En cours au Siège de l'ONU

7596e séance – matin 
CS/12180

La situation « désastreuse » du Yémen est aggravée par la rupture du cessez-le-feu, souligne l’Envoyé spécial, appuyé en ce sens par les membres du Conseil de sécurité

Les pourparlers de paix entre parties yéménites, qui se sont déroulés il y a quelques jours à Genève, ont été ternis par la rupture quasi immédiate du cessez-le-feu, a regretté, ce matin, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, M. Ismail Ould Cheick Ahmed, tout en affirmant qu’il existe maintenant une « base solide » pour la reprise des discussions à la mi-janvier.

« Le processus de paix est très récent et pour donner des résultats concrets, il doit être accompagné, nourri et soutenu », a souligné M. Ould Cheick Ahmed, en insistant sur l’appui du Conseil de sécurité, devant lequel il est venu présenter une situation extrêmement préoccupante sur le terrain.

Participant également à cette réunion, la Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires, Mme Kyung-Wha Kang, a qualifié d’« épouvantables » les conditions de vie dans lesquelles vivent actuellement les Yéménites, en expliquant qu’environ 7,6 millions d’entre eux ont besoin d’une aide alimentaire d’urgence dans un pays où le conflit opposant le régime du Président Abd Rabbo Mansour Hadi aux miliciens houthistes fait désormais rage dans 20 des 22 gouvernorats.

À cette situation « désastreuse » s’ajoute également une litanie de graves violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire, a souligné de son côté le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, M. Zeid Ra’ad Al-Hussein, qui a condamné les « entraves artificielles » à l’acheminement de l’aide aux nécessiteux.  Le représentant du Yémen, M. Khaled Hussein Alyemany, a blâmé les « miliciens houthistes » pour leurs tentatives de mainmise sur l’aide humanitaire et les produits de première nécessité qu’ils écouleraient ensuite sur le marché noir.

Le Haut-Commissaire a rappelé que, depuis le début des hostilités en mars dernier, plus de 2 700 civils avaient été tués au Yémen et plus de 5 300 autres blessés.  Son Bureau, a-t-il précisé, a également documenté des dizaines de cas de détention illégale, « principalement par les comités populaires ».  Pour le représentant du Yémen, la libération des « prisonniers politiques » serait un pas important vers le rétablissement de la confiance dans le cadre des pourparlers.

Tandis que le Haut-Commissaire s’est dit « extrêmement préoccupé » par la poursuite des frappes aériennes et terrestres dans des zones à forte densité de population ou contre des hôpitaux et des écoles, en particulier « par les Forces de la coalition », la représentante de la Jordanie s’est émue du sort des habitants de Taïz, gouvernorat qui subirait un « châtiment collectif » de la part des miliciens houthistes selon l’expression employée par le représentant du Yémen.

Un important convoi de l’ONU transportant du carburant et des denrées alimentaires est toutefois entré à Taïz le 17 décembre, a relevé l’Envoyé spécial.  Il a précisé, comme le note le communiqué final des pourparlers de Genève, que les parties avaient agréé de faire fond sur cet accord pour assurer à l’avenir l’acheminement d’une aide plus importante, ce, dont se sont félicitées les délégations de la France et du Royaume-Uni.

En outre, a constaté M. Ould Cheick Ahmed, le conflit et le vide sécuritaire ont conduit à une expansion dangereuse des groupes extrémistes dans le pays, en particulier dans les zones d’Abyan, Al Bai’da et de Shabwa.  « Al-Qaida dans la péninsule arabique (AQPA) a consolidé sa présence dans le Gouvernorat de Hadarmout et conforté son contrôle du port de Mukalla, tandis que Daech a poursuivi sa campagne d’attaques et d’assassinats de responsables politiques et sécuritaires », a signalé le haut fonctionnaire, avant de rappeler que le Gouverneur d’Aden avait été assassiné le 6 décembre.

Les pourparlers de Genève ont pour objectif de mettre un terme à la violence au Yémen et de développer un cadre clair, basé sur la résolution 2216 (2015), en vue de ramener le pays sur la voie d’une transition pacifique et ordonnée dans le droit fil de l’initiative du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et des résultats du Dialogue national.

Si les participants ont fait preuve de « courage » et de « détermination » pour assurer le succès des négociations, le non-respect du cessez-le-feu souligne la nécessité d’établir des mécanismes plus robustes et de surmonter les divisions profondes entre les parties concernant les contours d’un futur accord, a relevé l’Envoyé spécial.

Pour le représentant de la France, M. François Delattre, la seconde session de négociations, qui s’ouvrira à Genève le 14 janvier, devrait permettre d’avancer vers un compromis acceptable par l’ensemble des parties, en vue d’établir un gouvernement inclusif et de favoriser la réconciliation nationale et l’état de droit.

La solution à la crise au Yémen ne peut être que politique, a renchéri, de son côté, son homologue des États-Unis.  Convaincue que le cessez-le-feu, proclamé la semaine dernière, est un pas dans la bonne direction, Mme Samantha Power a souhaité que les parties nomment des représentants de haut niveau au sein du Comité de coordination et de désescalade chargé d’en surveiller le respect.

