En cours au Siège de l'ONU

Session de 2015,
matin & après-midi
ECOSOC/6663

ECOSOC: le Forum de la jeunesse lance des appels pour une plus grande participation des jeunes à la promotion du développement durable après 2015

Les deux tables rondes de l’après-midi mettent l’accent sur la promotion d’une éducation adéquate et la création d’emplois décents en faveur des jeunes

Le Forum de la jeunesse 2015 du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC) s’est ouvert aujourd’hui par le lancement de nombreux appels en faveur d’une plus grande participation des jeunes aux processus de prise de décisions, notamment dans l’élaboration et la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015 qui prendra cette année la relève des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).

Pour débattre du thème de cette quatrième édition, à savoir « L’engagement des jeunes dans la transition entre les Objectifs du Millénaire pour le développement et les objectifs de développement durable: que faudra-t-il faire? » près de 600 participants venus de tous les continents sont réunis à New York pour deux jours, afin de faire entendre la voix des 1,8 milliard de jeunes âgés de 10 à 24 ans que compte actuellement le monde.

Ce Forum de la jeunesse intervient également alors que la communauté internationale commémore le vingtième anniversaire de l’adoption, par l’Assemblée générale, du Programme d’action mondial pour la jeunesse à l’horizon 2000. 

En ouvrant les travaux, le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a invité les jeunes à être des « citoyens actifs du monde », et il a annoncé le lancement, par l’ONU, d’une campagne mondiale sous le label « #YouthNow » qui vise à promouvoir la participation des jeunes au développement durable par le biais des médias sociaux.  M. Ban a en outre déploré le fait que « trop de jeunes ont encore soif et faim, sont encore malades, et ne peuvent toujours pas aller à l’école », tout en appelant à l’avènement d’un monde prospère et durable grâce à la contribution de la jeunesse.

« Vous êtes l’avenir et c’est vous qui devrez veiller à la bonne réalisation des objectifs de développement durable », a, à son tour, déclaré le Président du Conseil économique et social (ECOSOC), M. Martin Sajdik, aux jeunes réunis pour ce Forum.  Il les a également invité à œuvrer au changement des sociétés du monde, leur rappelant que « Martin Luther King n’avait que 26 ans lorsqu’il a lancé le boycott des bus de Montgomery en 1955; Steve Jobs quant à lui n’avait que 21 ans lorsqu’il a participé à la création d’Apple; et Malala Yousafzai n’avait que 17 ans lorsqu’elle a reçu le prix Nobel de la paix ».

« La participation des jeunes n’est pas un luxe, mais une nécessité et une condition sine qua none pour le développement durable », a pour sa part déclaré l’Envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU pour la jeunesse, M. Ahmad Alhendawi.  Il a invité les États à démontrer leur engagement en faveur de la participation des jeunes en les associant aux délégations officielles qui vont se réunir au Siège des Nations Unies au mois de septembre prochain, afin d’adopter le programme de développement pour l’après-2015.

Au cours de la séance d’ouverture du Forum ce matin, la Présidente de l’Assemblée nationale de l’Équateur, Mme Gabriela Rivadeneira, et la lauréate du prix international de la paix pour l’Enfance de 2007 et cofondatrice de « KidsRigths Youngsters », Mme Thandie Chama, se sont également exprimées en faveur d’une plus grande participation des jeunes à la gestion des affaires publiques à travers le monde.

Cinq sessions de travail sont prévues au cours des deux journées du Forum.  Au cours de cette première journée des travaux, deux sessions ont eu lieu, dont la première en matinée, qui a été marquée par la tenue de quatre débats interactifs parallèles sous les thèmes: « Processus et consultations »; « Responsabilité »; « Mesurage » et « Partenariats, renforcement des capacités et mise en œuvre ».

La session II, tenue dans l’après-midi, a été marquée par deux tables rondes de même format articulées autour d’interventions de panélistes suivies ensuite d’un débat interactif avec les jeunes délégués.

