En cours au Siège de l'ONU

Soixante et onzième session 
21e séance – après-midi
AG/DSI/3562

Première Commission: les délégations évoquent des solutions pour revitaliser la Conférence du désarmement

Les délégations de la Première Commission (désarmement et sécurité internationale) ont débattu, cet après-midi, des mécanismes de désarmement. Il a notamment été question des solutions à apporter aux blocages qui paralysent les travaux de la Conférence du désarmement.  Cet organe, seule instance des Nations Unies où peuvent être négociés des textes juridiquement contraignants, se trouve en effet dans l’impasse depuis 20 ans.

Soulignant la nécessité de ne pas tirer de « mauvaises conclusions » de l’impasse actuelle, la représentante de la France a estimé que ces blocages étaient « avant tout de nature politique et non institutionnelle ».  Elle a rappelé que les mécanismes du désarmement avaient démontré par le passé leur capacité à permettre des négociations efficaces.  La France est favorable à des améliorations possibles, « pourvu qu’elles ne remettent pas en cause les fondements de ces enceintes et, notamment, la règle du consensus », a indiqué la représentante.  Rejetant toute avancée sur la voie du désarmement général et complet qui ne tiendrait pas pleinement compte des enjeux de sécurité et du contexte stratégique dans lequel ils s’inscrivent, elle a affirmé que « les frustrations passées et présentes n’ont que trop alimenté le clivage des approches et des manœuvres de contournement ».

Le représentant du Royaume-Uni a, pour sa part, proposé de sortir des blocages actuels en fusionnant la Conférence et la Commission du désarmement, afin que leur composition devienne universelle et leurs ressources et expertises soient concentrées au sein d’une seule enceinte internationale.  Un tel organe pourrait délibérer et tenir des négociations de fond, la règle du consensus s’appliquant uniquement aux décisions à prendre pour démarrer et encadrer des négociations, a-t-il expliqué.  Pour le représentant, ce nouvel organe serait tourné vers la réponse aux défis actuels et urgents dans le domaine du désarmement sous tous ses aspects.  Le représentant a estimé que ces pistes pourraient être examinées de manière approfondie lors d’une quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le désarmement.

La proposition d’organiser une quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le désarmement, formulée pour la première fois en 2010 par le Mouvement des non-alignés, a été appuyée par le représentant de la Tunisie, au nom du Groupe des Etats arabes.  Celui-ci a par ailleurs estimé que la Conférence du désarmement devait avoir plus de capacités d’agir, et affirmé que son impasse actuelle n’était pas due à des carences de fonctionnement ou de règlement, mais « à un manque de volonté politique de la part de pays influents à Genève ».  Il n’est pas possible d’aborder un point de l’ordre du jour de la Conférence du désarmement du seul point de vue de certains États, a estimé le délégué tunisien, pour qui « tous les points à l’ordre du jour de la Conférence sont interdépendants et doivent par conséquent faire l’objet d’un traitement équilibré ».

De son côté, le représentant du Mexique a estimé que le temps était venu pour la Conférence du désarmement « d’exploiter tout son potentiel ».  Il a indiqué que, pour sortir de l’impasse, son pays avait proposé un mandat de négociation pour la Conférence, en partant du principe que « la revitalisation de cet organe unique est possible si l’on admet qu’il y a un problème ». 

Le représentant de la Fédération de Russie a pour sa part mis en avant la proposition de son pays de lancer des négociations sur la  nouvelle question de l’élaboration d’une convention internationale visant à lutter contre les actes terroristes chimiques et biologiques.  S’opposer aux terroristes disposant d’armes de destruction massive est une idée raisonnable, et l’élaboration d’une telle convention ne nuit aux intérêts d’aucun État, a fait valoir le représentant, en espérant que son pays serait suivi sur ce projet.

La Première Commission poursuivra son débat thématique demain, jeudi 26 octobre, à partir de 15 heures.

