Désarmement et non-prolifération: la Première Commission examine les conditions d’établissement d’une zone sans armes de destruction massive au Moyen-Orient
Les délégations de la Première Commission (désarmement et sécurité internationale) ont débattu, cet après-midi, de la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient. La trentaine de représentants ayant pris la parole s’est ainsi penchée sur cet objectif à l’ordre du jour de l’Assemblée générale depuis plusieurs décennies.
La représentante de l’Indonésie, Mme Anggi Jenie, qui s’exprimait au nom des 120 États du Mouvement des non-alignés, a jugé que les différentes zones exemptes d’armes nucléaires constituaient « partout où elles ont été créées » d’importants éléments de renforcement des régimes multilatéraux de désarmement et de non-prolifération nucléaires. C’est dans cette optique que les représentants de la Tunisie, au nom du Groupe arabe, et de l’Égypte sont revenus sur l’échec de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) de 2015. L’an dernier, les États parties au Traité n’étaient pas parvenus à adopter une déclaration politique qui aurait pu avoir pour résultat l’élaboration d’un traité portant création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.
« Il est temps d’aller de l’avant et de tout faire pour créer au Moyen-Orient une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive », a estimé pour sa part le représentant tunisien, M. Sliman, rappelant que, pour sortir de l’impasse, le Groupe arabe avait, pendant la Conférence d’examen de 2015, proposé un nouveau texte sur la création d’une telle zone, appuyé en cela par le Mouvement des pays non alignés. Toutefois, a-t-il regretté, ces efforts « ont été torpillés par une poignée de pays ».
De son côté, le représentant égyptien, M. Mahfouz, a attiré l’attention sur le fait qu’Israël n’était toujours pas partie au TNP et continuait de refuser de placer ses installations nucléaires sous le régime de garanties généralisées de l’Agence internationale de l’énergie atomique. Cette attitude constitue, selon lui, une menace à la paix et la sécurité régionales.
Les représentants des États-Unis et de la France, s’ils ont rappelé l’attachement de leurs pays à l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive et leurs vecteurs au Moyen-Orient, ont néanmoins insisté sur l’importance des mesures de confiance et de transparence pour le renforcement de la sécurité régionale. Le délégué américain, M. Robert Wood, a assuré que son pays était « prêt à contribuer à la création d’une zone sans armes de destruction massive au Moyen-Orient, mais cela dans le cadre de discussions inclusives et directes entre tous les États de la région ». « Nous soutenons depuis l’origine l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive et de leurs vecteurs au Moyen-Orient », a affirmé quant à lui le représentant français, M. Nicolas Coussière, soulignant toutefois que cet objectif « essentiel » passait par une résolution durable des crises de prolifération et par l’adhésion, « au moment approprié », de tous les États de la région à toutes les conventions pertinentes de non-prolifération et de désarmement.
Les délégations ont par ailleurs salué la contribution à la stabilité politique des États des Centres régionaux de l’ONU pour la paix et le désarmement mis en place depuis 30 ans.
Le représentant du Pérou, Gustavo Mez-Cuadra, a ainsi salué le rôle du Centre régional pour la paix et le désarmement de Lima, en particulier pour aider les États de la région de l’Amérique latine et des Caraïbes à appliquer les instruments de désarmement portant sur les armes légères et de petit calibre sous tous leurs aspects. « Le Centre organise des ateliers sur l’application de la résolution 1540 (2004) du Conseil de sécurité sur la prévention de la prolifération des armes de destruction massive », a-t-il précisé. Il a également annoncé que son pays était coauteur du projet de résolution de la Première Commission sur le Centre régional de Lima, et appelé les délégations à appuyer, « cette année encore », son adoption sans mise aux voix. Par ailleurs des pays, comme le Paraguay et Cuba, ont exhorté les États membres d’organisations régionales à réduire leurs dépenses militaires et estimé que les femmes devaient participer davantage aux discussions et aux processus de décision liés à tous les mécanismes de désarmement régional.
