En cours au Siège de l'ONU

7476e séance – matin
CS/11952

Conseil de sécurité: les agences humanitaires demandent au Conseil de faire pression sur les parties au conflit en Syrie pour qu’elles protègent les civils

Depuis trois ans, le conflit en Syrie a fait plus de 220 000 morts, plus d’un million de blessés, 7,6 millions de déplacés et plus de 4 millions de réfugiés.  Ce matin au Conseil de sécurité, la Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, Mme Kyung-Wha Kang, a dit attendre du Conseil qu’il fasse pression sur les parties pour qu’elles protègent les civils et honorent leurs obligations en vertu du droit international humanitaire.  On ne peut parler de régler la crise humanitaire en Syrie, a commenté le représentant syrien, et garder le silence devant l’utilisation des territoires turc et jordanien comme base des terroristes étrangers et des mercenaires et devant les régimes d’Arabie saoudite, du Qatar et autres qui préfèrent appuyer généreusement le terrorisme.

La violence, a prévenu la Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires, continue dans une plus grande impunité encore.  Perpétrée par toutes les parties, elle n’a en aucun cas diminué en brutalité.  La Turquie, la Jordanie et le Liban continuent de supporter le fardeau des réfugiés.  La Turquie, par exemple, accueille déjà 1,8 million de personnes et a reçu au moins 23 000 de ceux qui ont fui Tal Abyad à la moitié du mois de juin.  Le reste du monde, a insisté la Sous-Secrétaire générale, doit faire plus face aux conséquences du conflit.  Il est « crucial » que d’autres pays accueillent les Syriens qui cherchent refuge.

Malgré un environnement très difficile, les organisations humanitaires continuent d’aider les personnes qui en ont besoin.  Le mois dernier, le Programme alimentaire mondial (PAM) a nourri à peu près 2,7 millions de personnes.  Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a distribué de l’eau, des équipements d’assainissement, du matériel pédagogique et autres à 2,2 millions de personnes.  Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HACR) a apporté secours et protection à plus de 240 000 personnes et l’Office des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient (UNRWA) a aidé quelque 480 000 réfugiés palestiniens.  À ces efforts, il faut ajouter ceux des ONG qui se sont portées au secours de plus d’un million de personnes au mois de mai.

Toutefois, a souligné la Sous-Secrétaire générale, fournir de l’aide aux 4,8 millions de personnes bloquées dans les zones isolées demeure un défi, compte tenu des combats, de l’insécurité et de l’obstruction délibérée des parties.  Les agences de l’ONU et leurs partenaires ne touchent chaque mois qu’environ 34% des gens dans les zones assiégées.  Sur les 48 demandes faites au Gouvernement en 2015, 16 sont toujours en suspens, ce qui est un progrès que la Sous-Secrétaire générale a encouragé.

Les agences humanitaires travaillent sans relâche pour venir en aide aux Syriens mais les fonds manquent, a-t-elle prévenu.  Seul un quart de l’appel lancé pour la Syrie a été financé à ce jour.  L’aide alimentaire est compromise et depuis janvier, le PAM a dû réduire ses distributions de 30% et prévoit d’autres coupures dans les trois mois à venir. 

Les parties au conflit, a conclu la Sous-Secrétaire générale, continuent de violer les droits de l’homme et le droit international humanitaire en toute impunité, tuant et torturant des civils, bloquant l’accès humanitaire, détruisant et assiégeant des communautés.  Le siège que subissent plus de 422 000 personnes doit être levé.  Ceux qui ont besoin d’aide et de protection doivent pouvoir les recevoir.  L’utilisation constante de barils d’explosifs par le Gouvernement doit cesser immédiatement tout comme les autres formes d’attaques indiscriminées contre les civils.  Les agences humanitaires, a insisté la Sous-Secrétaire générale, attendent du Conseil de sécurité qu’il fasse pression sur les parties pour qu’elles protègent les civils et honorent leurs obligations en vertu du droit international humanitaire.  Le Conseil doit aussi promouvoir et faire en sorte que les auteurs des violations soient systématiquement traduits en justice.  Les agences humanitaires attendent du Conseil qu’ils fassent pression pour la recherche d’une solution politique au conflit, a insisté la Sous-Secrétaire générale.

