Libye: saluant la signature de l’Accord politique, le Conseil de sécurité demande la formation d’un Gouvernement d’entente nationale dans les 30 jours
Le Conseil de sécurité a, cet après-midi, salué la signature, le 17 décembre 2015 à Skhirat, au Maroc, de l’Accord politique libyen, en engageant vivement toutes les parties à saisir « l’occasion sans précédent » qui leur est offerte d’y prendre part « de façon constructive, de bonne foi et avec une volonté politique ferme ».
Les membres du Conseil de sécurité, par la résolution 2259 (2015), présentée par le Royaume-Uni et adoptée à l’unanimité de ses 15 membres, prient le Conseil de la présidence de s’employer à former un Gouvernement d’entente nationale dans le délai de 30 jours prévu par l’Accord politique libyen et de mettre en place les « dispositions de sécurité transitoires » requises pour la stabilisation de la situation en Libye.
L’Accord politique libyen prévoit que le Gouvernement d’entente nationale sera composé du Conseil de la présidence et du Cabinet de la présidence, appuyés par les autres institutions de l’État, y compris la Chambre des représentants et le Conseil d’État. En vertu de la présente résolution, les États Membres de l’ONU sont instamment priés de répondre aux demandes d’aide du Conseil de la présidence pour élaborer un plan coordonné d’aide destiné à renforcer les capacités du Gouvernement libyen.
Aux termes de la résolution 2259 (2015), le Conseil de sécurité entérine le Communiqué de Rome du 13 décembre 2015, qui reconnaît le futur Gouvernement d’entente nationale comme étant « seul gouvernement légitime de Libye ». Il insiste sur le fait qu’il doit être établi sans attendre dans la capitale, Tripoli, afin que le pays dispose des moyens nécessaires de maintenir la gouvernance et de promouvoir la stabilité et le développement économiques.
À cette fin, le Conseil demande aux États Membres, « en particulier ceux de la région », « de continuer de presser toutes les parties libyennes de collaborer de manière constructive avec le Gouvernement d’entente nationale » et les engage « à ne plus soutenir les institutions parallèles qui prétendent représenter l’autorité légitime mais ne sont pas partie à l’Accord », et de « cesser tout contact officiel avec celles-ci ».
Priant instamment les milices et groupes armés de respecter l’autorité du Gouvernement d’entente nationale et ses « structures de commandement », le Conseil souligne aussi que ce dernier doit exercer un contrôle sur les armes présentes en Libye et les stocker en toute sécurité.
La Compagnie pétrolière nationale, la Banque centrale de Libye et l’Autorité libyenne d’investissement sont priées de reconnaître l’autorité du Gouvernement d’entente nationale comme « le seul légitime de la Libye ».
Quant aux individus et entités qui se livrent ou apportent leur appui à des actes qui menacent la paix, la stabilité ou la sécurité en Libye, « ou entravent ou compromettent la transition politique », ils seront tenus strictement responsables de leurs actes, prévient le Conseil. Le Comité des sanctions concernant Daech et Al-Qaida est prié de se tenir prêt à inscrire sur la liste des sanctions des individus, groupes, entreprises et entités associés à ces groupes terroristes qui opèrent en Libye.
Les délégations du Royaume-Uni, des États-Unis, de la France, de la Chine, de l’Espagne, du Nigéria et de la Jordanie se sont félicitées de cette adoption, en appelant toutes les parties libyennes à la mise en œuvre de l’Accord et à la formation du gouvernement d’entente nationale.
« Ne nous leurrons pas: les nouvelles autorités seront très vite mises à l’épreuve par tous ceux qui sapent le processus », a prévenu le représentant de la France. À ces derniers, il a affirmé qu’il est encore temps de rejoindre la dynamique positive qui est enclenchée, mais que, « s’ils persistent dans leur obstructionnisme, le Conseil de sécurité devra très vite en tirer toutes les conséquences ». La porte reste ouverte, a ajouté son homologue des États-Unis.
