Le Conseil de sécurité maintient les embargos sur les armes visant la Somalie et l’Érythrée
Il proroge d’un an le mandat du Groupe de contrôle chargé de surveiller l’application des mesures de sanctions
Préoccupé par la « menace grave » que le groupe Al-Chabab continue de représenter contre la paix et la stabilité en Somalie et dans la région, le Conseil de sécurité a « réaffirmé », ce matin, les embargos sur les armes visant la Somalie et l’Érythrée.
En adoptant la résolution 2244 (2015) par 14 voix pour et une abstention –le Venezuela, qui a estimé ne pas avoir été associé aux négociations sur ce texte–, le Conseil a également prorogé, jusqu’au 15 décembre 2016, le mandat du Groupe de contrôle chargé de veiller au respect de ces mesures de sanctions.
L’embargo visant la Somalie ne s’applique pas aux livraisons d’armes, de munitions ou de matériel militaire destinées au développement des Forces de sécurité du Gouvernement fédéral somalien, précise le Conseil de sécurité.
Il s’applique en revanche à l’importation et à l’exportation de charbon de bois somalien, souligne le Conseil, qui constate « avec inquiétude » que son commerce fournit des fonds au groupe Al-Chabab.
Préoccupé par le fait que le secteur pétrolier somalien pourrait devenir une « source d’exacerbation » du conflit entre ce groupe armé et le Gouvernement fédéral de transition, le Conseil souligne aussi que ce dernier doit « impérativement » mettre en place à cette fin un « mécanisme de partage des ressources » et un « cadre juridique crédible ».
Le représentant de l’Érythrée a tenu à rappeler que les deux raisons invoquées pour maintenir l’embargo contre son pays sont, selon lui, nulles et non avenues: d’une part, le Groupe de contrôle a conclu qu’il ne pouvait établir aucune preuve du soutien de l’Érythrée au groupe Al-Chabab en Somalie; de l’autre, le règlement des différends avec Djibouti a été confié à la médiation du Qatar.
« Malheureusement, a-t-il regretté, en raison de l’ordre du jour géopolitique des États-Unis dans la Corne de l’Afrique et la mer Rouge, le Conseil de sécurité a décidé de reconduire des sanctions injustes pour une nouvelle période d’un an. »
Dans le préambule de la résolution 2240 (2015), le Conseil note en effet que le Groupe de contrôle n’a trouvé « aucun élément factuel » indiquant que le Gouvernement érythréen appuyait le groupe Al-Chabab. Il se déclare cependant préoccupé par les rapports faisant état de l’« appui persistant de l’Érythrée à certains groupes armés régionaux ». En outre, le Groupe de contrôle n’a pas été en mesure de se rendre dans ce pays depuis 2011.
À l’instar de la Chine et du Venezuela, le représentant de la Fédération de Russie a qualifié de « contreproductif » le recours aux sanctions. Il s’est en outre élevé contre le « caractère intrusif » de certaines dispositions de la résolution en précisant que le Conseil, en se fondant sur des faits « non vérifiés », portait atteinte à la souveraineté nationale de l’Érythrée.
Pour sa part, le représentant du Royaume-Uni, auteur de la résolution, a justifié sa pertinence en raison du manque de coopération démontré par l’Érythrée et le Groupe de contrôle. Son homologue des États-Unis a jugé de son côté nécessaire d’intensifier les efforts pour tarir les sources de financement du groupe Al-Chabab, notamment en protégeant les ressources naturelles somaliennes du pillage. La délégation de la Nouvelle-Zélande a abondé dans ce sens.
Tout en reconnaissant la nécessité de travailler avec le Groupe de contrôle, qu’il a invité à se rendre plus fréquemment dans son pays, le représentant de la Somalie a toutefois déclaré qu’il n’était pas d’accord avec toutes les conclusions du Groupe de contrôle.