La Première Commission poursuivra ses travaux demain, mercredi 26 octobre, à 15 heures. Les délégations tiendront un débat sur les questions relatives aux mécanismes de désarmement.
DÉBAT THÉMATIQUE SUR LES QUESTIONS À L’ORDRE DU JOUR ET PRÉSENTATION ET EXAMEN DE TOUS LES PROJETS DE RÉSOLUTION ET DE DÉCISION PRÉSENTÉS AU TITRE DES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR
Mécanisme pour le désarmement
Exposé du Président du Groupe de travail à composition non limitée sur la Quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée au désarmement
M. FERNANDO LUQUE MÁRQUEZ, Président du Groupe de travail à composition non limitée sur la quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée au désarmement, a indiqué que le Groupe avait tenu une première session de fond en mars, qui avait compté huit réunions. La deuxième session de fond a eu lieu l’été dernier et la troisième session de fond se déroulera en 2017, a-t-il précisé. Il a indiqué qu’à ce jour ces sessions avaient notamment permis aux délégations de se faire une idée plus précise des objectifs et du programme de la quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale, et de passer en revue les programmes de travail des autres sessions extraordinaires. M. Marquez a affirmé que les discussions à propos du programme de travail possible pour la quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le désarmement avaient débuté sur la base d’une proposition initiale qui a ensuite été discutée après chaque journée de la première session de fond, donnant ainsi lieu à une version actualisée quotidiennement. C’est une méthode de travail plus laborieuse mais nécessaire pour parvenir à un résultat consensuel, a-t-il précisé. M. Marquez a, par ailleurs, indiqué que le débat se poursuivrait sur la nature inclusive et holistique de la quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le désarmement, et sur la place qu’il convient d’accorder en son sein au consensus.
Désarmement et sécurité sur le plan régional
Débat général
M. MAHMADAMIN MAHMADAMINOV (Tadjikistan) a salué l’entrée en vigueur en 2009 du Traité établissant une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale. Il a indiqué que la signature du protocole au Traité par les États dotés de l’arme nucléaire, qui prévoit des garanties négatives de sécurité, a constitué l’une des étapes importantes dans le régime de non-prolifération global dans la région au cours de la dernière décennie. Il a annoncé que son pays déposerait cette année un projet de résolution sur le Traité établissant une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale. Ce texte reflète les progrès accomplis depuis la signature du traité en 2006 et réaffirme l’engagement fort des pays de la région d’améliorer les mesures de mise en œuvre dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération. Le représentant a également exprimé le souhait que ce projet de résolution soit adopté par un consensus.
Mme ASHA CHALLENGER (Antigua-et-Barbuda)a indiqué que la Communauté des Caraïbes (CARICOM) saluait le partenariat noué avec le Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Amérique latine et aux Caraïbes. Le Centre a aidé les États de la CARICOM à renforcer leurs capacités de destruction des armes et à aligner leurs instruments juridiques sur les instruments juridiques internationaux, a-t-elle précisé. Après avoir évoqué les activités de formation à la prévention de la circulation illicite des armes légères et de petit calibre, elle a plaidé pour la pleine mise en œuvre du Traité sur le commerce des armes au plan régional. Elle a, par ailleurs, souligné le rôle des femmes dans le désarmement, la non-prolifération et le contrôle des armes. En conclusion, la représentante a réaffirmé l’appui des pays de la CARICOM au projet de résolution pertinent sur les femmes et le désarmement régional, présenté par la Trinité-et-Tobago.
