ECOSOC: le second « dialogue sur le positionnement à long terme du système des Nations Unies pour le développement » examine les perspectives au niveau des pays
Le Conseil économique et social (ECOSOC) a tenu, ce matin, la seconde session de son « dialogue sur le positionnement à long terme du système des Nations Unies pour le développement » en examinant, au cours d’une table ronde, les perspectives et les mutations que les activités opérationnelles de développement pourraient avoir au niveau des pays.
Les participants, notamment les représentants d’États Membres, ont indiqué que dans l’optique de soutenir le développement durable à travers le monde, le système des Nations Unies doit accompagner les efforts des pays en appliquant des solutions innovantes, qui soient pratiques et adaptées aux besoins du terrain.
La Vice-Présidente de l’ECOSOC, Mme María Emma Mejía Vélez (Colombie), a ouvert la séance de travail en rappelant que ces dialogues de l’ECOSOC sur le positionnement à long terme du système des Nations Unies pour le développement sont une opportunité unique pour le Conseil de mener des discussions techniques à l’échelle de tout le système des Nations Unies. Elle a ajouté que cette initiative de dialogues va s’étaler sur deux ans, avec à la fois des réunions formelles et informelles, afin de conduire à un examen quadriennal complet ambitieux en 2016.
La Présidente du Groupe des Nations Unies pour le développement et Administratrice du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), Mme Helen Clarke, a indiqué que pour être prêt à s’adapter au programme de développement pour l’après-2015, l’ONU doit se servir de ses succès et de ses avantages comparatifs, et surmonter les obstacles institutionnels et opérationnels qui empêchent que ses institutions spécialisées, fonds et programmes puissent travailler dans un esprit de collaboration. Elle a indiqué que l’approche « Unis dans l’action » pour la réalisation des activités opérationnelles de développement avait été mise en œuvre par 43 pays, et que la dernière évaluation établie par le Département des affaires économiques et sociales (DAES) avait permis de noter que deux tiers des États Membres avaient indiqué vouloir adopter tout ou une partie des éléments de cette approche. De même, 78% des pays participants au programme ont relevé qu’il y avait moins de chevauchements dans les activités opérationnelles de l’ONU au niveau des pays.
Tandis que les Nations Unies accélèrent la mise en œuvre de la seconde génération de l’approche « Unis dans l’action », a fait observer Mme Clarke, le Groupe des Nations Unies pour le développement a fait le point des meilleures pratiques de cette approche, afin de veiller à ce que le système des Nations Unies soit bien préparé pour la mise en œuvre du prochain programme de développement pour l’après-2015. Elle a ainsi déclaré que le Groupe des Nations Unies pour le développement envisage, pour l’année en cours, d’examiner les voies et moyens de promouvoir la collaboration entre les acteurs humanitaires et les acteurs de développement, notamment au niveau pays.
Elle a en outre évoqué les efforts engagés en vue de renforcer le caractère transversal de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire au sein du système des Nations Unies, et ce, par le biais d’un nouveau mécanisme de coordination de ces deux types de coopération. Par ailleurs, l’Administratrice du PNUD a souligné la nécessité de renforcer les prérogatives liées à la fonction de coordonnateur résident des Nations Unies, avec des coûts y afférents supportés par l’ensemble du système, contrairement à la situation actuelle où le PNUD supporte, à lui seul, les trois quarts de ces coûts. L’une des mesures que le Groupe des Nations Unies pour le développement entend expérimenter cette année est le soutien aux pays afin que ces derniers améliorent la qualité de leurs statistiques, afin de mieux accompagner la mise en œuvre des objectifs de développement durable.
L’exposé de Mme Clarke a donné lieu à des réactions de certains États Membres. Le représentant du Guatemala a prévenu que le prochain programme de développement mondial sera complexe et que sa mise en œuvre appelle à désigner des coordonnateurs résidents des Nations Unies qui soient dotés de plus grands pouvoirs et qui disposent de ressources adéquates pour leur permettre de s’acquitter efficacement de leur mandat.
Le représentant des États-Unis a, pour sa part, invité l’ONU à prendre plus de risques et à s’ouvrir aux idées novatrices, y compris en dehors du système onusien. Après avoir appelé au renforcement des partenariats avec le secteur privé, il a prévenu que le programme universel de développement en cours d’élaboration va induire un changement de tout le système des Nations Unies et des changements au sein de chaque pays car, a-t-il précisé, les dirigeants nationaux devront rendre compte de sa mise en œuvre auprès de leurs concitoyens.
