7560e séance – après-midi
CS/12123

Les parties au conflit syrien se livrent à des « atrocités inimaginables » contre les civils, affirme le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires

Les membres du Conseil de sécurité présentent leurs condoléances à la France pour les attaques terroristes à Paris, revendiquées par Daech

Sous la présidence de la Secrétaire d’État au développement international du Royaume-Uni, Mme Justine Greening, le Conseil de sécurité s’est penché, cet après-midi, sur la situation humanitaire en Syrie, dénoncée par certains de ses membres comme la « plus grande fabrique de terroristes au monde ».

« L’ennemi est connu: Daech.  Un monstre qui s’est nourri des divisions ethniques et religieuses dans la région, un monstre qui s’est renforcé par la haine et le rejet de l’autre », a accusé le représentant de la France, en remerciant les autres membres du Conseil des condoléances qu’ils ont adressées au lendemain des attaques terroristes revendiquées par ce groupe et qui ont fait, le vendredi 13 novembre à Paris, au moins 129 morts et plus de 300 blessés.

Appuyé en ce sens par les autres membres du Conseil, l’Ambassadeur François Delattre a estimé que, pour mettre fin aux souffrances décrites, cet après-midi, par le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, M. Stephen O’Brien, la lutte contre le terrorisme devrait se doubler de la recherche d’une solution politique au conflit syrien, dans laquelle le Président Bachar al-Assad n’a pas sa place.

Rappelant que la France saisira, sous peu, le Conseil de sécurité d’une résolution « pour lutter contre le terrorisme », le représentant a également rappelé les « propositions concrètes » que le Gouvernement français a faites ce week-end à Vienne pour « atténuer les souffrances de la population civile syrienne, alors que la situation sur le terrain, déjà alarmante, ne cesse de se dégrader ».

« Plus de cinq ans après le début des soulèvements, les parties au conflit continuent de se livrer quotidiennement à des atrocités inimaginables, enfonçant la Syrie et ses citoyens chaque fois plus profondément dans les ténèbres », a ainsi rappelé M. O’Brien, qui est également le Coordonnateur des secours d’urgence des Nations Unies.

Venu présenter le rapport du Secrétaire général, M. O’Brien a, lui aussi, affirmé qu’il faudrait s’appuyer sur les pourparlers internationaux de Vienne pour mettre un terme à un conflit qui a déjà coûté la vie à plus de 250 000 personnes, détruit le pays, provoqué le déplacement de 13,5 millions de personnes et contraint 4 millions d’autres à fuir à l’étranger,  notamment vers l’Europe.  « Plus de 50% des migrations par voie maritime en 2015 proviennent de la Syrie », a fait observer M. O’Brien.

De son côté, la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée la question des violences sexuelles commises en période de conflit, Mme Zainab Hawa Bangura, a indiqué que ces violences étaient perpétrées par la plupart des belligérants en Syrie et, en particulier, par les groupes extrémistes, afin d’y « promouvoir des objectifs stratégiques ».  Insistant sur la notion de « redevabilité », Mme Bangura a également encouragé la communauté internationale à associer activement les femmes aux processus de paix et de médiation « le moment venu ».  

Les conséquences humanitaires du conflit syrien ne sont pas moins « catastrophiques » pour les enfants, a expliqué, pour sa part, la Représentante spéciale du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé.  Mme Leila Zerrougui a affirmé que la moitié de la population syrienne, dont 50% sont des enfants, est aujourd’hui déplacée.

Elle a rappelé que la majorité des 10 000 jeunes syriens tués depuis le début du conflit l’avaient été lors d’attaques indiscriminées perpétrées aussi bien par les forces gouvernementales syriennes –ce que la République arabe syrienne a vigoureusement contesté–, que par des groupes d’opposition armés.  Elle a estimé en outre à 400 le nombre d’enfants soldats enrôlés de force depuis le début de l’année 2015 par Daech, accusé de « carnages » par le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires.

La Fédération de Russie s’est tout autant défendue des frappes aériennes qui auraient, selon certains intervenants, ciblé un « hôpital » syrien, en regrettant que les informations diffusées par certains médias, en dépit d’une imagerie satellite, attestent que le bâtiment en question n’avait pas été touché.

Dans un contexte où, selon M. O’Brien, près de 200 000 personnes continuent d’être assiégées par Daech et plus de 180 000 autres par le Gouvernement syrien, les Nations Unies et leurs partenaires se heurtent à de graves difficultés pour acheminer l’aide humanitaire aux personnes qui en ont un besoin urgent, non seulement en raison de l’insécurité générale, mais aussi à cause des entraves de l’administration syrienne.

Tandis que la représentante des États-Unis a soulevé le problème du sous-financement de l’Appel humanitaire lancé par l’ONU en faveur de la Syrie, la Secrétaire d’État britannique au développement international, Mme Justine Greening, a annoncé l’organisation, en février prochain, d’une conférence mondiale qui devrait, selon elle, « marquer un tournant pour la mobilisation des ressources et le renforcement des engagements politiques en faveur de la Syrie ».

