Moyen-Orient: le Sous-Secrétaire général aux affaires politiques exhorte les responsables israéliens et palestiniens à mettre leurs « peurs politiques » de côté
Le Sous-Secrétaire général de l'ONU aux affaires politiques, M. Miroslav Jenča, a déploré ce matin, devant le Conseil de sécurité, que les voix extrémistes, « jouant sur les émotions humaines les plus sombres », dominent au Moyen-Orient, rendant la fin du conflit encore plus lointaine que jamais. Où sont les voix modérées? a-t-il demandé. M. Jenča a également profité de cette séance mensuelle du Conseil consacrée à la situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne, pour appeler responsables israéliens et palestiniens à laisser leurs « craintes politiques » de côté afin d’œuvrer à la réalisation d’une paix durable pour les peuples israélien et palestinien.
« Malgré la baisse des attaques, ces dernières semaines, le bain de sang n’a pas pris fin », a d’emblée affirmé M. Jenča, en précisant que le mois dernier 7 Israéliens et 34 Palestiniens avaient été tués. Les attaques au couteau, à la voiture et les tirs de Palestiniens visant des Israéliens continuent de faire des victimes quasiment chaque jour, a déploré M. Jenča, en attirant l’attention sur l’incident au cours duquel un nourrisson avait été grièvement blessé il y a deux jours. Des Palestiniens sont tués au cours d’affrontements et la situation dans la ville d’Hebron reste la plus volatile de l’escalade de cette violence.
« Les circonstances actuelles ne doivent pas être tolérées comme étant une nouvelle normalité », a prévenu le Sous-Secrétaire général, en estimant qu’Israéliens et Palestiniens ne pouvaient pas se résigner à vivre dans la crainte. La stratégie visant à diminuer cette crainte ne peut se limiter au seul renforcement des mesures sécuritaires et doit répondre aux causes premières de la colère palestinienne, a-t-il insisté.
M. Jenča a ensuite mis l’accent sur les récents développements positifs dans la région, comme la baisse des tensions autour de mont du Temple/esplanade des mosquées et les efforts en cours pour mettre en œuvre les mesures agréées par Israël et la Jordanie. « La situation demeure précaire et exige des deux parties qu’elles maintiennent des voies de communication », a cependant recommandé le Sous-Secrétaire général.
Il a insisté sur les défis qui continuent de saper les perspectives d’une fin de la violence et d’un retour de la confiance. Les injustices découlant de l’occupation alimentent cette conception répandue, en particulier chez les jeunes Palestiniens, qui n’ont rien à perdre en sacrifiant leur vie. Les Palestiniens continuent de subir des restrictions dans leurs déplacements, lesquelles sont devenues encore plus drastiques à cause de l’intensité de la violence, a indiqué M. Jenča. Il a également déploré la démolition par les autorités israéliennes, à titre de représailles, des maisons de deux familles d’auteurs condamnés ou suspectés d’attaques.
Passant à la situation à Gaza, M. Jenča a noté que, malgré la persistance des défis sécuritaires, les efforts de reconstruction se poursuivaient. Plus de 90% des écoles et hôpitaux endommagés ont été reconstruits, a-t-il dit, tout en affirmant que ces réparations ne permettraient pas de résoudre les difficultés chroniques à Gaza. Il est prévu que 571 millions de dollars de l’appel humanitaire mondial, lancé la semaine dernière, soient consacrés à la Palestine, a-t-il précisé.
L’horizon politique pour mettre fin à ce conflit semble plus éloigné que jamais, a averti le Sous-Secrétaire général. Il a estimé que les responsables des deux côtés ne pouvaient continuer d’ignorer les causes profondes de la violence et d’alimenter l’extrémisme dans leur camp. « Ce sont aujourd’hui les voix extrémistes qui résonnent, des voix qui jouent sur les émotions humaines les plus sombres, tout en cherchant à saboter les efforts véritables visant à restaurer la confiance », a-t-il regretté.
« Où sont les voix qui appellent à la retenue? Où sont les partisans de la paix, de la tolérance et d’un avenir israélo-palestinien partagé? » a demandé M. Jenča. Ces questions, a-t-il dit, exigent tout d’abord des réponses de la part des responsables israéliens et palestiniens. Il a déploré la poursuite des activités de colonisation en Cisjordanie et le manque d’actions des autorités israéliennes pour traduire dans les faits leurs engagements en faveur de la solution à deux États. Quant à la transition vers une autorité civile palestinienne renforcée, elle n’a pas encore commencé, a-t-il regretté.
M. Jenča a plaidé pour l’unité parmi les Palestiniens et pour des changements fondamentaux des politiques israéliennes sur le terrain. « Sans de telles mesures, il est difficile d’envisager que les parties puissent retourner à la table des négociations et parvenir à une solution juste et durable », a-t-il averti. Il a également invité le Conseil à apporter sa pierre à l’édification d’une nouvelle architecture de paix visant la résolution du conflit.
Abordant la situation au Liban, le Sous-Secrétaire général a affirmé que la paralysie politique de ce pays l’empêchait de relever de manière efficace les défis graves découlant de la crise en Syrie. Il a appelé les partis libanais à faire preuve de souplesse afin qu’un nouveau président soit élu sans plus tarder, en faisant observer que ce poste était vacant depuis plus de 18 mois. Il a ensuite exhorté la communauté internationale à renforcer ses efforts en faveur de la sécurité et de la stabilité du Liban. M. Jenča a précisé que la situation le long de la Ligne bleue et dans les zones d’opération de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) était relativement calme.
Le Sous-Secrétaire général a appelé les responsables israéliens et palestiniens à faire preuve de leadership et de vision en prenant, au-delà des confrontations actuelles, les mesures courageuses en faveur d’un avenir de paix. « Je les appelle à mettre de côté leurs craintes politiques immédiates et à se concentrer sur le bien commun en œuvrant à la réalisation d’une paix durable pour leurs peuples », a conclu M. Jenča.