La Première Commission poursuit son débat général en revenant sur la crise syrienne
Les pays du Maghreb plaident pour une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient
La Première Commission (désarmement et sécurité internationale) a poursuivi, cet après-midi, son débat général, déjà marqué par les interventions de plus de 150 délégations d’États Membres.
Dominés par les questions de désarmement nucléaire et de non-prolifération, les échanges ont également porté sur les crises au Moyen-Orient, notamment la crise syrienne, et la situation toujours volatile en Afghanistan. Par ailleurs, les pays du Maghreb ont appelé à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient pour y renforcer la confiance au niveau régional.
Comme hier, le représentant de la Turquie s’en est pris violemment aux agissements du régime syrien, sur la foi de rapports du Mécanisme conjoint OIAC-ONU sur l’utilisation d’armes chimiques en Syrie. Il a ainsi affirmé que le Mécanisme d'enquête avait clairement établi que les forces armées syriennes étaient impliquées dans au moins deux cas d’usage d’armes chimiques depuis 2011. « D’après le Mécanisme d’enquête, la Syrie ne remplit pas ses obligations en tant que partie à la Convention sur les armes chimiques », a-t-il indiqué, avant de prévenir que si la Syrie était impliquée dans les autres cas en cours d’examen par le Mécanisme, il faudrait que la communauté internationale agisse instamment.
Réagissant à ces propos, le représentant de la Syrie a affirmé que la Turquie « détourne nos ressources hydriques et force des populations à migrer; ces crimes sont le résultat de l’appartenance de la Turquie à l’OTAN ». Il a accusé la Turquie d’être un « mercenaire à la solde » de cette organisation, et de laisser transiter des armes chimiques sur son territoire, « des armes chimiques, a-t-il lancé, qui causent des souffrances effroyables aux civils syriens ».
Concernant la situation en Afghanistan depuis le retrait d’une partie des troupes américaines, le représentant de ce pays, M. Mahmoud Saikal, a indiqué que la présence persistante de restes de guerre non explosés et de mines continuait de menacer la vie quotidienne du peuple afghan et d’entraver le développement économique. « Chaque mois, a-t-il dit, plus de 100 personnes sont victimes de ces armes ». Il a expliqué que les programmes de déminage en cours dans son pays devraient être soutenus financièrement pour parvenir à un Afghanistan débarrassé de ce fléau en 2023.
Au sujet du trafic d’armes transfrontalier, « qu’organisent et dont profitent les groupes terroristes », il a appelé les voisins de l’Afghanistan à renforcer leurs actions destinées à empêcher, combattre et éradiquer le trafic illicite d’armes sous tous ses aspects. M. Saikal a annoncé que sa délégation présenterait pour adoption un projet de résolution proposant une approche globale pour lutter contre l’usage, la fabrication et le transfert des engins explosifs improvisés, « qui ont des effets humanitaires dévastateurs ».
L’avantage stratégique d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient a par ailleurs été réaffirmé par les pays du Maghreb. Le représentant de l’Algérie, M. Mohammed Bessedik, a estimé que de telles zones « sont non seulement de nature à instaurer la confiance, mais aussi à renforcer le désarmement nucléaire mondial et la non-prolifération ».
Pour sa part, le représentant du Maroc, M. Bouchaib Eloumni, a plaidé pour la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient, sur la base des dispositions prévues par la résolution de 1995.
« La communauté internationale doit prendre des mesures pour lever le blocage sur la création d’une telle zone au Moyen-Orient », a estimé de son côté le représentant de la Tunisie, M. Moezz Laouani, qui a imputé ce blocage, « qui sape la crédibilité du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) », au refus de la « principale partie », concernée, Israël, de rejoindre le Traité et faire vérifier ses installations nucléaires par l’Agence internationale de l'énergie atomique.
La Première Commission (désarmement et sécurité internationale) poursuivra ses travaux demain, mercredi 12 octobre, à 15 heures.
DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUS LES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR RELATIFS AU DÉSARMEMENT ET À LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE
Déclarations
Mme NOORHAZWANI ARIFFIN (Brunei Darussalam) a déploré la lenteur avec laquelle sont mis en œuvre les engagements internationaux de désarmement et de non-prolifération. Elle a exhorté les États Membres à accélérer l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, qui, a-t-elle rappelé, a été signé il y a deux décennies. La représentante a également estimé important de continuer la mobilisation autour des conséquences humanitaires et environnementales d’une éventuelle explosion nucléaire, son pays ayant adhéré à l’Engagement humanitaire lors de la Conférence de Vienne sur l’impact humanitaire des armes nucléaires. Après avoir condamné l’emploi d’armes chimiques, qui entraine un nombre de morts important et cause des souffrances effroyables parmi les civiles, la représentante a rappelé que, dans les faits, les armes légères et de petit calibre entravent non seulement le processus de développement, mais contribuent également à l’instabilité dans de nombreux États Membres. En effet, a-t-elle dit, ce n’est que dans la paix et la sécurité que nous serons en mesure de concrétiser nos aspirations communes dans les domaines du développement durable et de la prospérité du plus grand nombre.
