En cours au Siège de l'ONU

Conseil de sécurité
7499e séance – matin
CS/11991

Le Conseil de sécurité examine les problèmes des petits États insulaires en développement qui affectent la paix et la sécurité internationales

Presqu’un an après la troisième Conférence internationale sur les petits États insulaires en développement (PEID), qui s’était tenue à Samoa en septembre 2014, le Conseil de sécurité a abordé aujourd’hui les défis auxquels sont confrontés ces pays sous l’angle de la menace posée à la paix et la sécurité internationales.  Sous la présidence du Ministre des affaires étrangères de la Nouvelle-Zélande, les chefs d’État et de gouvernement de plusieurs petits États insulaires se sont succédé à la table du Conseil pour alerter la communauté internationale sur la nécessité pressante d’une réponse collective à leurs problèmes.

La Conférence de Samoa avait permis d’attirer l’attention de la communauté internationale sur la contribution de ces pays au développement durable ainsi que sur leurs vulnérabilités particulières, a rappelé le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, en se prononçant pour l’adoption d’un programme de développement pour l’après-2015 qui traite des besoins des PEID.  Il s’est d’ailleurs félicité que, lors de la récente Conférence sur le financement du développement qui a eu lieu à Addis-Abeba du 13 au 16 juillet, les inquiétudes de ces pays aient été reflétées.

Sur les 44 petits États insulaires en développement, qui représentent environ un cinquième du nombre des États Membres de l’ONU, seulement 6 d’entre eux ont siégé au Conseil de sécurité jusqu’à présent, a souligné le Ministre néo-zélandais des affaires étrangères, M. Murray McCully, pour illustrer qu’il est nécessaire de faire entendre leur voix au sein de ce Conseil.  Il est surtout apparu évident que, si les PEID ne connaissent pas de conflits interétatiques, ils sont néanmoins, en raison de leurs vulnérabilités, plus exposés aux menaces à la paix et la sécurité internationales.

C’est ce qui explique que le débat d’aujourd’hui au Conseil de sécurité a été placé dans le cadre du chapitre du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Le Président de Kiribati, M. Anote Tong, a rappelé, à cet égard, que les dirigeants du Pacifique avaient, dans la déclaration de Majuro adoptée en 2013, déclaré les changements climatiques comme une menace à la sécurité des îles du Pacifique.  En effet, les PEID souffrent particulièrement de l’élévation du niveau des mers, de la destruction des massifs de corail, ainsi que de la fréquence croissante et de la gravité des catastrophes naturelles, celles-ci continuant de causer des déplacements de population.  Le Secrétaire général de l’ONU n’a pas manqué de rappeler, à ce propos, que les pays des Caraïbes étaient parfois frappés par cinq ouragans par saison.

Les changements climatiques ont le potentiel de « rayer de la carte des pays entiers », a affirmé le Président de Kiribati, M. Anote Tong.  « Nous avons la preuve qu’on s’approche d’un point de non-retour », a-t-il déclaré, en regrettant que les actions qui s’imposent soient toujours remises à plus tard.

Les changements climatiques ne sont toutefois pas le seul défi en matière de paix auxquels sont confrontés les PEID, a-t-on fait observer au cours de la séance qui s’est déroulée toute la journée.  La criminalité transnationale organisée est, pour sa part, responsable de grands maux pour les petites îles, notamment du fait des trafics de drogues et d’armes, du blanchiment d’argent et de la traite des personnes.  Il y a aussi la piraterie et les crimes commis contre la flore et la faune, ainsi que les pêches illicites.  Sur le plan économique, a-t-on souligné au cours du débat, l’isolement et la petite taille de ces pays rendent difficiles leurs efforts d’exportation et ralentissent leurs efforts de développement, causant ainsi d’autres risques pour leur sécurité.

La question prioritaire restant la lutte contre les changements climatiques, le Secrétaire général et de nombreuses délégations parmi les 75 orateurs de la journée ont lancé un appel pour que soit conclu en décembre prochain, à Paris, un accord universel significatif sur cette question, à l’occasion de la vingt et unième session de la Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP21).  Il faudra aussi mobiliser 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020, dans l’espoir que le Fonds vert mondial sera opérationnel prochainement.

Le représentant de la France, pays hôte de la COP21, a rappelé une proposition qu’il avait faite lors de la dernière Conférence sur la réduction des risques de catastrophe à Sendai, au Japon, pour inviter la communauté internationale à accompagner les pays les plus vulnérables, notamment les PEID et les pays les moins avancés, dans le développement de systèmes d’alerte face aux risques climatiques.

Placer les PEID au centre de la discussion a permis de voir ces pays, au-delà de leurs problèmes, comme des modèles d’efficacité dans la lutte contre les changements climatiques, beaucoup ayant pris des mesures d’adaptation et fixé comme objectif de passer complètement à l’énergie renouvelable.  Samoa s’y est engagé pour 2017, a rappelé son Premier Ministre, M. Tuilaepa Sailele Malielegaoi.  Aux Seychelles, un département pour l’économie bleue a été créé au début de l’année, a indiqué le Ministre des finances, du commerce et de l’économie bleue, M. Jean-Paul Adam.

La discussion a aussi fait apparaître la capacité de ces pays à attaquer de front leurs problèmes de sécurité, avec les moyens dont ils disposent.  Le Premier Ministre de la Jamaïque, Mme Portia Simpson Miller, par exemple, a indiqué que son pays investissait dans les technologies et la formation en matière de sécurité.  De leur côté, Maurice et les Seychelles ont été à l’avant-poste de la lutte contre la piraterie, un phénomène qui touche particulièrement l’océan Indien.  S’agissant du Pacifique, le Premier Ministre de Samoa a mentionné les efforts de coordination au plan régional et de partage d’informations entre les entités chargées du maintien de l’ordre.

La lutte contre la criminalité et le terrorisme en mer nécessite également une meilleure gouvernance financière et des meilleures pratiques contre le blanchiment de l’argent sale, ainsi qu’un renforcement de la transparence fiscale, a ajouté le Ministre des finances des Seychelles, M. Jean-Paul Adam.

La conclusion qui a été tirée de ce débat par de nombreux intervenants est que ces petits pays, malgré leurs politiques proactives, ne peuvent s’en sortir seuls face aux risques qu’ils encourent sur le plan sécuritaire.  De nombreux appels ont donc été lancés pour que la communauté internationale appuie leurs efforts et, en priorité, lutte efficacement et de toute urgence contre les changements climatiques.

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Les petits États insulaires en développement face aux menaces contre la paix et la sécurité

Lettre datée du 15 juillet 2015, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent de la Nouvelle-Zélande auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2015/543)

Déclarations liminaires

M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a rappelé que la troisième Conférence internationale sur les petits États insulaires en développement (PEID), qui s’était tenue à Samoa en septembre dernier, avait permis d’attirer davantage l’attention du monde à la fois sur la contribution de ces pays au développement durable et sur leurs vulnérabilités.  Rappelant la responsabilité collective pour faire face à ces défis, il a souligné que la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) était la première priorité car, a-t-il expliqué, les progrès ont été inégaux pour ces pays.  Nous avons aussi besoin d’un programme de développement pour l’après-2015 qui traite des besoins des PEID, a-t-il ajouté.  Lors de la récente Conférence sur le financement du développement, qui a eu lieu à Addis-Abeba du 13 au 16 juillet, les inquiétudes des PEID ont été reflétées, notamment en ce qui concerne les domaines critiques de la dette, du commerce, des technologies et de l’aide publique au développement (APD).  Nous devons aussi parvenir à conclure un accord universel significatif sur les changements climatiques à Paris en décembre prochain, a-t-il insisté.

M. Ban a rappelé que le cyclone Pam, qui a frappé Vanuatu, était le dernier d’une longue série de destructions que les PEID ont endurés et continueront à subir tant qu’il n’y aura pas de réponse aux changements climatiques.  Il a indiqué que les pays des Caraïbes sont parfois frappés par cinq ouragans par saison.  Il a rappelé que le Conseil de sécurité avait souligné que les changements climatiques constituaient bien une menace à la paix et à la sécurité internationales, à cause de l’élévation du niveau des mers, de la destruction des massifs de corail et de la fréquence croissante et de la sévérité des catastrophes naturelles, celles-ci continuant de causer des déplacements de population.  Le Secrétaire général a relevé que ces pays montraient l’exemple dans la lutte contre les changements climatiques, en passant à l’énergie renouvelable et en prenant des mesures d’adaptation.  Il nous faut, a-t-il rappelé, mobiliser 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020, en espérant que le Fonds vert mondial serait opérationnel avant la tenue de la vingt et unième session de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques en décembre et qu’un accord universel et solide serait adopté.

Les changements climatiques ne sont pas le seul défi en matière de paix auxquels sont confrontés les PEID, a-t-il fait observer, en citant, en particulier, les problèmes que pose la criminalité transnationale organisée, y compris le trafic de drogues, la traite des personnes, la piraterie et les crimes commis contre la flore et la faune.  Les PEID, qui ont souvent des zones économiques exclusives plus grandes que leurs territoires, doivent gérer les pêches et prévenir les activités illégales dans ce domaine, a-t-il expliqué.  L’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), a-t-il rappelé à cet égard, a un programme sur la criminalité maritime qui travaille en coopération avec les États pour les aider à adopter les lois nécessaires.  M. Ban a aussi parlé de ce que font Maurice et les Seychelles qui ont été à l’avant-poste de la lutte contre la piraterie.

La CARICOM et les îles du Pacifique ont attiré l’attention de la communauté internationale sur les vulnérabilités accrues des PEID, mais ceux-ci n’ont pas les ressources pour lutter à eux seuls contre ces menaces, a souligné le Secrétaire général.

Il y a 20 ans, à la Barbade, les États ont pris des engagements en faveur de ces pays, qui ont été réaffirmés à Maurice en 2005 et repris dans le Document « La Voie à suivre » qui a été adopté à Samoa, en 2014.  Enfin, il a lancé un appel pour voir se développer davantage de partenariats, ainsi que le renforcement des capacités et un véritable leadership.

« Aucune région, aucun groupe de pays et aucune situation sécuritaire spécifique ne saurait continuer de monopoliser le temps, l’attention et les ressources du Conseil », a affirmé M. Ban

M. TUILAEPA LUPESOLIAI SAILELE MALIELEGAOI, Premier Ministre de Samoa, a déclaré que les voix des PEID méritaient d’être entendues et leurs défis dûment considérés.  Nous sommes parfois tentés de penser que la région du Pacifique est calme, dans la mesure où elle ne connaît pas de conflits et, ainsi, n’est pas confrontée à des défis sécuritaires.  « Rien ne serait plus éloigné de la vérité », a-t-il fait remarquer.

Le Premier Ministre a souligné que des activités relevant de la criminalité organisée avaient été constatées dans la région, telles que le trafic de drogues et d’armes, le blanchiment d’argent et la traite d’êtres humains.  Pour y faire face, la région du Pacifique a adopté une approche régionale afin de coordonner les efforts des entités chargées du maintien de l’ordre et de faciliter le partage des informations, a-t-il indiqué.  Il a également déclaré que Samoa avait commencé à remédier aux risques posés par Internet dans la facilitation desdites activités criminelles mais avait besoin de ses partenaires pour aboutir à des solutions durables.

Le Conseil, « arbitre de la paix internationale », est important pour les PEID, qui risquent de voir une remise en cause de leurs gains de développement en raison de causes extérieures sur lesquelles ces pays n’ont que peu de prise, a souligné le Premier Ministre de Samoa.  Il a rappelé la menace existentielle que les changements climatiques font peser sur les pays de la région Pacifique et souligné les engagements pris dans le cadre des « Orientations de Samoa ».  Il a assuré qu’il ne ménagerait aucun effort pour que les Nations Unies, y compris ce Conseil, prennent dûment en compte les implications sécuritaires des changements climatiques.  « Alors que le Conseil a traditionnellement porté son attention sur les conflits interétatiques, il n’a pas non plus hésité à résolument agir pour remédier aux causes profondes d’autres questions sécuritaires, telles que le virus du VIH/sida, les enfants dans les conflits armés ou encore l’épidémie causée par le virus Ebola », a-t-il dit.  Avant de conclure, le Premier Ministre a affirmé que les PEID entendaient profiter de cette réunion du Conseil pour l’informer des défis auxquels ces pays font face, ajoutant qu’il serait « malheureux » qu’un tel débat ne se renouvelle pas.

