Kosovo: le Représentant spécial du secrétaire général juge encourageante la reprise du dialogue de haut niveau entre Belgrade et Pristina
Le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Kosovo, M. Farid Zarif, et la plupart des États membres du Conseil de sécurité se sont félicités, ce matin, de la reprise des réunions de haut niveau entre Pristina et Belgrade dans le cadre du dialogue mené sous les auspices de l’Union européenne.
« Belgrade et Pristina sont toutes deux à une étape importante de leur parcours respectif vers l’intégration européenne, et leur capacité à œuvrer ensemble sur des sujets de préoccupation commune s’est avérée d’une importance fondamentale pour surmonter un héritage conflictuel », a déclaré M. Zarif, qui présentait le rapport du Secrétaire général sur la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK).
Dans ce rapport, qui porte sur la période allant du 16 janvier au 15 avril 2015, le Secrétaire général se félicite de la reprise des réunions de haut niveau dans le cadre du dialogue organisé à Bruxelles sous les auspices de l’Union européenne entre le Premier Ministre de la Serbie, M. Aleksandar Vučić, et le Premier Ministre du Kosovo, M. Isa Mustafa.
« Les autorités de Belgrade aussi bien que celles de Pristina devraient prendre toutes les mesures nécessaires pour faire appliquer scrupuleusement et dans leur intégralité tous les accords conclus à ce jour », souligne notamment M. Ban Ki-moon dans ce document. Le rapport du Secrétaire général comporte en annexe le rapport de la Haute-Représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Mme Federica Mogherini, sur les activités de la Mission État de droit menée par l’Union européenne au Kosovo (EULEX).
Le Représentant spécial a déclaré que le premier trimestre de l’année avait été important pour le Kosovo et le sud-ouest de l’Europe. M. Zarif a également salué le nouveau Gouvernement de Pristina « pour son approche prudente et raisonnable face aux défis qu’il doit affronter et dans son programme de réformes, qui est ambitieux ». Il a indiqué qu’une des principales dispositions de l’Accord du 19 avril 2013, à savoir la création de l’association/communauté des municipalités serbes, restait en suspens, soulignant qu’un leadership était nécessaire à la fois de la part de Pristina et de celle de Belgrade, afin de permettre l’accomplissement de progrès au cours des discussions techniques prévues aujourd’hui à Bruxelles.
M. Zarif a, de même, jugé important l’achèvement des étapes nécessaires vers l’établissement d’une juridiction spéciale chargée de connaître des faits déférés par l’Équipe spéciale d’investigation de l’Union européenne.
Le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Serbie, M. Ivica Dačić, a pour sa part assuré que le Gouvernement serbe était pleinement engagé en faveur du dialogue avec Pristina, ajoutant que l’essence du processus de normalisation résidait dans l’adoption de solutions mutuellement agréées permettant de remédier aux difficultés que rencontre la population. Il ne fait aucun doute que la participation des Serbes du Kosovo et de Metohija à la vie politique du Kosovo fait partie de ce processus, a-t-il dit.
M. Dačić a ensuite déclaré que la question clef pour son pays était le retour des personnes déplacées et la question des biens de l’Église orthodoxe serbe. La présence de représentants du Kosovo au sein d’organisations internationales, non prévue dans le cadre de coopération, est inacceptable pour la Serbie, a-t-il souligné, ajoutant qu’elle ne favorisait pas un climat propice à la poursuite du dialogue.
« Nous voulons de nouveaux Balkans pour une nouvelle Europe », a quant à lui déclaré M. Hashim Thaçi, s’exprimant au nom du Kosovo. Une loi a été adoptée pour empêcher des Kosovars de prendre part à des conflits et à des guerres étrangères, a-t-il indiqué tout en précisant que le Kosovo participait à la coalition contre Daech.
Concernant l’enquête sur les crimes commis pendant le conflit, M. Thaçi a estimé qu’il ne fallait pas s’en servir comme d’un instrument permettant de réécrire en la modifiant l’histoire forgée par l’ancien Gouvernement de la Serbie. « Il faut purifier cette guerre », a-t-il dit, jugeant que l’État serbe était le premier responsable des crimes commis au Kosovo.