Il serait judicieux que le programme de développement mondial qui sera adopté puisse tenir compte des problématiques importantes propres à certains pays ou groupes de pays spécifiques, a estimé, pour sa part, le représentant du Honduras qui a souligné l’importance de la question des migrations qui préoccupe les États d’Amérique centrale. Son homologue du Brésil a, quant à lui, attiré l’attention de l’Administratrice du PNUD sur la faible contribution des États Membres à la nouvelle initiative visant à promouvoir la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire engagée par le Groupe qu’elle préside.
Mme Clarke a promis que cette dernière suggestion du Brésil allait être examinée par les instances appropriées. Elle a également relevé que la lutte contre la pauvreté ne doit pas se faire au détriment des préoccupations de développement des pays à revenu intermédiaire.
Au cours de la table ronde, animée par Mme María Emma Mejía Vélez, des représentants d’États Membres ont présenté leur vision de ce que doivent être les rapports entre le système des Nations Unies et les pays.
La représentante du Panama, Mme Paulina Franceschi, a ainsi souhaité une plus grande cohérence entre les programmes de développement nationaux, régionaux et mondial. Elle a plaidé pour le renforcement du rôle des coordonnateurs résidents, avant de demander aux équipes pays des Nations Unies d’agir de manière plus créative.
Pour M. Mahama Samuel Tara, du Ministère ghanéen des finances, il faudrait restructurer le système des Nations Unies afin qu’il réponde mieux aux changements à venir, notamment la transition de nombreux pays en développement dans la catégorie de pays à revenu intermédiaire.
M. Admasu Nebebe Gedamu, du Ministère des finances et du développement économique de l’Éthiopie, a souligné que la bonne gouvernance, la gestion de la question des inégalités et le renforcement des capacités doivent faire partie des priorités futures de l’ONU dans ses rapports avec les pays en développement.
À son tour, Mme Mira Karybaeva, membre du Bureau du Président de la République kirghize, a insisté sur la nécessité d’intégrer dans le futur programme de développement mondial des spécificités nationales.
À la suite de ces exposés, le représentant de l’Albanie a souligné que les pays à revenu intermédiaire avaient besoin du soutien des Nations Unies pour concevoir des politiques sociales adéquates et renforcer leurs capacités institutionnelles. Il a estimé que la coopération interinstitutions, comme cela se fait dans le cadre de le l’approche « Unis dans l’action », doit désormais s’imposer comme la norme, afin de mieux gérer les fonds consacrés aux activités opérationnelles de développement des Nations Unies. L’appropriation nationale des programmes de développement est importante, a-t-il déclaré, en précisant que cela requiert que l’équipe pays des Nations Unies adopte le programme de développement du pays d’accueil.
Pour la représentante du Timor-Leste, Mme Sofia Mesquita Borges, il est essentiel pour un pays de mettre en place des institutions solides pour assurer son développement. Sa collègue du Viet Nam, Mme Nguyen Phuong Nga, a souligné, quant à elle, qu’il faudrait que la gestion des fonds affectés aux activités de développement se fasse à la fois par l’ONU et le gouvernement, de manière transparente et en tenant compte des priorités du pays d’accueil.
La discussion générale, qui a suivi, a permis à certains États Membres de rappeler, une fois encore, que le développement durable se fait en tenant compte des priorités et des voies choisis par chaque pays, et qu’il faut éviter que les bailleurs de fonds n’orientent les programmes de développement des Nations Unies en finançant davantage les autres ressources au détriment des ressources de base. Le représentant de l’Afrique du Sud, s’exprimant au nom du Groupe des 77 et la Chine, a dit souhaiter que chaque dialogue de l’ECOSOC, comme celui de ce matin, puisse se dérouler durant une journée entière, et qu’il fasse l’objet d’un rapport. Il a ajouté que les dialogues devraient revêtir la forme de séminaires permettant d’échanger des idées et des expériences. Les échanges qui ont lieu au sein de l’ECOSOC soulignent la nécessité de lutter contre la pauvreté, a-t-il noté, avant d’inviter le Conseil économique et social à définir clairement ce concept. La compréhension de ce concept doit être la même pour tous les États Membres.
Ce dialogue fait suite à celui qui avait été organisé le 15 décembre dernier, dans la perspective de jeter les jalons du rôle imparti au système des Nations Unies dans le cadre de la mise en œuvre des objectifs de développement durable. Les recommandations des différents dialogue de l’ECOSOC devraient constituer une contribution au prochain examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies, prévu en 2016.