Mme PORTIA SIMPSON MILLER, Premier Ministre de la Jamaïque, a présenté les perspectives des Caraïbes en ce qui concerne les défis que connaissent ces îles en matière de sécurité.  « Nous dépendons des marchés extérieurs et des technologies, ce qui rend difficile la riposte face aux menaces », a-t-elle expliqué.  Elle a mentionné le blanchiment d’argent parmi les activités illicites des réseaux criminels dans les régions insulaires.  La majorité des homicides dans nos pays sont commis par des armes à feu, a-t-elle déploré.  Le Premier Ministre a assuré que son pays avait pris très au sérieux la lutte contre cette criminalité, en investissant dans les technologies et la formation en matière de sécurité.  « Notre riposte a fait l’objet d’une coordination entre les différentes antennes de notre gouvernement, mais cela reste insuffisant », a-t-elle reconnu en demandant l’aide de la communauté internationale.  Elle a toutefois mentionné l’importance de la coopération qui existe entre les pays de sa région dans ce domaine.  Mme Simpson Miller a également apprécié la discussion sur les armes légères et de petit calibre (ALPC) au Conseil de sécurité et l’adoption du Traité sur le commerce de ces armes.  Les petits pays comme le nôtre doivent adopter des stratégies pour lutter contre le trafic des stupéfiants, a-t-elle dit.

Le Premier Ministre de la Jamaïque a ensuite parlé de la non-prolifération des armes de destruction massive, en assurant que son pays était déterminé à participer à l’action internationale.  Il a lancé une initiative internationale pour mettre en œuvre la résolution 1540 du Conseil de sécurité, avec le soutien de plusieurs pays, ce qui lui a permis de renforcer ses capacités dans ce domaine, a-t-elle assuré.  Par ailleurs, la Jamaïque contribue au maintien de la paix des Nations Unies par l’envoi de Casques bleus et des policiers, notamment au Darfour et en Haïti.  Le Premier Ministre a souligné que son pays avait besoin d’un appui financier pour réaliser les objectifs de développement, s’associant ainsi à la proposition faite par la Commission régionale pour les pays d’Amérique latine et des Caraïbes en faveur d’un allègement de la dette des pays insulaires de la région.  Elle a aussi prôné en faveur de politiques de lutte contre les changements climatiques, en appelant à l’adoption d’un texte juridiquement contraignant à Paris en décembre prochain.  La Jamaïque, a-t-elle indiqué, investit dans l’énergie renouvelable et éolienne.  Face à tous ces risques, elle a prévenu qu’il ne faudrait pas adopter une démarche unique, tout en soulignant que la paix, la sécurité et le développement étaient des domaines intrinsèquement liés.

M. JEAN-PAUL ADAM, Ministre des finances, du commerce et de l’économie bleue des Seychelles, a expliqué que les défis de la sécurité des petits États insulaires en développement étaient situés dans le contexte du caractère géographique unique de son pays.  Entourées par les océans, les îles sont les « gardiennes bleues » de la planète, a—t-il dit.  Mais la gouvernance des espaces océaniques du monde est loin des attentes de sécurité que le monde a à l’égard de ses espaces terrestres. 

La petitesse et l’isolement des petits États insulaires en développement sont des éléments structuraux de leur vulnérabilité, les menaces croissantes autour des océans et l’absence relative de gouvernance augmentant celle-ci.  La planète étant constituée de 75% d’océans, les faibles capacités pour assurer la gouvernance mondiale de ses espaces océaniques menacent la sécurité mondiale, a—t-il prévenu, en soulignant que les Seychelles, comme de nombreux petits États insulaires en développement, n’avaient pas toutefois accepté d’être simplement un observateur de ces processus.

En début d’année, a rappelé M. Adam, le Ministère des finances avait créé un département pour l’économie bleue.  Les Seychelles jouent en effet leur avenir économique sur une meilleure exploitation du potentiel de développement de l’océan, a-t-il assuré, en mettant l’accent sur la nécessité de casser les moules existants de développement économique et de forger de nouvelles opportunités à partir d’anciennes pratiques non viables. 

Il a ainsi fait état d’un plan spatial marin, par lequel sont définies les activités économiques et de conservation à développer dans les zones économiques exclusives.  Les mesures prises dans ce cadre s’inscrivent dans le contexte d’un mouvement régional visant à renforcer l’économie bleue, notamment par les engagements de l’économie bleue de l’Union africaine dans l’Agenda 2063 ainsi que par sa stratégie maritime intégrée.  La Commission de l’océan Indien et l’Association de coopération régionale des pays du pourtour de l’océan Indien développent également des approches d’économie bleue lesquelles forgent des opportunités économiques durables par la recherche, le commerce, l’énergie renouvelable et l’infrastructure maritime.

Le phénomène de la piraterie dans l’océan Indien a souligné les défis de la sécurité dans la régionalisation mais aussi dans la mise en œuvre de l’état de droit en mer, a—t-il en outre expliqué.  Malgré leurs contraintes de capacité, les Seychelles ont pris un rôle de chef de file dans les poursuites pour piraterie, en reconnaissant que l’état de droit est la première étape vers la stabilité économique et la croissance.  Tant que les océans ne seront pas régis et protégés par des lois, nous ne serons pas en mesure d’exploiter correctement leur potentiel de développement, a-t-il déclaré.

Le Ministre a également mis l’accent sur le problème de sécurité majeur pour de nombreux petits États insulaires en développement que constitue l’afflux de victimes des trafics de stupéfiants.  Tous ces défis de sécurité nécessitent un renforcement de la coordination régionale, en se félicitant notamment de la mise en œuvre du Programme régional de sécurité maritime de l’Union européenne, lequel vise à renforcer et à développer les capacités à travers l’Afrique de l’Est et l’océan Indien.

Enfin, M. Adam a insisté sur le fait qu’une lutte efficace contre la criminalité et le terrorisme en mer impliquait également une meilleure gouvernance financière et des meilleures pratiques contre le blanchiment de l’argent sale ainsi qu’un renforcement de la transparence fiscale et de l’échange d’informations.

Déclarations

M. MURRAY MCCULLY, Ministre des affaires étrangères de la Nouvelle-Zélande, qui présidait la séance, a rappelé que sur les 44 petits États insulaires en développement, seulement 6 d’entre eux avaient siégé au Conseil de sécurité.  La Nouvelle-Zélande a convoqué ce débat pour donner au Conseil de sécurité cette occasion unique d’examiner la question de la sécurité des petits États insulaires en développement, qui constituent environ un cinquième des membres de l’ONU, et de leur donner la chance de faire entendre leur voix au sein de ce Conseil, a—t-il expliqué.

La Nouvelle-Zélande, a ajouté M. McCully, considère que sa propre paix et sa propre sécurité sont touchées directement par la prospérité et la stabilité des petits États insulaires en développement dans la région, le Pacifique.  C’est pourquoi, a-t-il estimé, la question stratégique importante pour le Conseil et pour la communauté plus large des Nations Unies est de déterminer comment nous pourrions prendre des mesures significatives pour rendre les petits États insulaires en développement moins vulnérables face aux menaces que les catastrophes naturelles et les défis d’origine humaine font peser sur leur sécurité.  Il est possible de renforcer la résilience des petits États insulaires en développement en les aidant à tirer pleinement profit de l’utilisation durable de leur base de ressources souvent limitée, a-t-il dit, en s’appuyant en particulier sur la pêche au thon.  Les petits États insulaires en développement ont besoin de coopérer avec la communauté internationale pour faire en sorte qu’ils reçoivent une juste rétribution de leurs actifs économiques.

Le Ministre néo-zélandais a aussi mis l’accent sur la nécessité d’un effort international concerté pour éradiquer la pêche illégale.  De même, a-t-il convenu, il faudrait s’attaquer au défi posé par l’insécurité de l’énergie causée par la dépendance extrêmement coûteuse aux combustibles fossiles.  Le coût du pétrole pour l’électricité représente jusqu’à un tiers de la facture totale des importations des petits États insulaires en développement, a-t-il dit, en soulignant les efforts réalisés par la Nouvelle-Zélande pour convertir ces pays à l’électricité renouvelable.

Mme DELCY ELOÍNA RODRÍGUEZ GÓMEZ, Ministre des affaires étrangères du Venezuela, a rappelé qu’un cinquième des pays membres des Nations Unies étaient des PEID.  Elle a détaillé les défis auxquels ces pays font face, y compris les assauts d’une économie mondiale ultra libérale, les conséquences d’une histoire marquée par le colonialisme et les changements climatiques.  Les défis doivent être réglés par le biais d’une coopération solidaire, notamment avec les pays développés, a-t-elle dit.  Mme Rodríguez a encouragé les PEID à renforcer leur présence au sein des organisations régionales et internationales et souligné la nécessité que leurs voix soient entendues.

La coopération Sud-Sud est également importante pour appuyer les PEID, a-t-elle estimé, avant de détailler les efforts de coopération de son pays avec les « pays frères » de la région des Caraïbes.  « Nous sommes des peuples liés par la solidarité », a-t-elle affirmé.  La Ministre vénézuélienne des affaires étrangères a ensuite assuré que son pays était épris de paix et participait à la défense des plus faibles.  « Unissons-nous pour construire un monde multipolaire », a-t-elle dit, avant de défendre une diplomatie mondiale qui s’inspire des valeurs du « bolivarisme » et fasse la promotion du droit international.  Enfin, elle s’est dite convaincue que les pays des Caraïbes triompheront face aux prétentions coloniales de ceux qui veulent imposer leur modèle économique.

M. MANUEL AUGUSTO, Secrétaire d’État aux relations extérieures de l’Angola, a mis l’accent en particulier sur la nécessité de contrer l’impact des changements climatiques par le biais de meilleures pratiques environnementales et de parvenir à un développement économique et social durable.  Ceci doit constituer la pierre angulaire des politiques visant à faire face à d’énormes défis qui menacent les moyens de subsistance des populations des petits États insulaires en développement, a-t-il précisé.

Le manque d’opportunités économiques dans un grand nombre de petits États insulaires en développement, les défis des changements climatiques et la criminalité transnationale sont des questions graves qui ne peuvent être surmontées, a-t-il estimé, qu’avec l’aide internationale.

La surpêche a atteint des proportions alarmantes, mettant en péril la survie même de nombreuses espèces maritimes, avec un impact négatif sur les écosystèmes extrêmes maritimes et les fondements économiques des petits États insulaires en développement, a—t-il notamment expliqué.  La perte de territoire, causée par l’élévation du niveau de la mer, a prévenu M. Augusto, pose une autre menace importante pour les petits États insulaires en développement et pour leur développement durable, certains d’entre eux faisant face à une véritable menace existentielle.

Le besoin urgent se fait sentir de développer une stratégie à deux voies dans le traitement de ces défis: fournir une assistance spécifique dans les domaines liés aux changements climatiques et à la réduction des risques de catastrophe; et développer des approches du développement durable les mieux adaptées à leurs réalités, contraintes et défis.

Le Secrétaire d’État angolais aux affaires extérieures a dit souhaiter que le nouvel accord international sur les changements climatiques, en cours de négociation pour être adopté lors de la Conférence de Paris d’ici à la fin de 2015, contribuera à soulager une partie du fardeau économique des petits États insulaires en développement, en réduisant les émissions de gaz à effet de serre mondiaux et l’impact des changements climatiques.

M. EDGARDO RIVEROS MARÍN, Vice-Ministre des affaires étrangères du Chili, a estimé que les vulnérabilités des petits États insulaires en développement découlaient de l’incapacité à faire face aux nouveaux défis et à des situations ayant des implications mondiales, qui peuvent mettre en péril la stabilité et la subsistance de ces pays, de même que la paix et la sécurité régionales et internationales.

La coopération pour le développement est essentielle pour faire face à ces menaces.  Le Chili a pris un engagement en faveur des petits États insulaires en développement et a donc contribué, avec les pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), au transfert des compétences et à la formation du capital humain grâce à la coopération Sud-Sud, a-t-il indiqué.

En outre, avec tous les pays de la CARICOM, le Chili met en œuvre des programmes de coopération dans l’enseignement de l’espagnol, les relations internationales, la prévention des catastrophes et le soutien aux systèmes de santé animale et végétale.  Cela implique toujours, a-t-il précisé, une approche Sud-Sud, l’expérience étant partagée dans une relation horizontale, notamment en vue de créer des capacités pour la conception et la mise en œuvre des politiques publiques.

Le Vice-Ministre a par ailleurs déploré l’exploitation et la traite illégales des ressources naturelles, y compris la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, qui crée, à son avis, un climat d’instabilité, en empêchant l’accès aux moyens de subsistance de base.  Il a souligné en conclusion que la gouvernance mondiale devait intégrer des moyens de protéger les petits États insulaires en développement de ces vulnérabilités.

