L’Assemblée générale envisage de nommer une personnalité éminente pour examiner les éléments nouveaux sur la mort de Dag Hammarskjöld et tient son débat annuel sur le sport dans le développement
L’Assemblée générale a tenu aujourd’hui son débat annuel sur le sport au service du développement et de la paix, en entendant, entre autres, la Fédération de Russie et le Brésil, pays organisateurs des derniers Jeux olympiques d’hiver et d’été. Elle a aussi été saisie d’un projet de résolution sur la nomination d’une « personnalité éminente » pour superviser le processus d’enquête sur les circonstances de la mort de Dag Hammarskjöld, ancien Secrétaire général de l’ONU.
Cinquante-cinq ans après la disparition tragique de Dag Hammarskjöld, le 17 septembre 1961 à Ndola, en Zambie, force est de constater que « nous ne connaissons toujours pas les circonstances entourant sa mort », a déclaré le représentant de la Suède en détaillant le contenu du projet de résolution. Il a indiqué qu’à la suite de l’adoption d’une résolution demandant au Secrétaire général d’assurer le suivi des demandes d’informations faites par le Groupe indépendant d’experts, de nouveaux documents sont apparus. Si leur authenticité et leur pertinence restent à déterminer, « il est de notre responsabilité partagée de poursuivre la recherche de toute la vérité », a souligné le représentant.
Dans cette perspective, le projet de résolution prévoit un dispositif de six paragraphes dont le premier, « le plus important », prie le Secrétaire général de « nommer une personnalité éminente chargée d’examiner d’éventuels éléments d’informations nouveaux, notamment ceux émanant d’États Membres, et d’en évaluer la valeur probante, de déterminer la portée à donner à toute nouvelle enquête et, si possible, de tirer des conclusions des enquêtes déjà effectuées ».
Ce projet de résolution ayant une légère incidence financière sur le budget-programme, son adoption est conditionnée à son examen, à la fin du mois de décembre, par la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires. Le représentant de la Suède a rappelé le magistère moral de l’ancien Secrétaire général ainsi que son dévouement pour l’indépendance de sa fonction, les idéaux de la Charte des Nations Unies et l’intégrité de l’Organisation.
Un autre hommage, cette fois adressé à l’actuel Secrétaire général, a été rendu par le Président du Comité international olympique (CIO), M. Mario Pescante, à l’occasion du débat annuel sur le sport au service du développement et de la paix. M. Ban Ki-moon, a-t-il dit, aura été « un véritable ami du sport et du mouvement olympique » tout au long de son mandat à la tête de l’ONU.
Saluant les progrès réalisés, grâce au sport, dans les domaines de la tolérance et de la solidarité, mais aussi de l’égalité homme-femme et du développement durable, il a mis l’accent sur l’importance du sport dans la construction de la paix. Il s’est félicité de l’adoption, l’an dernier, avant les Jeux de Rio, de la résolution généralement appelée « résolution de la trêve olympique ». À cet égard, a-t-il précisé, un nouveau cycle de consultations en vue d’une résolution appelant à la fin du conflit dans le contexte des Jeux d’hiver de PyeongChang en 2018 doit débuter dans les prochains mois.
Plusieurs délégations ont souligné le rôle que doit jouer le sport dans la mise en œuvre des 17 objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Le Cambodge a estimé que la quasi-totalité de ces objectifs pourraient être réalisés « pour autant que les efforts déployés soient en lien avec le sport en tant que catalyseur ». Monaco a justement parlé du projet innovant centré sur le sport du Fonds de contributions volontaires pour les objectifs de développement durable, qui sera lancé en 2017, en collaboration avec des agences de l’ONU, des athlètes, des équipes et des institutions sportives. Le pays a aussi appelé au maintien du Conseiller spécial sur le sport au service du développement et de la paix afin que les activités sportives participent au succès du Programme 2030.
Pays hôte des derniers Jeux d’hiver de 2014 et de la Coupe du monde de football de 2018, la Fédération de Russie a dénoncé les tendances à l’ingérence dans les affaires intérieures des pays, notamment les pressions exercées sur l’Association internationale des fédérations d’athlétisme avant les Jeux de Rio. Son représentant a pointé un doigt accusateur sur « la machine de propagande » qui, selon lui, a tourné à plein régime contre l’équipe paralympique russe.
