En cours au Siège de l'ONU

7472e séance – matin
CS/11943

Le Conseil de sécurité examine le rapport annuel de la Commission de consolidation de la paix

Le Conseil de sécurité a examiné, ce matin, le huitième rapport annuel de la Commission de consolidation de la paix (CCP) que sont venus présenter et commenter l’ancien et l’actuel Présidents de cet organe consultatif intergouvernemental de l’ONU créé en 2005, respectivement MM. Antonio de Aguiar Patriota (Brésil) et Olof Skoog (Suède).

Les membres du Conseil de sécurité qui, au cours de l’après-midi, ont eu un dialogue interactif informel avec les présidents des formations des six pays à l’ordre du jour de la CPP (Burundi, Guinée, Guinée-Bissau, Libéria, République centrafricaine et Sierra Leone), et des ambassadeurs de ces derniers, ont mis l’accent sur les progrès réalisés depuis l’établissement, il y a 10 ans, de l’architecture de consolidation de la paix, non seulement dans le sens d’une meilleure compréhension des défis spécifiques des pays émergeants de conflit, mais aussi d’une meilleure coordination des efforts des entités des Nations Unies.

L’année 2014, a expliqué M. de Aguiar Patriota, fut « productive avec différents processus importants qui se sont achevés avec succès et de nouveaux horizons et thèmes qui ont été explorés ».  Pour l’ancien Président, un exemple de la façon dont la Commission a pu démontrer de sa force politique fut la position collective et déterminée qu’elle a adoptée dans les premiers stades de l’épidémie d’Ebola. 

« La Commission a contribué à stimuler la communauté internationale et d’autres parties du système des Nations Unies pour qu’elles se concentrent sur le risque posé par la crise sur les gains de consolidation de la paix dans les trois pays les plus touchés », a-t-il affirmé.

L’épidémie tragique d’Ebola dans trois des pays dont elle s’occupe –la Guinée, le Libéria et la Sierra Leone–, a en effet contraint la Commission à réorienter son action afin de soutenir les efforts déployés par ces pays, les organismes des Nations Unies, la communauté internationale et d’autres acteurs concernés pour lutter contre cette maladie.

La Commission s’est réunie régulièrement pour appeler l’attention de la communauté internationale sur la nécessité de faire en sorte que l’épidémie ne menace pas à long terme les progrès que ces pays ont accomplis en vue de parvenir à une paix durable et à un développement qui profitent à tous.

« La consolidation de la paix a pour but d’éviter de retomber dans un conflit, ce qui oblige à faire le lien entre la sécurité et le développement », a fait remarquer M. Skoog.  L’actuel Président de la CPP a précisé que le Groupe d’experts consultatif sur l’architecture de consolidation de la paix devrait soumettre demain son rapport au Conseil de sécurité et à l’Assemblée générale. 

L’examen de ce système qui est en cours, ainsi que celui de la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) sur les femmes, la paix et la sécurité représentent une occasion unique de renforcer les travaux des Nations Unies en matière de paix et de sécurité, a-t-il espéré.

En ce qui concerne les travaux de la Commission, M. Skoog a estimé que la vision initiale restait valable.  « Il faut continuer à aider les pays sortant d’un conflit à relever les défis dans leur phase de transition vers l’instauration d’une paix durable, notamment en les aidant à renforcer leurs capacités nationales et en améliorant la coordination internationale dans les activités postconflit », a déclaré le représentant suédois.

Lors du débat qui a suivi les deux exposés, l’Espagne a reconnu qu’il faudrait du temps et de l’argent pour faire la paix.  « Il n’y a rien de plus onéreux que la rechute d’un État dans un conflit », a expliqué son représentant.  Aussi, a-t-il recommandé d’assurer des moyens de financement qui garantissent une prévisibilité budgétaire.  En tant que membre du Conseil de sécurité, l’Espagne souhaite renforcer le volet prévention, a-t-il indiqué, en rappelant qu’elle avait lancé avec la Turquie l’Alliance des civilisations.

La France a considéré qu’il était « capital de développer une réflexion et des efforts concernant le séquençage et la priorisation de l’action gouvernementale », en insistant sur la nécessité de « travailler sur l’articulation entre les différentes missions et les modes d’intervention des Nations Unies, et celle des successions entre missions ».

La Jordanie a mis l’accent sur la nécessité de renforcer l’appropriation nationale des efforts de consolidation de la paix et de prendre en compte les priorités des États.  Elle a également souligné l’importance d’un renforcement essentiel de la confiance entre les Nations Unies et les États concernés et les communautés locales. 

