Le Conseil de sécurité demande aux États Membres de se mobiliser contre la traite des êtres humains, exacerbée par la multiplication des conflits
À l’initiative des États-Unis, qui assurent la présidence mensuelle de ses travaux, le Conseil de sécurité a mobilisé, cet après-midi, la communauté internationale contre la traite des êtres humains. C’est la toute première fois de son histoire que le Conseil consacre une réunion à cette question, examinée en présence du Vice-Secrétaire général de l’ONU, M. Jan Eliasson, mais aussi d’une victime de Daech.
« L’État islamique nous a demandé de choisir entre la conversion à l’islam et la mort », a résumé Nadia Murad Basee Taha, en expliquant avoir été réduite en « esclavage » par le groupe terroriste, qui retient toujours captifs en Iraq 3 400 femmes et enfants de sa communauté, les Yazidis.
« Daech a fait de la femme yazidie une ‘chair à traite’ », a-t-elle fustigé, en demandant au Conseil de sécurité de saisir la Cour pénale internationale (CPI) de ce qu’elle a qualifié de « génocide ». Ses accusations ont été corroborées par le Directeur de l’organisation Freedom Fund, M. Nick Grono, et par le Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), M. Yury Fedotov, tous deux soulignant les liens étroits entre expansion des théâtres de conflits et traite des êtres humains.
Le témoignage de la jeune survivante a été accueilli par une ovation du Conseil de sécurité, qui a ensuite adopté une déclaration présidentielle, lue par l’Ambassadeur Samantha Power, des États-Unis. Le Conseil y demande aux États Membres de mieux s’acquitter des obligations qui leur incombent pour « incriminer, prévenir et combattre de toute autre manière la traite des êtres humains » et de redoubler d’efforts pour la détecter et la désorganiser.
Les États Membres qui ne l’ont pas encore fait sont invités par le Conseil à ratifier la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée –plus connue sous le nom de Convention de Palerme– et son Protocole additionnel visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, ou d’y adhérer. L’ONUDC pourrait, selon cette déclaration, prêter son assistance technique à la mise en œuvre des mesures prévues par ces deux traités.
C’est déjà le cas pour une soixantaine de pays, a précisé M. Fedotov, qui a fait notamment valoir le plan élaboré de l’Office qu’il dirige pour assister les États Membres face à l’afflux de migrants traversant la mer Méditerranée. Son objectif? Renforcer la protection des victimes de la traite et contribuer à la lutte contre les flux financiers illégaux dont bénéficient les groupes criminels.
Outre la Convention de Palerme et son Protocole additionnel, le Vice-Secrétaire général a rappelé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030, adopté en septembre dernier par l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies, prévoit des actions contre la traite au titre de ses objectifs 5, 8 et 16.
La déclaration du Conseil encourage par ailleurs les États Membres à réduire le risque de voir leurs « marchés publics et leurs chaînes d’approvisionnement » contribuer à la traite des êtres humains en temps de conflit armé. Le Directeur de Freedom Fund a ainsi salué les mesures prises par le Conseil pour empêcher l’entrée, dans ces chaînes d’approvisionnement, des ressources pillées dans le cadre des conflits en République démocratique du Congo (RDC), en Érythrée et en Somalie.
Par sa déclaration présidentielle, le Conseil recommande enfin de mettre en place des « mécanismes solides d’identification des victimes », auxquelles des services de protection et d’aide doivent être fournis, notamment en temps de conflit.
Daech n’a pas été le seul groupe terroriste ou armé à être dénoncé aujourd’hui. Les crimes commis par l’Armée de résistance du Seigneur et par Boko Haram sont également mentionnés dans cette déclaration présidentielle, qui invoque les résolutions 2195 (2014) et 2242 (2015) du Conseil de sécurité.
Dans le premier de ces deux textes, le Conseil constatait « avec inquiétude » les profits tirés, dans certaines régions, de la traite des êtres humains et, dans le second, les actes de violence sexuelle et sexiste qui s’inscrivent parmi les « objectifs stratégiques et dans l’idéologie » de certains groupes terroristes.
Demain après-midi, a annoncé la représentante des États-Unis, le Conseil de sécurité tiendra une réunion ministérielle, particulièrement axée sur les moyens visant à tarir ses sources de financement, et au cours de laquelle il adoptera un projet de résolution destiné à mettre à jour le régime de sanctions applicable à ce groupe terroriste.
MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES
Traite des personnes dans les situations de conflit
Déclaration présidentielle
Le Conseil de sécurité rappelle que la Charte des Nations Unies lui confère la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales.
Le Conseil rappelle la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et le Protocole additionnel visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants, qui contient la première définition arrêtée sur le plan international de l’acte criminel que constitue la traite d’êtres humains et prévoit un cadre permettant de la prévenir et de la combattre efficacement.
