfants, de nombreux défis restent: les taux élevés de pauvreté, les maladies infantiles, l’accès limité à l’éducation, l’abus d’alcool et de stupéfiants et les trafics d’enfants.
Pour faire face à ces défis, le Gouvernement a mis en place des mesures comme la gratuité de l’éducation. Il a aussi fait la promotion de la formation pour les enfants en dehors du système scolaire afin de les préparer à être autonomes avec un accent particulier sur les enfants de rue et ceux qui sont retirés du travail des enfants.
En avril 2016, le Gouvernement a adopté une stratégie nationale d’une durée de cinq ans qui vise à renforcer les réponses multisectorielles afin de réduire la vulnérabilité des enfants aux mariages précoces et forcés. Cette stratégie a mis en place un objectif intermédiaire de réduire le taux de mariage d’enfants à moins de 40% avant 2021 avec à l’esprit de bâtir une « Zambie exempte de mariages d’enfants avant 2030 ».
Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a rappelé que les droits des enfants se trouvant dans une situation d’extrême vulnérabilité doivent être protégés en vertu de la Convention des droits de l’enfant. Il est urgent d’assurer que les mesures et les politiques soient en place partout où ces enfants se trouvent comme sur la route des réfugiés et les voies des migrants clandestins.
Des millions d’enfants sont pris au piège des situations de conflit, de l’extrême pauvreté ou vivent dans des zones de vulnérabilité environnementale extrême. Ces situations atroces des enfants sont un rappel de nous engager à s’attaquer aux causes profondes de leur souffrance. Le Saint-Siège note avec beaucoup de tristesse que la première cause des déplacements massifs de populations est le fait de l’homme à savoir la guerre et les conflits. Vingt-huit des 50 millions d’enfants en déplacement avaient été obligés de quitter leurs foyers à cause des conflits. Dans certains de ces conflits, plus de 40% des victimes sont des enfants.
Comme les choix des hommes ont provoqué des guerres et des conflits, nous avons ainsi le pouvoir et la responsabilité de faire face aux conflits et aux guerres qui transforment des millions d’enfants en réfugiés, des migrants et des déplacés. Le Saint-Siège plaide pour un engagement commun de chaque gouvernement et de la communauté internationale pour mettre fin à chaque situation de violence, de lutte et de haine et de poursuivre la paix et la réconciliation. Il est aussi urgent d’alléger la souffrance des enfants qui en sont pris au piège.
Mme GLORIA CID CARREÑO (Chili) a indiqué que la Présidente, Mme Michelle Bachelet, avait pour objectif d’établir « un système intégral de garanties des droits de l’enfance et de l’adolescence ». À cette fin, elle a créé le Conseil national de l’enfance qui doit l’informer des politiques prises en ce sens et servir d’instance de coordination entre les organismes compétents en la matière. La politique nationale de l’enfance et de l’adolescence pour la période 2015-2025 vise à renforcer l’application de la Convention relative aux droits de l’enfant, que le Chili a ratifiée en 1990.
Il s’agit également de prêter une attention particulière aux conditions sociales et culturelles dans lesquelles vivent les enfants et les adolescents pour promouvoir leur développement, a expliqué Mme Cid. Depuis septembre 2015, la « loi sur les garanties des droits de l’enfant » est en cours d’examen; elle met l’accent sur l’égalité, la non-discrimination, la protection contre toutes les formes de violence, sur un procès équitable et le caractère exceptionnel de la détention des enfants.
M. RUJANANT (Thaïlande) a fait état des efforts de son pays pour promouvoir et protéger les droits des enfants, en particulier les plus marginalisés. Le droit à l’éducation doit être étendu à tous les enfants sans distinction. Tous les enfants thaïlandais ont droit à l’éducation indépendamment de leur nationalité ou de leur statut juridique depuis l’adoption du cadre politique « Éducation pour tous ». De plus, tous les enfants nés en Thaïlande ont droit à l’enregistrement de leur naissance.