Organisateur des Jeux de Rio, le Brésil a salué, avec émotion, l’élan de solidarité internationale qui a suivi l’accident dans lequel ont péri l’équipe de football de Chapecoense, des journalistes et d’autres personnes et qui montre une fois encore que le sport promeut réellement l’empathie et la sympathie.
Le Qatar s’est dit prêt à écrire l’histoire, avec la première Coupe du monde de football, dans un pays du Moyen-Orient, en 2022. Dans un registre plus politique, Cuba a dénoncé la « politique génocidaire » du blocus imposé par les États-Unis qui l’empêche d’acquérir des équipements sportifs, la culture de l’argent dans le sport et « le vol de talents » dont sont victimes les pays en développement. Israël s’est félicité que le CIO ait rendu hommage cette année aux 11 athlètes israéliens assassinés par le groupe terroriste palestinien Septembre noir lors des Jeux de Munich en 1972. Comme l’a résumé le Président du CIO, a rappelé le représentant israélien, « il s’agissait d’une attaque contre le pouvoir universel qu’a le sport d’unifier l’ensemble de l’humanité dans la paix et la solidarité ».
L’Assemblée générale reprendra ses travaux mercredi 7 décembre 2016 à partir de 10 heures en examinant un projet de résolution sur les océans et le droit de la mer.
LE SPORT AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT ET DE LA PAIX (A/71/179)
Déclarations
M. PETER THOMSON (Fidji), Président de l’Assemblée générale, a rappelé que, de tout temps, le sport a servi à soigner la forme physique et à renforcer l’esprit de communauté. « Nos ancêtres faisaient du sport pour impressionner les dieux, ils jouaient pour marquer les saisons et célébrer la paix après les conflits », a-t-il dit, relevant que la tradition grecque de la Trêve olympique s’appuie sur la reconnaissance du caractère crucial du sport pour édifier la paix et nourrir la bonne volonté. Le sport a ainsi été régulièrement utilisé à des fins de réconciliation, à l’image de Nelson Mandela qui, lors de la Coupe du monde de rugby 1995, s’est appuyé sur ce moment pour unifier le peuple d’Afrique du Sud dans la foulée de l’apartheid, a-t-il souligné.
Aujourd’hui, qu’il s’agisse d’enfants jouant au football, d’athlètes battant des records ou de l’équipe olympique des réfugiés entrant dans le stade de Rio à l’occasion des Jeux olympiques, le sport ne connaît pas de frontières et peut nous inspirer tous, a observé M. Thomson. Il a ajouté que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 reconnaît l’importance du sport comme « catalyseur » du développement durable et de la paix, car il promeut la tolérance et le respect, l’autonomisation des femmes et des jeunes, et contribue à la santé, à l’éducation et à l’intégration sociale. Pour le Président, la décision prise par l’Assemblée générale en 2013 de proclamer le 6 avril, Journée internationale du sport au service du développement et de la paix, a renforcé la prise de conscience mondiale quant au rôle que joue le sport dans ces domaines.
M. Thomson a également salué les efforts du Conseiller spécial sur le sport au service du développement et de la paix, notamment son Plan d’action et ses actions prioritaires en faveur du règlement des conflits, de l’égalité des sexes, du développement de l’Afrique et de l’intégration des personnes handicapées. Aujourd’hui, a-t-il conclu, nous célébrons le sport « pour le rôle qu’il joue dans le développement durable et la promotion de la bonne volonté » mais aussi « pour sa contribution à un monde plus pacifique, plus juste et plus durable ».
Mme ISABELLE PICCO (Monaco) a eu une pensée particulière pour les victimes de l’accident d’avion qui a endeuillé le Brésil alors que l’équipe de football de Chapecoense s’apprêtait à disputer sa première finale de la Coupe sud-américaine de football. Alors que le désarroi remplaçait la fierté et que la fête faisait place à la peine, les marques de solidarité et de sympathie venues de tous les continents ont été le symbole des plus beaux sentiments que le sport engendre, de notre attachement au langage universel du sport et de notre reconnaissance à ceux qui en promeuvent ses valeurs.