« J’invite les groupes armés à accepter les arrangements sécuritaires et à reconnaître que le Gouvernement d’entente nationale doit s’installer à Tripoli », a déclaré, de son côté, le représentant de la Libye. Les « fauteurs de troubles » tentés d’empêcher la mise en œuvre de l’Accord politique du 17 décembre doivent comprendre que leurs tentatives échoueront et que l’Histoire les jugera, a-t-il mis en garde, tout en précisant que le Conseil envisagerait des sanctions à leur encontre.
LA SITUATION EN LIBYE
Texte du projet de résolution (S/2015/1016)
Le Conseil de sécurité,
Rappelant sa résolution 1970 (2011) et toutes ses résolutions ultérieures sur la Libye,
Réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’intégrité territoriale et à l’unité nationale de la Libye,
Demandant à toutes les parties à un conflit armé de prendre toutes les mesures qui s’imposent pour protéger les civils et rappelant qu’elles doivent se conformer strictement aux obligations que leur imposent le droit international humanitaire, le droit international des droits de l’homme et le droit international des réfugiés,
Se félicitant des efforts que la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) et le Représentant spécial du Secrétaire général fournissent pour que soit trouvé, sous conduite libyenne, un règlement politique des crises que connaît le pays dans les domaines politique, économique et institutionnel ainsi que sur le plan de la sécurité, y compris par la constitution d’un Gouvernement d’entente nationale,
Se félicitant de la signature, le 17 décembre 2015, de l’Accord politique libyen de Skhirat (Maroc), par la majorité des délégués libyens participant au dialogue politique facilité par l’ONU ainsi que par des représentants de la société libyenne, des responsables municipaux et des chefs de partis politiques d’horizons très divers, et appréciant la contribution des États Membres qui accueillent et appuient les réunions aux fins de ce dialogue, dont les pays de la région, en particulier celle du Royaume du Maroc qui s’est efforcé de faire avancer la conclusion de l’Accord, y compris en accueillant lesdites réunions,
Conscient qu’il importe que l’Accord politique libyen demeure ouvert à tous et prenant note de la lettre parue sous la cote S/2015/1018,
Engageant vivement, à cet égard, toutes les parties à saisir l’occasion sans précédent qui leur est offerte d’y être associées et d’y prendre part de façon constructive, de bonne foi et avec une volonté politique ferme,
Conscient qu’il est nécessaire de planifier l’assistance nécessaire à la constitution d’un Gouvernement d’entente nationale et à la mise en place d’un dispositif de sécurité, et rappelant qu’à la Conférence tenue le 13 décembre 2015 à Rome, les États Membres ont souligné qu’ils s’engageaient à fournir un appui technique et économique ainsi qu’une assistance pour les questions de sécurité et de lutte contre le terrorisme,
Se déclarant préoccupé par la situation humanitaire grave qui règne en Libye, en particulier à Benghazi, et encourageant les États Membres à contribuer généreusement au plan d’aide humanitaire pour la Libye prévu pour 2016,
Saluant les efforts déployés par tous les participants au dialogue politique libyen facilité par l’ONU et aux autres volets du processus de paix, notamment relatifs aux contributions de la société civile, à la participation des chefs tribaux, aux cessez-le-feu à l’échelon local, aux échanges de prisonniers et aux retours des personnes déplacées,
Demandant instamment la participation pleine et effective des femmes, sur un pied d’égalité, à toutes les activités ayant trait à la transition démocratique, au règlement des conflits et à la consolidation de la paix, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, notamment les résolutions 1325 (2000), 2122 (2013) et 2242 (2015), et à ce propos se félicitant que l’ONU ait facilité des réunions auxquelles ont participé des femmes dans le cadre du dialogue politique,
