Soixante-dixième session, Réunion de haut niveau sur le VIH/sida
101e & 102e séances plénières-matin & après-midi
AG/11790

« Souffrances et exclusion » mais aussi « espoir et opportunités »: l’Assemblée générale achève sa Réunion de haut niveau sur le VIH/sida

« Des souffrances et de l’exclusion » mais aussi « de l’espoir et des opportunités »: c’est ce que le Président de l’Assemblée générale, Mogens Lykketoft, a voulu retenir de la Réunion de haut niveau qu’il a organisée pour accélérer la riposte mondiale contre le VIH/sida et mettre fin à l’épidémie d’ici à 2030.  La Réunion a été marquée par l’adoption, mercredi dernier, d’une nouvelle Déclaration politique qui prévoit de ramener d’ici à 2020, à moins de 500 000 par an le nombre des nouvelles infections, contre 1,4 million l’an dernier.

Pour parvenir à cet objectif, le Président de l’Assemblée générale, M. Mogens Lykketoft a rappelé que la connaissance, la technologie, les ressources et le pouvoir sont là.  « La question est maintenant de savoir si nous avons la volonté et l’humanité d’y parvenir », a-t-il ajouté, en se voulant optimiste à l’issue de trois jours d’une Réunion de haut niveau marquée par la présence de deux chefs d’État, ceux du Burkina Faso et de la République centrafricaine, et de très nombreux ministres, dont plusieurs dizaines de ministres de la santé.

À l’appui de cet optimisme, le représentant d’Israël a annoncé aujourd’hui que deux chercheurs de la « Hebrew University » croient avoir trouvé un traitement prometteur qui pourrait totalement détruire les cellules infectées du VIH.  Au lieu de se contenter de prévenir la réplication du virus, le nouveau traitement le détruirait complètement, a expliqué le représentant, qui a lancé: « Imaginez un monde où l’humanité aurait éradiqué le VIH/sida et où le virus ne serait plus une menace ». 

Pour que tout ceci ne reste pas « une douce utopie », science et action doivent s’accompagner d’un engagement contre la discrimination et l’injustice, a averti la Belgique, qui a rappelé, après bien d’autres, que l’épidémie de VIH/sida n’est pas seulement une crise sanitaire mondiale, mais aussi une crise des droits de l’homme et de justice sociale.

C’est aussi une question d’argent et il aura été beaucoup question de financement lors de ces trois jours.  Le Luxembourg a annoncé aujourd’hui qu’il augmentera de 8% ses contributions à la cinquième reconstitution du Fonds mondial contre le sida, la tuberculose et le paludisme pour la période 2017-2019.  Hier, sous les applaudissements, les États-Unis avaient annoncé la création d’un nouveau fonds de 100 millions de dollars pour soutenir des approches novatrices, ciblées et communautaires en faveur des « populations clefs ».  La France a quant à elle rappelé sa proposition de créer une taxe sur les transactions financières pour générer 35 milliards de dollars par an. 

L’argent, c’est aussi le coût des traitements, lequel a pourtant chuté de quelque 15 000 dollars par an et par personne à 80, 100 ou 200 dollars aujourd’hui.  Mercredi, l’Inde s’était enorgueillie de son statut de « pharmacie du monde », rappelant que plus de 80% des antirétroviraux (ARV) dans le monde sont fournis par sa filière pharmaceutique, ce qui a permis de sauver des millions de vie dans le monde, en particulier dans les pays en développement.  Aujourd’hui, le Brésil a mis l’accent sur son rôle pionnier dans l’accès à des traitements abordables, avant d’insister sur les « flexibilités » de l’Accord sur les droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC) et de les présenter comme « les héros silencieux » de la baisse des prix et des politiques nationales et internationales d’accès aux médicaments.

Les préoccupations sur le financement restent pourtant nombreuses.  Si le Nicaragua a dit financer entièrement sur son fonds propre les ARV, que le Niger a pu s’enorgueillir, jeudi dernier, d’avoir porté la part nationale de la lutte contre le VIH/sida de 6,72% en 2011 à 55,81% en 2015 et que beaucoup d’autres États ont fait valoir leurs efforts financiers, plus nombreux encore ont été ceux qui se sont alarmés du risque qu’une baisse de l’aide extérieure et en particulier, les pays à revenu intermédiaire qui ont dénoncé leur manque d’accès aux subsides du Fonds mondial.  Ils ont demandé plus de souplesse « au moins jusqu’en 2020 » comme l’a dit la Jamaïque.

Les déclarations ont aussi mis en évidence la persistance des réticences et divergences sur la notion de « populations clefs », définies dans la Déclaration comme les usagers de drogues injectables, les travailleurs du sexe, les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes, les transgenres et les prisonniers.  Aujourd’hui encore, le Soudan a dit appuyer la Déclaration politique « à l’exception de certains points qui vont à l’encontre des valeurs culturelles et éthiques ».  Auparavant, l’Indonésie avait estimé qu’il revient à chaque pays de définir ses populations les plus à risque et le Bangladesh a insisté sur l’importance d’une reconnaissance des normes sociales, culturelles et religieuses de chaque État.  À l’opposé, de nombreuses délégations ont dénoncé le « leurre » qui consisterait à penser qu’on pourra éradiquer le sida sans chercher à atteindre ces « populations clefs ». 

La réunion l’a toutefois montré: le pragmatisme fait des progrès.  Ainsi, c’est en tant que « pays musulman pragmatique » que la Malaisie cherche à mettre un terme à l’épidémie « dans une perspective musulmane ».  De même, les Seychelles ont rappelé deux mesures « historiques » prises l’an dernier: la dépénalisation de l’homosexualité et la création d’un programme d’échange de seringues.

La réunion a aussi beaucoup mis l’accent sur la protection des jeunes.  Nombreux ont été ceux qui ont plaidé en faveur d’une éducation sexuelle et du plein accès à la santé sexuelle et reproductive, notamment pour les adolescentes.  « Comment peut-on considérer une fille assez mûre pour être mariée, mais pas assez pour être éduquée sur sa sexualité? » s’est indigné le représentant du Danemark lors d’une table ronde consacrée spécifiquement à la prévention chez les jeunes.  Ce sont du reste les adultes qui sont les premiers responsables de la contamination des adolescentes et des jeunes femmes au Kenya, a constaté le représentant de ce pays.  Il n’en reste pas moins un grand écart entre des États qui, comme la France, proposent aux adolescents un dépistage sans consentement parental et l’Indonésie, pour qui toute mesure en faveur des adolescents doit être prise avec l’accord des parents.

Mais comment peut-on prétendre travailler pour les jeunes quand ils ne sont même pas invités à parler, a relevé le Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP).  Une jeune femme de l’ONG « All Ukrainian Network of People Living with HIV » a encouragé ses congénères à s’exprimer publiquement sur leur séropositivité pour faire « bouger les lignes ».

RÉUNION DE HAUT NIVEAU SUR LA MISE EN ŒUVRE DE LA DÉCLARATION D’ENGAGEMENT ET DES DÉCLARATIONS POLITIQUES SUR LE VIH/SIDA A/70/L.52

Débat général

M. PERRY GOMEZ, Ministre de la santé des Bahamas, a expliqué que son gouvernement s’est engagé à mettre en œuvre la riposte accélérée pour les cinq prochaines années et est déjà, au niveau régional, classé premier s’agissant de la couverture santé universelle.  Les objectifs sont ambitieux et requièrent de nouveaux efforts dans la sensibilisation, la prévention et le traitement.  La riposte accélérée, a prévenu le Ministre, exigera une approche multisectorielle alliant gouvernements, partenaires au développement, Fonds mondial et société civile, société civile et autres.  Au titre des obstacles, le Ministre a cité le financement et ou encore la mauvaise gestion des ressources disponibles. 

M. MILORAD ŠĆEPANOVIĆ, Directeur général des affaires multilatérales du Ministère des affaires étrangères et de l’intégration européenne du Monténégro, a déclaré que le taux actuel de prévalence du VIH/sida dans le pays est de 0,017%.  Mais la tendance régionale indique un risque de propagation rapide du virus si la prévention au sein des groupes les plus à risque n’est pas améliorée.  Le nombre cumulé de personnes vivant avec le VIH depuis 1989 est de 194 sur lesquelles 99 ont développé le sida et 47 en sont décédées.  La réponse nationale doit être intensifiée afin de donner un accès universel aux interventions clefs dans le domaine de la prévention et du traitement.  Le Monténégro cherche à répondre aux défis de la stigmatisation et de la discrimination, et du manque de données, d’expertise technique et de ressources humaines.  Le but est de pouvoir lancer les activités stratégiques à long terme.  À cette fin, une nouvelle stratégie nationale de lutte contre le VIH/sida pour la période 2015-2020 a été adoptée dont l’objectif est de garder un taux de prévalence faible, assurer l’accès universel à la prévention et au traitement et améliorer la qualité de vie des personnes vivant avec le VIH par une réponse multisectorielle coordonnée.  La Stratégie a cinq programmes qui se concentrent sur la création d’un environnement sûr et favorable débarrassé des préjugés et de la discrimination, la prévention, le traitement, les soins et l’accompagnement des personnes vivant avec le VIH, la surveillance, la coordination et les partenariats. 