Si les États-Unis entendent continuer d’appuyer la coalition sous la direction de l’Arabie saoudite, ils ont cependant demandé l’ouverture d’enquêtes sur les allégations de pertes civiles causées par ses frappes aériennes, a-t-elle précisé.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

M. ISMAIL OULD CHEICK AHMED, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, a déploré que les pourparlers de Genève, qui se sont tenus il y a quelques jours après des semaines de consultations avec les responsables yéménites et les gouvernements de la région, n’aient pas abouti à une cessation des hostilités, comme cela avait été souhaité.  Ces rencontres entre le Gouvernement du Yémen et l’opposition ont tout de même été constructives et fournissent une base solide pour une reprise des discussions dans un futur proche, a-t-il affirmé.

Le contexte de ces discussions est très sombre et la situation sécuritaire au Yémen s’aggrave, a indiqué M. Ould Cheick Ahmed, en précisant que la violence avait envahi de nombreuses zones du pays, causant ainsi la perte de centaines de vies humaines parmi les civils.  Le système sanitaire au Yémen, a-t-il ajouté, est dans un état catastrophique.  L’Envoyé spécial a relevé que les attaques transfrontalières à l’artillerie lourde, dans le nord, avaient des conséquences graves pour la stabilité de la zone frontalière.

Le conflit et le vide sécuritaire, a-t-il poursuivi, ont conduit à une expansion dangereuse des groupes extrémistes dans le pays, en particulier dans les zones d’Abyan, Al Bai’da et de Shabwa. Il a noté qu’Al-Qaida dans la péninsule arabique avait consolidé sa présence dans le gouvernorat de Hadarmout et conforté son contrôle du port de Mukalla, tandis que Daech a poursuivi sa campagne d’attaques et d’assassinats de responsables politiques et sécuritaires.  Le Gouverneur d’Aden a été assassiné le 6 décembre, a-t-il rappelé.

L’Envoyé spécial a expliqué que les pourparlers de Genève avaient pour objectif de mettre un terme à la violence au Yémen et de développer un cadre clair, basé sur la résolution 2216 (2015), en vue de ramener le pays sur la voie d’une transition pacifique et ordonnée dans le droit fil de l’initiative du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et des résultats du Dialogue national.  « Les participants ont fait preuve du courage et de la détermination nécessaires pour assurer le succès des négociations », a affirmé M. Ould Cheick Ahmed.

Malheureusement, nous n’avons pas été en mesure de faire respecter le cessez-le-feu décrété le 15 décembre lors de ces pourparlers, a regretté l’Envoyé spécial.  S’il y a eu une réduction significative de la violence dans les premiers jours des discussions, a-t-il fait remarquer, de nombreuses violations ont été recensées au troisième jour.  Le non-respect du cessez-le-feu souligne la nécessité de conclure des accords et d’établir des mécanismes plus robustes, a-t-il souligné.  Les participants aux pourparlers, a ajouté M. Ould Cheick Ahmed, ont convenu que le Comité de coordination et de désescalade mis en place pour réduire ces violations poursuivra ses travaux après la fin des discussions, dans les mois à venir.

L’Envoyé spécial a déclaré que les premiers jours de discussion avaient été marqués par un engagement constructif des parties sur les questions humanitaires, lesquelles ont convenu notamment d’assurer à nouveau l’acheminement de l’aide humanitaire dans la localité de Taïz, largement oubliée au cours des derniers mois.  Un important convoi de l’ONU de carburant et de denrées alimentaires, a-t-il indiqué, est entré à Taïz le 17 décembre.  Il a précisé, comme le note le communiqué final des pourparlers de Genève, que les parties ont agréé de faire fond sur cet accord pour assurer l’acheminement d’une aide plus importante.

Le cadre précité, basé sur la résolution 2216 (2015) du Conseil de sécurité, sera le point de départ des prochaines discussions, a souligné l’Envoyé spécial, qui a précisé que ce cadre prévoyait la création d’organes sécuritaires intérimaires, le retrait des milices et groupes armés, la restauration des institutions étatiques et la reprise d’un dialogue politique inclusif. Il a fait observer que ce cadre jetait les fondations d’un nouveau consensus politique qui, accompagné de mesures sécuritaires spéciales, permettra de restaurer la stabilité au Yémen et de lutter contre l’expansion des groupes extrémistes.

Les pourparlers de Genève ont révélé des divisions profondes entre les parties relatives aux contours d’un futur accord, a concédé l’Envoyé spécial, en ajoutant que la confiance entre ces dernières était réduite.  L’engagement des parties a cependant fini par l’emporter sur leurs divisions, s’est-il félicité, en indiquant qu’elles avaient convenu de se réunir à nouveau, le mois prochain, en vue de discuter d’une transition politique négociée et inclusive au Yémen.

L’Envoyé spécial a tenu à préciser que l’enjeu était désormais de bâtir sur les progrès enregistrés à Genève. « Le processus de paix est très récent, et pour qu’il puisse se développer et donner des résultats concrets, il doit être accompagné, nourri et soutenu », a conclu M. Ould Cheick Ahmed, en insistant sur l’appui du Conseil de sécurité.