Au cours du débat, la Fédération de Russie, par la voix de son Représentant permanent auprès des Nations Unies, M. Vitaly Churkin, a regretté le fait que la création d’un tribunal spécial chargé d’enquêter sur les crimes commis pendant le conflit continue de prendre du retard. Les institutions politiques du Kosovo ne sont pas prêtes pour examiner cette question, a estimé M. Churkin en insistant sur l’importance d’arriver à des progrès réels sur cette voie le plus rapidement possible. Le représentant a également réitéré la position russe, selon laquelle la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité reste valable en tant qu’élément juridique contraignant pour régler la question du Kosovo.
De nombreuses délégations, comme celle du Royaume-Uni, ont exhorté les autorités de Pristina à redoubler d’efforts en faveur de la lutte contre l’impunité, en mettant notamment en place des institutions judiciaires spécialisées permettant de juger les auteurs des crimes commis dans le passé, dont notamment ceux relatifs à un trafic d’organes humains. À l’instar de la France, plusieurs pays ont également soutenu les efforts menés par la Serbie et le Kosovo pour se rapprocher de l’Union européenne.
La représentante de la Lituanie a salué les initiatives des autorités du Kosovo visant notamment à créer des opportunités sociales et économiques en faveur des habitants du Kosovo, ce qui devrait encourager ces derniers à rester dans le pays et à contribuer à sa prospérité, a-t-elle expliqué. Enfin, plusieurs pays, dont les États-Unis, ont proposé d’alléger le travail du Conseil de sécurité en portant à six mois, au lieu de trois comme c’est actuellement le cas, la périodicité de la présentation au Conseil des rapports du Secrétaire général sur le Kosovo.
RÉSOLUTIONS 1160 (1998), 1199 (1998), 1203 (1998), 1239 (1999) ET 1244 (1999) DU CONSEIL DE SÉCURITÉ
Rapport du Secrétaire général sur la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (S/2015/303)
M. FARID ZARIF, Représentant spécial du Secrétaire général pour le Kosovo, a déclaré que le premier trimestre de l’année avait été important pour le Kosovo et le sud-ouest de l’Europe. Il a salué le nouveau Gouvernement de Pristina pour son approche prudente et raisonnable face aux défis qu’il doit affronter et dans son programme de réformes, qui est ambitieux.
Belgrade et Pristina sont toutes deux à une étape importante de leur parcours respectif vers l’intégration européenne et leur capacité à œuvrer ensemble sur des sujets de préoccupation commune s’est avérée d’une importance fondamentale pour surmonter un héritage conflictuel, a-t-il dit. M. Zarif a jugé encourageant le fait qu’au cours des derniers mois, les contacts directs au niveau local se fussent accrus, tout comme le dialogue à un niveau politique plus élevé facilité par l’Union européenne.
Deux réunions entre le Premier Ministre de Serbie Aleksandar Vucić et le nouveau Premier Ministre Isa Mustafa du Kosovo, tenues le 9 février et le 21 avril dans le cadre du dialogue de Bruxelles, ont été des étapes importantes, susceptibles d’aboutir à des réalisations concrètes, a-t-il estimé, ajoutant qu’aucune excuse ne devrait être tolérée pour une quelconque procrastination dans les étapes restantes de mise en œuvre de l’Accord d’avril 2013.
Avec l’Union européenne et d’autres partenaires internationaux sur le terrain, le Représentant spécial a dit encourager les dirigeants politiques à Belgrade et à Pristina à faire preuve de créativité et de prévoyance dans l’identification des domaines d’intérêt commun.
En ce qui concerne le processus vital de l’intégration judiciaire, il est encourageant de constater que le recrutement des juges et des procureurs a commencé, avec un certain nombre de candidatures déposées avant la date limite d’hier, s’est félicité M. Zarif.
Il a salué l’initiative du Premier Ministre Vucić et de M. Mustafa de communiquer directement pour résoudre les problèmes urgents. Ces engagements directs, qui aident à maintenir l’élan de leur dialogue structuré, devraient progressivement devenir la norme, plutôt qu’un événement exceptionnel, a-t-il observé.
Une des principales dispositions de l’Accord d’avril 2013, à savoir la création de l’association/communauté des municipalités serbes, reste cependant en suspens, a-t-il regretté, soulignant qu’un leadership était nécessaire à la fois de la part de Pristina et de celle de Belgrade, afin de permettre l’accomplissement de progrès au cours des discussions techniques prévues aujourd’hui à Bruxelles.
M. Zarif a jugé important l’achèvement des étapes nécessaires vers l’établissement d’un tribunal spécialisé pour juger les affaires découlant des conclusions du groupe de travail d’enquête spécial de l’Union européenne, conformément aux normes les plus élevées de la justice internationale.