Affirmant que « 80% du territoire de la Somalie étaient maintenant libérés de la présence des miliciens du groupe Al-Chabab », il s’est enorgueilli des mesures prises par le Gouvernement fédéral de transition pour doter son pays d’« institutions fonctionnelles », d’« administrations régionales intérimaires » et de législations adéquates, et pour l’engager dans un vaste processus de consultations nationales destiné à placer le citoyen somalien au premier plan.
Dans la résolution adoptée aujourd’hui cependant, le Conseil de sécurité se déclare préoccupé par les « signalements de malversations financières mettant en cause des membres du Gouvernement fédéral somalien, des administrations régionales et du Parlement fédéral, qui portent préjudice aux efforts d’édification de l’État ».
*S/RES/2244(2015)
LA SITUATION EN SOMALIE
Texte du projet de résolution (S/2015/810)
Le Conseil de sécurité,
Rappelant toutes ses résolutions et toutes les déclarations de son président sur la situation en Somalie et en Érythrée, en particulier ses résolutions 733 (1992), 1844 (2008), 1907 (2009), 2023 (2011), 2036 (2012), 2093 (2013), 2111 (2013), 2124 (2013), 2125 (2013), 2142 (2014) et 2182 (2014),
Prenant note des rapports finals du Groupe de contrôle pour la Somalie et l’Érythrée (« le Groupe de contrôle ») [sur la Somalie (S/2015/801) et sur l’Érythrée (S/2015/802)] et de leurs conclusions sur la situation en Somalie et en Érythrée,
Réaffirmant son attachement à la souveraineté, à l’intégrité territoriale, à l’indépendance politique et à l’unité de la Somalie, de Djibouti et de l’Érythrée,
Condamnant tous mouvements d’armes et de munitions vers et à travers la Somalie, qui contreviennent aux embargos sur les armes visant la Somalie et l’Érythrée et constituent une grave menace contre la paix et la stabilité dans la région,
Se déclarant préoccupé par la menace grave que les Chabab continuent de représenter contre la paix et la stabilité en Somalie et dans la région,
Se félicitant de l’amélioration des relations entre le Gouvernement fédéral somalien et le Groupe de contrôle, et soulignant qu’il importe que ces relations s’améliorent encore et se renforcent à l’avenir,
Saluant les efforts déployés par le Gouvernement fédéral somalien pour améliorer ses notifications au Comité du Conseil de sécurité faisant suite aux résolutions 751 (1992) et 1907 (2009) sur la Somalie et l’Érythrée (« le Comité »), attendant avec intérêt de nouveaux progrès, en particulier en ce qui concerne les notifications après la livraison et rappelant que la gestion améliorée des armes et des munitions en Somalie est une composante fondamentale du progrès de la paix et de la stabilité dans la région,
Soulignant qu’il importe de maintenir la régularité financière dans la période précédant les élections en Somalie et leur tenue en 2016 et de redoubler d’efforts pour lutter contre la corruption, promouvoir la transparence et accroître la responsabilité réciproque,
Se déclarant vivement préoccupé par les rapports faisant état de pêche illégale dans les eaux relevant de la juridiction de la Somalie, soulignant qu’il importe de s’abstenir de toute pêche illégale et encourageant le Gouvernement fédéral somalien, avec l’appui de la communauté internationale, à s’assurer que les permis de pêche sont délivrés de manière responsable dans le respect du cadre juridique somalien approprié,
Exprimant sa vive préoccupation face aux difficultés croissantes rencontrées dans l’acheminement de l’aide humanitaire en Somalie, et condamnant fermement toutes les tentatives visant à empêcher l’acheminement de cette aide ainsi que par le mauvais usage ou le détournement de fonds humanitaires,
Rappelant que c’est au Gouvernement fédéral somalien qu’il incombe au premier chef de protéger la population, et reconnaissant qu’il lui incombe également de constituer ses propres forces nationales de sécurité,
