Assemblée générale: l’Agence internationale de l’énergie atomique est bien plus que le « chien de garde du nucléaire »
L’Assemblée générale a examiné, cet après-midi, l’édition 2015 du Rapport d’activités de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) qui a été présenté par son Directeur général, M. Yukiya Amano, lequel a insisté sur la coopération technique en faveur des pays en développement. Le représentant de Singapour a voulu que l’on ne voie pas l’AIEA comme le « chien de garde du nucléaire », mais bien comme l’agence de « l’atome au service de la paix et du développement ».
Dans sa présentation, M. Amano a insisté sur le fait que la science et la technologie nucléaires ne doivent pas être l’apanage des pays développés, car elles peuvent être utilisées pour réduire les gaz à effet de serre, éviter l’érosion des sols et la pollution des eaux, et améliorer la sécurité énergétique.
À ce titre, M. Amano a souligné les efforts de l’AIEA pour promouvoir l’utilisation pacifique du nucléaire dans le cadre de son Programme de coopération technique et a rappelé que l’AIEA a pour priorité d’élargir l’accès au traitement du cancer dans les pays en développement, et en particulier en Afrique, via son Programme d’action en faveur de la cancérothérapie (PACT). Il a également indiqué que, cette année, l’AIEA a aidé de nombreux pays à structurer leur réponse à l’épidémie de virus Zika, en particulier pour le développement de techniques de stérilisation des moustiques responsables de la transmission du virus.
Pour mieux faire connaître l’action de coopération de l’AIEA, M. Amano a annoncé que son Agence organisera une première Conférence internationale sur son Programme de coopération technique, du 30 mai au 1er juin 2017, à Vienne.
Faisant échos aux propos de M. Amano, le représentant de Singapour a regretté que l’AIEA soit parfois qualifiée de manière injuste de « chien de garde du nucléaire ». Elle est bien plus que cela, a-t-il dit, ajoutant que l’AIEA est l’agence de « l’atome au service de la paix et du développement ».
Ses homologues de l’Afrique du Sud et de la Jamaïque ont déclaré que les applications nucléaires de l’Agence dans les domaines allant de l’agriculture à la santé humaine, en passant par l’éducation, la recherche et la technologie nucléaire, aident grandement les pays en développement à mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030. Ils ont ainsi appelé l’AIEA à continuer de soutenir ces pays.
De leur côté, les pays développés ont également manifesté leur attachement au Programme de coopération technique de l’AIEA, en particulier l’Australie, qui a rappelé les contributions extrabudgétaires régulières et en nature de son pays à ce programme, notamment dans le cadre de l’Initiative sur les utilisations pacifiques.
Outre la coopération technique, M. Amano a également insisté sur les deux autres volets de l’AIEA, à savoir la sécurité et la vérification nucléaire. Il a ainsi rappelé le rôle de l’Agence dans la conclusion de l’accord historique sur le Plan d’action global commun relatif au nucléaire iranien. « C’est un accord très important qui améliore considérablement la vérification nucléaire en Iran », s’est-il réjoui. Le délégué de l’Union européenne (UE) a d’ailleurs rappelé l’importance pour l’Iran d’honorer strictement tous ses engagements au titre de l’accord.
Toutes les parties à l’Accord doivent le respecter et pas seulement l’Iran, a rétorqué le représentant iranien qui a dénoncé la récente décision des États-Unis de prolonger les sanctions contre son pays, ce qui, selon lui, va à l’encontre des engagements pris en vertu du Plan d’action global commun.
Le Directeur général de l’AIEA et de nombreuses délégations se sont aussi dits préoccupés par le programme nucléaire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), le représentant du Japon dénonçant « les provocations de la Corée du Nord », dont les deux tests nucléaires et les lancements répétés de missiles balistiques en 2016.
La question nucléaire dans la péninsule coréenne est le produit de la politique hostile des États-Unis, s’est défendu le représentant de la RPDC, qui possède « une force de dissuasion nucléaire » pour se protéger de la menace américaine.
S’agissant de la Syrie, le Directeur général de l’AIEA et plusieurs délégations, y compris celle de l’Union européenne se sont inquiétés des menaces posées au régime de non-prolifération nucléaire. Tout comme son homologue de la RPDC, le représentant syrien a nié ses affirmations, déclarant que la question de la non-prolifération nucléaire constitue un pilier de la politique de son pays, comme en témoigne l’adhésion de la Syrie au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) en 1968. Il a aussi rappelé que son pays a soumis, en 2003, un projet de résolution visant à créer une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, qui s’est heurté à l’opposition des États-Unis. « Pourquoi et pour qui Israël a préparé ses missiles? » s’est demandé le représentant.
L’Assemblée générale a par ailleurs approuvé, cet après-midi, les candidatures présentées par le Conseil économique et social (ECOSOC) pour pourvoir les sept sièges qui deviendront vacants le 31 décembre 2016 au Comité du programme et de la coordination (CPC). Ont été élus le Bangladesh, la Chine, l’Égypte, l’Érythrée, Haïti, la République de Corée et le Sénégal.
L’Assemblée a en outre adopté une résolution* dans laquelle elle approuve le rapport de la Commission de vérification des pouvoirs et accepte les pouvoirs des représentants des États Membres. Le représentant de l’Iran a tenu à souligner que son adhésion au consensus ne signifie nullement une reconnaissance de l’État d’Israël.
L’Assemblée générale reprendra ses travaux demain mardi 13 décembre 2016 à partir de 10 heures pour se prononcer sur les recommandations de sa Sixième Commission chargée des questions juridiques.
* A/71/670
RAPPORT DE L’AGENCE INTERNATIONALE DE L’ÉNERGIE ATOMIQUE (AIEA) (A/71/322)
« L’atome pour la paix et le développement » est notre mission, a rappelé M. YUKIYA AMANO, Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), fier de ses 168 États membres. Ces 60 années d’existence, a-t-il poursuivi, ont prouvé que la science et la technologie nucléaires jouent un rôle essentiel à l’appui du développement durable. Sur ce point, M. Amano a souligné l’importance des services rendus aux États par le Programme de coopération technique de l’AIEA.
