7588e séance – après-midi 
CS/12171

Syrie: pour la première fois depuis le début du conflit, le Conseil de sécurité fait preuve d’unité en adoptant une « feuille de route » pour la paix

Sous la présidence du Secrétaire d’État américain, M. John Kerry, le Conseil de sécurité a adopté, cet après-midi, une résolution priant le Secrétaire général de l’ONU de réunir les représentants du Gouvernement de la Syrie et de l’opposition pour des négociations officielles sur un processus de transition politique dans ce pays, « en visant le début du mois de janvier 2016 » pour le début de ces pourparlers.

« Cette résolution, qui met l’accent pour la première fois sur la voie politique à suivre pour régler la crise, marque une étape importante sur la base de laquelle nous devons œuvrer », s’est félicité le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, en rendant un hommage appuyé à M. Kerry et au Ministre russe des affaires étrangères, M. Sergey Lavrov.

Par la résolution 2254 (2015), adoptée à l’unanimité de ses 15 membres, le Conseil de sécurité « avalise » les Déclarations de Vienne, dont l’objet est l’application intégrale du Communiqué de Genève du 30 juin 2012, « fondement d’une transition politique conduite et prise en main par les Syriens et visant à mettre fin au conflit syrien ».  C’est au peuple syrien qu’il appartient de décider de l’avenir de la Syrie, souligne le Conseil.

Un processus politique dirigé par les Syriens et facilité par l’ONU, indique la résolution 2254 (2015), doit mettre en place, « dans les six mois », « une gouvernance crédible, inclusive et non sectaire », et arrêter un calendrier et les modalités d’une nouvelle constitution.  En vertu de cette constitution, des élections « libres et régulières » devraient se tenir, « dans les 18 mois », sous la supervision de l’ONU.

Pour le Conseil, transition politique et cessez-le-feu doivent avancer rapidement.  Un cessez-le-feu « s’étendant à tout le territoire syrien » devrait prendre effet dès que les représentants du Gouvernement syrien et de l’opposition « auront pris les premières mesures sur la voie d’une transition politique ».

Il revient aussi au Secrétaire général de prendre la direction, par l’intermédiaire de son Envoyé spécial, M. Staffan de Mistura, des efforts en faveur d’un cessez-le-feu.  Dans un délai de 60 jours, M. Ban Ki-moon devra faire rapport au Conseil sur la progression du processus politique et, d’ici un mois, lui présenter les options pour mettre en place un « mécanisme de communication » destiné à surveiller et vérifier le cessez-le-feu.

La résolution que le Conseil a adoptée aujourd’hui confirme par ailleurs le rôle qui revient au Groupe international d’appui pour la Syrie (GIAS), « principal mécanisme de facilitation des initiatives de l’ONU visant à parvenir à un règlement politique durable en Syrie » et qui s’est réuni ce matin même à New York, pour la troisième fois depuis le mois d’octobre.

« Après quatre ans et demi de conflit », a rappelé le Secrétaire d’État américain, « c’est la première fois que le Conseil de sécurité convient d’une feuille de route en vue d’un règlement politique du conflit », « qui n’offre pas un choix entre Bachar Al-Assad et Daech, mais entre la guerre et la paix ».

De son côté, le Ministre russe des affaires étrangères a estimé que les Déclarations sur l’issue des pourparlers multilatéraux concernant la Syrie, qui se sont tenus à Vienne les 30 octobre et 14 novembre 2015, ainsi que la résolution, adoptée cet après-midi, fournissent une « plateforme » permettant d’établir les conditions nécessaires à un règlement juste et durable du conflit syrien, « pour l’ensemble des parties prenantes ».

Rejetant les tentatives déployées, « depuis l’extérieur », pour changer le « destin du Président » syrien Bachar Al-Assad, le Chef de la diplomatie russe a espéré que l’Envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie adopterait une « attitude impartiale » dans l’accompagnement des négociations entre parties syriennes et que le Conseil de sécurité, dans l’intérêt du peuple syrien, ne cèderait pas à la « rhétorique idéologique » et aux « ambitions politiques ».

Pour sa part, le Ministre des affaires étrangères de la France, M. Laurent Fabius, a estimé que « tant que persiste la gouvernance actuelle de Bachar Al-Assad, une réconciliation véritable entre la population et l’État syrien est exclue », parlant ainsi d’une « réalité politique incontournable ».  Le Chef de la diplomatie française a par ailleurs constaté que le régime syrien n’avait pas encore manifesté sa volonté d’entrer dans une négociation sérieuse sur la base des termes définis, alors que l’opposition présente désormais un front uni, depuis la Conférence de Riyad, en Arabie saoudite, du 10 décembre.

Si Daech est une menace, c’est Bachar Al-Assad qui porte la responsabilité des souffrances en Syrie », a déclaré le Secrétaire d’État aux affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni, M. Philip Hammond.  Il a, à son tour, tenu à rappeler que les participants à la Conférence de Riyad avaient réaffirmé l’importance du Communiqué de Genève, avec une mise à l’écart de Bachar Al-Assad, en vue de l’avènement d’une Syrie pluraliste.

Rejetant toute « ingérence étrangère », le représentant de la Syrie, M. Bachar Ja’afari, a blâmé, en revanche, les terroristes et « les pays qui les soutiennent » pour la situation catastrophique que connaît son pays depuis près de cinq ans.  Le Gouvernement syrien, a-t-il assuré, est prêt à mettre un terme aux combats si les groupes syriens armés renoncent aux armes.  « Ils seront pardonnés », a-t-il assuré, en précisant que des groupes terroristes comme Daech ou le Front el-Nosra seront exclus d’une telle amnistie.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a rappelé que le conflit syrien avait débuté par des manifestations populaires pacifiques demandant un changement politique, avant de se retrouver rapidement miné par les divisions internes, régionales et internationales – y compris au sein de ce Conseil.  « Presque cinq ans plus tard, nous voilà devant un pays en ruines, ses habitants dispersés par millions à travers le monde, emporté par un tourbillon de radicalisme et de sectarisme qui remet en question la sécurité régionale et internationale », a-t-il déploré.  M. Ban a ainsi salué l’initiative essentielle du Groupe international d’appui pour la Syrie, en rendant un hommage particulier au « sens politique » du Secrétaire d’État américain, M. John Kerry, et au Ministre russe des affaires étrangères, M. Sergey Lavrov.

