7558e séance – matin
CS/12119

Conseil de sécurité: Hervé Ladsous et les Chefs de police de trois missions de l’ONU plaident pour des mandats clairs et une augmentation du nombre de femmes policières

À l’occasion de son deuxième débat consacré à la Police des Nations Unies depuis l’adoption de sa première résolution sur ce sujet en novembre 2014, le Conseil de sécurité a entendu, aujourd’hui, les Chefs de la police des opérations de l’ONU déployées au Soudan du Sud, en République démocratique du Congo et au Libéria qui ont exposé les difficultés rencontrées dans l’exécution de leur mandat en matière de protection des civils.

À l’instar du Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix qui a lancé la discussion, ils ont plaidé pour que ces opérations soient dotées de mandats clairs et réalistes et comptent dans leurs rangs davantage de femmes agents ou officiers de police, dont le rôle clef dans la dénonciation des violences sexuelles a été souligné par l’ensemble des membres du Conseil.

Ces derniers ont également posé des questions sur la manière dont le Conseil pourrait davantage épauler la composante police des opérations de maintien de la paix de l’ONU, auxquelles les Chefs de police présents ont répondu.  Plusieurs membres du Conseil et, en particulier, le représentant du Royaume-Uni qui présidait la séance, ont tenu à ce que ce débat, résolument interactif, soit organisé chaque année.

Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Hervé Ladsous, a rappelé que les agents et officiers de police des Nations Unies, qui sont aujourd’hui 13 000 à être déployés sur le terrain, étaient « le visage de l’ONU auprès des communautés locales ».  La présence de la police permet d’étendre l’autorité de l’État hôte et de rassurer la population locale, a souligné M. Ladsous.

Détaillant les défis rencontrés dans la protection des civils, il a mis l’accent, en se référant à la résolution 2185 (2014), sur la nécessité de professionnaliser les contingents de police.  Ceci implique, a-t-il précisé, une formation spécifique sur la protection des civils et le développement des capacités linguistiques.

Le Secrétaire général adjoint a surtout invité les membres du Conseil à être « clairs dans leurs directives ».  « Nous ne pouvons travailler de manière satisfaisante que si vous arrêtez une stratégie politique claire et que vous appuyez nos efforts, y compris auprès des pays hôtes qui ne sont pas toujours coopératifs », a déclaré M. Ladsous.

Ce point de vue a été partagé par le Chef de la Police de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL), M. Greg Hinds, qui a invité les membres du Conseil de sécurité à adapter le mandat de chaque opération de maintien de la paix à la situation du pays concerné.  « Nous devons disposer de mandats clairs, crédibles et réalistes, dotés de ressources appropriées », a-t-il dit, avant d’expliquer le rôle de la Mission pour faire  face au défi sans précédent que posait l’épidémie causée par le virus Ebola.

La Mission, a dit M. Hinds, a dû adapter son mandat en matière de protection des civils et explorer de nouvelles pistes de coopération avec la police nationale.  Aujourd’hui, le Libéria est débarrassé du virus Ébola, a-t-il affirmé. Ces difficultés ont également été rencontrées pour protéger les civils au Soudan du Sud, a ajouté le Chef adjoint de la Police de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), M. Charles Brent.  L’environnement dans lequel la Mission opère est extrêmement « rude », a-t-il dit.

« Les menaces à la sécurité du personnel sont quotidiennes et l’escalade peut se produire très vite lorsque des membres des Nations Unies se retrouvent cernés par des dizaines, voire des centaines de personnes déplacées », a-t-il expliqué.  Dans le droit fil du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix, M. Brent a recommandé de « tailler sur mesure » les mandats aux dynamiques propres à chaque mission de paix.

Ce vœu a été entendu par certains membres du Conseil, dont la représentante des États-Unis, qui a estimé qu’il faudrait veiller à ce que tous les mandats reflètent le rôle croissant dévolu aux forces de police dans les zones de déploiement.  La composante police est plus souple, plus en phase avec les réalités et plus proche des populations, que la composante militaire d’une mission de paix, a commenté le représentant de la Nouvelle-Zélande, tandis que son homologue britannique a admis que la composante police avait longtemps été « négligée ».

L’augmentation du nombre de femmes au sein de la composante police d’une opération de maintien de la paix a été souhaitée par la majorité des intervenants, y compris par M. Ladsous, qui a reconnu que l’ONU était, dans ce domaine, encore en deçà de ses cibles.  Le Chef de la Police de la Mission de l’Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUSCO), le général Pascal Champion, a indiqué qu’une conseillère pour la parité entre les hommes et les femmes très dynamique avait été récemment désignée. 

La composante police de la MONUSCO s’est également dotée d’un mécanisme visant à informer « en moins de trois heures » le Représentant spécial pour la République démocratique du Congo de toute allégation d’abus et d’exploitations sexuels impliquant des membres du personnel de l’ONU, a-t-il expliqué, avant de souhaiter une mise en œuvre rapide et plus efficace de la résolution 2185 (2015). 

La représentante du Nigéria a appuyé une augmentation du nombre de femmes dans les composantes police, dans la mesure où « celles-ci sont mieux à même de comprendre les difficultés rencontrées par les femmes du pays hôte qui sont souvent les premières victimes d’une situation de conflit ».