DÉBAT THÉMATIQUE SUR LES QUESTIONS À L’ORDRE DU JOUR ET PRÉSENTATION ET EXAMEN DE TOUS LES PROJETS DE RÉSOLUTION ET DE DÉCISION PRÉSENTÉS AU TITRE DES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR

b) Mécanisme pour le désarmement (suite)

Déclarations

S’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés, Mme ANGGI SAZIKA JENIE (Indonésie) a estimé que le principal frein à l’amélioration de l’efficacité du mécanisme multilatéral des Nations Unies pour le désarmement était le manque de volonté politique de certains États, notamment en matière de désarmement nucléaire.  À ce titre, elle a souligné le rôle de la Conférence du désarmement comme seul instrument de négociation multilatéral.  Afin de donner une nouvelle impulsion aux efforts de désarmement nucléaire, la représentante a invité les États Membres à conclure une convention sur les armes nucléaires, tel que demandé par la résolution 70/34, présentée par le Mouvement des pays non alignés.  S’agissant de la Commission du désarmement, elle a dit regretter qu’elle n’ait pu parvenir à un accord sur aucune recommandation depuis 2000 en raison du manque de volonté politique et de certaines positions inflexibles sur le sujet.  La représentante a également appelé à un renforcement de l’Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR).

Mme CHARMAINE WILLIAMS (Bahamas), au nom des pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a regretté que la Conférence du désarmement soit incapable de parvenir à un consensus pour établir son programme de travail et que la Commission du désarmement ait été depuis 16 ans dans l’incapacité de proposer des recommandations à l’Assemblée générale.  Les pays de la CARICOM appellent à une revitalisation et à un renforcement de mécanismes tels que la Conférence du désarmement pour qu’ils restent à la hauteur de leur rôle à jouer, a-t-elle lancé.  La représentante a ensuite souligné les liens étroits qui unissent la paix et le développement durable, avant de rappeler l’attachement des pays de la CARICOM à la réalisation des objectifs de développement durable.  Mme Williams a, en outre, indiqué que la création de zones exemptes d’armes nucléaires facilitait l’élaboration d’instruments pour garantir la paix et la sécurité, renforcer la non-prolifération nucléaire et progresser dans la voie du désarmement nucléaire.  Par ailleurs, a-t-elle indiqué, les États de la CARICOM estiment que la résolution 1540 constitue un élément essentiel du mécanisme de désarmement mondial du fait des obligations qu’elle impose aux États Membres en matière de prévention de la prolifération des armes de destruction massive et des matières connexes.

Mme SAU MING CHAN (Venezuela), au nom de l’Union des nations de l’Amérique du Sud (UNASUR), a réaffirmé la confiance des pays de l’UNASUR dans les décisions prises dans le cadre du mécanisme multilatéral de désarmement, dont la réforme, a-t-elle dit, « devra être réalisée de manière globale au cours de la quatrième Session extraordinaire de l’Assemblée générale ».  Elle a également demandé à tous les membres de la Conférence du désarmement de faire preuve d’une plus grande volonté politique pour aboutir à un programme de travail de fond.  La seule garantie contre l’utilisation, ou la menace de l’utilisation des armes nucléaires contre des États non dotés, c’est l’interdiction de ces armes, a-t-elle estimé.  La représentante a ainsi appuyé la proposition d’organiser une conférence en 2017, « ouverte aux organisations internationales et à la société civile », pour y négocier une convention prohibant les armes nucléaires.  Le désarmement nucléaire est l’unique moyen crédible de consolidation du régime de non-prolifération: la communauté internationale doit donc se doter d’un instrument juridiquement contraignant, a-t-elle affirmé.  Pour ce qui est des travaux de la Commission du désarmement, la représentante a de nouveau fait appel à l’esprit de souplesse et à la volonté politique des États Membres, arguant que « l’ONU doit être en mesure de faire des recommandations de fond sur le désarmement et la non-prolifération ».  Sur l’Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR), elle a recommandé une plus grande participation directe de la société civile à ses travaux.