Je me félicite également de la résolution que le Conseil de sécurité va adopter.  Cette résolution, qui met l’accent pour la première fois sur la voie politique à suivre pour régler la crise, marque une étape importante sur la base de laquelle nous devons œuvrer, a-t-il dit.

Lors de ses deux précédentes réunions, qui s’étaient déroulées à Vienne, le Groupe international d’appui pour la Syrie avait fait deux demandes importantes à l’Organisation des Nations Unies, a poursuivi le Secrétaire général.  « Tout d’abord, il a demandé de convoquer, en janvier 2016, des négociations officielles entre les représentants du Gouvernement de la Syrie et de l’opposition syrienne axées sur un processus de transition dirigé par les Syriens eux-mêmes.  Ensuite, il a demandé de déterminer –parallèlement– les besoins et modalités d’un cessez-le feu dans leur pays ».  Assurant que l’ONU était prête à entreprendre ces tâches importantes, le Secrétaire général s’est félicité de la réunion convoquée à Riyad, en Arabie saoudite, qui a rassemblé un large éventail de représentants de l’opposition syrienne.  Alors que le Gouvernement syrien et les représentants de l’opposition se préparent, l’ONU est prête à relancer les pourparlers intra-syriens sous les auspices de son Envoyé spécial, M. Staffan de Mistura, a précisé M. Ban. Comme l’indique le Communiqué de Genève du 30 juin 2012, les parties doivent garantir la participation pleine et effective des femmes à ces pourparlers.

Ce matin, M. Ban a exhorté le Groupe international d’appui pour la Syrie à exercer la pression nécessaire sur les parties syriennes pour qu’elles mettent immédiatement en œuvre un certain nombre de mesures de confiance.  Tout d’abord, a-t-il souligné, il faudrait mettre fin à l’utilisation d’armes frappant aveuglément des civils, y compris les barils d’explosifs, qui s’est poursuivie malgré la promesse du Gouvernement syrien de ne plus y recourir.  Il faudrait, ensuite, permettre un accès inconditionnel et sans entraves aux convois d’aide humanitaire, dont des dizaines de milliers de personnes dans les zones assiégées ont besoin.  Les attaques contre les hôpitaux et les écoles, a-t-il ajouté, doivent cesser et toutes les restrictions à l’acheminement de fournitures médicales et instruments chirurgicaux levées.  Enfin, a-t-il insisté, il faudrait libérer tous les détenus, des informations faisant état d’actes de torture et de conditions de détention atroces.

« Près de deux ans se sont écoulés depuis la Conférence de Genève II.  Les habitants de la Syrie ont assez souffert.  Je vous demande maintenant de faire preuve de vision et de leadership pour surmonter vos divergences.  Une occasion fugace pour la paix a émergé; votre devoir est de la saisir », a-t-il dit avant de conclure.

M. JOHN KERRY, Secrétaire d’État des États-Unis, a remercié les quatre autres membres permanents de ce Conseil qui ont œuvré à l’élaboration de ce projet de résolution.  En adoptant la résolution 2254 (2015), le Conseil adresse un message aux parties selon lequel le moment est venu de mettre fin aux meurtres et aux souffrances des Syriens, a-t-il dit.  Après quatre ans et demi de conflit, a-t-il rappelé, c’est la première fois que le Conseil a convenu d’une feuille de route en vue d’un règlement du conflit.  M. Kerry a affirmé qu’en raison du conflit, un Syrien sur 20 a été tué et blessé et un sur 5 a fui son pays.  « Nous devons mettre fin au sang versé », a-t-il insisté.  Le Président Obama, a-t-il ensuite indiqué, a fixé trois objectifs, le premier étant de soutenir les pays amis afin qu’ils ne soient pas gagnés par la guerre civile syrienne.  C’est pourquoi nous leur apportons une aide humanitaire, a-t-il expliqué.

Le second objectif est de vaincre Daech, a poursuivi le Secrétaire d’État américain, qui a souligné les efforts de la coalition internationale contre ce groupe, en particulier en Iraq, où les efforts ont été intensifiés.  Les bombardements ont permis de couper les lignes d’approvisionnement de Daech autour de Mossul, a-t-il assuré, en ajoutant que la coalition aidait ses partenaires le long de la frontière syro-turque.  M. Kerry a mentionné la résolution 2253 (2015), adoptée hier, qui vise à tarir les ressources financières de Daech.  Il a ensuite souligné l’importance cruciale d’un processus politique en Syrie, « qui n’offre pas un choix entre Assad et Daech, mais entre la guerre et la paix ».

Le Secrétaire d’État américain a souligné que le règlement politique en Syrie devrait se baser sur le Communiqué de Genève du 30 juin 2012 et la résolution que le Conseil vient d’adopter.  Estimant que des progrès importants ont été accomplis, il a rappelé que les membres du Groupe international d’appui pour la Syrie se sont mis d’accord pour mettre un terme au bain de sang et aider les Syriens à reconstruire leur pays.  Il s’est également félicité de l’unité à laquelle les membres de l’opposition syrienne sont parvenus à Ryad.  M. Kerry a expliqué que l’objectif des pourparlers inter-syriens sera de mettre en place un gouvernement non sectaire, crédible et inclusif en vue de la tenue d’élections  dans les 18 mois.  Il a affirmé que le processus de Vienne avait abouti à l’idée d’un cessez le feu et à la nécessité de faire émerger une nouvelle Syrie, « dirigée par les Syriens et pour les Syriens ».

M. Kerry a déclaré que Daech, le Front el-Nosra, et d’autres groupes  terroristes qui seront désignés plus tard ne devront pas bénéficier du cessez-le-feu, avant de constater le degré d’unité sans précédent sur la nécessité de vaincre Daech.  « Des divergences subsistent sur le sort d’Assad », a-t-il reconnu, avant d’ajouter que le processus d’un règlement politique en Syrie devrait être façonné par les Syriens eux-mêmes et non pas imposé.  Il a affirmé que tout doit être fait pour assurer le succès des pourparlers inter-syriens et garantir la participation de tous les Syriens.  « Je sais quelles atrocités ont été commises et continuent d’être commises en Syrie », a affirmé M. Kerry.  C’est pourquoi, il est essentiel que Daech ne contrôle pas la Syrie.  Les membres du Groupe international d’appui pour la Syrie ont convenu qu’Assad n’est plus crédible et ne peut plus gouverner la Syrie, a affirmé le Secrétaire d’État, pour qui « ce n’est pas une question idéologique mais une question de réalité ».  Le peuple syrien doit pouvoir se mettre d’accord sur un autre choix, a-t-il affirmé.