Cette année, a-t-il dit, ce programme a permis d’aider les pays de l’hémisphère occidental à structurer leur réponse à l’épidémie de virus Zika, l’AIEA ayant intensifié ses recherches sur les techniques de stérilisation des moustiques Aedes aegypti, responsables de la transmission du virus.
Toujours au titre de cette coopération technique, M. Amano a rappelé que l’AIEA a pour priorité d’élargir l’accès des pays en développement au traitement du cancer, grâce au Programme d’action en faveur de la cancérothérapie (PACT). Le Directeur général a indiqué que l’accès aux traitements contre le cancer s’est amélioré en Afrique au cours des dernières années, en particulier grâce au soutien apporté par l’Agence à la formation de radiothérapeutes et physiciens médicaux. « Mais les besoins restent importants et l’Agence continuera à se focaliser sur le contrôle du cancer », a-t-il déclaré, ajoutant que l’AIEA organisera une première Conférence internationale sur son programme de coopération technique, du 30 mai au 1er juin 2017 à Vienne, afin de mieux faire connaître ses travaux dans ce domaine.
Le renforcement des capacités est également un élément clef du travail de l’AIEA, a indiqué M. Amano, ajoutant que depuis 1958, plus de 48 000 chercheurs et ingénieurs ont obtenu des bourses de l’AIEA, via son Programme de coopération technique.
Le Directeur général a par ailleurs mentionné le plan de l’AIEA pour moderniser ses laboratoires nucléaires près de Vienne. Il a indiqué que la construction du premier des deux nouveaux bâtiments prévus, le laboratoire de contrôle des insectes, a commencé. Les travaux du second bâtiment sont également sur le point de commencer, a-t-il ajouté.
M. Amano a insisté sur le fait que le nucléaire ne doit pas être l’apanage des pays développés. Les pays en développement doivent pouvoir utiliser cette technologie, a-t-il dit, ajoutant que l’énergie nucléaire peut apporter une contribution significative à la réduction des gaz à effet de serre, éviter l’érosion des sols et la pollution des eaux, et améliorer la sécurité et l’apport énergétiques.
À l’heure actuelle, a-t-il précisé, 450 réacteurs nucléaires sont en activité dans 30 pays, et 60 réacteurs sont en cours de construction. Environ 30 pays ont manifesté le souhait de développer la technologie nucléaire, a-t-il ajouté.
S’agissant de la sécurité nucléaire, M. Amano a indiqué que l’Agence a entamé son examen 2017 de la sûreté nucléaire, qui sera présenté au Conseil des gouverneurs de l’AIEA en mars prochain. Cet examen définira les priorités futures de l’Agence, en insistant notamment sur la sécurité des sources radioactives utilisées dans l’industrie, les soins de santé et autres applications non électriques. L’Agence est la plateforme mondiale pour renforcer la sécurité nucléaire, a-t-il insisté, ajoutant que de plus en plus de pays font appel à ses conseils en la matière.
M. Amano a aussi rappelé que la semaine dernière, l’AIEA a organisé sa seconde Conférence internationale sur la sécurité nucléaire à Vienne, qui a attiré plus de 130 États. Il s’est félicité de l’entrée en vigueur, en mai 2016, de l’amendement à la Convention sur la protection physique des matières nucléaires (CPPMN), 11 ans après son adoption.
Concernant la vérification nucléaire, le Directeur général a rappelé que l’AIEA a mis en place des garanties sécuritaires dans 181 États, dont 174 ont signé avec l’Agence un accord de garanties généralisées. Ces accords, a-t-il estimé, sont un « outil puissant » pour permettre à l’AIEA d’avoir un meilleur accès aux informations et aux sites nucléaires.
S’agissant de l’Iran, le Directeur général a rappelé que son Agence travaille depuis 2003 à la vérification du programme nucléaire iranien. Il a estimé que ce travail a été déterminant pour parvenir à la « percée diplomatique » de l’an dernier, sous la forme du Plan d’action global commun. « C’est un accord très important qui améliore considérablement la vérification nucléaire en Iran », a-t-il salué, tout en ajoutant que l’AIEA procède actuellement à la vérification et au suivi de la mise en œuvre de l’Accord par l’Iran. Ce travail va se poursuivre pendant de longues années, a-t-il ajouté.
M. Amano s’est par ailleurs dit toujours très préoccupé par le programme nucléaire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), qui a procédé à deux autres essais nucléaires cette année. Il a une nouvelle fois appelé la RPDC à se conformer à ses obligations en vertu des résolutions du Conseil de sécurité et à coopérer avec l’AIEA pour résoudre les points en suspens.
Concernant la Syrie, le Directeur général a rappelé avoir rapporté, en mai 2011, qu’un bâtiment détruit à Dair Alzour était très probablement un réacteur nucléaire qui aurait dû être déclaré à l’AIEA. Il a appelé la Syrie à coopérer pleinement avec l’Agence pour résoudre les points en suspens concernant cet incident.
Présentant la résolution (A/71/L.35), M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a affirmé que son pays soutenait les priorités et le travail de l’AIEA, notamment les progrès accomplis par l’Agence au cours de l’année 2015. Il a ajouté que, pour l’Afrique du Sud, les applications nucléaires de l’Agence dans les domaines allant de l’agriculture à la santé humaine, en passant par la technologie nucléaire, aident grandement les pays en développement à mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030.
Dans ce contexte, a souligné le représentant, l’Afrique du Sud réitère son appel, partagé par de nombreux États Membres, pour que l’AIEA continue de venir en aide aux pays en développement, notamment en Afrique, afin d’augmenter les bénéfices qu’ils peuvent tirer de l’utilisation pacifique de la science et de la technologie nucléaires.
L’Afrique du Sud, a-t-il poursuivi, souhaite par ailleurs souligner le rôle central joué par l’AIEA dans la mise en œuvre de son système de vérification des garanties, essentiel pour s’assurer de la nature pacifique des programmes énergétiques nucléaires. En tant que seul pays à avoir démantelé volontairement son programme d’armes nucléaires, avec l’assistance et les conseils de l’AIEA, l’Afrique du Sud peut témoigner du rôle indispensable de ce système, a insisté le délégué.
