Déclaration à la presse faite par le Conseil de sécurité sur la situation au Burundi
On trouvera ci-après le texte de la déclaration à la presse faite, aujourd’hui, par le Président du Conseil de sécurité pour le mois de décembre, Mme Samantha Power (États-Unis):
Les membres du Conseil de sécurité ont de nouveau exprimé leur vive préoccupation face à l’escalade constante de la violence au Burundi, à la multiplication des violations des droits de l’homme et des atteintes à ces droits, à l’impasse politique persistante et à leurs graves conséquences humanitaires. Ils ont condamné tous les actes de violence, quels qu’en soient les auteurs, l’impunité ambiante et les déclarations incendiaires faites par des leaders politiques burundais. Ils ont fermement condamné les attaques perpétrées contre des casernes militaires à Bujumbura et Bujumbura Rural ainsi que les exécutions sommaires qui auraient suivi, et ont insisté sur la nécessité de tenir les auteurs comptables de leurs actes.
Ils ont rappelé que le Conseil des droits de l’homme avait adopté le 17 décembre une résolution condamnant les violations des droits de l’homme et atteintes à ces droits commises au Burundi par tous les acteurs et avait décidé d’organiser et de dépêcher sur place une mission d’experts chargée d’enquêter immédiatement sur toutes les violations et atteintes.
Les membres du Conseil de sécurité ont accueilli avec satisfaction la réunion du 17 décembre du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, à l’issue de laquelle le communiqué sur la situation au Burundi [PSC/PR/COMM. (DLXV)] a été adopté.
Ils ont appelé au renforcement immédiat de la médiation conduite par le Président de l’Ouganda Yoweri Museveni au nom de la Communauté d’Afrique de l’Est et avec l’approbation de l’Union africaine, ont exhorté toutes les parties burundaises à coopérer avec le médiateur et, compte tenu de l’urgence de la situation, ont demandé que l’Union africaine et l’Organisation des Nations Unies envisagent d’autres options à appliquer au cas où les efforts de médiation ne redémarraient pas immédiatement. Les membres du Conseil de sécurité ont rappelé leur conviction que seul un dialogue véritable et inclusif, fondé sur le respect de la Constitution et de l’Accord d’Arusha, permettrait aux parties burundaises de trouver une solution de consensus à la crise que connaît leur pays. Ils ont souligné l’importance de la décision prise par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine de tenir ce dialogue à l’extérieur du Burundi, dans un lieu à déterminer par la Médiation et dans les conditions de sécurité requises, et ont redit la nécessité de faciliter la participation et la représentation effectives de toutes les parties prenantes burundaises et l’expression de leurs points de vue au sujet des questions sur lesquelles elles sont en désaccord.
Les membres du Conseil de sécurité ont pris note avec intérêt de la décision du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine d’autoriser le déploiement d’une mission africaine de prévention et de protection au Burundi pour améliorer la situation dans le pays et ont exhorté toutes les parties burundaises à coopérer pleinement avec la mission pour l’aider à accomplir efficacement son mandat. Les membres du Conseil de sécurité ont insisté sur le fait que les États Membres africains devaient mettre des soldats et des policiers à disposition et que l’Union africaine devait prendre les mesures nécessaires pour formuler de toute urgence le concept d’opération de la mission africaine de prévention et de protection au Burundi et d’autres documents de planification. Ils ont également mis en avant l’importance du dialogue et de la coordination entre l’Union africaine et l’Organisation des Nations Unies.
Ainsi que demandé dans la résolution 2248 (2015), les membres du Conseil de sécurité ont rappelé que l’ONU devait impérativement disposer d’une planification en cas d’urgence afin que la communauté international puisse réagir à toute nouvelle dégradation de la situation et ont souligné qu’il importait de déployer de toute urgence au Burundi une équipe des Nations Unies qui serait dirigée par Jamal Benomar, Conseiller spécial pour la prévention des conflits, y compris au Burundi, chargé de travailler en concertation avec le Gouvernement burundais, l’Union africaine et d’autres partenaires pour évaluer la situation et formuler des solutions aux problèmes politiques et sécuritaires que connaît le pays.