La Fédération de Russie a fait observer que l’on ne pouvait pas réduire la consolidation de la paix au renforcement de la structure de l’État, car il convient, selon elle, de « tenir compte du développement économique et des tâches sociales ».  Son représentant a également jugé contreproductif de mettre en avant des questions de droits de l’homme qui n’ont de lien direct ni avec les conflits, ni avec leurs causes. 

 

CONSOLIDATION DE LA PAIX APRÈS LES CONFLITS

Rapport de la Commission de consolidation de la paix sur les travaux de sa huitième session (S/2015/174)

Déclarations

M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil), ancien Président de la Commission de consolidation de la paix (CPP), a souligné que le rapport qu’il présentait portait sur les activités de la Commission en 2014, qui fut, a-t-il dit, une année productive avec différents processus importants qui se sont achevés avec succès et de nouveaux horizons et thèmes qui ont été explorés.

M. de Aguiar Patriota a estimé qu’un exemple de la façon dont la Commission a pu démontrer de sa force politique fut la position collective et déterminée qu’elle a adoptée dans les premiers stades de l’épidémie d’Ebola.  La Commission a contribué à stimuler la communauté internationale et d’autres parties du système des Nations Unies pour qu’elles se concentrent sur le risque posé par la crise sur les gains de consolidation de la paix dans les trois pays les plus touchés.

De même, selon M. de Aguiar Patriota, la Commission est particulièrement bien placée pour promouvoir une plus grande harmonie entre les dimensions sous-régionale, régionale et internationale de la réponse postconflit.  Par conséquent, l’un des domaines prioritaires de la Commission en 2014 a été d’engager activement ses membres africains et d’établir des partenariats profonds et dynamiques avec les organisations régionales et sous-régionales de l’Afrique.

L’ancien Président de la CCP a ajouté qu’un financement prévisible pour la consolidation de la paix, l’accent mis par la Commission sur la mobilisation des ressources et la lutte contre les flux financiers illicites avaient constitué une étape critique vers l’identification des domaines nécessitant une action individuelle et collective des États Membres.

La Commission, a-t-il dit, continuera de se positionner pour promouvoir une plus grande cohérence et la synergie des politiques et des actions dans les domaines politique, de sécurité et les dimensions de développement de consolidation de la paix.

M. de Aguiar Patriota a en outre déclaré que la dimension sexospécifique d’un processus de consolidation de la paix méritait une attention soutenue et un engagement indéfectible.  La Commission continuera d’explorer les moyens pratiques d’intégration de la dimension de genre dans ses engagements spécifiques à chaque pays, a—t-il dit.

Il a considéré que le Conseil de sécurité pouvait bénéficier des conseils de la Commission, en particulier lorsque les mandats des missions sont réexaminés dans le contexte de l’évolution des priorités.  Cet aspect crucial du rôle consultatif de la Commission mérite d’être discuté au cours du dialogue interactif informel qui doit avoir lieu dans l’après-midi, a-t-il ajouté.

M. OLOF SKOOG (Suède), Président de la Commission de consolidation de la paix (CCP), a rappelé que, selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, le nombre de réfugiés ou de personnes déplacées a atteint aujourd’hui un niveau record.  Ces personnes, dont plus de la moitié sont des enfants, ont été déplacées à cause de conflits et de persécutions, a-t-il précisé.  La consolidation de la paix a pour but d’éviter de retomber dans un conflit, ce qui oblige à faire le lien entre la sécurité et le développement, a-t-il fait remarquer.  M. Skoog a indiqué que le Groupe d’experts sur l’architecture de consolidation de la paix devrait soumettre son rapport demain.  Avec l’examen de ce système qui est en cours, ainsi que celui de la mise en œuvre de la résolution 1325, c’est une occasion unique de renforcer les travaux des Nations Unies en matière de paix et de sécurité, a-t-il espéré.

En ce qui concerne les travaux de la Commission, il a estimé que la vision initiale restait valable.  Il faut continuer à aider les pays sortant d’un conflit à relever les défis dans leur phase de transition vers l’instauration d’une paix durable, notamment en les aidant à renforcer leurs capacités nationales et en améliorant la coordination internationale dans les activités postconflit.  Présentant les principaux axes du travail de la CCP au cours de sa neuvième session, il a mis l’accent sur les efforts menés pour aider les pays touchés par Ebola à se redresser.  Il a aussi expliqué que la Commission avait entrepris l’examen de l’architecture de consolidation de la paix, dont les résultats seront connus demain avec le rapport du Groupe d’experts.  Cette étude devrait être examinée en lien avec celle concernant la mise en œuvre de la résolution 1325 sur la question « femmes, paix et sécurité ».