Le Conseil condamne dans les termes les plus énergiques les cas de traite d’êtres humains signalés dans les zones touchées par un conflit armé. Il note également que la traite d’êtres humains nuit à l’état de droit et favorise d’autres formes de criminalité transnationale organisée, ce qui peut exacerber les conflits et alimenter l’insécurité.
Le Conseil déplore tous les actes de traite des personnes auxquels se livre l’« État islamique d’Iraq et du Levant » (EIIL), également appelé Daech, notamment à l’encontre des Yézidis, ainsi que toutes ses violations du droit international humanitaire et atteintes aux droits de l’homme, déplore également tous les actes de traite d’êtres humains et toutes les violations et atteintes auxquelles se livrent l’Armée de résistance du Seigneur et d’autres groupes terroristes ou armés, dont Boko Haram, à des fins d’esclavage sexuel, d’exploitation sexuelle et de travail forcé pouvant contribuer à leur financement et à leur subsistance, et souligne que certains actes liés à la traite d’êtres humains en temps de conflit armé peuvent constituer des crimes de guerre.
Le Conseil réaffirme qu’il importe au plus haut point que tous les États Membres appliquent intégralement les résolutions pertinentes concernant l’EIIL, notamment les résolutions 2161 (2014), 2170 (2014), 2178 (2014), 2199 (2015) et 2249 (2015). Il réaffirme également qu’il importe au plus haut point que tous les États Membres appliquent intégralement ses résolutions pertinentes, notamment sa résolution 2195 (2014), dans laquelle il constate avec inquiétude que, dans certaines régions, des terroristes tirent profit de la criminalité transnationale organisée, notamment la traite d’êtres humains, ainsi que sa résolution 2242 (2015), dans laquelle il constate avec préoccupation que les actes de violence sexuelle et sexiste s’inscrivent notoirement parmi les objectifs stratégiques et dans l’idéologie de certains groupes terroristes.
Le Conseil demande aux États Membres de renforcer leur engagement politique et de mieux s’acquitter des obligations qui leur incombent d’incriminer, de prévenir et de combattre de toute autre manière la traite d’êtres humains, et de redoubler d’efforts pour détecter et désorganiser la traite, notamment en mettant en place des mécanismes solides d’identification des victimes et en donnant aux victimes identifiées accès à des services de protection et d’aide, en particulier en temps de conflit. Il souligne à cet égard l’importance de la coopération internationale des forces de l’ordre, notamment en ce qui concerne les enquêtes et les poursuites relatives aux cas de traite, et, à cet égard, demande à l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) de continuer d’apporter son appui en fournissant une assistance technique à la demande.
Le Conseil demande aux États Membres d’envisager de ratifier la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et le Protocole additionnel visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants, ou d’y adhérer. Il demande également aux États parties à la Convention et au Protocole de redoubler d’efforts pour les appliquer efficacement.
Le Conseil prend note des recommandations formulées par le Groupe de travail sur la traite des personnes, créé par la Conférence des Parties à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, depuis le début de ses travaux, et demande aux États Membres de redoubler d’efforts pour créer les conditions politiques, économiques et sociales permettant de mettre fin à ce crime.
Le Conseil de sécurité note les effets particuliers que la traite d’êtres humains en situation de conflit armé a sur les femmes et les enfants, les rendant notamment plus vulnérables encore à la violence sexuelle et sexiste. Il entend continuer d’examiner ces effets, notamment, selon qu’il conviendra, au sein du Groupe de travail sur le sort des enfants en temps de conflit armé, dans les limites de son mandat, et dans le cadre des travaux qu’il mène pour prévenir et combattre la violence sexuelle en temps de conflit.
Le Conseil exprime sa solidarité et sa compassion envers les victimes de la traite, notamment en cas de conflit armé, partout dans le monde, et souligne que les États Membres et le système des Nations Unies doivent identifier préventivement les victimes de la traite parmi les populations vulnérables, notamment les réfugiés et les déplacés, répondre à l’ensemble de leurs besoins, notamment en cherchant activement à les identifier et, le cas échéant, en leur fournissant une aide médicale et un accompagnement psychosocial ou en leur y donnant accès, dans le cadre des activités de maintien et de consolidation de la paix, et veiller à ce que les victimes de la traite soient traitées comme victimes de la criminalité et conformément à la législation nationale et ne soient pas sanctionnées ni stigmatisées pour avoir participé à des activités illégales sous la contrainte.