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Rapport du Secrétaire général sur l’application des résolutions 2139 (2014), 2165 (2014) et 2191 (2014) du Conseil de sécurité (S/2015/862)

Déclarations

M. STEPHEN O’BRIEN, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a déclaré que la Syrie était une « série d’opportunités manquées » pour le Conseil de sécurité, les États Membres en mesure d’exercer une influence, et la communauté internationale au sens large.  « Plus de cinq ans après le début des soulèvements en Syrie, les parties au conflit continuent de se livrer quotidiennement à des atrocités inimaginables, plongeant la Syrie et ses citoyens chaque fois davantage dans les ténèbres », a-t-il déclaré.  Après s’être félicité de la tenue des pourparlers internationaux à Vienne, il a déclaré qu’il faudrait prendre appui sur cet élan pour veiller à mettre fin à cette guerre horrible qui a déjà coûté la vie à plus de 250 000 personnes, contribué à la montée en puissance de groupes extrémistes et terroristes et détruit le pays.  Les combats ont également provoqué la pire crise humanitaire du XXIe siècle, marquée par le déplacement de 13,5 millions de personnes, dont 6 millions d’enfants, et la fuite de 4 millions de réfugiés à l’étranger.  « Plus de 50% des migrations maritimes en 2015 proviennent de Syrie », a fait observer le Secrétaire général adjoint.

Les membres du Conseil de sécurité et la communauté internationale doivent redoubler d’efforts pour contraindre les parties à se conformer aux résolutions 2139 (2014), 2165 (2014) et 2191 (2014), a insisté M. O’Brien.  Le 30 octobre dernier, plusieurs frappes aériennes avaient pris pour cible un marché de Douma, dans le Damas rural, faisant au moins 60 victimes civiles et 200 blessés, a-t-il rappelé.  La veille, des frappes auraient touché un dispensaire dans la même localité, tuant au moins 15 civils et blessant une cinquantaine d’autres, a poursuivi le Coordonnateur des secours d’urgence.  Après ces attaques, Jaish al-Islam aurait employé des dizaines de prisonniers comme boucliers humains, « placés dans des cages » autour de zones à forte densité de population pour dissuader de nouvelles frappes.  Par ailleurs, le 10 novembre, plus de 23 personnes ont été tuées et 40 autres blessées lorsque des groupes d’opposition armés ont provoqué deux explosions dans la localité de Lattakia.

Parallèlement, Daech et d’autres groupes extrémistes et terroristes continuent de faire un « carnage » à travers tout le pays.  Ainsi, dans le gouvernorat d’Alep, l’État islamique a fait exploser un véhicule piégé à Hritan, faisant plus de 20 morts début octobre.  En outre, au moins 50 000 personnes ont été déplacées depuis plus d’un mois à la suite de l’escalade des hostilités entre groupes d’opposition non étatiques et forces gouvernementales, a ajouté M. O’Brien, qui a également fait état de 25 000 personnes déplacées aux alentours de Homs.  Les attaques contre des infrastructures se poursuivent sans relâche, avec un impact dévastateur sur la fourniture des soins de santé aux civils, en particulier les campagnes de vaccination pour les enfants se trouvant dans les zones qui ne sont pas sous le contrôle du Gouvernement syrien.  Dans de telles conditions, a expliqué M. O’Brien, la communauté humanitaire n’a été en mesure de venir en aide qu’à une toute petite portion des personnes dans le besoin.  En outre, environ 393 700 personnes continuent d’être assiégées, dont 200 000 par l'État islamique d'Iraq et du Levant -Daech- à Deir el-Zor, et 181 200 autres par le Gouvernement syrien dans différentes localités aux abords de Damas.

Le Secrétaire général adjoint a ensuite souligné qu’il était nécessaire de parvenir à faire des progrès dans l’assistance à prêter aux populations civiles à l’approche de l’hiver, alors que cette année, seulement 30% des demandes de convoi présentées par les Nations Unies ont été approuvées par le Ministère syrien des affaires étrangères et que moins de la moitié de celles qui l’ont été ont réussi à parvenir à destination en raison de l’insécurité.  « J’appelle les autorités syriennes à approuver de toute urgence la 46e demande interagences actuellement en attente d’un feu vert et à permettre les convois précédemment agréés à prendre la route », a lancé M. O’Brien.  Il s’est toutefois félicité de constater que l’ONU et ses partenaires avaient été en mesure d’apporter une aide alimentaire à plus de 4 millions de personnes « rien qu’au cours du mois écoulé ».  Le peuple de Syrie mérite davantage que les discussions que nous avons à ce sujet, a conclu le Secrétaire général adjoint, en disant: « il doit être mis fin à cette violence insensée ».  C’est pourquoi, il a demandé que le meilleur parti possible des pourparlers en cours à Vienne soit tiré afin de promouvoir une solution politique négociée et créer les conditions nécessaires pour cesser les hostilités.

Mme ZAINAB HAWA BANGURA, Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit, a affirmé que les attaques de Paris, de Beyrouth, de Tunis et de Charm el-Cheikh devraient renforcer la détermination de la communauté internationale.

Les femmes et les filles sont affectées par le conflit en Syrie d’une manière unique et systématique en raison de nombreux facteurs dont, a-t-elle précisé, l’extraordinaire gravité de la situation humanitaire, les stratégies suivies par les acteurs clefs, y compris les groupes extrémistes, et la dimension régionale du conflit.  « La violence sexuelle, caractéristique du conflit syrien, est perpétrée par la plupart des belligérants en tant que tactique de guerre. »  Elle a expliqué que cette violence sexuelle était utilisée pour promouvoir les objectifs stratégiques des groupes extrémistes en Syrie et ailleurs et constituait une tactique terroriste.