La Commission a également maintenu son soutien aux organisations régionales ainsi que la coordination avec ces organisations, en étudiant les moyens de renforcer le dialogue avec elles.  En outre, a-t-il ajouté, la Commission examinera les recommandations de la session annuelle de 2015 sur les questions de financement prévisible pour la consolidation de la paix.  M. Skoog a aussi assuré que la CCP était déterminée à avancer dans ses travaux sur les questions transversales d’égalité des sexes et d’autonomisation des femmes dans tous les domaines de la consolidation de la paix.  Avant de conclure, il s’est félicité du dialogue officieux sur la consolidation de la paix après un conflit, qui aura lieu cet après-midi au Conseil de sécurité.

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a apporté son témoignage personnel concernant les progrès remarquables réalisés depuis 1995 en Bosnie-Herzégovine où il fut en fonctions au nom de son pays il y a 20 ans.  Le délégué britannique a mis l’accent sur la nécessité de promouvoir la prévention des conflits.  Une action précoce permet d’éviter de graves souffrances, a-t-il estimé.  La capacité de régler des conflits dépendra de la capacité à éradiquer la pauvreté, a-t-il en particulier expliqué, en soulignant que l’objectif 16 des objectifs de développement durable était essentiel.

Le représentant a également insisté sur la nécessité pour la communauté internationale d’accorder une attention soutenue et de faire montre de patience en vue de parvenir à une paix durable.  L’édification d’institutions durables exige du temps et c’est pourquoi, il est essentiel d’assurer un appui à long terme, a-t-il affirmé.

M. ROMÁN OYARZUN MARCHESI (Espagne) a reconnu qu’il faudrait du temps et de l’argent pour faire la paix, en plaidant en faveur d’un bon investissement en faveur de la paix.  Il n’y a rien de plus onéreux que la rechute d’un État dans un conflit, a-t-il expliqué.  C’est pourquoi, il faudrait, a-t-il ainsi recommandé, assurer des moyens de financement qui garantissent une prévisibilité budgétaire.  En tant que membre du Conseil de sécurité, l’Espagne souhaite renforcer le volet prévention, a-t-il dit en rappelant avoir lancé avec la Turquie l’Alliance des civilisations.

Son pays va aussi mettre davantage l’accent sur la médiation, a-t-il ajouté, en soulignant, à cet égard, l’initiative lancée conjointement avec le Maroc.  Le représentant a aussi rappelé que son pays était un des grands partisans du principe de responsabilité de protéger.  Le renforcement du facteur régional est un autre point sur lequel son pays insiste, de même que l’importance de la justice pour garantir la réconciliation.  L’Espagne soutient, à cet égard, le rôle de la Cour pénale internationale, a-t-il assuré.  Enfin, il a souhaité que l’examen de l’architecture de la consolidation de la paix, l’examen de la CCP et l’examen de la résolution 1325 puissent converger.

Mme JOY OGWU (Nigéria) a affirmé que la réunion d’aujourd’hui montrait l’importance clef de la Commission en tant qu’instrument intergouvernemental de consolidation de la paix.  Elle a mis l’accent sur la nécessité d’élaborer des stratégies solides de mobilisation des ressources pour les pays concernés afin de permettre à la Commission de consolidation de la paix de réaliser ses mandats. 

Mme Ogwu a déclaré que son pays réitérait son soutien au Fonds pour la consolidation de la paix, un des mécanismes de financement conjoints permettant d’aller au-delà des priorités gouvernementales, de partager les risques et de renforcer la responsabilisation mutuelle.  Soulignant la nécessité de renforcer le secteur de la sécurité, elle a plaidé en faveur d’une amélioration des capacités des services de police et des institutions judiciaires dans les États qui sortent d’un conflit afin de parvenir à une paix durable.

