7553e séance – après-midi
CS/12112

De hauts responsables onusiens mettent en garde contre « une catastrophe imminente » au Burundi et demandent une solution politique d’urgence

Le Secrétaire général nommera prochainement un conseiller spécial pour coordonner les efforts de l’ONU sur place, annonce M. Jeffrey Feltman

Le spectre du génocide rwandais a plané, aujourd’hui, au-dessus de la réunion qu’a tenue, cet après-midi, le Conseil de sécurité sur la situation au Burundi, pays, qui de l’aveu des trois hauts responsables de l’ONU ayant pris la parole, est « au bord de l’abîme ».  Le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques et le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme ont mis en garde contre les conséquences de la crise politique burundaise pour la stabilité régionale et demandé de trouver une solution politique de toute urgence.  Le Secrétaire général adjoint a également annoncé la nomination prochaine d’un conseiller spécial pour coordonner les efforts de l’ONU sur place.

De son côté, le Conseiller spécial pour la prévention du génocide a appelé à « prévenir une catastrophe imminente au Burundi » qui pourrait entraîner des crimes de masse.  « Si le pire arrive, a-t-il dit, nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas. »  Les représentants de l’Union africaine, de la Suisse, pays qui préside la formation Burundi de la Commission de consolidation de la paix, et de l’Ouganda se sont également exprimés, de même que le Ministre des relations extérieures et de la coopération internationale du Burundi qui s’est montré optimiste en déclarant que « le Burundi ne brûlait pas ».

« Le Burundi se trouve aux prises d’une profonde crise politique et d’une escalade rapide de la violence qui ont de sérieuses conséquences pour l’harmonie ethnique dans le pays et pour la paix et la stabilité dans la région », a d’emblée affirmé le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, M. Jeffrey Feltman.  Il a rappelé que l’assassinat, le 22 mai dernier, d’une figure de l’opposition avait marqué le début d’un cycle dangereux d’attaques politiquement motivées.  Ni la conclusion du cycle électoral, ni l’inclusion de figures clefs de l’opposition dans la coalition au pouvoir n’ont ramené le calme, a-t-il fait observer, avant d’ajouter que la situation demeurait très tendue dans la capitale.

Le Secrétaire général adjoint a dénoncé les déclarations incendiaires de certaines autorités, dont le Président du Sénat et le Président Nkurunziza, ce dernier ayant même affirmé que la police pouvait user de tous les moyens pour interdire l’utilisation illégale d’armes à feu.  M. Feltman a aussi condamné les déclarations récentes qui ont « une dimension ethnique », contraire à l’esprit de l’Accord d’Arusha qui avait pourtant mis fin à la guerre civile au Burundi.

« La vague d’assassinats sape les engagements pris par le Gouvernement du Burundi en faveur de la réconciliation », a renchéri le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, M. Zeid Ra’ad Al Hussein, qui intervenait par visioconférence depuis le Palais des Nations à Genève.  Il a rappelé que les déclarations du Président du Burundi exigeant que tout individu dépose les armes, sous peine d’être considéré comme un ennemi de la nation, avaient poussé de nombreuses personnes à prendre la fuite de crainte de voir la police se rendre dans leurs quartiers.

Ces mots rappellent tristement ceux qui avaient été utilisés avant le génocide des Tutsis et des Hutus modérés au Rwanda, a affirmé, de son côté, le Conseiller spécial du Secrétaire général pour la prévention du génocide, M. Adama Dieng, qui s’exprimait par visioconférence depuis Amman, en Jordanie. Il  a averti que le pays était au bord d’une descente aux abîmes qui pourrait donner lieu à des crimes de masse.  Il a ainsi mis en garde contre les conséquences dévastatrices, « comme au Rwanda », d’un échec à faire cesser la violence et à prévenir « une catastrophe imminente au Burundi ».  « Si le pire arrive, nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas », a prévenu M. Dieng.

Les trois hauts fonctionnaires des Nations Unies ont conclu leur intervention en lançant un appel en faveur d’une solution politique au Burundi et d’un rôle renforcé de l’ONU.  M. Feltman a ainsi souligné qu’il incombait aux dirigeants burundais de remédier à l’impasse politique et émis l’espoir que tous les acteurs internationaux parleront d’une seule voix sur ce dossier.  Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, va nommer, dans les jours qui viennent, un conseiller spécial pour coordonner les efforts de l’ONU dans le pays, a-t-il annoncé.

