Soixante et onzième session,
47e séance plénière - matin 
AG/11858

L’Assemblée générale adopte une résolution « plus concise » sur l’Afghanistan avec un nouveau chapitre sur les réfugiés

L’Assemblée générale a adopté, ce matin, sa résolution annuelle* sur la situation en Afghanistan, « expression vivante du soutien de l’ensemble des États Membres », a estimé le représentant de l’Allemagne devant un texte « plus concis » dont la nouveauté est constituée des paragraphes sur les réfugiés afghans. 

Pour la première fois, s’est réjoui le représentant de l’Allemagne, en présentant la résolution, nous avons réussi à resserrer considérablement le texte, restructurant certains chapitres et ajoutant d’autres.  « Nous avons maintenant une résolution qui reflète de manière plus concise la relation entre la communauté internationale et l’Afghanistan. »  Par rapport à l’année dernière, la résolution est passée d’un dispositif de 107 paragraphes de fond à 54.

La nouveauté, a souligné le représentant allemand, ce sont les paragraphes sur les réfugiés afghans, dont 800 000 sont rentrés chez eux, l’année dernière, posant « un immense défi » pour le Gouvernement afghan et les communautés d’accueil.  Dans sa résolution, l’Assemblée générale prend note de l’accord-cadre pour la coopération signé récemment par le Gouvernement afghan et l’Union européenne, intitulé « Joint Way Forward on Migration Issues » et souligne l’importance d’une coopération étroite pour traiter le problème de la migration irrégulière, en accordant l’attention aux causes profondes de la migration, notamment la création d’emplois et la création de moyens de subsistance pour les rapatriés.  Frontière extérieure de l’Europe, exposée à une très grande pression, la Bulgarie s’est particulièrement félicitée de l’accord-cadre. 

Les problèmes migratoires étant liés aux opportunités économiques, l’Assemblée générale accueille avec satisfaction, dans sa résolution, le nouveau Cadre national pour la paix et le développement en Afghanistan, dans lequel le Gouvernement afghan a défini les orientations stratégiques prioritaires en vue d’amener le pays à l’autonomie.  Elle se félicite des cinq nouveaux programmes prioritaires nationaux concernant la Charte des citoyens, l’autonomisation économique des femmes, l’urbanisation, le vaste programme agricole et celui des infrastructures.  L’Assemblée accueille aussi avec satisfaction les progrès qui continuent d’être accomplis dans la mise en œuvre du Cadre de responsabilité mutuelle en vue de l’autonomie et la création du mécanisme de suivi, dans lequel le Gouvernement afghan a réaffirmé sa détermination à renforcer la gouvernance.  

Le Cadre de responsabilité a été adopté en octobre dernier à la Conférence de Bruxelles sur l’Afghanistan à l’issue de laquelle, ont rappelé les délégations, les annonces de contributions se sont élevées à 15,2 milliards de dollars entre 2017 et 2020, dont 5 milliards d’euros promis par l’Union européenne.  Le Japon, qui a promis une somme de 130 millions de dollars, a souligné aujourd’hui que « l’objectif ultime reste de parvenir à une véritable autonomie afghane qui se traduirait par un désengagement des donateurs ».

L’investissement de la communauté internationale, a prévenu la Nouvelle-Zélande, ne sera efficace que si elle fait « une utilisation stratégique » de tous les instruments à sa disposition pour soutenir la paix, la stabilité et la sécurité.  Dans sa résolution, l’Assemblée générale accueille d’ailleurs avec satisfaction les engagements pris par l’OTAN au Sommet de Varsovie, de juillet 2016, de continuer à contribuer au niveau national au financement des Forces nationales de défense et de sécurité afghanes jusqu’à la fin de 2020 et de maintenir la mission « Soutien résolu » après 2016.  L’Assemblée condamne avec la plus grande fermeté les attaques perpétrées par les organisations terroristes, en particulier l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL) (Daech). 

L’année 2016 a été l’une des plus sanglantes en termes de pertes civiles et militaires, s’est alarmé l’Afghanistan.  « Nous faisons face à une guerre ouverte à peine déguisée », a-t-il dénoncé, dans le cadre de laquelle un État voisin utilise les Taliban, mais aussi Al-Qaida et Daech, pour un certain nombre de capitales de provinces.  L’Afghanistan a appelé à de nouvelles sanctions contre ces groupes terroristes mais aussi contre les États qui les soutiennent politiquement et militairement.  Certains dirigeants Taliban devraient être inclus dans la liste relative aux sanctions contre Al-Qaida.  En revanche, après l’accord signé entre le Gouvernement afghan et Hezb-i-Islami, la Nouvelle-Zélande, Présidente des Comités deS sanctions du Conseil de sécurité, a exprimé sa disposition à envisager le retrait de Gulbuddin Hekmatyar de la « liste » dès que le Gouvernement afghan l’aura demandé. 

Cet accord démontre que les négociations de paix peuvent fonctionner, a commenté le Pakistan qui s’est dit prêt à faciliter la reprise d’un dialogue entre le Gouvernement et les Taliban, comme il l’avait fait en juillet 2015, avant d’essuyer un échec « pour des raisons bien connues ».  Dénonçant les « machinations externes », le Pakistan a prévenu qu’aujourd’hui, la priorité doit être de lutter contre la menace terroriste de Daech, Al-Qaida et autres groupes terroristes, tels que le « Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP) et son leader, Mullah Fazlullah, « qui continuent d’aller et venir en toute sécurité en Afghanistan ».  La réconciliation en Afghanistan est en train d’être compromise par les intérêts locaux et régionaux qui sont « en marge » de la campagne mondiale contre le terrorisme, a insisté le Pakistan.

Dans sa résolution, l’Assemblée générale encourage d’ailleurs l’Afghanistan et le Pakistan à renforcer leurs relations, ce qui pourrait, dit-elle, déboucher sur une coopération efficace en matière de lutte contre le terrorisme et faire avancer le processus de paix dirigé et contrôlé par les Afghans.  Elle considère qu’il n’y a pas de solution purement militaire et invite tous les partenaires régionaux et internationaux de l’Afghanistan, dont le Groupe de coordination quadrilatérale -Afghanistan, Chine, États-Unis, Pakistan- à poursuivre leur action pour permettre la tenue rapide de pourparlers de paix directs entre le Gouvernement afghan et les représentants habilités des groupes taliban.  L’Iran a condamné toute coopération avec les Taliban, arguant qu’une telle coopération encouragerait ces derniers et les autres groupes terroristes à poursuivre leurs agissements « odieux ».  Une telle coopération, a-t-il insisté, serait contre-productive.  