Rappelant sa résolution 2214 (2015) et condamnant les actes terroristes qui sont commis en Libye par des groupes proclamant leur allégeance à l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL, également connu sous le nom de Daech), y compris les actes commis par des personnes, groupes, entreprises et entités considérés comme associés à l’EIIL ou à Al-Qaida par le Comité des sanctions faisant suite aux résolutions 1267 (1999), 1989 (2011) et 2253 (2015) concernant l’EIIL (Daech) et Al-Qaida (ci‑après « le Comité »), et se disant à nouveau profondément préoccupé par les conséquences négatives de leur présence, leur idéologie extrémiste violente et leurs actes meurtriers en Libye, dans les pays voisins et dans la région,
Réaffirmant qu’il faut combattre par tous les moyens, dans le respect de la Charte des Nations Unies et du droit international, notamment des dispositions applicables du droit international des droits de l’homme, du droit international des réfugiés et du droit international humanitaire, les menaces que les actes de terrorisme font peser sur la paix et la sécurité internationales, y compris ceux commis par les groupes proclamant leur allégeance à l’EIIL en Libye, rappelant à cet égard les obligations découlant de sa résolution 2253 (2015) et exhortant les États Membres à coopérer activement avec le Gouvernement d’entente nationale à cette fin et de fournir tout appui qui serait demandé,
Condamnant toute participation au commerce direct ou indirect, en particulier de pétrole et de produits pétroliers, d’unités de raffinage modulaires et de matériels connexes, avec l’EIIL et tous autres personnes, groupes, entreprises et entités que le Comité a désignés comme étant associés à l’EIIL ou Al-Qaida, et rappelant que cette participation équivaudrait à soutenir financièrement ces personnes, groupes, entreprises et entités et pourrait entraîner l’inscription par le Comité de nouveaux noms sur la Liste relative aux sanctions,
Se déclarant préoccupé par le problème de la contrebande de produits pétroliers en provenance de Libye et demandant à tous les États Membres de coopérer avec le Gouvernement d’entente nationale,
Se disant à nouveau vivement préoccupé par la récente expansion du trafic de migrants en Méditerranée, en particulier passant par le large des côtes libyennes et pénétrant et traversant le territoire libyen, et par le danger qu’il représente pour la vie humaine, rappelant sa résolution 2240 (2015) par laquelle il condamne tous les actes de trafic de migrants et de traite d’êtres humains ayant le territoire libyen et le large des côtes libyennes comme destination, zone de transit ou point de départ, et demandant instamment à tous les États Membres de coopérer avec le Gouvernement d’entente nationale pour s’attaquer à ce problème,
Réaffirmant qu’il importe d’amener à répondre de leurs actes les responsables de violations du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire, et d’atteintes à ces droits, y compris les auteurs d’attaques dirigées contre la population civile,
Rappelant la décision qu’il a prise dans sa résolution 1970 (2011) de saisir le Procureur de la Cour pénale internationale de la situation en Libye, et affirmant qu’il importe que le Gouvernement d’entente nationale coopère pleinement avec la Cour et le Procureur,
Exprimant sa profonde préoccupation devant la menace que font peser sur la stabilité du pays et de la région la présence d’armes et de munitions non sécurisées en Libye et leur prolifération, notamment leur transfert à des groupes terroristes et extrémistes violents, et soulignant qu’il importe de coordonner le soutien international apporté au Gouvernement d’entente nationale et à la région face à cette menace,
Rappelant l’embargo sur les armes, l’interdiction de voyager, le gel des avoirs et les mesures concernant l’exportation illicite de pétrole qui ont été imposés et modifiés par les résolutions 1970 (2011), 1973 (2011), 2009 (2011), 2040 (2012), 2095 (2013), 2144 (2014), 2146 (2014), 2174 (2014) et 2213 (2015) (les mesures), et le fait que le mandat du Groupe d’experts créé au paragraphe 24 de sa résolution 1973 (2011) et modifié par ses résolutions 2040 (2012), 2146 (2014) et 2174 (2014) a été prorogé jusqu’au 30 avril 2016 par sa résolution 2213 (2015),
Encourageant le Gouvernement d’entente nationale à appliquer des mesures visant à accroître la transparence des recettes et dépenses publiques, y compris des salaires, des subventions et d’autres virements provenant de la Banque centrale de Libye, afin de garantir la viabilité à long terme des ressources financières du pays,