La Représentante spéciale a estimé que la réponse à apporter à ce phénomène devrait aller au-delà des considérations sécuritaires et militaires et s’articuler autour de la notion clef de redevabilité, tout en ayant une dimension régionale.  Elle a mentionné les éléments clefs de cette stratégie globale et multisectorielle, en soulignant tout d’abord la nécessité d’un engagement politique robuste.  Si elle a regretté que les autorités syriennes et iraquiennes n’aient pas pris d’engagements robustes en la matière, elle s’est félicitée de l’agrément d’un cadre de coopération avec la Ligue des États arabes, « ce qui pourrait catalyser l’adoption de réformes législatives cruciales ».

Il est nécessaire de placer la protection et l’émancipation des femmes au cœur des efforts visant à prévenir l’extrémisme violent, a souligné Mme Bangura, tout en souhaitant la mise en place de programmes de soutien à la société civile et aux organisations de femmes.  « Nous devons renforcer le soutien aux victimes de la violence sexuelle », a-t-elle souligné, avant d’appeler de ses vœux une meilleure analyse et documentation de la violence sexuelle.  Mme Bangura a en outre demandé que les auteurs présumés de violence sexuelle soient traduits en justice.  La lutte contre l’impunité, a-t-elle ajouté, est un élément clef des efforts de prévention.  « Nous devons honorer nos promesses et promouvoir la participation des femmes dans les processus de paix et de médiation », a ensuite préconisé la Représentante spéciale, qui a souhaité que la violence sexuelle en période de conflit soit discutée au cours de ces processus en vue de prendre les mesures qui s’imposent le moment venu.

Mme Bangoura a estimé que les dignitaires, chefs de communautés et autorités spirituelles avaient un rôle crucial à jouer pour briser le silence concernant la violence sexuelle liée à un conflit et faire en sorte que les victimes ne soient pas stigmatisées par leur famille et leur communauté.  Elle a salué la position prise par les responsables de la communauté yézidie, ce qui a ainsi permis la libération de centaines de femmes et de filles détenues par Daech.  Elle a également souligné le rôle clef que les dignitaires, chefs de communautés et autorités spirituelles pourraient jouer dans la lutte contre la propagande de Daech et autres groupes extrémistes.  « Nous devons vaincre ces groupes tant sur le plan militaire qu’idéologique », a conclu la Représentante spéciale. 

Mme LEILA ZERROUGUI, Représentante spéciale du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé, après avoir présenté ses condoléances à la France et au peuple français à la suite des « terribles » attaques qui ont été perpétrées à Paris vendredi dernier, a déclaré que le conflit syrien continuait d’avoir des conséquences humanitaires catastrophiques pour les enfants.  Soulignant qu’en l’absence de solution politique, les principes fondamentaux du droit international et du droit international humanitaire étaient bafoués quotidiennement, elle a indiqué que le flux croissant de réfugiés et de personnes déplacées démontrait que la situation sur place continue de se détériorer. 

La moitié de la population syrienne est à présent déplacée, et la moitié des personnes déplacées sont des enfants, a précisé Mme Zerrougui.  La représentante spéciale a également expliqué qu’en 2014, le bilan des enfants tués pendant le conflit s’élevait à 10 000.  « La majorité des enfants qui ont été tués ou blessés l’ont été lors d’attaques indiscriminées contre des civils et toutes les parties au conflit en sont responsables », a-t-elle précisé.  Mme Zerrougui a mentionné des bombardements des forces gouvernementales syriennes à Alep et des attaques à l’arme lourde de groupes d’opposition armés dans la même ville.  Concernant les agissements de l’État islamique d’Iraq et du Levant, elle a déclaré que dans les zones qu’il contrôle des brutalités atroces sont commises contre les enfants, y compris des exécutions d’enfants soldats ayant tenté de s’échapper.  Sur ce dernier point, elle a estimé à 400 le nombre d’enfants soldats enrôlés de force par l’État islamique début 2015.  Mme Zerrougui a exhorté toutes les parties à respecter leurs obligations au titre du droit international, notamment les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution. 

Concernant les conséquences du conflit en matière d’éducation, la Représentante spéciale a signalé qu’à la fin septembre 2015, plus du quart des écoles syriennes avaient été détruites ou endommagées.  Les Nations Unies ont confirmé des attaques contre des écoles menées par les forces gouvernementales syriennes, l’État islamique, le Front el-Nosra ainsi que par d’autres groupes armés non étatiques, a précisé Mme Zerrougui.  Deux millions d’enfants déplacés et 700 000 enfants réfugiés ne sont plus scolarisés, a-t-elle rappelé, avant d’avertir que toute une génération risquait de ne pas recevoir d’éducation.  Cela pourrait avoir de graves conséquences sur son avenir, a-t-elle ajouté.   « J’exhorte toutes les parties à respecter leurs obligations internationales et à mettre fin aux violations graves contre les enfants », a insisté la Représentante spéciale, en soutenant que la question du sort des enfants avait souvent renforcé les pourparlers de paix.  « Je demande à toutes les parties de relayer les voix des enfants en Syrie et d’agir collectivement pour leur permettre de vivre une existence débarrassée de la peur et de la violence », a conclu Mme Leila Zerrougui. 

Mme JUSTINE GREENING, Secrétaire d’État pour le développement international du Royaume-Uni, a déploré que la générosité du Liban dans l’accueil des réfugiés syriens n’ait pas été imitée par d’autres pays, en soulignant notamment le sous-financement de l’appel humanitaire pour la Syrie.  Le temps manque pour les enfants de la Syrie qui se voient privés de leur enfance et pour régler la question des réfugiés, a-t-elle dit.  Mme Greening a indiqué que son pays allait organiser en février prochain une conférence mondiale sur la crise syrienne, qui devrait marquer un tournant dans la mobilisation des ressources et le renforcement des engagements politiques en faveur de la Syrie. 