Mme SAU MING CHAN SHUM (Venezuela), au nom de l’Union des nations de l’Amérique du Sud (UNASUR), s’est réjouie de la mise en œuvre par les pays de la région d’une véritable zone exempte d’armes de destruction massive, à travers divers accords conclus à l’échelle du continent sud-américain. Le Conseil de la défense d’Amérique du Sud coordonne les activités de nos pays en matière de désarmement et de défense et de production de recherches scientifiques de haut niveau au service des États, a-t-elle ajouté. Un registre d’inventaire militaire a également été créé pour encourager le partage de l’information et, partant, la transparence dans le domaine de la défense au plan régional, a-t-elle ajouté. Stabilité et développement allant de pair, nous insistons sur l’application des instruments onusiens de désarmement et de non-prolifération, à la lumière des besoins spécifiques des États et des régions, a poursuivi la représentante.
M. RIADH BEN SLIMAN (Tunisie), au nom du Groupe arabe, a appuyé le projet de résolution sur l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. « Il est temps d’aller de l’avant et de tout faire pour créer au Moyen-Orient une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive », a-t-il souligné. Le représentant a indiqué que, pour sortir de l’impasse, le Groupe arabe avait, pendant la Conférence d’examen de 2015 du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), proposé un nouveau texte sur la création d’une telle zone, appuyé en cela par le Mouvement des non-alignés. Toutefois, a-t-il regretté, « nos efforts pour parvenir à une solution ont été sapés par une poignée de pays ». Pour M. Sliman, la crédibilité du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en tant que tel est en jeu si aucun progrès n’est réalisé prochainement dans l’établissement d’une zone dénucléarisée au Moyen-Orient. Israël doit accepter d’adhérer sans condition au Traité et de placer ses installations sous le système de garantie généralisé de l’Agence internationale de l’énergie atomique, a-t-il précisé. À son avis, le refus israélien de respecter le droit international en la matière constitue « une menace flagrante à la paix et à la sécurité au Moyen-Orient et dans le monde ». Les engagements internationaux pris en 1995 au titre de la résolution pertinente du TNP doivent être honorés, faute de quoi la communauté internationale enregistrera son échec le plus cuisant dans le domaine de la non-prolifération, a-t-il averti.
Mme ANGGI SAZIKA JENIE (Indonésie), au nom du Mouvement des pays non alignés, a appuyé l’établissement de zones exemptes d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive, y compris au Moyen-Orient. Elle a ajouté que les non-alignés demandaient qu’Israël, seul pays de la région à ne pas encore l’avoir fait, adhère « sans condition » au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et place ses installations nucléaires sous le régime de garanties de l’Agence internationale de l’énergie atomique. Le Mouvement demande également l’interdiction complète du transfert d’équipements, d’informations et de matières liés au nucléaire à Israël, a ajouté Mme Jenie. Elle a en outre jugé que les différentes zones exemptes d’armes nucléaires ont permis partout où elles ont été créées de renforcer les régimes de désarmement et de non-prolifération nucléaires. En conclusion, elle a appelé au soutien financier et humain des trois Centres régionaux des Nations Unies pour la paix et le désarmement, dont les activités, a-t-elle dit, « contribuent à la stabilité et à la sécurité des États Membres ».
M. RAJA REZA BIN RAJA ZAIB SHAH (Malaisie), au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a affirmé que les efforts collectifs en vue du désarmement et de la paix internationale devaient être poursuivis. La création de l’ASEAN atteste d’un effort en faveur d’un dispositif régional œuvrant à la paix et la sécurité, a-t-il indiqué, avant de souligner l’importance du renforcement de la coopération internationale en faveur de la non-prolifération et du désarmement nucléaires, et de l’usage pacifique du nucléaire. Le représentant a indiqué l’engagement de l’ASEAN en faveur du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, et appelé les États parties à respecter leurs obligations, avant de saluer l’existence de plusieurs zones exemptes d’armes nucléaires dans le monde.
M. KYAW NYUNT LWIN (Myanmar) a dit apprécier le rôle joué par les trois Centres régionaux des Nations Unies pour la paix et le désarmement en matière de promotion du désarmement régional, de la non-prolifération et du renforcement des capacités. Il apprécie particulièrement celui qui se trouve dans sa région d’Asie-Pacifique. Conscient de ce rôle, mon pays s’associera aux pays parrains de la résolution annuelle intitulée « Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Asie et dans le Pacifique », a indiqué le représentant.