S’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. INDRADI (Indonésie) a regretté que la question du désarmement évolue à un rythme très lent, en raison notamment d’un manque de volonté politique sur la question du désarmement nucléaire.  Il s’est dit préoccupé par l’impasse dans laquelle se trouvait la Conférence du désarmement dans l’établissement d’un programme de travail.  Le représentant a toutefois salué les conclusions du Groupe de travail à composition non limitée chargé d’étudier sur le fond les mesures juridiques concrètes et efficaces et les dispositions et normes juridiques nécessaires à l’instauration d’un monde exempt à jamais d’armes nucléaires, réuni en août à Genève.  Le Groupe de travail offre une opportunité « sans précédent » d’avancer dans les négociations multilatérales sur le désarmement, s’est-il réjoui.

M. JORGE SKINNER-KLÉE (Guatemala) a souligné, au nom du Groupe informel des États observateurs à la Conférence sur le désarmement, que l’adhésion à la Conférence devait être ouverte à tous les États Membres.  Partant du postulat que tous les États Membres sont responsables du maintien de la paix et de la sécurité internationales, il est dès lors normal que ces mêmes « États aient le droit de participer aux négociations multilatérales sur le désarmement », a-t-il estimé.  Dans l’objectif d’élargir l’adhésion en vue de négociations plus inclusives, il a préconisé la nomination, dans les meilleurs délais, d’un coordinateur spécial avec pour but de « redynamiser ses mécanismes ».

Il a fait part, dans la même veine, de sa préoccupation face au blocage prolongé de la conférence qui n’a pas encore entamé ses travaux de fond.  « Il est temps d’examiner attentivement les mécanismes du désarmement multilatéral dans son ensemble », a-t-il lancé.

M. RIADH BEN SLIMAN (Tunisie), au nom du Groupe des États arabes, a rappelé que le mécanisme onusien de désarmement prévoit la tenue de sessions extraordinaires destinées précisément à discuter d’éventuelles modifications de son fonctionnement.  Nous continuons ainsi de soutenir la proposition faite pour la première fois en 2010 par le Mouvement des non-alignés d’organiser une quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le désarmement, a-t-il précisé.  Le représentant a par ailleurs estimé que la Conférence du désarmement doit avoir plus de capacités d’agir, l’impasse dans laquelle elle se trouve n’étant pas due, selon lui, à des carences de fonctionnement ou de règlement, mais « à un manque de volonté politique de la part de pays influents à Genève ».  Il n’est pas possible d’aborder un point de l’ordre du jour de la Conférence du désarmement du seul point de vue de certains États, a estimé le délégué tunisien, pour qui « tous les points à l’ordre du jour de la Conférence sont interdépendants et doivent par conséquent faire l’objet d’un traitement équilibré ».  Par ailleurs, il a souligné que la détention de stocks de matières fissiles posait autant de problèmes que leur production à des fins militaires.

Mme ANNE KEMPPAINEN, Union européenne, a rappelé que l’UE continuait à s’engager pleinement en faveur d’une approche multilatérale efficace en matière de désarmement, citant en exemple l’accord entre les gouvernements des E3/UE+3 et l’Iran dans le cadre du Plan d’action global commun.  « C’est une réalisation majeure qui prouve que la diplomatie et la persévérance paient», s’est-elle réjouie.  Soulignant le rôle crucial de la Conférence du désarmement dans le cadre des négociations multilatérales, la représentante a regretté que la Conférence du désarmement ne soit pas parvenue à un accord sur un programme de travail et, de ce fait, n’ait pas pu entamer les négociations.  « Parvenir à un accord exigera une volonté politique soutenue de la part des membres de la Conférence », a-t-elle noté, soulignant l’importance d’élargir le nombre de membres siégeant au sein de la Conférence du désarmement et de nommer un coordinateur spécial sur cette question.  Pour l’Union européenne, a-t-elle affirmé, le début des négociations, et leur conclusion précoce, sur le traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes et autres dispositifs explosifs nucléaires au sein de la Conférence du désarmement est une priorité.  Elle a, à ce titre, appelé tous les États qui ne l’avaient pas encore fait à proclamer un moratoire sur ce type d’armes.  Notant le rôle important de la Commission du désarmement comme organe délibérant de l’Assemblée générale sur la question, la représentante a toutefois regretté que la Commission n’ait pu, à ce jour, remplir son mandat et livrer des résultats.