Rappelant que la situation en Syrie n’était pas une catastrophe naturelle, mais bel et bien une catastrophe humaine, la Secrétaire d’État a souligné la responsabilité éminente du régime de Bachar al-Assad dans cette situation, mais aussi de Daech, dont elle a condamné le mépris flagrant pour le droit international humanitaire.  La transition politique est la seule manière de mettre fin à la crise en Syrie, a-t-elle estimé, avant de se dire encouragée par les progrès récemment enregistrés à Vienne.  Elle a demandé une meilleure protection des personnes déplacées, un acheminement sans entraves de l’aide humanitaire et la fin du siège de zones où se trouvent des civils.  « Il ne peut y avoir d’excuses pour le non-respect du droit international », a-t-elle dit, avant d’appeler le Conseil à avoir une « position claire » sur cette question.  Le conflit syrien est le défi majeur de notre époque, a-t-elle conclu, en mettant l’accent sur l’importance du prochain Sommet humanitaire à Istanbul pour le relever.

Mme CAROLYN SCHWALGER (Nouvelle-Zélande) a souligné que les attentats qui ont eu lieu récemment à Paris, Beyrouth, Ankara, ainsi qu’en Iraq et en Égypte, montrent que le coût humain du conflit syrien s’étend bien au-delà de ce pays.  Elle a déploré l’impact du conflit sur la part de la population la plus vulnérable, à savoir les femmes et les enfants, en soulignant que 2,6 millions d’enfants étaient actuellement privés de leur droit à l’éducation et que beaucoup étaient endoctrinés et recrutés par Daech et les groupes armés non étatiques.  Elle s’est aussi inquiétée du nombre de femmes, de filles et de réfugiés syriens qui subissent la violence sexuelle et sexiste, en dénonçant la « campagne brutale de violence sexuelle » de l’État islamique d’Iraq et du Levant.  Elle a plaidé pour que les femmes participent activement aux dialogues politiques sur l’avenir de la Syrie.

La Nouvelle-Zélande, a indiqué Mme Schwalger, travaille avec la Jordanie et l’Espagne au renouvellement de la résolution 2191 (2014) du Conseil de sécurité, laquelle avait permis d’établir un accès humanitaire transfrontière pour que l’aide parvienne en Syrie.  Elle a rappelé que l’accès à des millions de personnes ayant un besoin urgent d’aide humanitaire restait difficile, avant de se dire très préoccupée par les restrictions imposées par le Gouvernement syrien et l’absence totale d’accès dans les zones contrôlées par Daech.  Enfin, la représentante a soutenu les pourparlers qui se déroulent en ce moment à Vienne, en vue de trouver une solution politique, et assuré que sa délégation était favorable à des mesures de nature à instaurer la confiance.  Elle a aussi apprécié le rôle fort que le Conseil de sécurité joue dans ce processus.

M. JUAN MANUEL GONZÁLEZ DE LINARES PALOU (Espagne) a déclaré que la situation des femmes et des enfants syriens constituait l’aspect le plus sombre et le plus préoccupant du conflit syrien.  Il a également dit regretter la destruction du système éducatif, qui a conduit à la déscolarisation de deux millions de personnes, en notant que 224 millions de dollars étaient nécessaires de toute urgence sous peine de voir une génération sacrifiée à cause de la guerre.  Le recours, par les groupes terroristes, aux violences sexuelles à travers tout le pays, est également un motif de préoccupation majeur pour sa délégation.  Il est important de mettre à disposition des victimes une assistance psychologique et des soins souvent absents du terrain.  De plus, a indiqué le représentant, le rôle des femmes doit être envisagé sous l’angle d’une participation au processus politique de la « nouvelle Syrie que nous appelons de nos vœux ».  Après avoir condamné les attaques aveugles commises « par toutes les parties au conflit », l’Espagne a demandé la mise en œuvre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité en vue d’assurer un accès humanitaire aux personnes qui en ont un besoin urgent. 

Mme DINA KAWAR (Jordanie) a condamné les actes de terreur commis en France et au Liban.  Les parties en Syrie commettent des violations flagrantes du droit international et du droit international humanitaire de manière constante, a-t-elle déploré, en soulignant que les bombardements aveugles et les destructions d’écoles et d’hôpitaux étaient quotidiens.  Elle a invité la communauté internationale à explorer toutes les pistes afin d’améliorer l’acheminement de l’aide humanitaire pour des millions de Syriens, avant de condamner les violations commises par Daech.  Elle a affirmé que son pays accueillait 1 500 000 réfugiés syriens, en expliquant que ce fardeau était de plus en plus lourd pour les infrastructures de son pays.  La communauté internationale devrait apporter son appui aux pays d’accueil qui se sentent aujourd’hui abandonnés, a-t-elle estimé.  Les efforts en matière d’accueil des réfugiés devraient être mieux coordonnés.  « Le renforcement de la résilience des pays d’accueil, a-t-elle dit, est dans l’intérêt de tous. »  Enfin, Mme Kawar a insisté sur la nécessité de parvenir à une solution politique à la crise syrienne et s’est félicitée, à cet égard, des progrès récemment accomplis à Vienne.  La seule solution globale doit reposer sur le premier Communiqué de Genève du 30 juin 2012 et répondre aux aspirations du peuple syrien, a conclu la déléguée de la Jordanie.