Au cours de ces deux tables rondes, les participants ont salué les efforts menés ces dernières années en matière de promotion des jeunes à travers le monde, mais ont regretté que l’éducation et la formation dont bénéficient les jeunes ne soient pas toujours en adéquation avec les besoins des secteurs économiques et de l’emploi, causant ainsi le chômage chronique qui affecte un grand nombre de jeunes diplômés.  La plupart des intervenants ont ainsi souligné que la participation des jeunes tant souhaitée passe d’abord par leur intégration dans la vie économique, qui dépend de plus en plus de leur bonne formation.   

Les jeunes du monde entier peuvent participer en temps réel au Forum de la jeunesse par le biais de l’identifiant tweeter « #Youth2015 ».

Le Forum de la jeunesse 2015 se poursuivra demain, mardi 3 février, à partir de 10 heures et prendra fin à 18 heures.

FORUM DE LA JEUNESSE

L’engagement des jeunes dans la transition entre les Objectifs du Millénaire pour le développement et les objectifs de développement durable: que faudra-t-il faire?

Déclarations liminaires

« Vous êtes l’avenir, et c’est vous qui devrez veiller à la bonne réalisation des objectifs de développement  durable », a déclaré M. MARTIN SAJDIK (Autriche), Président du Conseil économique et social, en ouverture de ce Forum de la jeunesse avant de lancer le visionnage d’une vidéo illustrant les attentes des jeunes en ce domaine.  Reprenant la parole, M. Sajdik a rappelé que la mise en place des OMD, il y a 15 ans, s’est traduite par l’accomplissement de réels progrès.  Illustrant son propos, il a indiqué que la pauvreté mondiale a été réduite de moitié bien avant 2015.  Il a aussi dit qu’à travers le monde 80% des enfants peuvent maintenant aller à l’école primaire et que de plus en plus de personnes ont accès à l’eau potable.  Il a appelé à l’adoption d’un programme de développement pour l’après-2015 qui soit inclusif et centré sur la personne.  Il a dit qu’on ne pouvait pas parler des objectifs du futur sans donner la parole aux jeunes et leur permettre de contribuer à la manière dont sera façonné leur avenir.  Il a rappelé que la tranche d’âge des jeunes gens et des adolescents comptait aujourd’hui 1,8 milliard de personnes à travers le monde, 25% de la population mondiale.  Il a dit que leur énergie façonne le monde et nous aide à relever les défis présents tout en préparant l’avenir.  « Martin Luther King n’avait que 26 ans lorsqu’il a lancé le boycott des bus de Montgomery en 1955; Steve Jobs, quant à lui, n’avait que 21 ans lorsqu’il a participé à la création d’Apple, et Malala Yousoufzai n’avait que 17 ans lorsqu’elle a reçu le prix Nobel », a indiqué le Président de l’ECOSOC en mettant l’accent sur la contribution de la jeunesse à l’évolution de sa propre situation et à son avenir.  Je suis convaincu que l’avenir sera différent si les jeunes sont des participants actifs des processus de prise de décisions et de gouvernance à tous les niveaux, a ajouté M. Sajdik avant d’appeler les jeunes à jouer un rôle central dans la création et la mise en œuvre des futurs objectifs de développement durable.  Il s’agit aujourd’hui de trouver les moyens de renforcer la participation des jeunes, a-t-il insisté en estimant que l’ECOSOC était une bonne plate-forme pour faire entendre leur voix.