Depuis l’adoption de la résolution 69/6, en 2014, le Programme 2030 a consacré, l’an dernier, le sport comme un « élément important du développement durable ». La Déclaration politique reconnaît la « contribution du sport au développement et à la paix, par la tolérance et le respect qu’il préconise; à l’autonomisation des femmes et des jeunes, de l’individu et de la collectivité; et à la réalisation des objectifs de santé, d’éducation et d’inclusion sociale ». Ensemble, nous devons saisir le plein potentiel qu’offre le sport dans les trois piliers du développement durable.
Le projet de résolution qui sera prochainement adopté appelle à maintenir le mandat du Conseiller spécial afin que le sport contribue au succès du Programme 2030 et que l’héritage de plus de 10 ans de travail soit préservé et développé. Réaffirmant que le Programme 2030 est notre feuille de route, la représentante a énuméré les initiatives de son pays pour le développement du sport comme le projet innovant centré sur le sport du Fonds de contributions volontaires pour les objectifs de développement durable, le « SDG Fund », qui est un mécanisme inter-agences. Ce projet qui sera lancé en 2017, associe, en collaboration avec des agences de l’ONU, des athlètes, des équipes et des institutions sportives. « Nous espérons que d’autres partenaires rejoignent cette prometteuse initiative. »
M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a reconnu que le sport a un potentiel unificateur important et constitue un moteur du développement socioéconomique. La Fédération de Russie a une grande expérience dans l’organisation de manifestations sportives internationales comme ce fut le cas pour les Jeux olympique de Sotchi en 2014, a rappelé le représentant. Il a indiqué que le nombre de personnes pratiquant le sport a augmenté de 35% ces dernières années dans son pays dont le Gouvernement fait tout ce qui est en son pouvoir pour assurer le succès de la Coupe du monde de football en 2018. Quelque 269 installations sportives, 122 stades et terrains d’entraînement ont été construits, sans oublier les centres de santé et de tourisme.
Le représentant a dénoncé les tendances à l’ingérence dans les affaires intérieures des pays et, par exemple, les pressions exercées sur l’Association internationale des fédérations d’athlétisme (IAAF), avant les derniers Jeux olympiques de Rio. M. Churkin a rejeté les accusations contre son pays, pointant un doigt accusateur sur « la machine de propagande » qui a tourné à plein régime même après les Jeux de Rio contre l’équipe paralympique russe « éliminée sans justification ».
C’est le sport paralympique qui en a souffert et la compétition internationale qui en subit les conséquences. La Fédération de Russie, a-t-il assuré, a dûment amélioré la loi contre le dopage et a mis en place une commission antidopage et augmenté les financements nécessaires. Des campagnes de sensibilisation et de plaidoyer sur la tolérance zéro à l’égard des substances interdites sont également menées. Le représentant a jugé important d’informer pleinement les athlètes sur les substances interdites car le sport doit être transparent, ouvert et protégé de tout ce qui peut nuire aux athlètes.
Mme LILIANNE SÁNCHEZ RODRÍGUEZ (Cuba) a déclaré que son pays considère l’accès gratuit au sport comme un élément constitutif de la qualité de vie de sa population. À ses yeux, l’une des plus grandes réussites de la révolution cubaine en matière de droits de l’homme est d’avoir érigé la pratique du sport en droit constitutionnel.
Pour garantir ce droit, Cuba a mis en place un système pédagogique à l’intérieur duquel l’éducation physique fait partie intégrante de la formation des citoyens, y compris chez les enfants, ce qui permet au pays de repérer les futurs talents qui pourront représenter le pays dans l’arène internationale.
Cuba coopère avec de nombreux pays en développement sur le plan sportif, notamment en mettant à leur disposition des méthodes visant à améliorer les résultats sportifs, ainsi que des éducateurs sportifs et des entraineurs. Cuba, a-t-elle poursuivi, leur donne également accès à son Institut de médecine sportive et à son laboratoire antidopage. La déléguée a en outre souligné la création par son pays d’une École internationale d’éducation physique et sportive, destinée à former des professionnels dans les pays en développement.
