Assemblée générale: le Pérou et l’Équateur plaident pour une prise en compte des conséquences d’El Niño dans la problématique du développement
Dans le sillage du passage particulièrement dévastateur du phénomène météorologique El Niño sur leur région en 2015-2016, le Pérou et l’Équateur ont, de la tribune de l’Assemblée générale, lancé un appel pour que la communauté internationale fasse de la gestion des risques de catastrophe une priorité du développement durable.
El Niño est le terme utilisé pour décrire le réchauffement d'une partie du Pacifique qui se produit, en moyenne, tous les trois à sept ans et qui entraîne une hausse des températures et des changements climatiques caractérisés, selon les pays, par des inondations ou des sécheresses.
Le Président de l’Assemblée générale, M. Peter Thomson, a mis l’accent sur les ravages provoqués par la dernière occurrence de ce phénomène en ouvrant cette séance consacrée aux « recommandations concrètes visant à faire face aux conséquences socioéconomiques et environnementales de l’épisode 2015-2016 d’El Niño ».
Depuis l’adoption, en décembre dernier, de la résolution* sur l’examen des effets à l’échelle planétaire d’El Niño pour la période 2015-2016, quelque 60 millions de personnes ont été affectées dans le monde, a-t-il souligné, en particulier en Afrique australe, dans les Caraïbes, le Pacifique ou l’Asie du Sud-Est. Le Président a jugé urgent de mettre en place des stratégies à long terme pour améliorer la résilience des populations et prévoir des réponses humanitaires adaptées.
El Niño sapant l’espoir des pays affectés de réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, il a plaidé pour une « approche coordonnée » sur la base des « instruments essentiels » que sont le Cadre d’action de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe et l’Accord de Paris sur les changements climatiques.
L’adoption du Cadre d’action a été un « signe encourageant » de la volonté de la communauté internationale d’inclure pleinement cette question à la problématique du développement, a commenté le représentant du Pérou. Il a salué à cet égard les efforts conjugués de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et des centres régionaux et nationaux pour le climat en vue d’atténuer les conséquences négatives du phénomène El Niño, indiquant que son gouvernement a dépensé environ 505 millions de dollars pour éviter des pertes économiques de 3,5 milliards de dollars, soit 0,2% du PIB.
Face aux plus terribles sécheresses qu’ait connues l’Amérique centrale, le Gouvernement équatorien a quant à lui mis en œuvre des projets polyvalents préparés depuis neuf ans et qui sont le fruit d’un investissement public de 1,1 milliard de dollars, a renchéri le délégué de l’Équateur. Il s’est agi, entre autres, de financer des programmes contre la propagation de la zika, de la dengue et du chikungunya, et pour la protection de plus de 142 000 hectares de cultures. Le représentant a remercié le Secrétaire général pour avoir nommé en mai dernier, deux Envoyés spéciaux sur El Niño et le climat, Mme Mary Robinson, de l’Irlande, et M. Macharia Kamau, du Kenya, appelant la communauté internationale à ne plus être « seulement réactive » mais à adopter une « attitude volontariste et transversale » sur le long terme pour promouvoir le développement des pays affectés par El Niño.
L’Assemblée reprendra sa plénière demain jeudi 3 novembre à partir de 15 heures pour élire les membres de la Commission du droit international.
*A/70/L.7/Rev.1
RECOMMANDATIONS CONCRÈTES VISANT À FAIRE FACE AUX CONSÉQUENCES SOCIOÉCONOMIQUES ET ENVIRONNEMENTALES DE L’ÉPISODE 2015-2016 DU PHÉNOMÈNE EL NIÑO
M. PETER THOMSON, Président de l’Assemblée générale, a ouvert séance cette en indiquant que, depuis l’adoption en décembre dernier par l’Assemblée générale de sa résolution sur ce phénomène météorologique, quelque 60 millions de personnes dans le monde ont été affectées par ses effets dévastateurs.
Les grandes sécheresses en Afrique australe ont entraîné de mauvaises récoltes, des ouragans catastrophiques ont traversé les Caraïbes, de graves cyclones tropicaux ont frappé le Pacifique et l’Asie du Sud-Est, et en Équateur, des centaines d’inondations et de glissements de terrain ont dévasté des localités entières.
Pour le Président de l’Assemblée générale, le phénomène a « semé le chaos » en perturbant la pluviométrie, ce qui a provoqué des inondations et de grandes sécheresses. La conjonction des effets des changements climatiques et d’El Niño a augmenté l’intensité, la fréquence et la variabilité des épisodes météorologiques extrêmes, frappant d’abord et le plus durement les pays les moins responsables du réchauffement planétaire.
Avertissant que ces phénomènes « risquent de se multiplier et de s’aggraver», il a jugé urgent de mettre en place des stratégies sur le long terme pour améliorer la résilience des populations face aux catastrophes naturelles et prévoir des réponses humanitaires adaptées. Il s’est félicité de la nomination en mai par le Secrétaire général des Envoyés spéciaux sur El Niño et le climat, Mme Mary Robinson, de l’Irlande, et M. Macharia Kamau, du Kenya.
Au-delà de ses effets humanitaires, qui peuvent prendre la forme de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition, d’une poussée des maladies infectieuses et d’une multiplication des déplacements forcés, El Niño sape aussi les perspectives de réalisation des objectifs de développement durable à l’horizon 2030 pour les pays affectés, a poursuivi le Président de l’Assemblée générale, plaidant pour une « approche coordonnée » de la communauté internationale, qui s’appuierait sur les « instruments essentiels » que sont le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe et l’Accord de Paris sur les changements climatiques.