Les représentants du Chili, de l’Espagne ou encore de la France, ce dernier affirmant que les femmes étaient « susceptibles d’apporter une plus-value dans les enquêtes sur les violences sexuelles ».  Enfin, le délégué de la Fédération de Russie a estimé que le paramètre déterminant des efforts pour augmenter le nombre de femmes devrait rester, avant tout, celui de la compétence. 

OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DES NATIONS UNIES

Difficultés rencontrées par les forces de police dans le cadre d’un mandat de protection des civils

Lettre datée du 5 novembre 2015, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2015/844)

Déclarations

M. HERVÉ LADSOUS, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a indiqué que les opérations de maintien de la paix n’avaient que récemment commencé à bénéficier des forces de police du monde.  Mais ces forces de police ont un potentiel considérable, a-t-il dit.  Au cours de la dernière décennie, le nombre de policiers déployés avait triplé, atteignant ainsi un effectif de 13 000 personnes.  Les mandats des opérations au sein desquelles ils opèrent sont de plus en plus multidimensionnels, a-t-il dit. 

Les officiers et agents de police sont le visage de l’ONU auprès des communautés locales, a continué M. Ladsous.  Il a cité l’exemple de la MINUAD, dont la composante policière a joué un rôle important pour établir un lien auprès des personnes déplacées.  La police offre une protection non armée, qui peut devenir une protection physique, incluant l’usage de la force, a indiqué le Secrétaire général adjoint, en citant l’équipe spéciale de Bangui qui a servi aux côtés des forces militaires.  En octobre, la police de la MINUSCA a permis de mettre en échec une attaque contre des camps de personnes déplacées, a-t-il dit.

La présence de la police permet d’étendre l’autorité de l’État hôte et de rassurer la population locale, a souligné M. Ladsous, en précisant qu’un mode de protection conjoint avec les forces militaires onusiennes et les forces du pays hôte était en train de se développer.  M. Ladsous a également mentionné les opérations conjointes en Haïti menées par la Police et les forces militaires des Nations Unies et par la Police haïtienne.

La responsabilité première de protéger revient au pays hôte, a tenu à rappeler le Secrétaire général adjoint, en faisant remarquer que tout l’enjeu consistait à savoir s’il en est capable.  Dans ce contexte, M. Ladsous a insisté sur l’importance de la formation de policiers locaux, en expliquant qu’au Mali, 8 800 éléments des forces de sécurité avaient été formés par des unités mobiles des Nations Unies dans tout le pays.

M. Ladsous a ensuite souligné, dans le droit fil de la résolution 2185 (2014), la nécessité de professionnaliser les contingents de police, ce qui implique, a-t-il dit, une formation spécifique dans la protection des civils.  Il a plaidé, à ce titre, pour un meilleur usage de la capacité de police permanente et mis l’accent sur l’importance des unités policières spécialisées.  M. Ladsous a appelé de ses vœux le développement des capacités linguistiques et une participation renforcée des femmes.  Malgré l’augmentation de la représentation des femmes au sein des effectifs de police, nous sommes encore en deçà de nos cibles, a-t-il fait observer.  Les exemples de la RDC et du Libéria montrent qu’il est important de déployer davantage de femmes agents et officiers de police, a-t-il indiqué.

Le Département des opérations de maintien de la paix a établi le premier Document politique sur la protection des civils, s’accompagnant de directives en direction des forces militaires, a rappelé M. Ladsous, avant d’ajouter que des directives similaires pour les composantes policières devraient être bientôt adoptées.

Enfin, le Secrétaire général adjoint a invité les membres du Conseil à être clairs dans leurs directives.  « Nous ne pouvons travailler de manière satisfaisante que si vous arrêtez une stratégie politique claire et que vous appuyez nos efforts, y compris auprès des pays hôtes qui ne sont pas toujours réceptifs », a précisé M. Ladsous avant de conclure.

M. CHARLES BRENT, Chef adjoint de la Police de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), a indiqué qu’au cours des 22 derniers mois, le contingent de police qu’il dirige s’était adapté en passant du renforcement des capacités dans le cadre d’une situation postconflit et de relèvement à la protection des civils dans de nombreuses situations de crise et de conflit.  « Les difficultés rencontrées pour maintenir l’ordre public sur les sites de protection des civils, où sont regroupées 180 000 personnes, sont liées à de nombreux facteurs, au premier chef les risques physiques auxquels s’exposent les personnels des Nations Unies qui y travaillent », a expliqué M. Brent.  Les menaces à la sécurité du personnel sont constantes et quotidiennes et l’escalade peut se produire très vite lorsque des membres des Nations Unies se retrouvent cernés par des dizaines, voire des centaines de personnes déplacées, a-t-il expliqué. 