Le Représentant spécial a par ailleurs indiqué que 1 653 personnes étaient toujours portées disparues depuis le conflit du Kosovo. Des progrès rapides sur cette question sont essentiels pour aider à guérir les plaies laissées par les affrontements qui ont eu lieu au cours de cette crise et à atténuer la douleur des familles des victimes, a-t-il souligné. La MINUK continue de soutenir et d’encourager les progrès sur cette question, dont la solution dépendra en grande partie de la divulgation d’informations supplémentaires par toutes les parties concernant les événements qui ont conduit à ces disparitions.
Le rythme des retours et la réintégration des personnes déplacées à l’intérieur a encore ralenti, tandis que la persistance d’incidents de sécurité touchant les rapatriés et leurs propriétés sape les efforts visant à la réconciliation et à l’intégration, a regretté M. Zarif.
Par ailleurs, a souligné le Chef de la MINUK, le projet de loi sur le patrimoine culturel, qui a été récemment soumis à l’Assemblée du Kosovo, a suscité une importante controverse. Il s’est ainsi réjoui de la décision du Gouvernement du Kosovo de retirer le texte afin de permettre des consultations plus larges sur la question, ce qui devrait conduire à l’adoption rapide d’une loi consensuelle.
Le 30 avril, a-t-il ajouté, la Commission européenne a adopté une proposition pour un accord de stabilisation et d’association avec le Kosovo. L’approche dynamique du Gouvernement a contribué à cette évolution, a-t-il estimé, précisant que les dirigeants politiques de Pristina avaient exprimé leur détermination à redoubler d’efforts pour que de nouveaux progrès puissent être faits en vue de respecter l’état de droit, stimuler le développement économique et promouvoir la démocratie.
M. Zarif a estimé qu’un puissant potentiel pour une coopération régionale efficace a été démontré dans le traitement du phénomène récent de la migration irrégulière en provenance du Kosovo. Des efforts similaires seront nécessaires pour aborder les problèmes de l’extrémisme violent, a-t-il dit, notant, à cet égard, les efforts considérables déployés par les autorités du Kosovo, y compris l’adoption de la loi sur l’interdiction pour les citoyens kosovars de se joindre à des conflits étrangers.
Le Représentant spécial a par ailleurs exprimé sa profonde préoccupation concernant les affrontements armés meurtriers survenus à Kumanovo, dans l’ex-République yougoslave de Macédoine, les 9 et 10 mai derniers. Il s’est félicité de constater que les dirigeants régionaux, y compris le Président et le Premier Ministre du Kosovo, ont dénoncé cette violence et ont pris soin de ne pas envenimer les tensions, et il a exprimé son soutien à la conduite d’une enquête transparente et complète par les autorités compétentes.
M. Zarif a remercié les membres du Conseil pour leur engagement soutenu et constructif avec les deux parties. Cet engagement restera essentiel pour encourager la mise en œuvre intégrale de l’Accord d’avril 2013 et soutenir les progrès sur d’autres questions difficiles, telles que la création de la cour de justice spécialisée, a conclu le Chef de la MINUK.
M. IVICA DAČIĆ, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Serbie, a exprimé l’espoir qu’a la Serbie de voir se produire un règlement durable de la question du Kosovo. Des progrès substantiels ont été enregistrés dans les Balkans occidentaux, a-t-il affirmé. Il s’est ensuite dit préoccupé par les récentes attaques survenues à Zvornik en Bosnie-Herzégovine et à Kumanovo en ex-République de Macédoine, qui montrent la fragilité de la région.
À cet égard, il a souligné l’importance essentielle de la MINUK s’agissant des efforts à déployer pour parvenir à un règlement au Kosovo. Il a espéré que la MINUK continuera de mener son mandat à bien, notamment dans les zones où vivent des Serbes et autres ressortissants d’ethnies non kosovares. Il en va de leur survie et de la normalité de leurs vies, a-t-il poursuivi.
Le Gouvernement de la Serbie est pleinement engagé en faveur du dialogue avec Pristina, a souligné M. Dačić, ajoutant que l’essence du processus de normalisation résidait dans l’adoption de solutions mutuellement agréées permettant de remédier aux difficultés que rencontre la population. Il ne fait aucun doute que la participation des Serbes du Kosovo et de Metohija à la vie politique du Kosovo fait partie de ce processus, a-t-il dit.