M. ZVONKO MILENKOVIKJ, Coordonnateur national pour le VIH/sida de l’Ex-République yougoslave de Macédoine, a expliqué que son pays rédige actuellement une nouvelle stratégie nationale pour les cinq prochaines années, qui prévoit une approche multisectorielle.  Le pays a une prévalence faible et concentrée du VIH, a-t-il expliqué.  Le nombre de personnes séropositives a toutefois augmenté ces dernières années et l’on voit une prévalence nettement plus forte chez les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes, ou encore les toxicomanes utilisant des drogues par injection.  En outre, il existe un problème de dépistage, qui est souvent trop tardif: plus de 41% des personnes séropositives ont déjà développés le sida, ce qui réduit les possibilités d’un traitement efficace et donc leur chance de survie.

La nouvelle stratégie, qui doit entrer en vigueur l’an prochain, est mise en place dans un contexte financier « différent et préoccupant », a précisé M. Milenkovikj, qui a fait remarquer que la réduction de l’aide internationale est un défi pour la viabilité du programme national.  L’interruption de l’appui international sans une augmentation des ressources nationales aurait des répercussions graves sur la lutte contre le VIH.  Le pays doit donc trouver des sources de financement alternatif pour pouvoir investir davantage les traitements antirétroviraux et la prévention auprès des groupes les plus à risque.  Avec un financement adapté, le pays pourrait éviter 760 nouveaux cas et environ 290 décès d’ici à 2030.

Mme ESPERINA NOVELLO NYILOK, Présidente de la Commission nationale sur le sida du Soudan du Sud, a expliqué qu’avec une population de 12 millions de personnes, dont plus de 51% de jeunes de moins de 18 ans et 70% de moins de 30 ans, son pays a un taux de prévalence de 2,6%; 16 000 nouveaux cas ayant été enregistrés en 2015.  Il existe une véritable disparité d’un État à l’autre, mais la réponse a été efficace.  Aujourd’hui, 19 000 personnes sont sous traitement par rapport à 3 512 en 2011 et le nombre des enfants sous traitement est passé de 164 en 2012 à 726 en 2015.  Les services de prévention et de traitement assurent désormais une couverture de 41% par rapport à 18% grâce à l’option B+ qui a été lancée en 2012.  Toutefois, ces nombres sont loin de permettre la réalisation des objectifs fixés pour 2015, a reconnu Mme Nyilok qui a expliqué cela en partie par les conséquences de la guerre civile et le nombre important de personnes déplacées.  Le Gouvernement s’engage à redoubler d’efforts et certains ministères, dont ceux de l’éducation et de la défense, ont déjà intégré des programmes de lutte contre le VIH dans leurs programmes.  Des services sont également fournis aux personnes déplacées et l’environnement propice à une riposte efficace est en train d’être mis en place.  Pour la Ministre, l’autre priorité reste la lutte contre la stigmatisation, la violence sexuelle et l’exercice par les jeunes de leurs droits sexuels.  Le Gouvernement s’engage à mettre fin aux mariages précoces d’ici à 2030. 

M. MALIK SENE (Mali) a déclaré que son pays fait de la lutte contre le VIH/sida une priorité depuis 35 ans et est parvenu à ramener la prévalence à 1,1% grâce à des progrès importants en termes de prévention, de traitement et de protection des droits de l’homme.  Sans la crise que le pays connait dans sa partie nord, ce taux serait même inférieur à 1%, a-t-il affirmé.  Les priorités du pays portent sur la prévention de la transmission mère-enfant, la protection des populations fortement précarisées dans les zones de conflits, l’accélération de la réponse dans les zones de pauvreté des grandes villes où l’accès aux services de santé de base reste limité, la protection des droits de l’homme des personnes séropositives et des minorités sexuelles face aux risques d’exclusion, de stigmatisation et de discrimination, et la protection des populations dans les zones d’orpaillage.  Le représentant a en effet attiré l’attention sur les dangers, voire les menaces, que peut constituer l’orpaillage traditionnel, dont les sites se multiplient sur un terrain de pauvreté généralisée, rassemblent de fortes concentrations de populations à risque venant de diverses régions du pays et de pays voisins et constituent des « lieux de commerce de toutes sortes ».

Le Mali prépare sa propre Déclaration politique sur l’élimination du sida dans les 15 prochaines années comme menace à la santé publique, qui sera mise en œuvre dans le cadre de plans d’action quinquennaux.  Pour sa mise en œuvre, le Mali entend faire un effort exceptionnel de mobilisation des ressources internes à travers un fonds national de lutte contre le sida.  Dans le contexte de la mise en œuvre de l’Accord de paix et de la présence de la Mission de l’ONU, M. Sene a demandé au Secrétaire général de prendre les mesures voulues pour former le personnel des opérations de maintien de la paix à la prévention du sida.

M. KESETEBIRHAN ADMASU, Ministre de la santé de l’Éthiopie, a indiqué que dans son pays, le taux de prévalence s’est stabilisé à 1,1%, ce qui représente 769 600 personnes dont 400 000 sous traitement.  L’Éthiopie a pris des mesures politiques, institutionnelles, administratives et juridiques qui ont porté leurs fruits: en moins de 10 ans, le nombre des nouvelles infections a baissé de plus de 90% et celui des décès de 70%.  Le Ministre a imputé ces succès à une forte volonté politique, à un partenariat « sincère » avec la communauté internationale et à « nos parties prenantes essentielles ».  Il n’a pas caché les variations importantes entre les groupes de populations et les zones géographiques.  Le pays a donc opté pour une approche d’investissements ciblée axée sur la prévention, le traitement et les soins.  Cette approche devrait permettre d’ici à 2020 d’éviter 70 000 à 80 000 nouvelles infections et de sauver la vie de plus d’un demi-million de personnes, ce qui répond en grande partie à la cible 90-90-90 d’ONUSIDA. 

M. THEOFILOS ROSENBERG (Grèce) a déclaré que, lors de la Réunion de haut niveau précédente il y a cinq ans, son pays connaissait une hausse sans précédent des cas de VIH parmi les toxicomanes, dans un contexte de crise économique aiguë. Aujourd’hui, le Gouvernement a inversé la tendance grâce à un travail avec les communautés locales, la société civile et les partenaires internationaux et des efforts renouvelés dans les domaines du dépistage et du traitement.  Nous savons aujourd’hui ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, a ajouté M. Rosenberg, qui a salué le travail d’ONUSIDA et sa cible 90-90-90 et appelé la communauté internationale à aller au-delà des discours et à intensifier ces actions en faveur des « populations clefs ».

À cet égard, M. Rosenberg s’est dit préoccupé, tout comme la société civile, par la terminologie utilisée dans la Déclaration politique adoptée par l’Assemblée générale.  La lutte contre la stigmatisation et la discrimination doit être quotidienne, dans le travail de terrain comme dans le langage utilisé. En Grèce comme partout dans le monde, les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes sont affectés de manière disproportionnée par le VIH, a rappelé M. Rosenberg.

M. LOKMAN HAKIM SULAIMAN, Directeur général adjoint au Ministère de la santé de la Malaisie, a rappelé qu’au départ les usagers de drogues par injection étaient les premières victimes du VIH/sida en Malaisie.  En 2000, ce groupe représentait 80% des nouveaux cas.  Grâce au programme lancé en 2005, il a été possible de réduire le taux des nouvelles infections à 16,8% en 2015.  Actuellement le défi à relever est celui de l’augmentation des cas de VIH/sida transmis par voie sexuelle.  En tant que pays musulman « pragmatique », la Malaisie cherche à mettre un terme à l’épidémie « dans une perspective musulmane ».  Elle a créé, pour ce faire, un large partenariat entre imams, leaders communautaires, médecins, ONG et personnes touchées par la maladie et développé un module qu’elle est prête à partager avec d’autres pays intéressés.  Ce module, qui existe en différentes langues locales, en anglais et en arabe, a pour mission de sensibiliser et informer sur le VIH/sida et de donner les outils aux imams pour jouer un rôle de plaidoyer, en particulier pour lutter contre la stigmatisation des malades.  Le nouveau plan stratégique à long terme se base essentiellement sur le dépistage, et l’accès aux ARV et aux soins parallèles, a précisé M. Sulaiman.

M. SYED MOJURUL ISLAM (Bangladesh) a insisté sur l’importance qu’il y à reconnaître les normes sociales, culturelles et religieuses de tous les États Membres.  Le Bangladesh, a-t-il dit, a un faible taux de prévalence de 0,1% de la population, majoritairement chez les toxicomanes qui vivent dans la capitale.  Par des mesures de prévention, de soins et de traitements, le Bangladesh a réussi durant deux décennies à stabiliser le taux de prévalence alors qu’il augmente dans les pays voisins.  Mettre fin au sida est une responsabilité collective mondiale et les partenaires doivent continuer d’appuyer les effort nationaux, a poursuivi le représentant, qui a préconisé d’intégrer les services de prévention dans les infrastructures médicales et de répondre aux besoins spécifiques des femmes enceintes, des adolescentes, des jeunes, des migrants et autres groupes de population vulnérables.

M. SHANTA BAHADUR SHRESTHA, Secrétaire d’État à la santé du Népal, a dit que la lutte contre le VIH/sida a été reconnue comme une des priorités de la Stratégie nationale du secteur de la santé (2016-2021).  Il a cité le développement d’un programme quinquennal nommé VIH HORIZON 2020 qui vise à intégrer toute la force de la société civile dans la réponse au VIH.  Au Népal, s’est-il félicité, le nombre de nouvelles infections et celui des décès liés au VIH a été réduit de 50% depuis 2010.  Soulignant que « mieux vaut prévenir que guérir », M Shrestha a expliqué que la prévention était au cœur des efforts de son pays. 

