En cours au Siège de l'ONU

Soixante-dixième session,
89e séance plénière - après-midi
AG/11768

L’Assemblée générale célèbre l’héritage et la culture de la diaspora africaine, à l’occasion de la Journée internationale des victimes de l’esclavage

« Célébrons l’héritage et la culture de la diaspora africaine et ses racines. »  C’est le thème choisi cette année pour le 25 mars, Journée internationale de commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves pour laquelle l’Assemblée générale a tenu une réunion aujourd’hui.

Le Président de l’Assemblée générale, M. Mogens Lykketoft, a vanté le courage et l’héritage qu’ont laissé des millions de femmes, d’hommes et d’enfants victimes de la traite transatlantique des esclaves, « l’un des chapitres les plus sombres de l’histoire humaine ».

Interpelé par « la portée apparemment illimitée de l’inhumanité de l’homme envers l’homme », le Président de l’Assemblée a appelé les États à jouer le rôle qui leur incombe pour que de telles horreurs ne se répètent jamais.

Aujourd’hui, trop d’innocents souffrent de la traite des êtres humains et de l’exploitation sexuelle, a souligné M. Lykketoft.  Beaucoup d’enfants continuent d’être exploités en tant que main-d’œuvre au lieu d’aller à l’école.  Les formes contemporaines de l’esclavage comprennent le racisme institutionnel, la discrimination fondée sur le genre, les inégalités sociales et économiques, la haine et les préjugés.  

Nous devons les rejeter toutes, a renchéri le Vice-Secrétaire général de l’ONU, M. Jan Eliasson, qui a dénoncé les violations très graves des droits de l’homme, « un affront » à la Charte des Nations Unies.

« Notre cri de bataille doit être une vie digne pour tous », a ajouté M. Eliasson.  Il a constaté que les Africains avaient donné au nouveau monde une grande diversité et que la culture enrichissante de la diaspora s’était épanouie et propagée dans de nombreuses sociétés.

« Associer la commémoration de l’esclavage à une célébration semble contradictoire mais on peut raconter l’histoire de la diaspora africaine dans des termes festifs », a souligné Mme Sheila Walker, Directrice exécutive d’Afrodiaspora Incorporated.  Pour elle, il faut promouvoir dans le matériel pédagogique un discours honnête sur le patrimoine et la culture des peuples d’ascendance africaine.  Elle a recensé les savoirs que les Africains asservis ont appliqués aux Amériques où vivent aujourd’hui 200 millions de personnes d’ascendance africaine.

La diaspora africaine est « une mosaïque qui se reflète dans le monde entier, a commenté le représentant de l’Ouganda, au nom du Groupe des États d’Afrique.  Il a évoqué l’héroïsme de quelques personnalités dont l’Américain Jesse Owens, qui avait participé aux Jeux olympiques de 1936 à Berlin.  Il a vu un lien historique clair entre l’Inde et l’Afrique.  « Des Abyssiniens venus en Inde de la corne de l’Afrique sont sortis de cette épreuve victorieux » et ont contribué à l’histoire de ce pays.  

De 1501 à 1830, la plus grande migration forcée a eu lieu dans des conditions inhumaines, a précisé le représentant d’Antigua-et-Barbuda, au nom des États du Groupe de l’Amérique latine et des Caraïbes.  Ce phénomène doit rester relégué dans l’histoire, mais ne jamais être oublié. 

On voit encore aujourd’hui, a-t-il regretté, les répercussions de l’aberration de cette période et de ses traumatismes.  Ceux qui en étaient responsables sont ceux-là même qui aujourd’hui prétendent être les dirigeants de ce monde.  La lutte pour l’émancipation continue, a-t-il insisté, parlant de l’émotion du passé qui est encore perçue dans la lutte contre le colonialisme aujourd’hui. 

Rappelons-nous la nécessité de nous opposer à toute forme d’esclavage, a déclaré, au nom des États du Groupe Asie-Pacifique, le représentant de l’Indonésie.  Il ne faut pas se satisfaire des cadres normatifs mis en place, mais plutôt prendre des mesures concrètes pour promouvoir l’égalité des chances, a-t-il dit.  Pour la représentante de l’Azerbaïdjan, qui parlait au nom des États du Groupe d’Europe orientale, l’éducation et la sensibilisation sont des composantes essentielles de la lutte contre l’esclavage et les pratiques qui s’y rapportent.  

L’idéologie qui a justifié l’esclavagisme n’a pas été complètement éradiquée, a reconnu la représentante du Luxembourg, au nom du Groupe des États d’Europe occidentale et autres États.  Le racisme et la discrimination basés sur une prétendue hiérarchie des races et de la couleur de la peau sont hélas toujours présents.  

« Les horreurs de l’esclavage sont une tâche collective pour notre histoire », a déclaré la représentante des États-Unis.  Dans le discours qu’il a récemment prononcé lors de sa visite historique à Cuba, le Président Obama a souligné « l’histoire partagée de l’esclavage » et reconnu les grands progrès accomplis aux États-Unis grâce à la démocratie américaine.

« Le peuple cubain est fier de ses racines africaines », a déclaré à son tour la représentante de Cuba, avant de rappeler que près d’1,3 millions d’Africains étaient arrivés dans les plantations.  Depuis lors, Cuba a versé « la sueur et le sang de ses fils pour contribuer à l’émancipation de l’Afrique ». 

La représentante du Ghana a plaidé pour que l’on bâtisse des ponts et que l’on transforme cette aberration historique en un lien entre les peuples.  Ce sont environ 4 millions d’esclaves qui ont été envoyés au Brésil entre 1500 et 1888, a rappelé son homologue brésilien dont le pays abrite la population d’ascendance africaine la plus importante en dehors de l’Afrique avec plus de 100 millions d’âmes, soit environ 50% de la population.   

Pour honorer la mémoire des 15 millions et plus victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves, un mémorial permanent « L’Arche du retour », a été érigé au Siège de l’ONU, à New York, il y a un an.  L’Assemblée générale a aussi proclamé la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine, du 1er janvier 2015 au 31 décembre 2024.

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