Exprimant son inquiétude face aux activités préjudiciables à l’intégrité et à l’unité des institutions financières de l’État libyen et de la compagnie pétrolière nationale, insistant sur le fait qu’il importe que ces institutions continuent de fonctionner dans l’intérêt de tous les Libyens, et soulignant que le Gouvernement d’entente nationale doit exercer un contrôle effectif sur la compagnie pétrolière nationale, la Banque centrale de Libye et l’autorité nationale de l’investissement, et être le seul à le faire, sans préjudice des dispositions constitutionnelles qui découleront de l’Accord politique libyen,
Soulignant que toutes les parties doivent respecter les obligations qui leur incombent au titre du droit international humanitaire ainsi que les principes directeurs de l’Organisation des Nations Unies relatifs à l’aide humanitaire d’urgence,
Rappelant qu’il a établi dans sa résolution 2238 (2015) que la situation en Libye constituait une menace pour la paix et la sécurité internationales,
1. Salue la signature, le 17 décembre 2015, de l’Accord politique libyen de Skhirat (Maroc), qui prévoit la formation d’un Gouvernement d’entente nationale composé du Conseil de la présidence et du Cabinet de la présidence, appuyés par les autres institutions de l’État, y compris la Chambre des représentants et le Conseil d’État;
2. Se félicite de la formation du Conseil de la présidence et le prie de s’employer à former un Gouvernement d’entente nationale dans le délai de 30 jours prévu par l’Accord politique libyen et de mettre en place les dispositions de sécurité transitoires requises pour la stabilisation de la situation en Libye et, à cet égard, prie instamment les États Membres de répondre sans attendre aux demandes d’aide du Conseil de la présidence;
3. Fait sien le communiqué de Rome du 13 décembre 2015 par lequel le Gouvernement d’entente nationale est reconnu comme seul gouvernement légitime de Libye, et insiste sur le fait qu’un Gouvernement d’entente nationale doit être établi sans attendre dans la capitale, Tripoli, afin que la Libye dispose des moyens nécessaires pour maintenir la gouvernance et promouvoir la stabilité et le développement économiques, et se déclare résolu à appuyer le Gouvernement d’entente nationale;
4. Prie instamment les États Membres d’appuyer sans réserve les efforts déployés par le Représentant spécial du Secrétaire général et de collaborer avec les autorités libyennes et la MANUL afin d’élaborer un plan coordonné d’aide destiné à renforcer les capacités du Gouvernement d’entente nationale, conformément aux priorités libyennes et en réponse aux demandes d’aide;
5. Demande aux États Membres, en particulier ceux de la région, de continuer de presser toutes les parties libyennes de collaborer de manière constructive avec le Gouvernement d’entente nationale et toutes les autres institutions concernées par l’Accord politique libyen, et les engage à ne plus soutenir les institutions parallèles qui prétendent représenter l’autorité légitime mais ne sont pas partie à l’Accord, comme il est précisé dans celui-ci, et de cesser tout contact officiel avec celles-ci;
6. Demande également aux États Membres de répondre sans attendre aux demandes d’aide du Gouvernement d’entente nationale aux fins de la mise en œuvre de l’Accord politique libyen;
7. Réaffirme son soutien aux discussions facilitées par l’ONU qui se déroulent actuellement sur le volet du dialogue politique consacré à la sécurité visant à conclure des accords relatifs à la sécurité, et prie instamment les milices et les groupes armés de respecter l’autorité du Gouvernement d’entente nationale et ses structures de commandement;
8. Souligne qu’il importe que le Gouvernement d’entente nationale, appuyé par la communauté internationale, exerce un contrôle sur les armes présentes en Libye et les stocke en toute sécurité;
9. Prie le Gouvernement d’entente nationale de préserver l’intégrité et l’unité de la Compagnie pétrolière nationale, de la Banque centrale de Libye et de l’Autorité libyenne d’investissement, et prie ces institutions de reconnaître l’autorité du Gouvernement d’entente nationale comme seul gouvernement légitime de la Libye;