M. GHANA SHYAM LAMSAL (Népal) a souligné l’engagement de longue date de son pays dans les opérations de maintien de la paix de l’ONU et les initiatives régionales et internationales de lutte contre le terrorisme. Il a plaidé pour une réponse collective aux nouveaux défis mondiaux en matière de sécurité, pour notamment empêcher que des organisations terroristes ne s’emparent ou ne fabriquent des armes de destruction massive. Il a également souligné la nécessité que soient donnés des gages de sécurité négative en concluant des arrangements internationaux efficaces visant à garantir les États non dotés d’armes nucléaires contre l’emploi ou la menace d’emploi de ces armes. Il a par ailleurs jugé que l’établissement de zones exemptes d’armes nucléaires à travers le monde contribuait concrètement au désarmement général et complet. Au sujet des armes classiques, le délégué a estimé que l’entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes permettrait de renforcer la transparence de cette activité. Enfin, il a indiqué que sa délégation présenterait cette année un projet de résolution sur le Centre régional pour la paix et le désarmement de l’ONU en Asie et dans le Pacifique, exprimant le souhait que ce projet de résolution soit adopté par une large majorité.
M. RAUF ALP DENKTAŞ (Turquie) a rappelé que son pays s’était porté coauteur de la résolution 2310 (2016) du Conseil de sécurité reconnaissant que l’entrée en vigueur du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICE) constituerait une mesure efficace de désarmement et de non-prolifération. Il a condamné les essais et les lancements de missiles balistiques effectués cette année par la République populaire démocratique de Corée (RPDC), exhortant les autorités de ce pays à respecter ses obligations internationales. Le représentant turc s’est attardé sur la crise syrienne, déplorant notamment qu’en dépit de tous ses efforts, l’Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) n’ait pas pu vérifier les déclarations du régime syrien sur l’état réel de leur arsenal d’armes chimiques. Il a ajouté que le Mécanisme d'enquête conjoint OIAC-ONU sur l'utilisation de produits chimiques comme armes en Syrie avait établi que les forces armées syriennes étaient impliquées dans au moins deux cas d’emploi d’armes chimiques et noté que, d’après le Mécanisme d’enquête conjoint, la Syrie ne remplissait pas ses obligations en tant que partie à la Convention sur les armes chimiques. Il a averti que si la Syrie était impliquée dans les autres cas en cours d’examen par le Mécanisme conjoint d’enquête, la communauté internationale devrait agir instamment. Par ailleurs, le représentant turc a salué la réussite de la mise en œuvre du Plan de destruction des armes chimiques libyennes en dehors des frontières de la Libye, estimant qu’il s’agissait d’un pas important vers la stabilité en Libye et d’un bon exemple de mise en œuvre de la Convention.
M. MOHAMMED BESSEDIK (Algérie) a regretté que, 20 ans après l’ouverture à la signature du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), cet instrument multilatéral vital pour la non-prolifération et le désarmement nucléaire ne soit toujours pas entré en vigueur. Dans ces conditions, a-t-il affirmé, l’Algérie soutient fermement toute initiative visant à l’établissement de zones dénucléarisées dans le monde. Selon lui, de telles zones sont non seulement de nature à instaurer la confiance, mais aussi à renforcer le désarmement nucléaire mondial et la non-prolifération. À ce sujet, a poursuivi le délégué, l’entrée en application, le 15 juillet 2009, du Traité de Pelindaba, qui établit une zone dénucléarisée en Afrique, constitue une contribution importante à la paix et à la sécurité et devrait faire figure d’exemple, notamment au Moyen-Orient. Déplorant que cette région instable ne puisse obtenir le statut dénucléarisé plusieurs années après l’adoption de la résolution sur l’instauration de telles zones au Moyen-Orient par la Conférence de 1995 des Parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), il a réaffirmé l’engagement de l’Algérie à mettre en œuvre ce texte ainsi que le Plan d’action de 2010.