M. PHILLIP TAULA (Nouvelle-Zélande) a déclaré que la consolidation de la paix était un processus qui non seulement doit suivre mais aussi accompagner le maintien de la paix.  Leurs objectifs, étapes et priorités devraient être alignés.  La planification efficace de la transition doit être liée aux mandats des opérations de maintien de la paix et doit être examinée le plus tôt possible dans le système de planification.  Des repères mesurables peuvent jouer un rôle utile dans une évaluation objective à condition de les appliquer de manière appropriée.  Les missions chargées, en particulier du renforcement des capacités, peuvent jouer un rôle important, à condition de disposer des moyens nécessaires pour s’acquitter de leur mandat.  La gestion de la transition nécessite un partenariat entre les Nations Unies et le gouvernement du pays hôte et en étroite consultation avec les partenaires régionaux et internationaux et les acteurs du développement dans le pays.  Ceci contribuera à faciliter l’appropriation nationale et à assurer ainsi la viabilité des acquis de la consolidation de la paix.

M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie), soulignant que la consolidation de la paix incombait en premier lieu aux gouvernements de pays sortant d’un conflit, a estimé que l’appui qui leur est apporté pour y parvenir devrait se faire avec leur accord et dans le respect de leur souveraineté nationale.  On ne peut pas réduire la consolidation de la paix au renforcement de la structure de l’État, car il faut aussi tenir compte du développement économique et des tâches sociales, a-t-il ajouté.  Le représentant de la Fédération de Russie a également estimé qu’il était contreproductif de mettre en avant des questions de droits de l’homme qui n’ont pas de lien direct avec les conflits ni avec leurs causes. 

En ce qui concerne la huitième session de la CCP, qui était très chargée, il a noté la pratique de mener des sessions de fond.  Cela confirme, selon lui, que la Commission a un grand potentiel comme plateforme de dialogue unique pour discuter des questions de consolidation de la paix dites transversales.  En même temps, il a demandé d’éviter de mener des discussions parallèles sur des questions examinées ailleurs, notamment à l’Assemblée générale. 

En ce qui concerne le Groupe d’experts, il a fait une étude objective, a-t-il dit en espérant des recommandations équilibrées qui permettent d’améliorer les compétences de la CCP dont le rôle est central.  Il a toutefois demandé de veiller au plein respect des mandats et prérogatives des organes principaux de l’ONU.  Le représentant s’est par ailleurs plaint de la fragmentation de la consolidation de la paix, notamment sur les questions de financement, comme on l’a vu au Burundi, en République centrafricaine et au Soudan du Sud.  Enfin, en ce qui concerne l’épidémie d’Ebola, le délégué russe a apprécié la capacité d’adaptation de la Commission pour aider les États à y faire face, ainsi que l’utilité du Fonds pour la consolidation de la paix pour contribuer aux efforts menés.

Mme DINA KAWAR (Jordanie) a affirmé que les défis émergents dans différentes parties du monde avaient imposé à la communauté internationale de disposer d’outils pour accompagner ces changements.  La Commission de consolidation de la paix est un des concepts essentiels de maintien de la paix, à la fois sur le plan national et sur le plan international, a-t-elle dit.

La représentante jordanienne a mis l’accent sur la nécessité de renforcer l’appropriation nationale des efforts de consolidation de la paix et de prendre en compte des priorités des États.  Elle a également insisté sur un renforcement essentiel de la confiance entre les Nations Unies et les États concernés et les communautés locales.  

Mme Kawar a par ailleurs ajouté que la question de la mobilisation des ressources financières constituait un défi de la consolidation de la paix. 

M. ALEXIS LAMEK (France) a souligné que son pays reconnaissait l’engagement de l’architecture de consolidation de la paix dans la lutte contre Ebola, épidémie qui a gravement affecté trois pays inscrits à l’ordre du jour de la Commission.  Se contenter d’une réponse médicale, qui est certes indispensable, ne permettait pas de répondre aux réels enjeux posés tels que notamment le manque d’infrastructures, la faiblesse des systèmes de santé et le manque de sensibilisation des populations aux enjeux de santé publique, a-t-il déclaré.  C’est pourquoi, a-t-il dit, des progrès peuvent et doivent être apportés aux efforts collectifs.  La capacité à mobiliser des ressources à long terme et à coordonner les différents bailleurs en soutien à des stratégies définies conjointement avec les États hôtes demeurent les défis qui ne trouvent pas encore de réponse satisfaisante, a-t-il estimé.

Ainsi, la France soutient la revue de l’architecture de consolidation de la paix, dont l’articulation avec la revue stratégique des opérations de paix et celle relative à l’application de la résolution 1325 (2000) est essentielle, a-t-il assuré.