M. Lwin a par ailleurs précisé qu’avec l’aide du Bureau des affaires de désarmement, de l’Union européenne, des États-Unis et du Centre régional, son pays avait organisé, en janvier dernier, une table ronde nationale sur la mise en œuvre de la résolution 1540 du Conseil de sécurité. Cette manifestation a porté sur les bonnes pratiques en matière de prolifération des armes de destruction massive. En février, le Centre régional a également organisé un atelier de renforcement des capacités sur les armes légères et de petit calibre, avec l’assistance du Royaume-Uni, au cours duquel les parties prenantes ont pu aborder les questions liées aux instruments et législations nationales portant sur les armes légères et de petit calibre et leur contrôle.
Le Myanmar, qui estime que la sécurité et la stabilité sont des conditions préalables au développement des pays, reste disposé à travailler avec les pays limitrophes et les institutions internationales pour renforcer la sécurité et la stabilité dans la région, a assuré son représentant.
Mme AL MUKH (Iraq) a indiqué que les zones exemptes d’armes nucléaires jouaient un rôle important de renforcement du régime de désarmement et de non-prolifération. Elle a souligné la nécessité de créer une zone exempte d’armes nucléaires et d’armes de destruction massive au Moyen-Orient, disant regretter l’échec de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de 2015 et mettant l’accent sur la nécessité d’appliquer la résolution de 1995 sur le Moyen-Orient pour lutter contre l’instabilité dans la région. Israël doit placer ses armes nucléaires sous le régime de garanties de l’Agence internationale de l’énergie atomique, a-t-elle affirmé.
M. ROBERT WOOD (États-Unis) a assuré que son pays était attaché à l’élaboration des zones exemptes d’armes nucléaires, « qui sont des mesures à part entières de désarmement permettant de nous rapprocher de l’objectif commun d’un monde débarrassé de ces armes ». Il a ajouté que les États-Unis étaient d’ailleurs prêts à contribuer à la création d’une telle zone au Moyen-Orient, dans le cadre de discussions inclusives et directes entre tous les États de la région. Par ailleurs, le représentant a appelé la République populaire démocratique de Corée à reprendre les négociations sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne et noté que la violation, par la Russie, du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire sapait gravement la sécurité européenne. M. Wood a, en outre, souligné que son pays aidait activement les pays d’Afrique, des Amériques et de la région Asie-Pacifique à mettre en œuvre la résolution 1540 (2004) du Conseil de sécurité sur la prévention des armes de destruction massive. Après avoir condamné l’utilisation d’armes chimiques en Syrie par le régime syrien et Daech, il a réaffirmé la volonté de son pays de continuer de travailler aux côtés des dispositifs régionaux de désarmement onusiens.
M. ENRIQUE CARRILLO GÓMEZ (Paraguay) a exhorté les États Membres d’organisations régionales à prendre des mesures de confiance et de transparence et à réduire leurs dépenses militaires. Les relations amicales entre États doivent prévaloir pour assurer la pleine mise en œuvre, notamment, du Traité sur le commerce des armes et du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects notamment, a-t-il dit. Les femmes doivent participer aux discussions et au processus de décision liés à tous les mécanismes de désarmement régional, a-t-il précisé. Il a, en conclusion, salué les contributions à la stabilité politique des États Membres des Centres régionaux pour la paix et le désarmement des Nations Unies.