Enfin, M. Kerry s’est félicité que le Conseil ait surmonté sa paralysie sur le dossier syrien, en s’accordant sur un plan d’action.  Le Conseil souscrit aux éléments du Communiqué de Genève, à la mise en place d’un organe de transition et au déroulement d’élections transparentes, a-t-il assuré.  « Mettons fin à la guerre et faisons en sorte que les Syriens puissent rentrer chez eux », a conclu le Secrétaire d’État américain.

M. SERGEY LAVROV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a rappelé que la réunion du Groupe international d’appui pour la Syrie avait confirmé l’attachement de toutes les parties au principe d’un processus de paix en Syrie.  Les Déclarations de Vienne sur l’issue des pourparlers multilatéraux sur la Syrie, qui se sont tenus à Vienne les 30 octobre 2015 et 14 novembre 2015, ainsi que la résolution que vient d’adopter le Conseil de sécurité, fournissent, selon lui, une plateforme permettant d’établir les conditions nécessaires à un règlement juste et durable du conflit syrien, « pour l’ensemble des parties prenantes ».  Seul un dialogue intersyrien inclusif pourra mettre fin aux souffrances du peuple syrien, a-t-il assuré.  Appelant de ses vœux la formation d’un gouvernement « séculier » et « multiconfessionnel », le Chef de la diplomatie russe a rejeté les tentatives déployées, selon lui, « depuis l’extérieur », pour changer le « destin du Président » Bachar Al-Assad.

Pour la Russie, les terroristes n’ont pas leur place à la table des négociations.  M. Lavrov a estimé que la « solution » envisagée aujourd’hui devrait ouvrir la voie à un « large front antiterroriste », auquel participeraient aussi les rebelles kurdes et l’opposition patriotique syrienne, sans oublier les « forces aériennes russes ».  La lutte contre le terrorisme doit être menée sans relâche, que ce soit en Syrie ou ailleurs, en se gardant de faire des distinctions entre « bons » et « mauvais » terroristes, a prévenu M. Lavrov.  En outre, l’aide humanitaire doit se conformer aux principes directeurs énoncés dans les résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité.  Il est important que  la résolution 2254 (2015) réaffirme la nécessité de respecter la souveraineté de la Syrie et de placer sous la supervision du Conseil les résultats obtenus dans la mise en œuvre du Communiqué de Genève, a dit M. Lavrov.

Pour sa délégation, la résolution que vient d’adopter le Conseil renforce les Déclarations de Vienne et le Secrétaire général et son Envoyé spécial, M. Staffan de Mistura, auront une contribution déterminante à jouer dans l’accompagnement du processus de négociations.  Le Ministre a espéré que l’Envoyé spécial et son équipe auront une « attitude impartiale à cet égard ».  La Fédération de Russie est prête –avec les États-Unis et les Nations Unies– à convoquer une autre réunion afin de définir les futures mesures à prendre, a assuré M. Lavrov.  À l’approche de ces pourparlers, il a demandé à tous les autres membres du Conseil de sécurité de ne pas céder à la « rhétorique idéologique » et de « mettre de côté les ambitions politiques » pour servir les intérêts du peuple syrien.  

M. NASSER JUDEH, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Jordanie, a souligné l’importance de la présente réunion en vue d’apporter un règlement politique à la crise syrienne.  La résolution 2254 (2015) que le Conseil de sécurité vient d’adopter est historique, a-t-il dit.  La Jordanie, a-t-il affirmé, a facilité le processus de négociation entre les membres du Groupe international d’appui pour la Syrie en vue d’identifier les groupes susceptibles d’être qualifiés de terroristes.  Nous sommes parvenus à un consensus sur certains groupes terroristes, a-t-il dit, en reconnaissant qu’il subsistait des désaccords sur certains autres groupes.

La seule solution à la crise syrienne est politique, a-t-il insisté, avant de préciser que c’était le seul moyen pour défendre l’intégrité de la Syrie et vaincre le terrorisme.  Toute solution politique globale, a-t-il rappelé, devra être approuvée par tous les Syriens.  La résolution adoptée aujourd’hui donne un nouvel élan pour mettre en place un nouveau contexte politique  sur la base du Communiqué de Genève, a-t-il affirmé.  Le Ministre a souligné qu’il était nécessaire de lutter contre le terrorisme qui, selon lui, dénature l’islam.  « Ceux qui commettent des crimes au nom de l’islam n’en font pas partie, a-t-il dit. »

M. Judeh a invité toutes les parties à consentir les sacrifices nécessaires pour la paix en Syrie, tout en appelant le Conseil à éliminer les obstacles qui pourraient se dresser.  Soulignant les dangers de l’absence d’une vision politique, il a exhorté la communauté internationale à intensifier ses efforts.  « Mon pays a accueilli 1 400 000 réfugiés syriens », a-t-il dit.  Cela représente cependant un fardeau considérable que la Jordanie devrait pouvoir partager avec la communauté internationale.  « Nous avons aujourd’hui une possibilité réelle d’aboutir à une solution politique qui permette à tous les Syriens de réaliser leurs aspirations à une nouvelle réalité », a assuré le Ministre, convaincu que la lutte contre le terrorisme en sera grandement facilitée.

« En Syrie, et pour la Syrie, il y a urgence », a déclaré M. LAURENT FABIUS, Ministre des affaires étrangères et du développement international de la France.  Il y a urgence à résoudre cette crise qui constitue une menace pour la paix et la sécurité internationales bien au-delà de la Syrie.  Dans ce contexte, a-t-il précisé, le texte qui vient d’être adopté est une résolution « feuille de route ».

Pour M. Fabius, la conférence, organisée récemment à Riyad, par l’Arabie saoudite a été un succès parce que l’opposition syrienne a su répondre en s’unissant.  « Nous avons là un interlocuteur, il se réfère au Communiqué de Genève du 30 juin 2012, et il ne nous appartient pas de nous substituer à ce choix », a-t-il dit.  À ce stade, toutefois, il a constaté que le régime syrien n’avait encore montré aucune volonté d’entrer dans une négociation sérieuse sur la base des termes définis.

« Tant que persiste la gouvernance actuelle de Bachar Al-Assad, une réconciliation véritable entre la population et l’État syrien est exclue », a insisté le Ministre, en parlant d’une « réalité politique incontournable ».  Il a estimé que la responsabilité du Conseil consistait à rechercher sans délai, en mettant de côté les divergences, à préciser la séquence politique et les modalités d’un cessez-le-feu national, viable et vérifiable.