Le Conseil engage les États Membres à faire répondre de leurs actes ceux qui se livrent à la traite d’êtres humains en situation de conflit armé, en particulier leurs agents et fonctionnaires, ainsi que tous fournisseurs et leurs sous-traitants, et exhorte les États Membres à prendre toutes les mesures voulues pour réduire le risque que leurs marchés publics et leurs chaînes d’approvisionnement puissent contribuer à la traite d’êtres humains en temps de conflit armé.
Le Conseil se félicite de l’action menée actuellement dans le cadre des missions de maintien de la paix des Nations Unies pour lutter contre l’exploitation et les atteintes sexuelles, et prie le Secrétaire général de prendre des mesures supplémentaires pour empêcher que la traite d’êtres humains ne se produise dans les opérations de maintien de la paix et réagir avec la plus grande fermeté aux cas signalés, de sorte que toute personne se livrant à l’exploitation ait à répondre de ses actes.
Le Conseil prie le Secrétaire général de prendre toutes les mesures requises pour réduire autant que possible le risque que les passations de marchés et les chaînes d’approvisionnement de l’Organisation puissent contribuer à la traite d’êtres humains en temps de conflit armé.
Le Conseil engage instamment les organismes des Nations Unies présents dans des pays en conflit ou qui sortent d’un conflit à renforcer leurs capacités techniques d’évaluer le risque que le conflit donne lieu à des cas de traite d’êtres humains, d’identifier préventivement les victimes et de donner aux victimes identifiées l’accès aux services dont elles ont besoin.
Le Conseil exprime son intention de rester saisi de la question de la traite des personnes.
Le Conseil prie le Secrétaire général de lui rendre compte des progrès qui auront été accomplis dans les douze prochains mois concernant l’amélioration des mécanismes de lutte contre la traite d’êtres humains et l’application des mesures énoncées dans la présente déclaration.
Déclarations
M. JAN ELIASSON, Vice-Secrétaire général de l’ONU, a déclaré que la traite humaine est l’esclavage des temps modernes et que des millions de personnes en sont les victimes à travers le monde. Il s’est déclaré encouragé de constater que les États Membres s’étaient engagés, dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, à entreprendre des actions contre la traite, comme le stipulent ses objectifs 5, 8 et 16. Le Vice-Secrétaire général a ensuite attiré l’attention sur le sort des personnes déplacées, qui sont plus nombreuses aujourd’hui qu’à n’importe quelle époque depuis la Seconde Guerre mondiale. « Ces individus –femmes, filles et garçons- sont exposés à de très nombreuses violations, dont la traite n’est pas la moindre », a-t-il fait observer. « Ils sont vendus et échangés à des fins d’esclavage, de prostitution, d’adoption illégale, de travaux forcés, de criminalité et pour l’enrôlement dans les groupes armés », a poursuivi le Vice-Secrétaire général, qui a incriminé des groupes tels que l’Armée de résistance du Seigneur, Daech et Boko Haram.
Face à l’ampleur du phénomène, M. Eliasson a exhorté les États Membres à ratifier et pleinement mettre en œuvre la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et son Protocole additionnel, ce dernier instrument étant sur le point de devenir universel avec 169 États parties. Plus généralement, il les a encouragés à devenir parties à l’ensemble des traités internationaux pertinents et à mettre en œuvre le Plan global d’action des Nations Unies contre la traite. Le Vice-Secrétaire général a par ailleurs indiqué que des témoignages terrifiants de membres de la communauté yazidie avaient été recueillis, le mois dernier, par le Conseiller spécial du Secrétaire général pour la prévention du génocide, M. Adama Dieng, témoignages qui font état d’actes de traite par Daech dans le camp de personnes déplacées situé près de Dohuk, dans le nord de l’Iraq. « De tels trafiquants n’ont pas de place dans le monde que nous voulons bâtir. Veillons à ce qu’ils n’aient ni place, ni possibilité de se livrer à leurs activités », a ajouté le Vice-Secrétaire général avant de conclure.
M. YURY FEDOTOV, Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), a expliqué, par visioconférence depuis Vienne, que depuis 2011, des victimes syriennes de la traite d’êtres humains avaient été recensées dans une dizaine de pays, en Europe, en Asie et au Moyen-Orient. Des victimes en provenance d’Iraq ont également été recensées aux quatre coins du monde depuis l’émergence de Daech dans le nord de l’Iraq, a-t-il dit, ajoutant que des victimes provenant de la corne de l’Afrique avaient été signalées en Europe. M. Fedotov a rappelé que des groupes extrémistes comme Boko Haram et Daech se livraient à la traite d’êtres humains dans les pays où ils opèrent.