10. Confirme que les individus et entités qui se livrent ou apportent leur appui à des actes qui menacent la paix, la stabilité ou la sécurité en Libye, ou qui entravent ou compromettent la transition politique vers une Libye stable, sûre et prospère dirigée par un Gouvernement d’entente nationale, seront tenus strictement responsables de leurs actes et, à cet égard, rappelle les dispositions relatives à l’interdiction de voyager et au gel des avoirs prévues au paragraphe 11 de la résolution 2213 (2015);
11. Prie le Comité de se tenir prêt à inscrire sur la liste des sanctions des individus, groupes, entreprises et entités associés à Al-Qaida ou à l’EIIL qui opèrent en Libye;
12. Exhorte les États Membres à aider au plus vite le Gouvernement d’entente nationale, à sa demande, à lutter contre les menaces qui pèsent sur la sécurité en Libye et à prêter un concours actif au nouveau gouvernement en vue de vaincre l’EIIL, les groupes qui ont prêté allégeance à l’EIIL, Ansar Al-Charia, et tous les autres individus, groupes, entreprises et entités associés à Al-Qaida opérant en Libye;
13. Prie le Gouvernement d’entente nationale de promouvoir et de protéger les droits de l’homme de toutes les personnes se trouvant sur son territoire et relevant de sa juridiction, y compris des femmes, des enfants et des personnes appartenant à des groupes vulnérables, et de s’acquitter des obligations qui lui incombent en vertu du droit international;
14. Prie également le Gouvernement d’entente nationale d’amener les auteurs de violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme et d’atteintes à ceux-ci, y compris les actes de violence sexuelle, à rendre compte de leurs actes, et de coopérer pleinement avec la Cour pénale internationale et le Procureur, comme le prescrit la résolution 1970 (2011) et le rappelle la résolution 2238 (2015), et de leur apporter toute l’assistance voulue;
15. Rappelle sa résolution 2240 (2015) et demande aux États Membres de coopérer avec le Gouvernement d’entente nationale et entre eux, notamment en échangeant des informations sur les actes de trafic de migrants et de traite d’êtres humains dans les eaux territoriales libyennes et en haute mer au large des côtes libyennes, et de venir en aide aux migrants et aux victimes de la traite d’êtres humains secourus en mer, conformément au droit international;
16. Prie le Secrétaire général de continuer à maintenir la flexibilité et la mobilité voulues pour pouvoir moduler à très courte échéance les ressources humaines et les activités de la MANUL afin qu’elle puisse soutenir, selon que de besoin et conformément à son mandat, la mise en œuvre par la Libye des accords et des mesures de confiance, ou répondre aux besoins qui seront exprimés, et prie en outre le Secrétaire général de l’informer préalablement de tout projet de réaménagement;
17. Se déclare prêt à examiner l’adéquation des mesures, y compris leur renforcement, leur modification, leur suspension ou leur levée, et à revoir le mandat de la MANUL, selon que de besoin, en fonction de l’évolution de la situation en Libye, et en particulier de l’issue du dialogue facilité par les Nations Unies;
18. Demande à toutes les parties de coopérer pleinement aux opérations de la MANUL, y compris en ce qui concerne sa liberté d’interaction avec tous ses interlocuteurs, et de prendre les mesures voulues pour garantir la sécurité, ainsi qu’une totale liberté de circulation et un accès immédiat au personnel des Nations Unies et au personnel associé;
19. Prie le Secrétaire général de lui faire rapport, selon qu’il conviendra, sur la mise en œuvre de l’Accord politique libyen, y compris des actes qui entravent ou empêchent sa mise en œuvre;
20. Décide de rester activement saisi de la question.
Déclarations
M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) s’est félicité de l’adoption de la présente résolution et du processus en cours pour former un Gouvernement d’entente nationale en Libye. Il a exhorté tous ceux qui n’y sont pas encore parties à appuyer l’Accord politique libyen de Skhirat, qui marque la culmination de négociations complexes en cours depuis plus d’un an. Invitant toutes les parties à saisir l’occasion qui se présente à eux, le représentant a déclaré qu’en adoptant la résolution 2259 (2015), le Conseil avait adressé à la Libye un signal fort de l’engagement du Conseil pour l’aider à mettre en œuvre l’Accord du 17 décembre.