M. JESÚS GRACIA, Secrétaire d’État au développement de l’Espagne, a fait remarquer que les PEID constituent un cas particulier en ce qui concerne le développement durable, du fait de leurs vulnérabilités particulières.  Il a mentionné notamment l’élévation du niveau des mers qui représente une grave menace pour leur survie et la viabilité, ainsi que la fréquence des catastrophes naturelles.  Faisant observer que leur contribution aux émissions de gaz à effet de serre était minime, il en a appelé à la responsabilité de la communauté internationale pour réagir aux conséquences dévastatrices des changements climatiques en demandant la conclusion d’un accord juridiquement contraignant à Paris en décembre prochain, en tenant compte de la responsabilité commune mais différenciée.  Il a indiqué que l’Espagne et la Malaisie avaient organisé une réunion de « formule Arria » le 30 juin dernier sur la question des changements climatiques qui a entendu des appels à actualiser le rapport de 2009 du Secrétaire général sur cette question.

Après avoir recensé les difficultés des PEID, M. Gracia a parlé du Mémorandum d’accord conclu par l’Espagne avec 13 de ces pays pour appuyer les projets de coopération en matière de financement, par le biais du Fonds Espagne-PNUD pour les objectifs de développement durable et du Fonds d’aide humanitaire de l’Agence espagnole de coopération au développement.  En outre, l’Espagne a contribué à hauteur d’un million d’euros au Mémorandum conclu par l’Italie et d’autres pays pour financer les mesures prioritaires des PEID en matière de résilience face aux changements climatiques.  En ce qui concerne la lutte contre la piraterie, le trafic de drogues, la violence et la criminalité transnationale organisée, l’Espagne appuie notamment les projets de coopération de prévention de la violence et de la marginalisation des jeunes.  M. Gracia a aussi mentionné ce que fait son pays pour contribuer à la lutte contre les pêches illégales.  À cet égard, il a annoncé que l’Espagne accueillera, en octobre prochain, la célébration du vingtième anniversaire du Code de conduite pour la pêche responsable de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

M. BANTE MANGARAL (Tchad) a souligné les vulnérabilités spécifiques des PEID et indiqué que des menaces à la sécurité internationale pouvaient émaner de la nature.  « Nous devons apprendre à écouter la nature afin de mieux répondre aux nouvelles menaces à la paix et à la sécurité internationales », a-t-il affirmé, avant d’inviter le Conseil à repenser son rôle afin de les prendre en compte.

Le représentant a ensuite passé en revue les défis auxquels les PEID font face, tels que la criminalité organisée ou les conséquences des changements climatiques.  S’agissant de cette dernière question, il a souligné qu’il était important de mettre en place des systèmes d’alerte précoce aux niveaux national, régional et international et de renforcer la coopération internationale.  Enfin, il a souhaité que les spécificités de ces pays en matière de développement soient reflétées dans le programme de développement pour l’après-2015 qui doit être adopté en septembre prochain.

M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) s’est félicité de ce débat qui, selon lui, fournit une plateforme précieuse pour discuter et échanger des vues sur la façon dont nous pouvons collectivement faire face aux défis de paix et de sécurité auxquels sont confrontés les petits États insulaires en développement dans leurs quêtes vers le développement durable et la prospérité universelle.

M. Ibrahim a souligné que les impacts négatifs des changements climatiques, tels que la montée du niveau de la mer et l’érosion côtière, menaçaient l’intégrité territoriale, la sécurité alimentaire, l’eau, l’énergie, la santé, et plus largement, les efforts déployés par les petits États insulaires en développement pour éradiquer la pauvreté.  À long terme, les changements climatiques constituent un défi existentiel pour les petits États insulaires en développement.

Les efforts plus vigoureux en vue de réduire les impacts des changements climatiques sur les petits États insulaires en développement devront être entrepris si un accord sur les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre n’est pas trouvé lors de la prochaine Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, a-t-il dit.

En vue de mieux comprendre ces défis, la Malaisie a rejoint l’Espagne en organisant conjointement, en juin dernier, une réunion du Conseil de sécurité selon la « formule Arria » sur un sujet similaire.  Au cours de cette réunion, a-t-il précisé, les délégations avaient souligné la nécessité pour le Conseil d’être plus engagé sur l’impact des changements climatiques sur la sécurité.

M. SERGEY B. KONONUCHENKO (Fédération de Russie) a souhaité que l’on mette l’accent sur les PEID maintenant, au moment où la communauté internationale élabore le programme de développement pour l’après-2015 qui, a-t-il demandé, doit refléter de manière adéquate les besoins de ces pays.  Pour sa délégation, on ne peut lutter efficacement contre la criminalité transnationale organisée et la piraterie que sous l’égide de la communauté internationale et de l’ONU.  Il a jugé important d’apporter aux PEID une assistance technique ciblée pour améliorer leur sécurité, notamment aux frontières.  Il faudrait aussi que les partenariats privés contribuent à la protection de ces îles.  Passant à la question des changements climatiques, le représentant a rappelé la position de son pays en faveur d’une approche intégrée et globale pour résoudre les questions qui se posent en la matière, notamment dans le cadre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.  Il faudrait aussi mobiliser l’aide financière et faciliter le transfert de technologies en faveur de ces pays, a-t-il demandé, en souhaitant notamment la concrétisation du fonds vert pour le climat.  Le représentant russe a également demandé de mettre en œuvre rapidement le Document final de la troisième Conférence sur les risques de catastrophes naturelles adopté à Sendai, en mars dernier.  La Russie a déboursé 20 millions de dollars depuis 2010 pour aider les PEID à relever leurs défis, a-t-il rappelé, avant de reconnaître le rôle complémentaire que peut jouer le Conseil de sécurité pour contribuer à résoudre les questions de sécurité auxquelles sont confrontés les PEID.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France), qui s’exprimait au nom de la Secrétaire d’État au développement et à la francophonie, Mme Annick Girardin, a souligné qu’il n’y a pas de développement sans sécurité, et pas de sécurité sans développement.  C’est un message que la France porte, en Afrique, au Mali, en République centrafricaine, mais qui est vrai partout.  Et la sécurité dans les petits États insulaires en développement, c’est aussi l’anticipation des risques climatiques!  En cette année 2015, qui marquera l’adoption des objectifs de développement durable en septembre prochain et la tenue de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 21) à Paris, en décembre, il a voulu proposer un projet concret pour avancer dans cette voie.

Lors de la dernière Conférence sur la réduction des risques de catastrophe à Sendai (Japon), la France avait proposé un objectif simple: mobiliser la communauté internationale pour accompagner les pays les plus vulnérables, notamment les petites îles et les pays les moins avancés (PMA) dans le développement de systèmes d’alertes face au climat.  C’est pour la France un enjeu de responsabilité, que de partager son savoir-faire et ses compétences au service des pays les plus exposés au dérèglement climatique.

Ce sujet est central pour la réussite de la COP21, a expliqué M. Delattre.  Le représentant de la France a mis l’accent également sur les systèmes d’alerte qui permettent de sauver des vies et de réduire considérablement le coût économique des catastrophes.  C’est pour cela que la France, en coordination étroite avec la Norvège, le Secrétariat interinstitutions de la Stratégie internationale de prévention des catastrophes et la Banque mondiale, avait lancé une coalition appelée CREWS.

Ses objectifs, a-t-il dit, sont simples: renforcer et amplifier l’action de la communauté internationale en appui des systèmes d’alerte dans les pays vulnérables; mobiliser des financements complémentaires pour appuyer et renforcer les actions déjà mises en œuvre afin de tenter de parvenir à une couverture globale des populations exposées aux évènements climatiques extrêmes d’ici à 2020.

S’agissant de la question des moyens, le représentant de la France a estimé qu’en mobilisant environ 100 millions de dollars d’ici à 2020, nous devrions pouvoir changer la donne dans la plupart des pays.  Sur ce point, la France est prête à s’engager et souhaite que les autres États Membres puissent en faire de même.

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a indiqué que les PEID étaient des membres précieux de la famille des Nations Unies.  Ces pays, a-t-il fait remarquer, sont confrontés à des défis qui sont pertinents pour ce Conseil.  C’est pourquoi, il a invité le Conseil à porter une attention sur la situation de ces pays, « car leurs défis, si l’on ne fait rien, pourraient rapidement devenir les nôtres ».

Il a ensuite prévenu contre les conséquences à terme des changements climatiques, telles que des migrations massives.  Le Royaume-Uni ne restera pas inactif devant les changements climatiques, a-t-il dit, en rappelant que son pays avait débloqué 6 milliards de dollars entre 2011 et 2016 pour lutter contre les conséquences des changements climatiques.  « Si l’on ne fait rien, les changements climatiques pourraient devenir une menace à la paix et à la sécurité internationales », a-t-il poursuivi. 

Le représentant du Royaume-Uni a également cité le phénomène préoccupant de la criminalité organisée dans la région des Caraïbes et appelé de ses vœux une coopération renforcée en vue d’y répondre.  « Nous espérons que nous poursuivrons la démarche que nous avons commencée aujourd’hui avec les PEID », a-t-il conclu.

Mme DINA KAWAR (Jordanie) a appelé à consacrer des ressources suffisantes pour aider les PEID à survivre.  Elle a demandé au Conseil de sécurité de jouer un rôle primordial pour aider à relever ces défis, en expliquant que ceux-ci peuvent nourrir l’insécurité.  En ce qui concerne les changements climatiques, elle a appelé les pays à atteindre un accord en décembre prochain à Paris.  En ce qui concerne le trafic des armes légères et de petit calibre, elle a mis l’accent sur les conséquences dévastatrices de ce phénomène sur la situation économique et sociale des PEID, ainsi que sur les investissements locaux et étrangers.  Ces pays doivent recevoir une aide internationale pour contrer ce fléau, a-t-elle estimé.  Au plan régional, la représentante a recommandé une coopération plus étroite entre les pays concernés.  Notant ensuite que la réponse aux menaces à la paix et à la sécurité internationales avait évolué pour passer des embargos généralisés à des sanctions mieux ciblées, elle a fait remarquer que l’application des 15 régimes de sanctions actuellement en cours posait de grandes difficultés aux PEID, ces régimes étant complexes et difficiles à mettre en œuvre.  La Jordanie plaide donc pour le renforcement des capacités des PEID afin qu’ils puissent s’acquitter de leurs obligations juridiques internationales, a-t-elle dit avant de conclure. 

M. LIU JIEYI (Chine) a affirmé que les PEID apportaient des contributions précieuses au maintien de la paix.  La communauté internationale devrait apporter une attention accrue aux défis spécifiques que ces pays connaissent, a-t-il affirmé.  Estimant que le développement était l’élément clef de toute solution, il a appelé de ses vœux la pleine mise en œuvre des documents pertinents relatifs aux PEID, dont les « Orientations de Samoa », et le renforcement des partenariats avec ces pays.  Il a également plaidé pour un meilleur accès de ces pays aux marchés mondiaux et souhaité un renforcement de la coopération Sud-Sud.  Les pays développés doivent augmenter les transferts technologiques en faveur de ces pays et honorer leurs promesses en matière d’aide au développement, a-t-il affirmé.  Aucun pays ne peut répondre seul aux menaces non traditionnelles telles que les changements climatiques, a-t-il dit, avant d’inviter les organisations régionales à jouer un rôle plus important face à ces nouvelles menaces.

M. DAVID PRESSMAN (États-Unis) a rappelé que la question des changements climatiques ne devait pas être reléguée aux générations futures.  L’hiver dernier a été le plus chaud que le monde n’ait jamais enregistré, a-t-il dit pour illustrer l’urgence de la situation.  Il a attiré l’attention sur la nécessité de réduire les activités qui provoquent ces changements, en assurant que les États-Unis s’engageaient à être chef de file dans ce domaine.  Il a mentionné, à cet égard, les décisions prises par le Président des États-Unis en mars dernier pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de 26 à 28% en dessous des niveaux de 2005 d’ici à 2025.  Mais, a-t-il fait observer, pour pouvoir réduire l’augmentation de température de 2ºdegrés Celsius, il faudrait que tous les pays s’engagent à réduire leur empreinte carbone et travaillent de concert pour atteindre un accord ambitieux sur les changements climatiques à la COP21, à Paris en décembre prochain.  Il a aussi salué les engagements pris par les PEID, comme les Îles Marshall, tout en prévenant qu’ils ne pouvaient agir seuls.  Le représentant a cité, à cet égard, l’aide apportée par son pays en matière d’adaptation pour les pays de l’Asie et du Pacifique.  En ce qui concerne la sécurité énergétique, il a noté que les PEID étaient des exemples à suivre dans le développement des énergies renouvelables, comme Samoa qui s’est engagé à atteindre 100% d’électricité renouvelable d’ici à 2017.  Il a aussi indiqué qu’une réunion s’était tenue récemment, à Hawaï, pour discuter de l’échange des pratiques optimales en matière d’énergie propre.  La protection des océans, a-t-il souligné, est une question de sécurité internationale essentielle.  Les États-Unis ont apporté leur soutien à un programme de Nature Conservancy sur cinq ans qui vise la conservation de la diversité biomarine dans la région des Caraïbes.  Il a aussi parlé de ce que fait son pays pour lutter contre la pêche illégale qui menace, a-t-il dit, la viabilité des mers.

