En cours au Siège de l'ONU

soixante et onzième session,
7e séance – après-midi
AG/DIS/3550

Première Commission: La Chine demande aux États-Unis l’arrêt du déploiement de missiles balistiques dans la péninsule coréenne

Nombre de délégations se prononcent pour l’interdiction de la production de matières fissiles à des fins militaires

La Première Commission (désarmement et sécurité internationale) a poursuivi, cet après-midi, son débat général sur tous les points à son ordre du jour, en entendant une vingtaine de délégations.  

Présentant les vues de son pays en matière de désarmement nucléaire et de non-prolifération, le représentant chinois a plaidé pour une mise en œuvre, étape par étape, des dispositifs multilatéraux, en défendant de plus l’idée d’une sécurité non diminuée pour tous.  Il a condamné le déploiement de missiles anti balistiques américains THAAD dans la péninsule coréenne en soulignant qu’une telle action contribuait à une course aux armements et fragilisait la sécurité dans la région.  La Chine a invité les États-Unis et la République de Corée à prendre davantage en compte les intérêts de la Chine et à cesser le déploiement de leurs missiles.  Par ailleurs, la Chine souhaite que les trois piliers du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) soient promus de manière équilibrée et rejette les approches sélectives qui risqueraient de saper le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  Le représentant a affirmé que la Conférence du désarmement (CD) était un organe irremplaçable, le seul dont dispose la communauté internationale pour faire progresser le désarmement, et a condamné toute initiative qui se tiendrait en dehors de la Conférence du Désarmement.

Sur la question de l’interdiction de la production de matières fissiles, la représentante du Canada a annoncé que cette année, son pays, l’Allemagne et les Pays-Bas, présenteraient un projet de résolution destiné à donner un coup d’accélérateur aux négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins militaires. 

Hostile à tout contournement de la Conférence du désarmement, le Pakistan, a souligné par la voix de sa représentante, que l’échec des négociations à propos d’un traité d’interdiction de la production de matière fissile à la Conférence du désarmement trouvait son fondement dans des divergences fondamentales sur l’objectif et le champ d’application de ce traité, et que les travaux de fond sur ce texte ne sauraient voir le jour sans que ces divergences soient levées.  Le Pakistan a par ailleurs indiqué qu’il ne saurait accepter les recommandations du Groupe d’experts gouvernementaux à propos d’un traité d’interdiction de la production de matières fissiles, estimant qu’un texte ignorant les asymétries de stocks de matières fissiles existants mettrait en danger les intérêts vitaux du Pakistan.

Le représentant de la République islamique d’Iran a pour sa part souhaité que les États dotés rendent des comptes sur leur non-respect de l’article VI du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  Pour l’Iran, le manque de progrès dans la mise en œuvre des engagements auxquels les États dotés ont souscrit dans le contexte des conférences d’examen du TNP a sapé l’approche dite des petits pas en matière de désarmement nucléaire.  L’Iran regrette qu’aucune négociation multilatérale sur le désarmement nucléaire n’ait eu lieu au cours des deux dernières décennies du fait du rejet systématique de l’entame de négociations au sein de la Conférence du désarmement.  Le représentant a par ailleurs souligné que l’approche des petits pas a échoué également en ce qui concerne l’établissement d’un instrument juridiquement contraignant visant à interdire le test, la production et le stockage de matière fissiles.  Il a en outre dénoncé le gouvernement israélien, qui, par sa possession d’armes nucléaires, reste, à son avis, le seul obstacle sur la voie de l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient et bloque tous les efforts régionaux pour parvenir à cet objectif.  Le régime israélien doit rejoindre le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et les autres traités interdisant les armes de destruction massive en tant qu’État non doté, sans conditions et dans les plus brefs délais, a estimé le représentant.