La déléguée cubaine a toutefois regretté que la « politique génocidaire du blocus économique, financier et commercial imposé à Cuba » par les États-Unis ait empêché l’acquisition d’équipements sportifs sur le marché américain. Elle a également dénoncé la culture de l’argent dans le sport et « le vol de talents » dont sont victimes les pays en développement.
Au lieu de dépenser des milliards de dollars en armements, les États feraient mieux de financer des projets de coopération internationale en matière de culture, de sport, d’éducation et de santé, a tranché la représentante.
M. PETER STONE (Australie) a souligné que la capacité du sport à rassembler les individus, dans et entre les communautés, en fait un outil précieux pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable. Partant de ce constat, M. Stone a indiqué que faire du sport un catalyseur du développement durable est l’un des objectifs de la Stratégie de diplomatie sportive australienne 2015-2018. Dans ce cadre, le délégué a précisé que l’Australie a investi plus de 50 millions de dollars dans des programmes de développement dans la région Asie-Pacifique.
Les programmes australiens de sport au service du développement, a poursuivi M. Stone, soutiennent le développement des communautés au niveau local, par le biais d’une coopération entre les organisations sportives australiennes et leurs homologues de la région Asie-Pacifique. Ils peuvent également servir à améliorer la santé des populations, a-t-il ajouté. À titre d’exemple, le délégué a indiqué que l’un de ces programmes australiens, à Tsonga et Samoa, vise à combiner l’exercice physique et l’amélioration de l’alimentation.
Ces programmes, a poursuivi M. Stone, contribuent aussi à lutter contre les stéréotypes de genre et la violence contre les femmes, ainsi qu’à améliorer l’intégration des personnes handicapées. C’est notamment le cas à Kiribati, où l’un des programmes australiens a pour but de développer la pratique du sport chez 200 patients d’un établissement de santé mentale.
Le représentant a déclaré que son pays continuera à promouvoir la pratique du sport dans les communautés pour son impact positif sur le développement de la région.
M. NIZAR AMER (Israël) a estimé que le sport peut aider à construire des sociétés plus inclusives, à promouvoir le développement et à renforcer un avenir de coexistence pacifique. Alors que nous célébrons cette année le cent vingtième anniversaire du renouveau des Jeux olympiques, a-t-il observé, l’objectif du mouvement olympique doit être rappelé: édifier un monde meilleur et plus pacifique, « ce qui est loin d’être toujours le cas ». Le délégué a ainsi rappelé que, lors des Jeux olympiques de 1972, des terroristes du groupe palestinien Septembre noir avaient assassiné 11 membres de la délégation israélienne. Quarante-quatre ans plus tard, le Comité international olympique (CIO) leur a rendu hommage cette année en soulignant que cette attaque ne visait pas seulement des athlètes mais aussi les valeurs que représente le village olympique. Comme l’a résumé le Président du CIO, M. Thomas Bach, « il s’agissait d’une attaque contre le pouvoir universel qu’a le sport d’unifier l’ensemble de l’humanité dans la paix et la solidarité ».
Pour le délégué israélien, cet événement tragique démontre que le sport ne devrait pas être utilisé comme une incitation à la haine. Tout au contraire, il faut protéger son message pacifique et son caractère neutre, a-t-il plaidé. Notant que, dans les équipes nationales israéliennes, des musulmans, des chrétiens et des juifs portent la même tenue, il a aussi mis l’accent sur le programme social « Mamanet », fondé par une mère israélienne et qui réunit des mères de tout âge et de toutes origines autour du sport. « Mamanet » est plus qu’une ligue sportive, c’est une plateforme sociale et un modèle unique déjà adopté en Autriche, en Grèce, à Chypre et aux États-Unis, a-t-il expliqué. À ses yeux, ce type de programme, également illustré par le Centre Shimon Peres pour la paix, favorise l’entente réciproque, la tolérance et l’esprit d’équipe. Il permet de panser certaines plaies et de surmonter les différences, a conclu le représentant, estimant que la promotion des valeurs liées au sport peut contribuer à un monde plus pacifique pour les générations à venir.
