7550e séance – matin
CS/12106

Le Représentant spécial, M. Bernardino León, engage les parties libyennes à signer l’accord politique et former un gouvernement d’entente nationale

Le représentant libyen assure les membres du Conseil de sécurité qu’une décision en ce sens est « imminente »

En dépit de l’annonce, le 8 octobre, d’un accord sur la composition du Conseil de la présidence, qui dirigerait le futur gouvernement d’entente nationale en Libye, des divergences persistent entre les parties au sujet de la représentativité géographique des membres de ce même Conseil, a annoncé, ce matin, le Représentant spécial du Secrétaire général pour la Libye, M. Bernardino León, devant le Conseil de sécurité.

« Si la composition proposée a été saluée comme une percée majeure, des objections vigoureuses ont été émises, notamment au sein de la Chambre des représentants, sur ce qui a été perçu comme une représentation inadéquate de l’est du pays, en particulier Benghazi », a expliqué M. Léon, qui intervenait pour la dernière fois en sa qualité de Représentant spécial. 

Les activités de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL), qu’il dirige depuis août 2014, avaient été dominées au cours des mois écoulés par des efforts visant à faciliter les consultations entre parties libyennes.  Ces efforts avaient abouti, le 8 octobre, à présenter un accord politique, considéré comme la première étape vers un gouvernement d’entente nationale.

Le 17 octobre, le Conseil de sécurité soulignait que cet accord, « qui offre réellement la perspective de régler les crises politique, sécuritaire et institutionnelle de la Libye », devrait être approuvé et signé par toutes les parties libyennes.

Aujourd’hui, a précisé le Représentant spécial, « il semble y avoir un ralliement à l’idée d’élargir le Conseil de la présidence pour consolider et préserver les traditions historiques et géographiques de la Libye, ainsi que l’équilibre et la représentation régionale ».

Mais, a constaté M. León, la date butoir du 21 octobre, fixée pour la signature de l’accord politique, n’a pas pu être respectée et les parties prenantes ne se sont pas davantage prononcées sur la composition du Conseil de la présidence, qui doit être formé d’un Premier Ministre, de trois Vice-Premiers Ministres et de deux Ministres d’État.

C’est la raison pour laquelle la MANUL, a poursuivi le Représentant spécial et Chef de cette Mission, continue de plaider à la fois auprès de la Chambre des représentants libyenne et du Congrès général national basé à Tripoli pour que soit prise, « d’urgence », une décision qui ouvrirait la voie à un « vote démocratique » sur l’accord politique et les propositions relatives au Conseil de la Présidence.

« Il ne peut y avoir de justification supplémentaire pour retarder davantage un vote », a prévenu M. Léon, en enjoignant aux dirigeants de la Chambre et du Congrès de s’abstenir de toute « manœuvre d’obstruction » susceptible de remettre en cause le dialogue national.

Le représentant de la Libye a donné au Conseil de sécurité l’assurance que la formation d’un gouvernement d’entente nationale était « imminente » et qu’elle aurait lieu « peut-être à la fin de ce mois-ci ».  M. Ibrahim Omar Ali Dabbashi a cependant déploré que le Conseil de sécurité n’affirme pas plus clairement, selon lui, que les opposants à un tel gouvernement et les « soutiens » aux terroristes n’y aient pas leur place.

Il s’est également élevé contre ceux qui, « au sein de la MANUL », estiment que les milices pourraient participer à la protection de ce gouvernement.  « C’est un affront à la population libyenne qui a tant souffert de ces milices », a-t-il tranché, en exprimant son refus de les voir jouer le « moindre rôle ».  Sa délégation est, en revanche, favorable à la création d’une « force spéciale neutre et professionnelle », dont les membres ne se seraient rendus coupables d’aucune activité illégale ou criminelle.

Par ailleurs, M. Dabbashi a mis en garde les membres du Conseil contre les « illusions » consistant à penser que le Front el-Nosra, Al-Qaida ou les milices de Benghazi lutteront contre Daech.  Au contraire, le retour à la stabilité découle forcément d’une « restructuration » de l’armée.  « Tout obstacle à de tels efforts ne peut s’expliquer que par une tentative visant à semer le désespoir parmi les Libyens pour qu’ils acceptent une intervention étrangère qui ouvrirait la voie à l’occupation du pays », a-t-il dénoncé.

Pour le Représentant spécial, les Nations Unies doivent d’ores et déjà se préparer à apporter leur soutien au gouvernement d’entente nationale, qui devrait relever des défis dont la « magnitude » excède les capacités institutionnelles, « considérablement affaiblies », de la Libye.  L’économie et la trésorerie du pays montrent des signes d’« essoufflement » et de « déclin rapide », tandis que l’absence d’« autorité effective » de l’État est reflétée par une « insécurité et une criminalité grandissantes » à travers le pays.

« L’influence croissante de groupes terroristes et extrémistes représente une menace directe à l’autorité même de l’État libyen.  La cruauté et la barbarie observées dans certaines des zones sous leur contrôle augurent du pire, sauf si une action unifiée est engagée pour contenir et éliminer cette menace », a prévenu le Représentant spécial.

« Il revient donc aux dirigeants libyens de faire émerger une nouvelle réalité politique et de mettre fin, de façon permanente et décisive, à la tourmente politique et au conflit armé qui se sont emparés de leur pays », a insisté en conclusion M. León.

 

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