Pour la France, les discussions intersyriennes ne pourront aboutir que si le cadre politique crédible défini par les Communiqués de Genève et de Vienne est effectivement construit.  Il repose sur plusieurs principes: la mise en place d’une transition effective; une réforme des institutions; des garanties sur le départ de Bachar Al-Assad « qui s’impose pour des raisons non seulement morales, mais d’efficacité ».

Afin que le cessez-le–feu puisse se maintenir dans la durée, M. Fabius a vu au moins trois conditions.  D’abord, le cessez-le-feu doit accompagner la transition et non la précéder.  Ensuite, il faut le préparer par des mesures humanitaires immédiates destinées à soulager les populations et à crédibiliser le processus politique.  Enfin, la surveillance du cessez-le-feu sera « une tâche ardue mais nécessaire ».

M. WANG YI, Ministre des affaires étrangères de la Chine, s’est félicité de l’adoption par le Conseil de la résolution, en soulignant que le consensus devrait maintenant se traduire en actes.  La communauté internationale doit donc faciliter le règlement politique de la crise en mettant le processus politique sur la bonne voie.  « Il n’y aura pas de solution militaire à ce conflit », a-t-il assuré.  Le Chef de la diplomatie chinoise a estimé que les pays ayant une influence sur les parties au conflit doivent convaincre celles-ci de conclure un cessez-le-feu.  Mais la transition doit être mise au point par les Syriens eux-mêmes, a fait remarquer M. Wang, avant de rappeler que les États Membres de l’ONU ont pour tâche de créer les conditions propices à une telle transition.  Depuis le début de la crise, la Chine s’est toujours refusée à des « objectifs égoïstes », en s’efforçant de faire respecter les intérêts fondamentaux des Syriens et des pays la région, dans le respect des dispositions de la Charte des Nations Unies.

M. PHILIP HAMMOND, Secrétaire d’État pour les affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni, a affirmé qu’il était encore trop tôt pour prédire la fin de la guerre en Syrie.  Il a déploré le manque d’unité du Conseil sur le dossier syrien par le passé, malgré quelques résolutions utiles insuffisamment appliquées.  « Nous avons tous échoué en Syrie », a-t-il dit, en faisant remarquer que les plus grands perdants étaient les Syriens.  Il a rappelé le but poursuivi par les membres du Groupe international d’appui pour la Syrie de s’accorder sur un règlement politique et de vaincre le terrorisme.  Il a souligné la gravité de la situation humanitaire en Syrie, avant de déplorer que les bombardements continuent de semer la terreur.  « Si Daech est une menace, c’est Bachar Al-Assad qui porte la responsabilité des souffrances en Syrie », a-t-il dit.  M. Hammond a indiqué que les participants des réunions qui se sont tenues à Ryad avaient réaffirmé l’importance du Communiqué de Genève, avec une mise à l’écart de Bachar Al-Assad, en vue de l’avènement d’une Syrie pluraliste.  Le Groupe international d’appui pour la Syrie peut aider ce Conseil à définir qui sont les groupes terroristes, a-t-il dit, en reconnaissant qu’il faudrait du temps pour identifier les groupes qui pourront s’engager dans un processus politique.  M. Hammond a ensuite souligné la nécessité absolue de parvenir à un cessez-le-feu sous l’égide de l’ONU.

Les parties doivent pouvoir avoir confiance dans les résultats qui seront obtenus, sinon le cessez-le-feu échouera, a-t-il prévenu.  Il a ainsi appelé toutes les parties à prendre des mesures de confiance en vue de mettre en place le cessez-le-feu.  Les attaques contre les civils doivent cesser, a-t-il dit, avant de plaider pour un acheminement sans entrave de l’aide humanitaire.  Les Syriens doivent pouvoir constater des changements concrets dans leur vie afin que le processus politique ait une chance, a affirmé le Secrétaire d’État pour les affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni.

La résolution d’aujourd’hui réaffirme l’importance du Communiqué de Genève et l’instauration d’un nouvel organe de transition représentant tous les Syriens. « Cela implique le départ d’Al-Assad pour des raison morales mais aussi pratiques », a-t-il dit, en précisant qu’avec l’actuel Président syrien, la réconciliation sera impossible.  Il est crucial, a-t-il souligné, de mettre un terme à la guerre civile pour vaincre les groupes terroristes.  Ces derniers ne doivent pas bénéficier du cessez-le-feu, a-t-il dit.  L’une des tâches de l’organe de transition précité, a-t-il précisé, sera de lutter contre les groupes terroristes.

« Il est également essentiel que les pays qui prétendent combattre Daech le fassent réellement et ne frappent pas les groupes de l’opposition modérée », a-t-il averti.  L’affaiblissement de ces groupes à la suite des récents bombardements a renforcé l’emprise de Daech, ce qui va à l’encontre de nos objectifs, a-t-il fait observer.  Enfin, M. Hammond a souligné la nécessité d’œuvrer à la reconstruction du pays.  Le Royaume-Uni, qui a promis 1,5 milliard de dollars, va bientôt accueillir une conférence à ce sujet, a-t-il annoncé.

Estimant que le chemin à parcourir était encore long, le Secrétaire d’État pour les affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni a affirmé que l’ONU aura besoin du Groupe international d’appui pour la Syrie et appelé les dirigeants syriens de toutes confessions à prendre les décisions qui s’imposent pour le bien de leur peuple.

M. MANUEL DOMINGOS AUGUSTO, Secrétaire d’État aux affaires extérieures de l’Angola, a encouragé toutes les parties concernées à respecter les dispositions de cette résolution, dans le respect de la Charte des Nations Unies.  Sa délégation, a-t-il dit, a souvent exprimé sa « déception » devant le « manque de volonté politique » pour parvenir à une solution politique au conflit syrien, qui a déjà fait tant de victimes innocentes.  Les attaques terroristes récentes perpétrées à Paris, Bamako et ailleurs, a relevé le Secrétaire d’État, ont changé la donne, en faisant comprendre à la communauté internationale dans son ensemble les conséquences que peuvent avoir le conflit syrien.  Se félicitant ensuite des résultats engrangés à Vienne pour promouvoir un processus politique, le représentant a salué la proposition de l’Envoyé spécial, M. Staffan de Mistura, de débuter des pourparlers de paix en janvier 2016.  « Une des questions les plus urgentes est de mettre maintenant un terme à la violence », a souligné l’Angola, pour qui il faut également répondre à la catastrophe humanitaire et créer les conditions nécessaires au retour des réfugiés et des personnes déplacées.  Le Secrétaire d’État a réitéré, en conclusion, le soutien de son pays au Communiqué de Genève du 30 juin 2012, avant de rappeler que plus la communauté internationale est divisée, plus les terroristes en tirent parti pour renforcer leur emprise sur les populations de la région.

