Assemblée générale: la poursuite des politiques de colonisation d’Israël éveille des inquiétudes quant à la survie de la solution des deux États
À l’aube du cinquantième anniversaire de l’occupation israélienne, l’Assemblée générale a débattu cet après-midi de la question de Palestine dans un climat d’impatience teinté d’impuissance. Si des délégations ont appuyé l’idée du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien de proclamer 2017, « année internationale pour mettre fin à l’occupation israélienne », la plupart des intervenants ont essentiellement dénoncé l’attitude d’Israël et appelé à une responsabilisation de la « Puissance occupante », tout en regrettant que l’inertie du Conseil de sécurité sur ce dossier vieux de 69 ans mette en péril l’espoir de la solution de deux États.
Le Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, M. Fodé Seck, a rappelé que l’Assemblée générale se réunissait pour ce débat récurrent au soixante-neuvième anniversaire de sa résolution 181 (II) sur la partition de la Palestine historique en un État d’Israël et un État de Palestine. Or, a-t-il déploré, l’année prochaine ne marquera pas seulement « sept décennies de promesses non tenues » mais aussi 50 ans d’occupation par Israël des terres palestiniennes et de leurs habitants. « Cinquante ans d’occupation, c’est 50 ans d’implantations de colonies, 50 ans d’annexion patente de Jérusalem-Est, 50 ans d’oppression et de punitions collectives », a-t-il résumé, avant de présenter des projets de résolution sur les travaux de son Comité qui entend demander à l’Assemblée de proclamer 2017, « année internationale pour mettre fin à l’occupation israélienne ». Les textes portent aussi sur les travaux de la Division des droits des Palestiniens du Secrétariat et du Programme d’information spécial sur la question de Palestine du Département de l’information, recommandant à l’Assemblée générale de réaffirmer l’importance des mandats qu’elle a confiés à ces entités.
Mais le Président du Comité s’est surtout attardé sur un quatrième projet de résolution relatif au « règlement pacifique de la question de Palestine ». Si elle l’adopte, l’Assemblée générale demanderait qu’il soit envisagé de prendre des « mesures de responsabilisation », conformément au droit international, dans le cas où Israël persiste à ne pas tenir compte des appels à la cessation complète de toutes les activités d’implantation de colonies, prérequis pour préserver les chances d’aboutir à la solution des deux États, à l’intérieur de frontières fondées sur celles d’avant 1967, de mettre finalement un terme à l’occupation et de réaliser les droits du peuple palestinien.
Au cours de la seule année écoulée, a souligné l’Observateur permanent de l’État de Palestine, M. Riyad Mansour, Israël a persisté dans ses violations flagrantes du droit international, et ce, « en toute impunité », comme l’a relevé un rapport du Quatuor de juillet dernier. À l’instar de l’immense majorité des délégations, l’Observateur n’a pas caché sa déception et sa frustration devant « l’absence de vrais efforts » visant à déterminer les responsabilités politiques et juridiques à l’égard de la question de Palestine, qui, a-t-il dit, est « au cœur du conflit israélo-arabe ». Le « silence » du Conseil de sécurité se poursuit « de façon irrationnelle et inacceptable » en dépit du mépris affiché par Israël vis-à-vis de ses décisions, ce qui a pour effet d’entretenir un conflit qui est à l’origine de l’instabilité de la région et la cause de grandes souffrances humaines.
Il a été rejoint par le Liban qui a jugé qu’il est temps que les Nations Unies aillent au-delà des simples condamnations et que le Conseil de sécurité prenne ses responsabilités en appliquant ses propres résolutions pertinentes. La Jordanie, autre terre d’accueil historique des réfugiés palestiniens, s’est également montrée impatiente devant le « mépris » d’Israël à l’égard des résolutions de l’ONU et a jugé que la fin des colonies de peuplement, « ligne rouge » pour la solution des deux États, devait être la priorité absolue pour sortir de l’impasse actuelle. Même son de cloche de la part de l’Union européenne, qui a dit voir dans cette politique illégale un obstacle à la paix et à la solution plébiscitée par la communauté internationale.
Devant ce concert de protestations, Israël a regretté les « déformations historiques » auxquelles donne lieu ce traditionnel débat. « Chaque année, à la même date, cette instance organise un nouveau festival cynique visant à dénigrer Israël », a constaté son représentant, estimant qu’un tel exercice ne fait que renforcer la « culture de victimisation » des Palestiniens.