Le chef des Taliban, a plaidé, à son tour, l’Inde, doit dûment être désigné comme terroriste, faute de quoi, a-t-elle martelé, le Conseil de sécurité et ses organes subsidiaires risquent de passer à côté des priorités « fondamentales » en matière de sécurité.  Pourquoi utiliser le terme d’« extrémistes violents » quand on parle des Taliban, d’Al-Qaida et de Daech?  Ce sont des « terroristes », a tranché la Fédération de Russie.         

L’Assemblée générale reprendra ses travaux le 21 novembre à partir de 10 heures pour examiner le rapport du Secrétaire général sur la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales.

*A/71/ L.13

LA SITUATION EN AFGHANISTAN

a) Rapport du Secrétaire général (A/71/616)

b) Projet de résolution (A/71/L.13)

Déclarations

Présentant le projet de résolution (A/71/L.13), M. HEIKO THOMS (Allemagne) a affirmé que ce texte annuel sur la situation en Afghanistan demeurait une expression vivante du soutien de l’ensemble des États Membres à ce pays et à son peuple.  Simplifiée dans sa structure par rapport aux années précédentes, cette résolution reflète aujourd’hui, d’une manière plus concise bien que complète, les relations entre la communauté internationale et l’Afghanistan, a-t-il indiqué.

Le texte se fait l’écho de la préoccupation que continue de susciter la situation sécuritaire en Afghanistan, a poursuivi le représentant, déplorant le grand nombre de civils tués dans de lâches actes de terrorisme et dans les combats incessants.  La récente attaque contre le consulat allemand à Mazar-e-Charif n’est que la dernière d’une longue liste, a-t-il relevé.  Il a remercié à cet égard les partenaires de l’Allemagne au sein de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et les Forces nationales de sécurité afghanes pour leur aide face à cette agression terroriste.

Le délégué a précisé que la résolution de cette année comporte un nouveau chapitre consacré aux réfugiés afin de souligner l’importance de ce problème, plus de 800 000 réfugiés afghans étant rentrés en 2016 dans leur pays en provenance de pays voisins, ce qui représente un immense défi pour le Gouvernement afghan et les communautés d’accueil.  Appelant les États Membres à soutenir les efforts en faveur d’une réintégration durable de ces personnes, il a salué l’assistance fournie par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Il a par ailleurs noté que de nombreux Afghans continuaient d’arriver en Europe et a souligné qu’arrêter et inverser cette tendance était dans l’intérêt de tous et en particulier de l’Afghanistan lui-même.  Il a par conséquent invité le Gouvernement afghan à poursuivre ses réformes et à prendre sa part dans cet effort de reconstruction auquel contribue la communauté internationale, comme l’a rappelé la Conférence sur l’Afghanistan qui s’est tenue en octobre à Bruxelles.

Saluant les mesures prises par le Gouvernement afghan contre la corruption et pour l’état de droit, le représentant a jugé que le maintien et la consolidation des avancées enregistrées dans le domaine des droits de l’homme et de l’égale participation de toutes les composantes de la société, notamment des femmes, restait cruciale. Il a enfin indiqué que la résolution reflétait l’augmentation du nombre de partenariats régionaux et d’initiatives de coopération en Afghanistan, dont il s’est félicité.                  

M. MAHMOUD SAIKAL (Afghanistan) a salué l’ensemble des États Membres et l’Assemblée générale pour les négociations ayant abouti à l’adoption, à l’unanimité, de la résolution annuelle.  Un tel consensus, a-t-il dit, est nécessaire pour lutter contre le terrorisme en Afghanistan et dans le monde.

Selon le représentant, l’Afghanistan a accompli de nombreux progrès au cours des 15 dernières années, sur des aspects aussi basiques que la gestion des déchets urbains.  Toutefois, a-t-il ajouté, le pays fait toujours face à de nombreuses menaces en matière de sécurité, en raison du terrorisme et de l’extrémisme violent.  Les combattants terroristes étrangers, a poursuivi le représentant, ont renforcé leur position dans de nombreux pays, y compris en Afghanistan.  M. Saikal a ainsi rappelé que l’année 2016 a été l’une des plus sanglantes pour son pays en termes de pertes civiles et militaires. 

« Nous faisons face à une guerre ouverte à peine déguisée », a dénoncé le représentant, dans le cadre de laquelle un État voisin utilise selon lui les Taliban, mais aussi Al-Qaida et Daech, pour orchestrer des attaques visant à renverser un certain nombre de capitales de provinces afghanes.  Dans ce cadre, le délégué a indiqué que les combattants terroristes étrangers recrutés par Daech continent d’affluer dans diverses zones afghanes.

Malgré ces nombreuses difficultés, M. Saikal a indiqué que les Forces nationales de sécurité sont parvenues à déjouer les plans terroristes en repoussant plusieurs attaques, notamment à Kunduz et Helmand.  Si les terroristes continuent d’essuyer de lourdes pertes militaires, a-t-il ajouté, ils ont toutefois recours à des attaques désespérées contre des civils, comme l’a démontré la semaine dernière l’attentat contre le consulat allemand à Mazar-e-Charif, dans lequel six civils ont trouvé la mort.

Pour faire face à ces agressions, le représentant afghan a appelé la communauté internationale à continuer de soutenir son pays.  À ce titre, il s’est félicité des résultats du Sommet de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), qui s’est déroulé en juillet dernier à Varsovie, durant lequel les membres de l’alliance se sont engagés à fournir des équipements, des formations et des fonds pour renforcer les capacités des Forces nationales de sécurité jusqu’en 2020.

Le représentant a par ailleurs appelé la communauté internationale à adopter d’autres résolutions ou à renforcer celles existantes pour mettre fin au terrorisme, notamment en adoptant de nouvelles sanctions contre les Taliban, Al-Qaida et Daech, ainsi que contre les États qui les soutiennent politiquement et militairement.  Le Président afghan Ashraf Ghani, a-t-il rappelé, a aussi appelé à inclure certains dirigeants Taliban dans la liste relative aux sanctions contre Al-Qaida.

Au plan national, M. Saikal a déclaré que le Président Ghani et le Chef de l’exécutif, M. Abdullah, ont redoublé d’efforts pour consolider durablement la paix dans le pays, comme en témoigne selon lui la signature récente d’accords de paix entre le Gouvernement et Hezb-i-Islami.  Il a ajouté que son gouvernement était ouvert au dialogue avec les Taliban, à condition que ces derniers respectent les engagements pris.