« Le Conseil de sécurité doit se saisir de cette situation, en prenant des mesures de sanctions contre les individus responsables d’actes de violence ou d’incitation à la violence en invoquant le Chapitre VII de la Charte des Nations Unies », a insisté, de son côté, le Haut-Commissaire aux droits de l’homme.  « À ce stade, le désarmement urgent des milices doit être une priorité », a-t-il dit, tandis que M. Dieng a prié le Conseil de demander au Gouvernement burundais de s’asseoir à la table des négociations.

L’Union africaine, a indiqué l’Observateur permanent de cette organisation auprès des Nations Unies, M. Téte António, a décidé d’imposer des sanctions ciblées.  M. Antonio a évoqué les interdictions de voyage et le gel d’avoirs contre les acteurs burundais qui entravent la recherche d’une solution à la crise.  L’Union africaine a accru les effectifs d’experts militaires et des observateurs des droits de l’homme déployés sur place pour aider à contenir la violence et créer les conditions d’un dialogue politique entre les acteurs concernés, a-t-il assuré, avant de demander au Conseil de sécurité d’appuyer l’action de l’Union africaine.

S’adressant aux membres du Conseil par visioconférence depuis Bujumbura, le Ministre des relations extérieures et de la coopération internationale du Burundi, M. Alain Aime Nyamitwe, a déclaré que le dialogue allait se poursuivre, « car c’est ce qui caractérise la bonne gouvernance et le maintien de la cohésion nationale ».  Concernant la situation en matière de sécurité, le Ministre a affirmé que seulement quelques endroits circonscrits de la capitale, « où s’activent encore de petits groupes de criminels armés », étaient encore en proie aux violences: « Contrairement aux informations véhiculées par l’opposition radicale basée à l’étranger et certains médias, le Burundi ne brûle pas », a insisté M. Nyamitwe.

LA SITUATION AU BURUNDI

Déclarations

« Le Burundi se trouve aux prises d’une profonde crise politique et d’une escalade rapide de la violence qui ont de sérieuses conséquences pour l’harmonie ethnique dans le pays et pour la paix et la stabilité dans la région », a affirmé M. JEFFREY FELTMAN, Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, qui a averti que les gains de l’Accord d’Arusha étaient menacés.  Il a rappelé que l’assassinat le 22 mai d’une figure de l’opposition, M. Zedi Feruzi, avait marqué le début d’un cycle dangereux d’attaques politiquement motivées.  Ni la conclusion du cycle électoral, ni l’inclusion de figures clefs de l’opposition dans la coalition au pouvoir n’ont ramené le calme.

Il a indiqué que la situation demeurait très tendue dans la capitale.  « Plusieurs quartiers, y compris ceux qui sont perçus comme opposés à un troisième mandat du Président Nkurunziza, connaissent des échanges de feu et des explosions à la grenade », a précisé M. Feltman, en rappelant que le 7 novembre au moins neuf personnes, dont un membre des Nations Unies, avaient été tuées lors d’une attaque.

Le Secrétaire général adjoint a ensuite dénoncé les déclarations incendiaires de certaines autorités, dont le Président du Sénat, M. Révérien Ndikuriyo, et le Président burundais qui a affirmé que la police pouvait user de tous les moyens pour mettre la main sur des armes à feu détenues de manière illégale.  L’ultimatum du Président selon lequel les civils avaient cinq jours pour déposer leurs armes a forcé un large nombre de personnes dans les quartiers concernés à quitter leurs habitations.  Il a aussi condamné les déclarations récentes qui ont « une dimension ethnique », contraire à l’esprit de l’Accord d’Arusha qui a mis fin à la guerre civile au Burundi.

La crise au Burundi est politique par nature et ne pourra être résolue par la répression sécuritaire, a-t-il affirmé, en ajoutant que les allégations selon lesquelles un petit groupe de traîtres et de criminels en seraient à l’origine n’étaient pas crédibles.  « Le problème est beaucoup plus profond et préoccupant. »  Soulignant la responsabilité qui incombe aux dirigeants burundais de remédier à l’impasse politique, M. Feltman a indiqué que la Commission pour le dialogue interburundais mise en place ne pourrait pas aboutir à des progrès dans un contexte sécuritaire « où les cadavres de membres de partis politiques et de la société civile se ramassent fréquemment dans les rues ».  « Avec la fermeture de nombreux médias et la peur de nombreux opposants de revenir au Burundi, le Gouvernement n’a pas établi les conditions propices à un dialogue politique inclusif et crédible. »  Il a ensuite mentionné les efforts de l’Union africaine pour résoudre la crise et annoncé que le Secrétaire général allait nommer, dans les jours qui viennent, un conseiller spécial pour coordonner les efforts de l’ONU dans le pays.  M. Feltman a plaidé pour que le Bureau des Nations Unies pour le Burundi soit doté d’un nouveau mandat.

