Déclaration à la presse faite par le Conseil de sécurité sur le Soudan du Sud
On trouvera ci-après le texte de la déclaration à la presse faite aujourd’hui par la Présidente du Conseil de sécurité pour le mois de mai, Mme Raimonda Murmokaitė (Lituanie):
Le 14 mai, les membres du Conseil de sécurité ont entendu un exposé de la Représentante spéciale du Secrétaire général, Mme Ellen Margrethe Løj, sur la situation au Soudan du Sud.
Les membres du Conseil ont condamné la reprise et la poursuite des actes de violence généralisés dans l’État de l’Unité, à la suite de la récente offensive du Gouvernement du Soudan du Sud, qui ont entraîné le déplacement de plus de 100 000 civils ainsi que la suspension de la quasi-totalité des activités des organismes et organisations humanitaires et de l’aide qu’ils fournissent aux populations des zones touchées par le conflit, soit plus de 300 000 civils. Les membres du Conseil ont également condamné l’attaque de grande envergure lancée le 15 mai par le Mouvement/Armée populaire de libération du Soudan dans l’opposition, dans la ville de Malakal (État du Haut-Nil).
Les membres du Conseil se sont dits extrêmement préoccupés par le fait que la violence et l’insécurité croissante qui règnent depuis le début du conflit ont poussé plus de 50 000 personnes déplacées à chercher refuge et assistance au camp de la Mission des Nations Unies en République du Soudan du Sud à Bentiu, et près de 25 000 autres au camp de la Mission à Malakal, ce qui ne fait qu’amplifier une grave crise humanitaire.
Les membres du Conseil ont vigoureusement condamné les violations répétées de l’Accord de cessation des hostilités accepté et signé le 23 janvier 2014 par la République du Soudan du Sud et le Mouvement/Armée populaire de libération du Soudan dans l’opposition, et déclaré qu’il n’y a pas de solution militaire à ce conflit qui dure depuis plus de 17 mois.
Les membres du Conseil ont demandé à toutes les parties de contribuer de manière constructive au processus de paix, afin de trouver une solution politique à la crise et de mettre un terme au conflit. Ils ont pris note du processus de paix lancé sous l’égide de l’Autorité intergouvernementale pour le développement et demandé instamment que reprenne l’action engagée aux niveaux régional et international pour mettre rapidement en œuvre un plan commun et trouver une solution globale et raisonnable à la crise. Dans ce contexte, ils ont réaffirmé leur volonté d’imposer des sanctions à l’encontre de ceux qui menacent la paix, la sécurité ou la stabilité de la République du Soudan du Sud, conformément à la résolution 2206 (2015), et pris note, à ce propos, du communiqué sur le Soudan du Sud publié le 24 mars 2015 par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et de la déclaration sur le Soudan du Sud faite le 12 mai 2015 par la Présidente de la Commission de l’Union africaine.
Les membres du Conseil ont réaffirmé leur plein appui aux soldats de la paix de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud, qui jouent un rôle crucial dans des conditions très difficiles, notamment pour ce qui est de la protection des civils. Ils ont exigé que toutes les parties mettent fin aux actes d’intimidation et de harcèlement dirigés contre la Mission et le personnel humanitaire, suppriment les restrictions imposées à la liberté de circulation et permettent à la Mission de s’acquitter pleinement de son mandat. Ils ont également exigé que l’Accord sur le statut des Forces soit intégralement respecté et que le Gouvernement du Soudan du Sud autorise le déploiement du matériel et autres ressources actuellement bloqués. Ils ont souligné que la Mission et le Gouvernement devaient coopérer et communiquer étroitement pour régler ces questions.
Les membres du Conseil ont condamné les violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire et exigé une nouvelle fois qu’il y soit mis fin sans tarder. Ils ont réaffirmé que les auteurs de ces violations devaient en rendre compte et que le Gouvernement du Soudan du Sud était responsable au premier chef de la protection des civils se trouvant sur son territoire et relevant de sa juridiction, notamment contre d’éventuels crimes contre l’humanité et crimes de guerre.
Le Conseil de sécurité a renouvelé l’appel qu’il a lancé aux parties au conflit, à savoir qu’elles doivent autoriser et faciliter l’accès libre, en toute sécurité et sans entrave du personnel humanitaire à tous ceux qui en ont besoin et l’acheminement rapide du matériel, des fournitures et de l’aide humanitaire, conformément aux dispositions pertinentes du droit international et des principes directeurs des Nations Unies concernant l’aide humanitaire.