M. IGNACIO YBÁÑEZ, Ministre adjoint des affaires étrangères de l’Espagne, a estimé que l’adoption à l’unanimité de la résolution 2254 (2015) représentait une opportunité pour aborder par le dialogue la crise syrienne.  Malheureusement, ce texte arrive trop tard pour les 250 000 Syriens qui ont perdu la vie au cours des cinq dernières années, a-t-il regretté.  La guerre en Syrie a déclenché l’escalade de Daech qui menace aujourd’hui la communauté internationale.  Pour le Ministre  adjoint des affaires étrangères, un cessez-le-feu en Syrie doit permettre de se concentrer sur la solution politique au conflit, tout en poursuivant la lutte contre le terrorisme.

Au cours des prochains mois, a annoncé le représentant, l’Espagne continuera de participer activement à la coalition contre Daech, dans différents domaines, y compris la formation de Forces de sécurité iraquiennes.  Une fois encore, il a salué la résolution 2254 (2015) qui affirme le rôle central de l’ONU et du Conseil de sécurité, celui-ci ne pouvant pas « rester les bras croisés face à un conflit de cette ampleur ».  Il a notamment appuyé les efforts de l’Envoyé spécial du Secrétaire général, M. Staffan de Mistura.  L’Espagne, a-t-il dit, souhaite la mise en œuvre rapide de mesures de confiance et la cessation immédiate des attaques indiscriminées contre la population civile et, en particulier, l’emploi de barils d’explosifs.

En conclusion, le Ministre adjoint des affaires étrangères a compté sur l’appui de tous les membres du Conseil pour adopter le projet de résolution sur l’aide humanitaire en Syrie que l’Espagne, en coopération avec la Jordanie et la Nouvelle-Zélande, présentera au Conseil de sécurité la semaine prochaine.    

M. ANDRIUS KRIVAS, Ministre des affaires étrangères de la Lituanie, a salué une étape importante réalisée avec l’adoption de la résolution pour résoudre un des conflits les plus brutaux de ce siècle.  Jusqu’à ce jour, la population continue de souffrir des atrocités commises par des groupes terroristes comme « Daech » mais aussi par le régime de Bachar Al-Assad qui s’est livré à de nombreux crimes contre son propre peuple.  Comme Bachar Al-Assad fait partie du problème, il ne saurait représenter la solution, a estimé le Ministre.  Ceux qui ont commis des atrocités, des abus et des violations graves des droits de l’homme et des crimes contre l’humanité devraient être traduits en justice.  Le Ministre a réclamé une cessation immédiate des hostilités en Syrie car, a-t-il insisté, il est urgent de mettre fin à ce conflit sanglant.  C’est, a-t-il dit, une obligation morale.

À ce stade, cette étape politique est fragile et encore réversible: une réelle avancée exige un engagement à long terme, du courage et la volonté de toutes les parties au conflit de parvenir à un compromis.  Après tant d’années, il n’y aura pas de vainqueur mais il y a beaucoup à gagner en mettant fin immédiatement aux effusions de sang et en préservant l’intégrité et la souveraineté de l’État syrien, a poursuivi le Ministre en se félicitant de la récente rencontre avec des représentants de l’opposition à Riyad, en Arabie saoudite.  Les Syriens vont avoir besoin de nous, a-t-il lancé aux autres membres du Conseil.  Il faudrait poursuivre le processus de paix et chercher une solution en mettant de côté les vues et intérêts de chacun.  Il a également demandé d’adopter une stratégie globale pour la transition qui tienne compte du retour volontaire et sûr des personnes déplacées dans leur foyer.

Même avec une transition politique engagée, Daech constituera toujours une menace à la paix et la sécurité dans la région et au-delà, a prévenu le Ministre.  C’est pourquoi, en marge des combats, il faudrait se livrer à une bataille difficile contre une « idéologie empoisonnée ».  Ce combat doit être mené par les musulmans eux-mêmes qui en sont, a-t-il rappelé, les premières victimes.  Pour éviter de nouvelles fragmentations de la population ou créer de nouvelles zones de conflits, il est indispensable que le peuple syrien, en particulier les femmes, prenne en main l’avenir du pays.

Mme SITI HAJJAR ADNIN (Malaisie) a déclaré que le conflit syrien continuait d’être caractérisé par des violations flagrantes des droits de l’homme et du droit international humanitaire, perpétrées de part et d’autre.  Après avoir condamné les « terroristes », la représentante a réitéré la condamnation, par son gouvernement, de l’utilisation de barils d’explosifs, en souhaitant que les responsables soient amenés à rendre compte de leurs actes.  La Malaisie s’est également déclarée préoccupée par les difficultés rencontrées dans l’acheminement de l’aide humanitaire auprès des populations syriennes en détresse.  Évoquant ensuite le processus politique, Mme Adnin a indiqué qu’« aucun effort de persuasion, aucune pression » ne serait couronné de succès sans le consentement du peuple syrien.  Assurant qu’il n’y avait pas de solution militaire au conflit, elle a demandé au Secrétaire général et à son Envoyé spécial de n’épargner aucun effort pour convenir de la tenue de pourparlers début janvier et souhaité que soit pleinement mise en œuvre la résolution 2254 (2015).

Mme JOY OGWU (Nigéria) a estimé que la communauté internationale n’avait pas d’autre choix que de vaincre le terrorisme.  Les parties syriennes doivent accepter sans délai un cessez-le-feu, a-t-elle dit, en précisant que ce cessez-le-feu était un premier pas sur la voie d’un règlement politique du conflit.  La représentante a souligné le rôle crucial joué par le Groupe international d’appui pour la Syrie en vue d’un règlement politique du conflit, dirigé par les Syriens eux-mêmes, sur la base du Communiqué de Genève du 30 juin 2012.  En conclusion, elle a estimé que la résolution 2254 (2015) que le Conseil de sécurité vient d’adopter était une feuille de route claire.  Avant de conclure, elle a appelé les parties belligérantes à l’appliquer.