Mme JOY OGWU (Nigéria) a affirmé que les PEID avaient affiché leur détermination à régler les défis qui se posent.  Compte tenu de la nature transnationale du nombre de ces défis, il est nécessaire de renforcer les mécanismes régionaux de coopération entre ces pays, a-t-elle avancé.  Elle a plaidé en faveur de la pleine mise en œuvre des documents tels que le Programme d’action de la Barbade ou les Orientations de Samoa, et souligné l’importance d’un accroissement des investissements directs étrangers pour le développement de ces pays.

La représentante du Nigéria a souhaité un renforcement de l’interaction entre ces pays et le Conseil, par le biais notamment de la création d’un mécanisme spécifique qui permettrait d’augmenter les capacités de réaction du Conseil et de déterminer plus spécifiquement les besoins sécuritaires de ces pays.  Le Conseil est idéalement placé pour prendre la tête des efforts en faveur des PEID, a-t-elle conclu.

Mme RAIMONDA MURMOKAITĖ (Lituanie) a rappelé que le Document final de la troisième Conférence internationale des petits États insulaires en développement, à Samoa, en septembre dernier, avait reconnu la vulnérabilité particulière de ceux-ci et appelé à une action coordonnée de la communauté internationale pour y faire face d’une manière cohérente et globale.  À son avis, la mise en œuvre de ce Document est d’une importance vitale pour les petits États insulaires en développement, dont certains sont aujourd’hui confrontés, selon leurs propres mots, à une menace existentielle.

Mme Murmokaitė a plaidé pour une action résolue, cohérente et consolidée de la part de la communauté internationale visant à renforcer les capacités nationales et régionales pour gérer les effets des changements climatiques, la promotion de la résilience, de la durabilité, ainsi que les ressources et la sécurité énergétique à l’échelle mondiale.  Dans ce contexte, il est urgent de parvenir à un accord sur les changements climatiques ambitieux et universel, à Paris, en décembre, a-t-elle affirmé.

La déléguée a également souligné l’importance des défis que constituent pour les petits États insulaires en développement, en raison de leur taille, de leur éloignement et de leurs capacités institutionnelles, le trafic de drogues et la criminalité transnationale organisée, l’insécurité maritime et la piraterie, ainsi que les menaces moins immédiates liées à la cyber-sécurité et au terrorisme.

M. BERETITENTI ANOTE TONG, Président de Kiribati, a estimé que la communauté internationale devrait dépasser le débat sur ce qui constitue ou non une menace à la paix et à la sécurité internationales.  Il a rappelé, à cet égard, que les dirigeants du Pacifique avaient, dans la déclaration de Majuro adoptée en 2013, déclaré les changements climatiques comme une menace à la sécurité des îles du Pacifique.  Tout en se félicitant que cette question soit de plus en plus reconnue, il a regretté le manque de leadership et de responsabilisation sur cette question qui, a-t-il dit, demeure accessoire pour ceux qui ont la capacité de la régler.  Il a déploré que ceux qui ont le moins de moyens et de capacités pour faire face à ce problème soient les mêmes qui en subissent les plus grandes conséquences.  C’est pourtant un problème de sécurité qui a le potentiel de rayer de la carte des pays entiers, a-t-il prévenu.  « Nous avons la preuve qu’on s’approche d’un point de non-retour », a déclaré le Président de Kiribati, en constatant pourtant qu’on continue de faire de la procrastination et d’hésiter à prendre les mesures qui s’imposent car, a-t-il remarqué, « on préfère que ce soient les voisins qui fassent le premier pas ».

« Des efforts très coûteux ont été entrepris pour nous permettre de participer à ce débat, car cela est très important pour nous », a-t-il dit.  « Pouvons-nous, en tant que dirigeants, rentrer chez nous et rassurer nos populations sur l’engagement de la communauté internationale d’adopter des solutions qui permettront de répondre à ces défis avant qu’il ne soit trop tard? »  s’est-il interrogé.  Le Président a ensuite alerté sur l’urgence de la situation et prévenu que les changements climatiques étaient un « assaut silencieux » qui donne un faux sentiment de sécurité.  Il a aussi fait remarquer que le prix de cette lutte étant élevé, on préfère le faire supporter par la génération suivante, avant de prévenir que c’est la communauté internationale tout entière qui risque de subir cette menace.  C’est pourquoi, il a lancé un appel pour que des mesures urgentes soient prises afin de régler les problèmes de sécurité et de survie des pays les plus vulnérables, en faisant appel à l’obligation morale qui pèse sur le monde.

M. TOKE TALAGI, Premier Ministre de Niue, a déclaré que la réponse actuelle apportée aux défis des changements climatiques était une réaction à court terme à des catastrophes naturelles.  « Cela ne marche pas », a-t-il dit, avant de souligner que la communauté internationale devait se fixer pour cible « visionnaire » la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre à 1,5% en 2100.  Il a expliqué qu’aujourd’hui, chaque pays déterminait sa propre cible et qu’il y avait une vaste différence dans les perceptions d’une catastrophe et dans les réponses à y apporter.

Le Premier Ministre a ensuite mentionné les conséquences psychologiques d’une catastrophe naturelle pour les populations qui ont été frappées, en ajoutant que les retards de décaissement des agences de pays donateurs pouvaient aggraver une situation déjà difficile.  « La plupart du temps, 80 à 90% des fonds sont absorbés par les coûts de recrutement des consultants chargés de nous montrer comment remplir un formulaire », a-t-il déploré.

Le Premier Ministre a ensuite invité le Conseil à jouer un rôle majeur pour contribuer à mieux répondre aux changements climatiques, avant de passer en revue les questions sécuritaires auxquelles les PEID sont confrontés, notamment la lutte contre les pêches illégales ou la protection des ressources naturelles.  Enfin, il a rappelé que la terre était la seule planète où la vie est possible et qu’il faudrait, ainsi, tout faire pour la protéger.

M. CHARLES HENRY FERNANDEZ, Ministre des affaires étrangères et du commerce international d’Antigua-et-Barbuda, a souligné que les PEID font face à des défis à facettes multiples en matière de sécurité, qui exigent une réaction préventive, avec un volet évaluation et un volet planification.  « Nos difficultés ne font pas les gros titres des journaux », a-t-il fait remarquer, en notant qu’elles doivent pourtant être affrontées pour préserver l’existence même de ces pays.  Il a estimé que les mécanismes et structures internationales actuels en matière de sécurité, en particulier le Conseil de sécurité, n’étaient pas appropriés pour répondre à ces défis.  Le Ministre a expliqué que les menaces à la sécurité, dont souffrent ces pays ne sont pas de nature militaire mais vont bien au-delà de cette dimension, car elles sont intrinsèquement liées aux piliers social, économique et environnemental du développement durable.  Il a souligné que les changements climatiques et l’élévation du niveau des mers étaient des menaces à l’environnement et au développement durable des PEID auxquelles il faudrait répondre de manière urgente.  Les pertes économiques résultant des changements climatiques se font sentir notamment dans le secteur du tourisme, a-t-il dit, en précisant que cette activité représente 70% du PNB de son pays.  C’est donc une question de survie économique, a-t-il dit.

Le Ministre a aussi expliqué que la population et les activités économiques de ces pays étaient concentrées dans les zones côtières, les rendant d’autant plus vulnérables aux effets des changements climatiques.  Il a fait observer que ces difficultés avaient aggravé le manque de capacité et de financement qui sont nécessaires à la mise en œuvre de politiques et de mécanismes d’atténuation.  Il s’est également inquiété de l’impact du trafic de drogues et de la prévalence des petites armes sur la sécurité internationale.  Les PEID sont dépendants des marchés étrangers et vulnérables économiquement du fait de leur éloignement et de leur petite taille, a ajouté le Ministre.  À cet égard, il s’est plaint de la diminution des préférences commerciales dont les pays des Caraïbes bénéficiaient avec leurs partenaires internationaux traditionnels, un problème dont son pays souffre depuis 10 ans.  Le Ministre a aussi attiré l’attention sur le problème d’endettement de ces pays et des effets d’autant plus grands qu’ils ont subi de la crise économique mondiale, Antigua-et-Barbuda ayant ainsi perdu 25% de son PIB.  C’est là encore un problème de sécurité car l’existence même des PEID est menacée, a-t-il dit, avant d’alerter sur les conséquences de la misère humaine qui pousse les gens à quitter leur pays.

M. FREDERICK MITCHELL, Ministre des affaires étrangères et de l’immigration des Bahamas, a déclaré que les priorités sont l’environnement, la lutte contre le crime organisé et l’immigration illégale, le chômage et l’économie.  Cependant, a-t-il ajouté, les changements climatiques représentaient le défi environnemental et de développement le plus sérieux.  Les implications sécuritaires des changements climatiques doivent être affrontées en premier au niveau multilatéral par des organes qui sont inclusifs, représentatifs et transparents, a-t-il estimé, en soulignant que si des actions ambitieuses étaient prises pour affronter les changements climatiques, elles permettraient de réduire les implications sécuritaires associées aux changements climatiques, y compris les menaces auxquelles font face les PEID.

Il a déclaré que son pays était convaincu de la nécessité pour la communauté internationale d’attacher la plus grande priorité à la conclusion des négociations en cours sur les changements climatiques dans le cadre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques sur un nouvel accord juridiquement contraignant, ce qui aboutirait à la réalisation de la réduction substantielle des émissions des gaz à effet de serre et à l’augmentation du niveau de ressources disponibles pour les pays en développement vulnérables, y compris les PEID.  Le Ministre a aussi rappelé le rôle du Conseil de sécurité dans la lutte contre les conséquences des changements climatiques et des défis qu’elles représentent et a appelé à la réforme du Conseil qui consisterait à doter les PEID d’un siège parmi les sièges tournants des membres du Conseil.

M. MAXINE MCCLEAN, Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Barbade, a rappelé que la troisième Conférence des Nations Unies sur les petits États insulaires en développement, qui s’était tenue à Samoa en 2014, avait été l’occasion de rappeler l’importance de la paix et de la sécurité.  Il a souligné les vulnérabilités particulières des PEID, en citant les ressources de base, la petite taille des marchés nationaux, la fragilité de ces pays face aux chocs externes et la vulnérabilité environnementale.  Il a salué la décision de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) de rétablir une présence dans les Caraïbes.  Il a rappelé que les États Membres avaient appelé dans le cadre des « Orientations de Samoa » l’importance critique de la coopération internationale et des partenariats pour réaliser le développement durable des petits États insulaires en développement.  Il a mis l’accent sur l’importance de préserver les océans sains, en se disant inquiet de la pêche illégale, non déclarée et non réglementée, de l’acidification des océans et de l’érosion des côtes.  Il a estimé que le processus des négociations sous les auspices de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques restait le cadre le plus approprié pour débattre des changements climatiques.

M. RATU INOKE KUBUABOLA, Ministre des affaires étrangères des Fidji, a affirmé que les changements climatiques étaient la principale menace qui se posait aux petits États insulaires en développement (PEID).  « Nous sommes les victimes de problèmes que nous n’avons pas créés », a-t-il déclaré, en mentionnant l’augmentation du niveau de la mer et du nombre croissant de tempêtes tropicales.  Il a souligné l’urgence de parvenir au développement durable, en souhaitant que davantage de fonds soient consacrés au développement des énergies renouvelables.  Il a indiqué que l’environnement marin offrait des opportunités de développement et de croissance à condition de pouvoir protéger les océans et les ressources halieutiques.  Il a particulièrement dénoncé la pêche illégale, non déclarée et non réglementée, qui prive les communautés côtières des moyens de subsistance, et exhorté le Conseil de sécurité à aider les petits États insulaires à renforcer le contrôle et la surveillance des océans.  Il a par ailleurs invité le Conseil de sécurité à aider les petits États insulaires à confronter les menaces liées à la criminalité transfrontalière organisée, qui représente, à son avis, une réelle menace à la stabilité de ces pays.    

M. RIMBINK PATO, Ministre des affaires étrangères et de l’immigration de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a estimé que la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques restait le forum principal pour débattre des questions relatives aux changements climatiques.  Il a néanmoins invité toutes les institutions de l’ONU à rester engagées dans ce processus, notamment l’Assemblée générale, la Banque mondiale, l’Institut mondial de la croissance verte, le Fonds vert de Copenhague pour le climat, le Fonds pour l’environnement mondial, ainsi que les plans de PEID dont la mise en œuvre souffre d’un manque de financement.  Il a par ailleurs indiqué que son pays avait décidé de consacrer 150 millions de dollars durant les cinq prochaines années pour aider les petits États insulaires en développement à faire face à l’impact des changements climatiques.  Il a également exhorté la communauté internationale à s’attaquer aux causes profondes de la migration clandestine ainsi qu’aux difficultés rencontrées par les pays de transition comme la Papouasie.  Il a appelé la communauté internationale à aider les PEID à faire face à leur manque de ressources pour garantir une exploitation durable des ressources halieutiques en vue de l’avènement d’une économie bleue, et prié le système de l’ONU à appuyer le Secrétariat du Forum des îles du Pacifique à lutter contre la pratique de la pêche illégale.  