Prenant note des deux visioconférences et des trois lettres échangées entre le représentant du Gouvernement érythréen et le Groupe de contrôle, se déclarant préoccupé par le fait que le Groupe de contrôle n’a pas été en mesure de se rendre en Érythrée depuis 2011 et d’exécuter pleinement son mandat, demandant instamment au Gouvernement érythréen d’approfondir sa coopération avec le Groupe de contrôle, y compris en le laissant effectuer régulièrement des visites, et soulignant que le resserrement de la coopération aidera le Conseil à mieux savoir si l’Érythrée respecte ses résolutions pertinentes,
Notant que, durant son mandat en cours et son précédent mandat, le Groupe de contrôle n’a trouvé aucun élément factuel indiquant que le Gouvernement érythréen appuyait les Chabab,
Se déclarant préoccupé par les rapports du Groupe de contrôle faisant état de l’appui persistant de l’Érythrée à certains groupes armés régionaux et encourageant le Comité à fournir des rapports encore plus détaillés et des éléments de preuve sur la question,
Soulignant qu’il importe que tous les États Membres s’acquittent de leur obligation d’appliquer les dispositions de l’embargo sur les armes imposé à l’Érythrée aux termes de la résolution 1907 (2009),
Soulignant également qu’il exige de l’Érythrée qu’elle communique au Groupe de contrôle toutes les informations dont elle dispose sur les combattants djiboutiens portés disparus depuis les affrontements de juin 2008 afin que les personnes intéressées puissent savoir où se trouvent les prisonniers de guerre djiboutiens et quel est leur état de santé et exprimant l’espoir que les efforts de médiation de l’État du Qatar contribueront au règlement de la question ainsi que du différend frontalier entre Djibouti et l’Érythrée,
Considérant que la situation en Somalie ainsi que le différend opposant Djibouti et l’Érythrée continuent de menacer la paix et la sécurité internationales dans la région,
Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,
1. Réaffirme l’embargo sur les armes visant la Somalie, imposé au paragraphe 5 de sa résolution 733 (1992), précisé aux paragraphes 1 et 2 de sa résolution 1425 (2002) et modifié par les paragraphes 33 à 38 de sa résolution 2093 (2013), les paragraphes 4 à 17 de sa résolution 2111 (2013), le paragraphe 14 de sa résolution 2125 (2013) et le paragraphe 2 de sa résolution 2142 (2014) (« l’embargo sur les armes visant la Somalie »);
2. Décide de renouveler les dispositions du paragraphe 2 de sa résolution 2142 (2014) jusqu’au 15 novembre 2016 et réaffirme, à cet égard, que l’embargo sur les armes visant la Somalie ne s’applique pas aux livraisons d’armes, de munitions ou de matériel militaire ni aux activités de conseil, d’assistance ou de formation destinées exclusivement au développement des Forces de sécurité du Gouvernement fédéral somalien, chargées d’assurer la sécurité du peuple somalien, sauf s’il s’agit d’articles répertoriés dans l’annexe à la résolution 2111 (2013);
3. Affirme que l’entrée dans les ports somaliens et le mouillage temporaire de navires transportant des armes et du matériel connexe utilisés à des fins défensives ne peuvent être considérés comme la livraison d’articles de ce type en violation de l’embargo sur les armes visant la Somalie, sous réserve que les articles restent à tout moment à bord des navires;
4. Prie le Comité, au plus tard 90 jours après l’adoption de la présente résolution, de publier une notice d’aide à l’application résumant les restrictions résultant de l’embargo sur les armes visant la Somalie et l’Érythrée et en définissant les dérogations;
5. Réaffirme que les armes ou le matériel militaire vendus ou fournis aux seules fins du développement des Forces de sécurité du Gouvernement fédéral somalien ne sauraient être revendus, transférés ou mis à disposition pour être utilisés par quelque individu ou entité que ce soit n’étant pas au service des Forces de sécurité du Gouvernement fédéral, et souligne qu’il incombe à ce dernier de pourvoir en toute sûreté et efficacité à la gestion, l’entreposage et la sécurité de cet arsenal;