Assurant que son pays est très honoré de présider cette année le Conseil des gouverneurs de l’AIEA, il a présenté le texte intitulé « Rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique » en rappelant que sa délégation avait procédé à deux consultations, l’une à Vienne le 21 novembre dernier, l’autre à New York le 29 novembre, et que la résolution présentée aujourd’hui ne contient que quelques modifications techniques par rapport à celle de l’année dernière.
Cette résolution, adoptée annuellement par l’Assemblée générale, découle d’un accord de coopération conclu entre les Nations Unies et l’Agence en 1957, a rappelé le représentant, soulignant qu’aux yeux de sa délégation, ce texte donne aux États Membres de l’ONU l’occasion unique d’être tenus au courant des activités que l’Agence a entreprises au cours de l’année examinée et d’exprimer leur soutien à la poursuite de son travail.
Il a conclu son propos en précisant que la résolution note les décisions adoptées par la Conférence générale de l’AIEA à sa sixième session ordinaire tenue du 26 au 30 septembre dernier. Dans ce texte l’Assemblée générale « réaffirme son appui énergique à l’Agence pour le rôle incontournable qu’elle joue en encourageant et en facilitant la mise au point et l’application pratique des utilisations de l’énergie atomique à des fins pacifiques et en favorisant le transfert de technologies aux pays en développement ainsi que la sûreté, la vérification et la sécurité nucléaires ».
Enfin, le texte demande aux États Membres de « continuer de soutenir les activités de l’Agence ».
Mme JOANNE ADAMSON, déléguée de l’Union européenne, a rappelé que l’Union est entièrement dévouée à une adhésion universelle aux accords sur la non-prolifération et le désarmement nucléaires. « Nous considérons le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) comme la pierre angulaire du régime international de non-prolifération », a-t-elle déclaré, avant d’ajouter qu’il est « vital » pour le développement de nouvelles utilisations de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques. Elle a, à ce titre, appelé les États qui ne l’ont pas encore fait à se joindre au Traité et a réaffirmé le soutien de sa délégation à l’établissement de zones exemptes d’armes de destruction massive au Moyen-Orient.
Plus d’un an après l’accord historique entre « E3/EU+3 et l’Iran » sur le programme nucléaire iranien, a dit la représentante, l’Union européenne salue la mise en œuvre du Plan d’action global commun, qui souligne l’importance de la coopération internationale et d’un multilatéralisme efficace. Rappelant à quel point il est important que l’Iran honore strictement tous les engagements pris en vertu du Plan d’action global, elle a qualifié « d’essentielle » la ratification du Protocole additionnel. L’Union européenne soutient pleinement la mission de vérification et de suivi de l’AIEA, s’agissant des engagements de l’Iran en la matière, a-t-elle poursuivi, rappelant l’importance de lui accorder les ressources nécessaires pour remplir son mandat.
Elle a souligné que l’Union européenne était préoccupée par les défis sérieux posés au régime de non-prolifération par la Syrie et la Corée du Nord, avant de rappeler que cette dernière est le seul État à avoir réalisé des essais nucléaires au XXIe siècle, le plus récent datant du 9 septembre et que l’UE « condamne fermement ». Rappelant que les accords de garanties généralisées et les Protocoles additionnels constituent les normes de vérification par excellence de l’Agence, la représentante a appelé à leur universalisation sans délai.
Elle a rappelé que le Conseil de l’Union européenne a adopté diverses directives pour renforcer le cadre de sécurité des installations nucléaires, qui continuent à être mises en œuvre par l’Union européenne et les États membres. Elle a précisé que l’Union européenne accordera une attention particulière à la mise en œuvre des décisions prises dans le cadre de la Convention de Vienne relative à la responsabilité civile en matière de dommages nucléaires.
Dans le cadre de sa stratégie contre la prolifération des armes de destruction massive, a-t-elle poursuivi, l’Union européenne soutient activement les résolutions 1540 et 1887 du Conseil de sécurité ainsi que d’autres initiatives comme l’Initiative mondiale de lutte contre le terrorisme nucléaire (IMLTN) ou le Partenariat mondial contre la prolifération des armes de destruction massive et des matières connexes, qui contribuent à renforcer la sécurité nucléaire. Elle a rappelé que sur les 260 millions d’euros consacrés à l’atténuation des risques nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques, 100 millions ont été alloués aux Centres d’excellence européens.
La représentant n’a pas manqué de souligner que l’Union européenne soutient les activités de l’AIEA dans le domaine de la sécurité nucléaire et a précisé que l’UE avait jusqu’à présent contribué au Fonds pour la sécurité nucléaire à hauteur de 40 millions d’euros et ses États membres à hauteur de 45 millions, en faveur de 100 pays. Elle a également salué l’entrée en vigueur, en mai 2015, de l’amendement à la Convention sur la protection physique de matières nucléaires, notant que la protection physique est d’une très grande importance pour éviter que les matières nucléaires ne tombent entre les mains de terroristes.
Saluant le processus en cours d’acquisition de la « LEU Bank » par l’AIEA, la représentante a annoncé que le 15 novembre dernier, le Conseil de l’Union européenne a adopté une décision de soutien à la nouvelle entité qui implique le décaissement de 4,3 millions d’euros en plus des 20 millions déjà versés. Elle a enfin rappelé que l’UE a alloué 225 millions d’euros entre 2014 et 2020 à la promotion de la sécurité nucléaire, à la protection contre les radiations et à l’application efficace des garanties sur les matières nucléaires dans les pays tiers.
M. WU HAITAO (Chine) a salué le travail de l’AIEA et rappelé que l’utilisation de l’énergie atomique est de plus en plus répandue et que la gouvernance mondiale dans le domaine nucléaire s’est approfondie. Il a néanmoins noté que la communauté internationale faisait face à de nombreux défis, citant, entre autres, l’équilibre à trouver entre l’utilisation pacifique de l’énergie atomique et la prévention de la prolifération des armes de destruction massive.
Le représentant a souhaité que l’AIEA parvienne à promouvoir la coopération et partage ses résultats en matière de développement nucléaire, invitant au passage tous les États Membres à renforcer leur soutien à la coopération technique afin de faire en sorte que l’Agence dispose des ressources disponibles.