M. CAMILLO GONSALVES, Ministre des affaires étrangères de Saint-Vincent-et-Les Grenadines, a indiqué que son pays était candidat pour siéger au Conseil de sécurité en 2019-2020 en vue de faire avancer la cause des petits États insulaires en développement.  Il a regretté que seulement huit petits États insulaires en développement aient siégé au Conseil de sécurité depuis sa création et que 40% des États n’ayant jamais siégé au Conseil de sécurité soient des petits États insulaires en développement. 

Il a mis l’accent sur la vulnérabilité particulière des petits États insulaires en développement aux catastrophes naturelles mais aussi à la criminalité.  « Si un gang peut poser un problème au niveau municipal dans un grand pays, il peut être une réelle source d’instabilité dans un petit pays insulaire en développement », a-t-il prévenu. 

Il a rappelé que presque la moitié des pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) participaient à des programmes d’ajustement structurel.  Il a espéré que le débat d’aujourd’hui serait l’occasion de faire prendre conscience au Conseil de sécurité qu’il a trop souvent tourné le dos aux petits États insulaires en développement et que le moment était venu de reconnaître que les changements climatiques, la criminalité transfrontalière, les influences négatives des acteurs non étatiques sur l’économie posaient des menaces spécifiques à la sécurité des petits États insulaires en développement.

M. WINSTON DOOKERAN, Ministre des affaires étrangères de Trinité-et-Tobago, a dit que pour lutter contre la criminalité transnationale organisée, la communauté internationale avait l’obligation de coopérer et de relever ensemble les défis.  Illustrant ses propos, il a indiqué que Trinité-et-Tobago, aux côtés des pays des Caraïbes, avait coopéré dans la mise en œuvre du Traité sur le commerce des armes et s’était prononcée en faveur de l’adoption de la résolution sur les combattants terroristes étrangers.  Le Ministre a également évoqué le rôle important des femmes qui sont les piliers de la paix et du développement.  S’agissant de la préservation de la paix et de la sécurité internationales, il a estimé que tous les États Membres avaient un rôle à jouer.  Il a aussi rappelé la candidature de son pays pour accueillir le secrétariat du Traité sur le commerce des armes.  Nous avons les infrastructures nécessaires, a affirmé le Ministre, évoquant par ailleurs le principe de la répartition géographique équitable des sièges des différentes agences des Nations Unies.     

M. PAVLO KLIMKIN, Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, a affirmé qu’il était du devoir de la communauté internationale d’entendre l’appel de détresse des petits États insulaires en développement et d’y répondre sans plus tarder.  Il faut, a—t-il dit, agir dès maintenant afin d’éviter les conséquences catastrophiques des changements climatiques auxquelles sont confrontés les petits États insulaires en développement.

Le Conseil de sécurité devrait prendre certaines mesures préventives afin d’éviter les problèmes et les tensions possibles causées par les migrations et les déplacements forcés qui peuvent être de très longue durée.  Il a mis l’accent sur la nécessité d’aborder le statut juridique des personnes qui sont obligées de quitter leur pays en raison de la perte de surfaces de leur territoire provoquée par l’élévation du niveau océanique.

Mme ISABELLA LÖVIN, Ministre de la coopération internationale pour le développement de la Suède, qui a parlé au nom des pays nordiques, a présenté un certain nombre de réponses aux défis en matière de paix et de sécurité des PEID, à savoir: l’atténuation ou la suppression des effets des changements climatiques qui touchent en particulier les petits États insulaires en développement, auxquels les pays nordiques se proposent de participer à l’aide aux PEID; l’intégration de politiques visant à atténuer les changements climatiques, avec un accent particulier sur l’énergie renouvelable, la sécurité énergétique et des programmes de développement sur le long terme, pour réduire la dépendance des énergies fossiles; renforcement des capacités destinées à lutter contre l’exploitation illégale des ressources naturelles, y compris la pêche illégale, non déclarée et non réglementée; la mise en œuvre des conventions et des cadres existants, y compris le Traité sur le commerce des armes et les Orientations de Samoa, pour lutter contre la criminalité transnationale organisée; l’importance d’une approche inclusive, qui vise la participation de la société civile, des autorités locales et du secteur privé, aux efforts des PEID visant à atténuer et éliminer les problèmes liés au réchauffement climatique.  Mme Lövin a estimé que la signature d’un accord juridiquement contraignant lors de la conférence internationale sur les changements climatiques prévue à Paris en décembre serait une étape importante vers l’édification d’un monde plus sûr et affirmé que le développement durable n’était pas un choix mais une nécessité pour la sécurité internationale.

M. MARK BROWN, Ministre des finances des Îles Cook, a indiqué que les petits États insulaires en développement étaient en charge de 165 millions de kilomètres carrés d’océans et que son pays avait à lui seul la charge de 2,2 millions de kilomètres carrés.  Il a rappelé que les richesses des océans représentaient les principales ressources économiques des petits États insulaires, avant d’exhorter la communauté internationale à aider les petits États insulaires à faire face à la pêche illégale, non déclarée et non réglementée. 

Il a expliqué que les Îles Cook avaient créé la plus grande zone protégée au monde, sur la moitié de ses eaux territoriales, en essayant ainsi de trouver un équilibre entre les activités touristiques et l’exploitation des fonds marins.  Il s’est félicité de la tendance croissante à la création de zones de gestion durale dans l’océan Pacifique.

Il a fait état des accords conclus avec les gardes-côtes des États-Unis et des programmes de surveillance des bateaux et des avions en collaboration avec les États-Unis, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et la France.  Il a dit que ces efforts nationaux et régionaux n’avaient de sens qu’avec la coopération de tous les États Membres qui doivent démontrer leur volonté de respecter ces accords.  Il a dit la nécessité pour les petits États insulaires de bénéficier d’une protection des eaux internationales de nature à garantir la durabilité du secteur des pêches. 

Il a espéré que les États Membres parviendront à un accord lors de la prochaine Conférence de Paris sur le climat en décembre en souhaitant un texte qui prendra en compte les spécificités et attentes des petits États insulaires en développement.  

M. BENEDETTO DELLA VEDOVA, Sous-Secrétaire d’État aux affaires étrangères et à la coopération internationale de l’Italie, a estimé qu’aider les PEID à améliorer leur sécurité alimentaire, la protection de leurs mers, leurs systèmes d’énergie renouvelable, la gestion des risques naturels et leur compétitivité économique, était l’occasion de développer un modèle de développement durable qui pourra être bénéfique aux autres pays.  L’Italie a une grande expérience en matière de lutte contre les effets négatifs des changements climatiques, notamment pour lutter contre l’élévation du niveau des mers dans l’Adriatique.  Elle a en effet mis au point un système hautement sophistiqué de protection des villes contre les marées d’une hauteur supérieure à trois mètres.  M. Della Vedova a aussi annoncé que son pays accueillerait un évènement au niveau ministériel pour faire le point, un an après la Conférence de Samoa, qui se tiendra les 14 et 15 octobre.  L’Italie apporte aussi son soutien au Partenariat mondial des îles (GLISPA) dont une réunion du Comité de direction se tiendra à Turin, en octobre prochain.  Passant à la question des énergies renouvelables, le Sous-Secrétaire d’État a parlé de la coopération de son pays avec les PEID du Pacifique, par le biais d’un partenariat environnemental régional.  L’Italie a par ailleurs développé un programme de coopération avec les pays des Caraïbes et a accueilli, à ce titre, une formation sur les flux financiers illicites pour les experts de la CARICOM.  Elle lance aussi un nouveau programme de coopération régionale dans les Caraïbes dans le domaine de la réduction des risques de catastrophe.  Enfin, M. Della Vedova a émis l’espoir que la réforme du Conseil de sécurité assurerait une meilleure représentation aux PEID.

M. ROBERTO SARMENTO DE OLIVEIRA SOARES, Vice-Ministre des affaires étrangères et de la coopération de Timor-Leste, a affirmé que les changements climatiques n’étaient pas qu’une question environnementale mais sont aussi une question de sécurité nationale et internationale.  Il a souligné que son pays était exemplaire en matière de gestion des ressources naturelles et gérait de maniéré transparente et efficace les activités de ses industries d’extraction.  « Si l’industrie pétrolière est cruciale pour la croissance du Timor-Leste nous notons aussi que les populations locales ne tirent pas toujours bénéfice de cette exploitation », a-t-il déclaré. 

Par ailleurs, il a dit que la criminalité transnationale constituait une menace grave pour la stabilité des petits pays insulaires.  Il a invité la communauté internationale à répondre aux défis multiples des petits États insulaires de manière coordonnée.  Il a indiqué que son pays avait consacré 38 millions de dollars durant la période 2008-2014 à l’assistance aux pays affectés par des catastrophes naturelles.

M. ALI NASSEER MOHAMED, Secrétaire aux affaires étrangères des Maldives, au nom de l’Alliance des petits États insulaires, a rappelé que les PEID ont assumé des responsabilités au niveau international en envoyant des troupes dans les missions de maintien de la paix des Nations Unies à travers le monde, et accueilli de nombreuses missions sur leurs territoires.  Leur voix au Conseil de sécurité reste toutefois largement sous-représentée, a-t-il déploré.  Depuis 25 ans, a-t-il souligné, seuls 6 PEID ont été élus au Conseil sur les 125 États Membres de l’ONU élus pendant la même période.  Il faudrait que cette situation change, a affirmé le Ministre, évoquant par la suite les effets des changements climatiques dans les PIED, ainsi que les conséquences des trafics illicites comme le commerce des armes, la piraterie et le trafic de drogues et les catastrophes naturelles.  Les PEID font partie de la solution à ces questions, a-t-il dit, car il s’agit d’États viables avec une capacité à vivre et à prospérer dans le monde politique turbulent actuel.  M. Mohammed a également souligné le lien entre les dangers des changements climatiques et la pleine jouissance des droits de l’homme, affirmant qu’un véritable partenariat durable des PEID permettrait de surmonter les obstacles rencontrés par ces États dans leur lutte contre ces problèmes existentiels.

M. MIKE EMAN, Premier Ministre d’Aruba, s’exprimant au nom des Pays-Bas, a affirmé que les pays en développement et les États fragiles étaient les plus affectés par les effets des changements climatiques.  Ce sont des pays qui ont peu de ressources et des moyens pour y faire face, a-t-il dit.  Les Pays-Bas reconnaissent la nécessité d’améliorer la résilience face aux risques liés à la fragilité climatique.  M. Eman a souligné que les Pays-Bas organisaient la première Conférence internationale sur la paix et la coopération dans le domaine des changements climatiques et des défis environnementaux mondiaux, les 2 et 3 novembre 2015 à La Haye.  Cette Conférence deviendra une manifestation annuelle afin de maintenir l’attention en cours sur cette question importante. 

En outre, Aruba organise, pour la sixième fois, la Conférence internationale « Aruba verte » sur le thème de la transition des énergies fossile vers les sources d’énergie renouvelable, l’île visant à abandonner les énergies fossiles avant 2020.  Le deuxième problème est le défi de la criminalité organisée contre laquelle Aruba manque de capacités, notamment de patrouilles dans les eaux qui entourent l’île.  La coopération internationale doit être renforcée à cet égard, a—t-il dit.  Cette situation est susceptible, en effet, d’encourager l’exploitation illicite des ressources naturelles, y compris la pêche illégale, non déclarée et non réglementée. 

M. DESRA PERCAYA (Indonésie) a déclaré que son pays, qui comptait de nombreuses petites îles, était conscient que les problèmes rencontrés par les PEID pouvaient avoir des incidences sur la sécurité régionale et internationale.  Cela exige que le Conseil de sécurité élargisse son approche de la paix et de la sécurité internationales en relation avec le développement durable, a-t-il affirmé, estimant qu’il était nécessaire d’aider les petits États insulaires à préserver leurs ressources halieutiques, à lutter contre la pêche illégale, non déclarée et non réglementée, et à prévenir les catastrophes naturelles, et que la sécurité des PEID était indissociable du développement.  Notant que de nombreux pays insulaires en développement sont victimes d’inondations en raison des changements climatiques, il était d’avis qu’il fallait accorder la priorité à une meilleure intégration de la prévention des risques de catastrophe dans les plans de développement.     