Le représentant de la République arabe syrienne a également appelé Israël à adhérer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, tout en soulignant qu’un tel objectif ne saurait être atteint tant que certains pays aideront Israël à développer son programme d’armes nucléaires.  Le représentant a qualifié « d’hypocrisie nucléaire » le comportement des États-Unis et du Royaume-Uni, ces deux membres permanents du Conseil de sécurité empêchant la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Le représentant a également qualifié d’«immoral»  l’utilisation d’armes chimiques et souligné par ailleurs l’attachement de son pays au droit à l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, rejoignant la déclaration du représentant de la Jordanie.

La Première Commission poursuivra son débat général demain, mardi 11 octobre, à 15 heures.    

DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUS LES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR RELATIFS AU DÉSARMEMENT ET À LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE

Déclarations

M. TIGAN SAMVELIAN (Arménie), au nom de l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC), a rappelé que l’emploi de l’espace devait se faire de manière pacifique.  Il a souhaité l’élaboration d’un traité international interdisant le déploiement d’armes et l’emploi de la force dans l’espace extra-atmosphérique.  Il a affirmé que la formation d’un groupe d’États responsables s’engageant à ne pas déployer en premier une arme dans l’espace atmosphérique favoriserait la confiance et permettrait de lutter contre la militarisation de l’espace.

M. JAMAL FARIS AL ROWAIE (Bahrein) a affirmé la nécessité de convoquer une conférence internationale en matière de désarmement nucléaire.  Il a défendu la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, appelant les États de la région à accepter de voir leurs installations inspectées par l’Agence internationale de l’énergie atomique.  Par ailleurs, le représentant a insisté sur la nécessité d’appliquer les dispositions du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires pour toutes les parties.  Enfin, il a rappelé l’attachement de son pays à travailler pour avancer sur toutes les questions liées au désarmement et à la sécurité internationale.

M. IBRAHIM AL DAIR (Koweït) a assuré que son pays respectait les instruments de désarmement auxquels il est partie, cette position et cet engagement n’ayant pas varié dans un contexte sécuritaire mondial marqué par la prolifération d’armes de destruction massive.  Le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires est le fondement de l’action multilatérale pour désarmer et sécuriser le monde, a-t-il ajouté.  Après avoir rappelé la nécessité que soit pleinement respecté le droit des parties au Traité d’utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, il a insisté sur l’importance de revitaliser sans délais la Conférence du désarmement.  Le représentant a par ailleurs plaidé en faveur de l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, exhortant Israël, seul pays de la région à ne pas l’avoir fait, d’adhérer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et de placer ses installations sous le contrôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique.

M. GORGUI CISS (Sénégal) a d’emblée relevé que les tensions géopolitiques actuelles et les instabilités régionales tendent à compliquer le processus de désarmement et de non-prolifération.  Rappelant l’échec de la dernière conférence de révision du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) en mai 2015, il s’est prononcé pour l’adoption rapide d’une convention globale relative aux armes nucléaires. 

Sur ce point, a-t-il précisé, la délégation du Sénégal soutient les recommandations du Groupe de travail chargé de faire avancer les négociations multilatérales, y compris la convocation en 2017 d’une conférence des Nations Unies destinée à entamer les négociations sur un traité interdisant les armes nucléaires, aux fins de procéder à leur éradication.

En ce qui concerne les autres armes de destruction massive, le délégué a appelé à la signature et à la ratification de la Convention sur l’interdiction de la mise en point, de la fabrication, du stockage et de l’emploi des armes chimiques et sur leur destruction.  Il a également plaidé pour l’universalisation de la Convention sur les armes à sous-munitions.   

S’agissant enfin de la prolifération des armes légères et de petit calibre, qui affecte la stabilité de nombreux pays du Sud, notamment africains, le délégué a exhorté tous les États membres qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le Traité sur le commerce des armes (TCA) afin d’en faciliter la mise en œuvre.