M. TAREQ MD ARIFUL ISLAM (Bangladesh) a exprimé sa préoccupation face à l’emploi de la notion de « stabilité stratégique » fondée sur la dissuasion nucléaire, qui tend à influencer les doctrines de sécurité des États nucléaires de la région. Il a souligné l’importance de voir les États dotés offrir aux États non dotés des garanties inconditionnelles et juridiquement contraignantes contre l’utilisation ou la menace d’utilisation des armes nucléaires. Le Bangladesh appelle, par ailleurs, à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, a précisé le représentant, avant de saluer l’action du Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Asie et dans le Pacifique. Il a indiqué à cet effet que son pays avait bénéficié du soutien du Centre pour la promotion de la mise en œuvre du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects et de l’Instrument international de traçage.
M. YASAR AMMAR (Pakistan) a rappelé que son pays avait formulé de nombreuses propositions visant à renforcer la stabilité stratégique de l’Asie du Sud, mais qu’aucune d’entre elles n’avait reçu de réponse favorable. Le régime de retenue stratégique pour lequel nous plaidons comporte trois aspects: le règlement de différends, la limitation des missiles et l’équilibre des forces conventionnelles. Il a indiqué qu’en tenant compte de la complémentarité des approches régionales, une avancée sur les trois aspects évoqués précédemment, selon une approche holistique, contribuerait grandement à la promotion des objectifs de contrôle des armes et de désarmement à l’échelle mondiale. Le représentant a par ailleurs indiqué que, si les mesures de confiance permettaient de créer des conditions favorables au dialogue et à la diplomatie, elles ne devaient pas pour autant devenir une fin en soi. Ces mesures de confiance doivent s’accompagner d’actions facilitant le règlement pacifique des différends, conformément aux principes de la Charte des Nations Unies, a conclu le représentant.
M. TAREK MAHFOUZ (Égypte) a déclaré que la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient était devenue « comme l’un des piliers du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires ». Or, depuis 40 ans, cette question n’est toujours pas résolue, a-t-il constaté. À cet égard, il a regretté qu’en dépit de toutes les mesures constructives proposées lors des conférences d’examen du TNP de 2010 et de 2015, aucun progrès n’ait été enregistré. Il a fustigé « les décisions unilatérales » ayant, l’an dernier, sapé toute possibilité d’organiser une conférence du déroulement de laquelle aurait pu découler l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive au Moyen-Orient. Israël n’est toujours pas partie au TNP et refuse de placer ses installations nucléaires sous le régime de garanties généralisées de l’Agence internationale de l’énergie atomique, a-t-il rappelé. Pour le représentant, la voie à suivre pour le désarmement régional passe par la volonté politique inconditionnelle de tous les pays du Moyen-Orient.
M. FRANCISCO TENYA HASEGAWA (Pérou) a salué les activités menées par le Centre régional de l’ONU pour la paix et le désarmement de Lima. Il a expliqué que son mandat était de faciliter la mise en œuvre, par les États de la région de l’Amérique latine et des Caraïbes, des instruments de désarmement, en particulier ceux relatifs aux armes légères et de petit calibre, au marquage et au traçage de leurs munitions. Le Centre forme des experts, contribue à la formation aux enjeux du Traité sur le commerce des armes et organise des ateliers sur l’application de la résolution 1540 (2004) du Conseil de sécurité sur la prévention de la prolifération des armes de destruction massive, a-t-il indiqué. Il a annoncé que son pays était coauteur du projet de résolution de la Première Commission sur le Centre régional de Lima, et appelé les délégations à appuyer, « cette année encore », son adoption sans mise aux voix.
M. SHADI AL MATROUSHI (Émirats arabes unis) a regretté l’absence de progrès tangibles en faveur d’un monde sans armes nucléaires. Il a souligné que son pays était favorable à l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’armes de destruction massive au Moyen-Orient. Les Émirats arabes unis soulignent que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires est important pour atteindre les objectifs de désarmement, et regretté que ce texte ne soit pas entré en vigueur, a-t-il indiqué. L’ingérence de l’Iran dans les affaires régionales et sa rhétorique agressive ont aggravé l’instabilité de la région, a précisé le représentant, appelant ce pays à pleinement honorer ses obligations internationales.