M. MAHMADAMIN MAHMADAMINOV (Tadjikistan) s'est dit fier d’être coauteur de la résolution annuelle.  « Il ne fait aucun doute que la paix, la stabilité et la relance économique de l’Afghanistan sont cruciaux pour le développement et la prospérité de toute la région », a-t-il déclaré.  Le représentant a appelé à une accélération des processus d’assistance ciblée sur la relance économique, le social et l’emploi.  Rappelant que son pays s’est impliqué dans les domaines du social et des infrastructures par le biais, notamment, du projet de commerce et d’approvisionnement en hydroélectricité en Asie centrale et en Asie du Sud (CASA-1000), il s’est réjoui du partenariat, à ce sujet, avec le Kirghizistan, l’Afghanistan et le Pakistan.  Le potentiel que représentent l’Asie centrale et l’Afghanistan en tant que voie de transit, a-t-il poursuivi, nécessite l’établissement d’une base juridique pour la libre circulation des biens, des services et des investissements.  « Cela est crucial pour la région », a-t-il noté, indiquant que les efforts de son pays dans le domaine de l’énergie, du transport et en faveur d’une zone franche à la frontière de l’Afghanistan avaient pour but de créer des emplois, d’éradiquer la pauvreté et d’instaurer un environnement favorable au développement.

M. JOÃO VALE DE ALMEIDA, Chef de la délégation de l’Union européenne, s’est félicité du succès de la Conférence de Bruxelles sur l’Afghanistan, tenue le 5 octobre, qui a abouti à des promesses de dons de 15,2 milliards de dollars pour les priorités de développement du pays sur la période 2017-2020.  L’Union européenne a promis à elle seule 5 milliards d’euros, soit 5,6 milliards de dollars, s’est-il prévalu en soulignant un engagement sans précédent de la communauté internationale à l’égard de l’Afghanistan, basé sur le principe de responsabilité mutuelle.  La Conférence a également été un succès sur le plan politique, a-t-il ajouté en expliquant le soutien exprimé au Gouvernement d’unité nationale pour qu’il continue à mener les réformes nécessaires, notamment sur le plan électoral, des droits de l’homme et de l’autonomisation des femmes, ainsi que contre la corruption.  Il a, d’ailleurs, salué les efforts du Gouvernement afghan pour arriver à la pleine participation des femmes à la vie politique et dans toutes les institutions afghanes.  Il a aussi apprécié les engagements pris pour mettre fin au recrutement d’enfants.

Les efforts visant le renforcement de l’État et de développement du pays ne seront durables que s’ils sont renforcés par la coopération régionale, a poursuivi M. Vale de Almeida, avant de souligner aussi la nécessité d’impliquer les groupes armés et de veiller à la représentation de tous les intérêts nationaux dans le processus politique.  L’Union européenne, a-t-il dit, salue l’adoption du Cadre national pour la paix et le développement en Afghanistan et du Cadre de responsabilité mutuelle en vue de l’autonomie, lesquels devraient permettre de réduire la pauvreté et de fournir les services de base et des biens publics à tous les citoyens afghans.  Il s’est en outre félicité de la priorité que donne le Gouvernement afghan à la lutte contre la corruption et au déminage, sachant que l’Union européenne a contribué aux travaux du Service de la lutte antimines de l’ONU (UNMAS) à hauteur de 60 millions d’euros au cours des 10 dernières années.

L’Union européenne, a-t-il cependant averti, est inquiète du nombre record de pertes en vies humaines dans le pays.  L’Union salue à cet égard le soutien auquel l’OTAN s’est engagé lors de son Sommet de juillet dernier à Varsovie.  Notant la hausse des flux migratoires à partir de l’Afghanistan et le nombre croissant d’Afghans qui reviennent vivre au pays en quittant l’Iran, le Pakistan ou encore l’Europe, le représentant a plaidé pour que ces derniers puissent être réintégrés à la société afghane de façon durable, comme le veut la Déclaration pour les réfugiés et les migrants adoptée en septembre dernier.  Il a encouragé le Gouvernement à faire preuve de leadership pour répondre aux besoins de ces personnes, en rappelant l’engagement de coopération pris avec l’UE sur ce sujet intitulé « The Joint Way Forward ».  La meilleure façon de lutter contre la migration irrégulière est d’offrir aux Afghans de meilleures perspectives d’emploi et une stabilité économique et financière, ce que la coopération en faveur du développement offerte par l’UE soutient.  Le représentant a enfin encouragé le Gouvernement afghan à poursuivre ses efforts pour mener à bien le Plan d’action national contre la drogue, avec le soutien de la communauté internationale.

Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a dit que sa délégation a soutenu la résolution adoptée aujourd’hui car elle reconnaît les efforts de l’Afghanistan face aux nombreux défis de la paix, de la sécurité et du développement.  La représentante a souligné que cette année a été difficile car les Taliban ont continué d’attaquer les infrastructures du pays et à viser les civils, les dirigeants communautaires et les responsables politiques.  Cette situation de conflit, s’est-elle félicitée, n’a pas découragé les Afghans et encore moins leurs forces de sécurité qui ont réagi de manière efficace.  La seule façon de régler ce conflit est de créer les conditions nécessaires à la paix entre le Gouvernement et ceux qui ont renoncé à la violence, a estimé la représentante qui a assuré les Afghans du soutien des États-Unis dans le cadre de l’OTAN.  Elle a aussi reconnu l’importance pour la région d’un Afghanistan en paix et en sécurité et a salué les initiatives régionales pour faire avancer le développement économique et régional.

M. LIU JIEYI (Chine) a soutenu la résolution annuelle, avant d’appeler la communauté internationale à continuer de soutenir l’Afghanistan.  Il a exhorté ce dernier à « se mettre sur la voie du développement autonome » et les différentes factions politiques à régler leurs différends par le dialogue, de façon à privilégier le développement économique et à faire avancer le processus de réconciliation nationale pour parvenir à une paix durable.  Dans ce cadre, le représentant a appelé la communauté internationale à aider les Forces de sécurité afghanes à renforcer leurs capacités, pour qu’elles soient en mesure de mieux se défendre contre le terrorisme, la criminalité transnationale et le trafic de drogues.  Il a ajouté que la Chine est prête à renforcer sa coopération régionale avec l’Afghanistan dans les domaines de la sécurité et du développement économique.  En tant que voisine, a-t-il dit, la Chine a toujours prêté main forte à l’Afghanistan, notamment dans la lutte contre le terrorisme et le développement des infrastructures, et « elle continuera à le faire ».