Mme GABRIELA RIVADENEIRA, Présidente de l’Assemblée nationale de l’Équateur, a indiqué qu’au moment où les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) étaient lancés en l’an 2000, l’Équateur était en ruine à cause des modèles de développement inappropriés qui lui avaient été imposés.  Elle a relevé qu’avec la mise en place d’une nouvelle Constitution en 2008, le pays s’est relevé, avec notamment la contribution des jeunes.  Elle a cité un certain nombre de réalisations qui ont découlé des nouveaux programmes de développement mis en place par le Gouvernement de l’Équateur, et qui permettent notamment la participation active des plus démunis et des couches sensibles de la société, y compris les jeunes.  En Équateur, « nous avons vécu un changement générationnel qui voit désormais les jeunes participer à la vie politique dès l’âge de 16 ans », s’est-elle félicitée.  Elle a aussi invité la communauté internationale à s’engager pour le développement durable, dans un contexte de justice et de changements culturels et politiques profonds.  Elle a également déploré les diverses formes de discrimination qui, a-t-elle noté, sont le produit du capitalisme, et qui se présentent comme des obstacles à l’épanouissement des jeunes.  Mme Rivadeneira a en outre appelé les gouvernements à promouvoir la participation des jeunes en facilitant leur accès aux nouvelles technologies et à la sphère politique.

« Nous ne pouvons accepter que des populations de certains pays soumettent d’autres populations à leur joug », a d’autre part déploré la Présidente de l’Assemblée nationale de l’Équateur.  Elle a ajouté que la paix durable dans le monde signifie éliminer toutes les inégalités, notamment en respectant toutes cultures et les sensibilités de chaque peuple.  Elle a salué ensuite la détente intervenue dans les relations entre Cuba et les États-Unis, et elle a fait part du soutien de son pays aux droits inaliénables du peuple palestinien.  Elle a déclaré que « les jeunes doivent être le porte-drapeau des droits de l’homme et des libertés dans le monde, et a invité les peuples d’Amérique latine et des Caraïbes à œuvrer pour leur décolonisation et leur liberté.

Mme THANDIWE CHAMA, lauréate du prix international de la paix pour l’enfance de 2007 et cofondatrice de KidsRights Youngsters, a dit que le moment était venu de tout mettre en œuvre pour être du bon côté de l’histoire.  Mon école a été fermée lorsque j’avais 8 ans parce qu’il n’y avait pas assez de professeurs.  « J’ai alors décidé de passer de la ligne de touche à l’action et j’ai trouvé une autre école », a dit Mme Chama.  Elle a expliqué que « KidsRights Youngsters » est une plate-forme de plaidoyer pour les enfants et adolescents.  Elle a parlé des 2,2 milliards de jeunes qui vivent dans le monde, en regrettant  que trop d’enfants et d’adolescents n’aient pas accès aux services d’éducation et de santé.  L’Afrique contient la plus large population de jeunes dans le monde, a-t-elle précisé.  Elle a dit qu’il y aura toujours beaucoup de travail à réaliser après 2015 et a fait remarquer que malgré la conclusion des OMD en 2015, il faut être conscient que 58 millions d’enfants n’ont toujours pas accès à l’école primaire.  « En Zambie, nous sommes confrontés à l’une des épidémies à virus VIH les plus graves au monde.  Il nous faut des services de santé à la hauteur du défi », a plaidé Mme Chama.  Nous ne pourrons atteindre des objectifs de développement durable sans que les droits à l’éducation et à la santé des enfants et des adolescents soient reconnus.  « Financez nous, autonomisez nous, pour que nous soyons en mesure de demander des comptes à nos gouvernements », a-t-elle insisté.  « Alors que nous ne sommes plus qu’à 226 jours de l’adoption du programme de développement durable pour l’après-2015 », a dit Mme Chama, j’appelle le Secrétaire général et les États Membres à entendre les revendications des jeunes.  