Mme AFRAA ALSALEH (Qatar) a indiqué que dans son pays, le Ministère du sport et de la jeunesse appuie toutes les initiatives des centres sportifs et des clubs et le Comité olympique national favorise la pratique du sport à tous les niveaux. Le pays est membre du Groupe des Amis du sport au service du développement et dans le cadre du Programme 2030, il a proclamé le 2 février, « Journée nationale du sport » qui est un jour férié célébrant les principes du sport et visant à promouvoir la pratique du sport, y compris chez les femmes. La représentante a rappelé que son pays organise de nombreuses compétitions sportives internationales et des tournois régionaux car « nous croyons que le sport peut servir de pont entre les peuples ». Elle n’a pas manqué de souligner que c’est son pays qui accueillera en 2022 la Coupe du monde de football, première Coupe organisée au Moyen-Orient qui sera suivie, faut-il espérer, d’autres grandes manifestations sportives.
M. LIM MUN PONG (Singapour) a dit que son pays compte sur le sport pour une plus grande intégration, acceptation et compréhension des personnes handicapées. Un Plan directeur a été lancé l’année dernière par lequel tout le monde, indépendamment de sa capacité, peut prendre part voire exceller dans le sport. Le Plan directeur va exploiter le potentiel du sport pour faire en sorte que les personnes handicapées mènent une vie active.
Il vise à améliorer l’accès des personnes handicapées au sport, à développer et à faire croître le nombre de sportifs professionnels et d’éducateurs ayant une expertise dans le sport et les personnes handicapées, et accroître la sensibilisation du public et le soutien aux athlètes. Il s’agit d’une mesure concrète qu’a prise Singapour pour édifier une société plus inclusive. Le Plan directeur a déjà produit quelques résultats.
Aux Jeux paralympiques de Rio, Singapour a aligné la plus grande équipe de son histoire, soit 13 athlètes dans six épreuves sportives. L’équipe est revenue avec deux médailles d’or et une médaille de bronze, le meilleur résultat de tous les temps. Le représentant a cité l’exemple de la nageuse Yip Pin Xiu qui a remporté ses deuxième et troisième médailles d’or, battant du même coup deux records du monde. Le représentant a rappelé que son pays a accueilli en décembre dernier les huitièmes Jeux paralympiques de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) qui a vu la participation de près de 1 400 athlètes venant de 11 pays pour concourir dans 15 disciplines et 336 épreuves, sur le thème « Célébrons l’extraordinaire ».
Quoique le sport ait été utilisé en de nombreuses occasions comme un outil de propagande politique, a convenu M. SURYANARAYAN SRINIVAS PRASAD (Inde), il permet dans l’immense majorité des cas de rassembler les peuples et les nations. S’agissant de l’Inde, le représentant a souligné que les deux sports les plus populaires du pays, le cricket et le hockey, reflètent la diversité de la population indienne, car les joueurs parlent des langues différentes, pratiquent des religions variées et ont des origines sociales multiples.
L’objectif de la politique sportive de l’Inde, a-t-il expliqué, est d’attirer un nombre suffisamment important de jeunes pour pouvoir ensuite utiliser ces plateformes sportives comme un outil de développement social, d’éducation et d’éradication de la pauvreté. À titre d’exemple, le représentant a cité l’ONG « Bus magique », basée à Mumbai, qui, avec le soutien des autorités locales, utilise le sport pour changer les comportements des jeunes issus de milieux défavorisés en matière de genre, d’éducation et de santé.
« Le sport est le reflet de la société », a déclaré le délégué indien, ajoutant que la déliquescence des valeurs, la violence, la corruption et le dopage ont naturellement fait leur entrée dans l’arène sportive. M. Prasad a toutefois appelé à lutter contre ces différents maux pour préserver les nobles idéaux du sport.