Personne ne doute des défis que les Afghans ont encore à relever, a déclaré M. DAVID YARDLEY (Australie), en soulignant que seul un processus de paix garantira la sécurité et la stabilité.  Il a donc exhorté toutes les parties, y compris les Taliban, à avancer vers la paix en 2017.  Les Forces de sécurité afghanes se battent avec courage et détermination mais l’insurrection reste un défi, a fait observer le représentant, et « le peuple afghan mérite mieux ».  Le représentant a rappelé qu’il reste beaucoup à faire dans le domaine des droits de l’homme.  L’Australie, a-t-il aussi rappelé, s’est jointe aux autres nations pour réaffirmer son engagement en faveur de l’Afghanistan, en particulier dans le domaine de la sécurité.  L’Afghanistan, qui est le quatrième portefeuille de l’aide bilatérale australienne, recevra chaque année jusqu’en 2020 la somme de 80 millions de dollars australiens, a promis le représentant.  L’Australie maintiendra aussi ses 270 hommes et femmes dans la mission « Soutien résolu » de l’OTAN, jusqu’en 2017.

M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie) a rappelé la complexité de la situation en Afghanistan et s’est dit préoccupé par la montée de l’influence de Daech dans le pays.  Tout en indiquant que son pays a voté en faveur de la résolution, le délégué russe a cependant souligné qu’il est en désaccord avec certains termes utilisés dans ce texte.  Il a notamment contesté l’utilisation de l’expression « extrémistes violents » pour désigner les Taliban, Al-Qaida et Daech, qui devraient selon lui, en vertu de leurs agissements, être qualifiés de « terroristes ».  Le délégué russe s’est par ailleurs dit préoccupé par la prolifération de la culture de l’opium en Afghanistan, citant notamment le ralentissement des efforts pour détruire les champs de pavot.  Or, la majorité des fonds utilisés par les terroristes provient du trafic de drogues, a-t-il rappelé.  Il a par conséquent appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour aider les autorités afghanes à lutter contre ce trafic.

Le représentant a en outre encouragé les dirigeants afghans à œuvrer en faveur de la réconciliation nationale.  S’il ne s’est pas déclaré opposé au principe d’un dialogue avec les Taliban, il a toutefois constaté l’échec des négociations de paix entreprises en la matière, échec qu’il a attribué avant tout à l’OTAN.

Mme FARZANA ZAHIR (Maldives) a observé les deux tendances opposées qui caractérisent la situation en Afghanistan: d’un côté, des progrès ont été accomplis sur le plan politique et, grâce à l’aide des Nations Unies, des élections locales ont eu lieu avec succès, et d’un autre côté, ces 12 derniers mois, le pays a enregistré des incidents critiques.  La représentante a relevé que les attaques des Taliban et autres groupes armés n’avaient jamais été aussi nombreuses depuis 2001 et que le nombre des morts parmi les civils et les militaires avait augmenté.  La représentante a souligné le rôle important de la communauté internationale dans le processus de paix et de réconciliation, rappelant que le conflit avait un impact bien au-delà des frontières de l'Afghanistan.  S’il faillait prouver l’inquiétude de la communauté internationale, a dit la représentante, il suffit de se rappeler que la situation en Afghanistan est inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée générale la trente-cinquième session, en 1980.  La représentante a donc invité les États Membres à redoubler d’efforts pour promouvoir la paix et la coopération et a indiqué que sa délégation accueillait favorablement les efforts collectifs accomplis avec les partenaires régionaux, à l’instar de l’Association sud-asiatique de coopération régionale (ASACR).

M. GERARD VAN BOHEMEN (Nouvelle-Zélande) a dit qu’en dépit des progrès réalisés l’année dernière, l’Afghanistan se caractérise toujours par une incapacité à prendre des mesures déterminantes pour s’attaquer aux principaux facteurs de l’instabilité.  Le Gouvernement d’unité nationale est toujours marqué par les incertitudes et les luttes intestines, et le fait que le Parlement ait démis sept ministres pour ce qui semble être des « échecs administratifs mineurs » constitue une source de préoccupation.  Après l’optimisme de la fin de l’année dernière, le processus de paix et de réconciliation avec les Taliban patine, a poursuivi le représentant.  Les Taliban continuent de tenir le Gouvernement à distance, tout en en lui menant la guerre ainsi qu’au peuple et à la présence étrangère, dans des attaques financées par les revenus de la drogue et de l’exploitation minière illicite.  Le représentant a aussi dit craindre une crise humanitaire imminente dans l’est du pays avec le retour d’1,5 million de réfugiés du Pakistan dans les mois à venir. 

L’investissement de la communauté internationale ne sera efficace que si elle fait « une utilisation stratégique » de tous les instruments à sa disposition pour soutenir la paix, la stabilité et la sécurité, a-t-il prévenu.  La Nouvelle-Zélande a fait sa part en tant que Présidente des Comités des sanctions du Conseil de sécurité contre les Taliban, Daech et Al-Qaida.  Le représentant a dit d’ailleurs revenir d’Afghanistan où il a discuté de la manière dont les régimes de sanctions peuvent être utilisés plus efficacement.  Après l’accord de paix entre le Gouvernement afghan et Hezb-i-Islami, les Comités des sanctions contre Daech et Al-Qaida sont prêts à envisager le retrait de Gulbuddin Hekmatyar de la « liste » dès que le Gouvernement afghan l’aura demandé.  La Nouvelle-Zélande espère que cet accord servira de modèle à des accords plus élargis dans le futur.  Avant de conclure, il a estimé que l’Afghanistan ne pourra résoudre seul la question des flux financiers illicites qui traversent la frontière vers l’insurrection et le terrorisme ni celle du mouvement des combattants terroristes étrangers.  Le représentant a dit attendre avec impatience de récolter les fruits d’une approche régionale « plus coordonnée », car un Afghanistan affaibli et déstabilisé n’est dans l’intérêt de personne.