M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie) a déclaré que sa délégation avait voté en faveur de la résolution, en précisant qu’il était important de régler sans délai la question de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale de la Libye. « La priorité est que le Gouvernement d’entente nationale libyen s’accorde sur la création d’organes politiques durables », a-t-il souligné. La Mission d’appui des Nations Unies dans le pays (MANUL), a-t-il précisé, devra coopérer avec les autorités pour résoudre les questions en suspens.
M. FRANCOIS DELATTRE (France) a expliqué que la séquence politique qui s’achève en Libye n’est pas un point d’arrivée mais un point de départ. Les prochaines semaines, a-t-il dit, seront déterminantes. Il a ajouté que les Nations Unies et les États Membres auront un rôle crucial à jouer pour appuyer le futur gouvernement, notamment en matière de sécurité, établir la stabilité en Libye et lutter contre le terrorisme.
« Ne nous leurrons pas: les nouvelles autorités seront très vite mises à l’épreuve par tous ceux qui sapent le processus », a prévenu M. Delattre. À ces derniers, il a rappelé qu’il était encore temps de rejoindre la dynamique positive enclenchée, « mais que s’ils persistent dans leur obstructionnisme, notre Conseil devra très vite en tirer toutes les conséquences ».
Le représentant de la France a déclaré que le Conseil terminait l’année sur plusieurs notes d’espoir, avec l’adoption de la présente résolution, mais aussi des résolutions 2249 (2015) et 2254 (2015). « Travaillons ensemble pour faire germer ces graines d’espoir », a-t-il recommandé. L’Ambassadeur Delattre a ainsi invité le Conseil à s’inspirer de « l’esprit de Paris », fait de résilience et de courage, qui a soufflé après les attentats du 13 novembre et a fait de la COP21 une réussite et un « bel emblème d’un multilatéralisme d’action ».
Mme DINA KAWAR (Jordanie) a salué la signature de l’Accord politique libyen. « Mon pays a voté en faveur de la résolution 2259 (2015) car il est convaincu qu’un soutien de la communauté internationale à la Libye est crucial », a-t-elle dit. La représentante a espéré que l’Accord conclu à Skhirat, au Maroc, le 17 décembre, permettra aux Libyens de réaliser leurs aspirations et d’améliorer la situation humanitaire dans le pays. La communauté internationale doit tout faire pour qu’il n’y ait pas de vide politique en Libye jusqu’à la formation du Gouvernement d’entente nationale, a-t-elle insisté. Les forces extrémistes ont, en effet, profité des combats en Libye pour occuper des zones stratégiques, a fait observer Mme Kawar. En conclusion, la représentante de la Jordanie a appelé de ses vœux la création, avec la coopération des autorités libyennes, d’un partenariat international fort face aux groupes terroristes en Libye.
M. JUAN MANUEL GONZÁLEZ DE LINARES PALOU (Espagne) s’est félicité de l’adoption de la présente résolution, qui rappelle à toutes les parties libyennes la nécessité de se joindre à ce processus. Il faut maintenant que l’Accord politique libyen soit mis en œuvre, a-t-il souligné. Depuis le début de cette crise, l’Espagne n’a pas faibli dans son appui aux Nations Unies, a rappelé le représentant, qui a rendu hommage au Représentant spécial pour la Libye, M. Martin Kobler, pour le travail qu’il a fourni afin de faire fond sur les réalisations de son prédécesseur, M. Bernardino Léon.
M. ZHAO YONG (Chine) s’est félicité de l’adoption de la résolution 2259 (2015) par le Conseil de sécurité. La Chine, a-t-il rappelé, n’a cessé d’appeler à un règlement de la crise politique et s’est toujours montrée favorable aux efforts de médiation de la communauté internationale. Le représentant a émis l’espoir que l’Accord politique libyen serait mis en œuvre.