Le Directeur exécutif a affirmé que la communauté internationale possédait les cadres pour une réponse commune au défi de la traite des êtres humains, citant tout d’abord la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et son Protocole additionnel historique qui vise à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants. Entré en vigueur en 2003, ce Protocole a été le premier instrument international appelant à qualifier tous les actes de traite des êtres humains d’infractions pénales, a-t-il dit. M. Fedotov a également noté que ce Protocole avait ouvert la voie à d’autres pas importants, tels que l’adoption en 2010 par l’Assemblée générale d’un Plan d’action qui fait mandat à l’UNODC de conduire des recherches sur la traite et établit un fonds d’affectation spéciale pour venir en aide aux victimes.
S’il s’est félicité que la plupart des États sont parties à la Convention et ont adopté des lois dans le domaine de la traite des êtres humains, M. Fedotov a déploré que ces normes ne soient que partiellement appliquées. À ce jour, 41% d’entre eux n’ont signalé aucune ou moins de 10 condamnations pour ce chef d’inculpation, a-t-il précisé. Le Directeur exécutif a plaidé pour une coopération renforcée entre pays d’origine, de transit et de destination contre la traite, en assurant que l’ONUDC avait prêté main forte à plus de 60 pays ces deux dernières années. L’ONUDC a également élaboré un plan pour assister les États Membres à mieux répondre à l’afflux de migrants traversant la mer Méditerranée, dont l’objectif vise à renforcer la protection des victimes de la traite et à contribuer à la lutte contre les flux financiers illégaux dont bénéficient les groupes criminels. Il a également souligné l’apport du Groupe de coopération interinstitutions contre la traite des personnes, rassemblant 16 institutions spécialisées, fonds ou programmes du système des Nations Unies, qui permet de combler les lacunes dans la réponse de l’ONU à ce fléau. En conclusion, M. Fedotov a plaidé pour la pleine utilisation d’instruments comme la Convention et le Groupe de coopération et assuré du soutien de l’ONUDC pour assister les États qui en font la demande.
M. NICK GRONO, Directeur de Freedom Fund, a souligné que les conflits armés rendaient les civils vulnérables à des formes extrêmes d’exploitation. C’est le cas aujourd’hui avec l’asservissement de plus de 3 000 femmes et des filles yazidies par l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL). Le phénomène n’est pas nouveau, comme le souligne un rapport récemment publié conjointement par le Freedom Fund et l’Université des Nations Unies, intitulé « Unshackling Development ». Malheureusement, les liens entre les conflits et la traite des êtres humains ne font que se renforcer.
L’esclavage, qui était souvent tabou dans les conflits, est institutionnalisé par l’EILL, de même que la violence sexuelle, a expliqué M. Grono. Au Nigéria, le groupe Boko Haram pratique aussi le travail forcé, le recrutement d’enfants soldats, l’esclavage sexuel et les mariages forcés. Il a enlevé plus de 2 000 personnes. De façon générale, les individus déplacés par les conflits, comme les Rohingya du Myanmar, se retrouvent exploités ailleurs.
M. Grono a noté qu’un certain nombre de conflits en Afrique inscrits à l’ordre du jour du Conseil de sécurité étaient alimentés par l’exploitation des ressources naturelles. À ce sujet, il a salué les mesures prises par le Conseil pour empêcher que les ressources des conflits en République démocratique du Congo (RDC), en Érythrée et en Somalie n’entrent dans les chaînes mondiales d’approvisionnement. Par ailleurs, il a dénoncé l’implication de la Corée du Nord dans la traite des êtres humains.
Le Directeur de Freedom Fund a demandé au Conseil de déclarer la traite des êtres humains comme « un crime contre l’humanité ». Regrettant la faible implication des acteurs du maintien et de la consolidation de la paix, il a également souhaité que l’ensemble du système des Nations Unies se coordonne pour combattre l’esclavage moderne dans les zones de conflit. À cette fin, il a proposé que le Secrétaire général nomme un envoyé spécial pour les trois prochaines années.
Mme NADIA MURAD BASEE TAHA, survivante yazidie, a dénoncé les pratiques de Daech contre sa communauté, dont 3 400 femmes et enfants, selon elle, se trouvent toujours en captivité. Le 3 août 2014, a-t-elle rappelé, des miliciens de Daech ont fait irruption dans son village, ce que la jeune fille a qualifié de véritable « génocide ». « L’État islamique n’est pas seulement venu nous tuer, mais aussi nous réduire à l’esclavage », a-t-elle accusé, en affirmant qu’il s’agissait d’une entreprise délibérée de destruction de l’identité yazidie. Le 15 août, femmes et enfants ont été séparés des hommes, qui ont « tous été tués », a poursuivi Mme Taha. Avec plus de 150 autres familles, elle a été transférée vers une autre région, où se trouvaient déjà des milliers d’autres captives.