Face à de tels défis, la MINUSS continue de réfléchir à des solutions innovantes, en s’appuyant sur les recommandations du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix.  Ce rapport recommande ainsi de « tailler sur mesure » les mandats aux dynamiques propres à chaque Mission, a fait observer le Chef adjoint de la Police de la MINUSS.  Dans ce contexte, la Mission et la Police des Nations Unies (UNPOL) coopèrent dans le cadre d’un projet pilote visant à assurer le retour des réfugiés, à travers une formation destinée à sensibiliser les officiers de police sud-soudanais.  La MINUSS et la Police des Nations Unies mettent également en œuvre des programmes « transversaux » avec d’autres composantes de la Mission, notamment celles chargées de la protection des femmes et des enfants.  Cette approche, a expliqué M. Brent, a culminé dans le déploiement d’une police de proximité auprès des personnes déplacées, soutenue par des « unités de surveillance communautaires ».  Il a souhaité que le concept de « Police conjointe intégrée » prenne une place prépondérante dans le dispositif de maintien de la paix au Soudan du Sud.  

M. PASCAL CHAMPION, Chef de la Police de la Mission de l’ONU pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), a présenté un aspect de son travail sur la protection des civils en République démocratique du Congo (RDC): la SOLIB, qui est la Stratégie opérationnelle intégrée de lutte contre l’insécurité à Beni, dans le nord-est de la République démocratique du Congo.

La SOLIB a été instituée en avril 2014 pour répondre à des menaces graves et de multiples tueries commises lors des mois précédents à Beni, a expliqué le général Champion.  Elle dépasse la simple dimension policière pour viser une approche plus globale.  Elle combine également la protection des civils et la restauration de l’autorité de l’État pour deux objectifs: renforcer les capacités professionnelles et opérationnelles de la Police nationale congolaise; assurer la sécurité et l’ordre public par une réponse militaire coordonnée de tous les acteurs locaux de sécurité civils et militaires, « congolais et MINUSCO ».

La SOLIB, a précisé le Chef de la Police de la MONUSCO, comporte 37 activités opérationnelles, administratives et logistiques et, notamment, la formation, l’aide à la mobilité, le monitorat et le conseil, le rapprochement avec la population et les autorités, leur écoute, et la gestion partagée de la sécurité.  Elle bénéficie d’un pilotage de la performance par les responsables de la Police des Nations Unies basées à Goma et à Beni et l’envoi régulier d’équipes d’audit de l’état-major UNPOL.

Le général Champion a évoqué ensuite les réponses concrètes que la police de la MONUSCO s’efforce d’apporter pour réduire les menaces sur la population et pour obtenir un soutien logistique pour la Police nationale congolaise.  Pour lui, l’expérience acquise en 2014 sur l’emploi policier des drones permettrait d’envisager une plus-value en matière de sécurité publique.  Les actions spécifiques engagées en application de la SOLIB sont coordonnées avec les structures et outils de la stratégie des Nations Unies de protection des civils en République démocratique du Congo, la MONUSCO et l’équipe pays.  La Police des Nations Unies combine ainsi les niveaux 2 (protection physique) et 3 (établissement d’un environnement protecteur), voir 1 (dialogue), et travaille à renforcer le rôle pilote et proactif de la Police nationale congolaise dans ce domaine.

« Un certain nombre de résultats ont été obtenus », a affirmé le général Champion.  Néanmoins, la Police des Nations Unies fait face à un certain nombre de défis et limitations qu’elle s’emploie à dépasser avec les moyens dont elle dispose.  « Les Congolais fonctionnent souvent en mode survie », a-t-il noté.  Une action plus efficiente de la Police des Nations Unies appelle une mise en œuvre plus rapide et résolue de la résolution 2185 (2014).  En outre, la Division police du Département des opérations de maintien de la paix doit poursuivre la mise en œuvre de la stratégie « En avant vers 2020 » et le Cadre de directive stratégique.  La Police des Nations Unies, a-t-il souligné avant de conclure, a besoin d’un soutien multidisciplinaire, humain, technique, opérationnel, méthodologique, logistique, financier, administratif et performant.

M. GREG HINDS, Chef de la Police de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL), a détaillé les efforts de la composante police de la Mission en matière de protection  des civils dans le contexte de l’épidémie Ebola qui a frappé le Libéria et du transfert progressif des tâches de sécurité aux forces libériennes qui doit s’achever au plus tard le 30 juin 2016.  Citant les domaines où les autorités libériennes auront besoin d’un soutien pour s’acquitter de leur tâche de protection des civils, il a insisté sur la nécessité de restaurer la confiance de la population envers le système pénal et d’œuvrer à une meilleure acceptation de la police libérienne par cette même population.  La police de la Mission apporte son concours à la réalisation de ces objectifs, a-t-il assuré. 

M. Hinds a ensuite plaidé pour un déploiement des forces de police nationales dans tout le pays, y compris dans les zones frontalières.  La Police nationale libérienne envisage de déployer 552 officiers dans ces zones, a-t-il dit.  Le Chef de la Police de la MINUL a ensuite détaillé le projet de réforme de la police qui est actuellement examiné par le Parlement libérien et qui vise à renforcer le contrôle civil sur les forces de police.  L’épidémie causée par le virus Ebola a fourni l’occasion de renforcer les capacités et les responsabilités de la Police nationale du Libéria, a-t-il indiqué, avant de détailler l’appui fourni par la composante police de la MINUL.  Cette composante a formé 1 000 éléments de sécurité libériens spécialisés dans la protection des civils dans un contexte d’état d’urgence, a-t-il dit. 