M. Dačić a ensuite déclaré que la question clef pour son pays était le retour des personnes déplacées et la question des biens de l’Église orthodoxe serbe. La présence de représentants du Kosovo au sein d’organisations internationales, non prévue dans le cadre de coopération, est inacceptable pour la Serbie, a-t-il dit, ajoutant qu’elle ne favorisait pas un climat propice à la poursuite du dialogue.
M. Dačić a regretté le manque de progrès enregistré dans le retour des personnes déplacées en raison du manque d’intérêt de Pristina pour cette question. « Seules 1,9% des 220 000 personnes qui sont parties du Kosovo et de Metohija en 1999 sont revenues ces 15 dernières années », a-t-il relevé. Il a affirmé que l’une des explications du retard dans le retour des personnes déplacées était le climat d’insécurité, comme l’attestent les attaques physiques lancées contre les Serbes et leurs biens, et ce, en toute impunité. Il a aussi regretté que les Serbes qui sont retournés au Kosovo ne puissent pas se rendre dans leurs lieux de culte en toute sécurité. La persistance d’incidents à dimension ethnique montre que des efforts authentiques et sérieux restent encore à faire pour promouvoir la réconciliation, a-t-il souligné.
Le Vice-Premier Ministre de la Serbie a ensuite condamné la profanation d’églises et d’autres édifices orthodoxes, indiquant que le monastère Visoki Decani avait été recouvert de graffitis à la gloire de Daech et du « futur califat ». M. Dačić a rappelé que la protection des propriétés des entités économiques et la suspension du processus de privatisation dans les communautés serbes étaient des éléments essentiels de l’accord de coalition, et que c’est sur la base de cet accord que les représentants de la communauté serbe sont entrés au Gouvernement de Pristina. La situation actuelle dans la province du Kosovo montre que les conditions d’un transfert de compétences aux institutions intérimaires d’autogouvernement ne sont pas remplies, a-t-il dit. « Le fait que ces compétences aient été confiées à la Mission EULEX ne diminue pas les pouvoirs du Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU », a tenu à souligner M. Dačić. Il a indiqué que le processus de réconciliation ne saurait être complet sans que des poursuites ne soient engagées contre d’anciens membres de l’Armée de libération du Kosovo responsables de la persécution de Serbes, de Roms et de non-Albanais. « La quête pour une solution durable et soutenable au Kosovo et Metohija est une priorité nationale pour la Serbie », a-t-il dit, ajoutant que l’engagement en faveur de l’intégration européenne était le moteur de la normalisation des relations entre Belgrade et Pristina.
M. HASHIM THAÇI, du Kosovo, a déclaré que les citoyens du Kosovo ont particulièrement apprécié les efforts entrepris en leur faveur par les Nations Unies et le Conseil de sécurité. La MINUK est une des missions de l’ONU les plus couronnées de succès, a-t-il estimé.
Le Kosovo, aujourd’hui, connait un taux de violence de 90% inférieur au passé et « est un des pays les plus sûrs d’Europe », a déclaré M. Thaçi. De même, s’est-il félicité, le nouveau Gouvernement a commencé ses travaux de façon encourageante pour ce qui est du développement économique et social.
Le Kosovo table sur une croissance économique de 3%, qui serait « la plus élevée d’Europe depuis sept ans », a-t-il dit. Il a mis l’accent sur la nécessité de se concentrer sur la création d’emplois, ce qui est la priorité pour les Kosovars.
Il a souhaité que l’Union européenne libéralise le régime des visas pour les habitants du Kosovo. M. Thaçi a également indiqué que les Serbes du nord participaient à toutes les institutions politiques du Kosovo. Le dialogue entre la Serbie et le Kosovo a été normalisé à toutes les étapes, a-t-il dit, invitant néanmoins la partie serbe à mettre fin à toute propagande.
Il est important de parler de bon voisinage, a dit M. Thaçi en invitant la Serbie à procéder à des échanges de jeunes entre les deux pays, « comme l’ont fait la France et l’Allemagne au lendemain de la Seconde Guerre mondiale ».
Il a condamné les actes de violence qui se sont récemment produits, toute solution, a-t-il dit, devant être trouvée par le dialogue.
« Nous voulons de nouveaux Balkans pour une nouvelle Europe », a déclaré M. Thaçi. Une loi a été adoptée pour empêcher des Kosovars de participer à des guerres étrangères, a-t-il également expliqué, tout en précisant que le Kosovo participait à la coalition contre Daech.