Estimant que le pays se trouvait à un moment critique, le Secrétaire général adjoint a souligné qu’il était urgent de trouver une solution politique pour résoudre la crise au Burundi, avant que celle-ci n’échappe à tout contrôle et affecte la paix dans la région.  « Nous espérons que tous les acteurs internationaux parleront d’une seule voix pour appuyer un règlement politique de la situation au Burundi », a dit le Secrétaire général adjoint, avant d’appeler les parties burundaises, dans le pays ou à l’étranger, à s’engager dans la voie du dialogue.

M. ZEID RA’AD AL HUSSEIN, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, qui intervenait par visioconférence depuis Genève, s’est déclaré profondément préoccupé par la crise de plus en grave des droits de l’homme au Burundi et alarmé par les risques de contagion dans la sous-région.  À Bujumbura, les assassinats extrajudiciaires, notamment d’opposants politiques, de journalistes et de défenseurs de droits de l’homme, se sont multipliés depuis le mois d’avril.  « Ceux qui expriment une opinion divergente » continuent à vivre dans la peur des enlèvements et des assassinats et de nombreuses allégations crédibles ont été faites concernant des actes de torture qui auraient été commis, notamment dans une localité près de Bujumbura, a relevé M. Hussein.  « Les milices affiliées au parti au pouvoir continuent de terroriser la population, parfois en coopération avec la police, qui a verrouillé des quartiers entiers », a-t-il dit.

Aggravant davantage la situation, des groupes armés recruteraient dans les pays de la région et prendraient pour cibles les opposants burundais, a souligné le Haut-Commissaire.  Le Président du Burundi, M. Pierre Nkurunziza, a annoncé un processus consultatif à travers une Commission nationale de dialogue, mais ce processus est insuffisamment inclusif, selon le Haut-Commissaire.  La vague d’assassinats sape les engagements pris par le Gouvernement du Burundi en faveur de la réconciliation, s’est-il indigné.  La semaine dernière, le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, M. Jeffrey Feltman, avait rappelé les déclarations du Président Nkurunziza exigeant que tout individu dépose les armes, sous peine d’être considéré comme un ennemi de la nation.  Cette annonce a poussé de nombreuses personnes à prendre la fuite de crainte de voir la police se rendre dans leurs quartiers, a expliqué M. Hussein.

La famine généralisée, les déplacements massifs et l’insécurité sont autant des menaces pour le pays et les pays limitrophes, a averti le Haut-Commissaire, en exhortant ceux-ci à promouvoir un dialogue sans exclusivité entre toutes les parties prenantes en vertu des Accords d’Arusha et à veiller à ce que leur territoire ne soit pas utilisé par des groupes armés sévissant au Burundi.  M. Hussein a également invité les pays de la région des Grands Lacs à signer un mémorandum d’accord avec l’Union africaine.  Il incombe au Conseil de sécurité de se saisir de cette situation qui pourrait déboucher sur un « carnage », en prenant des mesures de sanctions contre les individus responsables d’actes de violence ou d’incitation à la violence ou en invocation au Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, a-t-il insisté.  À ce stade, le désarmement urgent des milices doit être une priorité.  « Si le Gouvernement du Burundi a l’espoir d’endiguer la violence, il doit commencer par désarmer ces milices et rendre des mesures de rétablissement de la confiance au sein de la population », a martelé le Haut-Commissaire.

M. ADAMA DIENG, Conseiller spécial du Secrétaire général pour la prévention du génocide, a indiqué que certains dirigeants burundais manipulaient l’appartenance ethnique pour inciter à la violence.  Le pays est au bord d’une descente aux abîmes qui pourrait donner lieu à des crimes de masse, a-t-il averti.  M. Dieng a dénoncé les assassinats d’opposants et de citoyens ordinaires, ainsi que la militarisation des partis d’opposition.  Il s’est dit particulièrement préoccupé par le discours incendiaire récemment prononcé par le Président du Sénat dans des termes qui rappellent ceux employés avant et après le génocide des Tutsis et des Hutus modérés au Rwanda.  Ces déclarations ajoutent à la crainte de violences généralisées au Burundi, a-t-il dit, en soulignant qu’il était essentiel pour les responsables de s’abstenir de telles déclarations.