Mme ALICE GUITTON (France) a estimé que les blocages qui affectent la Conférence du désarmement n’avaient que trop duré.  « Soyons toutefois attentifs à ne pas tirer les mauvaises conclusions de l’impasse actuelle: ces blocages sont avant tout de nature politique et non institutionnelle », a-t-elle ensuite affirmé.  La représentante a, en outre, rappelé que l’architecture du désarmement avait démontré par le passé sa capacité à permettre des négociations efficaces, « pourvu que la volonté politique des États Membres converge ».  La France reste convaincue que la Conférence du désarmement demeure le cadre approprié pour négocier un traité sur l’interdiction de la production de matières fissiles sur la base du mandat « Shannon » et des dispositions qu’il contient, a-t-elle précisé, saluant à cet égard le rapport final adopté par consensus par le Groupe d’experts gouvernementaux.

La représentante a par ailleurs rappelé les enjeux institutionnels, en indiquant que les bases de l’architecture du désarmement posées lors de la dixième session extraordinaire de 1978 de l’Assemblée générale consacrée au désarmement restaient, de son point de vue, pertinentes.  Elle a précisé que des améliorations étaient « possibles, voire nécessaires », « pourvu qu’elles ne remettent pas en cause les fondements de ces enceintes, et notamment la règle du consensus ».  La France estime que la possibilité ouverte par la session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée au désarmement de tenir sur les quatre sujets principaux à son ordre du jour, comme sur les propositions nouvelles, des discussions techniques structurées, n’avait pas été suffisamment exploitée, a-t-elle indiqué. Enfin, la représentante a rappelé qu’il n’était pas réaliste d’envisager que les travaux en matière de désarmement avancent sur la voie du désarmement général et complet s’ils ne prennent pas pleinement en compte les enjeux de sécurité et le contexte stratégique dans lequel ils s’insèrent.  Elle a appelé à adopter une démarche qui ne serait efficace que si elle demeure progressive et pragmatique.  « Les frustrations passées et présentes n’ont que trop alimenté le clivage des approches et des manœuvres de contournement », a estimé la représentante, avant d’appeler à la restauration de la crédibilité de l’architecture du désarmement. « C’est un enjeu dont nous avons tous la responsabilité de nous saisir », a-t-elle conclu.

M. SIMON MARC-EMMANUEL COLLARD-WEXLER (Canada) a regretté que la Conférence du désarmement et la Commission du désarmement soient « embourbées » dans des discussions de procédures, compromettant toute action concrète.  Il en résulte que très peu de progrès sont réalisés sur des questions-clefs identifiées par l’Assemblée générale et la Première Commission, a-t-il indiqué.  Une des conséquences de cette inaction, a déploré le représentant, est que d’autres initiatives sont lancées de l’extérieur pour tenter de contourner le processus, comme le Traité sur le commerce des armes (TCA), la Convention d’Ottawa et la Convention sur les armes à sous-munitions.  « Cela accentue la perception que tous les États ne sont pas engagés de façon équilibrée dans la question du désarmement », a-t-il estimé.  Il a rappelé qu’en 2012, le Canada avait présenté une résolution qui a abouti à la création d’un groupe d’experts gouvernementaux chargé d’examiner le Traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes et autres dispositifs explosifs nucléaires, l’un des sujets majeurs de la Conférence du désarmement. Toutefois, a-t-il poursuivi, il semblerait que la Conférence du désarmement n’a été capable de tirer profit de ce travail de fond, affirmant que le Canada n’abandonnerait pas pour autant.  « En collaboration avec l’Allemagne et les Pays-Bas, nous proposons une résolution visant la mise en place d’un comité préparatoire de haut niveau qui reprendra les conclusions du Groupe d’experts gouvernementaux pour faire des recommandations applicables à de futures traités », a-t-il conclu.