M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie) a déclaré que, chaque mois, plus de 4 millions bénéficiaient d’une aide alimentaire en Syrie grâce aux efforts conjugués des Nations Unies et de ses partenaires.  Les autorités syriennes, a-t-il ajouté, y contribuent en facilitant l’accès des convois humanitaires « à travers les lignes de front ».  Cette action louable ne règlera pas les problèmes, a-t-il fait observer.  Ce n’est que par un règlement politique que la paix pourra être restaurée en Syrie, a assuré le représentant.  Il a affirmé qu’il faudrait s’attaquer à la menace terroriste « qui transcende les frontières », comme les attentats commis à Beyrouth et Paris l’ont récemment démontré.  Le délégué russe s’est ensuite dit opposé à la tendance qui consiste à « politiser la situation humanitaire », en s’indignant des informations selon lesquelles les frappes russes visent délibérément à détruire.  Regrettant que certaines de ces informations aient été reprises dans des rapports du Secrétaire général, M. Safronkov a assuré que les opérations militaires menées par son pays en Syrie s’accompagnaient de conférences de presse.  Selon certains médias, un hôpital aurait été bombardé par l’aviation russe, alors qu’une photo satellite en date du 30 octobre montre clairement que ce bâtiment n’a pas été touché par les frappes de l’aviation militaire russe.  Avant de conclure, il a appelé à une « coalition universelle » pour éliminer le terrorisme.

Mme RAIMONDA MURMOKAITĖ (Lituanie) s’est inquiétée de l’afflux constant de réfugiés syriens vers le Liban, la Jordanie et la Turquie, en faisant remarquer que ces pays étaient sur le point d’atteindre un niveau de saturation.  Selon des informations du Réseau syrien pour les droits de l’homme, a-t-elle fait observer, les forces gouvernementales auraient largué 1 438 bombes à barils d’explosifs sur la Syrie au mois d’octobre.  Depuis le début de l’offensive menée par la Fédération de Russie, a-t-elle ajouté, 130 000 autres personnes ont dû s’enfuir.   Après avoir énuméré et dénoncé les « atrocités barbares » commises par Daech, elle a aussi dénoncé les répercussions de ces attaques comme à Paris, Beyrouth et ailleurs.  La représentante s’est également élevée contre les obstacles auxquels se heurte l’acheminement de l’aide humanitaire, avant de se plaindre de l’incapacité du Conseil de sécurité à faire appliquer ses propres résolutions et de l’enjoindre à utiliser les outils à sa disposition pour garantir que les parties laissent passer l’aide humanitaire. 

Mme Murmokaitė s’est aussi dite préoccupée du manque de soins médicaux dont souffre la population syrienne et des attaques dirigées contre les installations médicales, notamment à la suite des sept frappes aériennes russes au mois d’octobre.  Elle a également dénoncé les attaques contre des véhicules des Nations Unies et l’enlèvement de travailleurs humanitaires.  Ces attaques constituent des crimes de guerre, a-t-elle souligné, avant d’attirer l’attention sur l’impunité qui règne en Syrie et de plaider en faveur de la saisine de la Cour pénale internationale.  La Syrie reste l’endroit le plus dangereux au monde pour un enfant, a-t-elle rappelé, en faisant remarquer que 140 000 enfants syriens étaient apatrides.  Quel est l’avenir d’un pays dont la prochaine génération est perdue?  Il faudrait, a-t-elle exigé, que le Conseil de sécurité prenne des mesures pour protéger des bombes la population civile et, en particulier, les enfants.  Enfin, la représentante a assuré que sa délégation soutenait une solution politique à ce conflit, sur la base du Communiqué de Genève de 2012.

M. JOÃO IAMBENO GIMOLIECA (Angola) a affirmé que la crise des réfugiés était la conséquence de l’incapacité de la communauté internationale à apporter une solution politique à la crise syrienne.  Il faudrait intensifier les efforts visant à appuyer les pourparlers de Vienne pour régler ce conflit, a-t-il dit, avant d’inviter les pays, y compris les membres permanents du Conseil, qui ont de l’influence auprès des parties à l’exercer.  Il a déclaré que ces pourparlers de Vienne traduisaient un effort mondial et devraient viser à parvenir à un accord de cessez-le-feu, ce qui est, selon lui, la priorité majeure.  Le délégué de l’Angola a ensuite appelé les parties à mettre en œuvre les résolutions du Conseil relatives à la situation humanitaire en Syrie.  « Le conflit dure trop longtemps et atteint des dimensions irrationnelles », a-t-il déclaré.  Les auteurs de violations graves ne sauraient être associés à un processus de paix en Syrie, a-t-il insisté avant de conclure.

Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a estimé que la seule solution au conflit syrien était un règlement négocié qui passerait par la mise en œuvre du Communiqué de Genève, lequel appelle notamment à une transition politique dirigée par les Syriens eux-mêmes.  Pour la déléguée des États-Unis, un pas significatif a été franchi dans cette direction avec les pourparlers qui se sont tenus à Vienne le week-end dernier.  Il sera crucial, a-t-elle dit, que le Conseil appuie les efforts entrepris par le biais d’une résolution.  Alors qu’une nouvelle dynamique est à l’œuvre sur le plan politique, la situation humanitaire sur le terrain continue d’être d’une extrême gravité, a-t-elle cependant noté.  Pour le seul mois d’octobre, plus de 1 771 personnes auraient été victimes de cette situation en Syrie, a-t-elle regretté, en citant les chiffres de l’Observatoire syrien des droits de l’homme.  En outre, a-t-elle accusé, le régime de Bachar al-Assad a continué d’utiliser de « manière honteuse » des barils d’explosifs, notamment lors d’une attaque dans la Gouta orientale qui s’est soldée par 70 morts. 