Mme SYLVIE LUCAS (Luxembourg), qui s’est félicité des résultats obtenus après la Déclaration politique de 2011, a appelé à ne pas relâcher les efforts. « Nous connaissons les obstacles et les défis qui persistent; prenons les décisions qui s’imposent », a-t-elle déclaré en rappelant que le Luxembourg est un des parrains de l’initiative 90-90-90 d’ONUSIDA et qu’il a particulièrement à cœur le sort des enfants touchés par le sida.  En dépit des progrès réalisés dans la prévention de la transmission mère-enfant, un enfant sur deux infecté par le sida est condamné à mourir dans les deux ans en l’absence de traitement, ce qui n’est « pas acceptable ».  La représentante a demandé une réponse urgente pour améliorer le diagnostic précoce, des formules pédiatriques adaptées des antirétroviraux, l’intégration des services et l’observance thérapeutique.

Le Luxembourg est également préoccupé par la situation des jeunes, et notamment des jeunes filles et jeunes femmes, qui représentent le seul groupe d’âge pour lequel le taux des nouvelles infections a augmenté.  Il faut donc  garantir et promouvoir le plein respect des droits sexuels et procréatifs et assurer la liberté d’accès aux services de santé sexuelle ainsi qu’une éducation sexuelle complète, a affirmé la représentante.  Mme Lucas a en outre rappelé qu’il ne sera pas possible d’éradiquer le sida si on continue d’ignorer les besoins spécifiques des différentes populations clefs, alors que leur accès aux soins reste limité.  Il faut aussi assurer les ressources financières nécessaires, a poursuivi Mme Lucas, qui a annoncé que le Luxembourg augmentera de 8% ses contributions à la cinquième reconstitution des ressources du Fonds mondial contre le sida, la tuberculose et le paludisme pour la période 2017-2019.  Elle a souhaité que d’autres États suivent ce mouvement car « nous n’avons pas seulement la possibilité de mettre fin à l’épidémie de VIH/sida, nous en avons le devoir moral.  Si nous ne saisissons pas l’opportunité qui s’offre à nous aujourd’hui, les générations futures ne nous le pardonneront pas, et elles auraient raison », a conclu Mme Lucas.

Éliminer le sida serait un triomphe du multilatéralisme fondé sur la science, a déclaré M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein).  Ce serait la plus belle illustration du dévouement aux engagements pris dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  En 15 ans, a dit le représentant, nous avons appris ce qui marche et ce qui ne marche pas.  Nous savons maintenant que la recette du succès est une approche fondée sur les preuves et la science.  Le temps n’est pas à la complaisance, a-t-il estimé, en se félicitant de la riposte accélérée pour réaliser la cible 90-90-90 d’ONUSIDA.  Le risque, y compris en Europe, est de croire que le VIH/sida n’est plus une menace et un des enseignements de ces 15 dernières années, est que la prise en compte de la dimension des droits de l’homme est la clef du succès.  La stigmatisation et la discrimination, s’est expliqué le représentant, continuent de poser une grave menace au plein exercice des droits des personnes séropositives et d’être un obstacle à une riposte efficace.  Le représentant a donc estimé que la Déclaration politique aurait dû dire clairement que la victoire sur le VIH/sida ne sera possible que si l’on met fin aussi à la marginalisation voire à la criminalisation de certains groupes.  Compte tenu de cette réalité, il a regretté que l’on n’ait pas insisté sur l’abrogation des lois discriminatoires et punitives. 

Notre réponse doit aussi se concentrer sur ceux qui sont les plus touchés par l’épidémie, en particulier les femmes et les enfants, a poursuivi le représentant qui a dénoncé la violence fondée sur le sexe, les normes préjudiciables et les relations de pouvoir, comme des facteurs qui rendent les femmes et les jeunes filles plus vulnérables au VIH.  L’éradication du VIH/sida et l’autonomisation des femmes sont « inextricablement liées »et en la matière, l’éducation sexuelle et l’accès aux services de prévention sont les clés.  Le représentant a donc regretté que la Déclaration ne parle ni de l’éducation sexuelle complète ni des droits et de la santé sexuels et reproductifs.  La fenêtre d’opportunités pour changer radicalement la trajectoire de l’épidémie est « étroite », a-t-il prévenu. 

Mme BÉNÉDICTE FRANKINET (Belgique) s’est dite convaincue que l’ambition visionnaire de mettre fin à l’épidémie de sida ne se réalisera que si tous les États, quel que soit le niveau auquel ils sont affectés, décident de pratiquer une politique adaptée à la réalité du terrain.  Le sida n’est pas seulement une crise sanitaire mondiale.  Il est aussi une crise des droits de l’homme et de justice sociale.  Pour que l’engagement pris il y a 15 ans de mettre fin à l’épidémie d’ici à 2030 ne reste pas « une douce utopie »,  il est plus que temps de faire preuve de volonté politique en adoptant les stratégies qu’il faut.  La science et l’action doivent s’accompagner d’un engagement en faveur des droits de l’homme et de la lutte contre l’injustice, a averti la représentante. 

La Belgique soutient le rôle central de coordination joué par l’ONUSIDA, qui doit être conservé, voire renforcé, a poursuivi la représentante.  Elle a préconisé des politiques davantage fondées sur les données scientifiques et focalisées sur des populations clefs, telles que les jeunes filles, les travailleurs du sexe, les toxicomanes utilisant des drogues par injection ou les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes.  Elle a jugé important d’éviter de favoriser la constitution de « zones d’épidémie cachées » pouvant résulter du refus de voir certains groupes ou de leur accorder des droits.  La Belgique demande également que soient condamnées toutes les formes de violences sexuelles et domestiques, à l’encontre des enfants ou des femmes.  Elle réclame que soit accordée une éducation sexuelle complète et un plein accès aux soins de santé sexuelle aux jeunes, en particulier les jeunes filles. 

Le secteur privé, et notamment le secteur pharmaceutique, peut aussi jouer un rôle important, comme c’est le cas avec des entreprises pharmaceutiques belges qui fournissent des traitements à moindre coût à certains pays partenaires.  La lutte contre le sida fait partie intégrante de l’appui de la coopération belge à l’amélioration des systèmes de santé, a rappelé la représentante.  La Belgique, qui est un des 10 premiers contributeurs à l’ONUSIDA, estime que la part du financement international dans la lutte contre le sida doit pouvoir être progressivement diminuée à mesure que la part du financement national augmente.

M. MAHMADAMIM MAHMADAMINOV (Tadjikistan) a expliqué que pour lutter contre le VIH/sida, son pays coopère activement avec la communauté internationale bilatéralement et multilatéralement.  L’une des réalisations significatives a été l’élimination, en 2014, de toutes les restrictions d’entrée pour les étrangers indépendamment de leur statut de séropositivité.  Ils ont désormais comme les Tadjiks un libre accès à la santé.  Le représentant a affirmé que l’épidémie était « contrôlée » au Tadjikistan et que les actions sont ciblées sur les groupes clefs les plus à risque.  Actuellement, le Tadjikistan compte 6 117 personnes infectées dont la moitié est sous traitement ARV gratuitement, grâce au soutien du Fonds mondial et au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).  Ces dernières années, grâce aux mesures préventives, le nombre de nouveaux cas a baissé de moitié parmi les populations clefs ainsi que celui des décès.  La stratégie d’ONUSIDA sur la riposte accélérée vient à point nommé, a estimé le représentant, dans la mesure où elle s’inscrit directement dans les objectifs de développement durable.  Le Gouvernement tadjik est d’ailleurs en train d’intégrer et d’adapter ces nouvelles cibles et directives dans ses plans et politiques nationaux.

Mme DINA KAWAR (Jordanie) a rappelé que la Jordanie est un pays à revenu intermédiaire, qui pâtit de l’instabilité régionale et de la crise économique mondiale, d’autant plus qu’il doit faire face aux mouvements de population les plus importants depuis la Seconde Guerre mondiale.  La prévalence du VIH/sida reste toutefois faible, a déclaré la représentante, qui a remercié l’ONUSIDA pour son soutien. Elle a expliqué que la stratégie nationale se base sur une meilleure collecte des données stratégiques, le renforcement de la prévention en se concentrant sur les personnes les plus exposées, l’amélioration des soins, la création d’un environnement favorable aux séropositifs et le renforcement des capacités institutionnelles et techniques.  La représentante a souligné le fort impact négatif du sida sur l’économie, du fait que l’épidémie frappe fortement les personnes en âge de travailler.  La Jordanie a adhéré à la Stratégie arabe de lutte contre le sida, qui vise notamment à diminuer de 50% les nouvelles infections d’ici à 2020, à fournir un accès aux traitements antirétroviraux à plus de 80% des personnes affectées et à éliminer totalement la transmission de la mère à l’enfant.