M. AHMAD ALHENDAWI, Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour la jeunesse, a déclaré que la jeunesse veut faire entendre sa voix de manière claire, et que les jeunes veulent être des partenaires au développement et non pas seulement des bénéficiaires.  Il a ajouté que « la participation des jeunes n’est pas un luxe, mais une nécessité et une condition sine qua none pour le développement durable ».  Il a rappelé que l’ECOSOC en est à son quatrième Forum de la jeunesse, et que pour cette année, il y a près de 600 participants.  Il a rappelé aussi que l’an dernier le Forum avait lancé l’« Appel mondial de la jeunesse » qui mettait l’emphase sur la nécessité d’établir des cibles relatives aux jeunes dans le programme de développement pour l’après-2015.  Il a en outre salué les réussites atteintes en matière de réalisation d’OMD parlant du programme de développement pour l’après-2015, il a dit: « libérons le pouvoir des 1,8 milliard d’individus que sont les jeunes ».  « Les jeunes sont prêts à s’engager », a-t-il souligné.  Il a enfin invité les États Membres à promouvoir la participation des jeunes, notamment en les associant aux délégations officielles qui vont se réunir au Siège des Nations Unies en septembre prochain afin d’adopter le programme de développement pour l’après-2015.  Il les a également exhortés à faire de même à Paris, au mois de décembre de cette année, à l’occasion de la tenue de la vingt et unième Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP21).

M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a déclaré que 2015 n’est pas une année juste comme les autres, mais une année cruciale.  Il a expliqué que 2015 offre une opportunité au monde de changer le cours de l’histoire.  Notre génération est à la fois la première à être en mesure de mettre fin à la pauvreté, et la dernière à être en mesure de lutter contre les changements climatiques, a souligné Ban Ki-moon.  « Même si nous ne sommes pas en mesure d’atteindre tous les OMD d’ici à la fin 2015, nous pouvons cependant nous féliciter des progrès réalisés, notamment en ce qui concerne la lutte contre la pauvreté », a-t-il dit.  Le Secrétaire général a lancé trois appels à la jeunesse: « Aidez-nous à faire des objectifs de développement durable (ODD) un programme ayant la personne humaine en son centre; luttez contre les injustices et les inégalités de manière solidaire, afin que personne ne soit oublié; soyez des citoyens du monde actifs! », a-t-il dit aux jeunes.  Même si de plus en plus de jeunes sont à la recherche d’un emploi, que beaucoup sont victimes de trafics et de pauvreté, ils restent des acteurs vitaux du changement, a insisté M. Ban.  Il a dit que 2,5 millions de jeunes sont tombés dans la pauvreté l’année dernière en portant à 76 millions le nombre de ceux vivant dans le dénuement et l’absence d’emploi.  « Il ne suffit pas de créer des richesses, il faut s’assurer que le développement soit inclusif », a insisté M. Ban en s’adressant à la communauté internationale dans son ensemble.  Il a rappelé que les jeunes étaient aussi les premières victimes du terrorisme en citant les exactions commises par Boko Haram et les attentats qui ont lieu dans le reste du monde, et qui frappent surtout des jeunes.  Il a expliqué que l’ONU, qui fêtera cette année ses 70 ans, est toujours jeune, en rappelant que l’acronyme « UN » en anglais se prononce presque comme le mot « young » (jeune) en anglais.  S’agissant du projet de développement pour l’après-2015, il a expliqué qu’il avait proposé six grands éléments qui sont critiques pour la promotion du développement durable: la dignité, l’attention portée à la personne humaine, la prospérité, la préservation de la planète, les partenariats et la justice.  Ces éléments encadrent les 17 ODD proposés par les États Membres.  Il a ensuite annoncé le lancement d’une campagne #YouthNow, en invitant tout le monde à s’y joindre en éditant le profile qu’ils ont en ligne sur leur page Twitter pour y refléter leur soutien à la campagne.  Se faisant l’écho d’une question que lui a demandée récemment une petite fille à savoir si elle pourrait un jour devenir Secrétaire général de l’ONU, le Secrétaire général a dit qu’il avait invité cette petite fille mozambicaine à venir au Siège et à y prendre part aux évènements de la Journée mondiale de la jeunesse.  Notant que trop de jeunes ont encore soif et faim, sont encore malades, et ne peuvent toujours pas aller à l’école, le Secrétaire général a appelé à l’avènement d’un monde durable grâce à la contribution de la jeunesse.