Il a ainsi invité le Président du Burundi à faire preuve de leadership et à œuvrer au rétablissement de la paix et à une désescalade de la violence.  La communauté internationale, l’Union africaine et l’ONU ont un rôle crucial à jouer pour rétablir la paix dans le pays, a-t-il dit, avant d’appuyer l’idée de déployer une mission de la paix.  Le Conseil doit appuyer résolument les mesures décidées par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, a-t-il estimé.  Le déploiement sans entrave d’observateurs serait, a-t-il dit un premier pas. M. Dieng a demandé la mise en place d’une commission d’enquête sur les violations en cours des droits de l’homme.

Rappelant que le Burundi était partie au Statut de Rome, le Conseil spécial a prévenu que les auteurs de violence pourraient être poursuivis devant la Cour pénale internationale.  Lorsque nous échouons à faire cesser la violence, les conséquences peuvent être dévastatrices, comme au Rwanda, a-t-il affirmé.  C’est pourquoi, il a exhorté le Conseil à agir en demandant au pouvoir en place de s’asseoir à la table des négociations afin d’« éviter une catastrophe imminente au Burundi ».  « Si le pire arrive, nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas », a dit M. Dieng en conclusion.

M. JÜRG LAUBER, Président de la « formation » Burundi de la Commission de consolidation de la paix (CCP), s’est exprimé en visioconférence  depuis le Burundi, où il est arrivé aujourd’hui.  Il a indiqué s’être fait l’écho auprès des responsables gouvernementaux de la préoccupation de la communauté internationale au sujet de la flambée de violences qui s’est emparée du Burundi, et qui a provoqué la mort d’un membre du  personnel des Nations Unies ce week-end.  M. Lauber a annoncé que demain et mercredi, il rencontrerait l’un des Vice-Présidents et le Premier Ministre du Burundi, ainsi que des membres de l’opposition et de la société civile.  Une audience est également prévue avec le Président Nkurunziza mercredi, 11 novembre.  Le lendemain, M. Lauber a prévu de rencontrer le Président de l’Ouganda, pays en charge de la facilitation du dialogue burundais.  De retour à New York, il préparerait un rapport dans lequel il fera un bilan de son déplacement et présentera les priorités de la Commission de consolidation de la paix pour l’année 2016 au Burundi, a-t-il indiqué.

M. ALAIN AIME NYAMITWE, Ministre des relations extérieures et de la coopération internationale du Burundi, a assuré le Conseil de sécurité que le dialogue allait se poursuivre, « car c’est lui qui caractérise la bonne gouvernance et le maintien de la cohésion nationale ».  Il a ainsi indiqué que c’était dans ce cadre que le Président de la République avait, « après de larges consultations », mis en place la Commission nationale de dialogue interburundais, qu’il a qualifiée d’inclusive « sur le plan politique, ethnique, religieux et de genre ».  Dotée d’un mandat de six mois, cette Commission abordera des questions ayant trait, notamment, à la politique, aux relations sociales, à la consolidation de la paix et de la sécurité, à l’Accord de paix d’Arusha, à la constitution, à l’Accord global de cessez-le-feu et à la Charte de l’Unité nationale, a-t-il expliqué.  M. Nyamitwe a ajouté que ce dialogue n’occultait nullement l’action de la justice, ni ne consacrerait l’impunité dans son pays. 

Concernant la situation sécuritaire, le Ministre a affirmé que seuls quelques endroits circonscrits de la capitale, « où s’activent encore de petits groupes de criminels armés », étaient en proie aux violences.  « Contrairement aux informations véhiculées par l’opposition radicale basée à l’étranger et certains médias, le Burundi ne brûle pas », a insisté M. Nyamitwe.  Il a en outre réaffirmé  l’engagement de son gouvernement à poursuivre son programme de désarmement en conciliant « répression, dialogue et prévention ».  S’agissant des réfugiés, il a déclaré que ceux qui avaient fui le pays « l’ont fait en raison des rumeurs qui ont entouré le processus électoral ».  Après avoir appelé les réfugiés à rentrer au pays pour se joindre à « la construction du pays natal », il a demandé aux partenaires du Burundi de prendre au sérieux les allégations faisant état d’entraînements militaires et de « recrutement de malfaiteurs » dans le camp de Mahama, au Rwanda. 