6. Se félicite à cet égard de la mise en place, par le Gouvernement fédéral somalien, d’une procédure plus rigoureuse de déclaration, d’enregistrement et de marquage des armes, se déclare préoccupé par les informations faisant état de détournements persistants d’armes au sein du Gouvernement fédéral somalien, note qu’il est fondamental de renforcer la gestion des armes pour empêcher leur détournement, engage le Gouvernement fédéral somalien à procéder à un inventaire de référence de l’équipement militaire, des armes et des munitions détenus par ses forces de sécurité et à l’évaluer par rapport à leurs effectifs et à leurs besoins respectifs, et prie instamment les États Membres d’appuyer la gestion améliorée des armes et des munitions et la constitution d’une Équipe conjointe de vérification ayant pour mission de renforcer les capacités du Gouvernement fédéral somalien de gérer les armes et les munitions;
7. Prie le Gouvernement fédéral somalien de lui faire rapport le 15 avril 2016 au plus tard, puis le 15 octobre 2016 au plus tard, conformément au paragraphe 9 de la résolution 2182 (2014), et lui demande d’étoffer ses rapports, notamment en fournissant des informations complètes et précises sur la structure, la composition, les effectifs et l’emplacement de ses forces de sécurité, y compris le statut des forces régionales et des milices;
8. Rappelle que c’est au Gouvernement fédéral somalien qu’il incombe au premier chef d’informer le Comité, en application des paragraphes 3 à 8 de la résolution 2142 (2014), salue les efforts déployés par le Gouvernement fédéral somalien pour améliorer ses notifications au Comité, et l’engage à améliorer le respect des délais et le contenu des notifications relatives aux livraisons, tel qu’il est précisé au paragraphe 6 de la résolution 2142 (2014), de même que les informations relatives aux unités destinataires au moment de la distribution des armes et des munitions importées, ainsi que prévu au paragraphe 7 de la résolution;
9. Souligne qu’il importe que les États Membres travaillent en coordination avec le Bureau du Conseiller pour les questions de sécurité nationale de Somalie qui coordonne l’exécution par le Gouvernement fédéral somalien de l’obligation qui lui est faite de présenter des rapports au Conseil de sécurité, en application des procédures prévues aux paragraphes 3 à 7 de la résolution 2142 (2014), et souligne également que les États Membres doivent se conformer strictement aux procédures de notification lorsqu’ils apportent leur assistance à la mise en place des institutions somaliennes du secteur de la sécurité;
10. Engage la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) et l’Armée nationale somalienne à coopérer, comme il est prévu au paragraphe 6 de la résolution 2182 (2014), pour recueillir et enregistrer des informations sur l’ensemble du matériel militaire confisqué dans le cadre d’offensives ou d’opérations prescrites par leur mandat, avec l’appui d’autres forces de sécurité du Gouvernement fédéral somalien, selon qu’il conviendra;
11. Prie le Gouvernement fédéral somalien de renforcer l’encadrement civil de ses forces de sécurité, en particulier d’enquêter sur les individus responsables de violations du droit international humanitaire et de les poursuivre, et rappelle à cet égard l’importance de la Politique de diligence voulue en matière de droits de l’homme instituée par le Secrétaire général en rapport avec l’appui fourni par l’Organisation à l’Armée nationale somalienne;
12. Souligne qu’il importe de verser les salaires des membres des forces de sécurité somaliennes de manière régulière et prévisible et encourage le Gouvernement fédéral somalien à mettre en place des systèmes pour améliorer la régularité et la responsabilité des paiements aux forces de sécurité somaliennes;