Au nom des petits États insulaires en développement du Pacifique, M. MAHE’ULI’ULI SANDHURST TUPOUNIUA (Tonga) a rappelé que les dirigeants du Pacifique appelaient continuellement à la volonté politique et à des actions ambitieuses pour faire face aux effets et à l’impact des changements climatiques.  Il a ajouté que cet impact était évident dans la région du Pacifique, mais avait aussi des incidences sur le reste du monde.  Le Groupe des petits États insulaires en développement du Pacifique demandait la nomination immédiate d’un représentant spécial sur le climat et la sécurité avec la responsabilité d’abuser les impacts sécuritaires potentiels des changements climatiques de manière à aider les membres du Conseil de sécurité à se préparer à faire face à ces menaces et leurs conséquences.  De plus, il a jugé indispensable que le Conseil de sécurité demande une évaluation de la capacité du système des Nations Unies de réagir de la manière la plus adéquate à ces impacts.  Le représentant a estimé que la lutte contre l’impact des changements climatiques devait avoir la même attention que la lutte contre le VIH/sida, en expliquant que les questions liées aux changements climatiques pouvaient créer des situations d’instabilité si elles n’étaient pas traitées de manière adéquate. 

M. CALEB OTTO (Palaos) s’est particulièrement inquiété des conséquences des pêches illicites, du virus VIH/sida, de la criminalité transnationale et des maladies non transmissibles sur la stabilité des petits États insulaires en développement.  Parmi les plus importantes menaces, il a cité la pêche illégale, non déclarée et non réglementée, qui menace la sécurité alimentaire de nombreux petits États insulaires en développement et a exhorté le Conseil de sécurité à faire face aux conséquences des changements climatiques qui compromettent l’existence même de ces pays.

Le représentant a jugé indispensable que la question des changements climatiques soit inscrite à l’ordre du jour du Conseil de sécurité, avant d’encourager les États Membres à parvenir, en décembre, à Paris, à un accord juridiquement contraignant dans ce domaine.

Mme MARÍA EMMA MEJÍA VÉLEZ (Colombie) a axé son intervention sur la criminalité organisée contre laquelle son pays a élaboré un partenariat international avec les pays voisins de la région.  En septembre prochain, a-t-elle annoncé, la Colombie accueillera le troisième séminaire antidrogue des Caraïbes avec la participation de 16 pays.  Elle a également évoqué la lutte contre le trafic de drogues dont la nécessité d’élaborer un ensemble de mesures pour contrer les menaces qu’il représente.  Au sujet des changements climatiques, la représentante a affirmé que le Conseil de sécurité pourrait jouer un rôle important, en adoptant notamment des mesures humanitaires en faveur des pays concernés.  Elle a estimé que l’élaboration d’un programme de développement pour l’après-2015 et la tenue de la conférence internationale sur le climat prévue pour décembre prochain à Paris devraient contribuer à l’édification d’un monde plus prospère.

Mme MINNA-LIINA LIND (Estonie) a déclaré que l’un des défis des petits États insulaires en développement était le fléau des effets des changements climatiques qui entraînent notamment l’élévation du niveau de la mer et une augmentation des catastrophes naturelles, illustrée récemment par le cyclone Pam au Vanuatu et à Tuvalu.

L’Estonie a donné 60 000 euros à travers l’UNICEF pour aider les enfants et les familles victimes dans les deux pays.  Dans ce contexte, la représentante a salué le cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe y compris la référence aux vulnérabilités des petits États insulaires en développement.  Elle a expliqué que l’Estonie avait fait un engagement à long terme avec les petits États insulaires en développement. 

Le pays a contribué à hauteur de 100 000 euros à un projet visant à établir ou améliorer la connectivité Internet dans les zones vulnérables et les plus éloignées du Pacifique.  Elle a ajouté que parmi les menaces auxquelles faisaient face les petits États insulaires en développement se trouvaient la cybercriminalité et les cyberattaques.  L’Estonie, a-t-elle dit, a élargi sa coopération avec ces pays dans le domaine de la cybersécurité en coopération avec l’Organisation des États américains (OEA).  Elle a terminé en espérant une représentation adéquate des petits États insulaires en développement au Conseil de sécurité dans un avenir proche.

M. THOMAS MAYR-HARTING, Chef de la délégation de l’Union européenne (UE), a rappelé que les vulnérabilités particulières des petits États insulaires en développement ont été reconnues par la communauté internationale lors de la troisième Conférence internationale sur les PEID qui s’est tenue à Samoa en septembre 2014.  Il a estimé que la diversité des menaces auxquelles font face les PEID est responsable d’un niveau d’instabilité qui dépasse leurs frontières.  Saluant l’importance des Orientations de Samoa qui offrent de nombreux outils de lutte contre les vulnérabilités particulières des PEID, le représentant a expliqué que l’Union européenne était en train de réorienter son soutien afin de faire de la résilience une priorité de sa coopération avec les pays les plus vulnérables aux catastrophes naturelles.  Il a précisé que l’Union européenne travaillerait avec les PEID pour les aider à mieux intégrer la gestion du risque et la résilience dans leurs politiques et stratégies, et souligné la nécessité de continuer les efforts pour prévenir les effets négatifs des changements climatiques.  Il a par ailleurs rappelé que les changements climatiques pouvaient entraîner des tensions liées au déplacement de population et des conflits liés à la raréfaction des ressources.  Il a salué la mise à jour du rapport du Secrétaire général de 2009 sur « les changements climatiques et ses implications en matière de sécurité » et affirmé que l’UE appuyait les efforts des pays des Caraïbes et de l’Amérique centrale en matière de lutte contre la criminalité transnationale organisée et contre le trafic de stupéfiants.  Il a également plaidé pour la mise en œuvre immédiate des engagements internationaux conclus pour renforcer la gouvernance en mer, et notamment la lutte contre la pêche illégale et non réglementée.

Mme KAREN TAN (Singapour) a estimé que les conséquences des changements climatiques constituaient une grave menace à la paix et à la sécurité internationales.  « Ces risques sont clairs et connus de tous », a-t-elle dit, en citant des études montrant que les changements climatiques sont la première menace à laquelle font face les pays d’Amérique latine, de l’Afrique subsaharienne, d’Asie et du Pacifique.  Les Orientations de Samoa reconnaissent que la montée du niveau de la mer constitue une menace importante aux efforts de développement des petits États insulaires en développement, a-t-elle précisé, estimant que les PEID constituaient un cas particulier du développement durable à la lumière de leurs vulnérabilités spécifiques.  « Que nous parvenions ou non à un accord juridiquement contraignant à Paris en décembre, il nous faudra financer et mettre en place des mesures d’adaptation pour renforcer la résilience des PEID », a-t-elle déclaré.  Elle a affirmé que son pays s’était engagé à appuyer les efforts des PEID par le biais d’un programme de trois ans pour aider ces pays a développer des programmes de développement durable et renforcer leur résilience.

Mme GILLIAN BIRD (Australie) a dit que la mise en œuvre des « Orientations de Samoa » implique une coopération internationale plus orientée vers les besoins des PEID.  Elle a rappelé l’existence d’autres instruments internationaux qui peuvent aider à préserver la paix et la sécurité dans ces pays, évoquant notamment le Traité sur le commerce des armes.  Concernant les effets des changements climatiques, elle a exprimé l’espoir que les États parviendraient à des engagements sur le climat à la conférence de Paris en décembre prochain et soutenu la mise en œuvre du cadre de Sendai sur la réduction des risques de catastrophe.

La représentante a également insisté sur les objectifs de développement durable (ODD, en particulier l’ODDº15 « Préserver et remettre en état les écosystèmes terrestres, en veillant à les exploiter de façon durable, gérer durablement les forêts, lutter contre la désertification, enrayer et inverser le processus de dégradation des sols et mettre fin à l’appauvrissement de la biodiversité ».  Elle a appelé au renforcement de la coopération régionale comme le programme de patrouille commune dans le Pacifique, le prépositionnement des articles de secours en vue des catastrophes naturelles, le renforcement institutionnel, les programmes de formation et de bourses, et l’égalité homme-femme qui peuvent aider les PEID.

M. GUILHERME DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a déclaré que le Conseil de sécurité n’avait ni les moyens, ni l’expertise, ni la représentativité, ni la légitimité pour traiter les aspects économiques, sociaux, environnementaux, humanitaires et technologiques de la question des changements climatiques.  Au lieu de débattre des changements climatiques dans ce forum où les petits États insulaires en développement eux-mêmes sont rarement représentés, nous devrions, a-t-il dit, chercher des solutions à travers la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques dans laquelle la voix des petits États insulaires en développement a acquis une résonance accrue. 

Les changements climatiques ne peuvent pas être considérés comme une menace à la paix et la sécurité internationales en soi, ou un « multiplicateur de menaces », il est le plus important défi du développement durable de notre temps pour lequel les pays en développement et les petits États insulaires en développement ont besoin de ressources adéquates pour prendre des mesures adaptées à la situation. 

Le représentant a estimé que la voie la plus efficace pour répondre aux préoccupations des petits États insulaires en développement est de renouveler nos efforts pour un accord ambitieux, sous la Convention, qui est basé sur le principe des responsabilités communes mais partagées et des capacités respectives.  Le Brésil attend qu’un tel résultat soit atteint à la Conférence de Paris sur les changements climatiques en décembre 2015.

Mme SYLVIE LUCAS (Luxembourg) a jugé évident que les petits États insulaires en développement sont concernés au premier chef par les conséquences des changements climatiques alors que l’augmentation du niveau de la mer met en péril leur intégrité territoriale.  Elle a prévenu que les flux migratoires provoqués par les effets néfastes des changements climatiques peuvent être sources de tensions s’ils ne sont pas bien gérés.  

Elle a souligné la nécessité de parvenir à Paris, en décembre, à un accord juridiquement contraignant qui permettra de limiter l’augmentation des températures à moins de 2ºdegrés.  Elle a jugé indispensable que le Conseil de sécurité se penche sur les implications sécuritaires des changements climatiques dans une logique de prévention des conflits.

M. COLLIN D. BECK (Îles Salomon) a dit que les changements climatiques bouleversaient l’équilibre de notre système planétaire déjà fragile.  Il a exhorté le Conseil de sécurité à jouer un rôle plus dynamique pour faire face aux impacts des changements climatiques en envisageant de nouvelles façons de garantir la présence de l’ONU dans les petits États insulaires en développement.

« Si le Conseil de sécurité veut être plus efficace pour réduire les menaces auxquelles font face les petits États insulaires en développement, il doit s’appuyer sur les données scientifiques », a-t-il dit, avant de rappeler que le dialogue d’experts de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques a montré que l’augmentation des températures doit être impérativement limitée à 1,5 degré et non 2 degrés Celsius.  C’est pourquoi, il a estimé que l’accord de Paris devra permettre de stabiliser des températures en dessous de 1,5 degré.   

Mgr SIMON KASSAS (Saint-Siège) a indiqué que les préoccupations découlant des changements climatiques étaient inséparables de celles liées au développement humain.  Le Pape François propose le paradigme d’une écologie intégrale permettant de répondre tout à la fois à la crise sociale et à la crise environnementale, a-t-il expliqué.  Il a affirmé que le soin de la terre ne devait pas être seulement une attitude verte mais également une attitude sociale, « les êtres humains faisant partie de la nature ».

Il a ensuite souhaité que les États Membres dépassent leurs intérêts de court terme lors de la Conférence de Paris sur les changements climatiques et que des ressources financières suffisantes soient allouées pour lutter contre les changements climatiques.  Enfin, il a appelé les pays les plus riches à aider les pays les plus pauvres à développer des systèmes de production d’énergie moins polluants.

M. RICARDO ALDAY GONZÁLEZ (Mexique) a jugé indispensable de renforcer l’appui aux petits États insulaires en développement au regard des défis environnementaux et sociaux considérables que ces pays doivent relever.  Il a également souhaité que la Conférence de Paris  sur les changements climatiques aboutisse à des résultats ambitieux.  Soulignant la prévalence de la malnutrition dans ces pays, il a insisté sur la nécessité d’éviter que ne s’installe une insécurité alimentaire chronique qui poserait à terme une menace à la paix et à la stabilité internationales.

Il a ensuite déclaré que le défi de la criminalité internationale se posait en termes plus aigus pour les petits États insulaires en développement, ajoutant que ces pays pouvaient servir de points de transit pour le trafic illicite d’armes.  Le représentant du Mexique a invité le Conseil à prévoir des mécanismes spécifiques permettant d’appuyer les petits États insulaires en développement dans l’exécution des résolutions qu’il adopte, notamment en ce qui concerne l’application des régimes de sanctions.

Ces pays ne peuvent s’acquitter des mêmes obligations que les autres États sans un accompagnement spécifique, a-t-il estimé.  Enfin, il s’est dit favorable à l’élargissement du nombre de sièges non permanents du Conseil afin que les petits États insulaires en développement soient mieux représentés.