M. WILLIAM ISHAYA ODISHO (Iraq) a regretté les blocages de la Conférence du désarmement, affirmant que l’impasse dans laquelle se trouve la question du désarmement s’ajoutait à d’autres problèmes et qu’il était important de redoubler d’efforts pour parvenir à des solutions.  Le désarmement nucléaire doit rester au cœur des discussions de la Conférence du désarmement, a-t-il souligné.  Le représentant a ensuite rappelé l’avis rendu par la Cour internationale de Justice (CIJ), selon lequel l’utilisation ou la menace d’utilisation des armes nucléaires constituent une violation du droit international des conflits armés.  

M. VLADIMIR YERMAKOV (Fédération de Russie) a indiqué que la situation internationale était caractérisée par une instabilité croissante.  Seul un travail de grande patience permettrait de trouver des accords fonctionnant réellement dans le contrôle du désarmement, a estimé le représentant, avant de rappeler l’initiative de son pays de lancer des négociations sur une nouvelle question, à savoir l’élaboration d’une convention internationale visant à lutter contre les actes terroristes chimiques et biologiques.  S’opposer aux terroristes disposant d’armes de destruction massive est une idée raisonnable, et l’élaboration d’une telle convention ne nuit aux intérêts d’aucun État, a fait valoir le représentant, invitant les États Membres à suivre la Russie sur ce projet.  Il a rappelé qu’aux côtés de la Chine et des États-Unis, son pays proposait de compléter l’ordre du jour de la Commission du désarmement, en y incluant la question de l’élaboration de recommandations en faveur de mesures de transparence et confiance pour éviter une course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique.

M. ENRIQUE CARRILLO GOMEZ (Paraguay) a plaidé en faveur de l’universalisation des différents « rouages » du mécanisme de désarmement onusien et de la prise de nouveaux engagements complémentaires, en premier lieu « une convention interdisant les armes nucléaires ».  Le délégué a aussi appelé à la conclusion d’arrangements internationaux efficaces visant à garantir les États non dotés d’armes nucléaires contre l’emploi ou la menace d’emploi de ces armes, ainsi qu’à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Le Paraguay estime aussi qu’il convient de démarrer des négociations pour élaborer un cadre complémentaire au Traité sur le commerce des armes, en vue de réduire les volumes d’armes et de munitions existants, a-t-il conclu.

M. SIDDHARTANATH NATH (Inde) a salué tous les efforts entrepris pour relancer à la fois les travaux tant de la Commission et de la Conférence du désarmement.  Sur cette dernière, il a estimé que, compte tenu des conséquences des décisions prises à Genève sur la sécurité nationale des États Membres, « il est logique que la Conférence conduise ses travaux et agisse sur la base du consensus ».  Il a exprimé des doutes sur la portée d’initiatives de désarmement contournant le mécanisme de désarmement onusien, « qui peuvent en outre affaiblir » ce dernier.  Il a également souhaité qu’à l’avenir les groupes d’experts gouvernementaux de la Conférence du désarmement soient plus équilibrés et représentatifs de la composition générale de la Conférence. 

M. MATTHEW ROLAND (Royaume-Uni) a proposé de fusionner la Commission et la Conférence du désarmement, afin que leur composition devienne universelle et leurs ressources et expertises soient concentrées au sein d’une seule enceinte internationale.  Un tel organe pourrait délibérer et tenir des négociations de fond, la règle du consensus s’appliquant uniquement aux décisions à prendre pour démarrer et encadrer des négociations, a-t-il expliqué.  Pour le représentant, ce nouvel organe serait tourné vers la réponse aux défis actuels et urgents dans le domaine du désarmement sous tous ses aspects.  Le Conseil consultatif pourrait rassembler les présidents du nouvel organe, qui pourraient être mandatés sur de longues périodes, a-t-il précisé.  Le représentant a par ailleurs indiqué que « ces quelques idées » pourraient être examinées de manière approfondie lors d’une quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le désarmement.  Nous devons retrouver un esprit efficace de collaboration pour permettre au mécanisme de désarmement de réaliser l’objectif commun d’un monde exempt d’armes nucléaires, a-t-il déclaré.