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a indiqué que sa délégation avait voté en faveur de la résolution 2254 (2015), malgré le peu de temps dont elle a disposé pour en prendre connaissance.  « La solution au conflit armé en Syrie, qui résulte des actions criminelles de groupes terroristes, est politique, pacifique et négociée », a-t-il précisé.  Le délégué a salué la volonté politique des acteurs et les efforts déployés par l’Envoyé spécial du Secrétaire général, M. Staffan de Mistura, pour parvenir à une paix solide et durable en Syrie.

Le Venezuela, a déclaré le représentant, considère que le Gouvernement légitime du Président al-Assad est l’un des acteurs essentiels de l’équation politique pour résoudre le conflit.  « Ignorer ce fait ne peut que condamner à l’échec le processus de paix », a-t-il prévenu.  Les groupes de l’opposition doivent être bien conscients qu’ils doivent s’asseoir à la table des négociations avec les autorités syriennes dans un esprit constructif.  Rappelant que le Gouvernement syrien livrait « une lutte sans merci » contre les organisations terroristes comme l’EIIL et le Front el-Nosra, il a appelé au renforcement de la coopération internationale dans ce combat.    

M. GERARD VAN BOHEMEN (Nouvelle-Zélande) a estimé que la réponse cruelle du Président syrien, M. Bachar Al-Assad, aux protestations pacifiques, et ses violations du droit international humanitaire, avaient aggravé le terrorisme et l’extrémisme dans le pays, ouvrant ainsi la voie aux combattants terroristes étrangers.  Il a aussi relevé que le Conseil de sécurité devrait également partager la responsabilité de ce qui se passe en Syrie.  Ce qui s’y déroule souligne l’importance de prévenir les conflits, a-t-il dit, en invitant le Conseil à faire preuve d’unité sur la question.  Il a ensuite déclaré que ceux qui sont impliqués militairement en Syrie doivent comprendre qu’aucune partie ne peut gagner par les armes. 

Les belligérants de l’intérieur du pays, ainsi que les acteurs internationaux impliqués dans la crise, « doivent accepter que les solutions politiques signifient les compromis politiques », a estimé M. Van Bohemen.  « Une solution politique est nécessaire, même si elle n’est pas parfaite », a-t-il fait observer.  Le délégué a en outre plaidé pour un cessez-le-feu général.  Il a aussi souhaité que les actions militaires soient exclusivement orientées vers Daech, le Front el-Nosra, et tout autre groupe terroriste.  Par ailleurs, il a souligné que le sort du Président Bachar Al-Assad doit être décidé à travers un processus intra-syrien.  Il a aussi dit que la Nouvelle-Zélande encourageait une transition politique qui soit inclusive, représentative et qui permette de soutenir les populations du pays.  Il a, enfin, appelé le Conseil de sécurité à renouveler le mandat relatif à l’assistance humanitaire transfrontalière afin d’aider des millions de personnes qui sont dans le besoin du fait de la crise syrienne.

M. CRISTIAN BARROS MELET (Chili) a espéré que la résolution 2254 (2015) contribuera au cessez-le-feu et au lancement d’un processus de négociations formelles en vue de trouver un accord politique durable en Syrie.  Il a recommandé de surmonter, maintenant, les divergences et de trouver un terrain d’entente.  Le Chili recommande d’assurer la participation inclusive de tous les acteurs syriens disposés à trouver une solution politique.  Le Communiqué de Genève du 30 juin 2012 est clair, a rappelé M. Barros: « il doit s’agir d’un processus politique dirigé par les Syriens eux-mêmes ». 

À cet égard, toute solution politique doit préserver l’indépendance, la souveraineté nationale, l’unité et l’intégrité territoriale de la Syrie.  M. Barros Melet a été d’avis que les institutions étatiques devraient rester intactes pour éviter un effondrement qui aurait des conséquences catastrophiques pour la population civile.  S’il faut combattre de manière unie le terrorisme, a-t-il ajouté, il faut veiller à ce que le terrorisme n’arrête pas le processus politique.

M. MAHAMAT ZENE CHERIF (Tchad) a estimé qu’il était grand temps pour le Conseil de sécurité de faire le bilan de son action sur la situation en Syrie.  Malgré la présentation de plusieurs textes par le passé, force est de constater que les violences et les destructions se poursuivent, a regretté le représentant.  La communauté internationale ne doit pas, cependant, baisser les bras et faire, au contraire, « prévaloir la force de la raison plutôt que la raison de la force », a-t-il déclaré.  Seul un processus politique, a estimé M. Cherif, est à même de mettre un terme au conflit, « qui a fait 250 000 morts, dont 12 000 enfants ».  Se félicitant de la tenue à New York de la réunion du GIAS, le représentant a souhaité que la dynamique créée par les réunions de Vienne et de celle d’aujourd’hui permette de surmonter les points de divergence et de rétablir la paix en Syrie, dans le respect de l’unité, de la souveraineté et de l’indépendance du pays.  Le représentant a encouragé les parties à faire preuve de bonne foi et à s’engager dans des négociations sans conditions préalables.  La poursuite de la guerre offre un terreau fertile au terrorisme et risque de déstabiliser une région déjà secouée par plusieurs crises, « les unes aussi graves que les autres ».

M. BASHAR JA’AFARI (Syrie) a demandé que la situation dans son pays soit interprétée de façon correcte et que la lutte contre le terrorisme se fasse conformément au droit.  Le Gouvernement syrien, a-t-il assuré, est toujours prêt à considérer toute initiative ou tout désir sérieux de l’aider à surmonter la crise actuelle, à condition que les Syriens seuls fassent leur choix, sans ingérence étrangère.

Il a fait remarquer que « certains pays réaffirment la souveraineté de la Syrie au Conseil de sécurité, mais la violent sur place en appuyant des groupes terroristes, en bombardant des infrastructures ou en imposant des sanctions unilatérales au peuple syrien ».  Tous les efforts entrepris aujourd’hui doivent l’être en coopération avec le Gouvernement syrien, a-t-il insisté.