Il a appelé l’Agence à poursuivre le régime de non-prolifération et renforcer le système de garanties. Soulignant son rôle de chef de file, il a rappelé que l’Agence était une plateforme solide pour la coopération internationale et la sécurité nucléaire et qu’elle devait défendre la justice. À ce titre, il a félicité l’Agence pour son rôle de facilitatrice lors de la mise en œuvre du Plan d’action global commun de l’accord sur le nucléaire iranien.
Le représentant a rappelé que la coopération entre la Chine et l’Agence s’était renforcé ces 30 dernières années et avait donné lieu à des résultats fructueux. Il a précisé que lors du Sommet sur la sécurité nucléaire, le Président chinois Xi Jinping a élaboré, à l’intention de la communauté internationale, une proposition en quatre points pour renforcer la sécurité nucléaire, à savoir engagement politique, responsabilité nationale, coopération internationale et culture de la sécurité nucléaire.
Mme VALERIE S. BRUELL-MELCHIOR (Monaco) a considéré que le rôle que continue de jouer l’AIEA en faveur de la sûreté et de la sécurité nucléaires, ainsi que de l’utilisation pacifique du nucléaire, est « tout à fait central dans le contexte du nouveau paradigme du Programme 2030 et de la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur les changements climatiques ». En effet, a-t-elle souligné, que ce soit dans les domaines de l’agriculture, de la sécurité alimentaire, de la santé, de la gestion de l’eau potable, de l’énergie et de la gestion des sols, la contribution de l’AIEA est essentielle.
Dans ce contexte, la Principauté de Monaco est l’hôte des Laboratoires de l’environnement de l’AIEA, a rappelé la représentante, affirmant que son pays partage avec l’Agence « la conviction que la science contribuera de façon incontournable à l’atteinte de nos objectifs mondiaux ». Ces laboratoires, a-t-elle poursuivi, accueillent aussi le Centre de coordination de l'action internationale relative à l'acidification des océans. Ce phénomène, qui est l’une des conséquences des changements climatiques et de la hausse des températures, affecte particulièrement les espèces marines, telles que les coraux et les organismes à coquille ou à squelette calcaire, mais aussi la sécurité alimentaire mondiale, a-t-elle expliqué.
Soulignant que la pollution marine est un autre défi majeur pesant sur la bonne santé de nos océans, la déléguée a indiqué que, dans le cadre du Plan d’action pour la Méditerranée du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), deux cours ont été organisés par l’AIEA dans ses laboratoires à Monaco afin d’appuyer les programmes nationaux de surveillance de ce fléau dans cette région. L’objectif était de renforcer les capacités d’analyses pour déterminer la présence de polluants dans les échantillons marins, a-t-elle précisé. Elle a enfin souligné que, dans le cadre des activités de santé publique et particulièrement de lutte contre le cancer que mène aussi l’AIEA, Monaco apporte une contribution financière au programme PACT de l’Agence.
M. NABEEL MUNIR (Pakistan) a rappelé le rôle de catalyseur qu’a joué l’Agence ces six dernières décennies en vue d’améliorer la contribution de l’énergie atomique à un monde de paix, de santé et de prospérité. « L’Agence », a-t-il précisé, a été un partenaire précieux pour le Pakistan qui, durant 55 ans, a fait de nombreux efforts pour améliorer l’utilisation de la technologie nucléaire dans un objectif de développement socioéconomique.
Estimant que la production nucléaire civile sera « impérative» dans les années à venir pour répondre aux besoins croissants en énergie et pour soutenir la croissance économique et le développement industriel, il a affirmé que les besoins en énergie seront multipliés par 7 au cours des 20 prochaines années. « Notre objectif national est d’étendre notre capacité nucléaire de façon significative », a-t-il dit.
Il a rappelé que son pays s’engageait fermement dans le domaine de la sécurité nucléaire, ajoutant que le Pakistan avait ratifié la Convention sur la protection physique des matières nucléaires, qu’il est notamment partie à la Convention sur la sûreté nucléaire et à la Convention sur la notification rapide d’un accident nucléaire et qu’il a participé activement au Sommet sur la sécurité nucléaire. Depuis 2014, le Centre pakistanais d’excellence sur la sécurité nucléaire (PCENS) est devenu une plateforme régionale majeure pour le partage des meilleures pratiques dans le domaine, a-t-il renchéri.
Au-delà de l’énergie nucléaire, le Pakistan s’investit dans les technologies nucléaires à des fins de développement socioéconomique, a poursuivi le représentant, précisant que la Commission pakistanaise de l’énergie atomique (PAEC) fournissait des traitements et des diagnostics à travers un réseau de 18 centres d’oncologie prenant en charge 80% des patients souffrant de cancer au Pakistan. « Le Pakistan a aussi mis en place des programmes éducatifs dans le domaine de la médecine nucléaire», s’est-il félicité.
Le représentant a souligné le rôle important du régime de vérification de l’AIEA. « Nous sommes d’avis que tous les États doivent se conformer à leur responsabilité de protéger », a-t-il déclaré. Il a rappelé que des ressources extrabudgétaires équitables étaient nécessaires à la fois pour les programmes de protection et les programmes de coopération de l’Agence.
M. JOHN KHOO WEI EN (Singapour) a réaffirmé son soutien au rôle joué par l’AIEA dans le renforcement de la sécurité nucléaire partout dans le monde. Il a également renouvelé son soutien à l’Agence pour ces efforts de coopération visant à améliorer la sécurité nucléaire. À ce titre, le représentant a salué l’entrée en vigueur de l’amendement de 2005 à la Convention sur la protection physique des matières nucléaires. Il a ajouté que Singapour s’engage à mettre en œuvre cet amendement.
Le représentant a par ailleurs indiqué que son pays a inauguré son premier laboratoire frontalier pour renforcer sa capacité d’action en cas d’activité nucléaire illicite aux frontières. Il a en outre salué les progrès réalisés dans la mise en œuvre du Plan d’action global commun et a encouragé les parties à poursuivre dans cette voie. Il a réaffirmé son soutien au rôle de vérification par l’AIEA en Iran, à la demande du Conseil de sécurité.