Session 1: « L’engagement des jeunes dans la transition entre les Objectifs du Millénaire pour le développement et les objectifs de développement durable »  

Afin de préparer les participants aux quatre débats thématiques parallèles de cette première session, M. DAVID DONOGHUE (Irlande) a relevé que les jeunes n’ont jamais été autant éduqués, autonomisés et connectés qu’aujourd’hui.  Il a rappelé que les jeunes ont fait entendre leur voix en participant au processus d’élaboration du programme de développement pour l’après-2015, et a déclaré que le message qu’ils ont transmis est clair et peut se résumer en une phrase: « Placez les jeunes au cœur du programme de développement ».

Son homologue du Kenya, M. MACHARIA KAMAU, a salué les succès des OMD à travers le monde, et il a invité les jeunes à s’engager davantage pour la transformation du monde, en faisant attention de ne pas se laisser endormir par des déclarations faites au cours de grandes conférences et réunions qui produisent souvent des recommandations qui en fin de compte restent lettre morte. 

M. PAUL LADD, Chef de l’équipe spéciale chargée du programme de développement pour l’après-2015 du Bureau des politiques et de l’appui aux programmes du Programme des Nations Unies pour le développement, a ensuite pris la parole pour souligner que plus de 7 millions de jeunes ont donné leur avis, à travers Internet, et ont clairement indiqué qu’ils ne veulent pas seulement participer à l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015, mais qu’ils veulent également être partie prenante dans sa mise en œuvre.  Il a annoncé que les recommandations qui vont découler des débats interactifs parallèles de ce Forum de la jeunesse vont être transmises aux États Membres.  Ces quatre débats portent sur les thèmes suivants: « Processus et consultations », « Responsabilité », « Mesurage » et « Partenariats, renforcement des capacités et mise en œuvre », a rappelé le représentant.

Session II: « Programme d’action mondial pour la jeunesse + 20 et le programme de développement pour l’après-2015 »

Thème « Réflexions sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre du Programme d’action mondial pour la jeunesse au cours des dernières 20 années et les recommandations sur la façon d’avancer »

En ouvrant la Session II cet après-midi, le Vice-Président du Conseil économique et social, M. VLADIMIR DROBNJAK (Croatie), a précisé que cette session interactive allait s’appesantir sur l’examen de la mise en œuvre du Programme d’action mondial de la jeunesse, adopté en 1995 par l’Assemblée générale des Nations Unies.  Il a ensuite donné la parole au premier intervenant, l’Envoyé du Secrétaire général des Nations Unies pour la jeunesse, M. AHMAD ALHENDAWI, qui a assuré l’animation de cette première table ronde, et a salué les efforts déployés ces dernières années en matière de promotion des jeunes à travers le monde, précisant que désormais, plus de 120 pays ont déjà mis en place des politiques nationales de la jeunesse. 

Observations liminaires

M. ALVARO JOSÉ DE MENDONÇA E MOURA (Portugal) a déclaré que la jeunesse sera toujours la force motrice de la société, et qu’elle est une réserve de moteurs du changement social et économique.  Les jeunes ont, par exemple, été les initiateurs de la chute du mur de Berlin, a relevé le représentant.  Il faut créer un environnement propice pour permettre aux jeunes de pouvoir réaliser toutes leurs potentialités, a-t-il ensuite plaidé.  Il a relevé que 20 ans après l’adoption du Programme d’action mondial pour la jeunesse, il serait opportun d’appuyer la mise en œuvre des recommandations de ce document qui comporte 15 principes de base liés entre eux.  Tant qu’il n’y aura pas d’évaluation de la mise en œuvre des recommandations contenues dans ce document, il ne sera pas possible d’améliorer sa mise en œuvre, a-t-il averti.   