« J’ai crié, pleuré, j’ai été battue à coups de pied. Je regardais toujours par terre », a déclaré la jeune femme, qui a raconté comment un homme l’avait forcée à changer de religion, ce à quoi elle a résisté de toutes ses forces. La plupart des filles, a-t-elle dit, « avaient leurs menstruations à cause de la peur ». Après avoir essuyé des humiliations quotidiennes, Mme Taha s’est résolue à fuir, ce qu’elle est parvenue à faire la seconde fois. Elle a remercié l’Allemagne de lui avoir offert l’hospitalité et les soins dont elle avait besoin, avant de lancer un appel aux autres États pour suivre cet exemple.
« L’État islamique nous a demandé de choisir entre la conversion ou la mort », a-t-elle résumé, en assurant que les corps de 80 femmes « dont Daech ne voulait plus », ont été retrouvés dans des fosses communes. « Daech a fait de la femme yazidie une ‘chair à traite’ », a-t-elle fustigé, en demandant au Conseil de sécurité de renvoyer le « dossier du génocide yazidi » devant la Cour pénale internationale (CPI) et de tout mettre en œuvre pour permettre à sa communauté de vivre en paix. La survivante a également demandé aux membres du Conseil de sécurité de neutraliser Daech et tous ceux qui commettent des crimes de traite.
M. ROMAN OYARZUN MARCHESI (Espagne) a dit son émotion après l’intervention de Mme Nadia Murad Basee Taha. Il a demandé à tous les représentants des États Membres qui rentrent dans le bâtiment de l’ONU de penser à cette jeune fille et de tout faire pour éradiquer la traite des êtres humains. Ce phénomène nous fait honte à tous, a-t-il dit, en ajoutant qu’il était plus difficile d’être une femme dans un conflit armé que d’être un soldat. Il a souligné qu’il y avait deux erreurs à éviter. La première serait de croire que ce phénomène est limité à Daech, a-t-il affirmé, en rappelant le sort des jeunes filles de Chibok enlevées par Boko Haram. La deuxième erreur serait de penser que ce phénomène est lié au terrorisme, a-t-il ajouté, en soulignant la vulnérabilité des migrants qui fuient les conflits. Le délégué a demandé l’application effective de « l’architecture juridique existante », avant de suggérer l’inclusion de la lutte contre la traite des êtres humains dans les travaux des comités de sanctions. « Il est déjà grave d’être victime du terrorisme mais imaginons ce que cela peut être d’être victime du terrorisme et de la traite. » En conclusion, le représentant a promis à Mme Nadia Murad Basee Taha que l’Espagne ferait tout pour empêcher que les épreuves qu’elle a endurées ne se reproduisent.
M. MAHAMAT ZENE CHERIF (Tchad) a rappelé que la traite était un phénomène très lucratif et constituait sans doute le nouvel esclavage du XXIe siècle, « contre lequel l’humanité doit engager une lutte sans merci ». Des groupes terroristes tels que Daech ou Boko Haram recourent à plusieurs formes d’exploitation, dont l’exploitation sexuelle, la servitude ou le prélèvement d’organes, a-t-il dit. C’est pourquoi, il a appelé les pays qui ne l’ont pas encore fait à ratifier la Convention de Palerme et ses Protocoles additionnels. Il a demandé une meilleure coordination des efforts des États Membres en vue de poursuivre en justice les auteurs de ces crimes.
« Le trafic de migrants arrache plusieurs milliers de jeunes Africains à leurs familles et à leur pays, c’est un crime grave », a-t-il soutenu, avant d’appeler les pays d’origine, de transit et de destination à s’attaquer aux causes profondes de ce fléau. Le délégué a souligné l’importance de l’unité et d’une forte implication du Conseil en Syrie, en Iraq et ailleurs, avant de demander l’interdiction de l’approvisionnement en armes par des groupes armés, « quels que soient leur nature et leurs objectifs ». En conclusion, il a rappelé que la Convention de Palerme couvrait tous les aspects de la traite des êtres humains.
M. DAINIUS BAUBLYS (Lituanie) a relevé qu’un nombre croissant de femmes et de filles étaient asservies et subissaient des abus sexuels et des viols massifs. Des fillettes de huit ans sont même transformées en auteurs d’attentats-suicide par le groupe Boko Haram. L’Armée de résistance du Seigneur (LRA) a enlevé quelque 300 000 enfants. Des milliers de femmes et d’enfants, notamment yazédis, sont prisonniers de Daech, s’est-il indigné.
Le représentant a jugé « moralement inacceptable » que le Conseil de sécurité reste inactif face à ce fléau. Le moins qu’il puisse faire, a-t-il dit, c’est d’attirer l’attention sur le sort des victimes et de condamner vigoureusement la traite des êtres humains. Les États sont légalement tenus de prévenir et de combattre la traite, de détecter et démanteler les réseaux qui s’y livrent. Pour sa part, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) pourrait faire davantage pour aider à la mise en œuvre de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et ses Protocoles additionnels, dont celui sur la lutte contre la traite des êtres humains. Il faudrait également examiner le rôle des opérations de maintien de la paix.