M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique) a estimé que le temps était venu pour la Conférence du désarmement « d’exploiter tout son potentiel ».  Il a indiqué que, pour sortir de l’impasse, son pays avait proposé un mandat négociateur pour la Conférence, en partant du principe que « la revitalisation de cet organe unique est possible si l’on admet qu’il y a un problème ».  Or, a-t-il ajouté, force est de constater que certains pensent que l’on peut s’accommoder d’une paralysie qui dure maintenant depuis plus de 10 ans.  Il en va de même pour la Commission du désarmement, à laquelle le représentant estime qu’il faudrait réserver des cycles de deux ans pour pouvoir, de manière pratique, se concentrer sur un sujet de fond par session.  « Nos résolutions évoluent peu, cela doit changer », a affirmé le délégué.  Enfin, il a estimé que, en vue de le relancer, le Conseil consultatif pour les questions de désarmement devrait être davantage impliqué dans la mise en œuvre des mandats du mécanisme onusien de désarmement.

Mme PAJAREE VARATHORN (Thaïlande) a noté qu’en dépit de quelques progrès, les mécanismes existant en matière de désarmements étaient confrontés à des défis et obstacles qui empêchaient des résultats concrets.  « Nous aurions dû réaliser beaucoup plus de progrès, notamment sur la question des arsenaux nucléaires », a regretté le représentant, pointant du doigt « l’impasse » au sein de la Conférence du désarmement et le manque de consensus au sein de la Commission du désarmement.  La Thaïlande soutient les travaux du Groupe de travail à composition non-limitée visant à organiser la quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée au désarmement pour qu’y soient éventuellement révisés les mandats des organes du mécanisme onusien de désarmement, a affirmé la représentante.  

M. TAREQ MD ARIFUL ISLAM (Bangladesh) a souligné la préoccupation de son pays devant les blocages de la Conférence du désarmement.  Les quelques lueurs d’espoir sur le programme de travail se sont vite éteintes par des arguments bien connus, a-t-il regretté.  Le Bangladesh appuie la convocation d’une quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale, qui serait l’occasion de démontrer qu’il existe une capacité collective pour relancer la dynamique de désarmement et parvenir à des résultats porteurs, a-t-il précisé.  Enfin, il a réaffirmé la proposition du Mouvement des non-alignés en faveur d’une conférence de haut niveau sur le désarmement nucléaire pour tirer parti des progrès réalisés depuis 2013.

M. USMAN JADOON (Pakistan) a affirmé que le mécanisme de désarmement était bloqué du fait de divergences d’approches entre États.  Pour le Pakistan, il ne s’agit pas de faire porter la responsabilité des blocages actuels sur le mécanisme du désarmement, rejetant par ailleurs la position consistant à vouloir le contourner.  Ce serait s’attaquer aux symptômes et non aux causes profondes, a-t-il poursuivi.  Le représentant a ensuite souligné qu’alors qu’une vaste majorité de pays souhaite avancer sur les trois sujets que sont le désarmement nucléaire, les garanties négatives de sécurité et la prévention de la course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique, certaines puissances ne se montrent prêtes à avancer au sein de la Conférence du désarmement que sur une mesure de non-prolifération partielle, sous la forme d’un traité d’interdiction de la production de matières fissiles. Faute d’aborder la question de l’asymétrie des stocks existants, un traité d’interdiction simple ne permettrait pas de contribuer au désarmement nucléaire, et n’aurait qu’un impact marginal sur la revitalisation de l’ordre du jour et le mécanisme du désarmement international, a-t-il dit.  Agir en dehors des organes appropriés ne saurait être une réponse à l’impasse du mécanisme de désarmement, a estimé le représentant, avant de souligner que la Conférence du désarmement était le seul organe multilatéral de négociations sur le désarmement, et qu’en son sein les États étaient sur un pied d’égalité, à même de défendre leurs intérêts vitaux de sécurité à travers la règle du consensus.