M. MAHMOUD SAIKAL (Afghanistan) a constaté que la présence persistante de restes de guerre non explosés et de mines continuait de menacer sérieusement la vie quotidienne des populations afghanes et leurs activités de développement. Chaque mois, a-t-il dit, plus de 100 personnes en sont victimes. Il a affirmé que les programmes de déminage de son pays devaient être soutenus financièrement afin de débarrasser son pays de ce fléau d’ici à 2023. Le représentant a par ailleurs indiqué que pour lutter contre le trafic d’armes transfrontalier, qu’organisent et dont profitent les groupes terroristes, son pays s’efforçait de coopérer au mieux possible avec les pays voisins. Nous appelons toutes les parties concernées à renforcer leurs actions destinées à empêcher, combattre et éradiquer le trafic illicite d’armes sous tous ses aspects, a-t-il lancé. M. Saikal a par ailleurs souligné que les engins explosifs improvisés étaient désormais les armes les plus utilisées à travers le monde par des groupes armés non étatiques. Il a également annoncé que sa délégation présenterait pour adoption un projet de résolution proposant une approche globale et systématique pour contrer l’usage, la fabrication et le transfert de ces engins aux effets humanitaires dévastateurs.
Mme SAADA DAHER HASSAN (Djibouti) a rappelé que son pays, signataire du Traité de Pelindaba, était favorable à l’éradication totale des activités nucléaires à vocation militaire qui menacent la paix mondiale et exacerbent les tensions à l’échelle nationale et internationale. De ce fait, Mme Hassan a plaidé vigoureusement pour l’entrée en vigueur rapide du Traité sur l’interdiction complète des essais nucléaires (TICE). De nombreux États de notre continent souffrent de manière disproportionnée des effets pernicieux des transferts irresponsables d’armes, qui sont à l’origine des effets déstabilisants sur l’équilibre politique, sociologique et économique du continent africain, a-t-elle indiqué. Près de 500 millions d’armes légères en circulation se trouvent en Afrique, selon l’Union africaine, et les conflits et l’insécurité coûtent à l’Afrique des milliards de dollars par an, sans compter les pertes humaines, a déploré la représentante.
M. BOUCHAIB ELOUMNI (Maroc) a estimé que le débat thématique de la Première Commission sur les armes nucléaires devrait être l’occasion d’un véritable dialogue sur les possibilités d’un accord menant à l’interdiction et à l’élimination totale de ces armes. Un tel dialogue devrait, à son avis, réaffirmer la nécessité d’appliquer l’article VI du Traité sur la non-prolifération nucléaire, de réduire le rôle des arsenaux nucléaires dans les doctrines de défense et d’accélérer l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires. Les États dotés de l’arme nucléaire ont un statut spécial qui leur impose une responsabilité particulière, a-t-il ajouté. Il a en outre estimé qu’il n’était pas normal que les mesures de désarmement ne soient pas systématiquement vérifiables par l’Agence internationale de l’énergie atomique. Il a par ailleurs plaidé pour la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient, sur la base des dispositions prévues par la résolution de 1995. Après avoir imputé le blocage persistant de la Conférence du désarmement au manque de volonté politique de certains États, M. Hilale a évoqué les initiatives internationales de son pays dans les domaines de la sûreté nucléaire et de la lutte contre le terrorisme nucléaire, citant les activités du Centre d’excellence sur les atténuations des risques nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques installé à Rabat depuis 2011. Enfin, pour ce qui est des armes légères et de petit calibre, il a indiqué que le Maroc estimait que la coopération régionale, y compris dans la région sahélo-saharienne, et sous-régionale « représente un levier essentiel pour lutter contre leur commerce illicite ».
M. IVENS DE SOUSA (Timor-Leste) a indiqué que son pays, en tant que nation en situation de post-conflit, estimait que la course aux armements et l’utilisation d’armes ne permettraient jamais d’instaurer la paix dans le monde. Le Timor-Leste salue l’initiative des responsables politiques du monde entier qui ont exhorté les États à trouver une solution pour réduire le nombre d’armes nucléaires et interdire leur emploi, a souligné le représentant, affirmant que les Nations Unies, et notamment la Première Commission, ont servi de plateforme en faveur de la diplomatie multilatérale. Le Timor-Leste apporte son soutien entier et sa pleine confiance au Conseil de sécurité des Nations Unies pour parvenir à un règlement pacifique de la question nucléaire dans la péninsule coréenne, a poursuivi le délégué, rappelant que son pays avait signé le 13 janvier 2007 un traité d’amitié et de coopération en Asie du Sud-Est destiné à promouvoir la paix et l’amitié perpétuelles, et la coopération entre les peuples de la région. En tant que nation en situation de post-conflit, a dit M. de Sousa, le Timor-Leste a déjà fait l’expérience d’une crise de sécurité dans un environnement non-pacifique, avant de rappeler que son pays était l’un des fondateurs du Groupe de pays G7+ dont le but est de permettre le partage d’expériences entre nations en situation de post-conflit. Ce Groupe estime qu’il ne saurait y avoir de paix sans développement, et inversement, a-t-il conclu.
