En cours au Siège de l'ONU

Conseil de sécurité -
7500e séance – matin
CS/11997

Conseil de sécurité: le Chef de la Mission de l’ONU en République centrafricaine signale une amélioration de la situation sécuritaire qui « reste toutefois fragile »

Le Conseil de sécurité a entendu aujourd’hui le Chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) parler de l’amélioration de la situation sécuritaire imputable aux avancées du processus politique, notamment le Forum de Bangui, et au déploiement de la MINUSCA dans près de 40 localités.  Cette amélioration, a prévenu le général Babacar Gaye, « reste toutefois fragile », ce que n’a pas contredit M. Abderrazzak Laassel du Maroc, au nom du Président de la formation RCA de la Commission de consolidation de la paix.

M. Babacar Gaye, qui est Chef de la MINUSCA et Représentant spécial du Secrétaire général en RCA, a expliqué que l’amélioration de la situation sécuritaire a permis le retour des déplacés internes et une reprise de l’activité économique.  Cependant, de nombreuses parties du territoire demeurent affectées par les exactions de bandes ou groupes armés.  Dans la partie ouest du pays, l’augmentation récente d’incidents violents sur l’axe principal qui relie Bangui au Cameroun est préoccupante, a-t-il insisté, rappelant que depuis le mois de mai, trois Casques bleus ont été blessés et que le 18 juillet, des hommes armés ont tiré sur un véhicule du Programme alimentaire mondial (PAM) tuant le chauffeur camerounais. 

Dans le secteur du centre, les tensions entre factions de l’ex-Séléka et anti-Balaka dans les zones de Bambari et de Kaga continuent de constituer des menaces pour la protection des civils.  À l’est, les ex-Séléka ont toujours une présence militaire importante alors que l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) continue d’opérer. 

À Bangui, la sécurité s’améliore progressivement.  Boy-Rabe, le siège des anti-Balaka et le quartier PK5 majoritairement musulman sont toujours les points chauds de la capitale. 

Malgré les efforts de la MINUSCA, la situation humanitaire demeure préoccupante: plus de 2,7 millions de personnes ont besoin d’aide, 450 000 Centrafricains sont réfugiés et 400 000 autres déplacés.  À ce jour, 30% seulement de l’appel humanitaire a été financé. 

Après le succès du Forum de Bangui, le Représentant spécial a jugé que la décision du Conseil national de transition de priver les réfugiés du droit de vote est un recul alarmant qui souligne la nécessité de se concentrer encore plus sur la réconciliation. 

Le 25 mai, la Communauté économique des États d’Afrique centrale (CEEAC) a annoncé sa décision de considérer une extension de la transition politique jusqu’à la fin 2015 mais les autorités centrafricaines ont annoncé le calendrier électoral dont le référendum constitutionnel, le 4 octobre, le premier tour des élections présidentielle et législatives, le 18 octobre et le second tour, le 22 novembre.  Le Représentant spécial a exhorté la communauté internationale à prendre des engagements financiers en faveur d’un processus qui accuse encore un déficit de 11 millions de dollars.  Il a aussi demandé à cette même communauté d’apporter des ressources financières et humaines au futur tribunal pénal spécial en état de gestation pour connaître des crimes graves commis depuis le 1er janvier 2003.

Malgré les progrès dans le désarmement des ex- Séléka à Bangui, il faut encore regrouper et désarmer les combattants dans tout le pays, a poursuivi le général Gaye.  Si tous les signataires souhaitent respecter les engagements pris en vertu de l’Accord sur le désarmement, la démobilisation et la réintégration (DDR), les derniers développements ont suscité des doutes, en particulier parmi les ex-Séléka.

La RCA est à la croisée des chemins, a-t-il conclu.  Les étapes à venir sont difficiles car elles nécessitent du dépassement de la part des leaders, du pardon de la part des populations et de la justice au bénéfice de tous.  La communauté internationale a rempli une bonne partie de ses obligations morales envers la RCA, notamment en y déployant des forces africaines, françaises, européennes et depuis septembre 2014 les Casques bleus onusiens.  Aujourd’hui, la stabilisation de ce pays requiert un soutien multiforme destiné à ouvrir une page nouvelle à travers des élections libres, transparentes et ouvertes à tous, a-t-il insisté avant d’ajouter que « nous avons allumé la flamme de l’espoir, il ne faut pas qu’elle s’éteigne, c’est notre responsabilité morale ». 

Nous sommes tous conscients que la réussite de la transition n’est pas une fin en soi, a souligné M. Abderrazzak Laassel du Maroc, au nom du Président de la formation RCA de la Commission de consolidation de la paix.  Depuis son retour de Bangui, le Président de la formation RCA a entamé une campagne de sensibilisation à New York, principalement au sujet du déficit dans le budget des élections.  Par ailleurs, après sa participation à une rencontre organisée par la Mission permanente de la RCA, le 27 mai dernier avec le Ministre centrafricain de la justice, le Président de la formation a souscrit à l’idée de créer un groupe de référence sur l’état de droit et le futur tribunal pénal spécial, qui sera une structure souple et informelle ayant pour but d’informer toutes les délégations intéressées sur les avancées en matière de renforcement de l’état de droit ainsi que sur la mise en place du tribunal pénal. 

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