Les États-Unis se sont félicités de la Déclaration de Vienne adoptée ce week-end réitérant les dispositions de la résolution 2191 (2014), qui proroge l’autorisation donnée aux agences humanitaires des Nations Unies et à leurs partenaires d’utiliser les routes franchissant les lignes de conflit en Syrie.  Accusant l’intervention russe de provoquer des déplacements de populations, la représentante s’est ensuite indignée de ce que Daech continue de commettre des violences contre des civils, notamment à Raqqa.  Le Gouvernement des États-Unis, qui est très préoccupé de voir que 30,4 millions de personnes ont besoin d’une aide alimentaire d’urgence, va acheminer des « denrées saisonnières » à la population syrienne qui se prépare à affronter l’hiver, a indiqué la représentante.  Avant de conclure, elle a appelé les donateurs à répondre à l’Appel éclair des Nations Unies en faveur de la Syrie, qui n’est financé jusqu’à présent qu’à hauteur de 40%.

M. LIU JIEYI (Chine) a condamné les actes barbares commis à Paris.  Les hostilités sont de plus en plus violentes en Syrie, a-t-il continué, avant de demander un règlement politique de la situation.  Il a expliqué que les succès des deux récentes réunions de Vienne ouvraient la voie à la recherche d’un cessez-le-feu et inauguraient une nouvelle phase dans les efforts de règlement du conflit.  Le représentant de la Chine a invité la communauté internationale à mieux coordonner ses efforts dans la lutte contre le terrorisme internationale, en se disant convaincu que l’ONU devrait jouer un rôle de chef de file.  Le délégué a déclaré que son pays était également victime du terrorisme, en raison des agissements du mouvement du Turkestan oriental.  Il a appelé les parties syriennes à placer l’avenir de la Syrie au-dessus de toute autre considération et à respecter les résolutions du Conseil relatives à la situation humanitaire dans le pays.  Enfin, le représentant de la Chine a invité les pays qui ont de l’influence auprès des parties à en faire davantage, avant d’insister sur la nécessité de répondre à l’appel de fonds pour la situation humanitaire en Syrie.

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a tout d’abord exprimé ses condoléances au peuple et au Gouvernement de la France après les attentats terroristes du 13 novembre.  Il a également condamné l’attentat perpétré à Beyrouth un jour plus tôt, en ajoutant que les activités terroristes de Daech en Iraq et en Syrie montrent, à travers la tragédie qui a frappé Paris et Beyrouth, que la violence extrême ne connaît pas de frontières et constitue une menace pour la paix et la sécurité dans le monde.

La crise humanitaire en Syrie ne peut trouver de solution si l’on continue à soutenir des interventions militaires par le biais de l’appui aux groupes terroristes ou par la poursuite d’une politique d’occupation étrangère, a-t-il lancé, en pointant la Palestine et la Syrie comme cas emblématiques d’une réalité qui engendre des flux de réfugiés et de déplacés internes fuyant les zones de conflit.  Il a reconnu l’effort des agences humanitaires en Syrie, qui interviennent dans un environnement hostile, et a condamné toutes les attaques contre leur personnel et leurs installations.  Il s’est félicité de la coopération entre le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) et les autorités syriennes, en espérant qu’elle facilite la livraison de l’aide humanitaire pour soulager la population touchée par la guerre.  Le représentant s’est dit cependant préoccupé par l’utilisation répétée d’engins explosifs et de voitures piégées de la part de l’État islamique d’Iraq et du Levant, de même que par les enlèvements, les exécutions sommaires et les attaques contre les écoles menés par cette organisation terroriste, ce qui constitue, a-t-il dit, des crimes de guerre et contre l’humanité, dont les auteurs doivent être traduits en justice.

Le rapport du Secrétaire général, a-t-il noté, ne fait pas directement référence aux attaques menées par le Front el-Nosra, à la différence de ce qui est indiqué concernant l’État islamique d'Iraq et du Levant ou autres « acteurs non étatiques ».  Il a condamné l’utilisation de civils de minorités ethniques comme boucliers humains par des milices associées à l’Armée de la conquête telles que Jaish al-Islam.  Il a souhaité que ces organisations soient rapidement inscrites sur la liste du Comité des sanctions 1267 contre Al-Qaida et entités qui leur sont associées, en soulignant qu’il était temps que leurs actions cessent de s’abriter sous l’étiquette d’acteurs non gouvernementaux.  Le représentant du Venezuela a condamné l’utilisation, par l’Etat islamique d'Iraq et du Levant comme par ces  acteurs non gouvernementaux, des services de base comme armes de guerre.  Les coupures d’eau et d’électricité qu’il a qualifiées de violation du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme doivent cesser.  Il a également condamné la destruction du patrimoine culturel de la Syrie par Daech. En ce qui concerne la recherche d’une solution politique négociée, il a mis l’accent sur le processus de Vienne, en estimant que le Gouvernement syrien, acteur essentiel du conflit, devrait y participer.

M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a présenté ses condoléances au peuple français, en se disant touché et horrifié par les attaques lâches et condamnables menées par des terroristes à Paris au nom d’une idéologie dévoyée.  Après avoir remercié le Secrétaire général et les représentants spéciaux de leurs rapports, il a noté avec effroi les chiffres concernant les victimes, en précisant que 250 000 personnes ont perdu la vie, un million d’autres ont été blessées, 7,6 millions de personnes ont été déplacées et 13,5 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire.  Le représentant s’est dit indigné par les souffrances que les parties au conflit ont infligées, en toute impunité, à la population syrienne et les a appelées à respecter le droit international humanitaire et le droit international relatif aux droits de l’homme.  Les attaques aveugles et le ciblage délibéré de civils et d’infrastructures civiles doivent cesser.