M. MOEZZ LAOUANI (Tunisie) a notamment appelé la communauté internationale à prendre des mesures urgentes et concrètes en vue de lever le blocage sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. Il a estimé que ce blocage, qui sape la crédibilité du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), était dû « essentiellement » au refus de la « principale partie » concernée de rejoindre le Traité et de placer ses installations nucléaires sous le régime de garanties de l’Agence internationale de l’énergie atomique. Le représentant a d’autre part déclaré que, dans un contexte sécuritaire marqué par l’ubiquité de la menace terroriste, il était nécessaire de redoubler d’efforts pour empêcher les acteurs non étatiques mal intentionnés de mettre la main sur des armes de destruction massive. La Tunisie réitère son attachement aux conventions sur l’interdiction des armes chimiques et sur l’interdiction des armes biologiques, et condamne toute utilisation de ces armes, quels qu’en soient les auteurs, a-t-il ajouté. Au sujet des armes légères et de petit calibre, qui, en Afrique surtout, favorisent les conflits internes et alimentent les activités terroristes, il a rappelé l’importance de mettre pleinement en œuvre le Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite de ces armes.
M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a déploré l’existence de plus de 15 000 armes nucléaires dans le monde et le fait qu’un certain nombre d’États ne respectaient pas leurs engagements prévus en vertu du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Inquiète du manque de progrès en matière de désarmement nucléaire et de la frustration croissante des États Membres dans ce domaine, la Malaisie salue néanmoins les recommandations contenues dans le rapport du Groupe de travail à composition limitée chargé de promouvoir les négociations multilatérales en matière de désarmement nucléaire. Pour la Malaisie, l’évolution du processus de travail de ce groupe n’est pas de nature à miner les efforts de la Conférence du désarmement, mais offre au contraire un cadre complémentaire et une source de créativité, a estimé le représentant, regrettant par ailleurs que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires ne soit toujours pas entré en vigueur. Par ailleurs, le représentant a indiqué que son gouvernement était très attaché à l’établissement de zones dénucléarisées dans le monde et a rappelé son engagement dans la mise en place de ce type de Traité en Asie du Sud-Est. Enfin, le représentant a rappelé que cette année encore, sa délégation présenterait un projet de résolution sur la suite donnée à l’avis consultatif du 6 juillet 1996 de la Cour internationale de justice sur la licéité de la menace ou de l’emploi d’armes nucléaires.
M. MAMADI TOURÉ (République de Guinée) a mis l’accent sur les conséquences de la fabrication, du transfert, de la prolifération et de la circulation illicite des armes légères, singulièrement en Afrique, notant que ce « fléau dangereux » connaît une ampleur sans précédent avec la résurgence d’actes terroristes et la montée de l’extrémisme violent. Dans ce contexte, il s’est félicité de l’adoption du Programme d’action des Nations Unies en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects. Dénonçant par ailleurs les risques de prolifération nucléaire dans le monde, il s’est notamment prononcé pour l’application effective du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) par toutes les parties sans exclusive, pour la création et l’opérationnalisation de zones exemptes d’armes nucléaires et pour la cessation de la course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique.
Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a estimé que les tragédies qui se déroulent dans le monde exigeaient de la communauté internationale qu’elle renforce les mesures de contrôle et repense ses registres de classification d’armes. Il a estimé que l’utilisation de certaines armes dites classiques avait des effets aussi dévastateurs que des armes de destruction massive. Mgr Auza a également rappelé aux États Membres que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 ne pourrait être mené à bien sans paix, sans sécurité et sans justice. À son avis, la paix dans les zones de conflit passait par un contrôle strict des armes, légales ou illégales. Sur les armes nucléaires, il a exhorté les États Membres à s’engager dans des négociations de bonne foi pour décider de mesures destinées à mettre fin à « la course aux armements nucléaires ».