Le Chef de la Police de la MINUL a déclaré que l’épidémie causée par le virus Ebola avait mis au défi les capacités de la Mission afin qu’elle puisse adapter son mandat de protection des civils et explorer de nouvelles pistes de coopération avec la police nationale pour assurer une action humanitaire en toute sécurité.  La police joue un rôle clef dans la protection des civils dans des contextes opérationnels souvent imprévisibles, a-t-il fait remarquer.  M. Hinds a salué la résilience du secteur de la sécurité du Libéria face à l’épidémie et ses efforts pour prévenir sa propagation, en dépit de moyens limités.  Aujourd’hui, le Libéria est débarrassé du virus Ebola, a-t-il affirmé.  Le nouveau rôle de la Mission, au-delà du 30 juin 2016, devra être redéfini avec le Gouvernement libérien, a-t-il indiqué.

En conclusion, le Chef de la Police de la MINUL a réaffirmé que les activités de police demeuraient un élément essentiel des opérations de paix de l’ONU.  « Nous devons disposer de mandats clairs, crédibles et réalistes, dotés de ressources appropriées », a-t-il dit.  Il faudrait reconnaître, a-t-il souligné, que le mandat de chaque opération de maintien de la paix soit adapté à la situation du pays concerné.

M. TCHOULI GOMBO (Tchad) a rappelé qu’il y a un an, le Conseil de sécurité avait adopté la résolution 2185 (2014), la toute première relative aux fonctions de police, qui a fourni des recommandations conceptuelles et pratiques aux composantes de police des différentes missions de paix des Nations Unies.  Compte tenu du fait que les composantes de police agissent en interaction étroite avec les populations civiles, le représentant a souligné qu’elles devraient être familières avec la langue et les cultures locales des pays hôtes de ces missions.  C’est pourquoi, le Tchad, a-t-il dit, encourage les pays contributeurs de troupes à dispenser des formations au personnel de police, y compris pour les postes à responsabilité.  Par ailleurs, considérant la multiplicité des menaces et les effectifs limités de police, M. Gombo a affirmé que la composante police devrait mener des actions en coopération avec les autres composantes de la mission dont elle relève, ainsi qu’avec la société civile pour mieux s’acquitter de leur mandat de protection des civils.

Le représentant s’est ensuite félicité des progrès considérables accomplis par la MINUL, même s’il a estimé que les effectifs de la police libérienne devraient être davantage renforcés et qu’il faudrait accélérer la mise en œuvre des programmes en cours dans les domaines de l’état de droit, de la justice, de la gouvernance et de la réforme du secteur de la sécurité.  Le soutien des donateurs, a fait observer le délégué du Tchad, est à cet égard indispensable.  Préoccupé par ailleurs par les violations des droits de l’homme perpétrées en République centrafricaine à l’encontre des civils, le représentant a encouragé la MINUSCA à jouer un rôle crucial dans le rétablissement de l’état de droit dans ce pays.  Il a, en conclusion, demandé aux trois Chefs de police ce qu’ils attendaient du Conseil de sécurité pour les aider dans la mise en œuvre de leurs mandats.

Mme DINA KAWAR (Jordanie) a souligné qu’il était nécessaire de renforcer les « critères de déploiement rapide et efficace » afin de consolider les capacités du personnel de police dans les pays hôtes.  Selon elle, les priorités les plus importantes visent à mettre l’accent sur les programmes de formation appliqués par les pays contributeurs de troupes et à renforcer les systèmes de protection des civils.  Elle a ainsi fait valoir le programme initié par la Jordanie en matière de police de proximité, qui est plus que jamais nécessaire pour mieux répondre aux nouveaux défis qui se posent et protéger ainsi efficacement les civils. 

S’adressant aux Chefs de police des missions des Nations Unies présents, la déléguée de la Jordanie a demandé si le manque de précision de certains mandats avait un effet sur la protection des civils et en quoi le Conseil de sécurité pourrait les aider à l’avenir à mieux jouer leur rôle.

M. JUAN MANUEL GONZÁLEZ DE LINARES PALOU (Espagne) a posé deux questions sur la problématique hommes-femmes. Quelles sont les mesures prises récemment pour augmenter le nombre de femmes au sein des composantes police des missions de paix déployées sur le terrain et atteindre les objectifs que l’ONU s’est fixés?  Est-il possible d’accroître les points focaux au sein de ces composantes chargés d’intégrer cette problématique? a-t-il demandé.

Les composantes de police jouent un rôle clef pour ramener la confiance auprès des communautés en raison de leur proximité, a souligné le représentant.  Il a cependant rappelé que le personnel de police doit être responsable de ses actes, en appelant les pays fournisseurs de contingents à former de manière rigoureuse les éléments de police avant leur déploiement.  De son côté, le Conseil de sécurité doit fournir des mandats clairs, a-t-il insisté.

Le délégué de l’Espagne a souligné l’importance des tâches de prévention et de réponse rapide des composantes police, tout en estimant que leur rôle était fondamental dans la réforme des secteurs de sécurité des pays concernés.  Il est également important de mettre en œuvre le programme « femmes, paix et sécurité », en faisant remarquer que l’ONU était encore loin des objectifs affichés visant à accroître le nombre de femmes agents et officiers de police dans ses missions.  Il faudrait donc redoubler d’efforts pour accroître le nombre de femmes, d’autant qu’elles jouent un rôle clef  dans la dénonciation des violences sexuelles, a-t-il dit, avant d’appuyer la politique de tolérance zéro prônée par le Secrétaire général concernant les cas de violence sexuelle commis dans le cadre d’opérations onusiennes.