Les États Membres, les organisations régionales et sous-régionales et les institutions du système des Nations Unies doivent coopérer avec le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), a-t-il estimé. L’Union européenne, qui dispose d’un coordonnateur contre la traite des êtres humains, est à la pointe de la lutte contre la traite, y compris à travers les dialogues régionaux, comme les processus de Khartoum et de Rabat, a souligné le représentant. L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OCSE), a-t-il ajouté, joue également un rôle important avec ses partenaires méditerranéens.
M. FRANCOIS DELATTRE (France) a déclaré que « les actions commises par Daech au Moyen-Orient ou Boko Haram en Afrique illustrent, de manière dramatique, les liens qui existent aujourd’hui entre la paix et la sécurité internationales et la traite des êtres humains ». Au niveau mondial, a-t-il précisé, la traite des êtres humains est, avec le trafic de drogues et la contrefaçon, l’un des trafics les plus rentables et les plus répandus.
Pour les groupes terroristes, dont les premières victimes sont généralement les femmes et les enfants, la traite des êtres humains n’est pas seulement un moyen de semer la terreur parmi les populations civiles, elle est également utilisée comme source de financement. En Syrie, en Iraq ou au Nigéria, « ces actes ne sont pas seulement insupportables d’un point de vue moral, ils peuvent constituer des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, voire des crimes de génocide s’agissant de certaines communautés, et ne sauraient rester impunis », a estimé M. Delattre.
« Nos paroles doivent désormais être traduites en actes: la prévention, la protection des victimes et la lutte contre l’impunité doivent être nos priorités », a-t-il insisté. La France plaide pour la mise en place d’un mécanisme d’examen permettant de vérifier et de faciliter la mise en œuvre de la Convention de Palerme et de ses Protocoles additionnels. Elle contribue également au programme global contre la traite des êtres humains de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).
M. EVGENY T. ZAGAYNOV (Fédération de Russie) a déclaré que, face à la montée de la menace terroriste, la communauté internationale devait se mobiliser. Déplorant à son tour les actes « inhumains » infligés par Daech aux Yazidis, il a estimé qu’il faudrait mettre fin aux activités criminelles auxquelles se livrent ce groupe. Ces activités, a-t-il précisé, lui rapportent des milliards de dollars de bénéfices. À cet égard, le représentant a estimé que le rôle des Nations Unies et, en particulier celui de l’ONUDC, devraient être renforcés afin d’éliminer toutes les formes contemporaines d’esclavage, dont fait partie la traite des personnes. Il a invité, avant de conclure, les États Membres à prendre des mesures concertées en ce sens.
M. WANG MIN (Chine) a souligné la vulnérabilité des femmes et des enfants en temps de conflit et appelé la communauté internationale à unir ses forces pour mieux les protéger. La souveraineté des États concernés doit être respectée, a-t-il dit, en rappelant qu’ils étaient responsables d’assurer la protection de leur population. Le délégué de la Chine a prôné une approche intégrée dans la lutte contre les activités des groupes criminels. Soulignant que la traite des êtres humains était une source de financement essentielle du terrorisme, il a appelé à davantage de synergies entre les entités onusiennes, tels que l’ONUDC ou encore ONU-Femmes pour combattre le fléau de la traite des êtres humains.
Mme JOY OGWU (Nigéria) a rappelé que son pays restait déterminé à combattre Boko Haram et à veiller à ce que toutes les jeunes femmes ayant subi le même sort que Nadia soient libérées. Elle a exhorté tous les États Membres, les organisations internationales et régionales concernées, et la société civile à mettre en commun leurs ressources pour mettre fin à la traite. La lutte contre la traite est une priorité nationale pour le Nigéria, qui s’est doté d’un organisme spécialisé pour combattre ce fléau dès 2003, et a pris de nombreuses mesures législatives depuis cette date, a fait valoir la représentante. Pour sa délégation, le Conseil de sécurité devrait renforcer sa coopération avec l’ONUDC et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), dont elle aimerait entendre, à l’avenir, des exposés réguliers sur les formes de traite des personnes et de la criminalité transnationale organisée touchant les populations vulnérables.
M. PETER WILSON (Royaume-Uni) a jugé « étrange » d’entendre dans une enceinte aussi formelle un témoignage aussi poignant que celui de Mme Nadia Murad Basee Taha. « Tous les gouvernements des pays réunis autour de cette table sont d’accord pour se débarrasser de Daech, dont l’inhumanité nous révulse », a-t-il dit. Le représentant britannique a rappelé que, selon les estimations, entre 21 et 35 millions de personnes seraient victimes de traite.