Le représentant a regretté que « les pays qui ont une influence directe sur certaines parties sapent la solution politique ».  Pour lui, le succès du processus politique dépend d’une lutte commune solidaire contre le terrorisme. Il s’est félicité de l’adoption de la résolution 2254 (2015) et salué les efforts déployés par la Russie, à cet égard, pour introduire une nouvelle dimension dans le texte.  Il a également espéré que la résolution 2253 (2015) sur le financement du terrorisme, adoptée hier, permettra de combler les lacunes existantes.  « Le rétablissement de la paix et de la sécurité en Syrie exige que nous traitions immédiatement de la menace du terrorisme », a ajouté M. Ja’afari

En outre, a-t-il déclaré, le Gouvernement syrien est prêt à mettre un terme aux combats pour rétablir la réconciliation, l’unité et la normalité, si les groupes syriens armés renoncent aux armes.  « Ils seront pardonnés », a-t-il affirmé.  Par contre, le Gouvernement syrien, a-t-il assuré, n’aura jamais de dialogue avec les groupes terroristes comme l’EIIL ou le Front el-Nosra.

En conclusion, le représentant a dénoncé « des contradictions flagrantes » dans les déclarations faites par certains intervenants.  Il a réitéré que le peuple syrien devrait décider seul de son avenir.  Des délégations s’opposent aux dispositions du texte « avant même que l’encre ne soit séché », a-t-il fait remarquer.

Texte du projet de résolution (S/2015/996)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses résolutions 2042 (2012), 2043 (2012), 2118 (2013), 2139 (2014), 2165 (2014), 2170 (2014), 2175 (2014), 2178 (2014), 2191 (2014), 2199 (2015), 2235 (2015) et 2249 (2015), et les déclarations présidentielles des 3 août 2011 (S/PRST/2011/16), 21 mars 2012 (S/PRST/2012/6), 5 avril 2012 (S/PRST/2012/10), 2 octobre 2013 (S/PRST/2013/15), 24 avril 2015 (S/PRST/2015/10) et 17 août 2015 (S/PRST/2015/15),

Réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’unité et à l’intégrité territoriale de la République arabe syrienne, et aux buts et principes de la Charte des Nations Unies,

Se déclarant extrêmement préoccupé par les souffrances que continue d’endurer le peuple syrien, la situation humanitaire terrible, qui continue de se détériorer, la poursuite d’un conflit qui demeure caractérisé par une violence brutale, les conséquences néfastes du terrorisme et l’idéologie extrémiste violente qui le nourrit, l’effet déstabilisateur que la crise exerce sur la région et au-delà, y compris l’augmentation du nombre de terroristes que les combats attirent en Syrie, les dégâts matériels que subit le pays et la montée du sectarisme, et soulignant que cette situation continuera de s’aggraver en l’absence de règlement politique,

Rappelant qu’il a exigé que toutes les parties prennent toutes les mesures nécessaires pour protéger les civils, notamment les membres des communautés ethniques et des groupes religieux et confessionnels, et souligne, à cet égard, que la responsabilité de protéger la population incombe au premier chef aux autorités syriennes;

Réaffirmant que le seul moyen de régler durablement la crise syrienne est un processus politique ouvert, conduit par les Syriens, répondant aux aspirations légitimes du peuple syrien et mené dans la perspective de l’application intégrale des dispositions du Communiqué de Genève du 30 juin 2012, approuvé dans la résolution 2118 (2013), notamment la mise en place d’une autorité de transition dotée des pleins pouvoirs exécutifs, formée sur la base du consentement mutuel et dans des conditions propres à assurer la continuité des institutions de l’État,

Appuyant, à cet égard, les initiatives diplomatiques qu’entreprend le Groupe international d’appui pour la Syrie (GIAS) pour aider à mettre un terme au conflit syrien,

Se félicitant que le GIAS soit déterminé, comme il est indiqué dans la Déclaration conjointe sur l’issue des pourparlers multilatéraux sur la Syrie qui se sont tenus à Vienne le 30 octobre 2015 et dans la Déclaration du GIAS en date du 14 novembre 2015 (ci-après « les Déclarations de Vienne »), à assurer une transition politique conduite par les Syriens et prise en main par eux, fondée sur l’ensemble des dispositions du Communiqué de Genève, et soulignant que toutes les parties syriennes doivent d’urgence s’employer diligemment, dans un esprit constructif, à atteindre cet objectif,

Exhortant toutes les parties au processus politique mené sous les auspices de l’Organisation des Nations Unies à se conformer aux principes définis par le GIAS, notamment le respect de l’unité, de l’indépendance, de l’intégrité territoriale et du caractère non sectaire de la Syrie et la nécessité d’assurer la continuité des institutions de l’État, de protéger les droits de tous les Syriens, indépendamment de leur appartenance ethnique ou religieuse, et de garantir l’accès humanitaire dans tout le pays,

Souhaitant la participation effective des femmes au processus politique mené pour la Syrie sous les auspices de l’Organisation des Nations Unies,

Ayant à l’esprit l’objectif consistant à réunir l’éventail le plus large possible d’éléments de l’opposition, choisis par les Syriens, afin qu’ils décident de ceux qui les représenteront dans les négociations et définissent leurs positions de sorte que le processus politique puisse commencer, prenant note des réunions qui se sont tenues à Moscou et au Caire et des autres initiatives allant dans le même sens, et notant en particulier l’utilité de la réunion qui s’est tenue à Riyad du 9 au 11 décembre 2015, dont l’issue a contribué à la préparation des négociations sur un règlement politique du conflit devant se tenir sous les auspices de l’ONU, conformément au Communiqué de Genève et aux Déclarations de Vienne, et attendant avec intérêt que l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie mène à bonne fin les démarches nécessaires à cette fin,

      1. Confirme à nouveau qu’il souscrit au Communiqué de Genève du 30 juin 2012, avalise les Déclarations de Vienne, ayant pour objet l’application intégrale du Communiqué de Genève, fondement d’une transition politique conduite et prise en main par les Syriens et visant à mettre fin au conflit syrien, et souligne que c’est au peuple syrien qu’il appartient de décider de l’avenir de la Syrie;

      2. Prie le Secrétaire général de réunir, en usant de ses bons offices ou de ceux de son Envoyé spécial pour la Syrie, les représentants du Gouvernement syrien et de l’opposition pour qu’ils engagent d’urgence des négociations officielles sur un processus de transition politique, en visant le début du mois de janvier 2016 pour le début des pourparlers, conformément au Communiqué de Genève et comme indiqué dans la Déclaration du Groupe international d’appui pour la Syrie du 14 novembre 2015, en vue d’un règlement politique durable de la crise;

      3. Confirme le rôle qui revient au GIAS, principal mécanisme de facilitation des initiatives de l’ONU visant à parvenir à un règlement politique durable en Syrie;