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, M. ZEID RA’AD AL-HUSSEIN, a expliqué que la récente intensification du conflit au Yémen s’était traduite par une augmentation brutale du nombre de victimes civiles et par une aggravation d’une situation humanitaire déjà désastreuse.  Les conditions de vie sont devenues insupportables pour la majorité de la population du Yémen.  La violence, à laquelle s’ajoutent des « entraves artificielles » à l’acheminement de l’aide, ont des conséquences dramatiques.  Au moins 21 millions de personnes, soit 80% de la population, dépendent de l’aide humanitaire et la moitié environ souffre de malnutrition.

Selon le Bureau du Haut-Commissariat sur place, les violations de droits continuent de se multiplier, en particulier les violations du droit à la vie, les destructions des biens et des infrastructures civils, ou les détentions arbitraires de la part de toutes les parties au conflit.  Le Haut-Commissaire a rappelé que depuis le début des hostilités, plus de 2 700 civils ont été tués et plus de 5 300 ont été blessés.  Le Bureau a également documenté des dizaines de cas de détention illégale, principalement par les comités populaires.  Les enfants se retrouvent en première ligne, a-t-il souligné, en faisant remarquer que, depuis le début de cette année, plus de 600 enfants ont été tués et plus de 900 autres blessés grièvement, soit un bilan cinq fois plus élevé que celui de toute l’année 2014.

Le rapport sur le Yémen qu’il avait présenté, le 1er septembre, devant la trentième session du Conseil des droits de l’homme fait état « d’allégations crédibles » concernant des violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme, a-t-il fait observer.  Ce rapport formulait également un certain nombre de recommandations, a-t-il précisé, en citant en particulier celle visant une enquête internationale sur les violations commises en vue d’établir la responsabilité des auteurs.  Le Haut-Commissaire a salué l’annonce du Gouvernement du Yémen sur son intention de créer une commission nationale d’enquête.  Il a indiqué qu’une résolution du Conseil des droits de l’homme sur le recrutement de personnels pour suivre la situation était actuellement examinée par la Cinquième Commission pour en déterminer les incidences financières.

Le Haut-Commissaire s’est dit « extrêmement préoccupé » par la poursuite des frappes aériennes et terrestres, dans des zones fortement peuplées de civils ou contre des hôpitaux et des écoles.  Ces frappes sont menées par toutes les parties mais une part « disproportionnée » d’entre elles sont lancées par les Forces de la coalition, a-t-il regretté.  C’est pourquoi, il a appelé à nouveau toutes les parties à prendre toutes les mesures pour protéger les civils et demander des comptes à tous ceux qui se rendront coupables de graves violations du droit international.  À cette fin, il a « vivement encouragé » le Gouvernement du Yémen à ratifier le Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI) « ou à accepter d’urgence sa compétence ».  Enfin, il a exhorté le Conseil de sécurité à faire « tout ce qui est en son pouvoir » pour restreindre l’usage de la force par toutes les parties et pour que soient levés les obstacles à l’acheminement de l’aide humanitaire.

Mme KYUNG-WHA KANG, Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires, a qualifié d’« épouvantables » les conditions dans lesquelles vivent aujourd’hui les Yéménites, en expliquant qu’environ 7,6 millions de personnes avaient besoin d’une aide alimentaire d’urgence pour survivre.  Au moins 2 millions de personnes sont sous-alimentées dont 320 000 enfants atteints de malnutrition aigüe, soit le double depuis mars dernier, à la suite du conflit qui fait rage au Yémen, a-t-elle précisé.  Depuis la mi-mars, le conflit s’est étendu à 20 des 22 gouvernorats du pays, exacerbant une situation humanitaire déjà très grave qui résulte de la pauvreté chronique et de la faible gouvernance depuis des années.  En mars dernier, date à laquelle les hostilités avaient commencé, 8 millions de personnes n’avaient plus d’« accès sûr et fiable » à l’eau potable et au moins 1,8 million d’enfants avaient été déscolarisés, s’ajoutant à 1,8 million déjà déscolarisés avant le début de la crise.

Le conflit a eu un impact considérable sur les infrastructures sociales, notamment les marchés et les voies routières.  Combinée aux restrictions à l’importation, cette situation a mis l’économie à mal et rendu les civils encore plus vulnérables, désormais privés de nourriture et d’un accès à des services de base.  « Dans le nord, l’État n’a aucune ressource financière et les ministères sont incapables de payer les médecins, les infirmières et les enseignants », s’est alarmée la Sous-Secrétaire générale.  Le système de santé, a-t-elle mis en garde, est en voie d’effondrement.  Les frappes aériennes incessantes, les tirs de mortiers et la poursuite de la violence continuent de provoquer le déplacement de familles yéménites.  « Il y a maintenant plus de 2,5 millions de personnes déplacées dans le pays, soit huit fois plus qu’au début du conflit », a indiqué Mme Kang.  Plus de 2 700 civils ont perdu la vie, dont au moins 637 enfants.  La Sous-Secrétaire générale a également fait état de 740 cas de recrutement d’enfants soldats, dont 85% sont le fait d’acteurs non étatiques.  Les femmes yéménites ont été particulièrement touchées par le conflit, souvent victimes de violences sexuelles.