M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran) a indiqué que son pays a jusqu’ici opté pour une réponse « pragmatique » à l’épidémie, notamment par le biais d’un programme de réduction des risques mis en œuvre avec le concours de la société civile, auprès des toxicomanes en particulier.  Cette riposte est cependant en évolution compte tenu des nouvelles formes de contamination qui exigent une approche multisectorielle coordonnée, a expliqué le représentant.  L’Iran tient compte dûment des apports scientifiques dans sa stratégie nationale qui est « culturellement appropriée ».  Elle inclut la cible 90-90-90 d’ONUSIDA et devrait permettre d’éliminer le VIH d’ici à 2030.

Actuellement, 95% des dépenses pour la lutte contre le VIH proviennent des ressources nationales, a précisé le représentant qui a dit espérer des transferts de technologie, notamment pour pouvoir offrir des traitements abordables.  Remarquant que la réponse au VIH, qu’elle soit nationale, régionale, ou internationale, dépend d’un leadership fort, il a souligné que dans la région MENA il y a une concurrence féroce entre les questions pressantes, ce qui pose un risque pour le succès de la lutte contre le VIH/sida.

M. KAHA IMNADZE (Géorgie) a déclaré que la mise en place dès les années 90 d’un service de contrôle du VIH/sida et d’un partenariat avec la société civile a permis d’éviter la propagation de l’épidémie et les conséquences humaines et économiques qui en auraient découlé.  Il a expliqué que la Stratégie nationale de lutte contre le VIH/sida a été réévaluée en 2015 pour passer d’une réponse au VIH/sida financée par des donateurs à une réponse assumée par le budget national. Le budget consacré à la lutte contre le VIH/sida a augmenté de 100% depuis 2011 pour atteindre 8,7 millions de dollars en 2015.  Bien que seulement 5 700 cas d’infections au VIH/sida aient été enregistrés officiellement, la Géorgie estime que la réalité devait être plus proche des 9 000.   

M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a rappelé que son pays a été dès les années 90 « le pionnier » de l’accès au traitement.  Le Brésil a aussi été le premier pays à adopter l’approche « le traitement en tant que prévention » recommandant la thérapie antirétrovirale dès le début de l’infection indépendamment de la charge virale et ce n’est que deux ans plus tard que l’OMS a préconisé cette pratique.  Aujourd’hui, 474 000 personnes bénéficient d’une thérapie antirétrovirale et en l’occurrence, a dit le représentant, il faut souligner le rôle de l’État qui a su créer des mécanismes de réduction des prix des médicaments, comme la réforme des politiques d’achat, la création d’un marché des génériques et le lancement de politiques industrielles en faveur du secteur pharmaceutique.  Aujourd’hui, s’est-il enorgueilli, 11 des 22 ARV utilisés au Brésil sont produits localement.  Les prix pratiqués sont bien plus bas que dans le reste du monde et de nombreux partenariats ont été établis pour faciliter le transfert des technologies. 

Le représentant a voulu que l’on reconnaisse que des mécanismes comme le Fonds mondial, GAVI et UNITAID ont eu un impact énorme, en contribuant à surmonter les obstacles institutionnels et commerciaux à la baisse des prix des médicaments et en conséquence, à l’accès aux traitements.  Ceci dit, a-t-il poursuivi, il est important de souligner le rôle joué par les « flexibilités » de l’Accord sur les droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC) car elles ont été « les héros silencieux » de la baisse des prix et des politiques nationales et internationales d’accès aux médicaments.  Aujourd’hui, il faut tout faire pour éviter un recul, a insisté le représentant, en estimant que l’accent mis sur « les populations clefs » n’est pas seulement une question d’efficacité mais bien une question de promotion des droits de l’homme.  Depuis deux ans au Brésil, la discrimination contre les séropositifs est un « crime » passible d’une peine d’emprisonnement et d’amendes.  Pour mettre fin au sida d’ici à 2030, a conclu le représentant, les connaissances ne suffiront pas si on ne consent pas aux investissements financiers qu’il faut.

M. OMAR HILALE (Maroc) a précisé que le Royaume du Maroc a concrétisé l’OMD 6 relatif au VIH/sida et fait de la lutte contre ce fléau l’une de ses priorités.  Conscient de l’importance de la prévention, le pays a mis en place plusieurs programmes qui ont fait qu’aujourd’hui 150 000 personnes issues des populations marginalisées ont bénéficié de programmes de prévention en 2015.  Le Maroc a aussi mis en place une Stratégie nationale de dépistage qui a permis l’intégration des activités de dépistage dans les établissements de soins de santé primaires, dans les structures d’accouchement et en milieu associatif communautaire.  Cette dynamique a permis de multiplier par 10 le nombre de personnes conseillées et testées entre 2011 et 2015. 

S’agissant de la Stratégie nationale concernant l’accès gratuit aux soins et au traitement adoptée en 1997, le représentant a indiqué que l’accès gratuit à la trithérapie antirétrovirale (ARV) et le suivi biologique a été généralisé depuis 2003.  L’accès au traitement ARV a été renforcé avec l’adoption en mai 2015 des nouvelles recommandations de l’OMS relatives à l’approche « Tester Traiter ».  En outre, une Stratégie nationale sur les droits de l’homme et le VIH a pour objectif de promouvoir les droits des personnes vivant avec le VIH et de lutter contre la discrimination et la stigmatisation auxquelles elles font face.  Le Maroc a mis au point un « Plan Stratégique national de lutte contre le sida 2017-2021 » visant à assurer l’accès au traitement à tous, à capitaliser sur les acquis et à intégrer la vision nationale en matière de VIH/sida dans le cadre de l’agenda 2030 du développement. 

Mme MARIE-LOUISE POTTER (Seychelles) a rappelé que son pays est un petit État insulaire en développement qui, malgré des progrès importants, n’a pu atteindre l’OMD 6 sur le VIH/sida.  Le nombre des personnes infectées l’an dernier a augmenté de 13% par rapport à 2014, les toxicomanes représentant la part principale des nouvelles infections.  Les Seychelles reconnaissent que le VIH/sida n’est pas seulement une question sanitaire mais aussi une question de droits de l’homme et de justice sociale.  Le pays s’assure que le dépistage et l’accès aux traitements ARV soient universels et sans discrimination.  Les deux plus grandes réussites de l’an passé sont la création d’un programme d’échange de seringue et la dépénalisation de l’homosexualité, mesure que la représentante a jugée « historique ».  Ces efforts sont la preuve de l’engagement du pays en faveur de l’éradication de l’épidémie d’ici à 2030.  Les Seychelles entendent mettre en œuvre la riposte accélérée dans les cinq prochaines années.  Toutefois, en tant que petit État insulaire en développement, le pays a encore besoin d’une assistance financière, alors qu’il n’a pas à ce jour pu bénéficier de l’appui du Fonds mondial même s’il a eu droit à la coopération régionale.  La représentante a donc demandé plus de souplesse dans la gestion du Fonds mondial.

Pour M. DAVID YITSHAK ROET (Israël), mettre fin à l’épidémie exige bien plus que doubler le nombre des personnes qui ont accès aux traitements.  Les jeunes filles et les femmes doivent avoir accès à l’éducation et à la santé sexuelles et reproductives.  Les populations clefs doivent avoir un plein accès aux services de santé, dans la dignité et le respect.  Des innovations doivent être faites dans les domaines scientifique et technologique pour offrir médicaments et services au plus grand nombre.  D’ores et déjà, a relevé le représentant, les prix des traitements sont passés de 15 000 dollars par an à seulement 80 dollars.  Les doses quotidiennes, qui étaient de 18 cachets, ne sont plus que d’un seul et bientôt on parlera d’une seule injection tous les quatre mois. 

Israël, a souligné le représentant, a la chance d’avoir certains des meilleurs centres de recherche-développement au monde.  « Imaginez un monde où l’humanité aurait éradiqué le VIH/sida et où le virus ne serait plus une menace », a-t-il dit, en annonçant que deux chercheurs de la « Hebrew University » travaillent sans relâche pour parvenir à un tel monde.  Les Professeurs Abraham Loyter et Assaf Friedler croient avoir trouvé un traitement prometteur qui pourrait totalement détruire les cellules infectées du VIH.  Au lieu de se contenter de prévenir la réplication du virus, le nouveau traitement le détruirait complètement.  Sur le front de la prévention, l’entreprise israélienne « Cric Med-tech » a développé « Prepex », une méthode non chirurgicale de circoncision laquelle montre qu’elle peut réduire de 60% les risques de contamination.  « Prepex » a été utilisé plus de 100 000 fois dans 12 pays d’Afrique et d’Asie et a reçu le prix prestigieux « Oscars of Silicon Valley » comme innovation vitale, a dit le représentant, portant lui-même au poignet un bracelet « Prepex ».  Ce type d’avancées significatives montre qu’il faut continuer à investir dans la recherche, a-t-il conclu.

M. ANDREI DAPKIUNAS (Belarus) a déclaré que la santé d’une nation était la clef de sa prospérité et de son développement durable.  Le Belarus a donc renforcé ces dernières années ses dépenses de santé, faisant de la prévention et de la lutte contre la propagation du VIH/sida des priorités de la politique de santé publique.  Les efforts nationaux sont renforcés grâce à la coopération avec l’OMS, le Fonds mondial et ONUSIDA, dont le pays entend appliquer la cible 90-90-90.  Le Belarus, qui demande à la communauté internationale de continuer à appuyer ces institutions, entend lutter contre la stigmatisation et la discrimination, en travaillant avec les groupes les plus vulnérables.  Le pays préconise une approche globale et multisectorielle, avec le secteur privé et la société civile, sans oublier la famille fondée sur des valeurs traditionnelles.  Le Gouvernement soutient les aspirations de sa jeunesse à mener une vie saine dans le cadre d’une famille saine.  Les jeunes doivent avoir la volonté et se voir offrir la possibilité de fonder une famille.  Dans ce cadre, le Belarus renforce sa lutte contre la consommation de stupéfiants.