L’année dernière, le Gouvernement a lancé le programme d’appui aux enfants qui donne, chaque mois, une allocation pour les parents des nouveau-nés jusqu’à leur troisième anniversaire pour les enfants vivant dans les familles pauvres. Le projet vise en particulier le développement de la petite enfance.
La Thaïlande est aussi très engagée contre la violence faite aux enfants, l’élimination du travail des enfants et la mise en œuvre effective des cadres politiques et juridiques pour promouvoir et protéger les droits des enfants.
Mme TAN WEE ZI (Singapour) a rappelé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 a reconnu la nécessité de mettre les enfants au cœur de notre action. Les objectifs 3 et 4 de développement durable sur la santé et l’éducation sont spécialement focalisés sur les enfants. Petit État-cité sans ressources naturelles, la population est l’unique ressource de Singapour, a indiqué la représentante. En dépit des progrès réalisés, beaucoup reste à faire pour assurer que tous les enfants jouissent des mêmes opportunités indépendamment de leurs origines.
Mme Zi a souligné trois domaines pour soutenir les enfants vulnérables pour qu’aucun enfant ne soit laissé de côté. Premièrement, il faut assurer des soins de qualité et abordables à tous les enfants. Deuxièmement, il faut renforcer les soutiens aux enfants vulnérables.
Cette année, Singapour a commencé l’initiative « KidSTART » qui vise à coordonner et renforcer les soutiens aux familles à faible revenu avec des enfants de moins de 6 ans. Et troisièmement, il faut protéger les enfants se trouvant dans les conflits familiaux.
Pour alléger les impacts du divorce, le Gouvernement a adopté des amendements à la loi sur les familles. Les couples avec des enfants mineurs qui ne sont pas en mesure de passer un accord sur toutes les questions relatives à leur divorce doivent suivre un programme parental obligatoire avant de pouvoir déposer une demande de divorce. Le programme a pour objectif de sensibiliser les parents de l’impact du divorce sur le bien-être des enfants, et de se poser des questions sur le divorce lui-même.
Mlle HALEVI, jeune déléguée d’Israël, a regretté que trop d’enfants partout dans le monde se voient dénier le droit de l’homme le plus fondamental: celui à la sûreté et à la sécurité. Elle a constaté que le coût de l’inégalité entre les groupes d’individus au sein des sociétés demeurait élevé et que ce sont toujours les plus petits qui paient le prix puisque, ce soir encore, a-t-elle expliqué, des millions d’enfants iront se coucher le ventre vide, et que des centaines de milliers de filles n’iront pas à l’école demain et seront ainsi privées des opportunités d’éducation les plus élémentaires.
Elle a affirmé que l’éducation était l’un des deux grands piliers sur lequel l’État d’Israël avait été construit, celui-ci finançant les études de ses citoyens entre 3 et 18 ans. Elle a indiqué que, ces dernières années, elle avait personnellement participé à un programme bénévole dans un lycée d’un quartier désavantagé en Israël pour donner une chance à tous les élèves, quelle que soit leur situation sociale, de devenir des membres actifs de leur société.
M. CARAY (Turquie) a déclaré que son pays avait renforcé ses cadres juridique et institutionnel pour garantir la protection des enfants, dans sa stratégie nationale 2013-2017 visant à améliorer les conditions de vie des enfants, mais aussi à prendre des mesures de prévention et de protection.
Le délégué a rappelé l’attachement de la Turquie aux droits de la fille, en particulier à sa scolarisation qui demeure une priorité pour les autorités. Le représentant a également insisté sur le fait que son pays ait coorganisé une manifestation annuelle dans le contexte de la célébration de la Journée internationale de la fille.
Il a déploré le fait que, lors des conflits, des attaques étaient perpétrées contre des hôpitaux, et que des enlèvements d’enfants surviennent, causant des effets souvent irréversibles sur les enfants. La Turquie a souligné que, suite à la crise humanitaire en Syrie, elle a accueilli trois millions de réfugiés syriens et iraquiens.