M. ABDELKARIM AIT ABDESLAM (Algérie) a salué l’entrée en vigueur en 2009 du traité instaurant une zone exempte d’armes nucléaires en Afrique. Il a regretté qu’une telle zone n’ait toujours pas été instaurée au Moyen-Orient et appelé à son établissement dans les plus brefs délais. S’agissant du conflit en Libye, la seule solution pour résoudre cette question passait, à son avis, par la promotion du dialogue et de la réconciliation nationale entre Libyens. Le représentant a, par ailleurs, présenté le projet de résolution de son pays sur le renforcement de la sécurité et de la coopération dans la région méditerranéenne, après avoir salué le rapport du Secrétaire général sur cette question.
M. SEYED MOHAMMAD ALI ROBATJAZI (République islamique d’Iran) a constaté qu’après 40 ans d’efforts internationaux, le projet de création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient restait lettre morte. Il a accusé Israël de s’opposer sciemment à ce projet en n’adhérant pas au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). Pour le représentant, les « obstructions » d’Israël non seulement rendent inenvisageables la création d’une zone dénucléarisée et exempte d’autres armes de destruction massive au Moyen-Orient, mais sape la légitimité et la portée du TNP. Il a ajouté que « la politique d’agression et d’invasion » d’Israël dans la région nécessiterait des pressions de la part de la communauté internationale pour qu’Israël adhère sans délais et sans condition à tous les traités d’interdiction des armes de destruction massive. Le représentant a également condamné l’utilisation d’armes chimiques en Syrie et les opérations militaires dévastatrices au Yémen menées par des pays du Golfe « importateurs d’armes et soutenus par les États-Unis ». En conclusion, il a assuré que le niveau de dépenses militaires de son pays était parmi les plus faibles de la région.
M. LARRY MARCEL KOYMA (République centrafricaine) a affirmé qu’en raison des dangers que posent le surarmement, il n’était plus question de lésiner sur les moyens à mettre en œuvre pour assurer la survie de l’humanité. À cet effet, a-t-il dit, la Conférence sur le désarmement, longtemps dans l’impasse, doit être ravivée par les travaux de la Première Commission, au moyen de projets de résolution présentés et examinés dans cette enceinte.
C’est dans cette perspective que le représentant a annoncé l’intention de sa délégation de présenter à nouveau le projet de résolution intitulé « Mesures de confiance à l’échelon régional: activités du Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale ». Cette année, des retouches et des changements sont intervenus pour tenir compte des recommandations issues des conférences au sommet des Chefs d’États de l’Afrique centrale, concernant l’évolution de la situation politique et sécuritaire dans la sous-région, notamment la circulation des armes légères et de petit calibre qui alimentent les groupes armés, les terroristes de Boko Haram et la piraterie dans le golfe de Guinée, a précisé le représentant.
Mme PATRICIA CHAND (Fidji) a rappelé que le Traité de Rarotonga signé en 1985 illustrait l’engagement « jamais démenti » de 14 petits États insulaires du Pacifique de maintenir la région libre de toute arme nucléaire ou de destruction massive. Elle a estimé que l’adoption de mesures de confiance et de transparence était efficace pour améliorer les relations entre États d’une même région et atténuer les tensions. Elle a affirmé que ces mesures pouvaient contribuer à créer un environnement propice à la pleine réalisation des objectifs de développement durable (ODD) prévus par le Programme de développement durable à l’horizon 2030.
M. ANDRIY TSYMBALIUK (Ukraine) a rappelé qu’en dépit des tensions qui règnent dans la région et des conséquences de l’agression russe, son pays continuait de respecter ses obligations conformément à un certain nombre d’instruments internationaux en matière de contrôle des armes classiques. Il a souligné l’attachement de son pays pour l’adoption de mesures de confiance avec les voisins de la région, comme, par exemple, l’interdiction d’exercices militaires à l’échelle de bataillons – ou de toute échelle supérieure, à partir d’une certaine distance des frontières existantes. Le représentant a dit regretter le refus de la Fédération de Russie d’adopter ces propositions visant à établir la confiance dans la région et a déploré que ce même pays ne se soit pas engagé dans des échanges d’informations et des contrôles de vérification après avoir suspendu sa participation au Traité sur les forces armées conventionnelles en Europe.