M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a affirmé que la résolution 2259 (2015) que le Conseil de sécurité vient d’adopter à l’unanimité, attestait de l’engagement du Conseil à régler la crise libyenne. L’Accord politique libyen est le fruit des efforts des Nations Unies dans ce pays, a-t-il relevé. La Libye a sombré dans le chaos après l’intervention de 2011, qui a eu des effets négatifs sur la stabilité et la prospérité du pays mais aussi sur les droits des Libyens. Le représentant du Venezuela s’est dit favorable à la formation d’un Gouvernement d’entente nationale qui sera capable, a-t-il dit, de faire face aux nombreux défis que le pays doit relever, en particulier la grave menace posée par les groupes terroristes, tels que Al-Qaida et Daech.
Le représentant du Venezuela a souligné qu’il était nécessaire de mettre fin aux trafics d’armes qui alimentent les conflits en Iraq et en Syrie et tombent dans les mains des groupes terroristes. Les nouvelles autorités libyennes devront œuvrer à la promotion des droits de l’homme et renforcer leur coopération avec la Cour pénale internationale afin que Saif Al-Islam Qadhafi bénéficie d’un procès équitable dans des délais raisonnables, a-t-il dit. M. Ramirez Carreño a encouragé le futur Gouvernement d’entente nationale à gérer les ressources naturelles de la Libye pour le bénéfice de la population. Avant de conclure, il a enjoint les parties qui ne l’ont pas fait à rejoindre l’Accord politique libyen.
Mme JOY OGWU (Nigéria) a affirmé que l’Accord politique libyen était la preuve que les parties avaient choisi la voie politique pour régler la crise en Libye. Il n’y a pas de solution militaire à cette crise, a-t-elle dit, avant d’appeler les parties à mettre en œuvre l’Accord du 17 décembre de bonne foi. Elle a indiqué que son pays avait voté pour la résolution 2259 (2015) « dans un esprit de responsabilité », avant d’en mentionner les éléments clefs, dont la menace posée par Daech en Libye. Mme Ogwu a également soutenu la formation d’un Gouvernement d’entente nationale. « Nous devons être prêts à appuyer la reconstruction de la Libye », a estimé la représentante du Nigéria avant de conclure.
Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) s’est félicitée qu’il ait été possible de reprendre un dialogue politique avec le soutien de la MANUL, en enjoignant à toutes les composantes de la société libyenne à s’unir derrière un Gouvernement d’entente nationale. « La porte restera ouverte » à tous ceux qui veulent se joindre à ce processus, a assuré la représentante, qui a donné l’assurance que son pays travaillera avec le Gouvernement libyen pour éradiquer Daech et les autres groupes terroristes présents en Libye.
M. IBRAHIM O. A. DABBASHI (Libye) s’est félicité de l’adoption de la résolution 2259 (2015), qui couronne de succès, a-t-il rappelé, 14 mois de négociations difficiles. L’importance de ce texte tient à l’appui qu’il accorde aux Libyens pour appliquer l’Accord politique libyen du 17 décembre, qui fait du futur Gouvernement d’entente nationale le seul gouvernement légitime de la Libye. « L’ensemble des parties comprend que l’Accord politique libyen est le seul espoir pour sortir du chaos et arrêter l’effusion de sang, le seul espoir de justice et de primauté du droit », a poursuivi M. Dabbashi. Il est temps que les Libyens de tous bords comprennent qu’ils doivent soutenir le futur Gouvernement d’entente nationale. « J’invite les groupes armés à accepter les arrangements sécuritaires et à reconnaître que le futur Gouvernement d’entente nationale doit s’installer à Tripoli. »
Les fauteurs de troubles qui essaient d’empêcher la mise en œuvre de l’accord doivent comprendre que leurs tentatives échoueront et que l’Histoire les jugera, a mis en garde M. Dabbashi, tout en notant que le Conseil envisagerait des sanctions. Rappelant enfin que Daech avait pu transformer la ville de Syrte en base arrière à cause des divisions que traverse le pays, le représentant a assuré que tout retard dans la mise en œuvre de l’Accord politique libyen ne ferait que propager le terrorisme à travers le pays.