Enfin, le représentant a salué les efforts de l’AIEA en termes d’assistance technique, afin de mettre à disposition des pays en développement la science et la technologie nucléaires, notamment dans le cadre de la lutte contre le virus Zika. L’AIEA est parfois qualifiée de manière injuste de « chien de garde du nucléaire », a regretté le représentant. Mais elle est bien plus que cela, a-t-il dit, ajoutant que l’AIEA est l’agence de « l’atome au service de la paix et du développement ».
M. HAHN CHOONGHEE (République de Corée) a fait valoir qu’en tant que membre fondateur de l’AIEA, son pays accorde une grande importance à cette Agence. Compte tenu de l’accent mis au cours de cette soixante et onzième session sur l’accélération de la mise en œuvre des objectifs de développement durable, la République de Corée note avec satisfaction que l’AIEA aligne ses efforts avec le Programme 2030, a-t-il souligné, saluant à cet égard le positionnement du Programme de coopération technique de l’Agence.
Le représentant s’est dit heureux de constater que des progrès ont été effectués dans le domaine de la sûreté nucléaire en 2015. À ce sujet, a-t-il dit, le rapport du Directeur général de l’Agence sur la catastrophe de Fukushima Daiichi, ajouté à ceux sur le Plan d’action de l’Agence sur la sûreté nucléaire, fournit une large base de connaissances à l’usage de la communauté internationale. Il a dit espérer que ces données seront prises en compte par les opérateurs et les régulateurs partout dans le monde.
Se félicitant de l’entrée en vigueur de l’Amendement à la Convention sur la protection physique des matières nucléaires, de la tenue du quatrième et dernier Sommet sur la sécurité nucléaire et de l’organisation en décembre de la Conférence internationale de l’AIEA sur la sécurité nucléaire, il a assuré que son pays s’emploierait à faire en sorte que les engagements pris à ces occasions se traduisent en actes.
Le représentant s’est aussi réjoui des progrès enregistrés dans la résolution de la question nucléaire iranienne, souhaitant que la République islamique continue de fournir le niveau de coopération nécessaire afin que l’Agence puise conclure que son programme consiste en des activités pacifiques. S’agissant de la Syrie, il a appelé ce pays à coopérer pleinement avec l’AIEA au sujet des questions non résolues concernant notamment le site de Dair Alzour. Il a ajouté que sa délégation était particulièrement préoccupée par les informations faisant état d’un lien entre la Syrie et la Corée du Nord relatif à la construction non déclarée d’un réacteur nucléaire à Dair Alzour.
Il a enfin salué l’adoption par consensus de la résolution sur l’application des sauvegardes en Corée du Nord, lors de la soixantième Conférence générale de l’AIEA cette année, qui a condamné les cinq essais nucléaires de la Corée du Nord dans les termes les plus forts. La République de Corée se félicite aussi de l’adoption des résolutions 2270 et 2321 du Conseil de sécurité, lesquelles ont lancé « un autre message fort » concernant le développement nucléaire de la Corée du Nord, a-t-il conclu, jugeant que, pour la Corée du Nord, la voie à suivre est claire: « abandonner toutes ses armes et ses programmes nucléaires d’une manière complète, vérifiable et irréversible, conformément aux normes internationales pertinentes ».
M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran) a souligné, une fois encore, le rôle et la responsabilité de l’AIEA qui doit faciliter le plein exercice du droit inaliénable de tous les États parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires à développer la recherche, la production et l’utilisation de l’énergie atomique à des fins pacifiques, y compris leur droit de participer le plus largement possible aux échanges d’équipements, de matériels et d’informations scientifiques et technologiques pour l’usage de l’énergie nucléaire. Le représentant a mis l’accent sur la nécessité de renforcer ces activités, en particulier pour répondre aux attentes des pays en développement. L’Iran est vigoureusement déterminé à continuer d’exercer son droit inaliénable à l’énergie nucléaire, y compris le développement d’un cycle national complet du combustible nucléaire à des fins pacifiques. Pour l’Iran, toutes les activités de l’AIEA doivent être menées en totale conformité avec les instruments pertinents et juridiquement contraignants et en tenant compte des préoccupations et des intérêts des États Membres, en particulier le strict respect du principe de confidentialité.
Le représentant a ajouté que la décision récente des États-Unis de prolonger les sanctions contre l’Iran va clairement à l’encontre de leurs engagements en vertu du Plan d’action global commun. Il a exhorté les États-Unis à résoudre ce problème rapidement. Il est clair, a-t-il prévenu, qu’assurer la viabilité de ce Plan exige le respect strict par tous les participants, non seulement l’Iran, de leurs engagements. C’est dans l’intérêt de la communauté internationale et de tous les participants au Plan d’action global commun, a-t-il souligné.
Mme DIEDRE NICHOLE MILLS (Jamaïque) a rappelé que depuis 1965, la Jamaïque a une longue et fructueuse tradition de coopération avec l’AIEA, conformément à l’importance qu’elle attache à l’utilisation pacifique de la technologie nucléaire et à l’application du régime de garanties de vérification, de sûreté et de sécurité. Cette coopération a gagné en force et a donné au Gouvernement l’opportunité de bénéficier de l’expertise technique de l’AIEA dans les domaines prioritaires du développement durable que sont l’éducation, la santé et la recherche. Nous sommes encouragés par l’augmentation du nombre des membres des Caraïbes et la volonté continue de l’Agence de soutenir les efforts de développement durable de la région qui sont étroitement liés au Programme 2030, a conclu la représentante.
M. ANDRIY TSYMBALIUK (Ukraine) a assuré que son pays soutient les activités que mène l’AIEA pour la promotion d’une utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques et salué le fait que l’Agence contribue à la réalisation des objectifs de développement durable. Selon lui, l’énergie nucléaire restera une solution importante pour parvenir à la sécurité énergétique et au développement durable au XXIe siècle.
Soulignant que la principale condition pour une utilisation pacifique de l’énergie nucléaire demeure l’adhésion des États au Traité sur la non-prolifération (TNP), le représentant a précisé qu’à l’heure actuelle, l’Ukraine a 15 centrales nucléaires opérationnelles et accorde la plus grande importance à l’application et à l’amélioration des normes les plus élevées de sûreté et de sécurité. Il a ajouté que son pays soutenait activement le Programme de coopération technique de l’Agence et son rôle dans le développement d’applications pacifiques dans les domaines de la santé humaine, de l’alimentation et de l’agriculture, de la gestion de l’eau et du renforcement de la sûreté nucléaire et radiologique.