13. Réaffirme l’embargo sur les armes visant l’Érythrée énoncé aux paragraphes 5 et 6 de la résolution 1907 (2009) (« l’embargo sur les armes visant l’Érythrée »);
14. Se déclare préoccupé par les informations qui continuent à faire état de cas de corruption et détournement de ressources publiques, qui portent préjudice aux efforts d’édification de l’État, se déclare vivement préoccupé par les signalements de malversations financières mettant en cause des membres du Gouvernement fédéral somalien, des administrations régionales et du Parlement fédéral, qui portent préjudice aux efforts d’édification de l’État et, dans ce contexte, souligne que les individus qui se livrent à des actes menaçant le processus de paix et de réconciliation en Somalie pourraient être visés par des mesures ciblées;
15. Salue les efforts que le Gouvernement fédéral somalien a déployés en vue d’améliorer ses procédures de gestion financière, dont la coopération avec le Fonds monétaire international (FMI), et encourage la prompte mise en œuvre des réformes recommandées par le FMI en vue du démarrage d’un programme de référence, l’élaboration d’un système de gestion de l’information financière somalien, et la réalisation de la prochaine étude indépendante du Comité de la gouvernance financière;
16. Réaffirme la souveraineté de la Somalie sur ses ressources naturelles;
17. Se déclare de nouveau gravement préoccupé par le fait que le secteur pétrolier somalien pourrait devenir une source d’exacerbation du conflit et, dans ce contexte, souligne que le Gouvernement fédéral somalien doit impérativement mettre en place, sans retard indu, un mécanisme de partage des ressources et un cadre juridique crédible pour faire en sorte que le secteur pétrolier en Somalie ne devienne pas une source de tensions accrues;
18. Réaffirme l’interdiction d’importer et d’exporter du charbon de bois somalien, énoncée au paragraphe 22 de sa résolution 2036 (2012) (« l’embargo sur le charbon de bois »), condamne la poursuite des exportations de charbon de bois de Somalie, qui contrevient à l’interdiction complète réaffirmée ci-dessus, réaffirme que les autorités somaliennes doivent prendre les mesures voulues pour empêcher l’exportation de charbon de bois de Somalie, et demande de nouveau à l’AMISOM, comme il l’a déjà fait au paragraphe 18 de sa résolution 2111 (2013), d’appuyer et d’aider les autorités somaliennes à cette fin, dans l’exercice du mandat qu’il lui a confié au paragraphe 1 de sa résolution 2093 (2013);
19. Salue les efforts déployés par les Forces maritimes combinées en vue de faire cesser l’exportation et l’importation de charbon de bois à destination et en provenance de la Somalie, et se félicite de la coopération qui s’est instaurée entre le Groupe de contrôle et les Forces maritimes combinées pour tenir le Comité informé de la situation concernant le commerce du charbon de bois;
20. Constate avec inquiétude que le commerce du charbon de bois fournit des fonds aux Chabab et, à cet égard, réaffirme les dispositions des paragraphes 12 à 21 de la résolution 2182 (2014) et décide de renouveler les dispositions qui figurent au paragraphe 15 de cette même résolution jusqu’au 15 novembre 2016;
21. Encourage l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime à poursuivre ses travaux d’après son mandat en cours et dans le cadre du Forum de l’océan Indien sur la criminalité maritime pour amener les États Membres et les organisations internationales concernés à élaborer ensemble des stratégies visant à désorganiser le commerce du charbon de bois somalien;
22. Se déclare vivement préoccupé par la détérioration de la situation humanitaire en Somalie, condamne dans les termes les plus énergiques la recrudescence des attaques contre les acteurs humanitaires et tout détournement de l’aide des donateurs et les entraves mises à l’acheminement de l’aide humanitaire, et réaffirme les dispositions du paragraphe 10 de la résolution 2158 (2014) à cet égard;