« On nous répète continuellement que les colonies font obstacle à tout progrès », pourtant, a dit le représentant, Israël a gelé en 2010 les constructions de colonies « en signe de bonne volonté », avec pour seul résultat, le refus des Palestiniens de s’assoir à la table des négociations. « L’absence de progrès en faveur de la paix n’a rien à voir avec les colonies », a tranché le délégué qui a suggéré aux États Membres d’arrêter d’adopter des résolutions qui ne font rien pour promouvoir la paix et de fermer les agences ou comités « dont l’objectif est de s’assurer que le conflit ne prenne jamais fin ». Il a enfin exhorté la communauté internationale à exiger des dirigeants palestiniens qu’ils reviennent à la table des négociations et mettent fin au « cycle du refus et de la violence ».
Dans ce contexte, plusieurs délégations ont salué les efforts de la Fédération de Russie mais aussi de la France qui entend convoquer une conférence internationale de paix ainsi que les initiatives de paix des États arabes et du Quatuor. Ces efforts doivent toutefois être accompagnés par l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité, dans le respect du droit international, a averti l’observateur palestinien, exprimant le souhait qu’en dépit du « cynisme ambiant », les objectifs de paix se réalisent en 2017.
Se disant « optimiste » quant à une relance des efforts internationaux en faveur de la solution des deux États, M. Peter Thomson, Président de l’Assemblée générale, a salué le travail vital de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). Il a exhorté les États Membres à combler de toute urgence le déficit de 74 millions de dollars qu’accuse l’Office.
M. Thomson a suspendu le débat, en saluant la mémoire de Fidel Castro, « l’une des figures emblématiques du XXe siècle » et en présentant ses sincères condoléances à sa famille, ainsi qu’au Gouvernement et au peuple de Cuba.
L’Assemblée générale reprendra son débat demain, mercredi 30 novembre 2016 à partir de 10 heures.
QUESTION DE PALESTINE (A/71/35), (A/71/359) ET (A/71/174)
Déclarations
Soulignant l’instabilité à laquelle est en proie le Moyen-Orient, M. PETER THOMSON (Fidji), Président de l’Assemblée générale, a averti qu’au moment où se tenait ce débat, les conflits en Syrie et au Yémen, la crise des réfugiés, la montée de l’extrémisme et du terrorisme et la poursuite de la construction de colonies de peuplement en territoire palestinien se combinent pour créer « une situation hautement inflammable » dans la région.
Dans ce contexte, il s’est déclaré très préoccupé par la détérioration de la situation tant sécuritaire qu’humanitaire dans de nombreuses zones de la région, appelant les parties à intensifier leurs efforts pour la recherche de solutions pacifiques et à coopérer étroitement avec les Nations Unies et leurs agences humanitaires afin d’apporter, de toute urgence, une assistance aux populations affectées.
Affirmant que l’occupation du territoire palestinien depuis 1967 continue de violer les principes de l’ONU, il a noté que cette situation a des répercussions dans toute la région. De fait, a ajouté M. Thomson, trouver un règlement juste, durable et global de la question de Palestine, comme le réclame l’Assemblée, est impératif pour parvenir à rétablir de façon durable la paix et la stabilité au Moyen-Orient. Dans ce cadre, a-t-il insisté, l’ONU assumera la responsabilité de cette question jusqu’à son règlement « dans tous ses aspects et conformément au droit international ».
À cette fin, le Président a appelé les parties à s’abstenir de tout acte de violence, à se conformer strictement au droit international, à rétablir la confiance politique, à construire un climat de paix et à reprendre les négociations. Pour cela, a-t-il dit, les dirigeants des deux parties doivent faire preuve de retenue, Israël doit geler ses implantations illégales dans le territoire palestinien et le statu quo historique doit être respecté s’agissant des Lieux saints de Jérusalem.
Se disant optimiste quant à une relance des efforts internationaux en faveur de la solution des deux États, l’un israélien, l’autre palestinien, il a salué le travail vital que joue depuis 65 ans l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). Il a remercié les donateurs et les pays hôtes pour leur soutien à l’UNRWA, notant qu’il permettait de fournir une éducation et des opportunités d’emploi aux jeunes palestiniens et de répondre au phénomène de radicalisation. Le Président s’est cependant déclaré très inquiet par les difficultés financières de l’Office et a exhorté les États Membres à combler de toute urgence le déficit de 74 millions de dollars qu’il accuse.