M. CARLOS OLGUÍN CIGARROA (Chili) a reconnu que la présence de la Police des Nations Unies dans les zones de conflit créait, de par son effet dissuasif, un sentiment de sécurité auprès de la population locale.  Cette dynamique lui permet d’agir comme mécanisme d’alerte rapide, dans l’esprit de l’initiative du Secrétaire général « Les droits de l’homme avant tout », et de faciliter les processus de réconciliation et de rétablissement de la confiance entre la société civile et l’État.

Pour le représentant, la protection des civils doit être au cœur de la formation policière.  À cet égard, il a insisté sur la politique de « tolérance zéro » en matière de conduite et plaidé en faveur d’une plus grande participation de femmes agents et officiers de police, tant au niveau des pays contributeurs de troupes que des pays d’accueil.  Il a salué le lancement, le 10 novembre dernier, du Manuel de la Police des Nations Unies sur les questions relatives à l’égalité des sexes.

Pour sa part, le Chili a contribué, dans le cadre de la Mission de l’ONU pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), à former plus de 250 fonctionnaires de la Police nationale haïtienne.  « Une formation policière solide est fondamentale pour le respect des droits de l’homme et le développement démocratique de tout pays », a déclaré le délégué du Chili.

Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) a estimé que les fonctions de police étaient essentielles au maintien de la paix et souligné qu’il était ainsi nécessaire de déployer davantage de policiers au sein des opérations de paix de l’ONU, tout en renforçant et en précisant leur mandat.  Le personnel de police est en première ligne sur le terrain grâce à son contact direct avec les populations civiles.  Dans ce contexte, il ne fait aucun doute que la Police des Nations Unies peut et doit jouer un rôle accru au sein des opérations actuellement déployées.  Mme Power a donc estimé qu’il faudrait veiller à ce que tous les mandats reflètent le rôle croissant dévolu aux forces de police dans les zones de déploiement.  Ensuite, il faudrait veiller à ce que ces forces soient bien formées et équipées, a insisté la représentante, qui a assuré que les États-Unis avaient dispensé, ces dernières années, des formations à 5 000 policiers de l’ONU, tout en fournissant un appui matériel et logistique aux composantes police des missions déployées sur le terrain.  Sa délégation a en outre l’intention de tout mettre en œuvre pour réduire, de plusieurs mois, les délais de déploiement des personnels sur le terrain, a indiqué Mme Power.  Elle a aussi jugé indispensable d’accroître le nombre de femmes agents et officiers de police au sein de la composante police de ces missions.  S’adressant au Chef adjoint de la Police de la MINUSS, Mme Power a souhaité des précisions sur les mesures prises par cette composante concernant les personnes déplacées qui ne sont pas regroupées sur les six sites de protection administrés par la Mission.  Se tournant ensuite vers le Chef de la Police de la MINUL, elle lui a demandé de préciser les améliorations concrètes qui avaient été observées en dehors de Monrovia, la capitale du Libéria.

Mme RAIMONDA MURMOKAITĖ (Lituanie) a jugé important que le Conseil de sécurité engage un véritable dialogue régulier avec les Chefs de police des missions de paix des Nations Unies pour bien comprendre les défis auxquels ils font face et leur fournir l’appui nécessaire à la réalisation de leurs mandats.  Elle a posé une série de questions aux intervenants, notamment celle de savoir « quelles mesures de renforcement de la confiance fonctionnent le mieux avec les communautés locales » et si les initiatives de police de proximité et les réseaux d’alerte locale sont efficaces. 

Au Chef de la Police de la Mission des Nations Unies en République du Soudan du Sud (MINUSS), la représentante a demandé quelles étaient les mesures prises pour combattre la violence sexuelle et sexiste.  Dans le même esprit, elle a questionné le Chef de la Police de la Mission de l’ONU en République démocratique du Congo (MONUSCO) sur la politique de « tolérance zéro » en matière d’exploitation sexuelle.  De façon générale, elle a estimé qu’il était nécessaire d’avoir plus de femmes dans les composantes de police des missions de paix des Nations Unies.  En outre, elle a considéré que ces missions devraient développer une approche globale pour renforcer les secteurs de la justice et de la sécurité.

La MONUSCO étant la mission la plus large de l’ONU, la représentante a notamment souhaité savoir comment son Chef de police coordonnait toutes les composantes de la Mission pour renforcer le secteur de la sécurité et l’état de droit.  Enfin, elle demandé à son homologue de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL) à quels défis supplémentaires il avait été confronté pendant la crise causée par l’épidémie du virus Ebola.