M. WANG QUN (Chine) a affirmé que son gouvernement a toujours contribué à la paix dans le monde, rappelant que l’année dernière, il s’est lancé dans une stratégie de réformes de ses forces armées impliquant une réduction d’effectifs militaires de 300 000 personnes.  Cette réforme démontre l’attachement de la Chine au développement pacifique, a souligné le représentant.  Par ailleurs, il a estimé souhaitable de poursuivre le désarmement nucléaire étape par étape, tout en défendant l’idée d’une sécurité non diminuée pour tous.  La Chine condamne le déploiement de missiles de défense des États-Unis dans la péninsule coréenne, a dit le représentant, selon lequel le déploiement du système de missiles anti balistiques américain THAAD contribuait à une course aux armements dans la région.  La Chine invite les États-Unis et la République de Corée à prendre davantage en compte les intérêts de la Chine et à cesser leur processus de déploiement de missiles, a poursuivi le représentant chinois.  Il a par ailleurs invité la communauté internationale à veiller à ce que le cyberespace fasse l’objet davantage de sécurité et à préserver son développement.  Par ailleurs, le représentant a estimé que les trois piliers du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires devaient être promus de manière équilibrée, les approches sélectives ne pouvant que saper le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  Enfin, il a affirmé que la Conférence du désarmement était un organe irremplaçable, le seul dont dispose la communauté internationale pour faire progresser le désarmement, et a condamné toute initiative qui serait prise en dehors de la Conférence du désarmement.  Sur la question du nucléaire iranien, le représentant a rappelé que son pays a toujours eu une position équilibrée sur la question.  Il a par ailleurs estimé impératif d’œuvrer en faveur de la dénucléarisation de la péninsule coréenne, rappelant au passage que la Chine était le plus grand pays contributeur de contingents, et deuxième contributeur financier en matière de maintien de la paix.

M. ISMAEL ABRAÃO GASPAR MARTINS (Angola) a affirmé la nécessité de renforcer la sécurité aux frontières en Afrique afin de lutter contre le trafic d’armes et pour mieux pouvoir mettre en œuvre le Protocole de Nairobi pour la prévention, le contrôle et la réduction des armes légères dans la région des Grands Lacs et la corne de l’Afrique.  Il s’est prononcé pour l’adoption d’« une approche holistique aux niveaux régional et sous-régional », s’attaquant à la fois au trafic des armes classiques et à la prolifération des armes de destruction massive.  Il a expliqué que son gouvernement travaillait actuellement à l’élaboration d’une législation visant à traduire en mesures nationales la mise en œuvre des régimes de non-prolifération d’armes de destructions massive, citant à cette occasion la création d’une autorité nationale de surveillance des armes nucléaires et armes de destruction massive coordonnée par le Ministère de la défense. 

M. HTIN LYNN (Myanmar) a assuré que son pays restait attentif aux questions liées au désarmement, en dépit de priorités nationales davantage tournées vers le processus de démocratisation.  Il a ainsi indiqué que le Myanmar déposerait au cours de cette session un projet de résolution annuel présentant les mesures concrètes et pratiques devant conduire à l’élimination totale des armes nucléaires.   

Sur ce même dossier, il a plaidé pour que les conférences des parties chargées de l’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) soient relancées en élevant le niveau de confiance entre les États dotés de l’arme nucléaire et les autres.  Il a également appelé les États non signataires du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) à ratifier ce texte sans délai.

Réaffirmant le rôle de la Conférence du désarmement des Nations Unies comme unique organe de négociation multilatérale sur le désarmement, il a regretté que les discussions sur un traité portant interdiction de la production de matières fissiles à des fins militaires soient aujourd’hui dans l’impasse.  « Nous devons redoubler d’efforts et renouveler notre volonté politique pour qu’une négociation préliminaire se tienne à ce sujet », a-t-il déclaré.