M. GÜVEN BEGEÇ (Turquie) s’est félicité des négociations fructueuses qui ont permis d’aboutir à la résolution annuelle qui ne fait pas que reconnaître les progrès accomplis dans le pays, mais qui contient également des directives pour les futurs efforts et responsabilités que l’Afghanistan et la communauté internationale doivent assumer, s’est-il réjoui.  Le représentant a également déclaré que si l’Afghanistan a traversé depuis 14 ans une remarquable transition et réalisé de nombreux progrès, ces derniers sont réversibles, compte tenu de la situation fragile du pays.  Dans ce contexte, a-t-il dit, le soutien continu de la communauté internationale, en matière de développement et de sécurité, est vital.  L’Afghanistan a certes besoin de renforcer ses capacités, mais l’aide doit aussi être étendue pour assurer une prospérité et une stabilité qui dépendent de l’amélioration de la sécurité.  C’est pour cela que la Turquie se félicite de l’accord de paix signé entre le Gouvernement de l’Afghanistan et l’organisation Hizb-i Islami, a-t-il ajouté.

En ce qui la concerne, Turquie continuera d’appuyer le Gouvernent afghan pour réaliser la sécurité et le développement.  Elle continuera son assistance bilatérale et contribuera aux efforts de l’OTAN.  L’aide turque envers l’Afghanistan s’est chiffrée à 962 millions de dollars américains entre 2012 et 2015, investis principalement dans l’éducation, la santé, les infrastructures et le renforcement des capacités gouvernementales.  À la dernière Conférence des donateurs tenue à Bruxelles, la Turquie a promis 150 millions de dollars supplémentaires pour la période 2018-2020, a conclu le représentant.

Préoccupé par la détérioration de la situation sécuritaire en Afghanistan,  M. KORO BESSHO (Japon), a rappelé que, d’après des chiffres de l’ONU, il y aurait eu 2 324 incidents sécuritaires en octobre ainsi que 14 attaques terroristes à Kaboul.  Il a indiqué que, dans le cadre du renouvellement des engagements financiers de la communauté internationale pour soutenir les Forces de défense et de sécurité, le Japon avait annoncé, le mois dernier à Bruxelles, une contribution de 130 millions de dollars sur quatre ans.

Convaincu que le développement de l’Afghanistan ne peut se faire sans une meilleure situation sécuritaire, le représentant a dit attendre des progrès dans l’appropriation nationale du processus de paix en Afghanistan.  Dans cet esprit, il a demandé au Président Ghani et au Chef de l’exécutif, M. Abdullah, de coopérer étroitement en vue de renforcer l’unité nationale et parvenir à une véritable réconciliation nationale.

Soulignant que l’extrémisme violent, qui sape la stabilité socioéconomique du pays, est exacerbé par une gouvernance faible, le représentant a exigé qu’en plus de l’aide internationale, le Gouvernement afghan redouble d’efforts pour réaliser la réconciliation nationale, la réforme administrative et la consolidation fiscale.  Pour cela, il est essentiel de réaliser les objectifs fixés par le Cadre de responsabilité mutuelle en vue de l’autonomie.

Sur la base de cette responsabilité mutuelle, le Japon s’est engagé à fournir une aide de 40 milliards de yen japonais sur quatre ans à partir de 2017, a rappelé son représentant.  Les engagements pris à Bruxelles ainsi que la résolution adoptée par consensus aujourd’hui sont, à son avis, l’expression du soutien important dont bénéficie l’Afghanistan.  Toutefois, l’objectif ultime reste de parvenir à une véritable autonomie afghane ce qui se traduirait par un désengagement des donateurs, a-t-il conclu.

M. MICHAEL BONSER (Canada) a déclaré que son pays s’est engagé lors du Sommet de l’OTAN tenu à Varsovie en juillet 2016 à verser 465 millions de dollars en aide à la sécurité et au développement en Afghanistan pour la période 2017-2020.  Le Canada appuie le processus de réconciliation et de paix dirigé par les Afghans, a dit le représentant, en se réjouissant de voir que les pays voisins proposent de jouer un rôle constructif pour accroître la coopération régionale et contribuer à la paix et à la réconciliation en Afghanistan.  Néanmoins, il a souligné qu’il est impossible d’assurer la paix et la sécurité sans la participation active et considérable de tous les membres de la société, y compris les femmes et les filles.  Dans ce contexte, le représentant s’est réjoui que cette résolution comporte des engagements visant à assurer la participation entière et égale des femmes dans toutes les sphères de la vie en Afghanistan, qu’elle reconnaisse le rôle essentiel joué par les femmes dans le processus de paix, ainsi que les besoins en matière de protection de l’enfance et de développement social.  Il s’est aussi félicité que cette résolution accorde de l’importance à la primauté du droit et au respect des droits humains, y compris les droits de la femme et de l’enfant dans les réformes du secteur de la sécurité qui sont en cours.  

M. FRANTIŠEK RUŽIČKA (Slovaquie) a affirmé que l’Afghanistan est toujours l’une des priorités de l’aide au développement slovaque, avec une contribution annuelle de 300 000 euros.  À la Conférence de Bruxelles, a rappelé le représentant, le Ministre slovaque des affaires étrangères et européennes, a annoncé une contribution supplémentaire de 500 000 euros.  La Slovaquie vise trois domaines prioritaires à savoir l’éducation, la santé et l’agriculture, convaincue de la nature durable du développement.  Mais, a reconnu le représentant, nos efforts ne serviront à rien sans un leadership « capable et inclusif » de la part de « nos partenaires afghans ».  Le représentant s’est donc dit impatient de travailler avec « l’administration de Kaboul » et a souligné la disposition de son pays à coordonner ses activités avec les parties prenantes internationales et régionales. « Je suis particulièrement heureux de poursuivre ici à New York un dialogue constructif et productif avec mon collègue, le Représentant permanent de l’Afghanistan », a-t-il conclu.

Plutôt que de s’appesantir sur le grand nombre de civils tués cette année encore en Afghanistan, M. SYED AKBARUDDIN (Inde) a préféré évoquer les expériences positives vécues en 2016 par des citoyens afghans en dépit des circonstances.  Il a ainsi rappelé que des haltérophiles afghans avaient remporté huit médailles lors d’une compétition internationale récentes, que deux frères, Massoud et Mahmud Hassani, avaient conçu un drone à bas coût permettant de détecter et de détruire des mines antipersonnel dans leur pays, et que l’Afghanistan était le seul pays à avoir battu cette année le vainqueur du championnat du monde de cricket au format T-20.