Pour M. CARLOS ARTURO MORALES LOPEZ (Colombie), le sida continue à être un problème de santé publique et de développement.  Avec un taux de prévalence de 0,47%, la Colombie connait toutefois des taux de 5% dans les groupes les plus à haut risque comme les homosexuels, les transgenres et les professionnels du sexe.  Le Gouvernement est déterminé à relever la qualité de leur prise en charge, sachant que 63% ont une charge virale indétectable.  Le pays s’est engagé à réaliser la cible des trois 90 d’ONUSIDA et étudie les moyens d’assurer un traitement immédiat à toute personne dépistée séropositive.  L’accent est également mis sur la prévention, avec la fourniture de préservatifs et de seringues jetables.  Les actions doivent se concentrer sur des facteurs clefs comme l’accès à des médicaments abordables et la lutte contre la stigmatisation et la discrimination, sans oublier que la santé sexuelle et reproductive est essentielle tout comme la sensibilisation.  La Colombie a opté pour une réponse conjointe de l’État et la société civile et appelle à des stratégies et à des partenariats pour surmonter l’obstacle des prix des médicaments, en créant une production locale sûre et efficace.  S’agissant du financement, des fonds propres de 130 millions de dollars ont été débloqués en plus des 6 millions du Fonds mondial.

M. STEPHAN TAFROV (Bulgarie) a souligné, à son tour, que pour ne laisser personne sur le côté, il faut mettre l’accent sur les populations les plus exposées.  La Bulgarie estime en outre que la lutte contre la violence faite aux femmes et pour leur autonomisation, l’égalité entre les sexes et l’accès aux soins de santé sexuelle et reproductive, y compris les adolescentes, doivent être au premier plan des mesures prises.  Il est inacceptable que les jeunes ne sachent que peu de choses sur les risques de contamination et les mesures de prévention.  La Bulgarie a enregistré à ce jour 2 350 cas de VIH/sida, a déclaré M. Tafrov, qui a fait observer que son pays était situé en Europe de l’Est, une région où l’épidémie s’est développée de manière importante durant les 10 dernières années.  Il est donc prioritaire pour la Bulgarie de prendre des mesures préventives efficaces, afin que le pays conserve une prévalence faible.  Cette année, le pays a mis en place son troisième Programme national pour la prévention et le contrôle du VIH, qui intègre la stratégie mondiale de l’OMS, celle de l’Union européenne et les indicateurs clefs de la cible 90-90-90 d’ONUSIDA.

Le Ministère de la santé débloque les fonds nécessaires pour l’achat des médicaments antirétroviraux auxquels toute personne infectée a un accès égal et gratuit indépendamment qu’elle ait ou non une assurance-maladie.  Il existe en outre un important réseau de 50 ONG et 35 centres de santé préventifs, des cabinets permettant des tests anonymes et gratuits et des unités médicales mobiles, ainsi que des clubs de jeunes qui offrent un apprentissage par les pairs.  Des services médicaux sont offerts à plus de 50 000 personnes considérées comme plus vulnérables et plus de 110 000 enfants et jeunes à risque sont couverts par des activités spéciales.  M. Tafrov a souligné l’importance de la prestation de services intégrés, holistiques et de haute qualité, qui assure le respect du droit à la santé pour tous.  Il a ajouté que le soutien aux organisations de défense des femmes, aux réseaux communautaires, aux organisations de personnes vivant avec le VIH, aux organisations de défense des droits de l’homme et aux clubs de jeunes joue un rôle crucial dans le renforcement des systèmes de santé.

Mme MARIA RUBIALES DE CHAMORRO (Nicaragua) a expliqué que le Gouvernement sandiniste a mis en place une politique de lutte contre le sida qui rend gratuit l’accès au dépistage et aux soins de santé, y compris avec le soutien du secteur privé, ce qui permet au pays d’être un exemple dans la région.  Le nombre des services traitant du VIH a été augmenté et des campagnes de prévention et d’information, y compris pour la jeunesse, ont été lancées.  Le 18 mai a été décrétée Journée nationale de solidarité avec les personnes vivant avec le VIH, après l’adoption d’une loi de défense des droits de l’homme face au sida.  Aujourd’hui, tous les kits de dépistage du VIH sont financés par le budget national, ce qui permet au pays de ne plus dépendre de l’extérieur, s’est félicitée la représentante.  Sur les 360 000 personnes testées chaque année, environ 1 200 cas d’infection sont découverts, a déclaré Mme Chamorro, qui a insisté sur les progrès réalisés dans la lutte contre la transmission mère-enfant: aujourd’hui seuls 2 enfants sur 100 sont contaminés, a-t-elle affirmé.

M. FERNANDO WAHNON FERREIRA (Cabo Verde) a indiqué que son pays a enregistré des progrès significatifs, principalement avec l’arrivée en 2004 des traitements antirétroviraux.  Le taux de prévalence est de 0,8% mais présente un profil concentré.  Le pays a mis en place des plans stratégiques fondés sur une approche multidimensionnelle qui inclut aussi la société civile et le secteur privé tout en développant des mesures d’appui aux populations les plus vulnérables, particulièrement les populations clefs.  Parmi d’autres mesures, des éléments essentiels de sensibilisation ont été introduits dans le cursus scolaire et les activités de proximité à l’intention des jeunes ont été renforcées, de même que les programmes de promotion et de distribution des préservatifs.  La promotion de l’accès aux services et soins de santé sexuelle et génésique a permis de réduire la transmission mère-enfant: plus de 96% des femmes enceintes font un test de dépistage et l’accès des concernées aux traitements antirétroviraux a atteint les 100%.

Le représentant s’est félicité que la Déclaration politique prenne en considération les priorités des petits États insulaires en développement, des pays à revenu intermédiaire et de ceux qui viennent d’être retirés de la liste des PMA.  Les besoins de financement étant bien réels, ils en appellent à une coopération internationale fondée sur le principe de responsabilité partagée et de la solidarité internationale.

Mme CRISTINA CARRION (Uruguay), a rappelé que l’Amérique latine était la deuxième région la plus touchée par le VIH après l’Afrique et que l’heure n’était pas à la complaisance puisque l’épidémie est toujours une menace pour des millions de personnes.  Il faut par conséquent pouvoir compter sur la coopération internationale pour maintenir et augmenter les financements pour que tous les séropositifs puissent avoir accès aux traitements ARV.  Ces dernières années, l’Uruguay a connu des avancées substantielles grâce à des actions stratégiques qui ont stabilisé le taux de mortalité depuis 2012 et fait baisser le nombre des nouveaux cas d’infection depuis 2013.  Les diagnostics tardifs sont également en net recul et les taux de transmission verticale de la syphilis et du VIH diminuent.  Il s’agit là de deux problèmes critiques pour le Ministère de la santé qui accorde la priorité au dépistage précoce, à l’accès des séropositifs aux ARV et à la réduction de la transmission verticale du VIH.

L’Uruguay reconnait la vulnérabilité particulière de certaines « populations clefs » et cherche à promouvoir une politique en leur faveur.  La représentante a en outre plaidé pour une forte implication du secteur de l’éducation, de la démédicalisation du diagnostic et l’accès gratuit aux préservatifs.  Pour conclure, elle a réitéré la volonté de l’Uruguay de réaliser la cible 90-90-90 d’ONUSIDA d’ici à 2020.

M. JIRI ELLINGER (République tchèque) a expliqué que le pays a renforcé son système national de prévention et de lutte contre le VIH/sida.  La République tchèque prépare actuellement une nouvelle version de son Programme national pour la gestion du VIH/sida, qui constitue son principal cadre d’action.  Elle prendra à cette fin en compte tous les acteurs et se fondera sur la base des données collectées aux plans national et international.  La République tchèque est toutefois convaincue de l’efficacité des mesures déjà prises.  Elle soutient ainsi le renforcement de l’éducation à la santé dès la petite enfance, développe l’accès aux services de dépistage anonyme, et améliore l’accessibilité à des traitements abordables et protège les populations les plus vulnérables, y compris en évitant la transmission de la mère à l’enfant ou en promouvant les droits humains des personnes vivant avec le sida ou particulièrement exposées.  Le pays veille ainsi à prévenir toute stigmatisation à l’encontre des groupes vulnérables.  C’est dans cet esprit que la République tchèque fait sienne la Déclaration adoptée avant-hier, dont elle compte utiliser les principes pour relever les défis de la prévention.  La République tchèque est toutefois convaincue qu’il faut des réponses adaptées aux contextes régional et national.