M. FODÉ SECK, Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a rappelé que l’Assemblée générale se réunit aujourd’hui au soixante-neuvième anniversaire de la résolution 181 (II) sur la partition de la Palestine historique en un État d’Israël et un État de Palestine. Pourtant, ce dernier, a insisté le Président, se voit refuser jusqu’au aujourd’hui son indépendance. L’année prochaine, a-t-il poursuivi, ne marquera pas seulement sept décennies de promesses non tenues mais aussi le cinquantième anniversaire de l’occupation par Israël des terres palestiniennes et de leurs habitants. Cinquante ans d’occupation, c’est, a insisté le Président, 50 ans d’implantations de colonies, 50 ans d’annexion patente de Jérusalem-Est, 50 ans d’oppression et de punition collective pour les Palestiniens. En somme, s’est-il résumé, c’est 50 ans de déni des droits de l’homme les plus élémentaires, « un déni de liberté ».
Notre Comité, a affirmé le Président, continuera de défendre les droits inaliénables des Palestiniens, à commencer par leur droit à la liberté et l’autodétermination. Il a constaté avec satisfaction que des États dont la France, la Fédération de Russie et l’Égypte ainsi que le Quatuor s’emploient eux aussi à trouver des moyens d’avancer. Le Président a mis en garde contre le sentiment que la question de Palestine est « contenue ». Rien ne saurait être plus loin de la vérité: nous ne pouvons douter, a-t-il averti, que l’un des principaux outils de recrutement utilisés par les groupes extrémistes violents est « la plaie purulente, l’injustice grave » que constitue la question de Palestine.
Chaque jour qui passe dans ce climat d’injustice, chaque image de l’usurpation et de la colonisation des terres palestiniennes, chaque vidéo dans laquelle un Israélien frappe un enfant ou humilie un Palestinien ou une Palestinienne, chaque récit du blocus qu’Israël continue d’imposer sans pitié à Gaza ne fait qu’alimenter le discours des groupes extrémistes et facilite, pour des groupes comme Daech et Al-Qaida, le recrutement des jeunes marginalisés et désabusés. Le conflit qui entoure la question de Palestine n’est pas l’affaire de quelques-uns et ne saurait l’être, a insisté le Président. Il s’agit d’un problème non seulement régional mais aussi mondial dont nous subissons tous les retombées où que nous vivions.
« Palestinian lives matter », a-t-il dit, pour reprendre un slogan d’actualité, avant de présenter les projets de résolution sur les travaux de son Comité, de la Division des droits des Palestiniens du Secrétariat et du Programme d’information spécial sur la question de Palestine du Département de l’information. Dans ces textes, le Comité recommande à l’Assemblée générale de réaffirmer l’importance des mandats qu’elle a confiés à ces entités. L’Assemblée prierait ainsi le Comité, à l’aube de la cinquantième année de l’occupation israélienne, de s’employer essentiellement en 2017, à mettre fin à cette occupation et à contribuer à une paix juste.
L’Assemblée renouvellerait aussi le mandat de la Division des droits des Palestiniens et prierait le Secrétaire général de la doter des ressources dont elle a besoin. Quant au Programme d’information spécial sur la question de Palestine, l’Assemblée demanderait la poursuite des initiatives qui contribuent à créer un climat propice au dialogue et favorable à l’avancée des efforts de paix.
Le Président du Comité s’est particulièrement attardé sur le projet de résolution relatif au « règlement pacifique de la question de Palestine ». Dans ce texte, l’Assemblée demande qu’il soit envisagé de prendre des mesures de responsabilisation, conformément au droit international, si Israël persiste à ne pas tenir compte des appels à la cessation complète de toutes les activités d’implantation de colonies, ce qui est un prérequis pour préserver les chances d’aboutir à la solution des deux États, à l’intérieur de frontières fondées sur celles d’avant 1967, de mettre finalement un terme à l’occupation et de réaliser les droits du peuple palestinien.
M. RIYAD MANSOUR, Observateur permanent de l’État de Palestine, a observé que ce « débat important » de l’Assemblée générale coïncidait avec la trente-neuvième Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien. Il a exprimé l’espoir qu’à l’occasion du cinquantième anniversaire de l’occupation israélienne, cette Journée marquera, l’année prochaine, la célébration d’une solution juste, globale et durable de la question de Palestine, de l’indépendance de l’État de Palestine, de la réalisation des droits des Palestiniens et d’une paix véritable entre Israéliens et Palestiniens.
Rendant hommage au Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, qui depuis 40 ans soutient l’aspiration légitime de ce peuple à vivre en paix et en sécurité sur son propre territoire, l’Observateur permanent a également salué l’action du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, et de son adjoint aux affaires politiques, M. Jeffrey Feltman, sans oublier le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, M. Nikolay Maldenov.