Mme NATASCIA BARTOLINI (Saint-Marin) a vivement regretté que le Traite d’interdiction complète des essais nucléaires ne soit pas encore entré en vigueur et appelé les États qui ne l’ont pas encore fait à le ratifier.  L’échec de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de 2015 d’aboutir à un document final est très décevant, a-t-elle dit, en appelant les États à faire preuve d’un engagement constructif lors de la prochaine conférence d’examen.  Elle a appuyé la recommandation de convoquer une conférence pour négocier un traité sur l’interdiction complète des armes nucléaires, avant de se dire très préoccupée par la récente utilisation d’armes chimiques contre des civiles.  Les Conventions sur les armes chimiques et biologiques sont essentielles, a-t-elle dit.  Mme Bartolini a par ailleurs estimé que l’adoption du Traité sur le commerce des armes était un pas dans la bonne direction, avant de rappeler que le lien entre développement, paix et sécurité, était souligné dans le Programme de développement à l’horizon 2030.  Affirmant que la protection des civiles était la priorité, elle a appelé toutes les parties à un conflit à faire preuve de retenue en n’utilisant pas des engins explosifs dans des zones peuplées.  Enfin, elle a appelé les États Membres à redoubler d’efforts afin de revitaliser le programme de désarmement. 

M. MUAZ MOHAMAD A-K AL-OTOOM (Jordanie) a affirmé que son pays avait rejoint la majorité des traités et conventions internationales s’agissant du nucléaire et des armes de destruction massive.  La Jordanie appelle au renforcement de la sécurité nucléaire dans le monde et regrette l’échec de la conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en 2015, a déclaré le représentant, appelant par ailleurs Israël à adhérer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et à placer ses installations sous le régime de garanties de l’Agence internationale de l’énergie atomique.  Le représentant a ensuite affirmé que les États avaient le droit d’utiliser le nucléaire à des fins pacifiques en vertu de l’article IV du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  La Jordanie souligne que certains pays ont besoin de l’énergie nucléaire pour assurer leur développement, et que le nucléaire peut ainsi permettre d’œuvrer au développement durable, à condition que cette utilisation pacifique soit placée sous le contrôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique et de son système de garanties généralisé, a conclu le représentant.

M. ZORAN VIJUC (Serbie) a déclaré que le renforcement de la sûreté nucléaire à l’échelle nationale et internationale était l’une des priorités de son pays affirmant qu’un tel processus ouvrait la voie à une utilisation pacifique à des fins de développement de nombreux pays et facilitait la mise en œuvre, par ces derniers, des conventions pertinentes dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération.  Sur les armes de destruction massive, le représentant a indiqué que la Serbie mettait activement en œuvre la résolution 1540 (2004) du Conseil de sécurité en vue, notamment, d’empêcher que des acteurs non étatiques ne s’emparent ou mettent au point des armes de ce type.  Il a expliqué que son pays, en tant que membre actif de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), attachait la plus haute importance au renforcement de la coopération régionale aux fins de mise en œuvre de la résolution 1540 (2004). 

Concernant les armes légères et de petit calibre, M. Vijuc a indiqué que la Serbie avait présenté ses rapports lors de la seconde Conférence d’examen des États parties au Traité sur le commerce des armes qui s’est tenue récemment à Genève.  À ce sujet, il a fait savoir que les États des Balkans occidentaux avaient mis en place un mécanisme de coopération régional pour, notamment, améliorer la conduite des activités de contrôle des exportations prévues par le Traité sur le commerce des armes.  Il a par ailleurs souligné l’utilité de l’Accord sous-régional sur le contrôle des armes établi il y a 10 ans, conformément à l’article IV des Accords de paix de Dayton, estimant que ce dispositif pourrait être adapté et mis en œuvre dans d’autres contextes régionaux. 

M. ANDRE PUNG (Estonie) a affirmé que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) était au cœur des efforts mondiaux pour le désarmement nucléaire, la non-prolifération et l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.  Il a jugé contreproductif tout projet de traité d’interdiction des armes nucléaires, estimant que cet objectif figurait déjà dans les ambitions du TNP.  Par ailleurs, il s’est inquiété de l’impasse dans laquelle se trouve la Conférence du désarmement, affirmant la volonté de son gouvernement de participer pleinement aux discussions sur le désarmement en tant que membre à part entière de la Conférence du désarmement.  S’agissant du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), il a regretté que ce traité ne soit toujours pas entré en vigueur à son vingtième anniversaire.  Il a condamné les essais nucléaires de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et le recours à des armes chimiques en Syrie, avant d’appeler à une résolution forte sur la mise en œuvre de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques.  En outre, il a estimé que le Code de conduite international contre la prolifération des missiles balistiques jouait un rôle central dans la lutte contre la prolifération des missiles. 