M. GUSTAVO MEZA-CUADEA VELASQUES (Pérou) a salué la Déclaration politique sur le VIH/sida et a plaidé pour que les efforts de la communauté internationale soient axés sur les populations clefs.  Il faut leur garantir une couverture de santé intégrale et l’accès aux traitements ARV, a-t-il estimé.  Au Pérou, il existe un autre groupe à haut risque d’infection qui est celui des populations autochtones de l’Amazonie, a-t-il expliqué en précisant qu’elles connaissent des taux de prévalence du sida de l’ordre de 1 à 2%.  Les barrières géographiques rendent le suivi et l’accompagnement médical de ces populations difficiles.  Dès 1996, le Pérou s’est doté d’une politique de lutte contre le sida, CONTRASIDA, et désormais les tests de dépistage sont volontaires et gratuits ainsi que l’accès aux traitements ARV et aux préservatifs.  Le Pérou évalue actuellement la mise en œuvre future de la prophylaxie préexposition dans le cadre de son plan stratégique multisectoriel contre les maladies sexuellement transmissibles.  S’agissant de la sensibilisation, le 10 juin a été décrété Journée nationale de lutte contre le sida.  Le représentant n’a pas oublié de mentionner que la transmission de la mère à l’enfant est tombée de 10 à 4% en 10 ans.  Il va falloir renforcer toutes ces actions pour venir à bout de l’épidémie d’ici à 2030, ce qui suppose des investissements dans les infrastructures de santé.

M. FADUL MOHAMED (Soudan) a dit le souci de son pays d’être à la hauteur de ses engagements, en cherchant à promouvoir une paix qui contribuera à l’amélioration de la santé.  Il a salué les efforts de la société civile et appuyé la Déclaration politique, « à l’exception de certains points qui vont à l’encontre des valeurs culturelles et éthiques ».  Il a insisté sur ces valeurs et sur le rôle de la famille.  Il a profité du débat pour dénoncer les sanctions internationales qui frappent son pays, estimant qu’elles sapent les efforts en faveur des droits de l’homme dont le droit à la santé et les efforts de lutte contre le VIH/sida.

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a indiqué que son pays s’emploie à généraliser le dépistage et à mettre en place une approche holistique centrée sur le patient qui assure des services combinés sur le VIH et la tuberculose et sur le VIH et la thérapie de substitution aux opiacés.  Tous les services sont financés sur fonds propres, a précisé le représentant qui a ajouté que dans le même temps, l’Estonie s’efforce de trouver des solutions novatrices et de promouvoir, dans ce cadre, le recours à la technologie.  Après la mise en place d’un système de santé électronique, le pays cherche des solutions pour relever les défis spécifiques du VIH/sida.  Le représentant a rappelé que la région d’Europe de l’Est est la seule région au monde où le nombre des nouvelles infections augmente.  Les consommateurs de drogues par intraveineuse représentent la moitié des nouvelles infections en Europe de l’Est et en Asie centrale.  Or, comme l’épidémie de VIH/sida ne peut être stoppée sans rogner sur les fonds destinés à l’élargissement de l’accès à la santé et aux services sociaux, ces pays ont donc besoin de l’aide d’ONUSIDA.

M. MICHEL TOMMO MONTHE (Cameroun) a salué le fait que la Déclaration politique sur le VIH/sida comprend une clause de souveraineté nationale qui invite à l’appropriation nationale et au leadership des gouvernements dans la riposte au sida.  Cette réponse doit se faire dans le strict respect des lois et valeurs culturelles et religieuses de chaque pays ainsi que de leurs priorités de développement.  Le Cameroun, qui a un taux de prévalence de 4,3% chez les adultes de 15 à 49 ans, est toujours dans une situation d’épidémie généralisée bien que celle-ci se soit stabilisée avec une baisse de 20% entre 2004 et 2011.  La lutte contre le VIH/sida reste une priorité nationale et, grâce aux efforts conjugués du Gouvernement, des partenaires au développement et de la société civile, il a été possible d’élargir l’accès au traitement, aux soins et au soutien des personnes infectées, et de réduire la transmission du virus de la mère à l’enfant grâce à l’option B+, ainsi que les nouvelles infections.  La réponse du Cameroun passe par un engagement politique fort marqué par l’accroissement des ressources nationales allouées à la lutte contre le sida qui sont passées de 1,5 million d’euros en 2002 à 15 millions en 2015, ce qui a notamment permis la gratuité des traitements ARV.  Un certain nombre d’activités sont menées pour inverser les tendances et réduire l’impact négatif du sida sur la population générale notamment dans le domaine de la prévention par la communication et l’éducation. 

Par ailleurs, les campagnes de dépistage ont été renforcées et la disponibilité et l’accessibilité de préservatifs gratuits a augmenté significativement.  Pour ce qui est de l’accès aux soins et au traitement, les efforts du Gouvernement vont dans le sens de la décentralisation de la prise en charge médicale avec une extension progressive des sites de prise en charge et la création de 10 cellules régionales de coordination et d’approvisionnement en ARV.  Les malades peuvent également bénéficier de soutien psychologique, social et économique compte tenu du fait que la stigmatisation reste une préoccupation majeure pour le programme de lutte contre le sida.  Pour le représentant, le défi majeur actuellement est la mobilisation des fonds nécessaires dans un environnement de crise financière et économique.

M. SUKHBOLD SUKHEE (Mongolie) s’est félicité du fait que les autorités nationales aient doublé la part nationale des fonds consacrés à la lutte contre le VIH/sida, ce qui a notamment permis d’offrir des traitements gratuits à toutes les personnes infectées.  Il a aussi annoncé que des réformes législatives sont en cours afin de mettre fin à la stigmatisation et la discrimination.  Il a relevé que l’épidémie semble s’étendre en Mongolie, prédisant même que le taux de prévalence pourrait tripler au cours des 5 prochaines années.  Il a déploré la crise du financement dans la lutte contre le VIH/sida, étant donné que les donateurs négligent des pays comme la Mongolie, classée parmi les pays à revenu intermédiaire.  Les programmes en faveur des populations clefs sont pour la plupart menés par la société civile, faute de moyens publics.  Il a invité l’ONUSIDA et les partenaires internationaux à financer les pays à revenu intermédiaire dans lesquels vivent 70% des personnes infectées dans le monde.

M. JAGDISH DHARAMCHAND KOONJUL (Maurice) a plaidé pour le renforcement des mesures préventives en faveur des populations clefs.  Il a expliqué qu’à Maurice, la prévalence du VIH est de 0,8%, mais quand on regarde la situation de certaines populations clefs tels que les toxicomanes, la prévalence avoisine les 5%.  Maurice est engagé à mettre en œuvre l’approche 90-90-90, et des activités de sensibilisation sont lancées en direction des populations clefs comme les jeunes.  Il a également relevé que la prévalence de la transmission mère-enfant est d’1%, le pays espérant être le premier pays africain à avoir un taux nul.  Le Gouvernement finance plus des deux tiers de la lutte contre le VIH/sida et espère recevoir 5 millions de dollars du Fonds mondial d’ici à 2020.

Mme SHARON APPLEYARD (Australie) a expliqué que son pays aurait souhaité que la Déclaration politique mette encore plus l’accent sur les populations clefs.  Elle a indiqué que son gouvernement a consacré pas moins d’un milliard de dollars à la lutte contre le VIH/sida dans la région du Pacifique, une région où l’épidémie frappe particulièrement les populations victimes de discrimination.

M. AHAMED LEBBE SABARULLAH KHAN (Sri Lanka) a expliqué que le taux de prévalence dans son pays est bas avec 2 309 cas depuis 2005.  Cependant, il y a eu 68 nouveaux cas au premier trimestre 2016 et tout porte à penser qu’il ne s’agit que d’une fraction des personnes séropositives dans le pays.  Si cette maladie touche essentiellement les groupes les plus à risque, il n’en demeure pas moins qu’elle est souvent transmise désormais par des rapports sexuels entre hommes et femmes.  Les hôpitaux offrent des services de dépistage et de traitements ARV dans 14 centres.  Le représentant a indiqué que le Sri Lanka compte s’inspirer des pays qui ont réussi leurs campagnes de prévention grâce à l’information et à l’éducation, au dépistage et à la distribution gratuite de préservatifs.  Toutefois, toute politique se heurtera à l’obstacle de taille qui est le prix des médicaments.

M. AHMED SAREER (Maldives) a expliqué que pour son gouvernement, la réponse à l’épidémie du VIH/sida est une question de santé publique même si le taux de prévalence reste faible, avec moins d’1%.  En 2013, il n’y avait que 23 cas connus dont 12 sont morts du sida.  Les autres 9 personnes séropositives sont actuellement sous ARV.  Le pays a opté pour une politique de dépistage et de traitement avec une prise en charge totale et à vie des malades.  Cependant, de nouvelles tendances pourraient contribuer à accroitre le taux de prévalence du sida et d’autres MST, d’où l’importance des efforts de prévention, en particulier auprès des groupes les plus à risque et chez les jeunes.  Les Maldives s’orientent également vers de meilleurs systèmes d’information stratégiques pour pouvoir mieux surveiller les programmes de prévention, de soins et de traitement.  L’un des principaux obstacles reste la dispersion géographique du pays qui fait qu’il est difficile et coûteux de fournir les services nécessaires sur tous les atolls.