Mme LILIANNE SANCHEZ RODRIGUEZ (Cuba) a souligné la nécessité d’établir des zones exemptes d’armes nucléaires dans différentes régions du monde, et en particulier au Moyen-Orient. Cuba souligne que les efforts régionaux en matière de désarmement doivent tenir compte des caractéristiques de chaque région, a précisé la représentante, affirmant que l’établissement de telles zones permettrait d’éliminer la menace d’utilisation d’armes nucléaires. Elle a, en outre, souligné l’importance de l’adoption de mesures de confiance dans ce domaine. En conclusion, la représentante a lancé un appel aux Centres régionaux des Nations Unies pour la paix et le désarmement à poursuivre leurs efforts en ce sens et en consultant tous les États des régions concernées.
M. KOKOU KPAYEDO (Togo) a affirmé qu’alors que le Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Afrique (UNREC) célèbre ses 30 ans, son importance n’a jamais été aussi grande, notamment dans un contexte africain où terrorisme et circulation et possession de ces armes par des acteurs non étatiques posent d’énormes défis sécuritaires à tous les pays de la région. Malgré les efforts déployés par le Centre dans le cadre du désarmement régional, celui-ci reste confronté à des difficultés financières, a regretté le représentant, avant de lancer un appel aux États Membres et aux contributeurs à davantage d’efforts pour renforcer les capacités opérationnelles du Centre.
M. TIGRAN SAMVELIAN (Arménie) a noté qu’en l’absence de réaction forte de la communauté internationale, l’Azerbaïdjan continuait de préparer et mener des agressions militaires contre son pays. Il a indiqué que ces opérations violaient les accords de cessez-le-feu trilatéraux en vigueur signés par l’Azerbaïdjan, le Haut-Karabagh et l’Arménie. En violant les accords de cessez-le-feu et en tuant des innocents, l’Azerbaïdjan menace la paix et la sécurité régionales, a-t-il affirmé, exhortant la communauté internationale à condamner de manière claire et sans équivoque les agissements de ce pays. Il a assuré que l’Arménie restait attachée à la tenue de négociations pacifiques dans le cadre du Groupe de Minsk, seul moyen, selon lui, de parvenir à une issue politique à la crise dans la région.
Mme HUSNIYYA MAMMADOVA (Azerbaïdjan) a déclaré que son pays était favorable à la création d’une zone exempte d’armes de destruction massive dans le Caucase. Elle a affirmé que l’Arménie utilisait la force contre son pays et occupait un cinquième de son territoire. Le comportement de l’Arménie est la raison principale de la situation dans notre région, a-t-elle précisé, rappelant que des résolutions du Conseil de sécurité exigeaient le retrait immédiat des forces d’occupation arméniennes de son pays. Elle a souligné que son pays comptait sur des négociations de bonne foi « pour résoudre ce conflit ». « Toute solution passera par la restauration de l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan et de sa pleine souveraineté. L’Arménie doit ouvrir les yeux sur la situation », a-t-elle conclu.