Il n’a cependant pas caché sa déception et sa frustration devant l’absence de vrais efforts pour déterminer les responsabilités politiques et juridiques à l’égard de la question de Palestine, qui, a-t-il dit, est au cœur du conflit israélo-arabe. Le « silence » du Conseil de sécurité se poursuit « de façon irrationnelle et inacceptable » en dépit du mépris affiché par Israël, Puissance occupante, vis-à-vis de ses décisions et des violations graves et systématiques auxquelles se livre cet État, entretenant un conflit qui est à l’origine de l’instabilité de la région et des grandes souffrances humaines, a-t-il martelé. M. Mansour s’est interrogé sur l’inertie du Conseil de sécurité, en dépit de ses résolutions et du mandat que lui confie la Charte des Nations Unies.
Au cours de la seule année écoulée, Israël a persisté dans ses violations flagrantes du droit international dans le Territoire palestinien occupé, et ce, en toute impunité, s’est-il insurgé, dénonçant notamment des enfreintes à la quatrième Convention de Genève et à toutes les normes des droits de l’homme, ce qui a pour effet de détruire les perspectives de paix et d’intensifier le sentiment de détresse de la population palestinienne. Comme l’a relevé un rapport du Quatuor en juillet dernier, a-t-il poursuivi, 2016 a vu Israël poursuivre sans relâche sa colonisation, y compris Jérusalem-Est, et ses punitions et intimidations à l’encontre des Palestiniens, sans oublier le blocus inhumain de la bande de Gaza.
Face à cette situation « totalement instable », qui met en péril la solution de deux États, en confirmant la réalité d’un seul État, comparable à un « apartheid », l’Observateur permanent a appelé, à l’instar du Quatuor, à des mesures pour inverser la tendance négative sur le terrain. Si Israël persiste dans son refus de cesser sa politique de colonisation et de violations, la communauté internationale, à commencer par l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité de l’ONU, doit envisager de le tenir pour responsable de ses actes et l’obliger à se conformer à ses obligations juridiques, a insisté l’Observateur permanent.
Sur la base d’un règlement de paix prévoyant la fin de l’occupation, la création d’un État indépendant avec Jérusalem-Est pour capitale et une solution juste à la question des réfugiés palestiniens, les dirigeants palestiniens sont prêts à une totale coopération avec les partenaires régionaux et internationaux, a assuré M. Mansour. Il a ainsi réitéré son soutien aux efforts de la France visant à convoquer une conférence internationale de paix ainsi qu’aux initiatives de paix des États arabes et du Quatuor. Ces efforts doivent toutefois être accompagnés par l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité, dans le respect du droit international, a-t-il conclu, exprimant le souhait que les objectifs de paix se réalisent en 2017, « en dépit du cynisme ambiant ».
M. DANNY DANON (Israël) a dénoncé les incendies criminels qui ont frappé Haïfa et Jérusalem ces derniers jours, qualifiant leurs auteurs de terroristes. Il a appelé la communauté internationale à condamner ces actes de terreur, qui mettent en danger la vie des citoyens israéliens.
« Chaque année, à la même date, cette instance organise un nouveau festival cynique visant à dénigrer Israël », a ensuite déclaré M. Danon, dénonçant les « déformations historiques » auxquelles se livrent à cette occasion les intervenants. Or, à ses yeux, un tel exercice ne fait que renforcer la « culture de victimisation » des Palestiniens.
En réalité, a-t-il poursuivi, depuis 1947, les dirigeants palestiniens n’ont eu de cesse de démontrer qu’ils ne veulent pas de la paix. En 1947, a rappelé M. Danon, les Nations Unies ont voté en faveur de la « partition de la terre » entre un État juif et un État arabe. « Nous savons tous ce qui s’est produit: les Juifs ont dit oui; les Arabes ont dit non », a-t-il affirmé, ajoutant que, 69 ans plus tard, les Palestiniens ne veulent toujours pas de solution pacifique à ce conflit.
Selon le délégué israélien, « le refus arabe du plan de partage » ne s’enracine pas dans la volonté de créer un autre État arabe, mais dans l’opposition au principe d’une patrie pour le peuple juif. Depuis 1947, a affirmé M. Danon, le même schéma continue de se reproduire indéfiniment. « Chaque fois qu’Israël fait des compromis pour la paix, les Palestiniens rejettent toute offre et tout plan, avant de lancer des vagues de violence et de terreur contre le peuple israélien ».