M. MARTIN NGUNDZE (Afrique du Sud) a notamment estimé qu’en 2017 des solutions pourraient être trouvées et que la gouvernance multilatérale et le droit international dans le domaine du désarmement seraient renforcés.  Il a assuré qu’à cette fin, l’Afrique du Sud restait disposée à examiner toutes les propositions susceptibles de sortir le mécanisme onusien de désarmement de l’impasse dans lequel il se trouve depuis des décennies.  Les négociations que nous tiendrons devront être équilibrées et tous les États Membres devront être traités et représentés sur un pied d’égalité, a-t-il affirmé.

M. IBRAHIM FAISAL AL-DAI (Koweït) a estimé que le mécanisme multilatéral de désarmement, avec ses trois piliers: la Commission du désarmement, la Conférence du désarmement et la Première Commission, restait « le meilleur moyen d’aller de l’avant si les États montraient toute la volonté politique en matière de paix et de sécurité ».  Il a soutenu la proposition du Mouvement des non-alignés d’organiser une révision des mandats du mécanisme onusien de désarmement dans le cadre d’une quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale.  Le représentant a également déclaré que la réalisation d’un consensus sur les questions les plus importantes de désarmement et de non-prolifération dépendait « surtout » des États dotés de l’arme nucléaire.

M. MIROSLAW BROILO (Pologne) a affirmé que le mécanisme de désarmement devait rester un système logique, cohérent, fondé sur des questions réalistes.  Il faut pouvoir réagir plus rapidement et de manière plus efficace, a-t-il estimé.  Le représentant a souligné que la situation géopolitique avait changé depuis la mise en place de ce mécanisme de désarmement, et qu’il convenait d’en tenir compte.  

Évoquant plusieurs pistes pour relancer le mécanisme de désarmement, le représentant a souligné la nécessité de reconnaître les valeurs communes que sont la paix internationale et la sécurité collective, sur la base du droit international.  Il a rappelé que la Conférence du désarmement était la seule instance de négociations en matière de désarmement qui rassemblait les plus grands acteurs au plan mondial, et qu’elle disposait de tous les atouts nécessaires pour entamer des négociations internationales, même si des évolutions sont nécessaires pour répondre aux nouveaux défis.  Enfin, le représentant a souligné que la question de la représentation au sein de la Conférence du désarmement nécessiterait une réflexion approfondie et constante.

M. LAURENT MASMEJEAN (Suisse) a estimé qu’une véritable discussion de fond portant sur le mécanisme du désarmement, sur le fonctionnement, la composition et le mandat de ses organes devenait « de plus en plus pressante ».  Il a mis l’accent sur la nécessité, notamment, de pouvoir s’appuyer sur des organes de désarmement, en premier lieu la Conférence du désarmement, « opérationnels et performants afin d’être en mesure de relever de multiples défis ».  Par ailleurs, il a indiqué que son pays poursuivrait ses efforts pour soutenir l’Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR) dans la phase de transition qu’il traverse.  Il a, en outre, appelé à la mise en place de procédures adaptées pour éviter que les activités conduites par les conventions de l’ONU ne soient entravées par le manque de ressources.

M. ABDELKARIM AIT ABDELSLAM (Algérie) a imputé l’impasse dans laquelle se trouve la Conférence du désarmement au manque flagrant de confiance et de volonté politique de certains États de réaliser des progrès concrets dans le domaine du désarmement nucléaire.  Il a jugé que le blocage de la Conférence depuis des décennies n’était pas lié à son mode de fonctionnement ou à des questions de procédure, puisque, par le passé, ce même instrument a apporté des contributions majeures à la paix et à la sécurité internationales.  Ainsi, a-t-il souligné, l’issue de la crise qui empêche la Conférence du désarmement de reprendre ses travaux nécessiterait de la part de tous les États de démontrer la volonté politique requise pour trouver des solutions collectives aux problèmes sécuritaires mondiaux.  Il a estimé qu’une session extraordinaire de l’Assemblée générale serait le lieu indiqué pour discuter d’initiatives visant à revitaliser les organes du mécanisme multilatéral de désarmement. 