Rappelant que, le 26 avril 2016, le monde a célébré le trentième anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl, il a annoncé qu’afin de réduire la contamination du site, l’Ukraine a achevé la construction d’arches surplombant « l’abri » de la centrale nucléaire. Il a souhaité remercier les partenaires internationaux qui ont contribué au financement et à la réalisation de ce projet. Il a ajouté que son pays continuait de coopérer avec l’AIEA sur des questions liées à la sécurité de ce site, notamment dans le cadre du Programme de coopération technique pour 2016-2017. Le délégué a enfin affirmé que l’Ukraine maintient son engagement à l’égard des objectifs du TNP et remplit l’ensemble de ses obligations en la matière.
M. ALEXANDRE PERREN (Suisse) a voulu que l’on aborde la sécurité nucléaire dans un contexte global et exhaustif. Par l’adhésion quasi universelle de laquelle elle bénéficie et son expertise unique, l’AIEA constitue la meilleure base pour renforcer les vastes efforts dans le domaine de la sécurité nucléaire et les nombreuses initiatives existantes. Le représentant a souligné qu’après le dernier Sommet sur la sécurité nucléaire à Washington cette année, l’Agence avait l’occasion de maintenir l’élan politique et de combler les lacunes restantes dans le système mondial à sa deuxième Conférence internationale sur la sécurité nucléaire au cours de ce mois.
Or, la Déclaration ministérielle, adoptée lors de cette Conférence après de longs mois de négociations intenses et difficiles, n’a que partiellement réussi à envoyer un message clair, ambitieux et tourné vers l’avenir, a affirmé le représentant, ajoutant que l’on ne saurait ignorer l’un des volets essentiels: la sécurité du matériel nucléaire à usage militaire. Avec environ 83%, ce matériel constitue la vaste majorité de tout le matériel nucléaire mondial existant. Il est pour la plupart composé des matières les plus sensibles comme l’uranium hautement enrichi et le plutonium retraité. Le matériel militaire n’étant couvert par aucun accord multilatéral, la Suisse regrette l’absence de « toute mention spécifique » dans la Déclaration. Le représentant a réitéré l’engagement de son pays à continuellement sauvegarder et renforcer la sécurité de tous les matériels nucléaires, quel qu’en soit l’usage et à soutenir le travail de l’AIEA dans ce domaine. La Suisse, a-t-il dit, a annoncé qu’elle fera une contribution extraordinaire au Fonds pour la sécurité nucléaire.
M. KORO BESSHO (Japon) a dit que la réalisation et le maintien d’un haut niveau de sûreté et de non-prolifération nucléaires sont des défis sans fin. Au fur et à mesure que le nombre des centrales nucléaires augmente, le renforcement de la sûreté nucléaire internationale et les garanties de l’AIEA deviennent de plus en importants. Le Japon continuera de travailler avec l’AIEA pour promouvoir l’universalisation et la mise en œuvre efficace des conventions pertinentes et le développement des ressources humaines. Il continuera d’aider l’AIEA à améliorer l’efficacité et l’efficience des mesures de garanties.
Les provocations de la Corée du Nord, comme les deux essais nucléaires et les lancements répétés de missiles cette année, représentent un défi grave à la sécurité internationale et au régime de non-prolifération nucléaire. C’est une menace d’un nouveau degré, a insisté le représentant pour qui il est important que la communauté internationale assure l’effectivité des sanctions par une stricte mise en œuvre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, y compris la résolution 2321 (2016) qui a été adoptée le 30 novembre dernier.
Le représentant a exhorté la Corée du Nord à prendre des mesures concrètes vers la dénucléarisation, rappelant que le pays a été sommé d’abandonner toutes ses armes et programmes nucléaires existants, y compris les activités d’enrichissement de l’uranium, et ce, de manière complète, vérifiable et irréversible. La Corée du Nord doit se conformer au Traité sur la non-prolifération et agir dans le strict respect de son accord de garanties avec l’AIEA.
M. ASHISH KUMAR SINHA (Inde) a déclaré que son pays était heureux de s’être porté coauteur de la résolution sur les activités de l’AIEA. Le soixantième anniversaire de l’Agence est une occasion importante de nous pencher sur le rôle crucial qu’elle a joué dans l’exercice de son mandat et son appui à l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, a-t-il souligné. Il a dit soutenir, à cet égard, le nouveau slogan « L’atome pour la paix et le développement » choisi par l’Agence.
Rappelant que l’Inde considère de longue date que l’énergie nucléaire est un moyen de répondre aux défis posés par la demande énergétique, aux inquiétudes liées aux changements climatiques et à la sécurité de l’approvisionnement en énergie, il a estimé qu’avec l’adoption de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, « le temps est venu de donner un rôle plus important à l’Agence dans l’expansion d’une énergie nucléaire sûre. Dans cet esprit, il a encouragé l’AIEA à rester engagée dans des activités qui font « une description équilibrée de l’énergie nucléaire et de son potentiel de réduction des gaz à effet de serre ».
Il a enfin adressé ses compliments à l’Agence pour l’organisation, début décembre à Vienne, de la deuxième Conférence internationale sur la sécurité nucléaire. La Déclaration ministérielle diffusée à l’issue de cette réunion met en évidence les menaces du terrorisme nucléaire et celles qui pèsent sur la sécurité nucléaire, notamment les menaces cybernétiques, s’est-il félicité, assurant que son pays continuera à soutenir ces travaux.
M. KIM IN RYONG (République populaire démocratique de Corée (RPDC) a voulu clarifier la position de son pays concernant le rapport de l’AIEA qui reflète une image profondément faussée de la réalité dans la Péninsule coréenne où la question nucléaire est le produit de la politique hostile des États-Unis à l’égard de la RPDC. La Péninsule coréenne est constamment soumise à une menace nucléaire, créant une situation qui échappe à tout contrôle à cause de la politique américaine. La RPDC n’a donc eu d’autres choix que de se doter d’une force de dissuasion nucléaire. Il s’agit ni plus ni moins d’une mesure de légitime défense.