Entre 1948 et 1967, a poursuivi le représentant, « lorsque le territoire était sous contrôle arabe », ses résidents ne faisaient pas appel à des forums internationaux pour demander la création d’un État. « Les États arabes n’ont pas levé le petit doigt » et lorsqu’en 1967, Israël a été attaqué sur trois fronts, avant de mettre en échec les armées arabes en l’espace de six jours, il a une nouvelle fois lancé un appel à la paix. « Le monde arabe a répondu par un refus sans équivoque », a affirmé le représentant.
« On nous répète continuellement que les colonies font obstacles à tout progrès », mais, a rétorqué M. Danon, Israël avait gelé la construction de colonies en 2010 « en signe de bonne volonté ». Pendant 10 mois, pas un seul appartement n’a été construit et tout cela pour entendre les Palestiniens refuser de s’assoir à la table des négociations. Le manque de progrès n’a rien à voir avec les colonies, en a conclu le représentant.
Chaque fois qu’Israël tente de faire des compromis et des concessions, les Palestiniens invoquent une nouvelle excuse pour mettre un terme aux négociations, a accusé le représentant. « Il y a toujours quelque chose qui manque, toujours une raison de ne pas s’assoir et de discuter », s’est-il impatienté.
Le délégué israélien n’a pas manqué de dénoncer la corruption des dirigeants palestiniens qui détournent les fonds destinés à leur peuple. Mais il n’y a pas que la corruption généralisée, a-t-il poursuivi. Les leaders palestiniens allouent aussi des dizaines de millions de dollars au terrorisme. En réalité, a dit comprendre le représentant, les Palestiniens, qui vivent de l’aide de la communauté internationale, n’ont aucune intention de renoncer à cette manne: les dirigeants palestiniens ne veulent ni de la paix ni de la responsabilité de gouverner un État.
Le représentant a appelé les États Membres à arrêter d’adopter des résolutions qui ne font rien pour promouvoir la paix et à fermer les agences et les comités « dont l’objectif est de pérenniser le conflit ». Il a également exhorté la communauté internationale à exiger des dirigeants palestiniens qu’ils reviennent à la table des négociations et mettent fin au « cycle du refus et de la violence ».
M. JOÃO PEDRO VALE DE ALMEIDA, Chef de la délégation de l’Union européenne, s’est dit gravement préoccupé par les tendances sur le terrain qui menacent la viabilité de la solution des deux États. Ces derniers mois, nous avons vu l’accélération des tendances négatives et contraires aux recommandations du Quatuor. L’Union européenne a une position claire qui est la réalisation de la solution des deux États. La même solution qui depuis Oslo a été identifiée comme l’objectif de tous les gouvernements israéliens, des dirigeants palestiniens et de la communauté internationale: une solution négociée qui répond aux besoins sécuritaires des Israéliens et aux aspirations des Palestiniens à un État, à la souveraineté, à la fin de l’occupation et au règlement de toutes les questions liées au statut permanent.
Le représentant s’est dit extrêmement préoccupé par l’escalade de la violence et les tensions. Il a condamné tous les actes de terrorisme et d’incitation au terrorisme, les jugeant « tout simplement inacceptables ». Tous les auteurs de crimes ou d’actes de terrorisme contre les Israéliens et les Palestiniens doivent être traduits en justice.
Le représentant a insisté sur la proportionnalité de la force indépendamment des auteurs des crimes. Il a appelé Israël à mener des enquêtes sur les cas où une force létale a été utilisée. Les violations et abus des droits de l’homme et du droit humanitaire international d’où qu’ils viennent, doivent être poursuivis en justice.
Soulignant que Jérusalem est la ville sainte de trois religions, le représentant a appelé au respect du statu quo de 1967, arguant que tout changement pourrait avoir des effets déstabilisateurs profonds. Une voie doit être trouvée par des négociations pour résoudre le statut de Jérusalem comme capitale future des deux États.
Le délégué a également rappelé le caractère illégal des colonies, « obstacles à la paix et menaces à la solution des deux États. ». Il a dénoncé les punitions collectives, le projet de loi sur la régularisation des colonies qui permettrait une expansion spectaculaire de ces colonies et mettrait en danger la continuité du futur État palestinien.
Il a conclu en estimant que les besoins humanitaires à Gaza ne peuvent être résolus que par des progrès politiques dans les trois domaines suivants: le respect du cessez-le-feu par toutes les parties, la participation de toutes les factions palestiniennes au processus de réconciliation sur la base de la plateforme de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et des principes du Quatuor, et la fin au blocus de Gaza. L’Union européenne exhorte les deux parties à promouvoir des mesures de confiance et salue l’accord israélo-palestinien sur l’électricité conclu en septembre dernier.