M. GERARD VAN BOHEMEN (Nouvelle-Zélande) a souhaité que cette réunion du Conseil de sécurité soit organisée chaque année.  Il a ensuite estimé qu’il était nécessaire de doter les opérations de paix de l’ONU de mandats clairs et bien définis.  Le délégué a indiqué que la composante police était plus souple, plus en phase avec les réalités et plus proche des populations, que la composante militaire d’une mission de paix.  Un mandat très prescriptif contribuerait-il à faciliter vos efforts ou, au contraire, les entraverait-il? a–t-il demandé.  Comment les structures de commandement de la composante police et de la composante militaire  harmonisent-elles leurs efforts et leurs opérations face à des groupes criminels? a-t-il ensuite lancé aux Chefs de police de la MINUL, de la MINUSS et de la MONUSCO.  Enfin, le délégué de la Nouvelle-Zélande a souligné qu’il y avait les difficultés rencontrées par les composantes police des missions avaient un trait commun, à savoir une faible coopération du pays hôte comme le montre, de manière évidente, le cas de la MONUSCO.

M. ALEXIS LAMEK (France) a rappelé que la coordination entre les composantes des missions était indispensable, la Police de l’ONU devant être pleinement associée aux composantes civiles et militaires de la force lorsqu’elle accomplit des missions de protection physique immédiate des civils.  Le représentant a ajouté que la clef de la réussite de la mission de protection des civils résidait dans le long terme, dans la formation continue des policiers et gendarmes et dans la reconstruction et le développement des capacités de la police du pays hôte.  M. Lamek a également insisté sur le fait que le retour de la police de proximité, « une police redevable à la communauté qu’elle sert », était absolument nécessaire pour restaurer la confiance entre les populations et les institutions de l’État. 

S’arrêtant ensuite sur l’aspect qualitatif de la police onusienne, le représentant de la France a noté que les policiers déployés en nombre croissant dans les missions de maintien de la paix devraient être mieux formés aux réformes du secteur de la sécurité et à la lutte contre les violences à l’encontre des femmes et des enfants.  Après avoir salué les travaux conduits par le Département des opérations de maintien de la paix pour fixer le cadre d’intervention de la Police de l’ONU, M. Lamek a estimé que les policiers et gendarmes envoyés sur le terrain devraient parler la langue du pays hôte pour faciliter les relations avec la population.  À cette fin, il a également préconisé le déploiement de davantage de femmes agents et officiers de police, susceptibles d’apporter une plus-value dans les enquêtes sur les violences sexuelles.

Le représentant a tenu à souligner que, comme pour la composante militaire, la police de l’ONU « ne peut et ne doit attendre que des exactions soient commises pour intervenir ».  Au contraire, a-t-il dit, elle doit agir par anticipation en mettant en place des outils de prévention et de réponse rapide aux situations dans lesquelles les populations civiles sont menacées, attaquées et/ou victimes de violations des droits de l’homme. 

Mme JOY OGWU (Nigéria) a, elle aussi, reconnu le rôle majeur joué par les effectifs de police dans le maintien de la paix, en rappelant que son propre pays avait déployé des unités de police constituée dans plusieurs des opérations des Nations Unies.  L’engagement régulier de la police auprès des populations locales permet d’établir une relation de confiance avec les populations civiles, ouvrant la voie à la mise en œuvre des autres aspects du mandat, a relevé la représentante.  Mme Ogwu a ensuite assuré que sa délégation appuyait une augmentation du nombre de femmes au sein des composante police, dans la mesure où celles-ci sont mieux à même de comprendre les difficultés rencontrées par les femmes du pays hôte d’une mission de paix des Nations Unies et elles sont souvent les premières victimes d’une situation de conflit.  Elle a enfin demandé aux trois Chefs de la police d’évoquer la réaction des populations locales au déploiement des forces de police dans leurs zones d’opérations respectives.

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a reconnu qu’un grand nombre de missions rencontraient des difficultés pour attirer suffisamment de personnel doté de l’expérience au sein de la police, nécessaire en matière de gestion du changement, du développement institutionnel, des finances et de l’administration.  Il manque également du personnel qualifié dans des domaines spécialisés qui contribuent à une meilleure protection de la population civile, tels que l’analyse légiste, la lutte contre la criminalité transnationale organisée, ou la surveillance maritime et fluviale.  M. Ramirez a demandé aux intervenants leur point de vue à ce sujet.

L’augmentation des fonctions policières des Nations Unies au cours de cette dernière décennie illustre bien, selon le représentant, les défis actuels.  Les menaces dépassent les problèmes de sécurité traditionnels pour inclure la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée.  « Comment le Conseil de sécurité peut-il garantir que les agents et les unités de police sont équipés comme il se doit pour remplir leur mandat? » a-t-il souhaité savoir.  Le délégué du Venezuela a également mis l’accent sur l’interaction avec les communautés et l’importance de tisser des liens de confiance.  Enfin, il a reconnu la nécessité d’établir un dialogue permanent entre le Conseil et les pays contributeurs de troupes.  

M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a estimé que la Police des Nations Unies jouait un rôle clef pour appuyer les autorités nationales dans le domaine crucial de la protection des civils.  Les forces de police doivent respecter les mandats et les principes fondamentaux des opérations de paix de l’ONU, a-t-il rappelé, en citant les principes de souveraineté du pays hôte, d’impartialité et de non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense et dans les cas expressément prévus par le mandat de la mission.

Le représentant a ensuite insisté sur la complexité croissante des tâches accomplies par ces composantes de police, en faisant notamment référence au rôle de la MINUL face à l’épidémie causée par le virus Ebola et à celui de la MONUSCO dans l’est de la République démocratique du Congo.  Il a également souligné la nécessité de modifier le mandat de la MINUSS, afin d’y inclure un appui à l’édification de forces de police sud-soudanaises. 