M. GONE FEH MOUSSA (Côte d’Ivoire) a rappelé qu’à la suite de l’attentat de Grand-Bassam du 13 mars dernier, son gouvernement avait crée une cellule spéciale d’enquête, d’instruction et de lutte contre le terrorisme, renforcé la sécurisation de ses frontières et la coopération avec les pays limitrophes, et adopté un projet de loi relatif à la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.  En juillet 2016, mon pays a également adopté une loi contre le terrorisme, a-t-il encore précisé, appelant la communauté internationale à se mobiliser contre ce fléau et à le combattre avec la plus grande fermeté avant qu’il n’inflige aux États Membres des traumatismes irréparables.  Après avoir rappelé que la Côte d’Ivoire avait ratifié le Traité sur le commerce des armes en 2015, il s’est félicité de sa coopération avec le Japon et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) dans le cadre du processus de marquage et de traçage des armes des Forces de défense et de sécurité ivoiriennes.  Le processus de « désarmement, démobilisation et réintégration » est par ailleurs achevé depuis le 30 juin 2015, a-t-il souligné. En conclusion, il a réitéré que le Gouvernement ivoirien croyait fermement « qu’un monde exempt du nucléaire militaire et autres armes de destruction massive serait un monde plus sûr pour nous tous ».

Après avoir déploré que le monde est engagé aujourd’hui dans une course aux armements et non au désarmement, M. ANTHONY ANDANJE (Kenya) a estimé qu’il n’y avait pas de justification aux dépenses faramineuses engagées dans l’acquisition d’armes, de l’ordre de milliards de dollars, alors que d’autres priorités méritent notre attention, comme le changement climatique, qui a un immense impact au plan géographique et générationnel, ou la crise des réfugiés.  Le Kenya estime que le désarmement et le développement sont liés, a-t-il affirmé, précisant que le désarmement pouvait aider la cause du développement et le développement faire avancer la cause du désarmement.  Dans ces conditions, il ne faut pas succomber à la pression d’accroître les dépenses militaires aux dépens des programmes sociaux, de l’éducation et de la santé, a-t-il lancé.     

Mme LINDA ANNE SCOTT (Namibie) a souligné la nécessité de mener de front les efforts de désarmement nucléaire et de non-prolifération nucléaire, ajoutant que seule l’élimination complète et irréversible des armes nucléaires pourrait garantir les États non dotés contre l’emploi ou la menace d’emploi de ces armes.  Elle a indiqué que l’établissement de zones exemptes d’armes nucléaires était un premier pas décisif vers la réalisation d’un monde libéré de ces arsenaux.  Elle a par conséquent appuyé la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive au Moyen-Orient.  Enfin, la représentante, qui a rappelé que son pays était l’un des plus importants producteurs d’uranium, soulignant que la Namibie participait activement aux activités de l’Agence internationale de l’énergie atomique pour promouvoir l’utilisation pacifique des matières nucléaires, en particulier pour traiter les cancers et améliorer les rendements agricoles. 