Au cinquantième anniversaire de l’occupation israélienne, il est temps, a estimé M. NAWAN SALAM (Liban), de réfléchir aux échecs et aux moyens de faire respecter les obligations qui découlent de la Charte des Nations Unies pour que le peuple palestinien puisse exercer son droit inaliénable à l’autodétermination. Le représentant a accusé Israël d’avoir pour objectif principal d’imposer une situation démographique et géographique pour forcer l’acceptation de sa « souveraineté » sur Jérusalem. Passant en revue la politique d’occupation d’Israël, le représentant a dit: « nous devons admettre que les condamnations même les plus fermes que nous multiplions ici depuis 50 ans n’ont rien donné ». Nous devons, a-t-il estimé, aller au-delà des simples condamnations et obtenir du Conseil de sécurité qu’il prenne ses responsabilités et fasse respecter ses propres résolutions y relatives, dont la fin de l’occupation, en fonction d’un calendrier clair et contraignant.
M. NAIF ALOTAIBI (Koweït) a salué les efforts du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien pour que l’Assemblée générale proclame 2017 « année internationale pour mettre fin à l’occupation israélienne ». Le représentant a dénoncé la situation humanitaire « déplorable » dans laquelle se trouve le peuple palestinien et « l’attitude belliqueuse » des autorités israéliennes, manifestée par les déplacements forcés et la confiscation des terres et des biens, au mépris de la coutume et du droit international. Il a dénoncé le siège illégal de Gaza depuis 2007, « toutes mesures qui contribuent à pérenniser l’occupation et à saper les bases de la solution des deux États ».
Le délégué koweïtien s’est félicité de l’initiative française visant à organiser une conférence internationale pour la paix, dont l’objectif serait de mettre un terme à l’occupation israélienne et aux activités illégales d’Israël, ainsi que de consacrer l’exercice par les Palestiniens de leur droit à l’autodétermination.
Constatant que ces Palestiniens sont en effet privés de leurs droits les plus élémentaires, il a appuyé leur demande du statut de membre à part entière des Nations Unies. Il a également soutenu leur volonté d’adhérer aux différentes organisations et conventions internationales. Il a appelé le Conseil de sécurité à protéger le « peuple palestinien sans défense » face à « la machine de guerre israélienne », et à obtenir d’Israël qu’il respecte les résolutions pertinentes, pour une « paix juste et durable » au Moyen-Orient.
Mme SIMA SAMI BAHOUS (Jordanie) a insisté sur les droits inaliénables à l’autodétermination et au retour des Palestiniens. La représentante a voulu des mesures concrètes pour en finir avec l’occupation et les violations du droit international. La fin des colonies de peuplement, « ligne rouge à la solution des deux États », doit être la priorité. Elle a aussi rappelé le droit historique de la Jordanie sur les lieux saints. La représentante s’est montrée impatiente devant le mépris d’Israël à l’égard des résolutions des Nations Unies. Elle a dit appuyer les mesures de confiance entre la Palestine et Israël pour faciliter la reprise des négociations de paix. Espérant que l’Assemblée générale proclame 2017, année pour mettre un terme à l’occupation, elle a jugé que c’est l’occasion pour les Palestiniens de mettre fin à leurs querelles intestines. Elle a conclu en mettant en garde contre le fait que la situation actuelle ne fait qu’alimenter les idéologies extrémistes.
M. TANMAYA LAI (Inde) a présenté à l’Assemblée générale les points forts de la déclaration de son Premier Ministre, à l’occasion de cette Journée mondiale. M. Shri Narendra Modi, a-t-il dit, a réaffirmé le soutien de l’Inde à la Palestine et à son peuple qui luttent pour leur souveraineté et leur indépendance, dans un État unifié et viable, vivant en sécurité aux côtés d’Israël, dans des frontières internationalement reconnues, avec Jérusalem-Est pour capitale. Le Premier Ministre a également réaffirmé que l’Inde continuera de soutenir les efforts d’édification de la nation palestinienne, en élargissant sa coopération technique et financière. L’inde vient d’ailleurs d’augmenter sa contribution à l’UNRWA, la portant à 1,25 million de dollars. Elle espère que le dialogue entre Israéliens et Palestiniens reprendra rapidement.