23. Décide que jusqu’au 15 novembre 2016, et sans préjudice des programmes d’aide humanitaire menés ailleurs, les mesures imposées au paragraphe 3 de la résolution 1844 (2008) ne s’appliquent pas aux fonds, autres avoirs financiers ou ressources économiques nécessaires à l’acheminement en temps voulu de l’aide humanitaire dont la Somalie a besoin d’urgence par l’ONU, les institutions spécialisées ou programmes des Nations Unies, les organisations humanitaires dotées du statut d’observateur auprès de l’Assemblée générale des Nations Unies qui fournissent une aide humanitaire et leurs partenaires d’exécution, y compris les organisations non gouvernementales bénéficiant d’un financement bilatéral ou multilatéral qui participent au plan d’aide humanitaire des Nations Unies pour la Somalie;
24. Prie le Coordonnateur des secours d’urgence de lui faire rapport le 15 octobre 2016 au plus tard sur l’acheminement de l’aide humanitaire en Somalie et sur tout obstacle qui l’entraverait, et demande aux organismes des Nations Unies compétents, ainsi qu’aux organisations humanitaires dotées du statut d’observateur auprès de l’Assemblée générale des Nations Unies qui fournissent une aide humanitaire en Somalie et à leurs partenaires d’exécution d’intensifier leur collaboration avec le Coordonnateur de l’aide humanitaire des Nations Unies à la Somalie et de lui communiquer des éléments d’information;
25. Se félicite des efforts notables déployés par le Groupe de contrôle pour communiquer avec le Gouvernement érythréen, et rappelle à cet égard les deux visioconférences entre le représentant du Gouvernement érythréen et le Groupe de contrôle, souligne qu’il attend du Gouvernement érythréen qu’il va autoriser le Groupe de contrôle à se rendre en Érythrée pour pouvoir s’acquitter pleinement de son mandat, comme il l’en a prié à plusieurs reprises, y compris au paragraphe 52 de sa résolution 2182 (2014 et souligne que la coopération approfondie aidera le Conseil de sécurité à être mieux informé du respect par l’Érythrée des résolutions du Conseil de sécurité;
26. Prie le Gouvernement érythréen de coopérer avec le Groupe de contrôle, notamment sur la question des finances publiques, conformément au mandat du Groupe, afin de démontrer que l’Érythrée ne viole pas les dispositions des résolutions du Conseil;
27. Exhorte le Gouvernement érythréen à lui donner accès aux prisonniers de guerre djiboutiens portés disparus depuis les heurts du 10 au 12 juin 2008, ou de lui communiquer des informations à ce sujet ainsi qu’au Groupe de contrôle et exprime l’espoir que la médiation de l’État du Qatar permettra de régler la question ainsi que le différend entre l’Érythrée et Djibouti;
28. Rappelle sa résolution 1844 (2008), par laquelle il a imposé des sanctions ciblées, et ses résolutions 2002 (2011) et 2093 (2013), par lesquelles il a élargi les critères d’inscription sur la Liste, et note que l’un des critères énoncés dans la résolution 1844 (2008) est de se livrer à des actes qui menacent la paix, la sécurité ou la stabilité de la Somalie;
29. Réaffirme sa volonté d’adopter des mesures ciblées contre les personnes et les entités auxquelles les critères susmentionnés s’appliquent;
30. Prie les États Membres d’aider le Groupe de contrôle dans ses enquêtes, et rappelle que le fait d’entraver les investigations ou les travaux du Groupe de contrôle sur la Somalie constitue un motif d’inscription sur la Liste, aux termes de l’alinéa e) du paragraphe 15 de la résolution 1907 (2009);
31. Décide de proroger jusqu’au 15 décembre 2016 le mandat du Groupe de contrôle pour la Somalie et l’Érythrée énoncé au paragraphe 13 de sa résolution 2060 (2012) et actualisé au paragraphe 41 de sa résolution 2093 (2013), exprime son intention de le réexaminer et de se prononcer, le 15 novembre 2016 au plus tard, sur une nouvelle prorogation éventuelle, et prie le Secrétaire général de prendre dès que possible les mesures administratives requises pour rétablir le Groupe de contrôle, en consultation avec le Comité, jusqu’au 15 décembre 2016, en faisant au besoin appel aux compétences des membres du Groupe de contrôle créé par des résolutions antérieures;