Pour la France, il est indispensable d’être fermement ancré dans le terrain et les situations locales, pour fournir une réponse adaptée et venir en appui aux processus nationaux.  En outre, il est capital de développer une réflexion et des efforts concernant le séquençage et la priorisation de l’action gouvernementale, a-t-il dit, en mettant l’accent sur la nécessité de travailler sur l’articulation entre les différentes missions et les modes d’intervention des Nations Unies, et celle des successions entre missions.

Enfin, le délégué de la France a souligné l’importance accordée par la Commission de consolidation de la paix au facteur régional.  Les États voisins des pays sortant de crise sont des acteurs clefs avec qui nous devons travailler étroitement, tant les problématiques de crise ne s’arrêtent bien souvent pas aux frontières.  La coopération avec les organisations régionales et sous-régionales doit également être renforcée, et la France, a-t-il dit, se félicite que cet axe ait constitué une priorité de travail cette année.

M. WILMER MÉNDEZ (Venezuela) a rappelé que la consolidation de la paix passait par un soutien politique, financier et technique international de longue haleine.  Dans le cas du Soudan du Sud, il a souligné les conséquences du manque d’appui sur les trois plans, comme le mentionne le rapport du Secrétaire général sur la consolidation de la paix de septembre 2014.  Il a aussi souligné qu’il y avait souvent un décalage entre les besoins nationaux et les mesures prises par les donateurs internationaux.  Reprenant les constatations du Secrétaire général sur le Soudan du Sud, il a constaté que les interventions morcelées des institutions internationales dans le secteur de la sécurité n’avaient pas donné les résultats escomptés faute de vision nationale de la réforme de l’État.

M. Mendez s’est dit conscient de la nécessité pour la communauté internationale de garantir un financement durable des objectifs, processus et institutions de consolidation de la paix.  Il a toutefois émis des réserves sur certaines conditions assortissant l’aide financière qui nuisent au développement du pays à long terme.  Le représentant a donc jugé essentiel que les donateurs s’engagent en matière d’APD sans assortir cette aide de conditions.  En ce qui concerne la coopération Sud-Sud, il a estimé qu’elle ne devrait pas remplacer la coopération Nord-Sud mais être, au contraire, complémentaire à celle-ci.  Il faut, a-t-il ajouté, respecter les priorités des pays hôtes dans les négociations de contrats avec les entreprises multinationales extractives de ressources naturelles.  Le représentant s’est félicité à ce propos de l’initiative de la Banque africaine de développement de créer un fonds de 22 millions de dollars pour aider les pays africains dans ce genre de négociations.

Mme BELEN SAPAG MUÑOZ DE LA PEÑA (Chili) a souligné que la Commission de consolidation de la paix, pleinement utilisée, était un instrument de prévention des conflits et de résurgence des conflits, de même qu’un instrument d’alerte précoce.  Le Chili, membre du Comité d’organisation de la Commission de consolidation de la paix et du Conseil de sécurité, est à même de mieux observer les interactions entre les deux organes, a-t-elle dit, en appelant à éviter les doublons et les chevauchements.

La représentante du Chili a insisté sur la nécessité de travailler sur la coordination entre les mécanismes afin d’assurer un suivi des situations à l’ordre du jour du Conseil de sécurité.

M. LIU JIEYI (Chine) a pris note de la contribution de la Commission à la consolidation de la paix et à la lutte contre l’épidémie d’Ebola, entre autres tâches, en soulignant que ses travaux étaient très utiles.  Il a rappelé que l’examen de l’architecture de consolidation de la paix, lancé par l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité au début de l’année, devrait aboutir à renforcer ce système.  Il incombe en premier lieu aux pays sortant d’un conflit d’œuvrer à la consolidation de la paix, a-t-il rappelé, en soulignant la nécessité de respecter la souveraineté et les priorités de ces pays.  Il faut aussi améliorer la communication avec les pays bénéficiaires, a-t-il ajouté, avant d’inviter à définir des stratégies qui correspondent aux besoins et au niveau de développement économique et social des pays récipiendaires de l’aide.  Le représentant a également recommandé au Conseil de sécurité de ne pas hésiter à recourir aux fonctions consultatives de la Commission, en arguant que celle-ci avait une connaissance approfondie de certaines questions.  Le Conseil, quant à lui, doit renforcer sa coordination avec la Commission, a-t-il ajouté.

M. BANTE MANGARAL (Tchad) a estimé que la Commission de consolidation de la paix devait accentuer son action sur l’augmentation des recettes publiques et la lutte contre les flux financiers illégaux.  La Commission de consolidation de la paix doit placer les priorités des pays concernés au centre de l’attention internationale, a-t-il dit, citant en particulier les exemples de la Guinée-Bissau, du Burundi et de la Sierra Leone.