      4. Appuie, à cet égard, un processus politique dirigé par les Syriens et facilité par l’Organisation des Nations Unies, qui mette en place, dans les six mois, une gouvernance crédible, inclusive et non sectaire, et arrête un calendrier et des modalités pour l’élaboration d’une nouvelle constitution, et se dit favorable à la tenue, dans les 18 mois, d’élections libres et régulières, conformément à la nouvelle constitution, qui seraient conduites sous la supervision de l’ONU, à la satisfaction de la gouvernance et conformément aux normes internationales les plus élevées en matière de transparence et de responsabilité, et auxquelles pourraient participer tous les Syriens, y compris de la diaspora, qui en ont le droit, comme prévu dans la Déclaration du Groupe international d’appui pour la Syrie du 14 novembre 2015;

      5. Est conscient du lien étroit existant entre un cessez-le-feu et un processus politique mené en parallèle, conformément au Communiqué de Genève de 2012, considère que les deux initiatives doivent avancer rapidement et, à cet égard, se dit favorable à un cessez-le-feu s’étendant à tout le territoire syrien, auquel le Groupe international d’appui pour la Syrie est convenu d’apporter son soutien et dont il s’est engagé à faciliter l’application, qui prenne effet aussitôt que les représentants du Gouvernement syrien et de l’opposition auront pris les premières mesures sur la voie d’une transition politique sous les auspices de l’ONU, sur la base du Communiqué de Genève, comme indiqué dans la Déclaration du 14 novembre 2015, et les engage à le faire d’urgence.

      6. Prie le Secrétaire général de prendre la direction, par l’intermédiaire du bureau de son Envoyé spécial et en consultation avec les parties intéressées, des efforts visant à arrêter les modalités et les conditions d’un cessez-le-feu, ainsi que de continuer à planifier l’appui à l’application du cessez-le-feu, et exhorte les États Membres, en particulier les membres du Groupe international d’appui pour la Syrie, à soutenir et à accélérer tous les efforts visant à parvenir à un cessez-le-feu, notamment en pressant toutes les parties intéressées de conclure un tel cessez-le-feu et de le respecter;

      7. Souligne qu’il faudra surveiller et vérifier le cessez-le-feu et mettre en place un mécanisme de communication des informations, prie le Secrétaire général de lui indiquer, au plus vite et au plus tard un mois après l’adoption de la présente résolution, les options possibles pour un tel mécanisme, et encourage les États Membres, notamment les membres du Conseil de sécurité, à apporter leur appui, en particulier sous forme d’expertise et en nature, à un tel mécanisme.

      8. Demande aux États Membres, comme il l’a déjà fait dans sa résolution 2249 (2015), de prévenir et de réprimer les actes de terrorisme commis en particulier par l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL, également connu sous le nom de Daech), ainsi que par le Front el-Nosra et tous les autres individus, groupes, entreprises et entités associés à Al-Qaida ou à l’EIIL, ainsi que les autres groupes terroristes qu’il a désignés comme tels ou qui pourraient par la suite être considérés comme tels par le Groupe international d’appui pour la Syrie et qualifiés comme tels par lui, conformément à la Déclaration du Groupe en date du 14 novembre 2015, et d’éliminer le sanctuaire qu’ils ont créé sur une grande partie des territoires de la Syrie, et note que le cessez-le-feu susmentionné ne s’appliquera pas aux actions offensives ou défensives dirigées contre ces individus, groupes, entreprises et entités, comme l’indique la Déclaration du Groupe en date du 14 novembre 2015;

      9. Se félicite de l’action que le Gouvernement jordanien a menée pour aider à définir une position commune au sein du Groupe international d’appui pour la Syrie au sujet des personnes et des groupes susceptibles d’être qualifiés de terroristes et examinera sans tarder la recommandation formulée par le Groupe aux fins de la détermination des groupes terroristes;

      10.  Souligne qu’il faut que toutes les parties en Syrie prennent des mesures de confiance pour contribuer à assurer la viabilité d’un processus politique et d’un cessez-le-feu durable, et demande à tous les États d’user de leur influence auprès du Gouvernement et de l’opposition syriens afin de promouvoir le processus de paix, les mesures de confiance et les démarches en faveur d’un cessez-le-feu;

      11.  Prie le Secrétaire général de lui faire rapport dès que possible, mais au plus tard un mois après l’adoption de la présente résolution, sur de nouvelles mesures de confiance envisageables;

      12.  Demande aux parties d’autoriser immédiatement les organismes humanitaires à accéder rapidement, en toute sécurité et sans entrave, dans l’ensemble de la Syrie, et par les voies les plus directes, à toutes les personnes dans le besoin, en particulier dans toutes les zones assiégées et difficiles d’accès, de libérer toute personne détenue arbitrairement, en particulier les femmes et les enfants, engage les États membres du Groupe international d’appui pour la Syrie à faire immédiatement usage de leur influence à ces fins, et exige l’application intégrale des résolutions 2139 (2014), 2165 (2014), 2191 (2014) et de toutes autres résolutions pertinentes;

      13.  Exige de toutes les parties qu’elles mettent immédiatement fin à toutes attaques contre les populations ou les biens civils, y compris celles dirigées contre les installations et le personnel médicaux, ainsi qu’à l’emploi aveugle d’armes, tels que les tirs d’obus et les bombardements aériens, se félicite que le Groupe international d’appui pour la Syrie se soit engagé à faire pression sur les parties à cet égard, et exige en outre de toutes les parties qu’elles s’acquittent immédiatement des obligations que leur impose le droit international, y compris le droit international humanitaire et le droit des droits de l’homme applicables;

      14.  Souligne qu’il importe au plus haut point de créer des conditions permettant aux réfugiés et aux personnes déplacées de retourner de leur plein gré et en toute sécurité dans leur région d’origine et aux régions touchées de se relever, conformément au droit international, notamment aux dispositions de la Convention et du Protocole relatifs au statut des réfugiés, et en tenant compte des intérêts des pays qui accueillent des réfugiés, exhorte les États Membres à prêter leur concours à cette fin, attend avec intérêt la Conférence de Londres sur la Syrie, qui sera organisée en février 2016 par le Royaume-Uni, l’Allemagne, le Koweït, la Norvège et l’Organisation des Nations Unies et qui devrait apporter une contribution importante dans ce contexte, et exprime également son soutien au relèvement et à la reconstruction de la Syrie après le conflit;

      15.  Prie le Secrétaire général de lui faire rapport dans un délai de 60 jours sur l’application de la présente résolution, notamment sur la progression du processus politique facilité par l’ONU;

      16.  Décide de rester activement saisi de la question.

 

 

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