M. Thomson a conclu son intervention en estimant qu’il est aujourd’hui prioritaire de mettre en œuvre ces accords mondiaux pour « résoudre ou atténuer » les effets socioéconomiques du phénomène El Niño.
En raison de son orientation géographique et des caractéristiques de son territoire, a souligné M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou), le Pérou est particulièrement exposé aux catastrophes naturelles, dont les conséquences sont susceptibles d’affecter la vie, le développement et les moyens de subsistance de ses citoyens. « C’est pour cette raison que la gestion des risques de catastrophe au Pérou est une politique d’État et fait partie intégrante de notre programme de développement », a-t-il indiqué.
Au niveau international, le représentant a vu dans l’adoption du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe (2015-2030), le signe encourageant de la volonté de la communauté internationale d’inclure pleinement cette question aux problématiques de développement.
Le phénomène climatique El Niño 2015-2016 a été l’un des plus violents depuis 1997, a poursuivi le représentant. Il a par conséquent salué les efforts concertés déployés par l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et les centres régionaux et nationaux pour le climat en vue d’atténuer les conséquences négatives du phénomène. Il a précisé que le Gouvernement du Pérou a dépensé environ 505 millions de dollars, ce qui a permis au pays, selon lui, d’éviter des pertes économiques de de 3,5 milliards de dollars, soit 0,2% du produit intérieur brut.
Le représentant a rappelé que, lors des précédentes occurrences du phénomène El Niño entre 1982 et 1983 et entre 1997 et 1998, l’agriculture, la pêche et l’élevage avaient été les secteurs les plus touchés. Or, a-t-il poursuivi, lors du phénomène 2015-2016, les investissements consentis par le Gouvernement, notamment dans le secteur agricole, ont permis d’éviter le pire.
Le représentant a ensuite souhaité tirer les leçons du phénomène climatique El Niño 2015-2016. En premier lieu, a-t-il souligné, il est très important de planifier la coopération entre chaque gouvernement et sa population, ainsi que de mettre en place des mesures multisectorielles et à tous les niveaux de la gouvernance. Le représentant a également insisté sur la nécessité de mettre en œuvre des politiques de gestion des catastrophes; de maintenir un système d’alerte pour pouvoir identifier les secteurs où il y aurait des lacunes; de coopérer pleinement avec les États voisins; et de se doter de mesures de sécurité pour préserver les infrastructures de production localisées près des rivières.
Il a aussi appelé à conserver des réserves en eau pour l’agriculture et l’élevage durant les périodes de sécheresse. Enfin, le délégué péruvien a souligné la nécessité d’améliorer l’exactitude des systèmes d’alerte rapide et de renforcer la coopération avec les autorités locales dans le but de mobiliser au mieux les ressources.
M. ESTEBAN CADENA (Équateur) a fait remarquer que, selon le dernier rapport de l’Organisation météorologique mondiale, l’épisode de grande intensité d’El Niño en 2015-2016 a pris fin en mai dernier, après avoir affecté plus de 60 millions de personnes. Parmi ceux qui ont été frappés le plus gravement figurent les nombreuses familles qui dépendent de l’agriculture, de la pêche et de l’élevage, a-t-il souligné.
Le représentant s’est réjoui à cet égard que les prévisions fassent état de « fortes probabilités » qu’un épisode faible de La Niña se produise en 2016 et que « presque aucun » épisode de l’ampleur d’El Niño ne soit prévu en 2016 et 2017.
Pour faire face aux catastrophes provoquées par El Niño, dont l’une des plus terribles sécheresses qu’ait connues l’Amérique centrale, le Gouvernement équatorien a mis en œuvre ses projets polyvalents préparés depuis neuf ans et qui sont le fruit d’un investissement public de 1,1 milliard de dollars, a indiqué le délégué, évoquant la construction de protections anti-inondations et de barrages pour garder l’eau nécessaire aux cultures, mais aussi l’exécution de programmes de contrôle des maladies véhiculées par les insectes, comme le virus zika, la dengue et le chikungunya.
En coordination avec les autorités locales et la société civile, le Gouvernement équatorien a pu renforcer les capacités de prévention et de réponse à la menace El Niño, a poursuivi le délégué, indiquant que cet ensemble de mesures de gestion inclusive du risque comprend notamment un système innovant de géolocalisation des personnes handicapées, considérées comme particulièrement vulnérables.
Ces mesures de prévention ont permis à l’Équateur de sauver un grand nombre de personnes dans les zones à risque et d’économiser 300 millions de dollars sur la période 2015-2016 grâce à la protection de plus de 142 000 hectares de cultures mais aussi de troupeaux de bétail et d’infrastructures, a-t-il encore précisé.
Si l’Équateur reconnaît l’importance de l’aide humanitaire pour les pays les plus gravement touchés par le phénomène, il estime qu’au-delà de cette seule considération, le moment est venu de prévoir des mesures de renforcement des capacités institutionnelles, a poursuivi le représentant, remerciant le Secrétaire général pour la mise en œuvre du Cadre de Sendai et la désignation de deux Envoyés spéciaux pour El Niño et le climat.
L’Équateur, a-t-il déclaré en conclusion, estime que, pour faire face aux effets des catastrophes naturelles sur le long terme, seule une attitude « volontariste et transversale » de la communauté internationale permettra de fournir aux pays menacés par El Niño les outils dont ils ont besoin, tant sur le plan scientifique et technologique qu’en matière d’infrastructures.