Le Président du Comité des sanctions contre Al-Qaida prévient le Conseil de sécurité des risques liés à la montée en puissance de Daech en Libye
Le Président du Comité des sanctions concernant Al-Qaida, l’Ambassadeur Gerard van Bohemen, de la Nouvelle-Zélande, a présenté, cet après-midi devant le Conseil de sécurité, le bilan semestriel des activités du Comité. Les travaux accomplis au cours de cette période, a-t-il dit, ont été marqués par la présentation de deux rapports préparés par l’Équipe d’appui analytique et de surveillance des sanctions du Comité.
« Le premier, établi conformément à la résolution 2214 (2015)* du Conseil de sécurité, porte sur la menace posée par Al-Qaida et les groupes qui lui sont associés en Libye, en particulier Daech et Ansar el-Charia. Le second, sur l’impact des mesures énoncées dans la résolution 2199 (2015)* contre Daech et le Front el-Nosra », a précisé le Président.
Après avoir assuré les membres du Conseil que la traduction du premier rapport dans toutes les langues officielles seraient disponibles en début novembre, M. van Bohemen a indiqué que, selon l’Équipe, un « niveau potentiellement en hausse de la menace » posée par Al-Qaida et les groupes qui lui sont associés a été observé en Libye, considérée comme un « terreau fertile » à leurs activités terroristes.
La Libye, a-t-il poursuivi, a également une « importance stratégique » pour ces groupes terroristes, en raison de sa proximité géographique avec l’Europe méridionale et de son ouverture sur le Sahara et plusieurs pays africains. À cela, s’ajoutent les ressources naturelles que renferment le sol libyen, en particulier le pétrole, la libre circulation d’armes et une faible sécurité territoriale.
« Il n’est pas surprenant que l’on continue de voir affluer en Libye un nombre considérable de combattants terroristes étrangers en provenance du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord », a noté le Président.
Selon l’Équipe, Daech en Libye a été jusqu’à présent la seule affiliation du groupe terroriste à avoir bénéficié d’un soutien et de directives de la part du « centre de commandement » de Daech en Syrie et en Iraq, qui considère la Libye comme une « opportunité » pour étendre le « prétendu califat ».
Face à l’emprise de Daech, qui contrôle la ville de Syrte et le territoire alentour, et qui a implanté dans plusieurs autres localités libyennes des cellules terroristes responsables d’attentats, les États Membres doivent se mobiliser pour fournir au Comité les noms d’individus et d’entités qui pourront être inscrits sur la Liste récapitulative des sanctions, a expliqué M. van Bohemen.
« Le Comité souhaiterait rappeler aux États Membres que le Système avancé de renseignements préalables concernant les voyageurs peut faciliter la détection des mouvements d’individus inscrits sur la Liste », a souligné le Président, en annonçant qu’il se mettrait en contact avec les différentes parties prenantes pour organiser une éventuelle réunion conjointe sur les différents problèmes qui se posent aujourd’hui en Libye, y compris le « contrôle de ses frontières ».
Abordant le second rapport, M. van Bohemen a indiqué que, toujours selon l’Équipe d’appui analytique et de surveillance, la résolution 2199 (2015) avait permis, depuis son adoption en février dernier, de sensibiliser les États Membres à la nécessité d’une action concertée, en particulier pour prévenir le trafic d’antiquités par Daech et son accès au système financier international.
« Toutefois, l’Équipe a identifié une série de défis majeurs ayant compliqué la mise en œuvre concluante des mesures. Parmi elles, il y a la difficulté de déterminer l’origine du pétrole brut et des objets d’antiquités saisis », a expliqué le Président, qui a relayé auprès des membres du Conseil l’observation faite par l’Équipe selon laquelle il est encore trop tôt pour procéder à un bilan de mise en œuvre de la résolution 2199 (2015).
M. van Bohemen a achevé son exposé en rappelant qu’en septembre dernier, 20 noms supplémentaires avaient été inscrits sur la Liste relative aux sanctions contre Al-Qaida, portant ainsi le total à 247 individus et 74 entités. En outre, la nouvelle Médiatrice, Mme Catherine Marchi-Uhel, a pris ses fonctions au début du mois de juillet, a ajouté le Président du Comité.
* S/RES/2214 (2015)
** S/RES/2199 (2015)