32. Prie le Groupe de contrôle de présenter au Comité des rapports mensuels et un bilan à mi-parcours complet, et de lui soumettre pour examen, par l’intermédiaire du Comité et le 15 octobre 2016 au plus tard, deux rapports finals, l’un consacré à la Somalie et l’autre à l’Érythrée, rendant compte de toutes les tâches décrites au paragraphe 13 de sa résolution 2060 (2012) et actualisées au paragraphe 41 de sa résolution 2093 (2013) et au paragraphe 15 de sa résolution 2182 (2014);
33. Prie le Comité, conformément à son mandat et en consultation avec le Groupe de contrôle et les autres entités compétentes des Nations Unies, d’examiner les recommandations figurant dans les rapports du Groupe de contrôle et de lui recommander des moyens d’améliorer l’application et le respect des embargos sur les armes visant la Somalie et l’Érythrée, les mesures concernant les importations et les exportations de charbon de bois de Somalie, et l’exécution des mesures imposées aux paragraphes 1, 3 et 7 de sa résolution 1844 (2008) et aux paragraphes 5, 6, 8, 10, 12 et 13 de la résolution 1907 (2009), pour mettre fin aux violations persistantes;
34. Décide de rester saisi de la question.
Déclarations
M. RAFAEL DARIO RAMIREZ CARRENO (Venezuela) a expliqué que sa délégation s’était abstenue de voter car, a-t-il dit, tout n’a pas été fait au sein du Conseil pour aboutir à un texte équilibré. Il a notamment regretté qu’un petit nombre de membres ait ouvert les négociations sans demander au Venezuela d’y prendre part. « Notre pays exige le respect au sein de ce Conseil », a-t-il déclaré, en ajoutant que l’avis de chaque pays devait être pris en compte. Il a ensuite souligné la nécessité d’avancer sur la voie de l’apaisement entre les comités des sanctions et les pays concernés. Le but doit être de mettre fin aux sanctions, a-t-il dit, en estimant que le fonctionnement de ces comités devrait être revu.
M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) s’est élevé contre le « caractère intrusif » de toute une série de dispositions de la résolution qui, selon lui, vont à l’encontre de la souveraineté de l’Érythrée. Certaines de ces dispositions, a-t-il soutenu, sont même fondées sur des faits « non vérifiés ». Pour sa délégation, le recours aux sanctions est « contreproductif » et il serait préférable d’opter pour la diplomatie préventive et la coopération avec les pays de la région.
M. GERARD VAN BOHEMEN (Nouvelle-Zélande) s’est félicité de l’adoption de cette résolution dont certaines dispositions prévoient des mesures pour empêcher l’exploitation illégale des ressources naturelles en Somalie. S’agissant de l’Érythrée, le représentant a reconnu que des améliorations devraient être apportées au régime de sanctions à l’avenir.
M. YONG ZHAO (Chine) a indiqué que sa délégation avait voté en faveur de la résolution, en espérant qu’elle serait mise en œuvre pour promouvoir la reconstruction pacifique de la Somalie. Le rapport final du Groupe de contrôle n’a pas établi de preuves selon lesquelles l’Érythrée a aidé les milices Al-Chabab. Il a, lui aussi, jugé préférable de privilégier le dialogue et les négociations plutôt que des mesures de sanctions.
M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a qualifié de « négative » la coopération entre l’Érythrée et le Groupe de contrôle. L’Érythrée doit faciliter l’entrée du Groupe de contrôle sur son territoire, a-t-il affirmé, en ajoutant que ce pays était à la croisée des chemins. Il s’est cependant félicité de l’interaction approfondie entre le Groupe de contrôle et la Somalie, avant de souligner l’importance des élections à venir dans le pays.