M. MAJED BAMYA (État de Palestine) a estimé qu’il n’existait pas de solution alternative à l’élimination totale des armements nucléaires pour lever la menace existentielle posée par ces armes. De ce fait, il a déploré que la neuvième Conférence des parties chargée de l’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) n’ait pas trouvé de consensus sur un document final. Cet échec remet en question la mise en oeuvre des engagements existants en faveur de la non-prolifération et du désarmement nucléaire, a-t-il dit, jugeant « plus qu’urgente » l’instauration d’une zone dénucléarisée et libérée de toute arme de destruction massive au Moyen-Orient. Selon l’Observateur permanent, l’une des parties, en l’occurrence Israël, a développé illégalement un arsenal nucléaire et a toujours refusé d’y renoncer et d’accéder au TNP sans condition préalable. Israël, a-t-il ajouté, a également refusé d’assujettir ses installations nucléaires aux garanties généralisées de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AEIA), bloquant ainsi tout projet de zone dénucléarisée dans la région. Aux yeux de sa délégation, une telle « attitude destructrice » ne devrait pas être récompensée mais condamnée et combattue. L’Observateur a par ailleurs estimé urgent de faire respecter l’interdiction du développement, de la production, de l’acquisition, du stockage, de la rétention, du transfert et de l’utilisation d’armes chimiques et biologiques.
M. LUIZ FELIPE DE MACEDO SOARES, Secrétaire général de l’Organisme pour l'interdiction des armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes, a notamment déclaré que les membres de son organisme étaient unanimement favorables à la tenue d’une conférence, en 2017, sur un instrument juridiquement contraignant interdisant les armes nucléaires. Il a par ailleurs souhaité que la résolution sur le Traité de Tlatelolco ayant porté création d’une zone exempte d’armes nucléaires dans la région, et qui sera présentée cette année encore, recueillerait le plus de voix possible. Il a souligné l’importance de renforcer la coopération entre États dotés et non dotés de l’arme nucléaire afin d’avancer sur la voie d’un monde libéré des armes nucléaires.
M. XOLISA MABHONGO, représentant du directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), s’est félicité de l’entrée en vigueur des accords de garanties dans 182 États, dont 174 États non-nucléaires parties au TNP. Toutefois, a-t-il observé, 12 États parties au traité n’ont pas encore franchi cette étape, empêchant l’Agence de tirer des conclusions de garanties à leur sujet. Il a dès lors exhorté tous les États parties qui ne l’ont pas encore fait à conclure au plus vite des accords de garanties généralisées avec l’AIEA. Le représentant a également enjoint l’ensemble des États à conclure des protocoles additionnels avec l’AIEA, se réjouissant que le nombre d’États ayant signé ce type d’accords soit en hausse constante et s’élève désormais à 128. Il a d’autre part rappelé que, conformément à ses statuts, l’Agence se tenait prête à apporter son assistance à des missions de vérification en lien avec le désarmement nucléaire ou le contrôle des armes. Il a enfin exhorté tous les pays à adhérer à l’Amendement à la Convention sur la protection physique des matières nucléaires, « important jalon » entré en vigueur cette année, près de 11 ans après son adoption.
Droits de réponse
La représentante de la République de Corée, exerçant son droit de réponse, a répondu au représentant de la Chine qui avait critiqué le déploiement par son pays de systèmes de missiles antibalistiques THAAD dans la Péninsule coréenne. La République populaire démocratique de Corée est un pays dangereux, susceptible d’utiliser ses propres systèmes balistiques, a affirmé la représentante, soulignant qu’un gouvernement responsable doit protéger sa sécurité nationale. Le système de missiles antibalistiques THAAD a donc pour objet de contrer la menace que représente la République populaire démocratique de Corée, a-t-elle conclu.
Le représentant de la Syrie a répondu à la Turquie que « mentir était un scandale ». La Turquie détourne nos ressources hydriques, force des populations à migrer, ce crime étant le résultat de l’appartenance de la Turquie à l’OTAN, a-t-il dit. La Turquie est un mercenaire à la solde de cette organisation, qui n’a de cesse d’offenser mon pays en finançant des groupes terroristes du monde entier, a encore dit le délégué. Il a accusé la Turquie de laisser transiter des armes chimiques sur son territoires, armes, a-t-il lancé, qui causent des souffrances effroyables aux civiles syriens.
Le représentant de la République populaire et démocratique de Corée, exerçant son droit de réponse, a rejeté les allégations de la République de Corée. Il a dénoncé le chantage des États-Unis et indiqué que ce chantage avait obligé la République populaire démocratique de Corée à devenir une puissance nucléaire.
Le représentant de la Libye, exerçant son droit de réponse, a rejeté les allégations du représentant de la Syrie qui avait fait état de transferts d’armes chimiques de la Lybie vers la Turquie.
Le représentant des États-Unis, exerçant son droit de réponse, a demandé à la République populaire et démocratique de Corée de respecter ses obligations internationales et a affirmé que les États-Unis ne reconnaîtraient jamais la République populaire démocratique de Corée comme puissance nucléaire.