Soulignant la nécessité d’une volonté politique pour vaincre ce fléau, il a expliqué que tous les pays devaient faire face à des « vérités très crues » dans ce domaine. À ce jour, 13 000 personnes sont victimes d’esclavage au Royaume-Uni, a-t-il indiqué, avant d’ajouter que son pays venait d’adopter une loi pour y remédier. « Si nous reconnaissons nos propres défis, nous pourrons mieux agir », a affirmé le représentant.
Face à la vulnérabilité des groupes minoritaires, M. Wilson a exhorté les gouvernements à mieux les protéger. Il a précisé que son pays appuyait le Gouvernement iraquien dans la mise en place et le financement de programmes visant à changer les comportements. Le Royaume-Uni a participé à la formation de 800 peshmergas afin de mieux faire face aux violences sexuelles, a-t-il assuré. Enfin, le délégué a jugé crucial d’éliminer Daech des territoires qu’il contrôle et de trouver une solution politique en Syrie.
M. GERARD VAN BOHEMEN (Nouvelle-Zélande) a partagé la « révulsion » de la communauté internationale face aux violations perpétrées par l’EIIL contre des milliers de Yazidis, en particulier des femmes et des enfants, et par ce qui semble être un programme de servitude de masse. Il a constaté que des abus étaient commis dans d’autres situations de conflit, du fait des actions de Boko Haram, ou au Soudan du Sud et en République centrafricaine.
Le représentant s’est dit préoccupé par le fait que « la traite exacerbe les conflits, et les conflits exacerbent la traite ». Il a reconnu qu’il était difficile de combattre efficacement ce phénomène dans le contexte de conflits qui sont eux-mêmes insolubles et résistants à toute intervention internationale. « Mais nous devons nous occuper de ce phénomène, y compris à travers une prévention plus efficace des conflits », a-t-il souhaité.
À ce sujet, M. van Bohemen a jugé essentiel de mener des enquêtes et d’établir des responsabilités aux niveaux national et international. Les actes associés à la traite des êtres humains peuvent constituer des crimes en vertu du Statut de Rome, a-t-il précisé. Le représentant a également exhorté les États à mettre en œuvre la Convention de Palerme sur la lutte contre la criminalité transnationale organisée. Enfin, il faudrait s’assurer que les opérations de paix de l’ONU elles-mêmes n’alimentent pas la traite des êtres humains.
M. JULIO HELDER MOURA LUCAS (Angola) a déclaré qu’en raison de la multiplication des conflits et des vagues de déplacements de populations, l’esclavage et la traite avaient désormais atteint des seuils sans précédent. Il a fustigé Boko Haram pour les enlèvements de filles, qui sont soumises au mariage forcé et à des abus sexuels commis par les membres de ce groupe extrémiste. À l’instar d’autres membres du Conseil, il a appelé à la mobilisation de la communauté internationale, en se félicitant que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 propose des mesures pour mettre fin à l’esclavage et la traite des personnes et que les pays européens ont déjà pris des mesures législatives de leur côté. Pour sa délégation, il est impératif que le Conseil examine des questions comme celle inscrite à son ordre du jour aujourd’hui en tant que menaces à la paix et à la sécurité internationales.
M. MAHMOUD DAIFALLAH MAHMOUD HMOUD (Jordanie) a rappelé que Daech n’est ni un État, ni islamique, mais un groupe de criminels que la communauté internationale doit vaincre. Il a exhorté la communauté internationale à combattre vigoureusement ce groupe violent, dont les crimes renforcent les préjugés et alimentent le cycle de violence et les tensions intercommunautaires. Les actes de traite des êtres humains par temps de conflit peuvent constituer des crimes contre l’humanité, a-t-il fait remarquer. Invitant le Conseil à relever le défi de la traite des êtres humains, il a estimé que la déclaration présidentielle de ce jour était un premier pas dans la bonne direction. « Nous devons renforcer nos efforts aux niveaux national, régional et international », a-t-il préconisé.
Au niveau national, le représentant de la Jordanie a invité les États à mieux sensibiliser toutes les couches de la société à la gravité de ces actes et de traduire en justice leurs auteurs. Les États devraient également coopérer davantage avec les entités du système des Nations Unies compétentes, telles que l’ONUDC. Il a invité le Secrétaire général à élaborer une stratégie contre la traite d’êtres humains du fait de groupes terroristes et plaidé pour le renforcement du Fonds d’affectation spéciale en faveur des victimes. En conclusion, il a détaillé les mesures spécifiques prises par son pays pour lutter contre ce fléau.