En dépit d’un environnement dangereux, les organisations humanitaires sur le terrain continuent de fournir une aide essentielle à la population civile.  Quatre millions de personnes ont bénéficié d’un accès à l’eau potable et à des services d’assainissement, a précisé la Sous-Secrétaire générale, qui s’est également félicitée de la distribution de vivres à près de 3 millions en décembre. « D’ici à février 2016, 5 millions devraient recevoir une aide alimentaire à travers tout le pays », a-t-elle fait valoir.  Elle a toutefois regretté que le cessez-le-feu agréé par les parties au conflit le 15 décembre ait été enfreint à plusieurs reprises, et que les organisations humanitaires, par conséquent, se soient heurtées à des difficultés.  Se voulant optimiste, elle s’est félicitée de l’accord conclu pour faciliter l’accès humanitaire à tous les gouvernorats touchés par les combats et a appelé les parties à mettre en œuvre les mesures qu’il prévoit.  Jugeant en conclusion « vital » que les importations de produits de première nécessité se poursuivent, elle a rappelé que le Mécanisme de vérification et d’inspection des Nations Unies serait opérationnel à la mi-janvier, « une fois que toutes les promesses de contributions auront été honorées ».

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a affirmé que le Yémen connaissait une situation humanitaire catastrophique.  « Si 15 Yéménites siégeaient au sein de ce Conseil à notre place, 12 d’entre eux auraient besoin d’une aide humanitaire », a-t-il affirmé.  Le représentant a assuré du soutien de son pays aux efforts de l’Envoyé spécial, avant d’appeler les parties à faire fond sur les progrès enregistrés à Genève.  Les négociations sont la seule manière de régler la crise, a rappelé M. Rycroft, en esquissant trois étapes, la première étant la mise en place d’un cessez-le-feu, qui doit être prorogé au-delà du 28 décembre et respecté par toutes les parties.  Le délégué a ensuite insisté, au titre de la deuxième étape, sur la nécessité d’améliorer la situation humanitaire, en ajoutant que l’Accord de Taïz était un premier pas important.  Il a indiqué que le Royaume-Uni fournissait une aide humanitaire à hauteur de 110 millions de dollars.  Il a ensuite demandé la libération des personnes détenues arbitrairement, dont le Ministre de la défense du Yémen.  Enfin, il a appelé de ses vœux la création d’un cadre clair, basé sur la résolution 2216 (2015), et exhorté les Houthistes à déposer leurs armes et à reconnaître le Gouvernement yéménite.  La menace posée par Daech au Yémen devrait tous nous préoccuper, a estimé le délégué avant de conclure.

M. MAHAMAT ZENE CHERIF (Tchad) a déclaré que son pays était préoccupé par la détérioration de la situation humanitaire au Yémen, qui touche en premier lieu les femmes et les enfants.  Il a déploré le lourd tribut que paie la population civile, en précisant qu’à ce jour, plus de 6 000 personnes ont été tuées et 27 000 autres blessées.  En outre, cette situation a forcé le déplacement de plus de 2,5 millions de personnes.  Le conflit qui se poursuit au Yémen présente aussi des conséquences potentielles « incalculables » pour la région, tout en faisant le lit du terrorisme, a-t-il mis en garde.  C’est pourquoi, il est urgent de parvenir à une solution politique, a insisté le représentant.  Il est tout aussi urgent de parvenir à la désescalade de la violence afin de permettre aux organisations humanitaires de répondre aux besoins cruciaux de la population civile.  Le représentant s’est ensuite félicité de la tenue de négociations en Suisse entre les parties yéménites, en espérant qu’elles créeraient les conditions nécessaires à l’ouverture d’un dialogue serein.  Regrettant les violations répétées du cessez-le-feu par les Houthistes et leurs alliés, M. Cherif a appelé toutes les parties à s’abstenir d’actions susceptibles d’aggraver la situation actuelle.  Le Conseil de sécurité doit, de son côté, continuer de suivre la situation de près, en coordination avec l’Envoyé spécial, afin de donner une impulsion à une solution politique, a-t-il estimé.

M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a noté les progrès réalisés par les parties en conflit en Suisse, la semaine dernière, au cours des pourparlers menés sous les auspices de l’Envoyé spécial pour le Yémen, M. Ismail Ould Cheick Ahmed.  Le fait que les parties soient venues ensemble pour participer aux négociations pour la première fois depuis l’escalade du conflit est un petit exploit, s’est réjoui le représentant qui a cependant regretté que les parties n’aient pas fait preuve de volonté politique pour s’engager de bonne foi et adhérer à un accord de cessez-le-feu avant les pourparlers.  Elles semblent penser qu’elles pourraient gagner la guerre sur le plan militaire, a indiqué le représentant qui a réitéré la position de sa délégation selon laquelle la solution politique reste l’unique voie vers un Yémen démocratique, stable et inclusif.  Faire prolonger le conflit bénéficiera uniquement aux groupes terroristes comme Al-Qaida et Daech. 