Le représentant tchadien a jugé fondamental que la Commission de consolidation de la paix renforce sa coopération et ses liens avec les pays de l’Union africaine.  Le dialogue avec le Conseil de sécurité doit reposer sur la souplesse et l’absence de formalisme, a-t-il également dit.  Il a enfin appelé la Commission de consolidation de la paix à améliorer ses capacités de mobilisation des ressources concernant les pays touchés.

Mme NIDA JAKUBONĖ (Lituanie) a déclaré qu’un financement prévisible et durable des domaines cruciaux pour le maintien et la consolidation de la paix était essentiel aux efforts internationaux afin de prévenir une résurgence de la violence.  Les investissements en appui au dialogue politique, au renforcement des institutions de sécurité et de l’état de droit sont nécessaires à la fois pendant et après un conflit.  Le renforcement des capacités institutionnelles est une entreprise à long terme qui exige un appui durable et ciblé, a rappelé la représentante.  Il est important, a-t-elle souligné, de promouvoir davantage la dimension genre du maintien de la paix.  Les femmes et les jeunes peuvent et devraient jouer un rôle actif non seulement dans la résolution des conflits mais aussi dans les efforts de maintien de la paix.  Les femmes devraient être de participer de manière plus active dans les structures sociales, économiques, politiques et de sécurité au lendemain d’un conflit.

M. JULIO HELDER MOURA LUCAS (Angola) a déclaré que la Commission de consolidation de la paix devrait renforcer son rôle consultatif vis-à-vis du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale et veiller à l’amélioration de la coordination de ses activités. 

Le représentant a salué la Commission de consolidation de la paix pour son assistance au Libéria, en Guinée et en Sierra Leone, les trois pays les plus durement touchés par l’épidémie d’Ebola.  Il a mis l’accent sur les efforts en vue d’autonomiser les femmes dans le cadre de la consolidation de la paix, les femmes ayant un rôle essentiel à jouer dans ce domaine.  L’examen de la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) permet d’établir un bilan des efforts entrepris à cet égard, a-t-il dit.  

M. DAVID PRESSMAN (États-Unis) a salué les efforts entrepris par la CCP, notamment lors de la crise causée par l’épidémie d’Ebola.  Comme l’indique le rapport de la CCP, des progrès ont été faits pour éviter des conflits dans certains endroits, comme en Guinée-Bissau dans le domaine de la santé, et au Libéria pour ce qui est de la justice et de la primauté du droit.  En République centrafricaine (RCA) ou au Burundi, en revanche, le représentant a recommandé à la communauté internationale de maintenir ses efforts communs et de les augmenter.  Il a plaidé en faveur d’un plus grand engagement de la part des institutions financières internationales, en faisant mieux comprendre aux États Membres les risques qui existent de retomber dans un conflit.

La consolidation de la paix n’est pas une science exacte ni une panacée, a-t-il reconnu, tout en soulignant les facteurs qui jouent un rôle important dans ce domaine.  Il a noté que les faibles capacités d’un État peuvent avoir des conséquences catastrophiques sur un pays sortant d’un conflit, comme l’a montré l’épidémie d’Ebola.  Il a appelé la communauté internationale à aider la République centrafricaine à relever les défis immenses qui demeurent sur la voie de la consolidation de la paix.  Il faut un soutien constant des partenaires internationaux à ce pays, a-t-il insisté.  Le représentant a par ailleurs apprécié que la CCP mette l’accent sur la nécessité d’impliquer les acteurs régionaux, en se félicitant, à cet égard, de l’engagement du Sénégal en Guinée-Bissau.  Il a aussi plaidé en faveur de l’implication des femmes à toutes les étapes de la consolidation de la paix.  Le Libéria est un des pays où les avantages tirés de la parité dépassent les 15% établis par le Secrétaire général dans son rapport, a-t-il noté.  Le représentant a par ailleurs estimé que la CCP n’avait pas répondu aux attentes en matière de prévention de conflit armé, en regrettant un manque de cohésion entre les différents acteurs du développement social. 

M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a affirmé que la Commission de consolidation de la paix avait prouvé sa contribution, notamment par son soutien à l’édification des institutions, le renforcement de la résilience et l’appui à des pays sortant d’un conflit confrontés à des difficultés. 

Le représentant malaisien a mis l’accent sur l’examen de la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) sur les femmes, la paix et la sécurité.

 

 

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