Le représentant s’est dit particulièrement préoccupé par le recrutement et l’abus d’enfants, forcés à travailler comme esclaves sexuels ou boucliers humains.  Les femmes et les filles sont non seulement victimes de viols et d’abus sexuels, mais elles sont également vendues comme esclaves sexuelles et forcées au mariage avec des combattants étrangers.  En outre, la stratégie visant à assiéger et affamer la population pour mieux la dominer est l’un des aspects les plus terrifiants du conflit syrien, a dit M. Ibrahim. 

Le représentant s’est ensuite félicité des efforts et de l’engagement des institutions du système des Nations Unies et de leurs partenaires pour fournir l’aide humanitaire indispensable au peuple syrien.  Toutefois, il a regretté que, malgré l’adoption des résolutions 2139 (2014), 2165 (2014) et 2191 (2014), l’accès transfrontalier continue à se heurter à des problèmes administratifs et de sécurité.  La Malaisie accueillera 3 000 réfugiés syriens et le représentant a appelé les autres membres de la communauté internationale à faire des efforts pour aider le peuple syrien.  En conclusion, il s’est déclaré favorable à une solution politique inclusive menée par les Syriens.

Mme JOY OGWU (Nigéria) a également pris note des menaces terribles que le conflit en Syrie continue de faire peser sur les civils dans ce pays.  Il est très troublant, a-t-elle dit, de constater que des violations du droit international humanitaire continuent d’être commises par toutes les parties au conflit.  La représentante les a donc appelées à s’abstenir de prendre pour cible des civils, ce qui constitue un crime de guerre.  Regrettant les difficultés à fournir une assistance humanitaire, la représentante s’est également émue du sort des enfants touchés par le conflit, en citant les cas d’enlèvements, les meurtres ou encore les attaques perpétrées par Daech contre des écoles.  Selon elle, la situation actuelle souligne à quel point il est nécessaire de faire davantage.  C’est pourquoi, elle a appelé les États Membres à se pencher sur la stratégie en sept points présentée par la Représentante spéciale chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit.  Le Nigéria encourage les parties à œuvrer à la recherche d’une solution au conflit, dans la foulée de la réunion de Vienne qui s’est tenue ce week-end, a dit sa représentante avant de conclure.

M. TCHOULI GOMBO (Tchad) a condamné les actes ignobles commis en France et au Liban. Les Syriens sont plongés dans un désespoir sans fin, a-t-il dit, avant de déplorer la détérioration continue de la situation humanitaire.  Il a appelé les parties à renoncer à la violence et à respecter le droit international, en ajoutant que le refus de l’acheminement de l’aide humanitaire d’urgence était une violation caractérisée du droit international humanitaire.  Les réunions du Conseil de sécurité se suivent sans qu’aucune amélioration ne soit apportée sur le terrain, a regretté le représentant du Tchad.  La guerre sans fin en Syrie, dont les conséquences sont incommensurables, ne fait qu’entamer la crédibilité du Conseil, qui est maintenant réduit au rôle d’observateur impuissant, a-t-il estimé.  En conclusion, le délégué a demandé une solution négociée au conflit par le biais d’une transition inclusive et invité les parties à engager des pourparlers directs visant à mettre en œuvre le Communiqué de Genève du 30 juin 2012

M. CARLOS OLGUÍN CIGARROA (Chili) a présenté ses condoléances aux familles des victimes des attentats terroristes à Paris, au peuple et au Gouvernement français ainsi qu’à tous les pays dont des ressortissants ont été tués au cours de ces attaques, en précisant que deux Chiliens étaient également au nombre des victimes.  Tout acte terroriste est criminel et injustifiable, a-t-il déclaré, en soulignant que les auteurs directs et indirects de ces actes devraient en répondre devant la justice.  Le dernier rapport du Secrétaire général est une alerte supplémentaire sur la situation intenable en Syrie, a dit le délégué.  Le conflit démantèle les conditions fondamentales de l’identité, de la sécurité et de la dignité d’une société et c’est pourquoi, les responsables doivent rendre des comptes devant la justice.  Le représentant a plaidé pour des mécanismes qui protègent la population civile, comme la réouverture des couloirs humanitaires, et qui portent assistance aux personnes dans les camps de déplacés, en particulier dans les zones d’accès difficile.  Il est impératif de créer les conditions garantissant le respect du droit international humanitaire et de faire appliquer les résolutions humanitaires appelant les parties à s’abstenir d’attaquer les hôpitaux et centres médicaux, les écoles et les infrastructures de base.

L’exposé de la Représentante spéciale ne fait que confirmer la gravité de la situation en ce qui concerne les violences sexuelles et de genre dans le conflit syrien, utilisées comme « tactique de guerre » mais aussi comme « tactique de la terreur », a estimé M. Olguín, en appelant les Nations Unies à faire respecter la résolution 2106 (2013).  Il s’est dit préoccupé par les conséquences dévastatrices des attaques permanentes contre les enfants et les limites imposées pour accéder à l’éducation.  « Nous ne pouvons permettre qu’une génération soit perdue, il en va de notre responsabilité comme de celle Conseil de sécurité », a-t-il lancé.

