En cours au Siège de l'ONU

7459e séance – matin
CS/11923

Conseil de sécurité: la Représentante spéciale du Secrétaire général estime que la Côte d’Ivoire s’approche du « tournant décisif » qu’est la première élection présidentielle depuis 2010

À quatre mois du « tournant décisif » qu’est la première élection présidentielle en Côte d’Ivoire depuis la crise postélectorale de 2010, la Représentante spéciale du Secrétaire général, Mme Aichatou Mindaoudou, a présenté ce matin au Conseil de sécurité le dernier rapport du Secrétaire général dont la recommandation de proroger le mandat de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) jusqu’au 30 juin 2016, lequel devrait être élargi à l’assistance électorale.  Le représentant de la Côte d’Ivoire a acquiescé.

À la veille du renouvellement du mandat de l’ONUCI, Mme Aichatou Mindaoudou s’est dite « confiante et optimiste » pour le futur du pays.  Mais, a-t-elle prévenu, il faut rester vigilant.  Le 25 octobre, la Côte d’Ivoire organisera les premières élections après celles de 2010.  C’est « un tournant décisif » et le renouvellement du mandat de l’ONUCI illustrera encore une fois la volonté de la communauté internationale de consolider les acquis et d’accompagner le pays pour tourner la page de la crise postélectorale de 2010.  Dans son rapport, le Secrétaire général propose la prorogation du mandat de l’ONUCI jusqu’au 30 juin 2016, avec un mandat élargi en matière électorale.

Mme Mindaoudou a souligné que la stabilité se consolide progressivement en Côte d’Ivoire: l’économie se développe de plus en plus et les populations peuvent vaquer à leurs activités dans un environnement apaisé.  Bien que des désaccords politiques subsistent encore, un consensus national en faveur d’un dialogue constructif se dégage de plus en plus.  Toutefois, a-t-elle relevé, une certaine frange de l’opposition radicale semble de ne plus opter pour des manifestations de rue.

L’élection présidentielle d’octobre est une étape importante pour la consolidation des acquis de ces dernières années, a souligné la Chef de l’ONUCI.  Dans cette perspective, le Code électoral a été amendé le 2 avril dernier et l’enrôlement des électeurs dans 2 000 centres devrait être bouclé à la fin du mois.

Mais la création d’un environnement propice et apaisé avant, pendant et après l’élection présidentielle, a-t-elle insisté, nécessitera des avancées au niveau du dialogue politique, dans le processus du désarmement, dans le domaine de la réforme du secteur de sécurité, de la justice, de la réparation des victimes et du retour des réfugiés.

Le dialogue politique entre le Gouvernement et l’opposition a repris le 26 mai après quatre mois d’interruption, a-t-elle noté, ajoutant que les différents protagonistes ont même décidé de tenir des rencontres mensuelles jusqu’aux élections.  S’agissant du processus de désarmement, Mme Mindaoudou a indiqué que le Gouvernement ivoirien a fixé au 30 juin 2015 la fin du désarmement de 64 000 ex-combattants.  Un appui sera nécessaire après cette date, car un nombre significatif d’ex-combattants sera encore dans le processus de réinsertion dont la fin est prévue au début du mois de janvier 2016.  L’ONUCI poursuivra son appui technique et programmatique à l’Autorité du désarmement, de la démobilisation et de la réinsertion (ADDR) en développant une feuille de route viable pour la conduite des activités après juin 2015. 

Quant à la réforme du secteur de la sécurité, la Chef de l’ONUCI a noté des progrès dans la prise en charge des griefs formulés par les éléments des Forces armées de la Côte d’Ivoire (FRCI) après leur mouvement de protestation de novembre 2014.  Pour sa part, l’Assemblée a adopté la loi sur l’organisation de la défense nationale et des forces armées, le 9 mars, une étape importante dans la professionnalisation de l’armée et dans le rétablissement de la confiance des populations.  Mais, a fait observer Mme Mindaoudou, le manque d’équipement des institutions chargées de veiller à l’application de la loi et des institutions sécuritaires chargées d’assurer le maintien de l’ordre public est préoccupant, car il pose le problème de leur capacité opérationnelle à assurer la gestion démocratique des foules, surtout à la veille des élections.

Sur le front de la lutte contre l’impunité, les perceptions d’une justice à sens unique continuent de faire l’objet de discussions parmi les Ivoiriens bien que des enquêtes sur des crimes sérieux commis durant la crise postélectorale de 2010/2011 soient actuellement menées.  La Chef de l’ONUCI a aussi indiqué que la mise en œuvre du processus de réparation en faveur des victimes de la crise postélectorale de 2010/2011 a commencé.  Le Gouvernement a appliqué certaines des recommandations clefs du rapport final de la Commission dialogue, vérité et réconciliation, dont la création de la Commission nationale pour la réconciliation et l’indemnisation des victimes (CONARIV) qui se focalise sur l’enregistrement de toutes les victimes non répertoriées des crises successives en Côte d’Ivoire depuis 1990, a indiqué la Chef de l’ONUCI à laquelle le représentant ivoirien a exprimé sa reconnaissance « pour son travail remarquable en collaboration avec les autorités ivoiriennes ».

Les efforts du Gouvernement en vue des élections libres, transparentes et inclusives nécessiteront l’appui de l’ONUCI, a déclaré M. Claude-Stanislas Bouah-Kamon.  L’accompagnement du Gouvernement ivoirien pour des élections réussies marquera un pas décisif dans le couronnement de l’œuvre « immense » de l’ONUCI avant son retrait total au début de l’année 2017, a-t-il insisté.

 

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