M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a condamné tous les actes d’intimidation et de violences dirigés contre des populations civiles en période de conflit armé, tout particulièrement ceux relevant de la traite des êtres humains et de l’esclavage. Pour sa délégation, il serait judicieux pour les États Membres de se doter de programmes de réinsertion pour les personnes libérées. Il les a particulièrement encouragés à mettre en œuvre le Protocole de Palerme, qui prévoit des mesures de réintégration sur le plan psychologique. Le délégué les a aussi appelés à faire preuve de volonté politique aux niveaux local, régional, national et international. Le représentant de la Malaisie s’est dit convaincu que le Conseil de sécurité pourrait jouer un rôle clef pour tenir responsables les auteurs d’actes de traite des êtres humains.
M. CRISTIÁN BARROS MELET (Chili) a salué la déclaration présidentielle, adoptée aujourd’hui, et noté qu’elle encourageait la complémentarité au sein du système des Nations Unies pour lutter contre la traite des êtres humains. Pour lui, il ne suffit pas de dénoncer ce fléau, qui empire avec l’apparition de groupes terroristes et armés, « il faut une action collective efficace ». En particulier, il a jugé urgent d’améliorer les mécanismes de protection des populations yazidies.
De plus, a poursuivi M. Barros Melet, il faudrait renforcer l’appui médical et psychologique aux victimes de la traite. D’un point de vue culturel, les perceptions doivent évoluer pour permettre aux femmes et aux filles qui ont été enlevées et violées de se réintégrer dans leurs communautés. Il faudrait également former les soldats de la paix et le personnel civil sur le terrain pour mieux protéger les populations civiles.
M. HENRY ALFREDO SUÁREZ MORENO (Venezuela) a souligné la vulnérabilité des femmes et des enfants au phénomène de la traite des êtres humains. Il a rappelé qu’avant le début du conflit syrien, il était rare de trouver des victimes de nationalité syrienne. L’instabilité contribue à ces crimes graves par des groupes criminels, a-t-il regretté. Il est urgent de mettre fin à l’appui fourni à ces groupes, notamment l’approvisionnement en armes. Le délégué du Venezuela a indiqué que les migrants étaient des victimes potentielles de la traite des personnes, en ajoutant que leur vulnérabilité était aggravée par des politiques migratoires de plus en plus restrictives. « Ne fermons pas nos portes aux migrants qui fuient la guerre », a-t-il plaidé, faisant siens les mots de Mme Nadia Murad Basee Taha. Ces migrants, a-t-il rappelé, ne sont pas à l’origine du terrorisme. Tout en se félicitant de la tenue de ce débat au sein du Conseil de sécurité, il a estimé que ce sujet nécessitait une discussion plus vaste entre tous les États Membres afin de définir les moyens d’une action collective. Enfin, il a salué le rôle joué par l’ONUDC et assuré de l’engagement de son pays à s’acquitter de ses obligations découlant de la Convention de Palerme et de ses Protocoles additionnels.
Après avoir rendu hommage à Nadia Murad Basee Taha, Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) a déclaré que pendant cette réunion d’un peu plus de deux heures, d’autres jeunes personnes avaient été victimes de crimes de la traite dans le monde. Ce n’est pas un hasard si les réseaux de criminalité transnationale organisée sont également responsables des crimes de la traite des êtres humains, a-t-elle fait observer, en rappelant que, selon l’Organisation internationale du Travail (OIT), 20 millions de personnes en ont été victimes en 2014. La représentante s’est ensuite livrée à un réquisitoire contre Daech, fustigeant en particulier les « horreurs » que ce groupe fait subir aux enfants, aux femmes et aux filles. Boko Haram, a rappelé Mme Power, a ordonné à des « kamikazes âgés de neuf ans » de commettre des attentats-suicide.
« Que pouvons-nous faire, au-delà des condamnations? » s’est-elle interrogée. Il faudrait, a-t-elle répondu, un ferme engagement. Elle a ainsi rappelé que, « sous le leadership du Président Obama », une coalition internationale avait été formée pour détruire Daech. Demain, a-t-elle ajouté, le Conseil tiendra une réunion pour déterminer les moyens de tarir les sources de financement de ce groupe terroriste. Sur le continent africain, a poursuivi la représentante, les États-Unis continuent de coopérer étroitement avec les pays et les organisations régionales pour mettre fin aux atrocités commises par Boko Haram et l’Armée de résistance du Seigneur (LRA). La délégation s’est ensuite appesantie sur le passage de la déclaration appelant les États Membres à prendre toutes les mesures voulues pour réduire le risque de voir leurs marchés publics et leurs chaînes d’approvisionnement contribuer à la traite d’êtres humains en temps de conflit armé. Au-delà des mesures visant à contrer le financement du terrorisme, elle a plaidé pour de solutions innovantes pour mettre fin à cet esclavage moderne que représente la traite des êtres humains.