La solution politique est la seule voie pour faire face à la crise humanitaire, a conclu M. Olguín.  Il a appelé à l’application des clauses du Communiqué de Vienne du 30 octobre 2015 et des décisions prises par le Groupe international de soutien à la Syrie à la fin de la semaine dernière au sujet de l’unité, de l’indépendance, de l’intégrité territoriale et du caractère séculier de la Syrie, un cessez-le-feu étant une condition indispensable.  Il est essentiel que le processus politique soit mené par les Syriens eux-mêmes, comme l’indique le Communiqué de Genève du 30 juin 2012, et de faire cesser toute livraison d’armes vers toutes les parties prenantes au conflit.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a rappelé le bilan des « attaques terroristes abjectes » dont Paris a été la cible le vendredi 13 novembre, soit au moins 129 morts et plus de 300 blessés, en précisant que les victimes étaient de 19 nationalités différentes.  « Nos pensées, a-t-il ajouté, vont également à l’ensemble des familles qui ont été touchées ces derniers mois « par un terrorisme qui n’a ni couleur ni religion »: le Liban, la Turquie, le Danemark, le Koweït, l’Arabie saoudite, la Libye, la Tunisie et l’Égypte.  « Face à l’effroi, face au terrorisme, la France restera debout et unie.  Liberté, égalité, fraternité la devise de la République française n’a jamais été aussi forte de sens », a fait remarquer le représentant.  La France est un pays où les hommes et les femmes sont égaux en droit, un pays « pluriel et métissé », a-t-il tenu à rappeler.

Après avoir désigné l’ennemi -Daech-, « un monstre qui s’est nourri des divisions ethniques et religieuses dans la région » et qui s’est « renforcé par la haine et le rejet de l’autre », il a énoncé deux objectifs pour y faire face.  D’abord, a-t-il dit, il faudrait engager une lutte résolue et déterminée contre le terrorisme et contre Daech.  Il a demandé à l’ensemble de la communauté internationale de s’unir dans cette lutte en rappelant l’intention, exprimée ce matin, par le Président français de saisir le Conseil de sécurité en vue d’adopter une résolution à cette fin.  Le Président de la France, a-t-il ajouté, a également appelé au rassemblement dans le cadre d’une grande et unique coalition internationale afin de détruire Daech.

M. Delattre a ensuite prôné la recherche d’une solution politique en Syrie.  Il a demandé aux membres du Conseil de sécurité et aux pays de la région de s’unir pour mettre d’urgence en œuvre une transition politiqué en Syrie, « dans laquelle Bachar al-Assad ne peut constituer une solution », a-t-il précisé.  Le représentant a souhaité des progrès concrets urgents dans le domaine humanitaire et pour voir cesser les attaques indiscriminées contre les civils, en faisant référence aux propositions faites par la France à Vienne.  Il a également appelé à mettre en œuvre sans délai les résolutions du Conseil de sécurité.  Il est impératif que nous soyons unis face à ces deux objectifs, a-t-il lancé, avant de rendre hommage aux pays frontaliers de la Syrie qui accueillent le plus grand nombre de réfugiés et d’inviter à les soutenir.  S’appuyant en outre sur les valeurs et la tradition d’accueil de l’Europe, il a appelé à être solidaire avec les populations qui fuient la guerre en Syrie, dans le respect des libertés fondamentales et des principes de droit sur lesquelles elle s’est construite.  Avant de conclure, M. Delattre a réaffirmé que la France était un pays libre et que sa population surmonterait cette épreuve, avec une communauté internationale unie. 

M. BACHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a déploré l’approche du Conseil vis-à-vis de la situation en Syrie et sa cécité face au fléau du terrorisme financé par l’Arabie saoudite.  Le terrorisme, a-t-il soutenu, trouve sa source dans le wahhabisme.  Le représentant syrien a condamné dans les termes les plus forts les attaques de Paris et regretté que le Conseil n’ait pas adopté des déclarations présidentielles sur les morts de civils à Damas ou à Alep.  Certains États ont ouvert la porte aux terroristes en en parlant comme une opposition modérée, a-t-il dit.  Chaque fois que les autorités syriennes neutralisent un terroriste, elles protègent des dizaines de victimes potentielles, a-t-il fait remarquer.  Ceux qui détournent cette réalité sont les complices des terroristes et des bains de sang, a-t-il déclaré.  Le Président d’un pays membre permanent du Conseil de sécurité, a-t-il noté, a annoncé qu’il allait procéder à l’amendement de la Constitution pour mieux lutter contre le terrorisme.

Le délégué a souligné qu’il était nécessaire de présenter un front uni contre le terrorisme et de s’abstenir de tout « amateurisme politique ».  C’est ce que mon pays a fait avec la Fédération de Russie en menant des opérations conjointes, puis avec la Fédération de Russie et l’Iran en échangeant des renseignements, précipitant ainsi la retraite de groupes extrémistes, a-t-il expliqué.  La lutte contre le terrorisme est de nature à faciliter une solution politique, a poursuivi le délégué, avant de souligner la bonne volonté de son gouvernement, qui a coopéré avec l’Envoyé spécial de l’ONU, M. Staffan de Mistura, et accepté sa proposition relative à Alep.

« Le Gouvernement syrien est prêt à se joindre à tous les efforts sincères visant à trouver une solution politique, par le biais d’un dialogue intra-syrien, sans ingérence extérieure et dans le respect de la souveraineté nationale de la Syrie ».  Avant de conclure, le délégué a déploré la politisation des résolutions du Conseil relatives à la situation humanitaire en Syrie et assuré que l’armée syrienne n’utilisait pas des armes aveugles et respectait, au contraire, le droit international dans sa lutte contre le terrorisme.  

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