Après avoir souligné les conséquences humanitaires du conflit, le représentant a rappelé l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat ou au pire, d’une longue période de pause humanitaire pour permettre à l’aide et au personnel humanitaire d’atteindre ceux qui sont dans le besoin.  La Malaisie exhorte toutes les parties à respecter le droit international humanitaire et les droits de l’homme, à assurer l’accès de l’aide humanitaire, à réduire les impacts sur les civils, y compris les attaques ciblées sur les civils, les écoles et les installations médicales.  Réaffirmant son appui aux efforts de l’Envoyé spécial pour le Yémen pour identifier et mettre en place les mesures de renforcement de la confiance en vue d’un cessez-le-feu durable et un règlement complet du conflit, le représentant de la Malaisie a dit attendre le prochain cycle des pourparlers en janvier 2016 dont la réussite dépend de la volonté politique des parties en conflit elles-mêmes.  Il les a exhortées à coopérer pleinement au processus de paix et à démontrer leur sincérité en mettant fin au conflit et en permettant au pays de revenir sur la voie de la transition démocratique fondée sur les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, l’Initiative du Conseil de coopération du Golfe et ses mécanismes de mise en œuvre et le document final du Dialogue national. 

M. JUAN MANUEL GONZÁLEZ DE LINARES PALOU (Espagne) a souligné la dimension alarmante de la crise humanitaire au Yémen.  Au bout de cinq mois de conflit, le Yémen ressemble à la Syrie après cinq ans de conflit, a-t-il regretté.  « Même si les hostilités cessent aujourd’hui, l’avenir des jeunes générations au Yémen sera hypothéqué », a-t-il dit.

Le représentant a jugé crucial qu’un cessez-le-feu immédiat et permanent soit décrété afin de rétablir la confiance et de créer un environnement propice à la reprise des négociations.  La solution militaire n’est pas viable, a poursuivi le délégué espagnol, en soulignant la volatilité du contexte sécuritaire au Yémen, marqué par la menace posée par les groupes extrémistes et les allégeances changeantes des milices.  Il a insisté sur la nécessité de respecter le droit international humanitaire, en notant que la trêve décrétée la semaine dernière avait permis d’acheminer de l’aide humanitaire en quantité plus importante.  Il a condamné dans les termes les plus fermes les attaques contre les centres de soins et les écoles. 

« La guerre au Yémen, a-t-il déclaré, est intimement liée à la dynamique régionale ».  Le représentant a espéré que l’esprit de consensus qui a permis l’accord sur le programme nucléaire iranien et l’adoption de la résolution 2254 (2015) pour une feuille de route pour la paix en Syrie puisse prévaloir également au Yémen.  Les pays de la région devraient user de leur influence pour encourager cet esprit de consensus, a recommandé le délégué de l’Espagne avant de conclure.

M. HENRY ALFREDO SUÁREZ MORENO (Venezuela) a dénoncé l’action « inefficace » du Conseil de sécurité depuis l’adoption de la résolution 2216 (2015) en avril dernier, qui est restée sans effet.  C’est par le dialogue et  des négociations que les parties pourront mettre fin au conflit afin de jeter les bases d’une transition pacifique au Yémen, s’est dit convaincu le représentant vénézuélien.  À cet égard, il a salué les discussions qui se sont tenues en Suisse la semaine dernière à l’initiative du Conseiller spécial, en estimant que ce processus devrait être conduit de bonne foi et associer les représentants de la société civile, dont les femmes, afin de définir des politiques publiques qui bénéficient à tous les Yéménites.  Il a exhorté les parties au conflit à s’engager sur la voie du compromis pour le bien de la population.

La prolongation des hostilités retarde chaque fois la possibilité de parvenir à une solution politique et pacifique, a-t-il estimé en dénonçant « le manque de volonté politique » de mettre fin au conflit, qui plonge davantage le Yémen « dans le chaos ».  Outre le bilan des pertes civiles qu’il a rappelé, le représentant a indiqué que plus d’1,3 million d’enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition et 2,3 millions de personnes ont dû abandonner leur foyer.  En outre, des centaines de milliers d’autres ont fui le pays, a-t-il ajouté.  Le représentant a espéré que les parties au conflit permettraient aux personnels humanitaires d’atteindre les zones isolées du pays pour apporter une aide de première nécessité à la population.  Il a  salué les efforts entrepris par le Programme alimentaire mondial, l’UNICEF et les autres agences humanitaires pour s’acquitter de cette tâche difficile.  Il a également condamné l’assassinat du Gouverneur d’Aden par l’État islamique au cours de ce mois, en déplorant que les « seuls bénéficiaires de ce conflit sont l’« EIIL et Al-Qaida » et que le combat contre le terrorisme implique un État doté d’institutions solides.