Son pays, a-t-il affirmé, met tout en œuvre pour subvenir aux besoins des enfants syriens dans le domaine de l’éducation. Par ailleurs, le représentant a fait savoir que près de 170 000 enfants syriens étaient nés en Turquie, rappelant à la communauté internationale de la nécessité de veiller au bien-être des enfants.
M. DANIJEL MEDAN (Croatie) a appelé à plus de synergie entre le droit à l’éducation, le développement durable et la nécessité de parvenir à la stabilité dans toutes les régions. Il a mis l’accent sur les travaux du Conseil des droits de l’homme et a jugé essentiel que celui-ci conserve la tradition de tenir une journée de réunion-débat annuel sur les droits des enfants.
La coopération étroite entre la Croatie et l’UNICEF comme le projet École exempte de violence a été un modèle réussi, désormais imité par d’autres États, s’est réjoui le délégué, qui a ensuite affirmé que l’UNICEF et le Gouvernement croate organiseraient une réunion sur les enfants migrants non accompagnés dans le sud de l’Europe aux fins de créer des mécanismes pour remédier à ce problème.
Mme GARCIA (Costa Rica) a déclaré que l’exposition constante des enfants à la violence pouvait fragiliser davantage leur protection et favoriser les abus, ainsi que les violations de leurs droits. La représentante a noté que de nombreuses filles étaient l’objet d’abus, d’enlèvements et de mariages forcés à travers le monde. Elle s’est déclarée préoccupée par l’augmentation des attaques aveugles contre les centres de santé et éducatifs qui représentent une violation du droit international et de celui à l’éducation, ainsi qu’à une vie saine.
En outre, la déléguée a observé la situation préoccupante des enfants migrants vulnérables dans ces voyages, en particulier les non-accompagnés. La déléguée a insisté sur la solidarité et la responsabilité partagée pour, notamment, apporter un appui psychologique à ces enfants.
Le Costa Rica étant un pays d’origine et de transit, il applique les Protocoles facultatifs de la Convention relative aux droits de l’enfant pour garantir tous leurs droits, en particulier celui à l’éducation. La violence, a-t-elle prévenu, cause des cicatrices irréversibles qui empêchent les enfants de s’épanouir, appelant à un investissement accru dans les programmes en leur faveur.
Mme AL-KHATER (Qatar) a appelé à galvaniser les efforts des États Membres tendant à un monde exempt de violence. Les défis persistent dans de nombreux pays et les exemples de conflits armés où les enfants sont abusés et tués sont légion, a-t-elle déploré, en précisant que la moitié des réfugiés dans le monde étaient des enfants.
Le Qatar a fait de l’éducation dans les situations d’urgence une priorité, en particulier en faveur des réfugiés syriens, ou dans d’autres pays traversant un conflit armé. Elle a salué le débat de haut niveau qui s’est déroulé le 3 juin 2016 à l’Assemblée générale sur la nécessaire réinsertion sociale des enfants et adolescents victimes de conflits.
M. VILATSONE VISONNAVONG (République démocratique populaire lao) a dit que son pays avait adopté une loi sur la procédure pénale pour mineurs et une loi sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et des enfants, en 2013 et 2014 respectivement. Un nouveau plan national d’action sur la question spécifique de la violence contre les enfants pour la période 2014-2020 est en cours de réalisation.
De plus, le Gouvernement lao a augmenté le budget alloué à la santé et à l’éducation des enfants. Il a ainsi lancé des campagnes de vaccination à travers le pays et introduit des projets pilotes de cantines scolaires dans des zones rurales.
M. CAMERON JELINSKI (Canada) s’est dit heureux que son pays soit membre fondateur du Conseil d’administration du Partenariat mondial pour mettre fin à la violence envers les enfants. Il reconnaît que cette initiative aura une grande contribution à la mobilisation et à l’obtention de ressources pour prévenir et répondre aux situations de violence contre les enfants, y compris ceux en déplacement.