Après la publication du seizième rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre des résolutions du Conseil sur la situation humanitaire en Syrie, il y a toujours des États Membres de l’ONU qui traitent de cette situation « douloureuse » sous un angle interventionniste qu’il s’agisse du politique, de l’économique et du militaire, a commenté le représentant de la République arabe syrienne, M. Bashar Ja’afari.  Peut-être l’absurdité atteint-elle son comble quand ces États deviennent juges et parties puisque qu’ils se lamentent aujourd’hui sur les misères du peuple syrien qu’ils ont eux-mêmes créées.  On connaît le jeu et les Syriens qui voient leur sang couler au nord et au sud du pays le doivent aux opérations coordonnées dans des centres d’opérations en Jordanie et en Turquie.

Avoir des choses à régler avec le Gouvernement syrien est une chose mais adopter des mesures de coercition est une autre chose, a tranché le représentant.  Avoir une différence d’approche est une chose, mais nier le rôle du Gouvernement syrien dans la protection de son peuple et la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de la Syrie est une autre chose, sans compter le refus de cordonner avec ledit Gouvernement pour la lutte contre le terrorisme et l’assistance humanitaire.

Gérer la réalité conformément à la Charte des Nations Unies est une chose, mais être obsédé par le Gouvernement syrien, et lancer des allégations sans fondement et s’ingérer dans ses affaires intérieures est une autre chose.  Traiter des conséquences catastrophiques de la crise humanitaire est une chose, mais en ignorer les causes sous-jacentes et se concentrer sur des questions marginales est une autre chose, et alors là, totalement différente, a martelé le représentant.

On ne peut, a-t-il insisté, parler de régler la crise humanitaire en Syrie et garder le silence devant l’utilisation des territoires turc et jordanien comme base des terroristes étrangers et des mercenaires.  On ne peut mettre un terme à la crise humanitaire alors que les régimes d’Arabie saoudite, du Qatar et autres préfèrent appuyer généreusement le terrorisme et l’appeler « révolution » au lieu de financer la réponse humanitaire.  Comment améliorer la situation humanitaire quand la CIA dépense un milliard de dollars, par an, pour former des terroristes en Jordanie, au Qatar, en Turquie, en Arabie saoudite et ailleurs, et mettre sur pied une armée de 10 000 terroristes soit disant « modérés ». 

Pour étayer ses propos, M. Ja’afari a cité WikiLeaks qui vient de publier des documents saoudiens montrant que la Turquie, le Qatar et l’Arabie saoudite ont, depuis les tous premiers mois de la crise en Syrie, militarisé la situation en fournissant argent, armes et soutien aux groupes terroristes.  Le représentant a même cité un télégramme que l’Ambassadeur d’Arabie saoudite au Liban a envoyé à sa capitale, au début du mois de mars 2012, pendant que certains membres du Conseil qualifiaient la situation en Syrie de « printemps arabe pacifique ».

Le représentant syrien a également cité des vidéos impliquant le Premier Ministre turc et même des rapports de l’ONU qui mettent le doigt sur un trafic d’armes à partir de la Libye vers la Syrie en passant par la Turquie et le Liban.  Malgré les dénégations dont celles des membres du Conseil, l’exactitude et la crédibilité de ce que la Syrie a toujours dit commencent à apparaître au grand jour maintenant que le terrorisme a touché les pays qui niaient sa présence en Syrie, a estimé le représentant.

Le Gouvernement syrien, a-t-il dit, a toujours été prêt à coopérer avec toutes les parties prenantes « sincères » du Conseil de sécurité pour améliorer la situation humanitaire dans le pays même si certains membres du Conseil sont allés trop loin dans leur appui au terrorisme, devenant moins parties de la solution que du problème.  La Syrie continuera, a affirmé le représentant, à combattre le terrorisme pour protéger son peuple et débarrasser le monde de ce fléau qui s’est abattu de Damas à Bagdad, en allant à Abuja et à Tunis, en faisant escale au Koweït et à Paris avant de reprendre sa route vers Sydney et Boston.  Le réveil a sonné et levez-vous avant d’être noyés par des regrets qui s’avèreront bien inutiles, a conclu le représentant.

 

 

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