Au début de ce mois, a poursuivi le représentant, le Ministre indien des affaires étrangères, M. J. Akbar, s’est rendu en Palestine, dans le cadre de la première réunion de la Commission conjointe Inde-Palestine qui a pour but de faciliter la coopération entre les deux pays dans divers secteurs, dont l’information, la technologie, la sécurité, le sport et la jeunesse ou encore la santé, l’agriculture, le tourisme et la culture. Au cours de cette visite, un premier versement de 12 millions de dollars a été effectué pour la construction d’un parc technique à Ramallah, a souligné le représentant, qui a cité d’autres projets financés par son gouvernement au bénéfice de la Palestine, en particulier dans les secteurs de l’éducation et de la formation. Ainsi 12 000 Palestiniens ont été formés dans les universités indiennes, une centaine de formations ayant été dispensées, y compris dans les domaines de la sécurité et de la diplomatie, sans oublier l’octroi de 25 bourses d’études.
M. AHMED FAZEEL Maldives) a exprimé sa grave préoccupation devant l’escalade des tensions en Palestine. Il a rappelé qu’une série d’évènements et d’évolutions inquiétantes avaient vu le jour depuis la recrudescence de la violence en octobre 2015 en Cisjordanie. Le représentant a condamné les détentions administratives, les démolitions, les restrictions de la liberté de mouvement et autres mesures. Il s’est inquiété des nouvelles législations israéliennes qui permettraient la confiscation de terres appartenant à des Palestiniens et l’expansion des colonies. Le représentant a rappelé qu’en vertu du processus d’Oslo, il y a 23 ans, Israël et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) s’étaient reconnus mutuellement et avaient posé les fondements d’une solution fondée sur deux États indépendants. Or aujourd’hui, la solution des deux États est pour le moins « marginalisée », a-t-il dit craindre, appelant toutes les parties impliquées à travailler de manière cohérente pour débloquer le processus de paix. Pour que les deux États coexistent, il faut des progrès vers la réconciliation et sans conditions préalables, a-t-il conclu.
M. HUMBERTO RIVERO ROSARIO (Cuba) a condamné les violations du droit international, en particulier le droit international humanitaire et les droits de l’homme, commises par Israël en 50 ans d’occupation militaire du territoire palestinien, y compris à Jérusalem-Est et dans le Golan arabe syrien.
« Israël a maintenu toutes ses politiques et pratiques illégales de manière délibérée et systématique », a dénoncé M. Rivero Rosario, soulignant les souffrances et pertes en vies humaines qui en ont découlées. Il a également regretté la violence continuelle à l’encontre des Palestiniens, y compris les arrestations et détentions d’adultes et d’enfants palestiniens, les déplacements forcés, les provocations à Jérusalem-Est et les sanctions collectives imposées au peuple palestinien.
Le représentant cubain a en outre constaté que la politique de colonisation, les démolitions de maisons et les déplacements forcés s’étaient intensifiés au cours de l’année écoulée. Il a également souligné la détérioration des conditions humanitaires de deux millions de personnes, victimes du blocus illégal imposé par Israël à Gaza.
Le délégué cubain a par conséquent appelé Israël à mettre fin à son occupation et au blocus « cruel » de Gaza, ainsi qu’à ouvrir les postes frontières au personnel humanitaire. M. Rivero Rosario a voulu que l’on persévère sur la voie d’une solution juste et durable, ajoutant que les travaux du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, doivent se poursuivre à cette fin. « La communauté internationale ne peut rester les bras croisés face à ces abus et violations », a-t-il poursuivi, appelant notamment le Conseil de sécurité à prendre des mesures pratiques pour qu’Israël mette un terme à son agression. Il faut aussi, a-t-il exhorté, accepter une fois pour toutes la demande légitime de la Palestine de siéger en tant que membre à part entière des Nations Unies. Enfin, le représentant a appelé les États Membres à soutenir le droit « inaliénable » des Palestiniens à l’autodétermination au sein d’un État indépendant, avec Jérusalem-Est pour capitale.
Mme MARÍA RUBIALES DE CHAMORRO (Nicaragua) a rappelé que le Nicaragua a reconnu officiellement l’État de Palestine dès 1979. Il est temps, a estimé la représentante, de trouver une solution au conflit israélo-palestinien par le dialogue et « l’aide de Dieu ». La Palestine doit devenir membre à part entière des Nations Unies et 2017 doit être proclamée, année internationale pour mettre fin à l’occupation. Favorable aux différentes initiatives de la paix menées notamment par la Fédération de Russie, la France, et la Ligue des États arabes, la représentante a dénoncé l’obstruction d’un membre permanent du Conseil de sécurité qui a utilisé son veto pour bloquer ces efforts. Si l’occupation israélienne se poursuit, l’aide au développement ne servira aux Palestiniens qu’à survivre, a prévenu la représentante. Elle a rappelé le protocole d’accord entre son pays et la Palestine sur la mise en œuvre des objectifs de développement durable et l’élargissement de l’accès aux technologies de l’information et de la communication, en particulier pour l’éducation et la santé.