M. Nyamitwe a demandé aux capitales qui hébergent encore les « putschistes » du 13 mai 2015 de coopérer pour qu’ils puissent être traduits en justice, et il annoncé que le Gouvernement du Burundi comptait élaborer et mettre en œuvre un nouveau cadre stratégique de croissance et de lutte contre la pauvreté.  Sur ce dernier point, il a sollicité l’appui des partenaires internationaux du Burundi pour la mise en œuvre de ce projet qui s’inscrit dans le cadre de l’ « agenda de développement post-2015 ».  Enfin, s’adressant à la communauté internationale, il a estimé qu’il était inefficace de recourir aux sanctions, lesquelles, a-t-il fait observer,  affectent d’abord les groupes les plus vulnérables et radicalisent les positions initiales sur la situation politique.  « Les relations frontales de ces derniers jours devraient cesser et laisser la place à la reconstruction de la confiance à travers un dialogue franc et sincère », a estimé M. Nyamitwe avant de conclure.

M. TÉTE ANTONIO, Observateur permanent de l’Union africaine auprès des Nations Unies, a constaté que le Burundi faisait face à une situation politique et sécuritaire « difficile », marquée, a-t-il dit, par une montée de la violence et des violations graves des droits de l’homme.  En outre, a-t-il ajouté, plus de 200 000 Burundais se sont réfugiés dans les pays voisins, en République-Unie de Tanzanie, au Rwanda, en République démocratique du Congo (RDC) et en Ouganda.  Déplorant une dégradation continue de la situation à Bujumbura, la capitale du Burundi, M. António a exhorté les responsables politiques à mettre immédiatement fin à leurs « déclarations incendiaires ».  « L’on assiste, du côté du Gouvernement burundais comme de celui de certains des contestataires du troisième mandat, à un durcissement des positions et des méthodes, ainsi qu’à une grave recrudescence de la violence », a-t-il souligné. 

Assurant que face à cette situation, l’Union africaine avait multiplié les appels au calme et initiatives visant à ramener le calme dans le pays –dont l’élaboration d’une feuille de route en juin dernier destinée résorber les tensions et préserver l’Accord de paix d’Arusha-, M. António a indiqué que, le 17 octobre 2015, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine avait décidé d’imposer des sanctions ciblées.  Il a ainsi évoqué les interdictions de voyage et le gel d’avoirs « contre tous les acteurs burundais dont l’action et les propos contribuent à la persistance de la violence et entravent la recherche d’une solution à la crise ».  L’Observateur permanent a par ailleurs signalé que le Conseil de paix et de sécurité avait accru les effectifs d’experts militaires et des observateurs des droits de l’homme déployés sur place pour aider à contenir la violence et créer les conditions d’un dialogue politique entre les acteurs concernés. 

« L’Union africaine se réjouit de l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une déclaration présidentielle sur le Burundi », a déclaré M. António, en estimant que cette déclaration devrait être suivie d’actes exprimant plus fortement encore le soutien du Conseil aux efforts de l’Union.  Pour lui, « toute approche non inclusive du dialogue interburundais ne sera pas à la mesure de la gravité de la situation: elle risquerait, au contraire, d’aboutir à une radicalisation des positions et de fragiliser davantage la situation au Burundi ».

M. RICHARD NDUHUURA (Ouganda) a assuré que son pays demeurait engagé en faveur de la facilitation du dialogue, comme l’ont mandaté les chefs d’État de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE).  Lors de ses réunions avec différents membres du Gouvernement burundais, le Ministre ougandais de la défense, M. Chrispus Kiyonga, a reçu pour message qu’ils souhaitaient que la Communauté joue davantage un rôle consultatif auprès de la Commission pour un dialogue interburundais établie par le Président Nkuruziza.  Après avoir donné l’assurance que la médiation travaillerait en coopération avec la Commission, le représentant de l’Ouganda a indiqué que son pays avait bon espoir que des progrès seraient accomplis à la lumière des réunions qui se sont tenues à Bujumbura. 

Il est important, a-t-il dit, de noter que la région est demeurée vigilante quant à la situation au Burundi, comme en témoigne l’ordre du jour de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, qui s’est tenue le 20 octobre dernier.  De même, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine a montré qu’elle était en mesure d’assurer un suivi de la situation dans ce pays, ce que reflète son communiqué en date du 17 octobre.  Pour sa délégation, tous les efforts doivent avoir pour objectif de privilégier un dialogue crédible et inclusif en vue de rétablir la confiance et la réconciliation entre les parties et de garantir le retour de la sécurité et de la stabilité au Burundi, a conclu M. Nduhuura.

 

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