M. ZHAO YONG (Chine) a rappelé que l’histoire du Yémen avait montré qu’un conflit armé n’a jamais été une solution, en encourageant les parties à privilégier plutôt un règlement politique de la situation.  Il les a invitées à poursuivre leur dialogue en temps voulu et à tenir compte de la réalité politique sur le terrain.  La Chine a estimé que la communauté internationale devrait continuer à promouvoir les négociations de paix et les bailleurs de fonds internationaux, pour leur part, devraient rester solidaires des organisations humanitaires qui aident les civils dans les régions les plus touchées.

La crise au Yémen a atteint un niveau abyssal qui exige toute notre attention, a commenté Mme RAIMONDA MURMOKAITĖ (Lituanie).  Espérer une solution militaire ou la reddition de l’une ou l’autre partie serait se faire des illusions « dangereuses », a-t-elle prévenu.  Une partie peut à la limite gagner la guerre mais elle perdra le pays car le risque d’une fragmentation du Yémen est trop réel, a-t-elle prévenu.  Il faudrait, a-t-elle conseillé, un suivi « viable » de la réunion qui s’est déroulée en Suisse.  Les trois piliers, à savoir la cessation des hostilités, l’accès illimité de l’aide humanitaire et le processus politique visant à remettre la transition yéménite sur les rails, doivent être appuyés inconditionnellement et préservés.  La balle est dans le camp de toutes les parties pour ce qui est de briser le cycle de la violence et rétablir le respect de la vie humaine.  Il est important maintenant de parvenir à une solution durable car Al-Qaida et Daech n’attendront pas, s’est alarmé le représentant, avant d’ajouter que ces deux organisations s’installent déjà « confortablement » sur le terrain. 

La représentante a salué l’annonce de reprendre les pourparlers à Genève en janvier prochain, ce qu’elle a qualifié de « signal petit mais néanmoins important ».  Elle a dit espérer des pourparlers de plus en plus substantiels, sur la base de l’agenda de l’Envoyé spécial.  La représentante a aussi dit avoir du mal à comprendre pourquoi la Mission d’observation des Nations Unies au Yémen n’est toujours pas opérationnelle.  Compte tenu du niveau des pénuries, tout autre retard serait « inacceptable », d’autant plus que la coalition a reconnu que l’approche de l’ONU répond à ses préoccupations face à de possibles violations de l’embargo sur les armes, a-t-elle argué. 

Compte tenu de la manière dont il est structuré et appliqué, cet embargo, a estimé l1 représentante, doit encore être évalué et le manque d’informations sur la mise en œuvre de la résolution 2216 (2015) rend les choses difficiles.  Elle a jugé important de veiller à ce que les violations signalées, comme par exemple la tentative de faire passer des armes par l’Iran, soient sérieusement examinées par le Groupe d’experts et le Comité des sanctions concernant le Yémen.  La représentante a aussi estimé qu’on peut faire plus contre l’ancien Président Saleh, son fils Ahmed Ali et leur premier cercle.  Elle a encouragé les pays qui ont des informations sur leurs avoirs d’intensifier leur coopération avec le Groupe d’experts.

Mme JOY OGWU  (Nigéria) a souligné que les pourparlers de Genève étaient de bon augure.  Les parties, a-t-elle noté, ont en effet convenu d’un cadre pour une sortie de crise.  Elle s’est en revanche dite préoccupée par l’échec des parties à parvenir à un cessez-le-feu permanent, qui est pourtant la solution la plus viable au Yémen.  La représentante a indiqué que le cessez-le-feu temporaire décrété la semaine dernière avait facilité l’acheminement de l’aide humanitaire en plus grande quantité.  En conclusion, la déléguée du Nigéria a espéré que les pourparlers, dont la reprise est prévue pour le  14 janvier,  ajouteront une nouvelle pierre au retour de la paix au Yémen.

Mme DINA KAWAR (Jordanie) a déclaré que la tenue des pourparlers entre les parties yéménites en Suisse, la semaine dernière, avait été un « soulagement ». Pour sa délégation, la proclamation du cessez-le-feu reflète la volonté politique du Gouvernement yéménite de mettre fin au conflit.  Marquant un « tournant décisif », ces pourparlers soulignent la fin de l’impasse politique qui a prévalu depuis le mois de mars dernier, s’est félicitée Mme Kawar.  La représentante a déclaré attendre avec impatience le prochain cycle de négociations, prévu mi-janvier, en invitant toutes les parties à y participer « de bonne foi ».  La Jordanie, a-t-elle assuré, réaffirme son soutien au « Gouvernement légitime » du Président Hadi.  Elle a ensuite déploré les violations du cessez-le-feu constatées dans un certain nombre de gouvernorats, mais aussi dans le territoire de l’Arabie saoudite voisine.  La représentante de la Jordanie a ensuite attiré l’attention du Conseil sur le sort des habitants de la ville de Taïz, qui subissent, a-t-elle dit,  les « pires punitions ».  La déléguée a demandé à la communauté internationale de faire pression sur les Houthistes et leurs alliés pour qu’ils ménagent un accès aux organisations humanitaires.