M. NICOLAS COUSSIERE (France) a déclaré que les Centres régionaux des Nations Unies jouaient un rôle utile, « au plus près des acteurs de terrain ». Il a ensuite indiqué que les forces françaises intervenaient régulièrement dans la lutte contre les engins explosifs, notamment « en appui de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali ». Le représentant a ajouté que l’approche régionale constituait également pour la France une des voies importantes pour la promotion du désarmement et de la non-prolifération nucléaires. Nous soutenons, depuis l’origine, l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive et de leurs vecteurs au Moyen-Orient, a-t-il ainsi affirmé. Toutefois, il a précisé que cet objectif « essentiel » passait aussi par une résolution durable des crises de prolifération et par l’adhésion, « au moment approprié », de tous les États de la région à toutes les conventions pertinentes de non-prolifération et de désarmement. Le représentant français a par ailleurs souligné l’importance de l’adoption de mesures de transparence et de confiance « adaptées à la situation géostratégique de l’Union européenne » ainsi que celui du renforcement mutuel des initiatives de non-prolifération et de désarmement menés au niveau mondial.
Droits de réponse
Le représentant de la République populaire démocratique de Corée, exerçant son droit de réponse, a rejeté les accusations du représentant des États-Unis envers son pays. Il a ensuite fait remarquer que de très nombreux essais nucléaires avaient été lancés dans le monde, près d’un millier seulement par les États-Unis, alors que son pays n’en avait lancé que cinq. Le représentant a affirmé que la menace émanait des États-Unis, pas de son pays.
Le représentant de la République islamique d’Iran, exerçant son droit de réponse, a indiqué que le représentant des Émirats arabes unis avait porté des accusations infondées envers son pays. Il a dénoncé le régime des Émirats arabes unis, l’accusant de bombarder des innocents au Yémen, et de perpétrer des actes inhumains qui violent le droit international et représentent des crimes de guerre. L’Iran a toujours plaidé en faveur de la paix et des relations amicales avec ses voisins, y compris ceux du golfe Persique, a-t-il dit.
Le représentant de la République de Corée, exerçant son droit de réponse, a condamné les provocations de la République populaire démocratique de Corée, les jugeant irresponsables et illégitimes.
Le représentant des États-Unis, exerçant son droit de réponse, a jugé fallacieux les commentaires faits par le représentant de la République populaire démocratique de Corée. Il a dénoncé les provocations de ce pays et demandé qu’il mette un terme à son comportement, en l’appelant à respecter ses obligations internationales.
Le représentant des Émirats arabes unis, exerçant son droit de réponse, a rejeté les allégations infondées de la République islamique d’Iran. Il a dénoncé l’ingérence de ce pays dans les affaires de ses voisins de la région. Il a dit regretter les activités de ce pays en matière d’armement et de missiles balistiques, un an à peine après la signature de l’accord nucléaire. Nous luttons pour défendre les droits du peuple yéménite qui ont été violés par l’Iran, a-t-il conclu.
Le représentant de la République populaire démocratique de Corée, exerçant son droit de réponse, a rejeté les allégations de la République de Corée et des États-Unis. Il a indiqué que la République de Corée importait des équipements liés au nucléaire venus des États-Unis. Il a condamné l’attitude des États-Unis qui contribuent à accroître les tensions dans la région.
Le représentant de la République de Corée, exerçant son droit de réponse, a condamné l’attitude de la République populaire démocratique de Corée qui mène une campagne de propagande pour entretenir l’espoir de survie de son régime, alors que ce régime ne peut pas durer. Il a indiqué que la communauté internationale continuerait à rejeter les rhétoriques belliqueuses.
Le représentant des États-Unis, exerçant son droit de réponse, a souligné la nécessité de maintenir la stabilité dans la péninsule coréenne par des exercices militaires.
Le représentant de la République islamique d’Iran, exerçant son droit de réponse, a rejeté la déclaration du représentant des Émirats arabes unis, en indiquant que ce pays combattait les Yéménites aux côtés d’Al-Qaida au Yémen. Il a dénoncé les bombardements de civils au Yémen.
Le représentant de l’Arabie saoudite, exerçant son droit de réponse, a rappelé le droit des États à acheter des armes pour protéger son territoire. Toutefois, l’Arabie saoudite condamne l’attitude de l’Iran qui achète de telles armes pour les transmettre à des groupes terroristes, en violation des principes des Nations Unies.