L’aide au développement étant, selon lui, essentielle pour soutenir l’effort collectif de reconstruction du pays, le délégué a souligné que, lors de la Conférence de Bruxelles, en octobre dernier, l’Inde s’était engagée à hauteur d’un milliard de dollars pour aider l’Afghanistan à consolider ses capacités dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’agriculture, de l’apprentissage, de l’autonomisation des femmes, de l’énergie, des infrastructures et du renforcement des institutions démocratiques.

Saluant la formulation de la résolution annuelle en faveur de la coopération régionale, il a souligné l’engagement de son pays à œuvrer avec les acteurs régionaux pour le rétablissement du rôle de « pont terrestre » de l’Afghanistan en Asie centrale.  C’est pour cette raison, a-t-il dit, que l’Inde a choisi la ville d’Amritsar, située sur l’une des plus vieilles routes d’Asie, pour accueillir le mois prochain la Conférence ministérielle du Cœur de l’Asie.         

S’agissant de la situation sécuritaire, à laquelle font face les Forces de sécurité afghanes avec le soutien de la mission « Soutien résolu » de l’OTAN, le représentant a souhaité que les Nations Unies envoient « le bon message » en appliquant effectivement les sanctions contre les groupes terroristes et leurs affiliés.  Il a en outre estimé que le chef des Taliban devait être désigné comme terroriste, comme l’a demandé cette semaine le Président afghan Ashraf Ghani, faute de quoi, a-t-il martelé, le Conseil de sécurité et ses organes subsidiaires risquent de passer à côté des priorités fondamentales établies par les États Membres en matière de sécurité.      

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a déclaré que la situation actuelle en Afghanistan est marquée par une insécurité accrue, une montée de la violence, l’augmentation du nombre de victimes civiles et la prolifération des menaces contre la stabilité politique et économique du pays.  La déléguée a précisé que la présence d’un grand nombre de terroristes, y compris de combattants terroristes étrangers, dans des zones échappant au contrôle du Gouvernement représente un véritable défi pour la stabilité à long terme du pays, mais aussi pour celle du Pakistan voisin et de l’ensemble de la région.  « L’Afghanistan risque une nouvelle fois de devenir le foyer mondial du terrorisme », a-t-elle mis en garde.

Affirmant qu’il n’existe pas de solution militaire au conflit actuel dans le pays, la représentante pakistanaise s’est réjouie du consensus international sur cette question, tel que reflété dans la résolution.  Selon elle, un dialogue entre le Gouvernement afghan et les « Taliban afghans » reste la seule façon de mettre fin au conflit.

La responsabilité première de l’instauration d’une paix durable repose avant tout sur les Afghans eux-mêmes, a poursuivi Mme Lodhi, ajoutant que l’accord récemment conclu entre le Gouvernement afghan et le groupe Hezb-i-Islami démontre que les négociations de paix peuvent fonctionner.  Le Pakistan, a-t-elle affirmé, est prêt à faciliter la reprise d’un dialogue entre le Gouvernement et les Taliban, comme il l’avait fait en juillet 2015, à la demande du Président afghan Ashraf Ghani.  Malheureusement ce processus s’est figé « pour des raisons bien connues ».

Depuis maintenant 35 ans, a-t-elle ajouté, les guerres et tribulations en Afghanistan ont eu de graves conséquences sur le Pakistan qui a été, selon la représentante, « la plus grande victime du terrorisme en provenance de l’Afghanistan ».  Mme Lodhi a souligné les efforts de son gouvernement pour lutter contre le terrorisme, notamment par le lancement d’opérations militaires sur le territoire national.

Cependant, a-t-elle tranché, des « machinations externes » menacent les efforts pakistanais.  « Le Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP) et son leader, Mullah Fazlullah, continuent d’aller et venir en toute sécurité en Afghanistan », a ainsi dénoncé la représentante, exhortant le Gouvernement afghan à prendre des mesures contre le TTP et à interdire sa présence sur le sol afghan, au motif que ce parti fomente des attaques terroristes au Pakistan.

Mme Lodhi a de plus appelé l’Afghanistan à coopérer davantage avec son pays pour renforcer le contrôle et la sécurité des frontières communes.  « Aujourd’hui, nous devons lutter contre la menace terroriste représentée par Daech, Al-Qaida et d’autres groupes terroristes, tels que le TTP, qui leurs sont associés », a-t-elle affirmé.  Or la réconciliation en Afghanistan est en train d’être compromise par les intérêts locaux et régionaux qui sont « en marge » de la campagne mondiale contre Daech et Al-Qaida. 

Tout en l’assurant du soutien de la communauté internationale, M. ROMÁN OYARZUN MARCHESI (Espagne) a encouragé le Gouvernement afghan à persévérer sur la voie des réformes politiques, économiques et sociales, notamment pour créer un contexte favorable aux investissements et à la création d’emplois.  Il a salué les efforts des autorités afghanes pour lutter contre la corruption et garantir le respect des libertés civiles et des droits de l’homme, y compris les droits des femmes.  M. Oyarzun Marchesi s’est également félicité du succès de la Conférence interministérielle organisée par l’Union européenne et l’Afghanistan à Bruxelles, le 5 octobre 2016.  À l’issue de cette Conférence, a-t-il rappelé, des engagements financiers importants ont été pris pour aider l’Afghanistan sur la période 2017-2020. 

Face à la recrudescence des groupes terroristes en Afghanistan, le représentant espagnol a également salué la tenue du Sommet de l’OTAN, en juillet 2016 à Varsovie, durant lequel l’alliance s’est engagée à fournir des financements, équipements et formations pour renforcer les capacités des Forces de sécurité afghanes jusqu’en 2020.  M. Oyarzun Marchesi a enfin appuyé la poursuite d’une solution politique au conflit actuel dans le pays.  Il s’est dit confiant dans le fait que les efforts déployés actuellement puissent prochainement aboutir à un processus de paix inclusif et respectueux de la Constitution afghane et des droits de l’homme.

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a remercié l’Allemagne pour son travail de facilitation qui a permis l’adoption à l’unanimité de la résolution annuelle sur la situation en Afghanistan, laquelle atteste de la solidarité de la communauté internationale à l’égard de ce pays et de son peuple alors que la situation reste préoccupante, a-t-il dit, évoquant les attentats meurtriers qui ont touché le consulat allemand de Mazar-e-Charif et la base de Bagram.