Or, l’AIEA ignore cette réalité et présente, chaque année à l’Assemblée générale, un rapport biaisé et injuste, en prenant fait et cause pour la politique hostile des États-Unis. Le rapport met unilatéralement en cause le programme nucléaire d’un pays tiers, montrant par-là même que l’AIEA n’est d’aucun secours pour résoudre la question nucléaire de la Péninsule coréenne. La RPDC n’a jamais reconnu les rapports annuels de l’AIEA ou les résolutions de son organe exécutif qui sont remplis de préjugés et de falsifications. Elle les rejette catégoriquement, a insisté le représentant qui a confirmé l’intention de son pays de maintenir une politique et une ligne de conduite « fermes » pour renforcer sa capacité nucléaire et protéger son territoire ainsi que son système social de la menace d’une guerre nucléaire proférée par les États-Unis.
M. MOHAMED AL MUTAWA (Émirats arabes unis) a relevé que cette année marque le quarantième anniversaire de l’adhésion de son pays à l’AIEA. À ce titre, il s’est félicité de ce que l’Agence continue de jouer un rôle clef en matière de promotion de l’utilisation de la technologie nucléaire à des fins pacifiques et d’échanges de connaissances scientifiques et d’expertise nucléaire. Dans ce cadre, a-t-il dit, les Émirats réaffirment l’importance d’une étroite collaboration et conforme aux normes de l’Agence et aux principes de la politique nationale sur le nucléaire.
Rappelant que les Émirats arabes unis sont un des États membres de l’AIEA œuvrant au développement d’un programme énergétique nucléaire à des fins civiles, il a précisé que depuis le lancement de ce programme, son pays avait achevé plus de 70% des travaux de construction de quatre réacteurs nucléaires sur le site de Barakah, le premier réacteur étant terminé à plus de 90%. Il a remercié à ce sujet l’AIEA pour son partenariat et ses conseils.
Le délégué a par ailleurs salué le rôle central joué par l’AIEA dans le transfert de technologies pour répondre aux besoins des États, ajoutant que cette coopération technique contribue à la réalisation des objectifs de développement durable. Il a également indiqué que son pays était impatient d’accueillir la Conférence ministérielle de l’AIEA sur l’énergie nucléaire au XXIe siècle prévue à Abou Dhabi en 2017. Saluant enfin l’entrée en vigueur de l’Amendement à la Convention sur la protection physique des matières nucléaires, il a appelé les pays qui ne l’ont pas encore ratifié à le faire au plus vite. Dans ce contexte, il a lancé un double appel: à l’Iran pour qu’il dissipe les soupçons entourant son programme nucléaire et à la Corée du Nord pour qu’elle renonce à ses essais nucléaires.
Mme INA HAGNININGTYAS KRISNAMURTHI (Indonésie) a parlé de la coopération technique, des applications du nucléaire, de la sûreté nucléaire, des mesures de protection et de la gestion de l’AIEA. S’agissant de la coopération technique, le représentant a estimé que le Programme de coopération technique de l’Agence joue un rôle essentiel comme principal vecteur de l’Agence pour atteindre ses objectifs. Elle a souligné que le Fonds de coopération technique devrait être soutenu par un financement suffisant, assuré et prévisible. L’Indonésie se positionne aussi en tant que fournisseur de coopération technique aux pays en développement, avec l’aide du Centre de collaboration de l’AIEA avec l’Agence nationale de l’énergie nucléaire située à Jakarta.
En ce qui concerne les applications du nucléaire, en 2015, l’Indonésie a créé un parc national des sciences et de la technologie et trois parcs agrotechniques pour stimuler l’avancement de la science et de la technologie. Le pays a accueilli des formations et offert des bourses d’études à d’autres États Membres sur l’amélioration génétique par mutation, sur les produits alimentaires irradiés pour les agences de gestion des secours, et sur les applications industrielles. Concernant la sûreté nucléaire, l’Indonésie a notamment vu le renforcement de la confiance nationale, et l’acceptation par le public du nucléaire au moment où elle s’embarque dans un programme d’énergie nucléaire, y compris le développement de réacteurs non commerciaux.
Pour ce qui est des mesures de précaution, Mme Krisnamurthi a regretté que l’application des mesures de sauvegarde dans de nombreuses parties du monde ne soit pas encore réelle. S’agissant de la gestion, la représentante a noté les efforts de l’AIEA pour recruter davantage de ressortissants des pays sous-représentés, en particulier aux niveaux des professionnels et de la direction. Ces efforts devraient être redoublés, a dit la représentante qui a appelé le Directeur général de l’Agence à en faire une priorité et à assurer la parité au sein du personnel et des programmes de l’AIEA.
M. TAREQ MD ARIFUL ISLAM (Bangladesh) estime que l’énergie nucléaire est une source d’électricité sûre, respectueuse de l’environnement, économique et apte à répondre à la demande croissante pour débloquer le potentiel de développement des pays. L’objectif du Bangladesh est de générer 4 000 mégawatts d’électricité à partir de sources nucléaires d’ici à 2030, ce qui représente 10% des 40 000 mégawatts d’électricité visés dans le même laps de temps. Pour atteindre cet objectif, le pays a commencé la construction de la première centrale nucléaire en coopération avec la Fédération de Russie. L’Autorité de régulation de l’énergie atomique a octroyé la licence au début de cette année après avoir mené pendant un an l’examen et l’évaluation de tous les documents réglementaires, conformément aux directives de l’AIEA. Un concept de centrale de référence a été retenu, conformément au concept de sélection promu par l’AIEA pour les pays dits « nouveaux arrivants ».
Pour M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne), « tout le monde est conscient » que la question de la non-prolifération nucléaire constitue un pilier de la politique de son pays. Il en a voulu pour preuve le fait que la Syrie a accédé au TNP dès 1968, soit plus tôt que de nombreux autres États qui l’accusent aujourd’hui de ne pas respecter ses obligations. Faisant remarquer que son pays a signé l’accord de garanties avec l’Agence, il a aussi rappelé qu’il avait soumis, en 2003, un projet de résolution visant à créer une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, qui « est toujours en bleu » faute d’avoir été adopté. Ce projet, qui va pourtant de pair avec les objectifs de l’AIEA, s’est heurté à l’objection des États-Unis, a dénoncé le représentant.