Table ronde I

M. ERION VELLIAJ, Ministre de la jeunesse et de la protection sociale de l’Albanie, a déploré le fait que les gouvernements ne mettent pas assez de moyens dans la promotion de la jeunesse.  Il a invité notamment les dirigeants à investir davantage dans l’éducation et l’emploi des jeunes pour éviter que ceux-ci ne succombent aux trois maux dont parlait l’écrivain français Voltaire: l’ennui, le vice et le besoin.

Mme SUSANA CAMARERO BENITEZ, Secrétaire d’État pour l’égalité en matière de services sociaux du Ministère de la santé, des services sociaux et de l’égalité de l’Espagne, a relevé que la question du chômage des jeunes touche tous les pays du monde, y compris le sien.  Elle a noté que la crise économique a accentué le chômage des jeunes, ajoutant que la création d’emplois est la priorité majeure du Gouvernement espagnol.  Elle a également souligné que l’Espagne a mis en place une stratégie spéciale pour l’emploi des jeunes qui sera appliquée au courant des six prochaines années, avec une première période de mise en œuvre allant de 2014 à 2016.  L’investissement requis pour la mise en œuvre de cette stratégie est de 13 milliards d’euros qui seront injectés dans les secteurs de l’apprentissage et l’emploi des jeunes, a précisé la Secrétaire d’État.  Elle a assuré que l’Espagne entend faire des jeunes les architectes de son développement. 

M. ANDREW RABENS, Conseiller spécial pour les questions relatives à la jeunesse mondiale au Bureau du Sous-Secrétaire pour la diplomatie publique et des affaires publiques du Département d’État des États-Unis, a affirmé que les 15 principes du Programme d’action mondial pour la jeunesse sont toujours d’actualité aujourd’hui.  Il a relevé que les jeunes ont aujourd’hui le pouvoir de remettre en cause le statu quo et de façonner le monde auquel ils aspirent.  Concernant l’absence d’une politique nationale de la jeunesse aux États-Unis, M. Rabens a expliqué que les jeunes de son pays sont représentés à tous les niveaux de prise de décisions, et que leur voix est écoutée par les autorités locales et nationales.

M. FAISAL AL TENAIJI, Président du Conseil d’administration du Forum des jeunes parlementaires de l’Union interparlementaire et membre du Parlement des Émirats arabes unis, a indiqué que la participation des jeunes dans les mouvements populaires de revendication démontre qu’ils ont envie de se faire entendre et de participer à la bonne marche des institutions de leurs pays.  Il a en outre déploré le fait que la participation des jeunes à la prise de décisions est inférieure à 2% à travers le monde, et il a ajouté que l’importance du rôle de la jeunesse est désormais reconnue par tous.

Mme AFOU CHANTAL BENGALY, Coordonnatrice panafricaine de l’organisation MIEC/IMCS – Pax Romana, a estimé que lorsque l’on parle des questions de jeunesse, on devrait se tourner vers les spécialistes en la matière, c’est-à-dire les jeunes eux-mêmes.  Elle a ainsi déploré le fait que de nombreux programmes et politiques censés être en faveur des jeunes sont élaborés sans la participation des jeunes eux-mêmes.  Elle a en outre déclaré que l’emploi, la participation, l’éducation et les migrations, sont quelques-uns des thèmes les plus importants pour les jeunes d’Afrique notamment.

Discussion interactive

Au cours de la discussion interactive qui a suivi les interventions des panélistes, de nombreux délégués ont fait part de leur désarroi face au chômage qui frappe la jeunesse à travers le monde. 

Une déléguée de la Fédération de Russie a déclaré que le volontariat est l’une des voies que son gouvernement a mis en place pour préparer les jeunes au monde de l’emploi en leur faisant acquérir une expérience concrète qui pourrait ensuite leur servir dans leur vie professionnelle.  Abondant dans le même sens, le représentant de la jeunesse de la Mauritanie a déploré le fait que les jeunes qui s’engagent dans le domaine associatif ne peuvent faire valoir cette expérience dans le domaine professionnel.