Le Conseil de sécurité doit examiner de manière approfondie le mandat des missions de paix de l’ONU, tant lors de l’élaboration qu’au moment de sa prorogation.  Une simple reproduction technique sur un modèle établi, ignorant les situations spécifiques, ne peut qu’être contreproductif, a-t-il prévenu.  Il a donc recommandé que la composante police et les autorités locales renforcent leur coopération.  Cette coopération doit également être renforcée entre, d’une part, la composante police et la composante militaire des missions et, d’autre part, entre les différentes missions de l’ONU opérant dans une région.  Le paramètre déterminant des efforts pour augmenter le nombre de femmes au sein de la composante police doit rester, avant tout, celui de la compétence, a-t-il insisté, en précisant que les forces russes déployées au sein des opérations de paix de l’ONU comptaient 25% des femmes.

M. XU ZHONGSHENG (Chine) a estimé que les activités de police dans le cadre du maintien de la paix devraient pleinement respecter les mandats du Conseil de sécurité.  Dans le cadre des formations dispensées à ces composantes, a-t-il dit, il faudrait toujours tenir compte de l’avis du pays hôte et veiller à bien communiquer avec la population locale, a souligné le représentant.  De son côté, le Conseil doit veiller à ce que les mandats qu’il élabore soient viables et puissent être concrètement mis en œuvre.  En outre, a ajouté le représentant, il faudrait toujours améliorer la gestion des contingents de police du maintien de la paix, en rationalisant les procédures de formation et en planifiant de manière plus efficace leur déploiement.  S’agissant des moyens de transports et des équipements, les pays contributeurs devraient bénéficier davantage de latitude pour ajuster en fonction de leurs besoins, a estimé le délégué de la Chine.  Avant de conclure, il a rappelé qu’après avoir déployé son premier contingent de police en 2000, la Chine était devenue l’un des principaux pays fournisseurs de contingents de police.

M. JULIO HELDER MOURA LUCAS (Angola) a souligné le rôle clef de la Police des Nations Unies dans la protection des civils et dans la réforme des secteurs de sécurité des pays hôtes. La police, qui est souvent le premier point de contact pour les populations locales, participe à l’instauration de la confiance au lendemain d’un conflit, a-t-il dit.  Le représentant de l’Angola a demandé que les femmes soient davantage présentes au sein de la Police des Nations Unies et de la police nationale du pays hôte d’une opération de paix de l’ONU, en précisant qu’une présence accrue avait, notamment, pour effet de faciliter la dénonciation des violences sexuelles.  Les situations complexes auxquelles les composantes police font face exigent une augmentation du nombre de policiers, a-t-il dit.  Enfin, le délégué de l’Angola a demandé des précisions sur le rôle de la police libérienne dans le contexte de la stratégie de retrait de la MINUL. 

M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a estimé, à l’instar d’autres membres du Conseil de sécurité, qu’il faudrait davantage de femmes agents et officiers de police sur le terrain.  Il s’est également prononcé en faveur de l’expansion des unités de police constituée, qui jouent un rôle déterminant dans la formation des forces de police nationale.  Le représentant a annoncé que son pays s’apprêtait à déployer 280 policiers malaisiens le plus rapidement possible au sein de plusieurs opérations de maintien de la paix de l’ONU.  Il a ensuite plaidé pour une amélioration des consultations entre le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes.  S’adressant au Chef de la Police de la MINUL, il a souhaité savoir si le fait que cette Mission se prépare à réduire ses effectifs présentait des difficultés pour l’exécution de son mandat.  D’une manière plus générale, les nouvelles technologies ont-elles eu un impact sur le travail de la police? a demandé le représentant.

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a récapitulé les questions posées par les membres du Conseil de sécurité, en insistant sur certaines de ces questions.  « Comment renforcer la coopération entre les différentes composantes des missions de paix de l’ONU?  Les règles d’engagement des composantes police et militaire sont-elles claires et coordonnées? » a demandé le délégué. 

Quel est le rôle que le Conseil doit jouer pour faciliter les efforts des composantes police? a-t-il demandé, avant d’ajouter que, selon lui, la composante police était souvent négligée.  « La résolution 2185 (2014) a-t-elle permis de jouer un rôle efficace? » a-t-il voulu savoir.  Les membres du Conseil, a-t-il noté, souhaitent que cette réunion avec les Chefs de police des missions de paix de l’ONU se tienne chaque année.  Avant de conclure, M. Rycroft a souligné qu’il était nécessaire d’augmenter la participation des femmes au sein des composantes police des missions de paix de l’ONU.

Reprenant la parole, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix a rappelé que le Secrétaire général avait initié un examen indépendant des forces de police, alors que certains aspects, notamment la coopération entre missions, doivent être améliorés.  S’agissant de la participation des femmes dans les forces de police des opérations de paix de l’ONU, des progrès ont été réalisés, a-t-il assuré, en précisant que le taux de participation est passé de 5 à 12,2% depuis 2000.  M. Ladsous a cependant reconnu que ces chiffres sont encore insuffisants.  Pour remédier à ces problèmes, l’une des initiatives que le Département des opérations de maintien de la paix a prises, c’est l’initiative « UN SAAT », (Équipe d’assistance à la sélection et d’évaluation des Nations Unies) dans le cadre de laquelle 187 femmes y ont participé à ce jour. 

