Libye: les parties au conflit s’engagent à signer l’accord politique le 16 décembre, se félicite le nouveau Représentant spécial, M. Martin Kobler
Pour sa première intervention au Conseil de sécurité en sa qualité de Représentant spécial du Secrétaire général pour la Libye, M. Martin Kobler, a annoncé que les parties à l’Accord politique libyen, adopté en juin dernier sans avoir cependant été suivi d’effet, ont accepté, aujourd’hui même, de le signer le 16 décembre prochain.
Cette décision a été prise à l’issue de nouvelles délibérations que M. Kobler, qui dirige également la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL), a convoquées au cours des deux derniers jours à Tunis. En dépit des préoccupations « légitimes » de certaines parties vis-à-vis d’éléments de l’Accord, ce dernier ne sera pas amendé, ont concédé les participants, « une quarantaine d’hommes et de femmes courageux qui prennent des risques considérables en plaçant l’intérêt de leur peuple au-dessus des leurs ».
En outre, a poursuivi le Représentant spécial, les participants sont tombés d’accord sur la nécessité d’« arrangements sécuritaires » pour faciliter la mise en place du gouvernement d’entente nationale prévu par l’Accord politique libyen.
C’est pourquoi M. Kobler a saisi cette occasion pour demander au leadership du Congrès général national l’autorisation de se rendre avec ses collègues à Tripoli et dans d’autres villes pour qu’il puisse y rencontrer « tous les acteurs sécuritaires » qu’il jugera pertinents. Le représentant de la Libye, M. Ibrahim Dabbashi, a estimé, lui aussi, qu’aucun accord ne tiendrait « tant qu’un groupe armé demeurerait dans la capitale » du pays.
Le temps presse, en effet, a fait observer le Chef de la MANUL. « Les deux institutions au centre du conflit politique en Libye commencent à manifester des signes dangereux d’effritement interne. Le conflit militaire, en particulier à Benghazi, continue de faire de nombreuses victimes, en ajoutant à une situation humanitaire marquée par la présence de 2,4 millions de personnes se trouvant dans une situation extrêmement difficile, dont 435 000 personnes déplacées », a-t-il expliqué.
Dans le sud, la criminalité et l’absence d’ordre public ont atteint des niveaux endémiques, a mis en garde le Représentant spécial. De leur côté, les groupes terroristes et extrémistes continuent d’étendre leur sphère d’influence et la chute des revenus pétroliers et l’amenuisement des réserves financières accélèrent le déclin économique de la Libye.
Renchérissant, le Président du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1970 (2011) concernant la Libye, M. Ramlan Bin Ibrahim, a déclaré que l’organisation actuelle du système financier libyen n’était tout simplement « plus tenable ».
« L’heure est donc venue de faire la paix », a tranché le Représentant spécial.
Devant l’incapacité constante de la Chambre des représentants et du Congrès national général d’approuver les accords du dialogue politique libyen, M. Kobler avait donc décidé de convoquer les délibérations qui viennent de s’achever plus tôt dans la journée.
Indiquant avoir multiplié, dès sa prise de fonctions, les consultations avec les parties prenantes nationales, régionales et internationales, il a précisé que, de l’Égypte à la Turquie, en passant par la France et le Qatar, les inquiétudes sont vives concernant les répercussions du terrorisme en Libye sur les pays limitrophes.
Le représentant de la Libye a estimé que le retard pris dans la formation d’un gouvernement d’entente nationale ne devrait pas servir de prétexte pour ne pas fournir à l’armée et aux forces de police libyennes les armes, munitions et équipements dont elles ont besoin pour s’acquitter de sa mission de protection des civils.
Confirmant la « demande accrue » de matériel militaire, le Président du Comité des sanctions applicables à la Libye a fait état, pour sa part, du « mépris continu pour l’embargo sur les armes » dans le pays pour la période courant du 15 juillet au 10 décembre derniers.
Le Groupe d’experts du Comité, a en outre rappelé M. Ibrahim, a identifié en septembre dernier les individus et groupes qui refusent constamment de s’engager dans des négociations et exercent des pressions sur ceux qui y participent. À cet égard, a-t-il dit, « il est difficile de savoir s’il s’agit de tactiques de négociations ou d’actions de sabotage délibérées ».
Pour le représentant libyen, il s’agit bien de tentatives de « sabotage » pour dresser les citoyens libyens contre les efforts entrepris par les Nations Unies. Qualifiant d’« absurdes » et d’« inacceptables » ces « diversions », M. Dabbashi a encouragé le Conseil de sécurité à prendre les mesures nécessaires à l’encontre de ceux qui empêchent l’Accord politique libyen d’être appliqué.
Le Représentant spécial a souligné, quant à lui, que le soutien du Conseil était absolument nécessaire pour mettre en œuvre l’Accord et poursuivre le dialogue dont il est issu. Il a également plaidé pour la fourniture d’une assistance technique au futur gouvernement d’entente nationale et d’une aide humanitaire à la population en détresse. M. Kobler a, enfin, attiré l’attention du Conseil sur la menace que constitue Daech, contre lequel les autorités libyennes doivent pouvoir agir de manière « décisive ».