M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie) a salué le travail remarquable de l’Envoyé spécial qui a réussi à réunir toutes les parties à Genève.  Il a néanmoins déploré que les pourparlers n’aient  pas débouché sur un cessez-le-feu durable.  La seule voie viable pour régler le conflit au Yémen reste la solution politique, a-t-il rappelé.  Il a souligné qu’il était nécessaire d’acheminer l’aide humanitaire sans entraves, en appelant de ses vœux des pauses humanitaires au Yémen.  « Mon pays apporte une aide humanitaire au Yémen et continuera de le faire », a assuré le délégué de la Fédération de Russie.  Il a ensuite loué la sagesse de l’Envoyé spécial, en particulier en ce qui concerne la question de la libération des prisonniers, ainsi que sa « politique des petits pas »  en faveur de la mise en place d’une transition négociée.  La poursuite des affrontements  ne fait qu’alimenter le chaos que les groupes terroristes mettent à profit pour asseoir leur présence au Yémen, a soutenu le représentant en conclusion.

M. JOÃO IAMBENO GIMOLIECA (Angola) a rappelé que l’instauration d’un cessez-le-feu au Yémen, la semaine dernière, avait été une avancée considérable vers un règlement politique durable du conflit dans ce pays.  Il a cependant regretté que le cessez-le-feu ait été émaillé de violations pendant la poursuite des négociations en Suisse. Le représentant s’est félicité de l’annonce faite par l’Envoyé spécial de tenir un autre cycle de pourparlers en janvier prochain, en espérant qu’ils seront couronnés de succès.

M. GERARD VAN BOHEMEN (Nouvelle-Zélande) a dit que chacun d'entre nous aurait souhaité voir davantage de progrès accomplis dans les discussions de la semaine dernière à Genève concernant l’avenir du Yémen.  « Nous nous félicitons néanmoins que les parties aient trouvé un accord sur des points importants et se soient engagées à reprendre les pourparlers à la mi-janvier », a déclaré le représentant.  Le Conseil de sécurité doit appuyer les efforts de l’Envoyé spécial pour le Yémen, en encourageant toutes les parties à participer de manière significative et à envoyer des avertissements aux fauteurs de troubles que les efforts pour saper les négociations ou le cessez-le-feu auront des conséquences.  Tout en regrettant les violations du cessez-le feu temporaire par les deux parties, il a cependant souligné l’importance de respecter le cessez-le-feu de manière durable, à la fois pour faciliter davantage d'accès humanitaire et offrir aux négociations les meilleures chances de succès.  Le représentant a appelé toutes les parties à s’abstenir de toute réaction aux provocations qui pourraient intervenir dans les semaines à venir et à donner une nouvelle chance au maintien du cessez-le-feu.

Le représentant a aussi déclaré que les hostilités dans et autour des zones résidentielles pour la population civile, y compris l’utilisation d’armes lourdes et des armes à sous-munitions ainsi que les bombardements aériens et les tirs antiaériens ont infligé un tribut trop élevé sur la population civile.  Les flux d’armes à partir du Yémen vers la Somalie et partout ailleurs menacent la stabilité régionale, s’est-il alarmé.  Des preuves ont montré que ce sont les groupes extrémistes violents qui sont le principal bénéficiaire de la poursuite de l'instabilité et de conflit.  Les efforts pour prévenir les flux d’armes dans le pays continuent d’empêcher l'accès aux marchandises importées dont le pays a  désespérément besoin.  La Nouvelle-Zélande, qui appuie politiquement et matériellement le développement d’un mécanisme de vérification et d’inspection, espère qu’avec sa mise en œuvre, le passage des marchandises commerciales vers le Yémen sera facilité. 

Pour éviter d'aggraver les divisions au sein de la société yéménite, il est important que la Commission nationale d'enquête mène des enquêtes indépendantes et approfondies sur les violations commises par toutes les parties et partage ses découvertes avec la communauté internationale, a souligné le représentant.  Le Conseil de sécurité et ses membres doivent être prêts à soutenir ces efforts avec le même engagement que nous avons été en mesure de démontrer sur d'autres questions régionales, a-t-il dit avant de conclure.

M. CRISTIÁN BARROS MELET (Chili) a condamné les violations graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire perpétrées au Yémen.  Les frappes aériennes indiscriminées, l’utilisation d’écoles à des fins militaires, en violation de la résolution 2143 (2015) du Conseil de sécurité, et l’emploi d’armes à sous-munitions sont particulièrement préoccupantes, a-t-il dénoncé.  En l’absence d’une solution politique, et faute d’un cessez-le-feu définitif, il est urgent de demander aux parties de s’abstenir de respecter le droit international, a dit le représentant.  « Mais la solution politique est la seule viable à la situation actuelle », a insisté M. Barros Melet, qui a appelé les parties à reprendre les négociations début janvier.  S’alarmant de la menace que pose Al-Qaida dans la péninsule arabique, le représentant a dénoncé vigoureusement le recrutement d’enfants dans le cadre du conflit au Yémen.