Le Secrétaire général adjoint a ensuite souligné que les « boîtes à outils », notamment celles relatives aux questions sexospécifiques, avaient prouvé leur valeur.  « Il s’agit d’un ensemble de formations et d’exercices en ligne, qui ont démontré leur efficacité », a assuré M. Ladsous, qui a également mis l’accent sur la création d’un « point focal » en matière de parité au sein de chaque mission.  Poursuivant, le Secrétaire général adjoint a souligné le rôle positif des technologies, « non seulement les drones, mais aussi les technologies de l’information et de la communication ».  « Saviez-vous que nous avons créé au Mali le tout premier laboratoire médicolégal, qui peut traiter des incidents impliquant des engins explosifs et des mines? » a-t-il dit.  Enfin, M. Ladsous a réitéré le caractère inacceptable des abus et de l’exploitation sexuels, en assurant que le Département des opérations de maintien de la paix continuerait de faire de l’application de la politique tolérance zéro du Secrétaire général une « priorité absolue ».

À son tour, le Chef de la Police de la MINUSS a repris la parole pour répondre à certaines questions, en expliquant tout d’abord que la coopération entre les composantes militaire et police de la MINUSS était limitée avant le conflit.  Le conflit, a-t-il dit, nous a poussés à agir de manière plus intégrée et à unir nos efforts.  Il a souligné l’exceptionnelle difficulté de la tâche de la composante police au Soudan du Sud en raison de la volatilité de la situation, de l’afflux d’armes, des ressources limitées, du manque d’équipements et de l’étendue des zones à contrôler.  Le Chef de la Police de la MINUSS a convenu que les règles d’engagement avaient dû être adaptées et que très souvent, les unités de la composante police de la MINUSS avaient dû se retirer.  « Dans certains cas, des centaines de civils entouraient ces unités et les attaquaient avec des machettes », a-t-il expliqué, en faisant remarquer que la moindre étincelle pouvait mettre le feu aux poudres.  « Dans un tel contexte, la décision de recourir à la force devient critique ».  Les lignes directrices du mandat de la Mission perdaient de leur pertinence face à la réalité sur le terrain et à l’extrême volatilité de certaines situations, a-t-il ajouté.

Il a ensuite insisté sur l’importance de la formation dispensée aux policiers avant leur déploiement, notamment pour les sensibiliser aux environnements auxquels ils seront confrontés. La MINUSS a toujours veillé à augmenter le rôle des femmes, en raison de la proximité qu’elles peuvent avoir avec des populations essentiellement féminines, a assuré le Chef de la Police de cette Mission.  Il a estimé que les femmes agents ou officiers de police formaient moins de 20% des effectifs de la composante police de la MINUSS, un chiffre qui demeure cependant insuffisant.  L’environnement très rude dans le Soudan du Sud et les dangers auxquels les femmes des unités de police sont exposées rendent leurs activités plus difficiles.  « C’est pourquoi, a-t-il dit, les pays ont réduit leur contribution car le danger est réel. »

Réagissant aux interventions des membres du Conseil de sécurité, le Chef de la Police de la Mission de l’Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUSCO) a indiqué que la composante qu’il dirige avait désigné une conseillère parité hommes-femmes très dynamique.  Elle s’est également dotée d’un mécanisme visant à informer « en moins de trois heures » le Représentant spécial du Secrétaire général pour la RDC de toute allégation d’abus et d’exploitation sexuels impliquant des membres du personnel de l’ONU.  S’agissant de l’emploi des nouvelles technologies, l’utilisation des drones pour assister les opérations de police a ouvert des perspectives encourageantes dans la lutte contre la criminalité.  Toutefois, cette année, les drones ont été en priorité employés par le contingent militaire de la MONUSCO pour lutter contre les groupes armés opérant dans l’est de la République démocratique du Congo. M. Champion a estimé qu’il était nécessaire de « trouver un équilibre » entre les différentes tâches qui incombent à la police « dans un contexte budgétaire restreint », notamment la lutte contre la criminalité et contre l’exploitation des ressources naturelles.

Le Chef de la Police de la MINUL a réitéré l’importance de mandats clairs et robustes, assortis de ressources suffisantes.  Il a demandé que le Conseil appuie les missions notamment en faisant en sorte que les autorités des pays hôtes se montrent plus coopératives. Il est nécessaire, a-t-il souligné, que les policiers de l’ONU soient responsables de leurs actes.  Les conseillers de police déployés au sein des opérations doivent être davantage utilisés, a-t-il recommandé.

La contribution de l’unité composée de policières indiennes à la MINUL, s’est-il félicité, a été positive, notamment auprès des femmes et des enfants.  Il a noté les progrès enregistrés au Libéria et l’appui apporté par la MINUL dans la gestion des situations qui échappaient au contrôle des autorités.  Cela est heureusement de moins en moins le cas, a-t-il dit.  Le départ de la Mission, souhaité par la population qui peut voir dans sa présence une atteinte à la fierté nationale, aura lieu prochainement.  « L’avenir du Libéria est maintenant entre les mains des Libériens », a-t-il estimé.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.