M. GHOLAMHOSSEIN DEHGHANI (République islamique d’Iran) a regretté que les États dotés de l’arme nucléaire ne respectent pas leurs obligations en matière de désarmement nucléaire, soulignant que, presque un demi-siècle après la conclusion du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, persistait un grand écart entre l’engagement initial en faveur d’une élimination totale des armes nucléaires et sa mise en pratique concrète.  Le représentant a souhaité que les États dotés rendent des comptes sur leur non-respect de l’article VI du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  Pour l’Iran, le manque de progrès dans la mise en œuvre des engagements auxquels les États dotés ont souscrit dans le contexte des conférences d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires a sapé l’approche dite des petits pas en matière de désarmement nucléaire.  L’Iran regrette qu’aucune négociation multilatérale sur le désarmement nucléaire n’ait eu lieu au cours des deux dernières décennies du fait du rejet systématique de l’entame de négociations au sein de la Conférence du désarmement, a poursuivi le représentant, soulignant que même un texte, comme le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, avec ses imperfections, ait été laissé en suspens.  À cet égard, l’attitude d’un certain État qui abuse de sa position au Conseil de sécurité aux Nations unies pour empêcher qu’une résolution soit votée sur ce texte n’est ni légitime ni source de solution, a-t-il dit.  L’Iran souligne par ailleurs que l’approche des petits pas a échoué également en ce qui concerne l’établissement d’un instrument juridiquement contraignant visant à interdire le test, la production et le stockage de matière fissiles, a indiqué le représentant.  Afin de parvenir à l’objectif d’une abolition complète des armes nucléaires, l’Iran soutient la proposition des États non-alignés d’ouvrir des négociations sur une convention générale sur les armes nucléaires au sein de la Conférence du désarmement, a déclaré M. Deghani.  Celui-ci a par ailleurs dénoncé le Gouvernement israélien, qui, par sa possession d’armes nucléaires, reste, de l’avis de la délégation iranienne, le seul obstacle sur la voie de l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient et bloque tous les efforts régionaux pour parvenir à cet objectif.  Le régime israélien doit rejoindre le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et les autres traités interdisant les armes de destruction massive en tant qu’État non doté, sans conditions et dans les plus brefs délais, a conclu le représentant.

Mme ROSEMARY MCCARNEY (Canada) a annoncé que cette année, son pays, l’Allemagne et les Pays-Bas, présenteraient un projet de résolution destiné à donner un coup d’accélérateur aux négociations sur un traité interdisant la production des matières fissiles à des fins militaires.  Elle a par ailleurs déploré le refus persistant des États dotés de l’arme nucléaire de participer aux discussions menées dans le cadre du Groupe de travail à composition non limitée sur le désarmement nucléaire, ce qui empêche d’aboutir à un réel consensus sur cette question centrale.  Cette absence de consensus risque à son avis de rendre plus difficiles des progrès en matière de désarmement nucléaire, a-t-elle estimé.  La représentante a également appelé tous les États Membres à mettre pleinement en œuvre à leur niveau les sanctions de l’ONU visant la RPDC, et exhorté les autorités de ce pays à retourner sans délais à la table des négociations sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne.  Elle a également invité le régime syrien à honorer pleinement ses obligations internationales en détruisant la totalité de ses installations de fabrication d’armes chimiques.  Concernant les armes classiques, la représentante a souligné que seule la pleine application des dispositions de la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel, dont les activités doivent être soutenues financièrement, permettrait de mettre fin aux effroyables souffrances causées par ces dispositifs dont la présence entrave toujours le développement de pays sortant d’un conflit.

Mme TEHMINA JANJUA (Pakistan) a déploré que la sécurité en Asie du Sud était tributaire de l’insistance d’une puissance qui mène une politique hégémonique, accumule les armes et refuse toute discussion sur la sécurité.  La représentante a souligné de la volonté de son gouvernement de préserver la stabilité stratégique de la région, et la conclusion d’un accord bilatéral avec Inde sur l’interdiction des essais nucléaires.  Soulignant le manque de progrès en matière de désarmement et la frustration qui en découle, la représentante a regretté qu’une poignée d’États détournent l’attention et fassent oublier leurs manquements aux obligations de désarmement, en appuyant des mesures de non-prolifération supplémentaires qui n’ont aucun coût pour eux, mais qui affectent la sécurité des autres États.  Le désarmement nucléaire ne saurait avancer sans prendre en compte les intérêts sécuritaires des États, a estimé la représentante, plaidant en faveur d’un principe de sécurité égale et non diminuée pour tous.  Concernant l’échec des négociations sur un traité d’interdiction de la production de matières fissiles à la Conférence du désarmement, la représentante a souligné l’existence de divergences fondamentales sur l’objectif et le champ d’application de ce traité qu’il fallait résoudre avant de procéder au travail de fond.  La représentante a par ailleurs indiqué que son pays ne saurait accepter les recommandations du Groupe d’experts gouvernementaux à propos d’un traité d’interdiction de la production de matières fissiles, estimant qu’un texte ignorant les asymétries de stocks de matières fissiles existants mettrait en danger les intérêts vitaux du Pakistan.  Elle a enfin rappelé que son pays a fait une proposition sur un traité d’interdiction des matières fissiles qui englobe les stocks existants dans un document officiel proposé à la Conférence du désarmement l’année dernière.