M. FRANCOIS DELATTRE (France) a salué la tenue des pourparlers qui se sont déroulés en Suisse, du 15 au 20 décembre, et les avancées qui s’en sont suivies, en particulier la création d’un comité militaire chargé du respect du cessez-le-feu et de la mise en place d’un accès humanitaire à la ville de Taïz.  Il a rappelé que la seconde session de négociation s’ouvrira le 14 janvier et qu’elle devra permettre d’avancer vers un compromis acceptable pour l’ensemble des parties, en vue d’établir un gouvernement inclusif et de favoriser la réconciliation nationale, ainsi que l’état de droit.  « Une solution politique est d’autant plus nécessaire que la situation humanitaire est plus critique que jamais », a-t-il poursuivi, en rappelant que plus de 80% de la population yéménite a aujourd’hui besoin d’assistance.

La situation au Yémen n’est pas seulement une menace régionale mais internationale et que la montée en puissance de groupes terroristes –tels que AQPA et Daech– sur le territoire yéménite accompagne le délitement de l’État, a averti le représentant.  Il a ainsi appelé les parties à tout mettre en œuvre pour assurer la réussite des négociations et les partenaires régionaux à user de leur influence pour soutenir les efforts de l’Envoyé spécial.  « Il nous revient collectivement d’appuyer ce processus fragile de sortie de crise », a-t-il souligné avant de conclure.

Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) a souligné la gravité de la situation humanitaire au Yémen.  Le Conseil est uni sur ce dossier et appuie les efforts de l’Envoyé spécial, a-t-elle assuré.   

Elle a ainsi invité les parties à en faire davantage pour permettre l’acheminement de l’aide humanitaire, en rappelant que 80% de la population yéménite en avaient un besoin urgent.  Les terribles souffrances endurées par les Yéménites doivent cesser, a-t-elle dit.  Se félicitant de la reprise des approvisionnements en carburant par voie de mer, elle a estimé que le fonctionnement des ports au Yémen devrait être amélioré afin d’accélérer les déchargements des livraisons.  Deux cents camions ont enfin pu pénétrer la semaine dernière à Taïz, s’est-elle réjouie, avant d’appeler les Houthistes à lever tout obstacle à l’acheminement de  l’aide vers Taïz.  Des efforts similaires, a-t-elle ajouté, doivent être consentis en d’autres points du territoire.

Il n’y a pas de solution militaire au Yémen, a prévenu Mme Power, qui a appelé les parties à faire des compromis.  Elle a plaidé pour une solution politique basée sur les résolutions du Conseil de sécurité et l’initiative du Conseil de coopération du Golfe, avant de demander que les femmes soient étroitement associées au processus de transition politique au Yémen.  Les participants aux pourparlers de paix doivent pouvoir quitter le Yémen pour se rendre à Genève, a poursuivi la représentante.

Convaincue que le cessez-le-feu décrété la semaine dernière était un pas dans la bonne direction, l’Ambassadeur Power a souhaité que les parties nomment des représentants de haut niveau au sein du Comité de coordination et de désescalade.  Les milices Houthistes et celles soutenant l’ancien Président Saleh, a-t-elle insisté, doivent cesser les bombardements aveugles contre les civils.  Les États-Unis continueront d’appuyer la coalition emmenée par l’Arabie saoudite, a affirmé la représentante, avant d’exhorter cette coalition à enquêter sur les allégations de pertes civiles du fait de son action.  « L’unité du Conseil résulte de sa conviction qu’il est maintenant nécessaire de mettre un terme aux souffrances des Yéménites », a conclu Mme Power.  

M. KHALED HUSSEIN MOHAMED ALYEMANY (Yémen) a condamné la « politique de châtiment collectif » contre le Gouvernorat de Taïz par les milices Houthistes.  Une première étape a été franchie dans le cadre des négociations de paix qui se sont tenues en Suisse sur la base de la résolution 2216 (2015), s’est-il félicité.  Le représentant a cependant condamné la « mauvaise volonté des putschistes » qui, a-t-il dit, n’ont pas encore donné leur aval à la poursuite des négociations.  C’est pourquoi, il a appelé le Conseil de sécurité à faire pression sur les Houthistes pour qu’ils y participent de bonne foi et cessent de se livrer à ce qu’il a qualifié de « génocide » dans la ville de Taïz.  En outre, a estimé le représentant, la libération des prisonniers politiques serait un pas important vers le rétablissement de la confiance.  

Lorsque le Gouvernement a demandé aux forces de la coalition l’opérationnalisation du Mécanisme de surveillance, a affirmé le représentant du Yémen, des difficultés se sont posées, les « seigneurs de la guerre houthistes » tentant de s’approprier l’aide humanitaire et les produits de première nécessité dans les ports yéménites pour les écouler sur le marché noir.  « Nous voulons créer des conditions propices au processus de paix, mais le « Gouvernement de M. Hadi continue de tendre la main aux milices qui ne veulent rien entendre », a assuré le représentant.  Les  violations par les forces putschistes et les actions des milices se multiplient: clauses financières illégales, trafic d’armes, attaques dirigées contre des journalistes, recrutement d’enfants jetés sur le « front de la mort », a-t-il insisté.  Le représentant s’est voulu rassurant en réaffirmant que son gouvernement restera engagé en faveur des pourparlers de paix.

 

 

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