Concernant l’enquête sur les crimes commis pendant le conflit, il a mis l’accent sur la nécessité de ne pas se servir de cet instrument pour réécrire en la modifiant l’histoire forgée par l’ancien Gouvernement de la Serbie. « Il faut purifier cette guerre », a-t-il dit, jugeant que l’État serbe est le premier responsable des crimes commis au Kosovo.
M. Thaçi a également évoqué les efforts déployés par le Kosovo pour devenir membre de plusieurs organisations internationales, rappelant que la Cour internationale de Justice avait décidé que la déclaration d’indépendance du Kosovo n’avait pas enfreint le droit international. Il a redit la volonté du Kosovo de devenir membre des Nations Unies, et d’accélérer son adhésion à l’Union européenne et à l’OTAN.
M. BANTE MANGARAL (Tchad) a déclaré que son pays appréciait l’établissement d’un contact téléphonique entre le Premier Ministre de Serbie et son homologue du Kosovo. Il a également salué l’adoption, par l’Assemblée du Kosovo, d’une loi visant à empêcher que des combattants kosovars ne se rendent en Syrie et en Iraq. Le représentant a ensuite souligné que 25 000 personnes déplacées étaient revenues au Kosovo depuis 2000. Malgré les signes encourageants, les attaques contre des édifices religieux persistent, a-t-il cependant regretté. En conclusion, le délégué du Tchad a réitéré le soutien de sa délégation aux efforts que fait Pristina en faveur de la normalisation des relations avec Belgrade.
M. KAYODE LARO (Nigéria) a invité les deux parties serbe et kosovare à consolider les progrès réalisés dans le cadre de leur dialogue et de la mise en œuvre de l’Accord d’avril 2013. Le représentant s’est notamment félicité des efforts entrepris par l’Union européenne pour fournir des logements aux personnes de retour au Kosovo.
M. LIU JIEYI (Chine) s’est réjoui de la stabilité sécuritaire au Kosovo. Il a félicité la Serbie pour ses efforts en faveur de la normalisation de ses relations avec Pristina. Le représentant de la Chine a appelé à la poursuite du dialogue entre Belgrade et Pristina et à la préservation des intérêts des minorités du Kosovo. Puis, il a exhorté toutes les parties à s’abstenir de tout acte qui pourrait constituer une entrave à un tel dialogue. En conclusion, il a encouragé ces parties, mais aussi la MINUK et EULEX, à ne ménager aucun effort en faveur d’un règlement durable au Kosovo.
M. EIHAB OMAISH (Jordanie) s’est félicité des efforts louables déployés par le Gouvernement du Kosovo afin de faire face aux nombreux défis qui se posent à lui. Le changement auquel aspirent les Kosovars nécessite davantage d’actions sérieuses et communes de la part de toutes les parties au Kosovo, a-t-il estimé.
Le représentant jordanien a mis l’accent également sur la nécessité de renforcer le sentiment de citoyenneté de tous les Kosovars envers leur pays ainsi que la réconciliation entre tous les Kosovars. Il a invité les autorités du Kosovo à adopter un programme de réforme de la société afin que ses différents membres et communautés puissent vivre en paix. Il a demandé à la communauté internationale de faciliter la participation et l’inclusion du Kosovo dans toutes les instances internationales.
M. JULIO HELDER MOURA LUCAS (Angola) a indiqué que la situation sécuritaire était restée stable au Kosovo, avant de se féliciter de la poursuite du processus de normalisation entre Pristina et Belgrade. Il a constaté que l’établissement de communautés de communes serbes dans le nord du Kosovo restait l’un des principaux points d’achoppement. Il a également salué l’adoption d’une loi au Kosovo visant à empêcher que des combattants kosovars ne se rendent en Syrie et en Iraq. Le représentant a déploré le nombre élevé de personnes déplacées au sein du Kosovo et le faible nombre de celles qui sont revenues dans le territoire. Puis, le délégué de l’Angola s’est dit préoccupé par le sort des personnes disparues en raison du conflit. Il a également souhaité que les réunions sur la situation au Kosovo se tiennent tous les six mois, et non plus tous les trois mois. Enfin, il a indiqué que sa délégation était prête à envisager une révision du mandat de la MINUK.