Dans ce contexte, l’appui de la communauté internationale est crucial, a souligné le représentant, se félicitant de la présence continue de l’ONU dans le pays à travers la MANUA, de l’engagement réaffirmé de l’OTAN lors du Sommet de juillet à Varsovie et de la confirmation de la poursuite du soutien financier international au développement afghan à l’occasion de la Conférence de Bruxelles en octobre.  Notant toutefois que cette aide ne pourra apporter la paix à elle seule, il a exhorté toutes les parties afghanes à engager « sérieusement » le dialogue, avec la coopération des acteurs régionaux, en vue d’un règlement politique et d’une réconciliation durable.

Observant que le développement humain constitue un autre facteur de stabilisation à long terme, il a plaidé pour la poursuite de l’aide à la réintégration des Afghans dans leur pays et a salué les efforts des autorités pour lutter contre la corruption et permettre une répartition plus équitable des ressources.  Il s’est aussi félicité des mesures prises par le Gouvernement afghan pour faire reculer la violence à l’égard des femmes et des filles.  S’agissant de la protection de l’enfance, autre domaine clef pour l’avenir du pays, il a appelé à une interdiction générale du recrutement d’enfants et à la réintégration des enfants affectés par les conflits armés, via des programmes appropriés. 

Mme RAIMONDA MURMOKAITÉ (Lituanie) a tiré la sonnette d’alarme face à la hausse de la production des drogues illicites en Afghanistan, mettant en garde contre leur impact négatif sur le développement, la santé et la sécurité, au moment où ce pays relève des défis importants.  Il s’agit d’un retournement inquiétant de la situation, notamment depuis 2015 quand la production d’opium avait augmenté de 43%, a dit Mme Murmokaité citant les derniers rapports de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et « Afghanistan Opium survey ».  La représentante a appelé à des actions plus vigoureuses dans ce domaine et jugé essentiel de mobiliser un large consensus pour la mise en œuvre de réformes plus ambitieuses pour lutter contre la corruption, renforcer les droits de l’homme et promouvoir le processus électoral.  

Pour Mme Mumokaité, dont le pays est coauteur de la résolution annuelle, la reconstruction de l’Afghanistan nécessite un engagement inclusif de tous les acteurs, y compris les femmes.  Elle a salué, à cet égard, la réintroduction du quota de 25% pour les femmes au Parlement, tout en encourageant les efforts pour une bonne mise en œuvre de la Stratégie nationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes et du Plan d’action national conformément à la résolution 1325 du Conseil de sécurité de l’ONU qui reconnaît l’impact disproportionné et tout à fait particulier des conflits armés sur les femmes.  La représentante a, de même, fait part de sa préoccupation face à la situation des journalistes en Afghanistan qui demeure en tête des pays les plus dangereux pour les médias.

Elle a, par ailleurs, salué l’accord de paix signé en septembre dernier par le Gouvernement et le Haut Conseil pour la paix avec le parti Hezb-i Islami (HIG) et soutenu les efforts pour s’engager avec tous les groupes armés sans condition préalable.  Elle a toutefois pointé du doigt la situation sécuritaire qui demeure préoccupante: quelque 11 000 victimes civiles en 2015.  Ce nombre risque d’augmenter cette année, s’est-elle alarmée, réitérant l’engagement de la communauté internationale à assister et soutenir l’Afghanistan dans ses efforts pour garantir la sécurité de son peuple.  La Lituanie, a-t-elle conclu, demeure aux côtés du peuple afghan pour la réalisation de ses objectifs de stabilité et de prospérité.

C’est avec une fierté particulière que la Géorgie, malgré sa petite taille et ses propres défis liés au respect de sa souveraineté et de son intégrité territoriale, contribue depuis plus d’une décennie au renforcement de la sécurité régionale par le biais de la coopération bilatérale et multilatérale, a déclaré Mme INGA KANCHAVELI (Géorgie).  Mon pays, a-t-elle précisé, a fait partie des forces internationales déployées en Afghanistan dès les attaques horribles du 11 septembre 2011.  La Géorgie fera partie de la mission de l’OTAN « Soutien résolu » bien au-delà 2016 et le Gouvernement a déjà transféré un million de dollars aux Forces de sécurité et de défense afghanes, la dernière tranche de 500 000 dollars devant être débloquée en 2017.  En juillet 2016, la Géorgie a fait une nouvelle promesse de contribution au développement de l’Afghanistan pour la période 2018-2020, a conclu le représentant.   

M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a noté que la récente Conférence de Bruxelles avait permis de relancer le partenariat entre l’Afghanistan et la communauté internationale, condition indispensable à ses yeux pour assurer un avenir au développement, à la croissance autonome et à la prospérité de ce pays.  Il a toutefois jugé que l’Afghanistan devait intensifier ses efforts de réformes et a appelé le Gouvernement d’union nationale à faire preuve d’un esprit de responsabilité.  La relation de solidarité avec la communauté des pays donateurs repose sur cette condition, a-t-il souligné.

Saluant les efforts consentis par les autorités afghanes en matière de lutte contre la corruption, d’efficacité de la gouvernance économique et d’autonomisation des femmes dans tous les secteurs et à tous les niveaux de la société, le représentant a également noté que la sécurité restait un facteur décisif pour défendre les progrès accomplis ces 15 dernières années.  Il a rappelé à cet égard que l’Italie et ses partenaires de l’OTAN avaient réaffirmé leur engagement à aider les Forces de défense et de sécurité afghanes à améliorer leurs capacités.  Enfin, il a appelé de ses vœux une collaboration constructive des principaux acteurs régionaux pour faciliter les conditions d’un processus de paix qui, a-t-il dit, devra passer par une réconciliation nationale et le lancement d’un cycle vertueux de développement.  

Saluant l’adoption par consensus de la résolution, M. IHAB MOUSTAFA AWAD MOUSTAFA (Égypte) s’est dit préoccupé par la menace que fait peser le trafic de drogues sur la stabilité en Afghanistan, mais aussi dans l’ensemble de l’Asie centrale.  Le représentant a par conséquent insisté sur la nécessité de coopérer à l’échelle régionale pour lutter contre ce trafic.  « Ces efforts ne peuvent être dissociés de la lutte contre le terrorisme », a-t-il ajouté, dans la mesure où le trafic de drogues est l’une des principales sources de financement du terrorisme international.