M. DAVID PRESSMAN (États-Unis) a assuré que cette résolution reflétait la nécessité d’une approche globale en Somalie. Il a souligné qu’il était nécessaire d’intensifier les efforts pour éliminer les sources de financement du Groupe Al-Chabab. La Somalie dispose de ressources naturelles importantes mais, en l’absence d’un cadre juridique approprié, ces ressources peuvent devenir une source de conflit, a-t-il prévenu. L’Érythrée, a-t-il insisté, doit coopérer avec le Groupe de contrôle.
M. ELMI AHMED DUALEH (Somalie) a estimé qu’il y avait une différence frappante entre la Somalie de 1992, au moment de l’établissement du Comité du Conseil de sécurité et la situation qui prévaut actuellement dans le pays. La Somalie d’aujourd’hui est dotée d’institutions fonctionnelles et des progrès ont été accomplis sur le plan législatif, a-t-il assuré. Actuellement, quatre instruments juridiques sont inscrits à l’ordre du jour du Parlement somalien, confirmant que la Somalie est bien engagée sur la voie d’une bonne gouvernance, notamment sur le plan financier. Le Gouvernement fédéral somalien a également fait des avancées dans l’établissement d’administrations régionales intérimaires, d’une Commission nationale électorale indépendante et d’un Forum consultatif national, sans compter un processus de réexamen constitutionnel intensif, a ajouté M. Dualeh.
Le 19 octobre, le Forum consultatif national s’était réuni avec pour objectif de faciliter le processus de consolidation de l’État, « qui doit être mené par les citoyens », a poursuivi M. Dualeh. Sur le plan sécuritaire, le Président somalien avait annoncé, le 19 septembre dernier, des réformes de fond du secteur de la sécurité afin de combler les lacunes et déséquilibres structurels, a-t-il indiqué. Le Gouvernement a ainsi pris la décision de lancer un vaste processus d’identification biométrique, a-t-il précisé. Le représentant a ensuite affirmé que « 80% du territoire de la Somalie étaient maintenant libérés de la présence des miliciens du groupe Al-Chabab » et qu’un processus d’intégration d’ex-combattants avait débuté. Le pays, a-t-elle poursuivi, a également fait des progrès dans l’enregistrement des armes et des munitions, ayant ainsi réussi à recenser, à ce jour, plus de 4 500 armes sur son territoire.
En ce qui concerne la résolution adoptée aujourd’hui, les autorités somaliennes reconnaissent, a déclaré M. Dualeh, la nécessité de travailler avec le Groupe de contrôle. Il a cependant réitéré que son pays n’était pas nécessairement d’accord avec toutes ses conclusions. « Au cours de son prochain mandat, nous approfondirons notre relation avec lui », a-t-il assuré, avant de dire que la Somalie se réjouit d’accueillir ses membres à Mogadiscio plus souvent.
Pour M. GIRMA ASMEROM TESFAY (Érythrée), deux raisons expliquent clairement l’imposition de sanctions « injustes » contre l’Érythrée. D’une part, il s’agit du soutien qui aurait été apporté par l’Érythrée aux miliciens Al-Chabab en Somalie et ses différends avec Djibouti dans le contexte de leurs conséquences pour la paix et la sécurité régionales et internationales, un point, c’est tout! Ni plus, ni moins! » a-t-il dit. Le Groupe de contrôle sur la Somalie et l’Érythrée, a précisé le représentant, avait conclu qu’« il n’avait trouvé aucune preuve du soutien de l’Érythrée au groupe Al-Chabab » en Somalie. S’agissant des différends avec Djibouti, les Présidents des deux pays ont confié au Qatar le soin d’assurer une médiation. Par conséquent, a conclu M. Asmerom, dans la mesure où les deux justifications invoquées sont « inexistantes », le Conseil aurait dû lever les sanctions « injustes » contre son pays et ne pas renouveler le mandat du Groupe de contrôle. Malheureusement, a-t-il regretté, en raison de l’ordre du jour géopolitique des États-Unis dans la Corne de l’Afrique et la mer Rouge, le Conseil de sécurité a décidé de maintenir les sanctions « injustes » pour une nouvelle période d’un an.