M. CRISTIÁN BARROS MELET (Chili) a salué la reprise du dialogue au plus haut niveau entre Pristina et Belgrade, notant le rôle déterminant que joue l’Union européenne dans cette dynamique. La Mission EULEX a stimulé les autorités des deux parties pour qu’elles travaillent de manière conjointe sur les questions d’intérêt commun telles que la migration illégale, a-t-il indiqué. Il a encouragé les autorités du Kosovo à poursuivre des efforts afin de parvenir au démantèlement du trafic de migrants. Le représentant a aussi salué la loi qui interdit aux habitants du Kosovo de participer à des conflits armés à l’étranger, ainsi que les mesures prises pour lutter contre l’extrémisme violent et le terrorisme. Il a aussi recommandé de rechercher des solutions aux conflits existants avec les autorités municipales en créant les conditions propices à un accord entre les acteurs kosovars et serbes de la scène politique. Il s’est également inquiété des problèmes non résolus concernant les droits de propriété et l’occupation illégale de territoires. Saluant le travail qu’accomplit la MINUK, il a dit que le Chili appréciait en particulier l’étude menée sur la participation des femmes dans les institutions centrales et les partis politiques. Le représentant a également salué le travail mené par l’EULEX en matière de justice transitionnelle et de consolidation de l’état de droit.
M. DAVID PRESSMAN (États-Unis) a salué l’approbation d’un accord de stabilisation avec l’Union européenne, ce qui est une étape importante vers l’intégration dans l’Union européenne. Il a estimé que le Kosovo devait répondre aux allégations de crimes graves qui auraient été commis en 1998 et 2000 et a exhorté le Gouvernement kosovar à saisir la dynamique actuelle de ces derniers mois pour la création d’une cour spéciale dès que possible.
Le représentant s’est félicité de la loi adoptée pour empêcher des Kosovars de participer à des guerres étrangères et de la participation du Kosovo à la coalition contre Daech. Il a invité la Serbie à apporter son appui à la demande qu’a faite le Kosovo de participer à INTERPOL. Si la situation au Kosovo demeure une question importante, il convient cependant de réduire le fardeau du Conseil de sécurité en portant à six mois, au lieu de trois comme c’est actuellement le cas, la périodicité des présentations des rapports du Secrétaire général sur le Kosovo aux membres du Conseil, a recommandé la délégation des États-Unis.
M. RAFAEL DARIO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) s’est félicité de la reprise du dialogue et des négociations de haut niveau à Bruxelles « entre la Serbie et les autorités locales de la province du Kosovo », dans le but de trouver une solution mutuellement acceptable par les parties. Il s’est aussi réjoui du maintien de la sécurité à la frontière administrative du Kosovo, malgré quelques manifestations en février qui, a-t-il espéré, sont proprement canalisées. Le représentant a salué le rôle positif que joue la MINUK dans la promotion de la sécurité, de la stabilité et du respect des droits de l’homme, ainsi que de la coopération de la Mission de l’ONU avec la KFOR et l’EULEX. En ce qui concerne les dénonciations portées contre certains hauts fonctionnaires de l’EULEX qui seraient impliqués dans des actes de corruption, il a espéré que les responsabilités de chacun seraient établies et que l’Union européenne analyserait ce problème de manière impartiale.
M. Ramirez a également dit que le Venezuela a été satisfait des progrès accomplis dans l’intégration des structures judiciaires du Kosovo septentrional. Nous souhaitons aussi, a-t-il ajouté, que les mesures nécessaires soient prises rapidement pour créer un tribunal spécial qui serait saisi des accusations de crimes contre l’humanité commis pendant le conflit armé, qui sont portées contre les autorités du Kosovo. Il a ajouté que sa délégation appréciait l’adoption d’une loi au Kosovo qui vise à lutter contre le recrutement de combattants terroristes pour participer aux conflits armés en Syrie et en Iraq. M. Ramirez s’est ensuite inquiété des incidents visant des citoyens serbo-kosovars qui se sont produits dans certaines zones du Kosovo et a demandé que soient prises des mesures visant à faire face à cette situation et qui permettraient d’éviter que des persécutions motivées par des raisons ethniques ou religieuses se produisent.
M. ROMÁN OYARZUN MARCHESI (Espagne) a indiqué que les progrès étaient encore trop lents s’agissant de la promotion de l’état de droit et du retour des personnes déplacées au Kosovo. À cet égard, il a souligné le rôle essentiel de la MINUK, avant d’indiquer que l’intégration de toutes les communautés vivant au Kosovo était encore loin d’être une réalité. Contrairement à d’autres délégations, il a ensuite estimé que le Conseil de sécurité devait continuer à se réunir trimestriellement pour débattre de la situation au Kosovo. Le représentant de l’Espagne a appelé de ses vœux la poursuite du processus de normalisation entre Pristina et Belgrade, soulignant la nécessité que des progrès plus robustes soient notamment enregistrés dans le domaine de la promotion de l’état de droit. Il a en particulier demandé que toute la lumière soit faite sur les allégations contenues dans le rapport Marty sur le trafic d’organes humains qui aurait eu lieu au Kosovo.