Répondant aux interpellations des jeunes, M. Rabens, des États-Unis, a relevé que les stages ne sont pas une panacée pour l’emploi des jeunes.  Il a expliqué que de nombreux stages sont non rémunérés et ne sont pas attractifs pour les jeunes qui doivent se prendre en charge et ont de ce fait besoin d’un revenu. 

M. Erion Velliaj, de l’Albanie a expliqué qu’en Albanie, le Gouvernement encourage les entreprises à recruter les jeunes sans expérience professionnelle en payant une partie du salaire de ces derniers au cours de la première année de contrat.  Il a également mis en garde les jeunes activistes en leur disant de ne pas se complaire dans la participation aux grandes joutes internationales, mais d’être plus efficaces dans la promotion des problématiques des jeunes en participant à la gestion des affaires publiques aux niveaux local et national.   

Mme Afou Chantal Bengaly a pour sa part expliqué que les systèmes éducatifs de la plupart des pays africains ne sont pas en conformité avec les besoins du monde de l’emploi.  Elle a invité les jeunes à créer leurs propres emplois afin de gagner en expérience professionnelle.

Un jeune de la Serbie a pour sa part évoqué la question de la représentativité des jeunes en demandant pourquoi ces derniers ne pourraient pas, par exemple, avoir la liberté de voter eux-mêmes leur Envoyé spécial auprès du Secrétaire général des Nations Unies, en dehors du fait que ce poste est jusqu’à ce jour pourvu par un acte de nomination du Secrétaire général.  Un jeune du Pakistan a relevé que son pays compte plus de 7 millions de jeunes qui ne vont pas à l’école parce que plus de 1 000 écoles ont été détruites par les groupes extrémistes.  Il a rappelé que les pays développés avaient promis qu’ils verseraient 0,7% de leur produit intérieur brut (PIB) au compte de l’aide publique au développement (APD), ajoutant que le respect de cet engagement pourrait permettre, par exemple, de résoudre cette crise de l’éducation au Pakistan et ailleurs.  Ceci contribuerait aussi à la lutte contre l’extrémisme, a-t-il noté. 

Concluant cette première table ronde, M. Moura, du Portugal, a de nouveau insisté sur la nécessité de procéder à une évaluation complète des programmes et des politiques élaborés ou mis en œuvre en faveur des jeunes, et de veiller à ce que ces derniers y soient associés.

Table ronde II

Premier intervenant à cette table ronde, M. SALIFOU DEMBELE, Ministre du travail, de la formation professionnelle et de la jeunesse du Burkina Faso, a rappelé qu’il n’était Ministre que depuis novembre 2014 suite à une insurrection populaire menée par la jeunesse qui a changé le Gouvernement dans son pays.  Il a mis l’accent sur les liens entre le désœuvrement des jeunes africains et l’insécurité, en rappelant que les jeunes sans perspectives sont des cibles faciles pour les intégristes dans le Sahel.  « Diplôme n’est pas qualification », a-t-il ensuite ajouté, en notant que « c’est parce que l’enseignement général promu dans nos écoles est déconnecté des besoins des entreprises et du secteur privé » que nous ne répondons pas aux besoins des jeunes. 

De son côté, M. JOSÉ MANUEL ROMERO COELLO, Directeur général de l’Institut mexicain de la jeunesse, a cité l’élaboration au Mexique, en 2013, d’un premier programme national de la jeunesse qui s’est appuyé sur 70 000 contributions de jeunes.  Il ne s’agit pas d’aborder les jeunes comme un groupe vulnérable, mais plutôt comme un groupe doté de droits.  « Pour la première fois, le Mexique dispose d’un programme de logement pour les jeunes de moins de 29 ans qui disposent de moins de 1 000 dollars par mois », a poursuivi M. Romero Coello en précisant que ces jeunes accèdent ainsi à un logement pour 100 dollars par mois pour une période de 7 ans.