M. SUKHEE SUKBOLD (Mongolie) a souligné que la Conférence du désarmement devait être le lieu où négocier la tenue d’une conférence de l’Assemblée générale  sur le désarmement nucléaire.  Nous appelons tous les membres de la Conférence du désarmement à faire preuve de la volonté politique nécessaire pour permettre la reprise des activités de fond de cet organe essentiel de délibérations, a-t-il dit.  Il a ajouté qu’en tant que partie au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, son pays continuait d’œuvrer en faveur de son universalisation et de son entrée en vigueur.  Le représentant a également salué la création de zones exemptes d’armes nucléaires à travers le monde, notant que l’instauration d’une telle zone au Moyen-Orient, conformément à la résolution adoptée en 1995, contribuerait à renforcer la paix et la confiance dans la région.  En conclusion, il a annoncé que la Mongolie présenterait de nouveau cette année un projet de résolution relatif à son statut « unique » d’État exempt d’armes nucléaires. 

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a noté l’accroissement du risque de prolifération d’armes nucléaires, certains États doté de ces armes menaçent de les employer contre des États non dotés.  Israël devrait adhérer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, mais cela n’arrivera pas tant que certains pays aideront Israël à développer son programme d’armes nucléaires, a dit le représentant.  Il a qualifié « d’hypocrisie nucléaire » le comportement des États-Unis et du Royaume-Uni, ces deux membres permanents du Conseil de sécurité empêchant la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Le représentant a également rappelé l’attachement de son pays au droit à l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, aucun texte ne devant conditionner cet usage ou en limiter la portée.  Il a par ailleurs qualifié d’immoral l’emploi d’armes chimiques, son pays ayant rejoint l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) en vue de parvenir à un monde débarrassé de toutes les catégories d’armes de destruction massive.  Nous respectons les dispositions de ce traité en dépit de la période difficile que traverse notre pays, a souligné le représentant, rejetant les conclusions du rapport du Mécanisme d’enquête conjoint avalisé par le Conseil de sécurité, qui fait état d’une utilisation par la Syrie de substances chimiques comme le chlorure.  Selon lui, le rapport ne fournit aucune preuve concrète et les témoignages recueillis l’ont été dans des zones aux mains des groupes rebelles.  Le représentant syrien a insisté sur le fait que son pays avait adressé des dizaines de lettres au Conseil de sécurité, au Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU, au Secrétaire général et au Comité du Conseil de sécurité créé sur la résolution 1540 (2004) pour les prévenir de l’utilisation possible et imminente d’armes chimiques par des groupes terroristes soutenus par des États Membres.  Ces pays, a-t-il conclu, doivent cesser leur trafic et le financement de groupes armés et terroristes. 

Droits de réponse

La représentante d’Israël a rejeté la déclaration de l’Iran qui avait précédemment accusé son pays de génocide.  Elle a rappelé que l’Iran était un soutien du terrorisme et des atrocités commises en Syrie.

Le représentant des Émirats arabes unis a justifié la campagne militaire de son pays au Yémen en soulignant que le gouvernement légitime de ce pays avait demandé de l’assistance pour se protéger contre les Houthis soutenus par l’Iran.

Le représentant de l’Inde a répondu au représentant du Pakistan sur la question du Cachemire et fait valoir que ce pays était à l’origine du blocage à la Conférence du désarmement.

Le représentant de la Turquie a indiqué que le régime syrien ne disait pas la vérité sur ses stocks d’armes chimiques et qu’il cachait de telles armes.