Le Canada collabore étroitement avec des institutions multilatérales et des plateformes internationales pour prévenir la violence contre les filles et les garçons, y compris en situation de conflit armé, et pour intervenir le cas échéant.
M. Jelinski a précisé que le Groupe des amis des enfants touchés par les conflits armés, un réseau de 40 États Membres qui exhortent le Conseil de sécurité à intervenir pour enrayer les violations ou les abus des droits de la personne ou du droit international humanitaire contre les enfants, s’était surtout efforcé de traduire le cadre normatif en des applications pratiques, particulièrement en ce qui concerne la responsabilisation des auteurs de violations et d’abus contre les enfants.
M. AL-HUSSAINI (Iraq) a déclaré que son pays avait adopté des mesures visant à la protection des enfants et que la mise en œuvre était conforme aux conventions internationales. Le représentant a affirmé que son pays avait créé un office spécialisé, lequel a mis en place une stratégie impliquant plusieurs ministères en vue de promouvoir et assurer les droits des enfants. Cette structure s’occupe, entre autres, des questions liées aux enfants victimes des conflits armés, de la violence et des abus.
Selon le délégué, il s’agit de trouver des solutions et de les mettre en œuvre avec la participation de ministères et d’organisations de la société civile. Le délégué a souligné que l’Iraq était déterminé à préserver la dignité des enfants risquant d’être déplacés. Il est également revenu sur l’ampleur des actions terroristes de Daech et de leurs conséquences sur les enfants dont certains sont tués et exploités.
Le délégué a insisté sur le fait que les enfants souffraient de malnutrition dans certaines parties de l’Iraq encerclées par ces groupes terroristes. Il a également lancé un appel à la communauté internationale à protéger les enfants en surveillant le cyberespace et en réglementant les activités liées aux technologies de l’information, mais aussi à traquer les activités criminelles des terroristes et le recrutement des enfants en ligne.
M. ADEOYE (Nigéria) a affirmé que la législation nationale interdisait strictement l’utilisation d’enfants comme soldats, les mariages d’enfants ou encore les mariages forcés. Le Gouvernement nigérian a lancé le 15 septembre un sondage national sur la violence à l’égard des enfants, une première en Afrique de l’Ouest.
La population a été profondément traumatisée par les attaques inhumaines contre des écoles et des enlèvements perpétrés par Boko Haram. Les autorités ont commencé la reconstruction des établissements scolaires endommagés dans la région du nord-est grâce au programme « Écoles sûres » et s’efforcent d’aider à la réadaptation des élèves.
Il a annoncé que 21 jeunes élèves enlevés par Boko Haram à Chibok venaient d’ailleurs d’être libérées. Il a émis l’espoir que celles-ci pourront être réinsérées dans leur famille, se remettre de cette douloureuse expérience et croire à nouveau en l’humanité.
Mme MEKDELAWIT TAYE ALEMAYEHU (Éthiopie) a déclaré que la situation des enfants restait toujours fragile en raison de la pauvreté, des abus et des violations dont ils sont victimes. En tant qu’État partie à la Convention relative aux droits de l’enfant, l’Éthiopie a pleinement réalisé les droits des enfants qui représentent une grande partie de la population du pays, a déclaré la représentante.
La Constitution, a-t-elle assuré, garantit le droit des enfants avec des cadres politique et législatif qui se concentrent sur la protection et le respect de leurs droits dans l’ensemble du pays. Son pays, a dit Mme Alemayehu, est parvenu à atteindre le point 4 des Objectifs du Millénaire pour le développement de réduire la mortalité infantile des moins de 5 ans.
Elle a également fait remarquer que la prévalence des mariages précoces dans son pays avait baissé, passant de 33% en 1997 à 8% en 2013 et 2014.