M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) s’est félicité par la reprise du dialogue de haut niveau entre la Serbie et le Kosovo, qui a été facilitée par l’Union européenne. Il a mis l’accent sur la nécessité de mettre en œuvre le reste des 15 points de l’Accord d’avril 2013. Il s’est félicité de la situation de relative stabilité prévalant au Kosovo et a appuyé la création d’une cour spéciale au Kosovo pour juger les crimes de guerre. Le représentant a exhorté toutes les parties au Kosovo à intensifier leurs efforts en faveur de la réconciliation, de la démocratie et du respect de l’état de droit.
Mme ALEXANDRA DAVISON (Royaume-Uni) a exhorté les autorités de Pristina à redoubler d’efforts en faveur de la lutte contre l’impunité, en mettant notamment en place les institutions judiciaires spécialisées permettant de juger les auteurs de crimes commis dans le passé. Puis, elle s’est félicitée que la situation sécuritaire soit restée stable au Kosovo. La déléguée du Royaume-Uni a appelé Pristina à trouver une solution pour mettre fin aux causes qui font qu’un « grand nombre de Kosovars quittent le Kosovo », la situation s’apparentant à un véritable « exode ». Puis, elle a souligné le chemin parcouru par Pristina et Belgrade sur la voie de la réconciliation, « même si beaucoup reste à faire ». Le Royaume-Uni est un partisan fervent des ambitions européennes de Belgrade et de Pristina. Enfin, elle a souhaité que le Conseil se réunisse moins fréquemment pour discuter de la situation au Kosovo. C’est à l’Union européenne plutôt qu’au Conseil de sécurité qu’il revient de préserver l’élan en faveur de la normalisation des relations entre Pristina et Belgrade, a-t-elle conclu.
M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a déclaré que le problème du Kosovo continuait d’être extrêmement aigu et était source de déstabilisation pour la région des Balkans, faisant en particulier état des attaques terroristes survenues dans l’ex-République yougoslave de Macédoine. La situation de la minorité serbe continue d’être pour la Fédération de Russie une source de profonde préoccupation, a dit M. Churkin.
Le dialogue entre Belgrade et Pristina est un des instruments à utiliser pour tenter de stabiliser la situation, a-t-il estimé, indiquant que la Fédération de Russie appuyait la création de l’association/communauté des municipalités serbes. C’est un moyen qui permettrait de diminuer les tensions entre les différentes communautés, a-t-il estimé.
Le représentant a regretté le fait que la création d’un tribunal spécial continue de prendre du retard. Les institutions politiques du Kosovo ne sont pas prêtes pour examiner cette question, a-t-il estimé, insistant sur l’importance d’arriver à des progrès réels sur cette voie le plus rapidement possible. Les responsables des crimes qui ont été commis doivent être punis quelle que soit la position qu’ils occupent aujourd’hui, a insisté M. Churkin, précisant que cette question devait être au centre des activités de la MINUK.
Le représentant de la Fédération de Russie a mis l’accent sur le rôle de la MINUK, l’appelant à pleinement honorer son mandat. La Mission, a-t-il ajouté, doit disposer de toutes les ressources humaines et matérielles nécessaires à l’accomplissement de son mandat. La position de la Fédération de Russie demeure inchangée, a-t-il conclu, en soulignant que la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité restait valable en tant qu’élément juridique contraignant pour régler la question du Kosovo.
M. GERARD VAN BOHEMEN (Nouvelle-Zélande) a encouragé le dialogue entre Belgrade et Pristina, invitant l’Union européenne (UE) à soutenir un tel processus. Il a relevé qu’une réconciliation durable nécessite de regarder vers le passé, afin de s’assurer qu’il ne constitue pas un blocage pour de futurs progrès. Il a invité les autorités du Kosovo à conclure le processus d’établissement d’un tribunal spécial chargé de juger les cas mis au jour par l’équipe spéciale d’enquête de l’UE, les interpellant aussi afin que des mesures soient prises pour résoudre les problèmes politiques et socioéconomiques qui affectent le nord du Kosovo. M. Bohemen a ensuite souhaité qu’une attention soutenue soit accordée à certains sujets tels que la question des disparus ou encore celle de la propriété, ainsi que le retour des déplacés. Il a en outre salué l’adoption d’une loi par l’Assemblée du Kosovo, afin de prévenir le recrutement des Kosovars comme combattants étrangers dans certaines zones en crise. Il a enfin estimé que le Conseil de sécurité devrait être plus flexible dans le traitement de la question du Kosovo, l’appelant à adapter ses activités aux réalités du terrain.
