En cours au Siège de l'ONU

7468e séance – matin
CS/11938

Mali: le Représentant spécial invite les parties maliennes et la communauté internationale à mettre en œuvre rapidement l’accord de paix signé le 20 juin 2015

Le Ministre malien des affaires étrangères espère le déploiement d’une force sous-régionale d’intervention rapide lors du renouvellement du mandat de la MINUSMA

En présentant ce matin devant le Conseil de sécurité le rapport* du Secrétaire général sur la situation au Mali, le Représentant spécial du Secrétaire général pour ce pays, M. Mongi Hamdi, s’est montré optimiste quant aux suites du processus de paix parachevé, le 20 juin, avec les dernières signatures de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, à condition, a-t-il précisé, que les parties s’attèlent à mettre en œuvre « l’Accord de Bamako » et que la communauté internationale apporte un soutien continu.

Au moment où le Conseil de sécurité envisage le renouvellement de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), M. Hamdi, qui dirige cette Mission, a recommandé d’axer son mandat sur le processus de paix, en particulier par le biais des bons offices, du contrôle du cessez-le-feu, et de son rôle majeur dans la mise en œuvre de l’Accord.

Le 20 juin était un « grand jour de paix pour le Mali » a déclaré M. Hamdi, tandis que le Ministre malien des affaires étrangères, de l’intégration africaine et de la coopération internationale, M. Abdoulaye Diop, y a vu des « progrès importants dans la bonne direction ».  « L’Accord de Bamako constitue un compromis équilibré prenant en compte les préoccupations légitimes de toutes les parties, dans le respect de l’unité et de l’intégrité territoriale du Mali », a estimé M. Diop.

C’est en effet un accord « global et inclusif », a expliqué M. Hamdi, en soulignant qu’il avait été signé par toutes les parties au conflit, à savoir le Gouvernement malien, la Coordination des Mouvements de l’Azawad et la Plateforme.  Cet accord a été négocié en moins d’une année, avec le concours de la médiation internationale et sous l’égide de l’Algérie.  « C’est un compromis politique, institutionnel, sécuritaire, humanitaire et de développement », a-t-il précisé.

« Certes cet accord n’est pas la paix, car celle-ci ne se décrète pas », a-t-il fait remarquer, en précisant qu’il ne reflétait pas une réconciliation entre les diverses communautés maliennes.  Pour le Ministre malien des affaires étrangères, « le plus difficile reste à présent la mise en œuvre effective des dispositions de cet instrument ».  Le Ministre a, dès lors, invité la communauté internationale à honorer ses engagements en vue de l’application de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali.  À cet égard, M. Hamdi a rappelé que l’implication de la communauté internationale faisait la particularité de ce nouvel accord de paix par rapport aux accords précédents.

Pour assurer la sécurité et la fourniture des services sociaux de base à la population malienne, il faut que s’instaure entre les Maliens un véritable dialogue continu qui soit animé d’un esprit de compromis, a-t-il recommandé.  Le Chef de la MINUSMA a ainsi salué l’intégration par le Gouvernement malien de l’Accord de paix dans son programme de politique générale qu’il avait présenté, il y a deux semaines, à l’Assemblée nationale.

« Les semaines et les mois à venir vont être critiques », a prévenu le Représentant spécial, qui a souligné la nécessité de prendre des mesures concrètes pour faire bénéficier les populations maliennes des dividendes de la paix.  C’est pourquoi il a lancé un appel vibrant à la communauté internationale et aux institutions financières pour qu’elles financent dès que possible la mise en œuvre de l’Accord.

Malgré des progrès importants sur le plan politique, la situation reste fragile en termes de sécurité, a prévenu M. Hamdi, en signalant les violations du cessez-le-feu et les incidents récents.  Il s’est toutefois félicité du retrait de la Plateforme de Ménaka où la Mission continue à renforcer sa présence.  Il a émis l’espoir que l’exécution des dispositions de l’Accord relatives à la sécurité aurait une incidence positive sur la stabilisation des régions du nord. 

La MINUSMA et la famille des Nations Unies doit jouer un rôle majeur dans ces domaines, a-t-il estimé.  Ces mesures ne porteront de fruits que si les parties acceptent de faire des compromis au nom du bien commun et pour tous les Maliens.