Le délégué égyptien s’est également inquiété de la « menace grandissante » constituée par Daech dans l’est de l’Afghanistan.  « C’est un cancer contre lequel il faut lutter partout où il se trouve », a-t-il déclaré, ajoutant que l’Égypte est prête à dispenser des formations aux Forces de sécurité afghanes pour mettre fin à cette menace.  Le délégué a affirmé que l’Égypte n’a pas d’autre intérêt en Afghanistan que la poursuite de la paix.  Soucieux d’instaurer la stabilité dans le pays, il a appelé la communauté internationale à renforcer les capacités du Gouvernement afghan à instaurer la paix, la stabilité et le développement durable.

Après s’être inquiété des menaces posées par les terroristes et les extrémistes violents, de la criminalité transnationale organisée et des risques disproportionnés qu’encourent les femmes et les enfants dans cette situation de conflit, M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a souligné que son pays se considère comme un « potentiel partenaire au développement » de l’Afghanistan.  Le Bangladesh, a-t-il annoncé, est prêt à partager l’expérience de son propre développement dans un large éventail de secteurs.  Les deux pays travaillent d’ailleurs ensemble pour améliorer les arrangements institutionnels alors que le Bangladesh a déjà offert des bourses d’études à des étudiants afghans.  Le BRAC, la plus grande ONG bengalie, travaille depuis plusieurs années à des projets de développement dans toutes les 34 provinces de l’Afghanistan. 

M. GHOLAMHOSSEIN DEHGHANI (République islamique d’Iran) a condamné toute coopération avec les Taliban, arguant qu’une telle coopération encouragerait ces derniers et les autres groupes terroristes à poursuivre leurs agissements « odieux ».  Une telle coopération, a-t-il insisté, serait contre-productive s’agissant de la paix et de la sécurité.  L’Iran, a affirmé le représentant, n’a cessé d’alerter le monde de l’émergence de Daech et de ses affiliés en Afghanistan.  Citant les attaques qui donnent raison à son pays, le représentant a jugé important que la communauté internationale maintienne son soutien au Gouvernement d’unité nationale de l’Afghanistan. 

Pour l’Iran, la coopération avec l’Afghanistan est une priorité et « une voie royale » pour consolider la paix et le développement économique de la région.  Cette dernière décennie, l’Iran a dépensé des centaines de millions de dollars et dépêché des experts en Afghanistan, sans compter les bourses d’études qu’il a attribuées.  Après la signature de l’accord tripartite entre l’Afghanistan, l’Inde et l’Iran sur la construction du port iranien de Chabahar, a expliqué le représentant, des réunions de coordination ont été organisées au plus haut niveau.  L’Iran et l’Afghanistan se sont aussi engagés à améliorer la connectivité, comme en témoignent le chemin de fer Khaf-Herat, le projet ferroviaire à Farah et le deuxième pont jeté sur le fleuve Hirmand.

Le représentant a appelé les donateurs, les autorités afghanes et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) à faire face à la menace des stupéfiants.  Il a aussi indiqué que son pays participe à la Commission tripartite sur le rapatriement volontaire des réfugiés afghans.  Entretemps, l’Iran héberge toujours et aide des réfugiés afghans dont 386 000 ont pu s’inscrire l’année dernière dans les écoles et les universités, quel que soit leur statut juridique. 

M. BARLYBAY SADYKOV (Kazakhstan) a déclaré que son pays a toujours œuvré en faveur de la paix en l’Afghanistan.  Il a appelé la communauté à redoubler d’efforts pour garantir la stabilité du pays, notamment afin qu’il soit en mesure de créer un cadre favorable à l’investissement.  À cette fin, il a affirmé que la lutte contre les deux phénomènes interdépendants que sont le terrorisme et le trafic de drogues doit être une priorité.  Le représentant a ainsi appelé à renforcer la coopération entre les polices des États de la région pour mettre fin au trafic de drogues.  Il a également appelé les États à offrir davantage d’alternatives aux agriculteurs afghans, afin qu’ils se détournent de la culture du pavot.

M. TOFIG F. MUSAYEV (Azerbaïdjan) a rappelé que son pays participe à la / Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) en Afghanistan « presque depuis le début » et qu’il n’a cessé de renforcer sa contribution militaire.  Le 7 septembre dernier, le Président de l’Azerbaïdjan a approuvé l’Accord entre son gouvernement et l’Afghanistan sur l’assistance militaire.  L’Azerbaïdjan participe aussi à d’autres initiatives régionales et internationales visant à promouvoir la paix et la stabilité en Afghanistan y compris le Processus d’Istanbul « Cœur de l’Asie ».  Le pays s’implique également dans les efforts visant l’intégration économique de l’Afghanistan, comme en témoignent le Port commercial international de Bakou et le chemin de fer en finition Bakou-Tbilisi-Kars.  Le représentant a insisté sur la détermination de tous à relever les défis sécuritaires de l’Afghanistan, sur l’importance qu’il y a à ce que l’Afghanistan renforce son dialogue avec ses voisins et les autres partenaires régionaux sur un large éventail de questions et sur le caractère essentiel d’un engagement international et régional constant en faveur du pays.

M. GEORGI PANAYOTOV (Bulgarie) a dit l’engagement constant de son pays en faveur des efforts de l’OTAN en Afghanistan, comme l’illustrent sa participation à la mission « Soutien résolu » et ses annonces de contribution pour la période 2018-2020.  Maintenir l’unité du Gouvernement afghan sera d’une « importance critique » pour la stabilité politique du pays et le respect des engagements pris à la Conférence de Bruxelles, a prévenu le représentant.  Le processus de paix et de réconciliation reste une condition préalable à un Afghanistan sûr et stable, a-t-il poursuivi.  Il a salué l’accord entre les autorités afghanes et Hezb-i-Islami et espéré qu’il encouragera les autres groupes à s’engager dans des pourparlers de paix constructifs et conduits par les Afghans eux-mêmes.  Le représentant a aussi insisté sur la coopération régionale. 

Un Afghanistan plus sûr et plus stable, a-t-il ajouté, est nécessaire pour inverser le flux des migrants vers l’Europe et à terme faire baisser la pression migratoire.  Frontière extérieure de l’Europe, exposée à une très grande pression, la Bulgarie attache la plus grande importance au « Joint Way Forward on Migration issues » de l’Union européenne et de l’Afghanistan.  Le représentant a appelé à une meilleure coopération dans le contrôle et la gestion des flux migratoires, y compris pour le rapatriement des migrants clandestins.  Il a conclu en rappelant qu’à la Conférence de Bruxelles, son pays a dit qu’il envisageait de nouveaux projets bilatéraux et de nouveaux engagements en faveur de l’Afghanistan au-delà de 2020.  

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