M. PHILIPPE BERTOUX (France) s’est félicité de l’apaisement qu’a connu le paysage politique kosovar depuis la résolution de la longue crise institutionnelle et l’arrêt des manifestations violentes. Il a salué en particulier l’état d’esprit constructif adopté par les autorités de Pristina. Concernant la reprise du dialogue de haut niveau, le représentant s’est réjoui des perspectives ouvertes par la réunion du 9 février à Bruxelles et des efforts déployés par l’Union européenne et sa Haute Représentante pour les affaires étrangères, Mme Federica Mogherini, qui s’est rendue à Belgrade et Pristina fin mars. Il a estimé que cette réunion constituait un jalon essentiel vers la mise en œuvre effective de l’accord du 19 avril 2013 et un nouveau pas vers le démantèlement des structures parallèles serbes au nord de l’Ibar. Il a encouragé les parties à poursuivre leurs échanges en regardant toujours vers l’avenir, en œuvrant en faveur de la construction de relations authentiques de bon voisinage sur le long terme. « À cet égard, le développement des relations commerciales et la sécurité juridique des investissements joueront un rôle primordial », a-t-il prévenu.
Invitant les parties à ne pas relâcher leurs efforts, M. Bertoux a rappelé l’importance que revêt la constitution d’une communauté de communes à majorité serbe au Kosovo, expliquant la nécessité pour les populations serbes d’embrasser pleinement leur citoyenneté kosovare. Il n’est pas question de constituer une « enclave » pour les populations serbes, a-t-il assuré, mais au contraire d’affirmer avec force que le Kosovo tout entier est aussi leur pays. « Le statut unitaire du Kosovo ne sera nullement remis en cause par la création d’une telle structure », a-t-il affirmé. M. Bertoux a également plaidé en faveur de la consolidation de l’état de droit et donc de la lutte contre l’impunité, se félicitant à cet égard des mesures prises par Pristina pour instituer des chambres spécialisées afin de juger les crimes passés. Enfin, il a soutenu les efforts menés par la Serbie pour se rapprocher de l’Union européenne, ainsi que la volonté du Kosovo de suivre le même chemin, qui sera « long et difficile » mais « pas moins nécessaire pour l’avenir du pays », a-t-il anticipé.
Mme RAIMONDA MURMOKAITĖ (Lituanie) a invité les deux parties, Belgrade et Pristina, à rester engagées dans un dialogue constructif, et à se focaliser sur les sujets prioritaires arrêtés au cours de la dernière réunion de haut niveau qui a eu lieu à Bruxelles le 21 avril dernier. Parmi les sujets prioritaires, elle a cité entre autres l’énergie, les télécommunications, la liberté de mouvement des personnes, et l’établissement de l’association/communauté des municipalités serbes. Elle a aussi souligné que le respect de l’état de droit est fondamental pour réaliser une paix durable au Kosovo. La reddition des comptes pour les crimes passés fait également partie de l’établissement et du respect de l’état de droit, a-t-elle ajouté. Elle a précisé en outre que la mise en place d’un tribunal spécial pour traiter des allégations contenues dans le rapport Marty de décembre 2010 est de la plus grande importance.
La représentante de la Lituanie a aussi salué les initiatives des autorités du Kosovo visant notamment à créer des opportunités sociales et économiques en faveur des habitants du Kosovo, ce qui devrait encourager ces derniers à rester dans le pays et à contribuer à sa prospérité, a-t-elle expliqué. La représentante a par ailleurs salué le calme qui prévaut sur le terrain, invitant de ce fait le Conseil de sécurité à se saisir désormais de la question de l’examen des rapports de la Mission d'administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) deux fois par an, au lieu de le faire trimestriellement comme c’est le cas actuellement. Cette nouvelle périodicité devrait être adoptée en vue de tenir compte des progrès observés dans la normalisation des relations entre Belgrade et Pristina, a conclu la représentante.