Déclaration à la presse faite par le Conseil de sécurité sur la situation au Yémen
On trouvera ci-après le texte de la déclaration à la presse faite, aujourd’hui, par le Président du Conseil de sécurité pour le mois de décembre, Mme Samantha Power (États-Unis):
Les membres du Conseil de sécurité se sont félicités de la participation des partis yéménites aux consultations de paix tenues du 15 au 20 décembre 2015 sous les auspices de l’Organisation des Nations Unies. Ils se sont déclarés satisfaits des efforts déployés par l’Organisation et l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, et ont réaffirmé qu’ils les appuyaient sans réserve.
Les membres du Conseil ont rappelé les résolutions 2014 (2011), 2051 (2012), 2140 (2014), 2201 (2015) et 2216 (2015) du Conseil, soulignant la nécessité d’un processus de transition qui soit pacifique, ordonné, sans exclusive et dirigé par les Yéménites. Ils ont exigé une nouvelle fois que les résolutions du Conseil soient appliquées dans leur intégralité et demandé à toutes les parties yéménites, à l’instar de la résolution 2216 (2015), de reprendre les négociations sans exclusive sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies et de les faire avancer plus rapidement.
Les membres du Conseil ont félicité les parties et l’Envoyé spécial à l’issue des pourparlers, qui ont été fructueux et ont jeté les bases des prochaines étapes du processus de paix. Ils se sont félicités de l’accord intervenu entre les parties sur la cessation des hostilités, ont fait part de l’inquiétude que leur inspiraient les violations de cet accord commises pendant les pourparlers et ont insisté sur le fait que la cessation des hostilités et le respect des résolutions du Conseil devaient aboutir à un cessez-le-feu général et permanent. À cet égard, ils ont salué l’engagement pris par les parties de poursuivre les travaux en faveur d’une réduction anticipée du nombre de violations entrepris par le comité pour la coordination et l’apaisement établi dans le cadre des pourparlers, et demandé instamment à toutes les parties de respecter la cessation des hostilités et de faire preuve de la plus grande retenue si des violations étaient commises ou signalées.
Les membres du Conseil se sont félicités que, lors des pourparlers, les parties se soient engagées à permettre aux équipes humanitaires d’acheminer l’aide en toute sécurité, rapidement et sans rencontrer d’obstacles dans toutes les provinces touchées y compris, en particulier, celle de Taëz, et ils ont demandé aux parties de respecter cet engagement. Ils ont invité les parties à s’accorder sans plus attendre sur la libération de tous les non-combattants et de toutes les personnes détenues arbitrairement, et à mettre la dernière main à un accord sur un ensemble de mesures de confiance.
Les membres du Conseil ont pris note avec satisfaction des progrès accomplis au cours des pourparlers en ce qui concerne l’établissement d’un cadre de négociation qui soit fidèle aux dispositions de la résolution 2216 (2015) et d’autres résolutions du Conseil, et propre à mettre un terme au conflit. À cet égard, ils ont demandé à tous les États Membres d’encourager les parties yéménites à participer au dialogue politique.
Les membres du Conseil ont engagé les parties yéménites à honorer les engagements qu’elles ont pris lors des pourparlers et salué l’annonce d’une nouvelle série de pourparlers qui auraient lieu à la mi-janvier 2016 et feraient fond sur les progrès accomplis jusqu’à présent. Ils ont de nouveau demandé à toutes les parties yéménites d’y participer de bonne foi et sans poser de conditions préalables, ce qui implique notamment de choisir la voie du dialogue et de la concertation pour régler les différends, de renoncer à recourir à la violence à des fins politiques et de s’abstenir de toute provocation et de toute mesure unilatérale de nature à compromettre la transition politique. Ils ont fermement condamné tous les actes de violence, y compris les tentatives, ou les menaces visant à intimider les participants aux consultations menées sous les auspices de l’Organisation des Nations Unies, insistant sur le fait que de pareils actes étaient inacceptables.
Les membres du Conseil de sécurité ont souligné que le dialogue politique sans exclusive mené sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies devait être dirigé par les Yéménites et avoir pour but de trouver une solution politique consensuelle à la crise au Yémen qui soit conforme à l’Initiative du Conseil de coopération du Golfe et à son Mécanisme de mise en œuvre, aux décisions issues de la Conférence de dialogue national sans exclusive et aux résolutions du Conseil.
Les membres du Conseil ont rendu hommage et exprimé leur soutien aux efforts déployés par l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, qui entendait rester en relation avec les parties prenantes afin d’avancer vers la conclusion d’un cessez-le-feu durable et la mise en place d’un mécanisme de retrait des forces, le dépôt de toutes les armes supplémentaires saisies à l’armée et aux institutions chargées de la sécurité, la libération des prisonniers politiques et la reprise d’un processus de transition politique sans exclusive, comme le prévoyait la résolution 2216 (2015) du Conseil. Ils ont déclaré qu’il importait, pour appuyer ce processus, de veiller à ce que l’Organisation ait les moyens de surveiller le respect du cessez-le-feu.
Les membres du Conseil se sont déclarés vivement préoccupés par la situation humanitaire désastreuse, qui continuait de s’aggraver. Ils ont estimé que plus de 80% de la population du Yémen, soit 21 millions de personnes, avaient besoin d’une aide humanitaire, et ils ont souligné que le conflit avait eu des conséquences dévastatrices pour les civils, notamment les enfants et les 2,5 millions de déplacés. Ils se sont dits particulièrement inquiets devant le problème de sécurité alimentaire qui touchait le pays, où plus de sept millions de personnes connaissaient une situation d’insécurité alimentaire grave et où le nombre d’enfants de moins de 5 ans souffrant de malnutrition aiguë avait doublé. Ils ont constaté que les marchés qui fonctionnaient au Yémen étaient essentiels pour faire face à cette situation, la seule aide humanitaire étant insuffisante face à une crise humanitaire de cette ampleur.
Les membres du Conseil ont noté que les fonds reçus en réponse à l’appel humanitaire lancé pour l’année 2015 couvraient 52 % du montant demandé et ont exhorté la communauté internationale à répondre à l’appel humanitaire qui serait lancé pour 2016.
Les membres du Conseil ont exhorté toutes les parties à honorer leur engagement de faciliter l’acheminement des marchandises, de l’aide humanitaire et du carburant destinés aux civils dans toutes les régions du pays et de prendre d’urgence des mesures garantissant aux équipes humanitaires un accès rapide, sûr et sans entrave aux populations dans le besoin. Ils ont également souligné que, le Yémen et ses habitants étant fortement tributaires des importations de denrées alimentaires et de carburant, il était impératif, pour des raisons humanitaires, de faire en sorte que les marchandises, médicaments et autres produits de première nécessité acheminés par des entreprises de transport puissent continuer à entrer sur le territoire par tous les ports, sans subir de retard. Dans ce contexte, ils ont exhorté toutes les parties à travailler avec le nouveau dispositif de vérification et d’inspection des Nations Unies. Les membres du Conseil de sécurité ont appelé toutes les parties à respecter le droit international humanitaire, en prenant toutes les précautions possibles pour limiter au maximum les dommages qui pourraient être causés aux civils et aux installations civiles, à cesser de recruter et d’utiliser des enfants en violation du droit international en vigueur, et à s’employer sans plus attendre, avec les organismes des Nations Unies et les organisations humanitaires, à faire parvenir les secours à ceux qui en ont besoin partout dans le pays.
Les membres du Conseil ont réaffirmé leur profond attachement à l’unité, à la souveraineté, à l’indépendance et à l’intégrité territoriale du Yémen.