Répondant à son homologue syrien, le représentant de la Turquie a assuré que le rapport de l’OIAC avait été établi de manière scientifique et rigoureuse.  La Syrie doit se débarrasser de toutes ses substances chimiques interdites en tant que partie à ce traité.  Si la Syrie cache une partie de la vérité, c’est pour utiliser ces armes, a-t-il estimé. 

Le représentant des États-Unis a répondu à la Chine que son pays maintenait les paramètres défensifs de son alliance avec la République de Corée en raison des agissements de la République populaire démocratique de Corée dans la région.  Cela ne sape pas la force de dissuasion de la Chine, a-t-il assuré.  Il a également qualifié de grotesques les propos du représentant syrien sur la fabrication d’éléments de preuve d’utilisation d’armes chimiques par son pays. 

Le représentant du Pakistan a demandé à l’Inde pourquoi elle avait refusé la proposition de son pays d’établir un traité bilatéral d’interdiction complète des essais nucléaires.  La vérité est que l’Inde continue de développer son programme d’armes nucléaires, ce qui nous pousse à assurer un équilibre stratégique dans la région, a-t-il dit. 

Le représentant de l’Arabie saoudite a expliqué que les forces de la coalition étaient intervenues de manière légitime il y a deux jours au Yémen.  Elles ont d’ailleurs demandé l’ouverture d’une enquête, a-t-il précisé.

Le représentant de la RPDC a rejeté les allégations fausses des États-Unis, qui déforment la vérité.  Les États-Unis, en menant une politique hostile depuis 50 ans, ont poussé mon pays à devenir une puissance nucléaire, a-t-il affirmé.

Le représentant de la Syrie a notamment demandé à son homologue turc s’il avait lu les rapports du Conseil de sécurité parlant de substances chimiques utilisées par des groupes terroristes soutenues par la Turquie.  Il a ensuite fustigé le manque de sagesse d’Israël, pays responsable d’avoir créé dans la région les conditions de l’essor de plusieurs groupes terroristes. 

Le représentant de la Chine a répondu au délégué américain que la question des missiles balistiques est importante pour la sécurité nationale de son pays.

Le représentant de l’Inde a estimé que la principale menace de la région venait de la promotion du terrorisme en agitant le spectre de la prolifération nucléaire.

Le représentant des États-Unis a déclaré que son pays n’était pas une menace pour la RPDC.  Nous ne reconnaissons pas la RPDC en tant que puissance nucléaire.

Le représentant du Qatar a estimé que la Syrie faisait tout pour que le monde ne s’intéresse pas au génocide perpétré par son pays.  Le terrorisme en Syrie découle de la politique du régime syrien, qui a besoin de lui pour exister, a-t-il jugé. 

Le représentant de la Jordanie a répondu à la Syrie que le transfert d’armes chimiques par les frontières n’était que des allégations infondées, la Jordanie honorant ses obligations humanitaires depuis le début de conflit syrien.

Le représentant de la Libye a rappelé que les armes chimiques libyennes avaient été éliminées sous contrôle international.

Le représentant de la Turquie a rejeté les propos du représentant syrien.

Le représentant du Pakistan a estimé que les propos de l’Inde sur la promotion du terrorisme par son pays étaient ridicules, sachant que ce pays appuie les activités terroristes au Cachemire.

Le représentant de l’Iran a rappelé que c’était la communauté internationale qui avait conclu un nombre incalculable de fois aux violations des droits des Palestiniens des territoires occupés.  Le Yémen fait l’objet d’un blocus complet, a-t-il ajouté, notant que seuls des bombardements, notamment par les Émirats arabes unis, étaient possibles contre les populations du Yémen.

Le représentant de la RPDC a demandé au représentant des États-Unis de se rendre dans les innombrables bases militaires américaines déployées depuis six décennies en République de Corée.  L’objectif des États-Unis est d’éliminer la RPDC en tant que pays, a-t-il dit.

Le représentant de la Syrie a répondu au Qatar qu’il n’oublierait pas le financement par son pays d’organisations terroristes, un soutien, a-t-il dit, à l’origine du bain de sang qui a lieu en Syrie depuis 2011. 

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