M. RY TUY (Cambodge) s’est déclaré heureux que le sport soit reconnu comme « catalyseur » du développement et de la paix. Son importance est réaffirmée dans les Documents finaux du Sommet mondial de 2005 et du Sommet du Millénaire de 2010, a-t-il souligné, notant que, pour le Cambodge, le sport joue à bien des égards un rôle dans la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Le sport est ainsi présent dans les 17 objectifs de développement durable et peut participer à leur mise en œuvre, a-t-il estimé. À ses yeux, la contribution croissante du sport a déjà porté ses fruits dans les pays qui comptent des populations autochtones, des jeunes handicapés, des jeunes en zones de conflit et des adolescentes enceintes. De fait, a-t-il dit, la quasi-totalité des objectifs de développement durable pourraient être réalisés « pour autant que les efforts déployés soient en lien avec le sport en tant que catalyseur ».
Le délégué a par ailleurs indiqué qu’après la guerre civile et les conflits internes, le Cambodge s’employait aujourd’hui à redonner au sport la place qu’il mérite. Le Gouvernement met tout en œuvre pour accélérer le développement dans tous les domaines et le sport est en train de se relever, faisant notamment son entrée dans les écoles primaires et secondaires, a-t-il assuré. De plus, des infrastructures sportives ont été rénovées, des entraîneurs ont été formés et des clubs ont été équipés. À cet égard, a-t-il poursuivi, le Cambodge a accueilli plusieurs des compétitions internationales comme le Championnat de football de l’Association des nations De l’Asie du Sud-Est. Il accueillera les Jeux d’Asie du Sud-Est en 2023 et construit à cet effet un vaste complexe sportif. Dans ce contexte, le représentant a affirmé que son pays se tenait prêt à coopérer avec des pays ou des groupes régionaux pour tirer au maximum parti du potentiel du sport en relation avec le Programme 2030.
M. FABRICIO ARAÚJO PRADO (Brésil) a remercié l’élan de solidarité internationale après l’accident dans lequel ont péri l’équipe de football de Chapecoense, des journalistes et d’autres personnes encore. Cette solidarité a soulagé les membres de leur famille et leurs proches et montre une fois encore que le sport promeut réellement l’empathie et la sympathie. « Merci à l’ONU et aux États Membres pour les condoléances et les marques de sympathie qui nous ont été adressées », a terminé le représentant.
M. MARIO PESCANTE, Observateur permanent du Comité international olympique (CIO), a remercié le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-Moon, pour son rapport biennal, saluant l’action de celui qui aura été « un véritable ami du sport et du mouvement olympique » tout au long de son mandat à la tête de l’Organisation. Au cours des deux années écoulées, de grands progrès ont été accomplis mais beaucoup reste à faire, a souligné l’Observateur permanent.
Notant que le secteur du sport est prêt à participer de façon décisive à la programmation et à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, il a assuré que l’adoption de l’Agenda olympique 2020, feuille de route stratégique pour l’avenir du CIO, avait renforcé la mission du Comité en faveur du développement social par le sport. Il a par ailleurs estimé que les récents Jeux olympiques de Rio avaient démontré la puissance du sport « quand un pays profondément divisé socialement, économiquement et politiquement se rassemble dans un rare moment d’unité ».
Les Jeux de Rio ont aussi permis de diffuser un message de paix, de tolérance et de respect, illustré par la toute première équipe olympique composée de réfugiés qui a donné de l’espoir à des millions de personnes à travers le monde, a-t-il poursuivi, assurant que le CIO resterait à leurs côtés, au-delà de cette compétition. Les Jeux ont par ailleurs servi à promouvoir l’égalité homme-femme, comme en témoigne le fait que 45% des athlètes présents à Rio étaient des femmes.
L’Observateur permanent a également indiqué que le CIO, en tant que possible « catalyseur » du développement durable de villes, avait pour ambition d’incorporer la durabilité dans tous les aspects des Jeux et d’encourager le mouvement olympique à inclure ce concept dans ses opérations quotidiennes. Il a enfin souligné l’importance du sport dans la construction de la paix et s’est félicité de l’adoption, avant les Jeux de Rio l’an dernier, de la résolution de l’Assemblée généralement appelée « résolution de la trêve olympique ». À cet égard, a-t-il dit, un nouveau cycle de consultations en vue d’une résolution appelant cette fois à la fin du conflit dans le contexte des Jeux olympiques d’hiver à PyeongChang en 2018 doit débuter dans les prochains mois. Il a souhaité que ces efforts obtiennent l’appui de l’Assemblée générale et de tous ses États Membres.