M. MICHAEL DOUGLAS GRANT (Canada) a expliqué que le succès de la mise en œuvre de la Déclaration politique repose sur trois éléments clefs.  Le premier est d’accélérer l’accès aux services de prévention, d’examen et de traitement du VIH dans les pays à incidence élevée.  Le second est de considérer comme prioritaire la question des populations clefs qui sont les plus vulnérables, et qui méritent des actions ciblées afin de réduire les nouveaux cas d’infection.  Il a ainsi cité, entre autres, les adolescentes et les jeunes femmes, les populations autochtones du monde entier, les LGBT et les personnes s’injectant de drogues.  Le troisième point est l’innovation afin de rendre les traitements moins coûteux et plus efficaces, et de trouver le moyen de guérir de la maladie, a-t-il argué.  Il a aussi souligné que le Fonds mondial est une manière innovante de mobiliser les fonds, indiquant que le Canada entend augmenter son apport de 20%, soit un financement de 785 millions de dollars pour la période de 2017 à 2019.

M. JOSÉ ALBERTO ANTONIO SANDOVAL COJULÚN (Guatemala) a indiqué que son gouvernement a lancé une campagne contre la discrimination et les obstacles juridiques qui empêchent au pays d’atteindre l’objectif 90-90-90 d’ONUSIDA.  Il a déploré le manque de ressources dans cette lutte, appelant à des actions concertées à l’échelle internationale afin de parvenir au stade de zéro infection dans le monde.  Il a remercié l’ONUSIDA et le Fonds mondial pour l’appui apporté à son pays.

Pour M. JOUNI LAAKSONEN (Finlande), la réalisation des objectifs de développement durable, y compris la fin de l’épidémie du sida, exige une responsabilité universelle, une approche cohérente et la ferme volonté de ne laisser personne sur le côté.  La Finlande soutient pleinement l’approche fondée sur les droits de l’homme et préconise une riposte inclusive qui tienne compte des besoins des personnes les plus touchées par l’épidémie et les plus à risque.  Pour cela, il faut pouvoir garantir un accès égal et non discriminatoire de tous aux traitements et au dépistage sans quoi il ne sera pas possible de venir à bout de l’épidémie.  Si les personnes les plus touchées par cette maladie restent en marge de la riposte au sida, et en particulier les adolescentes et les femmes, nous courons le risque d’échouer à mettre fin à l’épidémie d’ici à 2030.  Par conséquent, le représentant a estimé qu’il faut miser sur l’éducation sexuelle et sur la santé sexuelle et reproductive.  Les systèmes de santé doivent être solides et prévoir des services de proximité.

L’Archevêque BERNARDITO AUZA, Observateur du Saint-Siège, a indiqué que les organisations d’inspiration catholique font souvent état d’obstacles persistants comme le manque d’accès au dépistage et aux traitements, et aux médicaments dosés pour les enfants.  Les obstacles comprennent aussi les changements qu’imposent les donateurs et les agences dans l’affectation des fonds, les fréquentes pénuries de médicaments et de matériel de dépistage et les interruptions du traitement, surtout chez les femmes et les jeunes qui ont peur des préjugés, de la discrimination et des abus physiques et émotionnels.  Les cibles et les objectifs internationaux doivent donc être ancrés dans la réalité et tenir compte des véritables problèmes des pays.  La discrimination et la stigmatisation ne peuvent être une excuse pour laisser les gens sur le côté.  Il faut faire la part des choses entre les politiques qui encouragent la stigmatisation et celles qui découragent les comportements à risque, en privilégiant les relations responsables et saines, surtout parmi les jeunes.

La communauté internationale doit trouver la volonté, l’expertise technique, les ressources et les méthodes pour élargir l’accès de tous, surtout des enfants, au dépistage et aux traitements.  Le Saint-Siège vient de convoquer deux réunions avec les patrons de l’industrie pharmaceutique pour réfléchir à une meilleure riposte au VIH/sida et à la tuberculose chez les enfants.  Les participants se sont mis d’accords pour lever les obstacles à l’accès aux médicaments et au dépistage. 

M. ALASAN SENGHORE, Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a plaidé pour le renforcement des systèmes de santé communautaires dans les pays en développement, notamment en zone rurale et dans des régions enclavées où les services de santé et les infrastructures de base sont rares ou inexistants.  Ce faisant, a-t-il expliqué, la résilience des communautés va non seulement être renforcée s’agissant de la lutte contre le VIH, mais aussi pour tous les risques sanitaires et autres situations à risque.  La communauté internationale doit agir davantage en faveur de ceux qui se retrouvent dans des situations d’urgence, parmi lesquels une personne sur 19 est infectée par le VIH.  Il faut combattre la discrimination dont ils font l’objet, notamment du fait de la violence sexiste ou sexuelle, ou par manque de traitements essentiels.

Mme PATRICIA ANN TORSNEY, Union interparlementaire, a déclaré que les parlementaires doivent, en tant que représentants du peuple, assurer le lien indispensable entre les populations et les divers acteurs et prestataires dans la lutte contre le VIH/sida.  Dans trop de pays encore, la discrimination apparaît comme un grand obstacle à la lutte contre le VIH/sida.  Le succès ne saurait être garanti si les parlementaires ne jouent pas leur partition, en offrant une nouvelle vision, a-t-elle averti, et en précisant que l’action des parlementaires doit prendre en compte tous les groupes sociaux sans exclusion.

M. AHMED FATHALLA, Ligue des États arabes, a rappelé qu’en mars 2014, le Conseil des Ministres de la santé de la Ligue a adopté une Stratégie arabe de lutte contre le VIH/sida qui est le fruit de deux années de travail avec le concours d’ONUSIDA.  Parmi les objectifs de cette Stratégie figure notamment la réduction de la transmission par voie sexuelle de 50% d’ici à 2020; l’éradication du VIH chez les enfants et la réduction de la transmission mère-enfant; l’accès aux ARV; l’égalité d’accès aux services, et la lutte contre la stigmatisation et la discrimination.  Cette Stratégie tient compte de la diversité des pays arabes et adapte ses méthodes au « contexte arabe ».  Elle a pour but d’encourager les activités qui visent à intégrer les campagnes de lutte contre le sida dans l’approche plus large de la santé.  Une initiative régionale pour lutter contre les nouveaux cas d’infection chez les enfants a aussi été lancée.

M. MOHAMMAD NURUL ALAM, Observateur de « Partners in population and development » (PPD), qui est une alliance de 26 pays, a salué l’adoption de la Déclaration politique et souligné le lien entre VIH et développement, progrès et stabilité des communautés dans le monde.  Il a souhaité une réponse forte, coordonnée et holistique de la communauté internationale pour venir à bout de cette épidémie d’ici à 2030.  Le VIH est souvent la cause et la conséquence de la pauvreté et des inégalités et, par conséquent, il doit avoir une composante intrinsèque de toute stratégie de réalisation des objectifs de développement durable.  Sur la base de l’expérience, l’on sait qu’il faut une approche holistique et intégrée pour garantir le droit de tous à la santé et aux soins, y compris un accès universel à la santé sexuelle et reproductive.  Le PPD dénonce le faible taux de dépistage et de traitement chez les enfants dans le monde en développement et le manque d’assistance technique pourtant essentiel pour réussir le pari de l’élimination de la transmission mère-enfant.  Une autre cause d’inquiétude est le fait que le sida soit aujourd’hui l’une des premières causes de décès chez les adolescentes dans le monde.  Pour le PPD, l’aide publique au développement (APD) restera essentielle.  Les donateurs doivent maintenir leurs engagements actuels voire les augmenter.

M. VINICIUS CARVALHO PINHEIRO de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a insisté sur une protection « vigoureuse et effective » des droits du travail.  Le droit de travailler et de choisir librement sa vocation, le droit à la vie privée et à la confidentialité, le droit d’émigrer pour rechercher un emploi, l’égalité entre les sexes dont la protection contre la violence et le harcèlement au travail, et l’exercice des droits sexuels et reproductifs, sont tous des droits « fondamentaux », a—il insisté.  L’objectif 8 du Programme de développement durable à l’horizon 2030 sur la croissance inclusive et le travail décent est « inextricablement » lié à un certain nombre d’autres objectifs de développement durable, y compris ceux que souligne la Stratégie 2016-2021 d’ONUSIDA, en particulier les objectifs sur la santé, l’égalité entre les sexes, la réduction des inégalités, les sociétés pacifiques et inclusives et l’accès à la justice. 

Le représentant a rappelé que 2016 marque le 20e anniversaire des Directives internationales sur les VIH/sida et les droits de l’homme.  Après ces directives, l’OIT a adopté des normes dont la recommandation 200 sur le VIH/sida qui interdit par exemple le dépistage obligatoire avant un recrutement.  Quand un employé croit que son statut sérologique aura des conséquences négatives, il est moins enclin à se faire dépisté ou à se soumettre à un traitement, alors que le lieu de travail est justement l’endroit où on peut toucher 90% de personnes affectées.  C’est la raison pour laquelle l’OIT a lancé en 2013, l’Intiative « VCT@work » qui a, à ce jour, déjà bénéficié à 3 millions de travailleurs qui ont ainsi eu, à titre confidentiel, accès à des services d’accompagnement, de dépistage et de soins.  La Déclaration politique de 2011 reconnaissait d’ailleurs l’importance du lieu de travail dans la riposte nationale au VIH/sida et depuis 2010, la recommandation 200 de l’OIT a déjà influencé des législations et des politiques nationales.  Elle a été invoquée par au moins 12 cours et tribunaux dans différents pays et citée, plusieurs fois, comme source de droit par le Rapporteur spécial sur les droits des migrants. 