Le Représentant spécial a également mis l’accent sur les déplacements massifs de population, causés par la récente vague de violences qui ont frappé quelques villes des régions du nord du pays.  Il a souligné le fardeau supplémentaire que cela fait peser sur les familles d’accueil et les infrastructures de santé et d’éducation, tout en saluant la mobilisation de la communauté humanitaire au Mali.  Au moment où l’Accord de paix ouvre de nouvelles perspectives pour le redressement du Mali, il faut, a-t-il dit, que les nombreuses personnes déplacées ou réfugiés retournant chez eux et puissent bénéficier des services sociaux de base dans tout le pays.

En ce qui concerne le nord du Mali, M. Hamdi a expliqué que sa taille, son environnement géographique, son climat rigoureux et l’absence ou l’insuffisance des infrastructures posent de grandes difficultés à la Mission.  Il a ainsi attiré l’attention des membres du Conseil de sécurité sur les attaques aveugles perpétrées par des extrémistes violents et autres ennemis de la paix contre la MINUSMA, s’est-il plaint.  Pour prévenir les risques en matière de sécurité dans un avenir immédiat, M. Hamdi a insisté sur l’importance des capacités des pays contributeurs de troupes pour assurer la sécurité du personnel de la Mission.

Le Représentant spécial a invité à définir suffisamment tôt les rôles de la communauté internationale dans la mise en œuvre de l’Accord de paix, en se basant sur les atouts de chacun.  Il a souligné l’importance du rôle de la MINUSMA pour appuyer l’exécution des aspects de l’Accord relatifs à la sécurité, la défense et les droits de l’homme.  La Mission soutiendra aussi les travaux du Comité de suivi de l’Accord, a-t-il assuré.

De son côté, le Ministre malien des affaires étrangères a donné le détail de ce qu’il souhaitait voir inclure dans le mandat de la MINUSMA dont le renouvellement aura lieu prochainement.  Il a tout d’abord demandé que la MINUSMA fournisse un appui au dialogue politique et à la réconciliation nationale, notamment par le renforcement de ses moyens humains, matériels et financiers, afin de pouvoir faire face aux défis sécuritaires et assurer un relèvement rapide. 

La MINUSMA, a ajouté M. Diop, devrait aussi appuyer les efforts du Gouvernement du Mali dans le domaine de la sécurité, de la stabilisation et de la protection des populations civiles.  Il s’agit notamment d’aider les autorités maliennes à stabiliser les principales agglomérations, en particulier dans les régions du nord du pays. 

Le Ministre a sollicité le Conseil de sécurité pour qu’il charge la MINUSMA d’aider le Gouvernement malien à restaurer l’autorité de l’État dans tout le pays, à reconstruire le secteur de la sécurité, à promouvoir les droits de l’homme et à fournir une aide humanitaire.  Faisant référence à des décisions récentes de la CEDEAO et de l’Union africaine, il a rappelé que son pays attendait du Conseil de sécurité qu’il exige que seules les Forces armées et de sécurité du Mali aient le droit d’occuper toute localité du territoire national.  « Toute autre occupation par les forces irrégulières est illégale et devrait prendre fin », a-t-il exigé.

Commentant aussi la recommandation du Secrétaire général de déployer une quarantaine d’observateurs militaires, M. Diop a plaidé pour la création de postes d’officiers de liaison avec les Forces armées et de sécurité du Mali, « de manière à combler le déficit de collaboration et de coopération entre nos forces et celles des Nations Unies ». 

M. Diop s’est également dit préoccupé par le développement des activités terroristes et de trafic de stupéfiants au Mali et dans la région, en s’étonnant que le rapport du Secrétaire général ne contienne pas le mot « terrorisme ».  Il est important de créer des capacités de réaction face aux terroristes non seulement au Mali mais aussi dans les pays voisins, a-t-il souligné avant de demander au Conseil de sécurité d’autoriser le déploiement d’une force sous-régionale d’intervention rapide.

Enfin, tant le Représentant spécial que le Ministre malien des affaires étrangères ont salué l’engagement de l’Algérie dans le processus de négociations, ainsi que celui de la France.  Ils ont également remercié les pays et organisations de la région pour l’aide précieuse qu’ils ont apportée au Mali.

 

* S/2015/426

 

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