M. VIRACHAI PLASAI (Thaïlande) a rappelé que son pays hébergeait le centre régional de l’ONU qui discute des questions qui intéressent les petits États insulaires en développement.  Il a aussi mentionné un nouveau plan d’action Asie-Pacifique pour le développement de ces pays.  En ce qui concerne le changement climatique, il a rappelé que le premier débat sur ce sujet au Conseil avait eu lieu il y a huit ans.  Le système des Nations Unies devrait mobiliser d’urgence tous les efforts nécessaires dans ce domaine et parvenir à la conclusion d’un accord à Paris en décembre, a-t-il demandé. 

Si le changement climatique est une menace à la paix et à la sécurité, il a également regretté que ses conséquences sapent les efforts visant à éliminer la pauvreté.  Les Nations Unies doivent notamment aider ces pays à développer une agriculture durable et à améliorer l’accès à l’eau salubre, a-t-il recommandé.  L’exploitation illicite des ressources naturelles est une autre question à régler, a-t-il poursuivi en parlant notamment du problème des pêches illégales.  Il s’est félicité que l’utilisation durable des mers et des océans soit prévue dans un objectif séparé dans le programme de développement pour l’après 2015, l’objectif 14, avant d’insister sur le suivi de la mise en œuvre des efforts pour l’atteindre.

M. HARALD BRAUN (Allemagne) a déclaré que son pays était prêt à soutenir les pays vulnérables, ce qui rend un accord ambitieux sur le climat plus accessible.  À cette fin, l’Allemagne a récemment promis de doubler son financement des questions relatives au climat à 4 milliards d’euros par an.  Le pays se sert aussi de sa présidence du G7 pour apporter son appui aux petits États insulaires en développement. 

Les dirigeants du G7 se sont mis d’accord au cours de leur dernier sommet pour augmenter à 400 millions, avant 2020, le nombre de personnes dans les pays les plus vulnérables ayant accès à une couverture d’assurance contre les effets du changement climatique.  Ils se sont aussi accordés pour aider à développer des systèmes d’alerte précoce dans les pays les plus vulnérables.  Les dirigeants du G7 se sont engagés à entreprendre des actions pour combatte les déchets marins.  En avril dernier, les ministres des affaires étrangères du G7 ont signé une déclaration sur la sécurité maritime en s’attaquant à des questions qui préoccupent les petits États insulaires en développement comme la piraterie et la pêche illégale.

M. FRANCISCO ANTONIO CORTORREAL (République dominicaine) a apprécié que le Conseil de sécurité reconnaisse les risques sécuritaires qui résultent des changements climatiques.  Il a indiqué que son pays, qui est particulièrement vulnérable aux effets des changements climatiques, s’attache à préserver la sécurité humaine.  La connaissance de la pluviométrie annuelle est très importante pour un pays comme le sien, a-t-il dit, avant de préciser que la République dominicaine avait construit des usines hydroélectriques qui ont permis de multiplier par 2 la quantité de terres cultivables en deux décennies, malgré le coût important de ces installations.  La période de sécheresse qui touche la République dominicaine tous les 5 à 7 ans est une question qui affecte aussi son voisin, Haïti, a-t-il souligné.  Ce phénomène climatique risque d’engendrer des conflits sociaux qui auraient des incidences sur la sécurité mondiale.  Enfin, il a assuré qu’il n’y avait pas eu d’expulsions, ni d’actes de violence contre des étrangers dans son pays depuis de nombreuses années.

M. NICHOLAS EMILIOU (Chypre) a souligné les vulnérabilités spécifiques des PEID, citant notamment leur éloignement géographique, leur manque de ressources et leur exposition aux changements climatiques.  Il a indiqué que ces changements climatiques étaient l’une des causes profondes des défis que doivent relever ces pays insulaires en développement et estimé que les intérêts des PEID étaient le mieux servis au sein du système onusien.  Les PEID comptent sur la solidarité internationale, a-t-il dit.  Indiquant que paix et développement allaient de pair, le représentant de Chypre a plaidé pour une intensification des efforts en vue d’améliorer la résilience des PEID.  Il y va de l’intérêt de la communauté internationale, a-t-il conclu.

M. ASOKE KUMAR MUKERJI (Inde) a mentionné le lancement récent du Forum Inde-Pacifique pour la coopération avec les îles, qui a vocation à susciter un dialogue.  Il a apprécié l’implication du Conseil de sécurité sur les questions intéressant les petits États insulaires en développement, comme il l’a fait en créant un groupe de contact sur la piraterie au large de la Somalie aux termes d’une démarche démocratique et transparente qui, à son avis, a donné de bons résultats. 

Les préoccupations des petits États insulaires en développement doivent se retrouver dans le Document final de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 21), a-t-il souhaité par ailleurs, demandant que le fonds vert pour le climat prévoie aussi l’aide à apporter à ces pays.  Le représentant a insisté sur l’importance de l’objectif 14 de développement durable qui reflète la participation active des petits États insulaires en développement dans la préservation des océans et des ressources maritimes.

Enfin, il a lancé un appel pour que la majorité des États Membres plaident en faveur de la réforme des structures de l’ONU, afin d’entendre plus souvent les représentants des petites îles au Conseil de sécurité.

M. RON PROSOR (Israël) a rappelé qu’un cinquième des États Membres des Nations Unies étaient des petits États insulaires en développement.  Il a indiqué que ce n’était pas la taille d’un pays qui importait dans la bataille pour la préservation des océans mais bel et bien la détermination des peuples.  Il a salué à ce titre l’annonce des Palaos d’établir dans ses eaux le premier sanctuaire marin national, afin de permettre la reconstitution de ressources halieutiques.  « La communauté internationale n’a pas d’autre choix que de se tenir aux côtés des petits États insulaires en développement pour protéger les océans et combattre les changements climatiques », a-t-il dit.

Il a ensuite affirmé qu’Israël et ses pays partenaires insulaires en développement des Caraïbes œuvraient de conserve afin de développer des énergies alternatives dans cette région.  Il a salué la part prise par les petits États insulaires en développement dans le maintien de la paix et dit son appréciation de la contribution des Casques bleus des Fidji présents dans le Golan et au Liban.

« Israël est une île en quelque sorte, un État au milieu d’une mer d’hostilité souvent démontée », a continué M. Prosor, indiquant que l’une des menaces sécuritaires les plus essentielles pesant sur son pays était le manque en ressources hydrauliques.  En conclusion, il a affirmé que les priorités des petits États insulaires en développement devaient être reflétées dans le programme de développement pour l’après-2015.

M. MOTOHIDE YOSHIKAWA (Japon) a précisé que le Japon avait accueilli en mai 2015 la septième réunion des dirigeants des îles du Pacifique à Fukushima pour examiner des questions liées à la réduction des risques, aux changements climatiques et des questions maritimes et de pêcheries.  Il a indiqué que le Premier Ministre du Japon avait annoncé que son pays consacrerait 55 milliards de yen au cours des trois prochaines années aux priorités des petits États insulaires du Pacifique et fait part de l’intention de son pays de soutenir le développement du Centre du changement climatique du Pacifique.  Le représentant a également cité la tenue du premier sommet entre le Japon et la Caricom en juillet 2014, au cours duquel le Japon a annoncé une aide de 1,5 milliard de yen pour aider huit pays des Caraïbes dans leur lutte contre les impacts des changements climatiques.

Mme MARLENE MOSES (Nauru) a affirmé que les actions en faveur de la préservation environnementale avaient été trop souvent contrariées par des puissants intérêts économiques.  Ceci a conduit aux échecs de la gouvernance économique mondiale, a-t-elle affirmé, indiquant que les pays avaient échoué à enrayer une industrie financière prédatrice qui privilégie la spéculation effrénée sur les investissements.  Les pays les plus riches et les plus puissants écrivent les règles que le reste d’entre nous doit suivre, a-t-elle poursuivi, et les décisions qu’ils prennent dans des forums politiques isolés concernant le commerce international, la finance ou la coopération militaire ont des implications sur le développement des petits États insulaires en développement.  Les pays vulnérables ont été laissés à supporter le fardeau croissant de la sécurité avec une aide minimale, a estimé la représentante, selon laquelle la gouvernance mondiale de l’environnement, la gouvernance économique et la gouvernance de la sécurité devraient avoir une influence énorme sur la manière dont les PEID peuvent prospérer ou stagner. 

M. JORGE DOTTA (Uruguay) a estimé qu’il n’y avait plus de barrières bien définies entre les questions de santé, d’environnement, économique et de paix et de sécurité internationales.  Notant les menaces graves que doivent affronter les PEID sur le plan de la sécurité, il a jugé indispensable de reconnaître les responsabilités de chaque enceinte internationale dans ce domaine, en particulier celles des Nations Unies et du Conseil de sécurité.  L’Uruguay a contribué aux efforts visant la stabilisation d’Haïti, a-t-il rappelé, en mettant l’accent sur la contribution des PEID et de son pays au maintien de la paix et de la sécurité, notamment par l’envoi de Casques bleus dans les missions de l’ONU.

Mme LAURA ELENA FLORES HERRERA (Panama) a déclaré que développement et paix allaient de pair, avant d’insister sur les vulnérabilités spécifiques des PEID.  Elle a affirmé que son pays était prêt à appuyer les PEID dans la mise en œuvre des « Orientations de Samoa ».  Lors du dernier Sommet des Amériques qui s’est tenu au Panama, le Gouvernement panaméen a souhaité devenir membre observateur au sein de la CARICOM, a-t-elle dit.

La représentante a ensuite plaidé pour un Conseil de sécurité élargi à 24 membres, dont 2  petits États insulaires en développement, qui seraient placés sur un pied d’égalité avec un mandat de trois ans renouvelable.  Le fait que Panama siège à l’ONU entre les Palaos et la Papouasie-Nouvelle-Guinée nous a permis de mieux connaître la réalité des PEID, a-t-elle dit.  Enfin, elle a indiqué que son pays restait engagé en faveur de la stabilité et du développement des PEID.

M. PAWEL RADOMSKI (Pologne) a salué la qualité de la noté préparée par la Nouvelle-Zélande qui met l’accent sur quatre menaces particulières pour les PEID que sont la criminalité transfrontalière et la piraterie; l’exploitation illicite des ressources naturelles; le changement climatique et le développement.  Il a dit espérer que la COP 21 de Paris en décembre serait l’occasion pour les États et la société civile de prendre conscience que le changement climatique est un amplificateur de menaces.  Il a réaffirmé par ailleurs la nécessité d’approcher les problèmes des PEID d’une manière plus intégrée par le biais d’actions complémentaires permettant une gestion du risque plus complète. Il a appelé à renforcer les cadres juridiques afin de promouvoir un développement résilient au niveau local. 

M. PASCAL BUFFIN (Belgique) a déclaré que les effets néfastes des changements climatiques obligent certains habitants des PEID à une émigration forcée qui est leur seule perspective à long terme.  Étant donné les risques que courent ces pays en matière de sécurité en lien avec les changements climatiques, il a souhaité que le rapport du Secrétaire général de 2009 sur « les changements climatiques et les possibles implications pour la sécurité » soit mis à jour.  La Belgique, a-t-il indiqué, soutient entièrement l’engagement de l’Union européenne à parvenir à la conclusion d’un instrument juridiquement contraignant lors de la vingt et unième session de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP21) à Paris, en décembre prochain.  Le représentant a ensuite relevé que le document « Orientations de Samoa » mettait l’accent sur la nécessité d’un partenariat fort pour répondre aux défis de ces pays.  Il a encouragé ces États à renforcer leurs positions en tant que groupe lors des négociations dans le cadre de la CCNUCC.  M. Buffin s’est aussi félicité de l’inclusion de l’objectif 14 dans le programme de développement pour l’après-2015, qui met en lumière l’importance des océans et de leur protection des ressources marines.  Enfin, il a noté les nombreuses références aux PEID dans le Document final de la Conférence d’Addis-Abeba sur le financement du développement.  Il a aussi indiqué que la Belgique était un partenaire actif en matière de lutte contre le trafic de drogues, le trafic d’armes et la traite d’êtres humains.

Mme DEBORAH BARKER-MANASE (Îles Marshall) a déclaré que son pays ne disposait que de deux bateaux pour patrouiller une superficie marine plus large que le Mexique.  Notre ligne de départ est la « fragilité de l’État », a-t-elle indiqué.  Avec la croissance rapide du nombre des jeunes dans la population totale et le chômage de masse, les risques à long terme sont de plus en plus présents, a-t-elle estimé.  L’effet cumulatif de l’instabilité intérieure au sein des nations fragiles est une menace à long terme pour la sécurité internationale, a précisé Mme Barker-Manase, pour qui le traitement de la sécurité ne peut être examiné en dehors de celle beaucoup plus grande des interactions géostratégiques.  La représentante a également évoqué d’autres menaces comme la piraterie, l’habitabilité des îles et même le stockage des déchets nucléaires, qui est devenu un risque en raison de la montée des eaux.  Elle a invité le Conseil à prendre des actions directes dans le traitement des problèmes des petites îles de faible altitude dans son ordre du jour officiel.        