Mme RITA WAHABM, MENAROSA du Liban, a indiqué que 17% seulement des personnes vivant avec le VIH dans sa région reçoivent un traitement, ce qui en fait la région où l’accès aux traitements est le plus faible au monde.  Elle a décrié un système culturel qui met en danger les populations clefs.  Elle a rappelé que le Liban accueille une population de réfugiés représentant pratiquement le tiers de sa propre population, alors que la région ne semble pas être la priorité des bailleurs quand il s’agit de la lutte contre le VIH/sida.  

M. MIDNIGHT POONKASETWATTANA, APCOM, Thaïlande, s’est dit déçu, en tant qu’homosexuel, et fier de l’être, de voir la manière dont la Déclaration politique traite des populations clefs, en particulier leur énumération.  Il a reproché aux États de fermer les yeux sur une réalité qu’on ne peut nier, ajoutant même que certains ont tout fait pour que les représentants de ces populations clefs ne participent pas à la Réunion de haut niveau.

Il a ensuite relevé que l’Asie du Sud-Est est la zone la plus touchée par le VIH en dehors de l’Afrique subsaharienne.  Il a déclaré que les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes y sont les plus infectés, déplorant en outre que 18 pays sur les 36 que compte la région ont des lois qui criminalisent les activités homosexuelles.  Il s’est également plaint de la diminution croissante des fonds que reçoivent les associations comme la sienne.

Pour M. KIERAN DALY, Fondation Bill et Melinda Gates, « il faut révolutionner la riposte au sida ».  Il a reconnu que depuis 35 ans, les progrès ont été « impressionnants », mais que « nous sommes à un tournant où il faut accélérer les progrès de manière plus intelligente ».  Il est clair, s’est-il expliqué, qu’il va falloir miser sur la prévention, parvenir à une circoncision et assurer le plus large accès possible aux préservatifs.  Il faut également adapter l’acheminement des soins de santé vers les personnes les plus à risque et trouver le moyen d’adapter la riposte aux besoins individuels des personnes à risque, infectées ou de la population générale.  À titre d’exemple, il a parlé des jeunes femmes en Afrique subsaharienne qui bien souvent n’ont aucun moyen de se protéger contre le virus.  Il faut, a-t-il insisté, investir dans la santé des femmes et des filles et redoubler d’efforts pour collecter des données fiables pour affiner les politiques.  Au-delà des outils existants, il faut investir dans des domaines ciblés voire changer les outils de prévention par la recherche d’un vaccin.  Commençons déjà par financer le Fonds mondial, a conclu le représentant.

Table ronde 5: « Les enfants, les adolescentes et les jeunes femmes: prévention des nouvelles infections au VIH »

La table ronde était coprésidée par Mme AVA ROSSANA GUEVARA PINTO, Vice-Présidente du Honduras, et M. MOTHETJOA METSING, Vice-Premier Ministre du Lesotho.  Dans son propos liminaire qui a permis de planter le décor, ce dernier a salué l’annonce, faite par ONUSIDA, de la baisse de 50% des nouvelles infections chez les enfants depuis 2009.  Dans le même temps, le traitement des enfants infectés s’est intensifié, ce qui fait que les décès au VIH/sida ont diminué de 44% entre 2009 et 2015.  Il a félicité les quatre pays -Cuba, Thaïlande, Arménie et Moldova- qui ont pu éliminer complètement la transmission du VIH de la mère à l’enfant.

Le Vice-Premier Ministre du Lesotho a déploré que le sida et les accouchements soient les deux principales causes de décès chez les adolescentes et les jeunes femmes d’Afrique subsaharienne.  En 2014, plus de la moitié des nouvelles infections chez les jeunes de 15 à 24 ans concernait les adolescentes et les jeunes femmes.  Toutes ces morts sont évitables car elles sont imputables au manque d’éducation et de choix chez les jeunes femmes, sans oublier la culture dominante des inégalités entre les sexes et la violence sexiste.

C’est la raison pour laquelle, a indiqué le Ministre de la santé d’Afrique du Sud, M. AARON MOTSOALEDI que le Gouvernement sud-africain entend lancer, le 24 juin, une vaste campagne de sensibilisation auprès des adolescents et des jeunes sur la réalité du VIH/sida.  Ce sera une campagne de trois ans qui a pour objectifs de faire baisser les nouveaux cas d’infection et la violence sexiste, et de multiplier les opportunités économiques des jeunes.  

Au Zimbabwe, 250 filles sont infectées chaque semaine, a avoué le Ministre zimbabwéen de la santé et de l’enfance, M. PAGWESESE DAVID PARIRENYATWA.  Le taux de prévalence est tout de même passé de 29 à 15%, et des efforts sont en cours pour stopper les nouvelles infections chez les jeunes.  Une éducation sexuelle est dispensée dès l’âge de 10 ans et quelque 10 000 enseignants ont été formés à cette mission.  Les mariages précoces sont bannis, depuis trois mois, dans un pays, s’est enorgueilli le Ministre, où 133 millions de préservatifs sont utilisés par an.  « Le Zimbabwe en est l’un des plus grands consommateurs en Afrique.·

En Côte d’ivoire, l’objectif est de faire passer le taux de prévalence de 3,7% à 1% d’ici à 2020, a indiqué Mme RAYMONDE GOUDOU COFFIE, Ministre ivoirienne de la santé et de l’hygiène publique.  Pour y parvenir, des campagnes de communication de masse sont organisées, les préservatifs sont distribués gratuitement et des partenariats sont menés avec les populations à risque telles que les travailleuses du sexe.  Les élèves sont également sensibilisés grâce aux centres de santé scolaires, et les étudiantes sont prévenues contre la prostitution.

À cet égard, M. JOSEPH KASONDE, Ministre de la santé de la Zambie, a insisté sur le rôle des médias traditionnels pour la sensibilisation des jeunes même si dans son pays, des campagnes sont également menées à travers les médias sociaux. 

Pour véritablement toucher ces jeunes, il faut renforcer l’éducation sexuelle et leur ouvrir l’accès à la santé sexuelle et reproductive, a plaidé la représentante de l’Allemagne.  Oui, a acquiescé le délégué du Danemark, la lutte contre le VIH/sida chez les adolescentes et jeunes femmes passe par le respect de leurs droits à la santé sexuelle et reproductive.  « Comment peut-on considérer une fille assez mûre pour être mariée, mais pas assez pour être éduquée sur sa sexualité? » s’est indigné le représentant qui a d’ailleurs constaté que les participants à ce débat sont tous des adultes.

Des adultes qui au Kenya, s’est plaint son représentant, sont les premiers responsables de la contamination des adolescentes et des jeunes femmes.  C’est pour cette raison qu’il ne faut pas négliger le rôle des hommes et des garçons, a expliqué le délégué de la Suède qui a insisté sur le fait que le changement des comportements et des mentalités chez les hommes et les garçons peut faire toute la différence pour les adolescentes et les jeunes femmes qui, en période de crise humanitaire, doivent être particulièrement protégées, a poursuivi la représentante du Royaume-Uni.

En effet, son homologue d’Haïti a avoué que les jeunes femmes ont été abandonnées à leur sort après le tremblement de terre de 2010, avec des conséquences désastreuses pour leur santé puisque certaines se sont vues obligées de se prostituer pour survivre.

Nous avons entendu tant et tant de promesses depuis des lustres, mais êtes-vous vraiment prêts à agir? a lancé, dépitée, une jeune séropositive ukrainienne.  Comment on peut prétendre travailler pour les jeunes quand ils ne sont même pas invités à parler, a relevé, à son tour, le Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), M. BABATUNDE OSOTIMEHIN.  À l’avenir, chaque délégation devrait avoir au moins une adolescente, a proposé la représentante de la Gambie.  Vos discours ne valent rien si vous n’avez pas un jeune parmi vous, s’est indigné un jeune de la délégation de Namibie.

Le Directeur exécutif du FNUAP a parlé de l’Afrique où le pouvoir est détenu par les adultes alors que la grande majorité de la population est jeune, sans compter que c’est « l’irresponsabilité » des adultes qui est la cause de la contamination des adolescentes et des jeunes femmes.  On a trop politisé la question de la santé sexuelle et reproductive des jeunes, s’est-il impatienté: il est tout simplement question d’affirmer le droit de tout individu d’user de son corps comme bon lui semble.  Le Directeur exécutif s’est dit inquiet de « l’épidémie » de la violence sexuelle qui affecte une femme sur trois dans le monde.  L’égalité des sexes est « primordiale ».  Un membre du secteur privé a parlé des partenariats que son entreprise a mis sur pied pour lutter contre la violence sexuelle.  Après un viol, a-t-il expliqué, une fille à 72 heures pour prendre un traitement prophylactique et 120 heures pour prendre la pilule du lendemain.  Je suis fatigué de ces drames, de ces jeunes femmes violées dans le monde entier.  Il faut que cela cesse, a-t-il lancé, sous les applaudissements.

Mme OLENA STRYZHAK, de « All Ukrainian Network of People Living with HIV », a encouragé les jeunes femmes comme elle à s’exprimer publiquement afin de faire « bouger les lignes », après avoir confié: « il y a 16 ans, quand j’ai appris que j’avais le VIH, je n’osais pas en parler ».  M. CHIP LYONS, Président-Directeur général d’Elizabeth Glaser Pediatrics AIDS Foundation a plaidé pour que tous les enfants soient testés à la naissance.  Le temps presse compte tenu du niveau élevé de mortalité chez les enfants infectés par le VIH.

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