M. ISMAIL (Égypte) a affirmé que la Conférence du désarmement était le seul organe multilatéral de négociations sur le désarmement, et que l’absence de volonté politique des États pour parvenir à un résultat équilibré reflétant les intérêts de tous les pays constituait le principal obstacle à l’adoption d’un programme de travail.  Pour l’Égypte, la solution consiste à aborder toutes les questions à l’ordre du jour de la Conférence du désarmement à travers une approche intégrée qui comprend les négociations les plus importantes portant sur le désarmement nucléaire, les garanties négatives de sécurité, l’établissement d’un traité d’interdiction des matières fissiles et la prévention de la course aux armements dans l’espace.  L’Égypte salue tous les efforts visant à revitaliser les travaux de la Conférence du désarmement à partir du moment où ils n’affectent pas sa règle de procédure ni ses priorités, a conclu le représentant. 

Mme LYU XIN (Chine) a déploré l’absence de volonté politique qui bloque la Conférence du désarmement.  L’attitude qui consiste à placer sa propre sécurité au-dessus de celle des autres a contribué à créer un environnement international moins sûr, a-t-elle estimé.  Il faut renverser cette tendance et trouver des solutions par consensus, a-t-elle indiqué, précisant que le mécanisme existant devait être respecté, faute de quoi les bases du mécanisme pourraient être fragilisées.  Le consensus est un garant de la sécurité de tous les États, a précisé la représentante.  Dans la situation actuelle, il convient de proposer des idées nouvelles, par exemple sur le thème de la cybersécurité, a-t-elle proposé, avant de souligner que son pays était prêt à relancer le mécanisme de désarmement dans le cadre des Nations Unies.

Droits de réponse

Le représentant de la Fédération de Russie a qualifié de « mensonges » les propos tenus hier par les représentants du « régime ultranationalistes de Kiev, qui célèbre régulièrement les crimes commis par des nazis ».  Il n’y a pas de solution militaire à la crise interne en Ukraine, c’est une certitude, de même qu’il est acquis que les jours du régime de Kiev sont comptés, a-t-il déclaré.  Ce qui a été dit hier sur les accords de défense auxquels nous sommes parties prenantes équivaut à une présentation à l’envers de la réalité, a poursuivi le délégué russe.  À son homologue américain, il a demandé de ne pas employer les termes d’annexion et d’agression.  L’annexion est une spécialité américaine, et de nombreux pays ont subi les bombardements et les agressions des États-Unis, en ex-Yougoslavie, en Iraq, en Libye et en Syrie.  Aujourd’hui, il y a des gens responsables, y compris à Washington, qui souhaitent que les relations internationales soient gérées autrement, a-t-il affirmé.

La représentante de l’Ukraine a rejeté les menaces lancées par la Fédération de Russie, « qui demande à d’autres pays de faire attention dans une enceinte internationale ».  La partie russe est responsable du conflit, des actions militaires russes et des actions terroristes russes qui ont lieu en Ukraine, a-t-elle dit.  La représentante s’est également demandé de quelle fraternité parlait le délégué russe quand il parlait de son pays.

Le représentant de la Fédération de Russie a estimé que la communauté internationale pouvait être tranquille, car « Américains et Russes trouveront toujours des moyens de s’entendre ».  Notre sympathie ira toujours vers nos frères ukrainiens, a-t-il dit.

Le représentant des États-Unis a réaffirmé que la Russie violait l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’Ukraine.  La Russie doit faire pression sur les séparatistes pour que cesse la violence, a-t-il noté.  Les termes annexion et agression ont été parfaitement bien choisis par le Gouvernement des États-Unis, a encore déclaré le délégué. 

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