Mme JANE J. CHIGIYAL (États fédérés de Micronésie) a estimé que le Conseil de sécurité ne pouvait plus fermer les yeux face aux défis spécifiques des petits États insulaires, et en particulier les impacts des changements climatiques.  Elle a encouragé le Conseil de sécurité à aller au-delà du débat afin d’assurer concrètement la sécurité des habitants des PEID.  Elle a invité le Conseil de sécurité à inscrire à son ordre du jour les changements climatiques en tant que source d’insécurité, en expliquant que cette question ne pourrait être réglée que par le biais de la coopération internationale.  La représentante a par ailleurs affirmé qu’une des principales menaces au développement durable de son pays était la pêche illégale, non déclarée et non réglementée, et a exhorté la communauté internationale et les membres du Conseil de sécurité à s’engager à parvenir à un accord ambitieux et juridiquement contraignant à l’issue de la COP21 à Paris en décembre prochain.

M. JUAN CARLOS MENDOZA-GARCÍA (Costa Rica) s’est dit en faveur d’une coopération entre pays insulaires et pays non insulaires.  Il a dit préférer une approche intégrée de tous les acteurs du développement à la définition des défis particuliers auxquels sont confrontés les pays insulaires en développement.  Ces efforts doivent s’accompagner d’un plan d’action de la communauté internationale pour aider les pays à revenu intermédiaire, a-t-il précisé, en plaidant également pour que le Fonds vert pour le climat devienne opérationnel.  Il a réitéré son appel aux pays développés pour qu’ils mobilisent 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020.  Enfin, il a lancé un appel à tous les États Membres pour qu’ils n’oublient pas tous les défis mentionnés aujourd’hui lors des négociations de la COP21 à Paris en décembre.

M. DENIS RÉGIS (Haïti) a déclaré que son pays s’acheminait résolument vers la tenue d’élections législatives, municipales et présidentielle crédibles, devant garantir le bon fonctionnement des institutions et permettre le renouvellement du personnel politique à tous les niveaux ainsi qu’une transition pacifique et ordonnée du pouvoir en 2016.  Toutefois, ces avancées ne sauraient occulter l’ampleur des difficultés ni de la gravité des défis auxquels le pays demeure confronté.  Car aussi longtemps que les infrastructures publiques indispensables feront défaut, que la pauvreté n’aura pas été éradiquée ou réduite, la démocratie risque d’apparaître comme une coquille vide aux yeux de la grande majorité de la population confrontée aux dures réalités économiques quotidiennes, a-t-il expliqué. 

Le représentant a estimé qu’aider les petits États insulaires en développement à relever le défi de la paix et de la sécurité, c’est les aider à faire face aux menaces, internes et externes qui exercent un impact considérable sur leur développement, sur leur stabilité et sur la durabilité de ce développement.  C’est aussi les aider à faire face aux crises environnementales qui menacent de réduire à néant leurs efforts de développement, et de compromettre des acquis et des résultats obtenus de haute lutte dans les domaines de la santé, de l’agriculture ou de la durabilité environnementale.  Cela suppose, a-t-il dit, un renforcement des partenariats existants en vue de soutenir leurs efforts de développement.  En outre, les engagements pris par la communauté internationale dans le cadre du Programme d’action de la Barbade pour le développement durable des petits États insulaires en développement, de la Stratégie de Maurice et de Samoa, la « Voie à suivre », ne doivent pas rester lettre morte mais être suivis d’actions concrètes « coordonnées, équilibrées et intégrées » qui, dans bien des cas, revêtent un caractère d’urgence, a exhorté le représentant.

M. AKAN RAKHMETULLIN (Kazakhstan) a souligné la nécessité d’appuyer les petits États insulaires en développement dans leur lutte contre les conséquences négatives des conflits, de la criminalité organisée, de la traite d’êtres humains et du terrorisme.  Il a affirmé que l’adaptation aux changements climatiques demandait une réponse mondiale et la formulation d’engagements très ambitieux lors de la Conférence de Paris de décembre prochain.

Il a indiqué que la fonte des glaciers, il y a quelques jours, avait provoqué une inondation dans la capitale de son pays et souligné l’intention du Kazakhstan d’adopter un engagement quantitatif s’agissant de la réduction des gaz à effet de serre.  Enfin, il a indiqué que l’Expo 2017 qui doit se tenir à Astana, en 2017, sera centrée sur le développement d’énergies alternatives.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a souligné la nécessité d’appuyer les efforts des PEID dans leur lutte contre la traite des personnes, la criminalité transnationale organisée, le trafic de drogues et la piraterie internationale.  L’exploitation illicite de ressources naturelles a des conséquences dévastatrices pour les PEID, a-t-il dit, avant de plaider pour l’établissement de partenariats visant à renforcer les capacités des PEID dans la lutte contre ce phénomène.  Il a également jugé vital l’appui de la communauté internationale dans la lutte contre les catastrophes naturelles, la désertification, la dégradation des terres et la sécheresse qui entravent les efforts de développement des PEID.  Enfin, il a estimé qu’un engagement politique fort était impératif pour appuyer les efforts des PEID en vue d’assurer la pleine mise en œuvre des « Orientations de Samoa ».

M. MARIO OYARZÁBAL (Argentine) a souligné les vulnérabilités spécifiques des PEID et appelé le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale à appuyer ces pays dans leurs domaines de compétence respectifs.  Il a par ailleurs invité les PEID qui ne l’ont pas encore fait à signer le Traité sur le commerce des armes, et le Conseil à rester vigilant face au phénomène de la piraterie.  Il ne saurait y avoir de paix durable sans développement, a-t-il dit, avant d’exhorter les États Membres à n’épargner aucun effort pour que le droit au développement se concrétise.  À ce titre, il a souligné l’importance cruciale du programme de développement pour l’après-2015 qui doit être adopté en septembre prochain.  La communauté internationale ne peut rester indifférente aux défis que doivent relever les PEID et dont certains sont de nature, à terme, à poser des menaces à la paix et à la stabilité internationales.

M. ABDERRAZZAK LAASSEL (Maroc) a souhaité que le renforcement des partenariats constructifs existants dans le cadre du développement durable des petits États insulaires en développement prenne en considération l’établissement de projets concrets au service du développement durable des petits États insulaires en développement.  Il a regretté que le plan d’action de la Barbade de 1994 et la Stratégie de Maurice de 2005 n’aient pas connu le succès escompté. 

Après avoir recensé les problèmes auxquels sont confrontés ces pays, qui ont des conséquences sur le plan de la sécurité, le représentant a souligné leur besoin urgent d’une mobilisation importante de l’aide publique au développement, d’investissements étrangers directs, de transferts de technologies et d’accès aux marchés.  En matière de changements climatiques et de catastrophes naturelles, il est nécessaire, a-t-il dit, de renforcer les capacités de prévention et d’adaptation de ces pays, prônant la mise en œuvre de programmes d’accompagnement des politiques nationales avec le soutien des institutions internationales. 

Dans cet esprit, a-t-il ajouté, il faut mettre à profit les résultats de la Conférence Rio+20, notamment en ce qui concerne la gouvernance mondiale du développement durable.  Le Maroc a contribué activement à la première réunion des États insulaires du Pacifique organisée à Rabat le 13 décembre 2012, a-t-il indiqué.  Le Maroc a aussi toujours plaidé aux plans régional et international pour une coopération efficiente et la conjugaison des efforts en vue de renforcer les systèmes de sécurité dans le monde.

M. LEVENT ELER (Turquie) a mentionné des réunions ministérielles que son pays avait accueillies dans le cadre de l’Année internationale des petits États insulaires en développement (PEID), en 2014, qui ont abouti à la Déclaration du Bosphore et à la Déclaration d’Istanbul.  En tant que Président en exercice du G20, la Turquie a introduit une perspective pour les pays en développement à faible revenu, axé sur les besoins des PEID.  Nous avons ainsi organisé une rencontre du Groupe de travail sur le développement du G20 avec le Dialogue de la région des Caraïbes et Trinité-et-Tobago, à Washington en avril dernier, a-t-il indiqué.  Le représentant a été d’avis qu’affronter les problèmes que posent les changements climatiques exigeait une solidarité mondiale et des mesures effectives.  Il a souligné à cet égard l’importance de la résilience et de la préparation.  Le G20 a aussi un intérêt particulier pour le financement en matière de climat, a-t-il ajouté, en précisant qu’un groupe d’étude réfléchissait aux moyens de faciliter l’accès des PEID aux fonds pour le climat.  Une « trousse à outils » et une « étude sur l’inventaire des fonds sur le climat » ont ainsi été préparées, a-t-il indiqué.  Il a également estimé que le Document final de la Conférence d’Addis-Abeba offrait un bon précédent pour le sommet sur le développement durable, en septembre, et la COP21 en décembre.

M. MAHLATSE MMINELE (Afrique du Sud) a indiqué que son pays était engagé depuis 2010 dans la lutte contre la piraterie, notamment par le biais de partenariats avec le Mozambique et la Tanzanie, par des actions qui ont déjà porté des fruits.  Récemment, l’Afrique du Sud a commencé à concentrer ses opérations navales sur les opérations antipiraterie dans le golfe de Guinée, a-t-il indiqué, affirmant que son pays soutenait les efforts des PEID en matière de lutte contre la traite des personnes, la cybercriminalité, le trafic de drogues et la piraterie internationale, ainsi que dans le domaine juridique et le renforcement des institutions pour protéger les victimes de la traite sexuelle.  À son avis, la seule façon de faire face aux défis mondiaux que posent les changements climatiques est de prendre des mesures au niveau national, couplées d’une coopération mondiale.  Il a notamment jugé important de conclure un accord ambitieux à Paris lors de la COP21 au mois de décembre.  Cet accord devrait donner une même priorité aux questions d’atténuation et d’adaptation, a-t-il précisé.

M. KAHA IMNADZE (Géorgie) a affirmé que les changements climatiques étaient un défi pour la sécurité dans le monde.  À long terme, aucun pays, qu’il soit insulaire, montagneux, enclavé, en développement ou développé, ne sera épargné par les catastrophes naturelles, a-t-il prévenu.  Le représentant a indiqué que la réduction de la vulnérabilité des pays appelait des efforts sans précédent, notamment dans les domaines de l’innovation, de la gestion des conséquences de catastrophes et de la planification des stratégies de développement.  La Géorgie, a-t-il assuré, est engagée en faveur de la mise en œuvre des « Orientations de Samoa ».  Son pays fait face à de nombreux défis similaires à ceux que connaissent les PEID, mais aussi à des menaces sécuritaires résultant de l’occupation étrangère de 20% de son territoire, a-t-il affirmé.  Enfin, M. Imnadze a expliqué que son pays était activement engagé en faveur de la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Mme SUNEMA PIE SIMATI (Tuvalu) a estimé que les changements climatiques étaient le plus grand défi qu’affrontait son pays.  « Son impact menace nos moyens de subsistance, notre sécurité et notre bien-être », a-t-elle déclaré, estimant que les impacts des changements climatiques méritaient la même attention que la lutte contre Ebola.  Elle a rappelé que les inondations récurrentes causées par les changements climatiques étaient responsables de la destruction des récoltes et des déplacements de population et précisé que les dégâts causés à Tuvalu par le cyclone Pam en mars 2015 étaient évalués à 92 millions de dollars.  Elle a indiqué que quatre îlots de Tuvalu avaient disparu depuis 2000 et qu’il était urgent de passer des paroles aux actes, en soulignant la pertinence des orientations de Samoa pour traiter des questions de résilience et vulnérabilité des PEID.  « Nous devons limiter l’augmentation de la température à moins de 1,5 degré et parvenir à un accord crédible à Paris », a-t-elle conclu.

Mme PAIK JI-AH (République de Corée) a souligné les défis sécuritaires auxquels les PEID doivent faire face, ainsi que l’appui apporté par son pays afin d’aider ces derniers à y répondre.  La République de Corée reste engagée en faveur de la lutte contre la piraterie internationale et contre la criminalité transnationale organisée, a-t-elle dit, en mentionnant sa contribution à la mise en œuvre du Code de conduite adopté lors du premier Sommet pour la sécurité maritime du golfe de Guinée.  Elle a également indiqué que son pays coopérait étroitement avec les pays de la région du Pacifique en vue de préserver les ressources halieutiques de l’océan Pacifique.  « Mon pays reste engagé en faveur des efforts internationaux en vue d’établir un nouveau cadre relatif aux changements climatiques qui conjugue développement durable et faibles émissions de gaz à effet de serre », a assuré la représentante de la République de Corée.  En conclusion, elle a souligné l’importance d’un appui résolu de la communauté internationale aux PEID en vue de trouver une solution durable aux défis qu’ils connaissent.

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