Prenant la parole au nom de 430 millions de jeunes chinois âgés de 15 à 34 ans, soit 40% de la population chinoise, Mme LI QING, Secrétaire générale adjointe de « All-China Youth Federation », a mis l’accent sur la solidarité de la jeunesse chinoise avec les pays en développement.  « Nous envoyons des jeunes volontaires dans les pays en développement pour appuyer leurs efforts en matière de lutte contre la pauvreté, d’accès au logement et autres domaines connexes, a-t-elle indiqué. »  Elle a mis l’accent sur la contribution de son organisation à l’amélioration de la législation chinoise dans les domaines de la protection des mineurs, de l’accès à l’éducation, et de la prévention de la criminalité juvénile.  Elle a jugé essentielle l’implication du secteur privé pour favoriser l’intégration des jeunes dans la vie économique.

Faisant le bilan du programme d’action européen pour la jeunesse mis en œuvre il y a 20 ans, M. JOAN CONCA DOMÈNECH, Vice-Président du Forum européen de la jeunesse, a indiqué qu’un des grands regrets qu’il éprouvait était dû au fait « que nous n’ayons toujours pas été en mesure de réduire le pourcentage de chômage de jeunes, qui est de 25% en moyenne au niveau européen ».  Néanmoins, il a indiqué que ce programme restait la direction à suivre dans une quinzaine de domaines thématiques liés à la jeunesse.

M. JUAN CARLOS REYES, Directeur de « Colombia Joven », a jugé insuffisant l’accent mis sur l’autonomie des jeunes.  C’est dans ce contexte, a-t-il dit, que la loi colombienne sur la jeunesse de 2013 a été rédigée par les jeunes eux-mêmes après que l’on ait identifiés les insuffisances des institutions colombiennes.  Il a mis l’accent sur le caractère transversal des politiques destinées à la jeunesse en notant qu’il fallait, par exemple, prendre en compte les incidences des infrastructures et de la disponibilité de ressources d’énergie sur la vie des jeunes.  « Lutter contre le chômage des jeunes est insuffisant si on ne permet pas aux jeunes de se développer en tant que citoyens pouvant participer à la société, a-t-il estimé.  La prise en compte du capital social et humain des jeunes est indispensable, a-t-il dit en appelant à comprendre comment les jeunes deviennent acteurs de la société en dehors de l’école.  Il a dit que la perspective de paix en Colombie, après 50 ans de conflit, ne pourra être durable sans une réelle autonomisation des jeunes du pays.

M. CRISTIAN COSMIN, Secrétaire d’État du Ministère de la jeunesse et du sport de la Roumanie, a dit que l’inclusion sociale des jeunes était une priorité du Gouvernement roumain.  Il a dit que l’objectif du Gouvernement était de ramener le taux de chômage des jeunes à moins de 20% en créant des opportunités pour eux.  Il a expliqué que les chefs d’État européens souhaitent débloquer concrètement les 6 milliards d’euros promis pour l’emploi des jeunes.  À ceux qui ont dit que ce montant était insuffisant, il a indiqué qu’il devrait néanmoins permettre à des millions de jeunes de se libérer du chômage qui sévit à travers le continent européen.  Notant que les stratégies locales sont parfois plus déterminantes que les stratégies nationales et internationales, il a appelé à ne pas sous-estimer les initiatives locales.

Parmi la dizaine de représentants de la jeunesse qui ont pris la parole après les interventions des panélistes, celui de la jeunesse de l’État de Palestine, sous les applaudissements nourris de la salle, a appelé à trouver les moyens de mieux associer la jeunesse du Moyen-Orient à tous les débats relatifs à l’avenir de la région.  Celui du Panama a appelé les jeunes à faire preuve de détermination pour mettre en œuvre au niveau local, une fois de retour de New York, les recommandations entendues au cours de ce Forum de la jeunesse.

 

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