Dénonçant aussi le fait que « certains » continuent de nier que le véritable danger nucléaire est « celui de la pression exercée par Israël et ses armes nucléaires », le délégué a indiqué que la portée des missiles nucléaires israéliens est de 5 000 kilomètres. En réponse aux États qui « créent des fronts fictifs », il a fait valoir que « la question qui se pose est de savoir pourquoi et pour qui Israël a préparé ces missiles ».
Le représentant a également déploré que le Conseil de sécurité et l’AIEA n’aient pas condamné le refus d’Israël de coopérer avec l’Agence. À ses yeux, son refus manifeste de coopérer et le développement de ses capacités nucléaires « minent la crédibilité du régime de non-prolifération et menacent la stabilité de la région ». De fait, a-t-il ajouté, « nous aurions souhaité que le Directeur général de l’Agence aborde ces questions au lieu d’utiliser des expressions non concluantes ». Pour la délégation syrienne, a-t-il insisté, il est regrettable que l’AIEA n’ait pas pris les mesures nécessaires face aux « infractions » d’Israël concernant ses obligations internationales.
Le délégué a conclu son propos en demandant à l’AIEA ce qu’elle a fait pour appliquer la résolution adoptée il y a 30 ans par le Conseil de sécurité et qui enjoint Israël de placer ses installations nucléaires sous la surveillance et le contrôle de l’Agence.
M. DARREN HANSEN (Australie) a salué les activités de l’AIEA en 2015, qui vont de la sécurité nucléaire aux garanties, et celles toutes aussi importantes qualifiées d’« atomes pour la paix et le développement ». Il a rappelé qu’au cours de la période examinée, l’AIEA a appuyé ses États membres dans leurs efforts pour exploiter la science et la technologie nucléaires en vue d’atteindre leurs objectifs de développement durable et relever une gamme de défis mondiaux dont leurs besoins croissants en énergie, la protection de l’environnement, la sécurité alimentaire et la santé publique.
Résolument engagée dans le Programme de coopération technique de l’AIEA, l’Australie effectue des contributions extrabudgétaires régulières et en nature, notamment dans le cadre de l’Initiative sur les utilisations pacifiques. D’autre part, l’Australie s’emploie à faciliter la fabrication de produits radiopharmaceutiques grâce à la nouvelle usine d’exportation de molybdène-99 qui répondra à 20-25% de la demande mondiale.
D’un autre côté, l’Australie demeure préoccupée que, depuis avril 2009, l’AIEA n’ait pas été en mesure d’appliquer la moindre mesure de vérification en République populaire démocratique de Corée. Le représentant s’est tout de même félicité de l’adoption, à l’unanimité par le Conseil de sécurité, de la résolution 2321 en réponse au cinquième essai nucléaire de la RPDC, le 9 septembre dernier. Il a jugé qu’il est d’une importance cruciale que ce pays renonce à ses programmes nucléaires et de missiles, et honore ses obligations internationales s’agissant de la dénucléarisation de la péninsule coréenne.
M. OMAR HILALE (Maroc) a souhaité encore une fois attirer l’attention sur l’insuffisance des ressources financières par rapport aux attentes et aux besoins des États Membres, et sur la vulnérabilité du Programme de coopération technique qui est tributaire de contributions volontaires. Il est essentiel de mettre en place les mécanismes permettant de mettre à la disposition de la coopération technique des ressources financières suffisantes, assurées et prévisibles tel que le demandent les résolutions de la Conférence générale de l’Agence.
Le Maroc, a ajouté le représentant, attache une importance particulière au droit inaliénable des États parties au Traité sur la non-prolifération au développement, à la recherche, à la production et à l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques. Ce droit doit être pleinement respecté et exercé dans le plein respect des obligations en matière de non-prolifération, et des exigences et normes de sûreté et de sécurité sous le contrôle de l’AIEA.
Le Maroc appelle à l’universalisation des accords de garanties généralisées conclus dans le cadre du TNP, notamment au Moyen-Orient, pour contribuer à la concrétisation d’une zone exempte d’armes nucléaires dans cette région. Le représentant a déploré que la mise en œuvre de la résolution sur l’application des garanties de l’AIEA au Moyen-Orient n’ait connu aucun progrès depuis plusieurs années. Il a profondément regretté le blocage des efforts pour l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive au Moyen-Orient ainsi que l’échec de la Conférence des parties chargée de l’examen du TNP de 2015 qui n’a pas pu se mettre d’accord sur des mesures concrètes concernant le Moyen-Orient.
M. Hilale a appelé à l’intensification des efforts visant à réaliser l’objectif d’un monde sans armes nucléaires par le biais d’un processus de désarmement nucléaire transparent, vérifiable et irréversible, en tant qu’ultime garantie contre la prolifération et l’accès à ces armes nucléaires par des acteurs non-étatiques, notamment les groupes terroristes.
M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a estimé qu’au moment où l’AIEA marque son soixantième anniversaire, le thème « Les atomes pour la paix et le développement » témoigne du rôle central que joue l’Agence pour promouvoir l’utilisation pacifique des technologies nucléaires. Il a indiqué que son pays appréciait l’assistance fournie par l’Agence dans le domaine de la technologie nucléaire, particulièrement pour les services d’évaluation énergétique.
Le représentant s’est également félicité du soutien apporté à son pays par l’Agence dans les domaines de la sûreté des réacteurs, le renforcement de l’urgence radiologique et le contrôle environnemental. Il a ajouté que la Malaisie avait toujours considéré que l’Agence avait un rôle central à jouer dans l’architecture de sécurité nucléaire. En conséquence, a-t-il souligné, la coopération avec l’AIEA est notre responsabilité collective.
À cet égard, le délégué a estimé que la Conférence internationale sur la sécurité nucléaire qui s’est tenue au début du mois de décembre reflète clairement le rôle central que joue l’AIEA pour faciliter la coopération internationale en vue de renforcer la sécurité nucléaire dans le cadre de son Plan de sécurité nucléaire 2014-2017.