M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a dit qu’en dépit des efforts déployés ces dernières années, la situation continue d’être caractérisée par un cycle récurrent de violence et d’intolérance sans progrès réel. Pour cette raison, a poursuivi le représentant, il est urgent de renouveler les efforts et d’inverser la tendance négative actuelle par des signaux constructifs de la part des deux parties et une action responsable et engagée du Conseil de sécurité.
Le représentant s’est dit préoccupé par l’augmentation persistante et constante des colonies illégales et a appelé à cesser cette expansion. Il a aussi considéré comme « inadmissible » que le Hamas et d’autres groupes palestiniens attaquent des civils israéliens. Les lancements de missiles doivent cesser immédiatement, a-t-il tancé, estimant tout de même que la réaction d’Israël se traduit trop souvent par une utilisation excessive de la force.
Concernant la situation à Jérusalem-Est, le délégué a réaffirmé le statut spécial de la ville et, à cet égard, a rejeté toute tentative unilatérale d’introduire des modifications, en particulier dans la vieille ville. Des efforts collectifs sont nécessaires pour travailler à la solution des deux États, a-t-il dit, appelant Palestiniens et Israéliens à reprendre les pourparlers de paix de bonne foi et avec flexibilité et vision pour parvenir à un accord sur les questions en suspens liées au statut final de la Palestine.
Rappelant que la résolution 181 (II) sur la partition de la Palestine entre un État juif et un État arabe a été adoptée il y a près de 70 ans, M. MATÍAS PAOLINO (Uruguay) a estimé que la solution des deux États est la seule issue viable au conflit israélo-palestinien. Sur cette base, il a souligné que l’Uruguay a rapidement reconnu l’État d’Israël, puis, plus tard, l’État de Palestine. Il a appelé les deux parties à revenir à la table des négociations pour parvenir à une solution juste et durable. Dans cette perspective, le délégué uruguayen a appelé les parties à s’abstenir d’adopter des mesures unilatérales susceptibles de nuire au processus de paix, y compris la poursuite par Israël de sa politique de colonisation, qui doit prendre fin. Il a également appelé les parties à ne pas glorifier les actes de terrorisme.
Le délégué a en outre indiqué que la situation humanitaire « intolérable » à Gaza, suite au blocus imposé par Israël, ne fait qu’exacerber les violences, en alimentant « l’impatience et le désespoir » de ses deux millions d’habitants. Préoccupé par la menace que la situation actuelle fait peser sur la solution des deux États, le représentant a appuyé toute initiative visant à relancer le processus de paix.
M. GHOLAMHOSSEIN DEGHANI (République islamique d’Iran) a regretté que les efforts de la communauté internationale aient échoué ou qu’ils se soient révélés inadéquats en raison de l’intransigeance du régime israélien, de ses actes illégaux et criminels et de sa politique de colonisation. Depuis des décennies, année après année, les Nations Unies ont condamné Israël pour les crimes qu’il commet contre la Palestine et son peuple. Mais cette Puissance occupante, qui jouit du soutien d’une poignée d’alliés, continue d’ignorer les demandes de la communauté internationale sur le respect du droit international. Après avoir passé en revue les violations systématiques des droits des Palestiniens par les colons israéliens, le représentant a dénoncé les effets pervers de l’occupation israélienne et les violations des règles et des principes du droit international qui sont « immenses » et qui infligent des difficultés « insurmontables » dans tous les aspects de la vie des Palestiniens, y compris socioéconomique.
Par le passé, la situation en Palestine exigeait une attention et une action internationales. En dépit d’un consensus mondial clair sur l’illégalité des politiques et pratiques israéliennes, le Conseil de sécurité continue d’être paralysé, échouant à honorer ses obligations. Cela doit changer: le Conseil doit prendre ses responsabilités et obliger le régime israélien à respecter les normes du droit international, y compris le droit international humanitaire, et à mettre fin aux crimes de guerre, aux violations des droits des Palestiniens, à l’occupation illégale de la Palestine et aux souffrances des réfugiés palestiniens.